Sur-les-terrains-du-discours-corse

Introduction
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plateformes numériques et les exosomatisations industrielles prolongent ou accentuent les
formes de domination, ainsi que les stéréotypes 7 , tout comme elles peuvent faire écho aux
luttes d’émancipation avec des hashtags populaires sur les réseaux sociaux comme #MeToo,
#IWas ou #Blacklivesmatter. Elles reproduisent ou déconstruisent les stéréotypes, y compris
par le sport ou le tourisme. Dès lors, entre libéralisme et crise des institutions, le pouvoir de
l’éducation apparaît comme un terrain de lutte entre les États, les entreprises, les familles et
les territoires ou les nations sans État.
En quoi les terrains du discours corse et en l’occurrence les discours relatifs au football
corse peuvent-ils donner à voir ou à apercevoir ce processus à l’œuvre au niveau planétaire ?
J’ai vu en eux des pharmakons du néguanthropocène, des produits à la fois curatifs et toxiques
qui développent interactions et transactions entre réification, ressentiment et reconnaissance.
Les objets extraits de mon corpus de travail sont en mouvement entre ces trois pôles. Entre
réification et ressentiment, j’ai pu observer les topos et les figures du clan, du bouc émissaire,
de la victime, de la tribu, de l’ethnicité, de l’automatisation, de la bureaucratie, de la post-vérité
ou de la cancel culture. Entre le ressentiment et la reconnaissance, j’ai cette fois-ci noté les
opportunités de réparation, d’agency, d’encapacitation au travers du devoir de mémoire, du
care, de la résilience 8 , de la production immatérielle de localité et de voisinage, du partage, de
la formation, de l’économie contributive ou de la coopération, de l’open source ou de la science
ouverte. La sublimation du ressentiment peut construire un lien solide entre les théories des
capabilités (Sen, 2003, 2012 ; Nussbaum, 2017) et les théories de la reconnaissance. Quant à la
réification (Lukács, 1923 ; Brubaker, 2002 ; Honneth, 2007 ; Fleury, 2020) et la reconnaissance,
elles opèrent transaction mobilisant le désir du monde, la volonté de puissance, l’inversion du
stigmate, la patrimonialisation, la sublimation, les objets transitionnels, les productions immatérielles
symboliques, les marchandises émotionnelles, l’individuation collective ou la diversité
culturelle. Après Auschwitz et Gaza, après le 11 septembre, Guantanamo et la reconquête de
l’Afghanistan par les talibans, il est évident que tous ces processus sont réversibles. Aussi, la
7. Pour Jean Caune (2019) : « Le stéréotype, en tant que construction sociale dans une histoire et une culture,
est constitué d’éléments qui proviennent d’énoncés et de discours multiples. Au même titre que les autres
signes (la métaphore, le cliché, le symbole), le stéréotype associé à un phénomène humain doit être
rapporté à ses conditions sociales d’existence et de circulation. Si la métaphore est une manière de penser
par le biais d’une analogie, le stéréotype s’en distingue : il est une figure figée qui empêche de penser.
« La signification immédiate du stéréotype se trouve dans la relation entre le mot et la chose qu’elle
désigne. Sur le plan de l’analyse du sens, le stéréotype exige une pensée pragmatique qui s’interroge
sur les effets de la parole et prend en considération le médium qui la met en circulation dans l’espace
public, envisagé dans son contexte socio-économique. L’énonciation du stéréotype (l’acte de parole)
assigne l’autre à une catégorie : elle le renvoie à sa pseudo-nature. La pensée stéréotypée est une
“fausse conscience” qui réifie, décontextualise et essentialise. Le stéréotype, pour ces raisons, par une
inclination qu’on pourrait qualifier de “naturelle”, conduit bien souvent au cliché et à la caricature,
voire à la stigmatisation. »
8. Pour Boris Cyrulnik et Gérard Jorland, la résilience est « un processus biologique, psychoaffectif,
social et culturel qui permet un nouveau développement après un traumatisme psychique » (2012,
p. 8).