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De quoi dresser un état
des lieux de la biodiversité,
avec le recul du temps
et du scientifique ?
Oui, on voit bien l’évolution. Et les
listes rouges s’allongent. On constate
qu’environ un tiers des espèces
connues sont aujourd’hui menacées
ou éteintes. En tant que botaniste, je
peux déplorer que, sur un inventaire
de 1 323 plantes, une centaine ait
disparu du paysage et environ 450
sont menacées. Pour prendre un
exemple connu, au tournant des
années 2000, l’arnica subsistait
encore sur 3 stations-sites dans le
pays. 50 ans auparavant, on comptait
encore une vingtaine de sites
occupés par cette herbacée. On a pu
lancer un projet de réintroduction
dans des habitats propices et,
peu à peu, la plante se rétablit.
Idem pour les scorsonères, dont
les populations étaient beaucoup
plus denses jadis dans les prairies
humides, avant l’assèchement
et l’amendement des sols.
Voit-on des progrès
poindre ?
Pas assez. Il faut encore appuyer
la prise de conscience collective.
Entre la cartographie réalisée
avec les données observées sur la
période 2007-2012 et les données
mises à jour, il apparaît qu’un tiers
des biotopes ont été détruits ou
fortement dégradés. Il y a pourtant
de belles initiatives,
un soutien de l’État, notamment
pour l’achat de terres, la
renaturation ou une agriculture
responsable, les contrats
biodiversité, etc. Il y a du travail
de terrain, avec des organisations
comme natur&ëmwelt…
Il reste beaucoup à faire
cependant, pour sensibiliser
à la nature des problèmes.
Le musée, à cet égard,
fait œuvre éducative ?
Cela fait partie des missions. Le
MNHN bénéficie d’un bon soutien
et d’une belle reconnaissance, le
grand public suit bien, découvre
les expositions, les événements,
les initiatives interactives de
vulgarisation scientifique… Nous
avons un vrai rôle pédagogique
aussi, notamment en allant vers
le public scolaire, pour y mener
des activités ciblées, avec le
« Natur Mobil » et le « Science
Mobil ». C’est important de
sensibiliser le jeune public. On
parle de leur futur à améliorer en
leur montrant comment on est
arrivé à la situation présente.
REBOTANISÉ PAR ALAIN DUCAT
avec le MNHN
PARTENAIRE INFOGREEN
DOSSIER NATURE HUMAINE
Installation ayant pour thème la liste rouge des plantes vasculaires dans
l’exposition Unexpected Treasures (photo : Romain Girtgen, 2018)
4×3 – NUMÉRO 10 – TRIMESTRIEL – AVRIL 2020 13