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Les Cinémas Pathé Gaumont - Le mag - Juillet 2019

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de temps ces deux dernières années que dans les vingt-cinq<br />

années qui ont précédé ! » s’est-elle réjouie lors de la conférence<br />

de presse du film à la Berlinale.<br />

<strong>Le</strong> masque<br />

Dans The Operative, Rachel est en perpétuelle itinérance.<br />

Agente du Mossad, elle se rend à Jérusalem, part en mission à<br />

Téhéran et retrouve régulièrement en Alle<strong>mag</strong>ne son référent,<br />

Thomas (Martin Freeman). Ce dernier est, comme Rachel, un<br />

outsider. Juif britannique, il vit en Alle<strong>mag</strong>ne, travaille pour le<br />

Mossad mais ne parle pas hébreu. « Deux pièces rapportées »<br />

au sein du Mossad, explique le réalisateur du film Yuval Adler<br />

qui façonne le lien si particulier, fait de confiance et de manipulation,<br />

qui unit un agent infiltré et son officier traitant. « <strong>Le</strong><br />

film examine le concept de l’espionnage, poursuit Adler. Plus<br />

qu’il ne traite du Mossad ou d’Israël. Nous voulions créer une<br />

sorte d’espionne accidentelle, quelqu’un qui n’a pas d’idéologie<br />

particulière. » Plus que les questions politiques épineuses<br />

qui opposent l’Iran et Israël, Adler se concentre sur la psychologie<br />

de l’espion infiltré, ses émotions toujours retenues et sa<br />

capacité d’observation. Dans The Operative, la caméra scrute<br />

le visage des acteurs « pour capturer leur conflit intérieur et<br />

leur personnalité ». Tout se lit dans la subtilité des regards et<br />

les expressions de ces personnages dont la fonction même est<br />

d’arborer un masque impénétrable. « <strong>Le</strong> travail d’un espion<br />

ne s’arrête pas à des fusillades et des poursuites en voiture.<br />

Il s’agit d’endosser une identité et de l’assumer pleinement<br />

durant une longue période. Simuler un quotidien, se mettre en<br />

danger, renoncer à une vie normale, cacher sans cesse la vérité<br />

à son entourage… Quelle structure mentale amène quelqu’un<br />

à choisir cette vie-là ? » interroge le cinéaste. Rachel est un<br />

masque et un mystère. Discrète et silencieuse, on ne connaîtra<br />

de son passé et de son histoire personnelle que peu de choses,<br />

dont la véracité se trouvera parfois mise en cause. L’essentiel<br />

pour Yuval Adler est de capturer la vie d’un espion et les conséquences<br />

de la pratique d’un métier si étrange sur l’individu.<br />

Réalisme<br />

L’atmosphère de réalisme qui règne dans The Operative, est<br />

en grande partie due au best-seller dont il est adapté. Écrit<br />

par un ancien agent de renseignement israélien, The English<br />

Teacher raconte le métier d’espion au Moyen-Orient avec une<br />

précision telle que le roman se voit censuré à sa sortie en<br />

Israël. Pour se conformer à ce principe de réalité, Diane Kruger<br />

(enceinte au moment du tournage) a suivi un entraînement de<br />

Martin Freeman et Diane Kruger.<br />

quelques jours auprès du Mossad. Munie d’un faux passeport,<br />

on lui demande de passer la douane à Tel Aviv avec cette autre<br />

identité. L’expérience suivante, raconte l’actrice, consistait à<br />

« frapper à la porte de quelqu’un et faire en sorte qu’il vous<br />

laisse entrer chez lui ». Une fois dans l’appartement, Kruger<br />

se rendait sur le balcon pour faire signe aux agents du Mossad<br />

l’attendant dans la rue. <strong>Le</strong> réalisme perdure dans le style de la<br />

mise en scène, hérité des thrillers des années 1970 comme<br />

Conversation secrète de Francis Ford Coppola, et surtout des<br />

films d’Alan J. Pakula (Klute, <strong><strong>Le</strong>s</strong> Hommes du président).<br />

Yuval Adler leur emprunte le même rythme calme, l’économie<br />

d’effets et de personnages, le silence oppressant, permettant<br />

à la tension pleine de suspense de monter graduellement. The<br />

Operative utilise tous les grands classiques du film d’espionnage<br />

(dom<strong>mag</strong>es collatéraux, bombes et assassinats, passages<br />

risqués de frontières), dont le caractère explosif est sans cesse<br />

désamorcé par les choix de réalisation.<br />

Portrait à deux voix<br />

« Mon père est mort. Encore une fois. » C’est par cette phrase<br />

intrigante, prononcée au téléphone par Rachel à Thomas, que<br />

démarre l’intrigue de The Operative. Lorsque le film débute,<br />

Rachel ne travaille plus pour le Mossad qui a perdu sa trace.<br />

Thomas est alors réquisitionné pour la retrouver et raconte à<br />

l’agence de renseignements la mission de Rachel qui a mené<br />

à sa fuite. Sous couvert d’une structure en flash-back plutôt<br />

classique, Yuval Adler construit un procédé intéressant, d’un<br />

portrait de femme à travers deux perspectives. Celle de Thomas<br />

d’abord, qui se souvient, et dont la prudence et l’objectivité sur<br />

son agente laissent peu à peu place à son attachement et sa<br />

compréhension tandis que le récit nous plonge dans la vie dangereuse<br />

de Rachel. Lorsque, contre toute attente, elle tombe<br />

amoureuse de sa source iranienne Farhad Razavi (Cas Anvar),<br />

la vagabonde découvre dans cet amour le point d’ancrage tant<br />

désiré, la cause à défendre passionnément. Et réalise ainsi la<br />

pensée d’un autre espion devenu écrivain, John le Carré, qui<br />

écrivait dans La Taupe : « Plus un homme a d’identités, plus<br />

elles expriment la personne qu’elles dissimulent. »<br />

THE OPERATIVE<br />

Réalisation : Yuval Adler<br />

Avec : Diane Kruger, Martin Freeman, Cas Anvar…<br />

Genre : Thriller, espionnage<br />

Durée : 1 h 56<br />

SORTIE : 24 JUILLET<br />

Diane Kruger et Cas Anvar.<br />

LES CINÉMAS PATHÉ ET GAUMONT 23

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