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Valoriser les
connaissances
de chacun
sur le terrain
Un professeur qui
discourt seul sur
une estrade devant
des étudiants assis
dans un amphi, c’est
l’image que l’on a
des universités. Une
image à l’opposé
du fonctionnement
de l’Université
Populaire
d’Anderlecht (UPA).
Sa mission ? Désacadémiser
et
déhiérarchiser les
connaissances, pour
viser l’émancipation
des publics
populaires par les
publics populaires.
Les activités de l’UPA sont parties d’un constat : les quartiers de Cureghem
manquent de cohésion sociale. Pour certains publics, la pauvreté
est directement corrélée à un manque d’inclusion. Pour d’autres,
c’est l’offre insuffisante d’initiatives culturelles, citoyennes et sportives
qui les isole. Face à cela, l’UPA ouvre grand ses portes à toutes et à
tous, quels que soient leurs origines ou leurs milieux sociaux. Chacun
y est considéré comme détenteur de connaissances et contribue à
leur mutualisation.
Cette initiative participe directement à la réduction des inégalités sociales,
comme l’explique Carolina, coordinatrice de projets à l’UPA :
« certains publics sont écartés de la société et sentent qu’ils n’ont l’opportunité
de faire partie de rien. Aux yeux de tous, ils sont invisibles.
Mais ils existent bel et bien. Ici, ils peuvent partager leurs connaissances,
participer activement à des projets et avoir accès à des activités
gratuites ou à prix démocratiques. Cela leur permet de s’intégrer,
malgré l’insuffisance de revenus. »
Et tout commence dès l’enfance. Afin d’aider les enfants qui grandissent
dans des conditions de vie difficiles, l’Université Populaire
d’Anderlecht propose du soutien scolaire, à travers son école de devoirs,
et des activités d’épanouissement. Un véritable champ des
possibles s’ouvre alors aux enfants : projets artistiques et sportifs,
sensibilisation à l’environnement ou à l’alimentation…
Quant aux adultes, ils peuvent bénéficier de formations en français
langue étrangère (« Langue en action ») et en informatique (utilisation
de smartphone). Celles-ci s’adaptent aux besoins des participants, qui
viennent des quatre coins du monde. L’objectif est d’aider ces personnes
qui ne parlent pas suffisamment le français à s’intégrer dans
leur quartier et dans la société, et de lutter contre la fracture numérique.
Elles peuvent aussi participer à des cours de capoeira, théâtre,
yoga, à des ateliers de création de documentaires… parfois directement
donnés par des bénéficiaires. « Il y a à l’UPA une ouverture
d’esprit populaire où chacun peut mettre à profit ses compétences
et bénéficier de celles des autres », note la coordinatrice de projets.
Par ailleurs, comme toute université, l’UPA a aussi une vocation de
recherche. Elle propose ainsi des publications plus académiques qui
sont le fruit de collaborations entre des chercheurs spécialisés et
des participants du quartier. Les questions analysées concernent par
exemple la santé mentale, l’appropriation de l’espace public, le vieillissement,
etc.
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Ce travail d’intégration et de formation collective est titanesque, et demande
des financements. « Nous sommes subventionnés par la CO-
COF, la Commune d’Anderlecht et la Fédération Wallonie-Bruxelles,
mais le rythme de ces institutions ne correspond pas forcément à celui
de notre réalité quotidienne, avec le paiement des loyers, des fournitures,
nos besoins immédiats… », explique Myriam, la coordinatrice
générale de l’UPA. « Crédal joue un rôle fondamental à ce niveau : les
crédits nous permettent de couvrir cette période d’incertitude lors du
fonctionnement quotidien. C’est salvateur pour les petites organisations
comme la nôtre. »