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Magazine CNC, automne 2023

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AUTOMNE <strong>2023</strong><br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

natureconservancy.ca<br />

La connectivité<br />

écologique<br />

Relier des aires protégées est essentiel pour que prospèrent<br />

les végétaux, les animaux et les systèmes naturels.<br />

WINTER 2021 1


AUTOMNE <strong>2023</strong><br />

SOMMAIRE<br />

Conservation de la nature Canada<br />

4 L’union fait la force<br />

D’un océan à l’autre, des bénévoles<br />

de <strong>CNC</strong> s’affairent à restaurer des<br />

milieux naturels altérés.<br />

6 Réserve naturelle<br />

du Lac Frye<br />

Importante pour la conservation<br />

des oiseaux du Nouveau-Brunswick,<br />

cette réserve de <strong>CNC</strong> en met plein<br />

la vue aux adeptes d’ornithologie.<br />

7 Des petits gestes qui<br />

rapportent beaucoup<br />

Restaurer son propre jardin peut<br />

augmenter notre résilience face<br />

aux changements climatiques<br />

et à la perte de biodiversité.<br />

7 Gros plan sur la nature<br />

Les paysages du Yukon fournissent<br />

d’innombrables possibilités de prises<br />

de vue pour le jeune Evan Howells.<br />

8 Créer des liens<br />

Apprenez-en plus sur la « Connectivité »,<br />

premier de quatre importants principes,<br />

et sur les résultats significatifs qui<br />

en découle.<br />

12 La chimaphile maculée<br />

Au Canada, cette espèce menacée ne se<br />

trouve plus que dans une province.<br />

14 L’avenir de la conservation<br />

Voici la prochaine génération de<br />

scientifiques de la conservation.<br />

16 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />

Grande victoire pour les prairies<br />

en C.-B.; une île paradisiaque en<br />

Ontario; des travaux de restauration<br />

naturelle et culturelle au Québec.<br />

18 Si bien près de l’eau<br />

En Iran, tout comme au Canada, on n’est<br />

jamais aussi bien que chez soi.<br />

C’est extra!<br />

Visitez magazinecnc.ca pour accéder à du<br />

contenu supplémentaire en lien avec ce<br />

numéro de notre magazine.<br />

Conservation de la nature Canada<br />

365, rue Bloor Est, bureau 1501, Toronto, ON M4W 3L4<br />

magazine@conservationdelanature.ca | Tél. : 416 932-3202 | Sans frais : 1 877 231-3552<br />

Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la<br />

conservation permanente de vastes territoires, <strong>CNC</strong> apporte des solutions à la double crise du déclin rapide de la<br />

biodiversité et des changements climatiques. <strong>CNC</strong> est un organisme de bienfaisance enregistré.<br />

Avec la nature, nous créons un monde prospère.<br />

Le magazine Conservation de la nature Canada est offert aux personnes qui appuient <strong>CNC</strong>.<br />

MC<br />

Marque de commerce de La Société canadienne pour la conservation de la nature<br />

FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant<br />

l’économie des ressources réalisée<br />

en choisissant ce papier.<br />

Imprimé au Canada avec des encres végétales par Warrens Waterless Printing.<br />

La publication de ce magazine a sauvegardé 28 arbres et 25 920 litres d’eau*.<br />

*GÉNÉRÉ PAR : CALCULATEUR.ROLLANDINC.COM. PHOTO : GUILLAUME SIMONEAU (KENAUK, QC). COUVERTURE : MARK RAYCROFT.<br />

2 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca<br />

natureconservancy.ca


Chères amies,<br />

Chers amis,<br />

La nature me fascine depuis ma plus tendre enfance, et j’ai toujours<br />

voulu protéger ses merveilles. Face à la crise climatique<br />

et au déclin des espèces, je ressens encore plus l’importance<br />

de donner de l’amour au monde naturel pour améliorer sa résilience.<br />

Vous ne trouverez sûrement pas étonnant de lire que c’est ce que<br />

Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) fait chaque jour. Or, pour<br />

que cet amour porte ses fruits et que la nature prospère, les aires<br />

protégées et de conservation doivent être Connectées, fournir des<br />

habitats Adéquats, être Représentatives et gérées Efficacement.<br />

Ces principes, réunis sous l’acronyme CARE (mot anglais qui se<br />

traduit par « prendre soin »), constituent un cadre internationalement<br />

reconnu dont l’objectif est de soutenir la résilience des paysages.<br />

Si les milieux que nous conservons répondent à ces critères,<br />

les paysages dont ils font partie parviendront à résister aux impacts<br />

des changements climatiques et de la perte de biodiversité. Et nous<br />

avons confiance que cette résilience nous permettra de créer un<br />

monde prospère, avec l’aide de la nature.<br />

Dans les faits, les principes CARE ont pris une telle importance<br />

dans notre travail, qu’ils seront abordés dans ce numéro et les trois<br />

prochains de notre magazine.<br />

Nous commençons avec le C comme dans Connecté ou<br />

Connectivité. Comme l’explique Dominique Ritter dans notre article<br />

principal, la connectivité concerne tous les aspects de notre travail.<br />

Il peut s’agir d’un petit passage permettant aux grenouilles de<br />

traverser une route en toute sécurité, ou d’un vaste corridor<br />

écologique emprunté par des mammifères à grand domaine vital.<br />

Face à la menace de phénomènes météo extrêmes ou des espèces<br />

envahissantes, les paysages connectés permettent aux animaux et aux<br />

végétaux de se déplacer et de continuer à prospérer dans l’ensemble<br />

de leur aire de distribution. Ces mêmes paysages peuvent aussi<br />

être des lieux où les gens passent du temps dans la nature et en<br />

prennent soin.<br />

Assurer la connectivité des paysages est vital, tout comme s’y<br />

connecter. Merci de l’amour que vous portez aux milieux naturels<br />

du Canada.<br />

Avec vous pour la nature,<br />

Ont collaboré<br />

à ce numéro<br />

Dominique Ritter<br />

Ex-rédactrice en chef<br />

chez Reader’s Digest<br />

Canada, elle a contribué<br />

à la rédaction de<br />

plusieurs magazines<br />

pour Bookmark ainsi<br />

qu’à L’Encyclopédie<br />

canadienne et à<br />

Adbusters. Dominique<br />

est l’auteure de<br />

« Créer des liens », p. 8.<br />

Chanelle Nibbelink<br />

est une illustratrice<br />

canado-américaine<br />

qui aime appliquer la<br />

pensée conceptuelle<br />

et l’exploration<br />

stylistique à tous ses<br />

projets d’édition et de<br />

publicité. Channelle a<br />

illustré « Si bien dans<br />

l’eau », p.18.<br />

ÉTIENNE BOISVERT.<br />

Marie-Michèle Rousseau-Clair<br />

Marie-Michèle Rousseau-Clair<br />

Cheffe de la conservation<br />

conservationdelanature.ca<br />

natureconservancy.ca<br />

AUTOMNE <strong>2023</strong> 3


D’UN OCÉAN<br />

À L’AUTRE<br />

À Ethier Sandhills,<br />

au Manitoba, des<br />

bénévoles de <strong>CNC</strong><br />

restaurent l’habitat<br />

d’espèces en péril en<br />

enlevant des arbustes<br />

envahissants.<br />

Cinquante pourcent<br />

du genévrier, une<br />

espèce envahissante,<br />

y a été supprimé.<br />

L’union<br />

fait la<br />

force<br />

D’un océan à l’autre, des bénévoles<br />

s’affairent à restaurer des milieux naturels.<br />

Quand Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

protège une aire naturelle, certaines parcelles<br />

peuvent avoir besoin d’un peu d’amour avant de<br />

pouvoir se réintégrer à un écosystème connecté,<br />

adéquat, représentatif et efficace. Des travaux de restauration,<br />

comme la plantation de végétaux indigènes et l’élimination<br />

d’espèces envahissantes et de déchets peuvent contribuer<br />

à assurer la prospérité et la résilience de paysages sous<br />

notre responsabilité. Ce travail peut demander des années<br />

de labeur et beaucoup d’efforts.<br />

Une seule paire de mains ne suffit par, mais comme on le<br />

dit si bien : L’union fait la force! Chaque année, nos bénévoles<br />

jouent donc un rôle crucial pour la restauration d’une<br />

diversité d’écosystèmes à travers le pays.<br />

Les résultats de leurs efforts témoignent du pouvoir de<br />

l’action collective. Ces personnes nous aident non seulement<br />

à accomplir ce que nous ne pourrions tout simplement pas<br />

faire seuls, elles inspirent aussi les collectivités où elles s’impliquent<br />

en les amenant à tisser elles aussi des liens plus<br />

étroits avec le monde naturel. Merci à tous nos bénévoles<br />

pour la conservation pour leur inestimable contribution à la<br />

création d’un monde prospère avec l’aide de la nature.<br />

POUR EN SAVOIR PLUS SUR<br />

LES RÉUSSITES ASSOCIÉES<br />

AU TRAVAIL BÉNÉVOLE :<br />

BENEVOLESCONSERVATION.CA.<br />

LIL CREEK PHOTO & VIDEO.<br />

4 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


ALBERTA<br />

Adopter une parcelle<br />

Si vous avez déjà entrepris de débarrasser votre jardin de ses mauvaises<br />

herbes, vous savez ce que cela demande d’efforts et de patience.<br />

Imaginez faire la même chose sur un site 100 fois plus grand! Une seule<br />

personne ne suffirait pas à la tâche bien entendu. Voilà pourquoi à l’aire<br />

de conservation Golden Ranches, des bénévoles de <strong>CNC</strong> contribuent à<br />

enlever et à contrôler les végétaux envahissants qui poussent parmi les<br />

110 000 arbres et buissons indigènes plantés par l’organisme Project<br />

Forest dans le cadre d’un partenariat établi sur plusieurs années. Les<br />

bénévoles ont d’abord reçu une formation, puis ont « adopté » une<br />

parcelle pour la désherber plusieurs fois au cours de l’été. Au fil du<br />

temps, leurs efforts empêcheront ces végétaux indésirables de se<br />

propager, permettant ainsi aux espèces indigènes de prospérer.<br />

8 867<br />

MÈTRES<br />

CARRÉS<br />

couverts de mauvaises herbes<br />

ont été ciblés pour éviter la<br />

propagation de ces végétaux qui<br />

peuvent être difficiles à contrôler.<br />

3 000<br />

SEMIS<br />

d’épinettes blanches, de pins<br />

gris, de bouleaux blancs, de<br />

cornouillers stolonifères et de<br />

cerisiers de Virginie plantés<br />

depuis 2017.<br />

SASKATCHEWAN<br />

Aux petits soins pour la nature<br />

Situé à 90 minutes au nord de Saskatoon, le site Meeting Lake 03 se compose de<br />

près de 200 hectares de boisés, de milieux humides et de prairies. Certaines parties<br />

de cette terre sont menacées par la fragmentation de l’habitat, la disparition des<br />

milieux humides, la déforestation et l’élimination d’autres végétaux. C’est pourquoi<br />

des bénévoles pour la conservation ont uni leurs forces pour y planter 400<br />

épinettes blanches dans le contexte d’un projet de restauration qui vise à rendre<br />

au site toute sa gloire d’antan.<br />

HAUT EN BAS : <strong>CNC</strong>; <strong>CNC</strong>; ANDREA MOREAU/<strong>CNC</strong>; <strong>CNC</strong>.<br />

MANITOBA<br />

Des étudiantes<br />

et étudiants<br />

au secours<br />

des dunes<br />

Le site Ethier Sandhills, à<br />

68 kilomètres au sud-ouest<br />

de Brandon, est un habitat<br />

peuplé de végétaux indigènes<br />

d’une grande importance<br />

pour le scinque des prairies,<br />

unique lézard présent dans la<br />

province. Une équipe d’étudiantes<br />

et étudiants bénévoles<br />

du programme de gestion des<br />

terres et des eaux de l’Assiniboine<br />

Community College a prêté<br />

mainforte à <strong>CNC</strong> pour que ce<br />

territoire continue d’offrir un<br />

milieu en santé aux espèces qui y<br />

vivent. Au cours des deux<br />

dernières années seulement,<br />

l’équipe a éliminé d’importants<br />

peuplements de trembles et<br />

de genévriers qui étaient en train<br />

d’envahir le site. Les espèces<br />

animales et végétales indigènes<br />

ont ainsi récupéré suffisamment<br />

d’espace pour prospérer. D’autres<br />

travaux sont prévus cet <strong>automne</strong>.<br />

<strong>CNC</strong> et ces jeunes sont enthousiastes<br />

à l’idée de poursuivre leurs<br />

travaux de restauration.<br />

ONTARIO<br />

De nouvelles courbes pour Willow Creek<br />

Willow Creek est un cours d’eau qui traverse lentement la grande zone humide de Minesing, qui est l’un<br />

des milieux humides les plus vastes et inaltérés protégés par <strong>CNC</strong> dans le sud de la province. Mais il<br />

n’en a toutefois pas toujours été ainsi, car le dragage, qui visait anciennement à y favoriser l’agriculture,<br />

a entraîné une surcharge de sédiments dans ses chenaux, réduisant leur capacité à absorber et à filtrer<br />

l’eau. Ces travaux ont aussi dégradé l’habitat des espèces dépendant de Willow Creek et de son lit.<br />

La Nottawasaga Valley Conservation Authority et <strong>CNC</strong> collaborent avec des bénévoles pour recréer les<br />

courbes de ses méandres naturels, en submergeant des conifères sur ses berges. Le suivi mené après ces<br />

travaux indique que la communauté d’insectes aquatiques s’y est enrichie d’autres groupes d’insectes.<br />

QUÉBEC<br />

S’engager pour<br />

les tortues<br />

Les tortues sont exigeantes quand<br />

vient la période de nidification.<br />

Au parc des Rapides-du-Cheval-<br />

Blanc, dans l’ouest de l’île de<br />

Montréal, le nerprun était en train<br />

d’envahir un site de nidification<br />

des tortues. Des bénévoles pour<br />

la conservation y ont retiré les<br />

espèces envahissantes pour<br />

protéger la santé de cette aire<br />

naturelle, procédé à des relevés<br />

des nids de tortues et soumis les<br />

observations au projet de suivi<br />

Carapace.ca.<br />

250<br />

MÈTRES CARRÉS<br />

rendus sécuritaires pour les tortues.<br />

NOUVELLE-ÉCOSSE<br />

Des jeunes nettoient<br />

Boar’s Head<br />

L’un des avantages d’être bénévole à <strong>CNC</strong><br />

est que chaque activité est une occasion<br />

d’apprentissage. Lors du nettoyage des rives<br />

à la réserve naturelle Boar’s Head (nord de l’île<br />

Long Island) dans la baie de Fundy, les bénévoles<br />

ont participé à un programme d’apprentissage<br />

organisé au sein de la communauté.<br />

Pour la deuxième année consécutive, des élèves<br />

de 10 e année de la Islands Consolidated School<br />

et des membres de la collectivité y ont pris<br />

part. Résultat? Sur 500 mètres de littoral, 19 sacs<br />

poubelles extra larges ont été remplis de<br />

déchets. Pour en savoir plus :<br />

conservationdelanature.ca/jeunesse-bh1<br />

500<br />

MÈTRES<br />

de rivage nettoyés.<br />

1KM<br />

de cours d’eau<br />

restauré depuis<br />

2010<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2023</strong> 5


SUR LES<br />

SENTIERS<br />

Golfe du Saint-Laurent<br />

<br />

N<br />

Réserve naturelle<br />

du Lac Frye<br />

Lac Frye<br />

Route 113<br />

Réserve naturelle<br />

du lac Frye<br />

Avis aux adeptes d’ornithologie : les oiseaux qui se nourrissent<br />

et nichent autour de l’étang de cette réserve naturelle du<br />

Nouveau-Brunswick vous en mettront plein la vue!<br />

Ce site représente l’une des 6 réserves de<br />

Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

sur l’île Miscou. Ses 54 hectares, qui se<br />

trouvent à la pointe de l’île, constituent le point le<br />

plus au nord de la province.<br />

L’île Miscou a été désignée Zone importante<br />

pour la conservation des oiseaux (ZICO) en raison<br />

de ses milieux humides et de ses rives, qui sont des<br />

haltes essentielles aux oiseaux migrateurs. Ses<br />

plages sont autant de sites de nidification pour le<br />

pluvier siffleur, une espèce en voie de disparition.<br />

La réserve naturelle du Lac Frye permet aux<br />

ornithologues d’emprunter un trottoir de bois et<br />

de profiter de vues imprenables depuis la plateforme<br />

d’observation qui surplombe un vaste<br />

étang côtier bordé d’un cordon littoral de sable,<br />

d’un marais salé et d’une forêt.<br />

À l’<strong>automne</strong>, les vastes tourbières de l’île<br />

prennent de spectaculaires teintes de rouge. Si cela<br />

ne suffit pas à susciter votre intérêt, de multiples<br />

espèces d’oiseaux de rivage, de sauvagines et de<br />

végétaux peuvent y être observées, comme l’aster<br />

du golfe Saint-Laurent, une plante menacée.<br />

Et qui sait... peut-être aurez-vous la chance d’y<br />

admirer le spectacle des centaines de fous de<br />

Bassan qui fréquentent ce milieu côtier.1<br />

LÉGENDE<br />

-- Trottoir de bois<br />

Plateforme d’observation<br />

P Stationnement<br />

ESPÈCES À OBSERVER<br />

• Aster du golfe • Courlis corlieu<br />

Saint-Laurent • Fou de Bassan<br />

• Bécasseau • Grand héron<br />

minuscule • Grive à dos olive<br />

• Bécasseau • Martin-pêcheur<br />

semipalmé d’Amérique<br />

• Bécasseau • Moucherolle<br />

variable<br />

des aulnes<br />

• Bruant des • Paruline jaune<br />

marais<br />

• Paruline masque<br />

• Busard<br />

• Pluvier siffleur<br />

Saint-Martin • Sarcelle d’hiver<br />

• Carouge à • Sterne<br />

épaulettes pierregarin<br />

• Chardonneret • Viréo aux yeux<br />

jaune<br />

rouges<br />

POUR EN SAVOIR PLUS<br />

conservationdelanature.ca/lacfrye<br />

CARTE : JACQUES PERRAULT. PHOTOS G. À D. : ANDREW HERYGERS/<strong>CNC</strong>; MIKE DEMBECK; ROBERT MCCAW; ROBERT MCCAW.<br />

6 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


ACTIVITÉ<br />

LES<br />

INDISPENSABLES<br />

Des petits gestes<br />

qui rapportent<br />

beaucoup<br />

La restauration, qui consiste à aider au rétablissement<br />

des écosystèmes, est un aspect essentiel du<br />

travail de Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>).<br />

À grande échelle, ce type de travail contribue à<br />

créer des habitats pour les espèces sauvages et<br />

aussi à augmenter la résilience des écosystèmes<br />

face aux changements climatiques. Fort heureusement,<br />

de plus petits gestes peuvent également<br />

contribuer au bien commun. Poursuivez votre lecture<br />

pour en savoir plus sur le rôle que vous pouvez jouer<br />

pour la restauration de milieux naturels.<br />

PHOTO : CATHIE ARCHBOULD.<br />

VIVRE ET LAISSER VIVRE<br />

Donnez un coup de pouce aux espèces sauvages<br />

en abandonnant le râteau! En <strong>automne</strong>, ne pas<br />

ramasser les feuilles, les tiges et les porte-graines<br />

de végétaux contribue à fournir un habitat aux<br />

nombreux petits mammifères, insectes, amphibiens<br />

et reptiles. Les branches d’arbres qui jonchent le<br />

sol et les espaces à découvert peuvent aussi servir<br />

de refuge hivernal aux abeilles indigènes. Le<br />

temps que vous aurez gagné en réduisant le<br />

nombre de corvées automnales vous donnera<br />

l’occasion d’observer et d’apprendre à mieux<br />

connaître les espèces qui vous entourent, que ce<br />

soit à l’aide d’un guide d’identification ou d’une<br />

application comme iNaturalist.<br />

CHAQUE CHOSE À SA PLACE<br />

Remplacer les végétaux exotiques par des espèces<br />

indigènes, ou une pelouse par un couvert végétal<br />

indigène, est un excellent moyen de contribuer à la<br />

restauration. Balayez le code QR ci-dessous pour en<br />

savoir plus sur le jardinage de plantes adaptées à<br />

votre région. Moins de pelouse se traduira par la<br />

création d’un plus grand nombre d’habitats pour<br />

les espèces sauvages. Cela permettra aussi de<br />

réduire votre consommation d’eau, et votre recours<br />

aux engrais, pesticides et herbicides, en plus de<br />

limiter le gaspillage et d’améliorer la santé de<br />

l’environnement au profit de la population et des<br />

espèces sauvages.<br />

En choisissant des espèces indigènes, vous<br />

remarquerez peut-être un plus grand nombre de<br />

papillons, d’abeilles et d’autres pollinisateurs<br />

durant la période de floraison de vos plantes.1<br />

DÉCOUVREZ LE SITE DE<br />

<strong>CNC</strong> SUR LES PETITS<br />

GESTES DE CONSERVATION<br />

conservationdelanature.ca<br />

Gros plan<br />

sur la nature<br />

Evan Howells, 16 ans, est un des jeunes finalistes des prix<br />

Inspiration Nature* de cette année. Il est reconnaissant<br />

d’avoir la chance de grandir au Yukon, où la beauté de la<br />

nature est une source inépuisable d’inspiration.<br />

Je vis à Whitehorse, une ville réputée pour sa nature sauvage et où partir à<br />

l’aventure, sac au dos, est si facile. Je ne quitte jamais la maison sans mon sac<br />

à dos, et j’y glisse toujours un objet qui m’est indispensable : mon appareil<br />

photo. J’aime me connecter à la nature en photographiant tout ce qui m’entoure, que<br />

ce soit des insectes ou des végétaux.<br />

Dans le cadre de mon projet d’expo-sciences, qui se déroule sur plusieurs années,<br />

j’ai compris l’importance de la photographie quand vient le temps de documenter<br />

ses observations. J’ai commencé à 13 ans à collecter des données pour ma première<br />

étude dans laquelle je comparais les habitudes de quête de pollen des bourdons indigènes<br />

à celles des abeilles domestiques dans la région de Southern Lakes, au Yukon.<br />

Chaque été, chaque fois que je visitais un site visé par mon d’étude, je prenais des<br />

photos, notamment de ces insectes et de fleurs. Après avoir analysé les échantillons<br />

de pollen au microscope, j’ai utilisé mes photos pour comparer les fleurs ayant éclos<br />

durant chaque période de collecte.<br />

J’ai également utilisé la photographie pour faire connaître les résultats de mon<br />

étude et pour préparer ma présentation. Lors de l’Expo-sciences pancanadienne de<br />

<strong>2023</strong>, j’ai eu l’honneur de recevoir une médaille pour mon projet. J’espère que les résultats<br />

de mon étude permettront de mieux faire connaître les besoins des bourdons<br />

indigènes et d’orienter davantage les pratiques apicoles et d’aménagement paysager<br />

de manière à maintenir leurs populations à l’échelle locale.<br />

Passer beaucoup de temps dans les prairies de la région de Southern Lakes en a fait<br />

l’un de mes coins de nature préférés au Yukon. J’ai l’intention d’y faire de nombreuses<br />

randonnées, sans bien sûr oublier d’emporter avec moi mon appareil photo!1<br />

*Prix décerné chaque année par le Musée canadien de la nature.<br />

AUTOMNE <strong>2023</strong> 7


Les liens qui unissent les<br />

éléments de la nature sont<br />

visibles, comme sur cette<br />

photo d’un arbre, d’une<br />

roche et du ciel de Kenauk,<br />

au Québec. Médaillon :<br />

Lac Papineau, Réserve<br />

naturelle de Kenauk.<br />

Créer<br />

des liens<br />

La collaboration entre des conservationnistes permet d’obtenir des résultats<br />

significatifs en matière de préservation d’habitats, de sensibilisation et de recherche.<br />

PAR Dominique Ritter<br />

8 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


GUILLAUME SIMONEAU.<br />

En été, King Kong ne<br />

s’éloigne jamais de son<br />

domaine vital. Cet orignal,<br />

un mâle de huit ans et demi<br />

qui tient son surnom de son<br />

imposant gabarit, passe ses nuits à manger<br />

des pousses de peupliers et de hêtres.<br />

Pendant les heures les plus chaudes de la<br />

journée, c’est à l’ombre de grands sapins<br />

qu’on peut le voir, couché sur un tapis de<br />

mousse frais et humide, les jambes repliées<br />

et son panache de 1,4 mètre d’envergure<br />

penché d’un côté et déposé au sol pour un<br />

peu de repos.<br />

Cette vie passée à grignoter et à faire des<br />

siestes paraît assez facile, jusqu’à ce que l’on<br />

songe à l’effort que représente l’ingestion de<br />

22 à 25 kilogrammes de végétaux par jour,<br />

sans parler des défis considérables qui attendent<br />

King Kong. Car une fois l’<strong>automne</strong><br />

venu, il entamera une quête vitale : engendrer<br />

les faons de la prochaine année.<br />

En effet, dès les premiers jours de<br />

septembre, King Kong passe d’homme au<br />

foyer à grand voyageur. De son territoire<br />

situé dans la réserve naturelle de Kenauk,<br />

dans le sud-ouest du Québec, il doit signaler<br />

aux femelles de la région qu’il est fin prêt.<br />

Le temps est venu pour lui de s’aventurer<br />

dans les profondeurs de la forêt.<br />

King Kong entreprend son pèlerinage<br />

d’<strong>automne</strong> en parcourant un territoire d’environ<br />

10 kilomètres carrés pour frotter sur<br />

les arbres ses bois en mue soigneusement<br />

arrosés de son urine concentrée en testostérone.<br />

Il n’est pas rare que 5 ou 6 femelles<br />

répondent à cette campagne de marketing<br />

olfactif. Il n’est pas rare non plus que plusieurs<br />

jeunes mâles rejoignent le territoire<br />

de King Kong pour tenter de persuader une<br />

femelle que leur imposant rival n’a pas<br />

toutes les qualités recherchées.<br />

On comprend donc que si la plupart des<br />

orignaux ne migrent pas, ils se déplacent, et<br />

beaucoup. Cette liberté de mouvement est<br />

absolument essentielle pour leur santé, leur<br />

capacité à se reproduire et la survie à long<br />

terme de leurs populations, en particulier sur<br />

une planète qui se réchauffe. Prendre en<br />

compte ces déplacements est l’une des principales<br />

préoccupations des conservationnistes<br />

quand vient le temps de parler de connectivité<br />

écologique.<br />

Élaborer un réseau<br />

Des principes communs sont indispensables<br />

pour que les conservationnistes puissent collaborer<br />

ensemble à la réalisation d’objectifs<br />

qui transcendent les écosystèmes et les frontières,<br />

et ce, afin de créer des solutions à<br />

long terme. C’est pourquoi, dans le monde,<br />

la plupart des plans de conservation — y<br />

compris ceux de Conservation de la nature<br />

Canada (<strong>CNC</strong>) — suivent quatre grands<br />

principes : la Connectivité, l’Adéquation, la<br />

Représentation et l’Efficacité (désignés par<br />

l’acronyme CARE, mot anglais qui se traduit<br />

par «prendre soin »).<br />

« La connectivité est la mesure dans laquelle<br />

les territoires permettent aux espèces<br />

de se déplacer et aux processus écosystémiques<br />

de se dérouler. Elle est directement<br />

liée à la résilience des paysages et à la diversité<br />

génétique des populations », explique<br />

Marie-Andrée Tougas-Tellier, chargée de<br />

projets à <strong>CNC</strong> et responsable de l’Initiative<br />

québécoise Corridors écologiques (IQCÉ).<br />

Nous sommes à Kenauk, au bord du lac<br />

Maholey, d’une superficie de 93 hectares.<br />

C’est une source riche en plantes aquatiques<br />

dont King Kong aime se nourrir au printemps.<br />

Au-delà du tapis flottant composé<br />

de nénuphars, un grand héron enfoncé<br />

jusqu’aux « genoux » est en quête de sa<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2023</strong> 9


Les liens entre les éléments de la nature<br />

abondent à Kenauk, Qc.<br />

prochaine prise. L’unique structure humaine<br />

visible est le quai sous nos pieds. Bien<br />

que cet habitat soit parfait pour les orignaux,<br />

ces derniers ont également besoin de corridors<br />

sécuritaires pour se déplacer sur de<br />

vastes distances.<br />

Étant donné les valeurs naturelles<br />

exceptionnelles de ce territoire, <strong>CNC</strong> est<br />

associé à l’Institut Kenauk depuis 2013<br />

pour en assurer la protection à long terme.<br />

Ses 26 500 hectares en font l’une des plus<br />

grandes forêts tempérées consacrées à la<br />

conservation et à la recherche en Amérique<br />

du Nord. C’est aussi un habitat important,<br />

puisque 112 espèces rares y ont été<br />

observées dans les 8 dernières années.<br />

Kenauk est en outre un élément<br />

crucial d’un réseau naturel beaucoup plus<br />

vaste (voir la carte en médaillon, p. 11),<br />

un corridor de 300 kilomètres vital pour<br />

les espèces, de la paruline du Canada à la<br />

tortue peinte, en passant par le loup et<br />

l’ours noir.<br />

Le pouvoir des humains<br />

Cary Hamel, directeur de la conservation<br />

à <strong>CNC</strong> au Manitoba, s’emploie depuis près<br />

de 30 ans à protéger les terres et à faciliter<br />

le passage de la faune d’une région à l’autre.<br />

L’un des défis de son équipe est de continuer<br />

à conserver des habitats d’importance et à<br />

rétablir la connectivité dans des zones clés<br />

entre le parc national du Mont-Riding, à<br />

environ 250 kilomètres au nord-ouest de<br />

Winnipeg, et le parc provincial de Duck<br />

Mountain, plus au nord.<br />

« Si ces parcs finissent par devenir des<br />

îlots entourés de zones entièrement exploitées,<br />

ils perdront leur intégrité écologique et<br />

certaines de leurs espèces disparaîtront »,<br />

explique-t-il. « Ce n’est pas en éloignant<br />

les humains que l’on garantira le succès des<br />

efforts de conservation de <strong>CNC</strong>, mais plutôt<br />

en les mobilisant. Les humains font partie<br />

de la nature ».<br />

C’est dans cette optique que Cary Hamel<br />

et son équipe travaillent dans le corridor<br />

Blue Wing, une zone de 106 578 hectares séparant<br />

les monts Riding et Duck. Ici, le maintien<br />

de l’habitat de la paruline à ailes dorées,<br />

de l’orignal et du wapiti sur des parcelles<br />

privées est largement axé sur l’établissement<br />

de relations au sein de la communauté et<br />

fondées sur des valeurs communes.<br />

Améliorer la connectivité peut consister à<br />

acheter un terrain ou à conclure un accord de<br />

conservation dans un corridor essentiel. Mais<br />

il peut aussi s’agir de créer des programmes<br />

novateurs pour préserver les prairies et les<br />

pâturages et soutenir les éleveurs et éleveuses<br />

dont les terres risqueraient autrement<br />

d’être converties à d’autres usages.<br />

On peut aussi penser aux élèves de l’école<br />

hors campus Waywayseecappo qui, depuis<br />

2018, travaillent aux côtés d’Aîné(e)s autochtones<br />

et du personnel de <strong>CNC</strong>. Ce groupe<br />

accomplit un large éventail de tâches qui profitent<br />

à la conservation de manière concrète,<br />

comme à des travaux de restauration sur des<br />

sites protégés par <strong>CNC</strong> pour y améliorer le<br />

déplacement des espèces.<br />

« Notre objectif est de favoriser le dynamisme<br />

de communautés rurales où les gens<br />

peuvent gagner leur vie et où la nature est<br />

considérée comme un élément de l’économie<br />

plutôt qu’un obstacle au développement »,<br />

ajoute M. Hamel.<br />

De même, au Québec, <strong>CNC</strong> dirige une<br />

initiative visant à accélérer ses efforts et à<br />

créer des alliances. Lancée en 2017, l’Initiative<br />

québécoise Corridors écologiques (IQCÉ),<br />

qui rassemble 10 organismes, privilégie une<br />

approche collective pour stimuler la conservation<br />

d’écosystèmes connectés par des<br />

corridors naturels. Le groupe est composé<br />

d’administrations municipales et régionales,<br />

de propriétaires de terres à bois, d’agriculteurs<br />

et d’agricultrices, d’organisations environnementales<br />

et de dizaines d’expert(e)s<br />

qui se consacrent à la protection et à la<br />

conservation de la nature par-delà les frontières.<br />

Nous assistons à une remarquable<br />

convergence d’intérêts, spécialement parce<br />

que c’est la première fois que toutes les<br />

parties prenantes travaillent ensemble à la<br />

réalisation d’un objectif commun.<br />

Grâce à l’ IQCÉ, des propriétaires de terres<br />

à bois ont appris que leurs travaux de gestion<br />

forestière sont également bénéfiques pour les<br />

corridors écologiques. En laissant derrière des<br />

souches et des débris de bois, ils fournissent<br />

un habitat essentiel au grand pic et à la salamandre.<br />

<strong>CNC</strong> a aussi beaucoup appris de ces<br />

propriétaires, ce qui en fait une collaboration<br />

mutuellement bénéfique.<br />

« Quand nous avons commencé en 2017,<br />

peu de gens travaillaient à la connectivité<br />

écologique », se souvient Kateri Monticone,<br />

directrice de la conservation stratégique et<br />

de l’innovation à <strong>CNC</strong> au Québec.<br />

« Aujourd’hui, on en parle de plus en<br />

plus, que ce soit au sein du gouvernement<br />

ou parmi les propriétaires de terres à bois,<br />

les citoyen(ne)s ou les maires et mairesses<br />

de la région, explique-t-elle. C’est une très<br />

grande réussite ».<br />

GUILLAUME SIMONEAU.<br />

10 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


Le savoir commun<br />

Valerie Pankratz, directrice générale de la<br />

réserve de biosphère du Mont-Riding, au Manitoba,<br />

promeut la connectivité depuis vingt<br />

ans. Elle est reconnue pour avoir trouvé des<br />

solutions à certains des problèmes qui ont le<br />

plus divisé les propriétaires de fermes et les<br />

conservationnistes de la région.<br />

« Ce que nous essayons de faire, c’est<br />

de conserver et de préserver la biodiversité<br />

dans la région, en espérant que nous saurons<br />

inciter les gens à faire ce qu’il faut par un<br />

travail de sensibilisation et de communication,<br />

dit-elle. Nous ne pouvons pas dire aux<br />

gens ce qu’ils doivent faire; notre rôle est<br />

de transmettre l’information. »<br />

Parfois, la sensibilisation à la connectivité<br />

doit être axée sur les menaces pesant sur un<br />

écosystème en particulier, et sur ce qu’il faut<br />

éviter de faire pour soutenir les espèces locales.<br />

« La semaine dernière, nous avons organisé<br />

une activité pour les enfants durant<br />

laquelle nous avons fabriqué des répliques<br />

de moules zébrées. » Cette espèce envahissante<br />

s’empare des écosystèmes aquatiques,<br />

accapare leurs nutriments et affame les populations<br />

de poissons indigènes ainsi que les<br />

industries qui en dépendent.<br />

« Maintenant, les enfants savent reconnaître<br />

les moules zébrées, et nous espérons<br />

qu’ils comprendront l’importance de ne pas<br />

les transporter d’un lac à un autre », conclut<br />

M me Pankratz.<br />

La liberté de mouvement<br />

À Kenauk, améliorer la connectivité demeure<br />

un défi permanent. Une étude menée<br />

de 2000 à 2015 sur la perte d’habitat dans le<br />

corridor transfrontalier qui relie les<br />

Adirondacks aux Laurentides, jusqu’au parc<br />

national du Mont-Tremblant, a révélé que<br />

l’orignal est l’espèce qui a subi l’impact le<br />

plus important, puisque la superficie de son<br />

habitat a diminué de 26 %. Ce déficit est aggravé<br />

par la fragmentation et la dégradation<br />

continues des habitats, et par les pressions<br />

croissantes exercées par les bouleversements<br />

climatiques.<br />

« Avec les changements climatiques,<br />

les habitats se déplacent vers le nord à un<br />

rythme de 4 kilomètres par an. Les animaux<br />

vont donc suivre leurs habitats pour survivre,<br />

et l’importance des corridors écologiques<br />

ne fera qu’augmenter », explique Kateri<br />

Monticone, qui signale que plusieurs réfugiés<br />

climatiques ont déjà été observés au Québec,<br />

notamment des opossums qui nous viennent<br />

des États-Unis. Malgré les changements en<br />

cours, elle reste optimiste. « Il y a beaucoup<br />

d’espoir dans l’action. Ensemble, nous allons<br />

plus loin. »<br />

De l’action (bien que d’une tout autre<br />

nature) c’est aussi l’un des principaux<br />

souhaits de King Kong! En octobre, pour<br />

conserver son statut de mâle reproducteur<br />

le plus performant de Kenauk, il entreprendra<br />

une autre « campagne de sensibilisation »<br />

parcourant cette fois jusqu’à 10 kilomètres<br />

en une seule nuit, afin de trouver des<br />

femelles fertiles qu’il n’aurait pas<br />

rencontrées lors de sa première campagne.<br />

Au cours des 5 dernières années, le<br />

dévouement de King Kong a produit<br />

d’impressionnants résultats : environ 30 faons<br />

vivants! Un jour, l’un d’entre eux deviendra<br />

peut-être le nouveau roi de Kenauk.1<br />

CARE<br />

Pour que la nature prospère,<br />

les aires conservées doivent<br />

être CONNECTÉES, fournir des<br />

habitats ADÉQUATS, être<br />

REPRÉSENTATIVES de toutes<br />

les espèces et être gérées<br />

EFFICACEMENT. Ces principes<br />

constituent un cadre mondialement<br />

reconnu pour soutenir la<br />

création de paysages résilients.<br />

Car si les terres que nous conservons<br />

répondent à ces critères,<br />

elles pourront résister aux impacts<br />

des changements climatiques<br />

et à la perte de biodiversité. Si<br />

elles sont résilientes, nous aurons<br />

la certitude de bâtir un monde<br />

prospère avec la nature.<br />

SEAN FEAGAN/<strong>CNC</strong>. MÉDAILLON : DOUG DERKSEN; LETA PEZDERIC/<strong>CNC</strong>. CARTE : <strong>CNC</strong>.<br />

L’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCÉ)<br />

Zone essentielle à la connectivité<br />

Aire protégée publique ou privée<br />

Aire gérée publique<br />

Zone de restauration<br />

Vision de l’IQCÉ du réseau écologique<br />

Lors de la création d’aires<br />

protégées, il est important de<br />

voir à ce que les sites de<br />

conservation de la biodiversité<br />

soient connectés, pour que la<br />

flore, la faune et les systèmes<br />

naturels puissent survivre. C’est<br />

évidemment pour faciliter le<br />

déplacement des espèces entre<br />

leurs habitats, mais aussi pour<br />

assurer l’échange de matériel<br />

génétique entre ces sites. Il est<br />

aussi important de prendre en<br />

considération le déplacement des<br />

espèces en fonction de l’évolution<br />

des conditions climatiques.<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2023</strong> 11


PROFIL<br />

D’ESPÈCE<br />

Chimaphile<br />

maculée<br />

Cette espèce menacée, autrefois présente en Ontario et au Québec,<br />

ne se trouve plus que dans le sud de l’Ontario.<br />

GERRY BISHOP/ALAMY STOCK PHOTO.<br />

12 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


APPARENCE<br />

Cette plante à lente croissance<br />

et au feuillage persistant peut<br />

atteindre de 10 à 25 centimètres de<br />

hauteur. Ses feuilles bleu vert ont un<br />

contour dentelé et une bande blanche qui<br />

longe leur nervure centrale. Ses fleurs à<br />

cinq pétales, roses ou blancs, se dressent<br />

au-dessus de feuilles rassemblées en<br />

verticille (au même niveau) au<br />

sommet de la plante.<br />

HABITAT<br />

La chimaphile<br />

maculée croît sur des sols<br />

sablonneux bien drainés<br />

et dans les forêts et<br />

boisés mixtes peuplés<br />

de chênes et<br />

de pins.<br />

DISTRIBUTION<br />

Au Canada, la chimaphile<br />

maculée, qui était jusqu’à<br />

récemment trouvée au Québec, ne<br />

se trouve plus que dans le sud de<br />

l’Ontario. Cette plante croît<br />

aussi dans l’est des États-Unis, la<br />

majeure partie du Mexique et<br />

dans certaines régions<br />

d’Amérique centrale.<br />

MENACES<br />

Cette plante est<br />

menacée par la perte de<br />

son habitat, causé par le<br />

développement, et sa<br />

dégradation, due à la<br />

pratique d’activités<br />

récréatives.<br />

DAN HANSCOM/ALAMY STOCK PHOTO.<br />

Que fait <strong>CNC</strong> pour protéger l’habitat de cette espèce<br />

AIDEZ À PROTÉGER CETTE ESPÈCE<br />

conservationdelanature.ca/donnez<br />

En Ontario, Amy Wiedenfeld, titulaire d’une bourse en science de la conservation de la famille Weston, cherche<br />

à savoir si certaines des populations de chimaphile maculée y augmentent ou diminuent, et quels facteurs<br />

environnementaux contribuent à ces changements (voir p. 15). Ces informations aideront <strong>CNC</strong> à planifier des<br />

conservationdelanature.ca travaux de conservation ou de restauration pour aider cette espèce ainsi que d’autres espèces rares.1<br />

AUTOMNE <strong>2023</strong> 13


UNE FORCE POUR<br />

LA NATURE<br />

L’avenir de la<br />

conservation<br />

Permettre aux étudiant(e)s<br />

de développer leurs<br />

habiletés, de vivre des<br />

expériences, et de faire<br />

partie d’une communauté<br />

pour en faire des leaders<br />

en sciences de la<br />

conservation.<br />

GUILLAUME SIMONEAU.<br />

14 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


GUILLAUME SIMONEAU.<br />

Grâce au Programme<br />

de bourses de<br />

recherche en<br />

sciences de la conservation<br />

de la famille Weston, la<br />

prochaine génération de<br />

leaders en conservation de<br />

la nature est déjà au travail.<br />

Ce programme soutient et<br />

forme des diplômé(e)s<br />

menant des recherches de<br />

premier plan à Conservation<br />

de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

sur la conservation et la<br />

gestion d’aires naturelles<br />

ainsi que sur la biodiversité.<br />

Les titulaires de bourses profitent d’apprentissages<br />

pertinents et uniques qui vont au-delà de leurs<br />

propres recherches. Ils et elles collaborent avec des<br />

membres du personnel de <strong>CNC</strong>, participent au travail<br />

de l’organisation et ont accès à des activités de<br />

perfectionnement professionnel. Un sentiment de<br />

communauté se crée parmi les boursières et boursiers,<br />

favorisant ainsi le soutien et la collaboration<br />

entre pairs et l’établissement de liens solides qui se<br />

prolongeront dans leur carrière.<br />

Les bourses sont accordées à des étudiantes et<br />

étudiants qui mènent des recherches appliquées<br />

de calibre mondial se rapportant directement aux<br />

enjeux pressants et aux priorités de <strong>CNC</strong>, dont la<br />

protection des espèces en péril, la connectivité<br />

écologique et les espèces envahissantes.<br />

Les bourses, qui sont accordées pour des projets<br />

de recherche spécifiques, sont habituellement<br />

annoncées à l’<strong>automne</strong>, afin de permettre aux<br />

étudiantes et étudiants de maîtrise et de doctorat<br />

de se mettre au travail l’été ou l’<strong>automne</strong> suivant.<br />

La première cohorte de titulaires a entrepris ses<br />

projets de recherche à l’<strong>automne</strong> 2020.1<br />

APPRENEZ-EN PLUS SUR LE<br />

PROGRAMME DE BOURSES ET<br />

LES PROJETS DE RECHERCHE<br />

QUI Y SONT ASSOCIÉS<br />

conservationdelanature.ca<br />

ZACHARY MOORE<br />

Étudiant à la maîtrise, Université du<br />

Manitoba (2020 à aujourd’hui)<br />

Zachary vous dirait sûrement qu’il est aux<br />

oiseaux quand il travaille en conservation! Il<br />

étudie comment les populations d’oiseaux<br />

chanteurs des prairies réagissent aux<br />

différents régimes de pâturage mis en œuvre<br />

sur les sites de <strong>CNC</strong> au projet Waterton Park<br />

Front, en Alberta. Ses recherches contribueront<br />

à déterminer les meilleures pratiques de<br />

gestion pour soutenir ces oiseaux.<br />

AMY WIEDENFELD<br />

Étudiante au doctorat, Université de<br />

Lethbridge, Alb. (2022 à aujourd’hui)<br />

Amy trouve les plantes très cool et veut<br />

dissiper l’idée qu’elles sont sans intérêt. Ses<br />

recherches, menées dans le sud de l’Ontario,<br />

portent sur l’évolution des populations de<br />

quatre espèces végétales rares. L’objectif<br />

est de déterminer dans quelle mesure ces<br />

espèces deviennent plus ou moins abondantes<br />

au fil du temps, ainsi que l’incidence,<br />

à cet égard, de facteurs environnementaux<br />

comme la qualité des sols.<br />

JESSICA SÁNCHEZ-JASSO<br />

Étudiante au doctorat, Université du<br />

Manitoba (2022 à aujourd’hui)<br />

Jessica a l’impression que ses rêves sont<br />

devenus réalité. Amoureuse des papillons,<br />

elle espère tirer profit de son expertise en<br />

gestion des terres et en système d’information<br />

géographique pour mettre en évidence<br />

le rôle des papillons au sein des écosystèmes.<br />

Ses recherches portent plus spécifiquement<br />

sur les effets des pratiques de gestion des<br />

prairies sur deux papillons en voie de<br />

disparition au Manitoba : l’hespérie de<br />

Poweshiek et l’hespérie du Dakota.<br />

EMILY TRENDOS<br />

Étudiante au doctorat, Université de Guelph,<br />

Ont. (2020 à aujourd’hui)<br />

Pour Emily, les bestioles qui l’intéressent<br />

n’ont rien d’effrayant! Elle étudie, dans le<br />

sud de l’Ontario, la croissance et la survie<br />

de l’hespérie tachetée, un papillon en voie<br />

de disparition. Ses recherches mettront en<br />

lumière les meilleurs moyens de soutenir des<br />

populations de cette espèce dans la nature<br />

et celles qui seront réintroduites dans des<br />

habitats adéquats.<br />

JUSTIN KRELLER<br />

Étudiant à la maîtrise, Université Carleton,<br />

Ont. (<strong>2023</strong> à aujourd’hui)<br />

Justin mettra en pratique ses compétences<br />

en système d’information géographique et<br />

sa passion pour l’écologie et la conservation<br />

pour étudier certaines des plantes les<br />

plus envahissantes au pays. Il se servira de<br />

modèles informatiques pour cartographier<br />

leur distribution et prévoir leur propagation<br />

et le fardeau qu’elles représenteront à<br />

travers le pays.<br />

BRIELLE REIDLINGER<br />

Étudiante à la maîtrise, Université de la<br />

Saskatchewan (2022 à aujourd’hui)<br />

Brielle est passionnée par les Prairies<br />

canadiennes, les oiseaux et l’élevage de<br />

bétail. Elle espère que ses recherches,<br />

menées grâce à cette bourse, permettront<br />

de mieux comprendre les oiseaux chanteurs<br />

des milieux de prairies ainsi que les meilleures<br />

pratiques de gestion des pâturages. Pour ce<br />

faire, elle compare l’incidence du broutage de<br />

bovins à celui des bisons à l’aire de conservation<br />

des prairies patrimoniales Old Man on<br />

His Back, en Saskatchewan.


<strong>CNC</strong><br />

À L’ŒUVRE<br />

1<br />

Une grande victoire pour<br />

les milieux de prairies<br />

AIRE DE CONSERVATION BUNCHGRASS HILLS, C.-B.<br />

1<br />

MERCI!<br />

Votre appui a permis la réalisation de<br />

ces projets. Pour en savoir plus, visitez<br />

conservationdelanature.ca/nous-trouver<br />

2<br />

3<br />

En juin, Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) a célébré l’une<br />

des plus grandes réalisations en matière de conservation de milieux<br />

de prairies privés en Colombie-Britannique, avec la création<br />

de l’aire de conservation Bunchgrass Hills. Ses plus de 6 100 hectares<br />

de prairies indigènes constituent un habitat vital et augmentent la<br />

connectivité pour les espèces de la région de Thompson-Nicola et des<br />

territoires traditionnels des peuples Secwépemc, Nlaka’pamux et Syilx.<br />

Ses collines et vallons sont couverts d’un tapis d’agropyres à épi et<br />

d’autres graminées indigènes, et sont parsemés de boisés de douglas de<br />

Menzies et de milieux humides.<br />

L’aire de conservation Bunchgrass Hills fournit un habitat à des dizaines<br />

d’espèces emblématiques de la Colombie-Britannique intérieure.<br />

Il s’agit notamment de plusieurs espèces figurant sur la liste de la Loi<br />

sur les espèces en péril du Canada, telles que la couleuvre à nez plat<br />

du Grand Bassin, le blaireau d’Amérique et le pic de Lewis. Des leks<br />

(sites de parade nuptiale) du tétras à queue fine s’y trouvent, ce qui<br />

reflète l’importance de ces prairies en tant qu’aires de reproduction<br />

pour cette espèce en péril dans la province.<br />

La création de cette aire protégée démontre à quel point la conservation<br />

des terres privées contribue aux objectifs de notre pays en matière<br />

de climat et de biodiversité.<br />

PHOTOS : FERNANDO LESSA. PORTRAIT : LA HALTE STUDIO.<br />

La nature : notre<br />

bouée de sauvetage<br />

En 2021, nous avons fait don d’une grande partie de notre<br />

terre à Conservation de la nature Canada avec la certitude<br />

et la confiance qu’elle serait protégée.<br />

Pourquoi? Pour l’avenir. Ni le mien ou celui de mon mari,<br />

mais celui de notre société. Je crois que si nous avons la<br />

chance de posséder une terre et qu’il est possible de la<br />

protéger, c’est ce qu’il faut faire.<br />

La nature est notre bouée de sauvetage. Ce n’est pas<br />

quelque chose d’extérieur à nous qu’il nous faut protéger,<br />

puisque nous en faisons partie. Nous lui sommes si étroitement<br />

liés que sans arbres, nous ne pourrions respirer.<br />

Sans eau, nous ne pourrions survivre. Nous avons besoin<br />

d’étendues couvertes de forêts et composées d’écosystèmes<br />

fonctionnels.<br />

Ce n’est pas seulement la beauté des paysages qui m’intéresse,<br />

c’est le fait qu’ils assurent notre survie. Voilà pourquoi<br />

il est si important pour moi de les protéger.<br />

~Ewa Dorynek Scheer est donatrice à <strong>CNC</strong><br />

depuis 2015<br />

Ce don de terre augmente la superficie d’aires protégées<br />

situées sur le versant sud des monts Sutton. Il favorise la<br />

connectivité avec d’autres aires protégées, ce qui est crucial<br />

pour des mammifères à grand domaine vital comme l’ours<br />

noir, le lynx roux et l’orignal. La création d’un corridor écologique<br />

permet à ces espèces de disposer de l’espace nécessaire<br />

pour se reproduire, élever leurs petits et se déplacer pour trouver<br />

de la <strong>2023</strong> nourriture.<br />

Médaillon conservationdelanature.ca<br />

: Damier<br />

Bunchgrass Hills, C.-B.<br />

16 AUTOMNE anicia.


G. À D. : GARY J. MCGUFFIN; MIKE CRANE.<br />

2<br />

Paradis insulaire<br />

ÎLE BATCHEWANA, ONT.<br />

L’avenir de la plus grande île privée du lac<br />

Supérieur est dorénavant assuré! Une trentaine<br />

de kilomètres de berges y ceinturent plus de<br />

2 000 hectares de forêts et de milieux humides<br />

inaltérés. Des loups gris, ours noirs, orignaux et<br />

plus de 30 espèces d’oiseaux d’importance provinciale<br />

habitent ses forêts. De nombreux poissons<br />

fraient dans les eaux peu profondes autour de<br />

l’île, dont l’esturgeon jaune, une espèce en voie<br />

de disparition dans cette région de la province.<br />

Les forêts anciennes et milieux humides<br />

intacts de l’île Batchewana fournissent des solutions<br />

fondées sur la nature, qu’il s’agisse de ralentir<br />

les changements climatiques en stockant<br />

du carbone, de filtrer l’eau ou de soutenir la biodiversité.<br />

Le carbone qui s’y trouve équivaut à<br />

l’énergie consommée par plus de 500 000 ménages<br />

au cours d’une année. Au fur et à mesure<br />

Ci di cor seque core et aciduci aepere optatiis del<br />

que la forêt vieillit, elle capte encore plus de<br />

dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.<br />

Grâce au soutien des gouvernements fédéral<br />

et provincial, ainsi que de donatrices et donateurs<br />

privés, <strong>CNC</strong> a déjà amassé 80 % des<br />

7,2 millions $ nécessaires pour acquérir l’île<br />

et assurer son intendance.<br />

Pour en savoir plus ou pour faire un don, visitez<br />

conservationdelanature.ca/batchewana.<br />

3<br />

Rétablir les liens naturels<br />

et culturels<br />

NATION W8BANAKI, QC<br />

Récemment, des artefacts autochtones, plus précisément<br />

des éclats de pierre utilisés dans la fabrication<br />

d’outils et des tessons de poterie, ont été<br />

découverts sur deux sites de <strong>CNC</strong> au Québec. Le<br />

bureau du Ndakina de W8banaki (anciennement<br />

Grand Conseil de la Nation Waban-Aki), a eu recours<br />

à l’archéologie pour aider à conserver le<br />

patrimoine culturel de communautés autochtones.<br />

Cette collaboration a donné lieu à une passionnante<br />

conversation sur le rôle des sites de<br />

conservation de la nature, leur signification pour<br />

les communautés autochtones et l’utilisation<br />

traditionnelle des ressources naturelles par les<br />

Autochtones.1<br />

Pour en savoir plus :<br />

conservationdelanature.ca/archeologie.<br />

Pleins feux sur<br />

nos partenaires<br />

American Friends of Canadian<br />

Nature (AFCN), un organisme à but<br />

non lucratif américain, appuie les<br />

efforts de conservation des terres<br />

menés au Canada ainsi que le travail<br />

d’organisations canadiennes dans<br />

ce domaine, y compris, mais sans s’y<br />

limiter, celui de Conservation de la<br />

nature Canada (<strong>CNC</strong>).<br />

Les contribuables des États-Unis<br />

souhaitant soutenir une approche à<br />

l’échelle du paysage du patrimoine<br />

naturel de l’Amérique du Nord<br />

peuvent ainsi faire un don à AFCN.<br />

Chaque dollar américain versé<br />

à AFCN peut générer jusqu’à<br />

4 dollars pour la conservation au<br />

Canada, et ce, grâce à des fonds<br />

de contrepartie provenant du<br />

gouvernement, de l’U.S. Fish and<br />

Wildlife Service et de diverses<br />

organisations de conservation<br />

canadiennes.<br />

La nature ne connaît pas de<br />

frontières; le travail de conservation<br />

non plus. En fait, bon nombre des<br />

immenses forêts, chaînes de<br />

montagnes et lacs du Canada<br />

s’étendent bien au-delà de la<br />

frontière américaine. Il en va de<br />

même pour les habitats des espèces<br />

peuplant ces milieux naturels.<br />

Cette photo : Île Batchewana, Lac Supérieur, Ont. Ci-dessus : Ours noir.<br />

Sauvegarder l'immense biodiversité<br />

de l’Amérique du Nord nécessite la<br />

mise en œuvre de projets de<br />

conservation transfrontaliers. Le<br />

soutien provenant d'AFCN appuie<br />

ce type de projets à travers le pays,<br />

comme ceux de <strong>CNC</strong> à Reginald Hill<br />

(C.-B.), The Yarrow (Alb.), Kenauk (Qc)<br />

et de l’île Brier (N.-É.).<br />

Puisque des terres et des espèces<br />

situés aux États-Unis profitent<br />

directement du travail de<br />

conservation effectué au Canada,<br />

les contribuables américain(e)s<br />

sont encouragé(e)s à soutenir cette<br />

vision. Ces contributions sont<br />

déductibles des impôts en vertu de<br />

la loi américaine.<br />

Pour en savoir plus :<br />

americanfriendscanadiannature.org.<br />

conservationdelanature.ca


GRANDEUR<br />

NATURE<br />

Si bien près de l’eau<br />

Par Saba Mozaffari, stagiaire en communications à <strong>CNC</strong> pour le Canada atlantique<br />

Ayant passé mon enfance dans une grande ville<br />

d’Iran, un pays à la géographie aussi vaste que<br />

variée, j’ai rarement eu l’occasion d’explorer<br />

et de profiter de la nature. Mais à chaque Nouvel An iranien,<br />

ma famille et moi nous rendions dans le nord du<br />

pays, où l’air était frais et où la mer [Caspienne] n’était<br />

qu’à quelques pas de notre villa. La végétation luxuriante<br />

y était fascinante, et ce lieu était pour nous une échappatoire<br />

à la vie urbaine trépidante.<br />

J’ai toujours espéré visiter davantage mon pays.<br />

Toutefois, à l’âge de 16 ans, j’ai déménagé au Canada,<br />

un pays où il y avait tant à explorer. Plus tard, mes<br />

stages à Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

m’ont permis de découvrir les magnifiques paysages<br />

du Canada atlantique.<br />

En 2022, alors que j’étais en vacances en Nouvelle-Écosse,<br />

j’ai visité la réserve naturelle Gaff Point de<br />

<strong>CNC</strong>. Bottes de randonnée aux pieds et bouteilles d’eau<br />

bien remplies, je suis partie vers le sentier. La journée<br />

était magique! Le soleil brillait à travers les arbres, le ciel<br />

était d’un bleu clair et vif, et la température était parfaite.<br />

Ayant vu de nombreuses photos de Gaff Point, je savais<br />

déjà à quoi m’attendre, mais c’était encore plus beau en<br />

vrai! C’est à ce moment précis que, pour la première fois<br />

depuis des années, je me suis sentie chez moi.<br />

Pour regagner le point de départ du sentier, j’ai dû traverser<br />

le magnifique croissant que forme Hirtle’s Beach.<br />

Je me souviens encore très bien de la sensation d’être<br />

entourée d’arbres, de l’odeur rafraîchissante de l’air salin<br />

et du son des vagues.<br />

Ma partie préférée du sentier est une zone s’ouvrant<br />

sur l’immensité de l’océan Atlantique. La personne qui<br />

m’accompagnait et moi avons pris un moment pour nous<br />

asseoir sur un rocher pour admirer et apprécier la vue qui<br />

s’offrait à nous.<br />

En respirant l’air salin, j’ai tout de suite su que j’étais<br />

là où je devais être. Le son des vagues se brisant contre<br />

les rochers, le soleil éclatant au-dessus de nos têtes et le<br />

calme étaient tout ce dont j’avais besoin pour réaliser que,<br />

quelle que soit la distance qui me séparait de mon pays<br />

natal, je pourrais toujours considérer ce coin de nature de<br />

la Nouvelle-Écosse comme ma maison.1<br />

CHANELLE NIBBELINK.<br />

18 AUTOMNE <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca


METTEZ VOTRE<br />

PASSION AU<br />

CŒUR DE<br />

VOTRE<br />

HÉRITAGE<br />

Votre passion pour les espaces naturels qui nous entourent est au cœur de votre vie.<br />

Et maintenant, vous pouvez en faire votre héritage. Un don testamentaire à Conservation<br />

de la nature Canada, quel que soit le montant, vous permet de contribuer à la protection<br />

de nos habitats les plus vulnérables et de la faune qu’ils abritent. Pour aujourd’hui,<br />

pour demain, et pour les générations à venir.<br />

Commandez votre livret d’information sur les dons planifiés dès aujourd’hui.<br />

Contactez-nous par courriel à don.planifie@conservationdelanature.ca,<br />

ou visitez natureenheritage.ca


VOTRE<br />

IMPACT<br />

Protégeons les Prairies du Canada<br />

Le rythme alarmant auquel disparaissent les milieux de prairies de l’Alberta, de la<br />

Saskatchewan et du Manitoba rendent cruciale leur conservation. Grâce à vous,<br />

l’accord de conservation conclu au ranch McIntyre (sud de l’Alberta) — le plus<br />

important accord de ce type de l'histoire du pays — assurera la protection de plus<br />

de 22 000 hectares de prairies et de milieux humides intacts. Saviez-vous que les<br />

écosystèmes de prairies stockent dans leurs profondes racines environ le tiers du<br />

carbone terrestre de la planète? En appuyant le travail de conservation au ranch<br />

McIntyre, par l’intermédiaire de la campagne de Conservation de la nature Canada<br />

(<strong>CNC</strong>) vouée à la protection des Prairies, vous posez un geste qui a un impact<br />

positif sur la population canadienne, mais aussi sur la planète tout entière.<br />

Un<br />

partenariat<br />

tout naturel<br />

Le programme de conservation<br />

du patrimoine naturel<br />

(PCPN) du gouvernement<br />

du Canada continue de<br />

contribuer à la conservation<br />

d’habitats vitaux. <strong>CNC</strong> et les<br />

partenaires du PCPN ont<br />

récemment conclu un nouvel<br />

accord triennal visant la<br />

protection d’un minimum<br />

de 180 000 hectares. Depuis<br />

2007, <strong>CNC</strong> et ses partenaires<br />

ont conservé près de<br />

800 000 hectares, dont<br />

presque 100 000 hectares<br />

de milieux de prairies.<br />

LETA PEZDERIC/<strong>CNC</strong>.<br />

Le pâturage<br />

communautaire<br />

Grâce à la générosité de donatrices<br />

et de donateurs, et à des partenaires<br />

comme vous, l'impact de notre travail<br />

est majeur. Les partenariats établis par<br />

<strong>CNC</strong> en matière de pâturage communautaire<br />

appuient en effet des activités<br />

de conservation sur 290 000 hectares de<br />

prairies et soutiennent les moyens de<br />

subsistance de communautés locales.<br />

Au total, ils permettent de conserver<br />

l’équivalent d’environ 5 % de la prairie<br />

indigène qui subsiste en Saskatchewan.<br />

Merci d’en faire autant pour la nature au Canada!

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