Magazine BEAST #16 2019
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#Science | Healthcare<br />
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C’est l’interpénétration indispensable entre recherche<br />
fondamentale, recherche clinique, recherche translationnelle<br />
et soins qui ouvre les portes de l’innovation au bénéfice<br />
du patient. Aujourd’hui, la capacité de l’institut à articuler<br />
sciences et médecine est reconnue par des labels tels que<br />
SIRIC, Carnot (qui vise à développer la recherche partenariale<br />
avec les industriels), Pacri (alliance parisienne des instituts<br />
de recherche en cancérologie) ou encore notre labellisation<br />
« Comprehensive cancer center » de l’OECI.<br />
Qu’en est-il de l’utilisation des données des patients ?<br />
Quels sont les projets – et traitements – qui peuvent<br />
bénéficier de cette tendance «Big Data» ?<br />
Dès l’an 2000, l’Institut Curie a commencé à numériser les<br />
dossiers médicaux de ses patients, et en 2004 nous avons<br />
complètement abandonné le papier : données personnelles,<br />
comptes rendus d’examens, d’opérations, analyses<br />
génétiques… mais aussi toutes les données issues de la<br />
recherche, tout est informatisé ! Nous avons été le premier<br />
centre français de lutte contre le cancer à adopter cette<br />
stratégie du ”tout numérique“, puis à créer une Direction des<br />
data.<br />
Les enjeux médico et scientifiques liés à l’utilisation de ces<br />
données sont assez simples. Il s’agit in fine d’identifier le<br />
traitement le plus efficace pour chaque patient (aide à la<br />
décision) et d’éviter des traitements inutiles ou néfastes.<br />
L’idée est de mieux diagnostiquer par une meilleure<br />
classification des tumeurs et la découverte de nouveaux<br />
facteurs de risques/susceptibilité. Puis aussi de mieux<br />
traiter en trouvant de nouvelles indications et combinaisons<br />
de traitements, biomarqueurs prédictifs de la réponse au<br />
traitement, nouvelles molécules, essais cliniques mieux ciblés,<br />
suivi des effets secondaires en temps réel. Enfin, il s’agit de<br />
trouver les traitements de demain en comprenant mieux<br />
les résistances aux traitements, d’identifier de nouvelles<br />
cibles pour la médecine de précision mais aussi d’intégrer les<br />
données environnementales.<br />
Comment le secteur médical peut-il mettre à profit<br />
des technologies telles que l’Intelligence Artificielle ?<br />
De tels projets sont-ils en cours ou à l’étude à l’Institut Curie ?<br />
A titre d’exemple, plusieurs équipes internationales ont<br />
récemment mis au point des algorithmes capables de<br />
diagnostiquer un mélanome. Les programmes ont d’abord<br />
appris à reconnaître un mélanome en examinant et en<br />
comparant des dizaines de milliers d’images de lésions<br />
cancéreuses et de simples grains de beauté, puis ont été<br />
capables d’identifier des tumeurs atypiques avec plus de<br />
réussite que des médecins.<br />
Avec la même approche, une équipe Inserm-Université Paris<br />
Sud a ainsi suggéré qu’il pourrait être envisageable de prédire<br />
la réponse à l’immunothérapie de certaines tumeurs solides à<br />
partir d’une simple image scanner.<br />
Une autre, au Centre de recherche des Cordeliers, à Paris,<br />
a développé un algorithme qui pourrait déterminer à<br />
l’avance les patients ayant une réponse complète à la radio<br />
chimiothérapie afin de leur éviter une opération pour un<br />
cancer du rectum. De telles avancées devraient aussi être<br />
possibles à partir de données moléculaires ou génétiques.<br />
Certaines équipes utilisent encore l’IA pour analyser des<br />
milliers de génomes dans le cadre de la recherche sur les<br />
cancers rares ou pour déterminer de nouvelles cibles<br />
thérapeutiques par exemple.<br />
Quelles sont les actions mises en place afin de sensibiliser<br />
la population aux risques de cancers ? Quels sont<br />
les canaux utilisés ?<br />
La prévention n’est pas en soi une mission de l’Institut Curie<br />
mais nous accompagnons ce mouvement de sensibilisation<br />
porté par l’INCA. On sait aujourd’hui que 4 cancers sur 10<br />
peuvent être évités car ils résultent de l’exposition à des<br />
facteurs de risque liés à nos modes de vie et comportements.<br />
L’enjeu est de taille : cela représente 142 000 cancers<br />
évitables sur un total de 355 000 diagnostiqués chaque<br />
année en France.<br />
A l’Institut Curie, nous organisons tous les ans un Observatoire<br />
cancer qui vise à analyser l’opinion des Français sur le<br />
cancer. Il permet de mettre en lumière et de comprendre<br />
les dimensions sociétales liées à cette pathologie et de<br />
confronter les perceptions des français avec les chiffres ou<br />
pratiques notamment constatés à l’Institut. C’est un moment<br />
important pour communiquer sur les bonnes pratiques. De la<br />
même manière, chaque édition d’octobre rose est l’occasion<br />
de nombreuses conférences ou tables rondes autour de ces<br />
questions de prévention.<br />
ENSEMBLE<br />
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Bureau du président<br />
Fonctions supports : juridique,<br />
valorisation,informatique,<br />
communication, logistique<br />
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