Boxoffice Pro n°439 - 1er mars 2023

EXPLOITATION
LES STUDIO DE TOURS FÊTENT LEURS 60 ANS
Ciné-concerts, concours de courts métrages, séances spéciales… dont un film sur l’histoire de l’emblématique cinéma art et essai associatif,
sont au programme d’un mois de festivités.
D’un mono-écran ouvert le 9 mars 1963, les Studio sont
devenus en 60 ans un complexe de 7 salles art et essai
parmi les plus importants du pays, mais surtout, sans
jamais dévier de la gestion associative et des idéaux de
ses origines. Du 6 mars au 2 avril prochains, l’historique
cinéma tourangeau va donc s'enflammer plus que jamais,
avec des projections, des animations et rencontres pour
tous les âges, « pour montrer notre dynamisme et faire savoir
qu’on est toujours là », souligne Jean-Pierre Moreau,
bénévole et responsable de la commission communication
de l’historique association TEC (Technique éducation
culture), propriétaire et exploitante des Studio. « Nous
tenions à travailler en lien étroit avec des structures d’ici,
comme le conservatoire ou les radios locales, pour cet événement
dont la marraine sera Léa Drucker, qui a vécu à Tours
enfant et a découvert le cinéma aux Studio ». Le 18 mars,
la comédienne présentera son film et rôle coup de cœur,
Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, en soirée de la « journée
festive et officielle » de ces 60 ans, qui commencera par
des visites guidées des cabines, une séance Ciné Relax
avec Dounia et la princesse d’Alep, les projections et remise
des prix du concours de courts métrages dédiés aux 60
ans, un concert du quatuor Zéphyr, une impro de hip
hop, une séance 15-25 ans (Les Frissons de l’angoisse) ou
encore un mapping sur le mur gallo-romain du jardin.
Le lendemain sera projeté « Le film historique des Studio »,
réalisé par Les Compères Productions de Tours, dans
lequel témoignent des personnalités et des spectateurs,
mais surtout des membres de l’équipe, « amoureux de leur
cinéma, dont une bénévole qui l’était déjà en 1963 ». Le
tout monté avec des archives en Super 8, dont des images
de l’incendie de 1985 et des reconstructions successives
de l'établissement.
De une à sept salles… pour un fonctionnement
unique
Car les célèbres cinémas Studio de Tours n’ont cessé
de se transformer au fil des mutations de l'exploitation.
La première salle est ouverte alors que la France connaît
une grosse crise de la fréquentation, à laquelle ne se
résigne pas l’abbé Henri Fontaine, un ancien curé de
campagne qui, dès 1961, fédère un groupe de cinéphiles
tourangeaux passionnés. TEC est créée, reprend et
rénove une salle en faillite de la rue des Ursulines, avec
la vocation de « contribuer à un changement de société »,
déclarent alors les 400 adhérents de l’association… La
même qui est toujours propriétaire des Studio, « ce qui
lui garantit son indépendance, ce à quoi tenait l’abbé
Fontaine », témoigne Jean-Pierre Moreau.
©Cinémas Studio
En 1968, une deuxième salle de 48 places est ouverte
et une deuxième association créée par le curé : le CNP
(Cinéma national populaire), très engagée dans la vie
syndicale et politique, qui depuis co-anime les Studio
avec TEC. En 1971, l’ancien Casino est racheté et
devient le Studio 3 ; la 4 e salle ouvre 4 ans plus tard et
en 1980, elles sont toutes regroupées dans un même
lieu que TEC rachète à l’enseignement privé. Le drame
survient en 1985, quand un incendie ravage le cinéma,
alors que – hasard ou malveillance ? – il programmait
Je vous salue Marie de Godard. Un vaste mouvement
de solidarité permet de tout reconstruire et d’ajouter
une 5 e salle. Les évolutions des années 90 et l’ouverture
de deux multiplexes à Tours conduiront l’association
à raser le bâtiment et à le remplacer par l’espace Henri
Fontaine, inauguré en mars 2006 quasiment tel qu’il
est aujourd’hui : avec sept salles de 67 à 256 fauteuils
pour un total de 1050 places, un vaste hall – refait en
2015 – ouvrant sur sa terrasse et son merveilleux
jardin, une bibliothèque – avec le fonds cinéma le
plus important de la région Centre-Val-de-Loire –,
sans oublier la cafétéria, gérée par l’association Air
(Aide à l’insertion par la restauration).
Depuis, avec 20 films par semaine et une politique
d’action culturelle qui n’a jamais faibli, ses festivals
historiques comme Désir… Désirs en janvier, celui du
cinéma asiatique (Ficat) au printemps ou encore la
fameuse Nuit des Studio en juin, l’établissement
rassemble, en moyenne avant crise, 350 000 spectateurs
par an. Mais surtout, s’il est dirigé par Philippe Lecocq,
le cinéma a gardé sa gouvernance collégiale « extraordinaire
». Pour Jean-Pierre Moreau « quand on entre dans
cette structure, on en devient un fan absolu. Ce mélange
entre 17 salariés et 50 bénévoles, tous animés par la même
passion, est vraiment unique. »
Les festivités qui s’ouvrent ce 6 mars en témoignent, et
se prolongeront jusqu’à l'été. Le 3 juin 2023 pour la
Nuit des Studio, on projettera le film qui a fait l’ouverture
de la première salle en 1963 : Psychose
d’Alfred Hitchcock.
Cécile Vargoz
La bibliothèque des cinémas Studio abrite le fonds documentaire de cinéma le plus
important de la région : plus de 3 000 ouvrages, 15 000 dossiers de presse, 12 000 affiches,
30 000 photos d’exploitation, 140 titres de revues.
©Cinémas Studio
Le jardin situé à l’arrière du cinéma, devant le
mur gallo-romain, pour se retrouver entre les
séances... et festoyer pendant la Nuit du Studio !
©Cinémas Studios
26 N°439 / 1 er mars 2023