L'Arbre n°16

68
L’ARBRE 69
Le mouton suggère aussi une réflexion sur le monde
actuel, faisant la course sans même apercevoir un
objectif. Il court et se fait pousser sans possibilité
pour lui de penser avec clairvoyance, liberté et objectivité
pour ensuite agir selon une vision. Le troupeau
entier prend part à la course plongeant la tête baissée
dans telle ou telle direction, sans cap ni point de
vue. Nous sommes une société mondiale et pourtant
il n’y a pas de plan, d’action ou de pensée unifiés.
Les moutons étaient adorables, je les ai saoulés au
champagne avec mes camarades d’université. Ils «
beeeee – laient » comme des ivrognes et refusaient
de rentrer avec leur berger.
Même les moutons stupides savent que le champagne
n’est pas du foin.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre
très long, vaste et minutieux travail sur les pyramides
?
Flying pyramids – Future Cities, 1984
Bird Pyramid – Lithography
When the Pyramids Awaken
Teardrop Pyramid – Monument To Being Earthbound
Flying Pyramids traite du réchauffement climatique,
du changement de climat et de la survie des
Hommes. Un sujet complexe et important que je
vais essayer d’expliquer de façon concise ici.
Les pyramides flirtent avec mes travaux depuis le
début, allant et venant sous des formes diverses et
avec une grande variété de thématiques importantes
du présent et du futur de l’humanité. Elles
représentent notre société comme les Pyramides
d’Egypte représentent l’ancienne civilisation égyptienne.
Elles sont des métaphores de notre temps.
Elles décrivent une société emportée par la falsification
de son destin, en miroir avec l’expansion et
la disparition de sociétés antérieures qui ont interférées
avec leur propre évolution.
Dans Flying Pyramids – Future Cities (La Pyramide
Volante – Sociétés futures), la pyramide statique se
réveille, comme un éveil de la conscience ou une
ouverture à la connaissance. Elle prend des formes
dynamiques pour créer des environnements permettant
à ses habitant d’y vivre. J’ai créé ces formes exotiques
il y a 30 ans pour faire face au réchauffement
climatique et au changement de climat au moment
où ces problèmes n’étaient que des suppositions et
donc n’étaient pas pris au sérieux.
Restless Pyramids (Pyramides sans Repos) créé
des villes domiciles auto-suffisantes qui peuvent
subvenirs aux besoins de leurs habitants, et des
stations spatiales dotées d’unités flexibles et autoréparatrices
pour des futurs voyages dans l’espace.
Ainsi sont aussi nées des gigantesques Fish Pyramids
pour créer des habitats sous-marins, ou des
pyramides en forme d’œuf (Egg Pyramids) ou de
larme (Teardrop Pyramids). Elles sont créées pour
un monde où les habitants habiteraient dans l’espace,
flottant au dessus de la Terre et ou d’autres
vivraient sur la Terre dans des habitats clos, repliés
sur eux mêmes pour survivre. Ils sont à l’abri du
réchauffement climatique, des turbulences atmosphériques
et des réactions chimiques formant des
tornades géantes, des tsunamis, des ouragans et des
inondations de bien plus grande ampleur que celles
d’aujourd’hui – menaçant l’humanité.
Ces structures ne relèvent pas de la science-fiction,
elles sont le produit de hautes technologies, d’une
autre « perfection », celle de la flexibilité des systèmes
naturels. Elles ont un air de fraicheur et de
vulnérabilité. Elles sont le futur et le futur est toujours
vulnérable, vierge de tout usage et habitudes,
prêt à être inventé.
Quels sont vos projets ?
« Mega Dunes and Barrier Islands to Hold Back the
Sea »
Aujourd’hui je travaille à la conception de megadunes
et îles-barrières pour retenir la mer et empêcher
la basse terre de Rockaway d’être inondée, le
port de New York, et d’autres endroits de basse
altitude dans le monde, 2013
Je travaille sur ce projet depuis plus de 40 ans et plus
activement depuis que la tempête Sandy a frappé
notre rivage. J’en parlais déjà aux conférences sur le
réchauffement climatique à Moscou, Rio de Janeiro,
Kyoto et Londres, où je faisais également mention
des pièges de l’ingénierie géologique.
Ayant déjà travaillé sur des terres de basse altitude
GUT – Grand Unification Theory, 2002
pour des projets aux Pays-Bas et ailleurs, j’apporte
mon expertise. Avec des scientifiques je cherche
des possibilités de pallier à ce problème qui tape
maintenant à notre porte.
Je propose des échantillons préliminaires de « protodunes
» pour un quartier de Rockaway. Elles seront
ornées d’une variété de végétation et de pierres. Les
entrelacements des racines peu profondes des arbres
ajouteront de la consistance au sable des dunes. J’ai
déjà utilisé cette méthode dans des travaux antérieurs.
Le reboisement de la péninsule deviendra
peut être un écosystème côtier, tout comme Tree
Mountain deviendra la première forêt vierge enfantée
par l’Homme.
Les îles-barrières seront situées plus loin au large, et
même peut être dans le port de New York pour ralentir
les vagues de l’océan avant qu’elles ne frappent
la côte. Je suis en train de faire des recherches avec
des scientifiques pour trouver des eaux peu profondes
dans lesquelles créer ces îles.
Les fronts de mer de New York sont compliqués !
En plus des iles, il est aussi possible de construire des
barrières mécaniques, des leviers, des murs pour le
courant ou des barrages d’eau selon leur répartition
et les résultats des recherches.
D’habitude je travaille avec la communauté pour
tous mes projets, et pour Tree Mountain, le monde
entier est devenue une communauté. C’est un projet
majeur et difficile à réaliser mais je suis habituée à
entreprendre des projets précurseurs, contre vents et
marées. Ici, il se trouve que c’est contre l’océan ! Ce
qu’il y a de plus important ici est d’aider les gens,
la communauté de Rockaway dévastée, le port de
New York ou ailleurs d’autres dans le monde, où
les vagues océaniques inonderont les communautés
vivant sur les terres basses.
Quel message vouliez-vous faire passer à travers
votre Grande théorie d’unification ?
GUT – Grand Unification Theory, 2002
Il s’agit d’une satire ou d’un moyen humoristique
de regarder de façon juste la fin du monde. Pas de la
Terre, juste de l’humanité. Les océans ont ensevelis
la terre, alors que les seuls vestiges de notre existence
humaine sont des connexions électriques pathétiques.
C’est encore une exagération de l’importance
des hommes de croire qu’ils peuvent tuer la Terre.
Nos actions peuvent seulement nous tuer, la Terre
guérira toute seule et survivra très bien après notre
disparition.