Magazine CNC - hiver 2024
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Aires protégées :<br />
nature prospère<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
Protéger une quantité suffisante d’habitats naturels<br />
de qualité est essentiel au maintien de la connectivité<br />
des paysages et de la biodiversité.<br />
natureconservancy.ca<br />
WINTER 2021 1
HIVER <strong>2024</strong><br />
SOMMAIRE<br />
Conservation de la nature Canada<br />
4 La nature n’a pas de limites<br />
Un partenariat entre <strong>CNC</strong> et Parcs Canada<br />
renforce la conservation des aires protégées<br />
près des parcs nationaux.<br />
6 Ghost Horse Hills<br />
Profitez de la magie l’<strong>hiver</strong> dans ce terrain<br />
de jeu situé au nord d’Edmonton, en Alberta.<br />
7 Les charmes de l’<strong>hiver</strong><br />
révélés<br />
L’<strong>hiver</strong> est un bon moment pour s’initier<br />
à l’ornithologie.<br />
7 Plus qu’un sac<br />
Le sac à dos de Colin Campbell contient de<br />
précieux souvenirs familiaux.<br />
8 Habitats protégés :<br />
nature prospère<br />
Protéger une quantité suffisante d’habitats<br />
de qualité est essentiel au maintien<br />
de la connectivité des paysages et de<br />
la biodiversité.<br />
12 Cerf mulet<br />
Ses grandes oreilles sont à l’origine<br />
de son nom.<br />
14 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />
Améliorer la biodiversité, Sask.; favoriser la<br />
réconciliation, Man.; établir un partenariat<br />
avec la Première Nation Qalipu; <strong>CNC</strong> sur la<br />
scène mondiale.<br />
16 Impact visuel<br />
Avec ses photos, Mike Dembeck connecte<br />
nos cœurs à la nature.<br />
18 La nature au service<br />
de l’art<br />
Un art durable inspiré par la nature<br />
C’est extra!<br />
Visitez magazinecnc.ca pour accéder à du<br />
contenu supplémentaire en lien avec ce<br />
numéro de notre magazine.<br />
Conservation de la nature Canada<br />
365, rue Bloor Est, bureau 1501, Toronto, ON M4W 3L4<br />
magazine@conservationdelanature.ca | Tél. : 416 932-3202 | Sans frais : 1 877 231-3552<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la<br />
conservation permanente de vastes territoires, <strong>CNC</strong> apporte des solutions à la double crise du déclin rapide de la<br />
biodiversité et des changements climatiques. <strong>CNC</strong> est un organisme de bienfaisance enregistré.<br />
Avec la nature, nous créons un monde prospère.<br />
Le magazine Conservation de la nature Canada est offert aux personnes qui appuient <strong>CNC</strong>.<br />
MC<br />
Marque de commerce de La Société canadienne pour la conservation de la nature<br />
FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant<br />
l’économie des ressources réalisée<br />
en choisissant ce papier.<br />
Imprimé au Canada avec des encres végétales par Warrens Waterless Printing.<br />
La publication de ce magazine a sauvegardé 31 arbres et 30 668 litres d’eau*.<br />
GÉNÉRÉ PAR : CALCULATEUR.ROLLANDINC.COM. PHOTO : DENIS DUQUETTE. COUVERTURE : PAUL ZIZKA (VALLÉE DE L’INCOMAPPLEUX, C.-B.).<br />
*<br />
2 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca<br />
natureconservancy.ca
Réserve naturelle<br />
de l’estuaire de la<br />
Musquash, N.-B.<br />
MARIE-MICHELE ROUSSEAU-CLAIR : ÉTIENNE BOISVERT.<br />
Chères amies,<br />
Chers amis,<br />
Être dans la nature me procure une sensation d’harmonie et<br />
de plénitude dont j’ai besoin pour m’épanouir. J’ai d’ailleurs<br />
choisi d’habiter la ville où je vis en raison de sa proximité<br />
avec la nature et certaines aires protégées, comme le parc national<br />
de la Mauricie et les terres voisines protégées par Conservation de<br />
la nature Canada (<strong>CNC</strong>). C’est là que j’aime passer du temps pour<br />
réfléchir aux principes CARE — la protection d’aires qui sont<br />
Connectées, Adéquates, Représentatives et Efficaces — et à comment<br />
cette approche permet de rendre la nature plus résiliente face à la<br />
perte de biodiversité et aux changements climatiques.<br />
Comme vous l’apprendrez en page 4, le parc national de la Mauricie,<br />
au Québec, fait partie d’un nouveau partenariat enthousiasmant<br />
entre Parcs Canada et <strong>CNC</strong>. Celui-ci vise à appuyer les efforts de<br />
conservation à travers le pays. Dans la cas du parc de la Mauricie, il<br />
contribue à fournir un habitat approprié au loup de l’Est, une espèce<br />
en péril. Les projets de <strong>CNC</strong> situés à proximité du parc protègent<br />
quant à eux l’habitat de la tortue des bois.<br />
La connectivité et la variété de ces habitats, tout comme le partage<br />
de connaissances et la collaboration entre les deux organisations,<br />
accroissent la résilience des milieux naturels de ce secteur.<br />
Dans ce numéro de notre magazine, nous poursuivons notre série<br />
en quatre parties en nous penchant sur le A (pour aires adéquates)<br />
des principes CARE, pour comprendre l’importance de protéger<br />
assez de chaque habitat naturel pour assurer la pérennité d’espèces,<br />
de processus naturels et d’aspects culturels. Comme l’explique<br />
Iryn Tushabe dans notre article principal, la protection d’aires naturelles<br />
adéquates va de pair avec la connectivité et permet de créer<br />
un réseau d’habitats de qualité susceptibles de permettre au vivant<br />
de s’épanouir.<br />
J’espère que les exemples de conservation d’aires protégées<br />
adéquates présentés dans ce numéro seront pour vous une source<br />
d’inspiration et que vous y verrez les possibilités d’autres projets de<br />
grande valeur d’un bout à l’autre du pays.<br />
Merci de votre soutien fidèle pour la protection des milieux naturels<br />
au Canada.<br />
Avec vous pour la conservation,<br />
Marie-Michele Rousseau-Clair<br />
Marie-Michele Rousseau-Clair<br />
Cheffe de la conservation<br />
Ont collaboré<br />
à ce numéro<br />
Iryn Tushabe est une<br />
auteure et journaliste<br />
canadienne d’origine<br />
ougandaise qui vit<br />
à Regina (Sask.). Ses<br />
œuvres ont été en<br />
nomination pour de<br />
nombreux prix. Son<br />
premier roman, Everything<br />
is Fine Here, sera<br />
publié en 2025 par<br />
House of Anansi Press.<br />
Iryn a écrit Habitats<br />
protégés : nature<br />
prospère, p. 8.<br />
Aaron McKenzie<br />
Fraser est un<br />
photographe<br />
professionnel éditorial,<br />
commercial, et<br />
industriel de Halifax<br />
(N.-É.). Il se spécialise<br />
dans les portraits<br />
environnementaux<br />
pour des magazines et<br />
des publicités. Aaron<br />
a photographié Mike<br />
Dembeck pour Impact<br />
visuel, p. 16.<br />
conservationdelanature.ca<br />
natureconservancy.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 3
COAST TO<br />
COAST<br />
2<br />
1<br />
3<br />
La nature<br />
n’a pas de<br />
limites<br />
4<br />
5<br />
6<br />
7<br />
8<br />
<strong>CNC</strong> s’est associé à Parcs Canada pour<br />
renforcer la conservation à proximité de<br />
certains parcs nationaux<br />
Paradis ornithologiques, sommets pittoresques, panoramas<br />
maritimes, prairies vallonnées... voilà quelques-uns des<br />
nombreux paysages des parcs nationaux et réserves de parcs<br />
nationales du Canada. Pour survivre, les espèces qui les habitent<br />
ont besoin de territoires sauvages et connectés qui s’étendent<br />
au-delà des limites de ces parcs. Les milieux naturels de ces aires<br />
protégées sont cependant menacés par les changements climatiques<br />
et la perte de biodiversité, et de plus en plus soumis aux pressions<br />
liées à l’activité humaine et au développement.<br />
Un nouveau partenariat entre Conservation de la nature<br />
Canada (<strong>CNC</strong>) et Parcs Canada (PC) appuie dorénavant le maintien<br />
de paysages sains et résilients par la conservation de terres situées<br />
autour de parcs et de réserves de parc. Le Programme de résilience<br />
des paysages, une initiative de 30 millions $, a en effet été<br />
lancé en octobre 2023. PC y contribuera à hauteur de 15 millions $,<br />
et <strong>CNC</strong> amassera l’autre 15 millions $. <strong>CNC</strong> travaillera avec des Nations<br />
autochtones, des communautés locales, des propriétaires fonciers<br />
et des partenaires situés près de plusieurs parcs ou réserves<br />
de PC. L’objectif est de conserver 30 000 hectares d’ici 2026. Pour<br />
en savoir plus : conservationdelanature.ca/resilience.<br />
1. Réserve de parc<br />
national des îles-Gulf,<br />
Colombie-Britannique<br />
Nichée au large de la côte sud-est<br />
de l’île de Vancouver, cette réserve<br />
protège des îlots et des paysages<br />
côtiers. Des phoques, des loutres, des<br />
épaulards et des saumons nagent<br />
dans les eaux de la mer des Salish<br />
pendant que des oiseaux de mer et<br />
des aigles la survolent. Depuis les<br />
années 1980, <strong>CNC</strong> appuie les efforts<br />
de conservation déployés dans les<br />
îles Gulf. L’aire naturelle de la mer des<br />
Salish est d’une importance capitale<br />
pour la migration de nombreuses<br />
espèces, y compris le grèbe élégant,<br />
un oiseau en péril. Plus récemment,<br />
<strong>CNC</strong> a fait l’acquisition de Reginald<br />
Hill sur l’île Salt Spring et d’Edith Point<br />
sur l’île Mayne, deux sites contribuant<br />
à la protection d’importants peuplements<br />
de forêts côtières matures de<br />
douglas de Menzies.<br />
2. Parc national de Kootenay,<br />
Colombie-Britannique<br />
Avec ses paysages époustouflants<br />
qui s’étendent à perte de vue, la<br />
Colombie-Britannique est un<br />
véritable paradis pour les adeptes de<br />
nature. Le parc national de Kootenay<br />
ne fait pas exception, puisque ce<br />
joyau des Rocheuses est le refuge de<br />
divers animaux sauvages, comme<br />
l’orignal, le grizzly, l’ours noir et le lynx<br />
du Canada. Abritant 29 espèces en<br />
voie de disparition, ce parc se<br />
compose de forêts ouvertes et de<br />
prairies. Depuis les années 1990, les<br />
efforts déployés par <strong>CNC</strong> y ont permis<br />
d’améliorer la connectivité et de<br />
restaurer des habitats vitaux, plus<br />
particulièrement au ranch Thunder<br />
Hill, sur les terrasses de Marion Creek<br />
et sur le site de Luxor Linkage.<br />
1: FERNANDO LESSA; 2: THOMAS DRASDAUSKIS; 3: BRENT CALVER; 4: JASON BANTLE;<br />
5: ADAM BIALO/KONTAKT FILMS; 6: BRIANNE CURRY/<strong>CNC</strong>; 7: <strong>CNC</strong>; 8: <strong>CNC</strong>.<br />
4 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca
9: ANDREW HERYGERS/<strong>CNC</strong>; 10: MIKE DEMBECK.<br />
9<br />
10<br />
3. Parc national des<br />
Lacs-Waterton, Alberta<br />
La magie de ce parc réside là où<br />
quatre écosystèmes uniques<br />
convergent. Surnommé à juste titre<br />
« le lieu de rencontre de la nature »,<br />
il est le refuge d’une grande variété<br />
d’espèces sauvages. Le front des<br />
Rocheuses, situé à proximité, est une<br />
zone où des espèces comme le wapiti<br />
migrent entre les montagnes et les<br />
prairies des contreforts. En 1997, <strong>CNC</strong><br />
et la Weston Family Foundation ont<br />
lancé le projet Waterton Park Front,<br />
où la protection de près de<br />
12 950 hectares a changé la donne<br />
pour la conservation des milieux<br />
naturels en servant de modèle pour<br />
plusieurs autres projets à l’échelle du<br />
paysage financés par la fondation.<br />
4. Parc national des Prairies,<br />
Saskatchewan<br />
La nature est à l’honneur dans ce<br />
parc du sud-ouest de la province.<br />
On y trouve les plus vastes étendues<br />
de prairies indigènes inaltérées de la<br />
Saskatchewan, où vivent des espèces<br />
emblématiques comme l’antilope<br />
d’Amérique, le renard véloce et la<br />
buse rouilleuse. On peut y apercevoir<br />
des pies-grièches migratrices, une<br />
espèce en péril, empaler leurs proies<br />
sur des épines ou des branches,<br />
ou des chevêches des terriers (des<br />
chouettes) sortant la tête à l’entrée<br />
d’un terrier de blaireau. Grâce à plus<br />
de 25 ans de collaboration communautaire<br />
dans la province, <strong>CNC</strong> a<br />
contribué à la protection de milieux<br />
vitaux comme l’aire de conservation<br />
des prairies patrimoniales Old Man<br />
on His Back, Wideview Complex ainsi<br />
que Rangeview, qui permettent à des<br />
espèces de toutes tailles de prospérer.<br />
5. Parc national de la<br />
Péninsule-Bruce, Ontario<br />
Reconnu pour ses eaux turquoise<br />
bordant la péninsule Saugeen Bruce,<br />
ce parc donne l’impression d’être dans<br />
les Caraïbes. Les grottes de l’escarpement<br />
abritent une riche biodiversité,<br />
des mollusques aux chauves-souris<br />
en hibernation. Tandis que vous vous<br />
émerveillerez devant ses marais,<br />
ses prairies, ses alvars et ses rives<br />
sablonneuses, n’oubliez pas que cette<br />
région abrite des espèces rares à<br />
l’échelle mondiale, dont 50 en péril.<br />
Depuis 2014, <strong>CNC</strong> travaille aux côtés<br />
de la Nation des Ojibways de Saugeen<br />
pour veiller à ce que la péninsule<br />
puisse continuer à prospérer au profit<br />
des générations futures, en protégeant<br />
ses habitats, en faisant le suivi<br />
d’espèces en péril, en contrôlant les<br />
espèces envahissantes, et plus encore.<br />
6. Parc national de la<br />
Pointe-Pelée, Ontario<br />
Ce petit parc canadien est celui<br />
situé le plus au sud du pays. Il<br />
occupe la zone biologique carolinienne<br />
et abrite 2 200 espèces<br />
végétales et plus de la moitié des<br />
espèces d’oiseaux du pays. C’est<br />
aussi là où vivent de rares espèces<br />
d’escargots, héros méconnus du<br />
recyclage des nutriments. Échapper<br />
aux menaces environnementales<br />
qui pèsent sur ces mollusques<br />
représente cependant un véritable<br />
défi. C’est pourquoi il est essentiel<br />
de protéger leur habitat pour assurer<br />
leur survie. Depuis 2000, <strong>CNC</strong> et ses<br />
partenaires y œuvrent pour protéger<br />
et enrichir ce refuge unique, en<br />
veillant à ce que les espèces de la<br />
région continuent de prospérer<br />
et de remplir leurs précieuses<br />
fonctions écologiques.<br />
7. Parc national des<br />
Mille-Îles, Ontario<br />
Ce parc du fleuve Saint-Laurent<br />
est composé d’îles de granit et<br />
de rives accidentées. Situé au sein<br />
de l’aire naturelle de l’arche de<br />
Frontenac, entre les Hautes-terres<br />
algonquines et les monts Adirondacks<br />
(É.-U.), il fait partie d’un<br />
corridor écologique vital et constitue<br />
le point de rencontre d’espèces<br />
des régions carolinienne et boréale.<br />
Reconnue par l’UNESCO et la<br />
Société canadienne d’herpétologie,<br />
la région abrite 40 espèces en péril,<br />
y compris le plus grand serpent<br />
du Canada : la couleuvre obscure.<br />
Depuis le début des années 2000,<br />
<strong>CNC</strong>, Parcs Canada et leurs partenaires<br />
collaborent pour conserver,<br />
restaurer et relier des milieux<br />
naturels de l’arche de Frontenac.<br />
8. Parc national de la<br />
Mauricie, Québec<br />
Niché dans la chaîne de montagnes<br />
des Laurentides, ce parc compte<br />
plus de 150 lacs et étangs, et abrite<br />
une multitude d’espèces uniques,<br />
notamment la tortue des bois,<br />
désignée vulnérable. La quantité de<br />
ces milieux naturels n’est toutefois<br />
pas un gage de qualité. Offrir des<br />
habitats de qualité et assurer leur<br />
connectivité est crucial pour venir en<br />
aide à des espèces comme cette<br />
tortue. Grâce à des efforts continus<br />
visant à agrandir des corridors<br />
écologiques vitaux dans la région, les<br />
tortues et d’autres espèces pourront<br />
vivre, se reproduire et prospérer. En<br />
2022, <strong>CNC</strong> a protégé deux sites faisant<br />
partie d’un corridor écologique<br />
reliant le parc national de la Mauricie<br />
à d’autres aires protégées.<br />
9. Parc national<br />
Kouchibouguac,<br />
Nouveau-Brunswick<br />
Dans ce parc de la côte est de la<br />
province, la nature déploie toute<br />
sa richesse biologique : un mélange<br />
d’estuaires et de marais salés,<br />
d’eaux douces, de milieux humides<br />
et d’écosystèmes forestiers. On<br />
peut y admirer la puissance des<br />
marées qui sculptent le paysage.<br />
À cet endroit, tout comme dans<br />
les aires naturelles voisines, se<br />
trouvent plus de 15 espèces en péril,<br />
dont le pluvier siffleur, un petit<br />
oiseau en voie de disparition, qui<br />
se nourrit et niche sur les plages<br />
sablonneuses et les vasières. Depuis<br />
2009, <strong>CNC</strong> collabore avec des<br />
partenaires et des collectivités<br />
situées à moins de 25 kilomètres<br />
du parc, dans le cadre de projets<br />
de conservation comme ceux<br />
des réserves naturelles Cap-Lumière<br />
et de la pointe Escuminac.<br />
10. Parc national et lieu<br />
historique national<br />
Kejimkujik, Nouvelle-Écosse<br />
Ce site fait partie de la grande<br />
région naturelle du sud-ouest de<br />
la Nouvelle-Écosse. Il compte plus<br />
de 2 800 kilomètres de rivages,<br />
de forêts Wabanaki (acadiennes),<br />
de landes, de milieux humides et<br />
de plage d’une beauté à couper<br />
le souffle. Dans l’est de la province,<br />
la perte d’habitat et le manque de<br />
connectivité ont des conséquences<br />
désastreuses sur la population<br />
d’orignaux. C’est pourquoi il est<br />
important de protéger les milieux<br />
naturels pour leur permettre d’avoir<br />
plus d’espace pour se déplacer et<br />
trouver de la nourriture et des abris.<br />
Depuis 2002, <strong>CNC</strong> conserve des<br />
milieux naturels situés à moins de<br />
25 kilomètres du parc Kejimkujik, en<br />
collaboration avec des collectivités<br />
de la région. Les projets comprennent<br />
les réserves naturelles de Silver River,<br />
Moose Lake et Upper Ohio.<br />
conservationdelanature.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 5
SUR LES<br />
SENTIERS<br />
<br />
N<br />
Ghost Horse Hills<br />
Range Road 234<br />
Township Road 584<br />
Ghost Horse Hills<br />
Profitez de la magie de l’<strong>hiver</strong> lors d’une randonnée fascinante dans<br />
ce terrain de jeu situé au nord d’Edmonton, en Alberta.<br />
Cette aire conservée de 110 hectares, qui se trouve à seulement 55 kilomètres au nord<br />
d’Edmonton, se compose entre autres d’une forêt boréale et de milieux humides. C’est<br />
un endroit idéal à explorer par une fraîche journée d’<strong>hiver</strong>.<br />
Si vous vous lancez dans cette aventure, n’oubliez pas vos raquettes, puisque cette petite<br />
merveille est souvent recouverte d’un épais tapis blanc.<br />
Le sentier de 800 mètres de Ghost Horse Hills se termine par un point de vue imprenable<br />
sur les plaines environnantes. Puisqu’il est relié au réseau de sentiers de l’aire naturelle Halfmoon<br />
Lake, vous pourrez y poursuivre votre randonnée.<br />
L’une des caractéristiques les plus fascinantes de Ghost Horse Hills est sa forêt boréale<br />
peuplée d’arbres de très grande taille comme l’épinette blanche, le bouleau à papier et le pin<br />
gris. Soyez à l’affût, car vous pourrez y apercevoir des oiseaux d’<strong>hiver</strong> tels que le durbec des<br />
sapins et le jaseur boréal. Avec un peu de chance, vous remarquerez aussi dans la neige la<br />
présence de traces d’espèces comme le lièvre d’Amérique, le porc-épic et l’hermine.1<br />
LÉGENDE<br />
-- Sentier<br />
P Stationnement<br />
À OBSERVER<br />
• Belette pygmée<br />
• Durbec des sapins<br />
• Harfang des neiges<br />
• Hermine<br />
• Jaseur boréal<br />
• Lièvre d’Amérique<br />
• Lynx du Canada<br />
• Mésangeai du<br />
Canada<br />
• Porc-épic<br />
• Sizerin flammé<br />
• Vison d’Amérique<br />
HAUT EN BAS : LETA PEZDERIC/<strong>CNC</strong>; MICK THOMPSON; ROBERT MCCAW; DELANEY SCHLEMKO/<strong>CNC</strong>; MIRCEA COSTINA.<br />
6 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca
ACTIVITÉ<br />
LES<br />
INDISPENSABLES<br />
PHOTO : LUCY LU.<br />
Les charmes de<br />
l’<strong>hiver</strong> révélés<br />
Vous aimeriez pouvoir identifier un plus grand<br />
nombre d’oiseaux et leurs chants, mais vous ne<br />
savez pas par où commencer? Voilà qui tombe<br />
bien, car l’<strong>hiver</strong> est la saison idéale pour apprendre<br />
les bases de l’ornithologie. Les arbres dépourvus<br />
de leurs feuilles laissent voir tout ce qui vole<br />
autour de vous, et puisque le nombre d’espèces<br />
est réduit, il est plus facile de discerner leurs<br />
différents chants. Au printemps, vous pourrez<br />
commencer à utiliser vos nouvelles connaissances<br />
et élargir votre répertoire quand les espèces<br />
migratrices commenceront à revenir. Voici d’autres<br />
conseils pour l’observation d’oiseaux en <strong>hiver</strong> :<br />
TOUT EST CALME? PAS VRAIMENT!<br />
L’observation d’oiseaux en <strong>hiver</strong> peut sembler une<br />
activité un peu ingrate au début, car vous devrez<br />
peut-être parcourir une certaine distance avant<br />
d’entendre un gazouillis ou une mélodie. Demeurez<br />
à l’affût pour augmenter vos chances de capter un<br />
mouvement ou un son! Recherchez des zones de<br />
végétation denses et arbustives où les oiseaux se<br />
nourrissent, s’abritent et se protègent des prédateurs.<br />
Surveillez les végétaux qui ont conservé des<br />
fruits et des tiges porte-graines, puisque les oiseaux<br />
granivores en sont friands.<br />
À L’EAU POUR LES OISEAUX AQUATIQUES<br />
Lorsque les étangs, les lacs et les rivières gèlent,<br />
ces oiseaux peuvent se rassembler en bandes plus<br />
denses, car les zones d’eau libre deviennent de plus<br />
en plus restreintes. Les zones à fort débit prennent<br />
quant à elles plus de temps à geler, tout comme<br />
les étangs et les lacs les plus profonds. Pendant<br />
les grands froids, des oiseaux que l’on ne trouve<br />
pas habituellement dans votre région peuvent<br />
apparaître si leurs sites d’<strong>hiver</strong>nage habituels ont<br />
gelé. Cela vaut la peine de scruter avec vos jumelles<br />
les groupes des bernaches du Canada et de<br />
colverts, pour de possible intrus!<br />
UN PRÉCIEUX GUIDE<br />
Un bon vieux guide d’identification des oiseaux est<br />
toujours très utile. Des applications comme Merlin<br />
Bird ID (bilingue) facilitent aussi la tâche grâce à des<br />
filtres tels que la couleur, la taille, l’habitat et l’aire<br />
de répartition. La fonction « Sound ID » peut même<br />
vous permettre d’identifier une espèce par son<br />
chant! En partageant vos observations dans<br />
l’application eBird, vous aiderez la communauté<br />
scientifique à mieux comprendre les schémas de<br />
distribution de nos amis à plumes ainsi que les<br />
organismes contribuant à leur protection.<br />
Plus qu’un sac<br />
Le sac à dos de Colin Campbell renferme des souvenirs qui<br />
évoquent les liens qui l’unissent à sa famille et à la nature<br />
Notre amour du plein air, alimenté et enrichi dans la forêt pluviale tempérée<br />
de la côte Ouest, a été facilité grâce à notre fidèle compagnon : un sac à dos<br />
bien spécial qui nous a permis de réaliser nos rêves d’aventure.<br />
Ce précieux allié, usé par le temps et nos nombreuses excursions, est un symbole<br />
de notre histoire en tant que famille. Alors que ma femme et moi empruntions les<br />
sentiers sinueux de la forêt pluviale du parc Pacific Rim, en Colombie-Britannique,<br />
nous avons très vite pris conscience du rôle inestimable qu’il jouait dans nos escapades.<br />
Parents de trois jeunes filles, ce sac à dos a autant représenté une source de<br />
réconfort qu’il a été porteur de possibilités.<br />
L’une de ses caractéristiques les plus notables est l’espace qu’il offre à nos enfants<br />
fatiguées. Lorsque leurs petites jambes n’ont plus la force de continuer, nous glissons<br />
délicatement l’une de nos filles, généralement la plus jeune (mais pas toujours), dans<br />
notre sac à dos, en veillant à ce qu’elle soit bien installée contre notre dos. En nous<br />
fiant au sourire sur son visage endormi, nous savons qu’elle s’y sent bien, enveloppée<br />
par les sons de la forêt et l’odeur de la terre humide.<br />
Plus qu’un simple accessoire, ce sac me rappelle la nature. On trouve de tout dans<br />
ses multiples poches : des collations, des bouteilles d’eau, et toute sorte de babioles.<br />
À chaque sortie, notre lien familial ne cesse de s’approfondir, que ce soit en serpentant<br />
à travers des bosquets couverts de mousse, en longeant des ruisseaux aux<br />
eaux animées ou en s’émerveillant devant des thuyas géants. À bien y penser, ce sac<br />
à dos comble l’écart entre les générations, et nous permet de nous connecter non<br />
seulement à la nature sauvage, mais aussi les uns aux autres.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 7
Habitats<br />
protégés :<br />
nature<br />
prospère<br />
conservationdelanature.ca
Lac Lonetree, Sask.<br />
GABE DIPPLE.<br />
La protection<br />
d’une quantité<br />
suffisante<br />
d’habitats de<br />
qualité est<br />
essentielle au<br />
maintien de la<br />
connectivité des<br />
paysages et de<br />
la biodiversité.<br />
PAR Iryn Tushabe<br />
Levi Boutin arrache un<br />
brin d’herbe d’un taillis. Il<br />
m’explique, en détachant les<br />
feuilles étroites pour dégager<br />
la panicule (l’inflorescence) :<br />
« Ici, il y a la graine; ce prolongement torsadé<br />
c’est l’arête. » Il tient l’arête délicate, qui ressemble<br />
à une courte aiguille pourvue d’un<br />
long fil. « Quand les graines tombent et que<br />
d’autres graminées ou des animaux les<br />
frôlent, elles s’enfoncent dans la terre comme<br />
un tire-bouchon, ce qui facilite l’ensemencement.<br />
» Cette graminée des prairies à la stratégie<br />
unique d’auto-ensemencement porte le<br />
nom de stipe chevelue.<br />
Il s’agit de l’une des nombreuses plantes<br />
indigènes des prairies de la Saskatchewan,<br />
y compris ici, au lac Lonetree, à 1 h 45 au<br />
sud de Regina. Nous sommes si proches de<br />
la frontière américaine que mon téléphone<br />
m’avise de possibles frais d’itinérance. De<br />
forts vents soufflent sur le lac bleuté et<br />
fouettent bruyamment les herbes. Cela ne<br />
semble pas déranger le troupeau de bovins<br />
qui broute paisiblement près du plan d’eau<br />
scintillant. Un grand oiseau de proie plane<br />
au-dessus de nous en quête de sa collation<br />
matinale. Levi Boutin, qui est coordonnateur<br />
de l’intendance à Conservation de la nature<br />
Canada (<strong>CNC</strong>), m’indique qu’il s’agit d’une<br />
buse rouilleuse. Autour de moi, je vois au<br />
moins deux terriers, signe de l’abondance<br />
de spermophiles (petits rongeurs) dans le<br />
secteur. Cette buse ne restera pas affamée<br />
bien longtemps…<br />
Parmi les autres espèces d’oiseaux en péril<br />
observées autour du lac au cours de la dernière<br />
année, on compte le bruant de Baird, le<br />
pipit de Sprague, l’engoulevent d’Amérique,<br />
le grèbe esclavon et le grèbe élégant.<br />
Cela dit, le lac Lonetree Lake (aussi appelé<br />
Clear Lake), est surtout une halte pour les<br />
oiseaux migrateurs.<br />
« Au printemps, nous avons déjà vu jusqu’à<br />
1 000 oiseaux en même temps », se souvient<br />
M. Boutin. Selon lui, c’est ce qui rend ce lac<br />
encore plus exceptionnel, car les oiseaux ont<br />
toujours besoin d’un site pour se ravitailler<br />
et se reposer pendant la migration. « Cela<br />
me rassure de savoir que la santé de ce lac,<br />
où font escale des milliers d’oiseaux, sera<br />
maintenue à perpétuité. »<br />
Pour favoriser le maintien de la<br />
biodiversité et des processus naturels, une<br />
aire protégée doit contenir une quantité<br />
adéquate d’habitats de qualité. Voilà un des<br />
principes sur lequel s’appuie <strong>CNC</strong> au moment<br />
de planifier ses projets à long terme (voir<br />
l’encadré page 11). Ce principe va de pair<br />
avec celui de représentativité, qui repose sur<br />
l’idée qu’une aire protégée doit préserver les<br />
espèces indigènes et les attributs naturels<br />
des écosystèmes.<br />
conservationdelanature.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 9
« En pensant à la Saskatchewan, la première<br />
image qui vous vient à l’esprit est probablement<br />
la prairie », affirme Marie-Michèle<br />
Rousseau-Clair, cheffe de la conservation à<br />
<strong>CNC</strong>. « Mais ce n’est pas que ça. On y trouve<br />
aussi des arbres, des lacs et des rivières, ainsi<br />
que d’innombrables autres habitats remarquables<br />
qui sont tous importants pour la survie<br />
des espèces. »<br />
Un plan de gestion<br />
tout indiqué<br />
L’été dernier, plusieurs résidents et résidentes<br />
de la Saskatchewan ont mis en commun leurs<br />
ristournes d’assurance de la Saskatchewan<br />
Government Insurance pour en faire don à<br />
<strong>CNC</strong>. Grâce à ces fonds et à des dons versés<br />
par d’autres donateurs et donatrices, l’organisme<br />
a pu acquérir 629 hectares (nommée<br />
Lonetree Lake) abritant des prairies indigènes<br />
et cultivées, des ruisseaux saisonniers,<br />
ainsi que des milieux humides et riverains.<br />
Ces habitats diversifiés et de qualité contribuent<br />
à la protection d’un éventail d’espèces<br />
indigènes qui en dépendent pour survivre,<br />
y compris des espèces menacées d’extinction.<br />
« La conservation de ce site est donc tout<br />
indiquée », affirme M me Rousseau-Clair.<br />
Une évaluation de l’état de santé de l’écosystème<br />
a révélé que certaines parties du site<br />
ont été surexploitées (surpâturage), tandis<br />
que d’autres, comme celui où se trouvent les<br />
vaches, ont été peu perturbées.<br />
« Notre plan de gestion consiste donc<br />
à laisser la zone altérée par le surpâturage<br />
[pâturage excessif] au repos pendant un<br />
certain temps, pour permettre aux graminées<br />
indigènes de se rétablir et d’améliorer ainsi<br />
la qualité de l’habitat », explique M. Boutin.<br />
« Nous ciblons les zones de pâturage situées<br />
de l’autre côté du lac, où la biomasse<br />
est abondante. »<br />
Historiquement, des espèces en péril,<br />
comme la chevêche des terriers (une<br />
chouette), le goglu des prés, le crapaud des<br />
steppes et la couleuvre agile à ventre jaune<br />
de l’Est, ont déjà été observées au lac Lonetree.<br />
Selon lui, il est possible que ces espèces<br />
soient toujours présentes, mais qu’elles aient<br />
passé sous le radar du personnel de <strong>CNC</strong>.<br />
Stipe chevelue.<br />
Chevêche des terriers.<br />
Il précise toutefois que cela importe peu,<br />
puisque la stratégie reste la même. « Nous<br />
conserverons les habitats en fonction de ces<br />
espèces, car nous savons qu’il est fort probable<br />
qu’elles reviennent dans la région en quête de<br />
nourriture ou d’un site de nidification. »<br />
De la source à<br />
l’embouchure<br />
L’estuaire de la Musquash, au Nouveau-Brunswick,<br />
est un autre projet dans<br />
le cadre duquel <strong>CNC</strong> veille à protéger une<br />
quantité adéquate d’habitats et à assurer<br />
leur connectivité (le C de CARE). D’une superficie<br />
de 2 300 hectares, cette réserve est<br />
la plus importante de l’organisme au Canada<br />
atlantique. Elle assure la connectivité entre<br />
Loch Alva, une aire protégée provinciale<br />
beaucoup plus vaste, et la zone de protection<br />
marine fédérale de l’estuaire de la Musquash.<br />
« Ce projet a permis de relier ces deux<br />
aires protégées », déclare Paula Noël,<br />
directrice des programmes de <strong>CNC</strong> au<br />
Nouveau-Brunswick. Auparavant, les eaux<br />
d’amont de la rivière étaient protégées, et<br />
son estuaire aussi. Mais entre les deux, il y<br />
avait une importante zone industrielle et urbanisée<br />
que les grands mammifères devaient<br />
inévitablement traverser. En acquérant des<br />
parcelles de terre appartenant à plusieurs<br />
Orignal.<br />
Réserve naturelle de la rivière Musquash, N.-B.<br />
propriétaires, <strong>CNC</strong> a créé une vaste étendue<br />
de terres inaltérées pour la faune.<br />
Dans cette aire de conservation élargie,<br />
la zone de transition entre les plans d’eau et<br />
les terres riveraines est un très bon exemple<br />
d’une quantité adéquate d’habitats et de<br />
connectivité. Ces habitats abritent des<br />
mammifères à grand domaine vital, comme<br />
l’orignal, l’ours et le lynx roux, qui ont besoin<br />
d’habitats à la fois aquatiques et terrestres.<br />
En conservant l’ensemble du bassin versant,<br />
de la source à son embouchure, on leur<br />
procure un espace suffisant pour circuler<br />
librement. « C’est un plan de protection<br />
complet », affirme Paula en se référant à<br />
l’ensemble des terres et des eaux conservées<br />
par la Province, à la zone de protection<br />
marine fédérale, ainsi qu’aux terres de<br />
Canards Illimités Canada et de <strong>CNC</strong>.<br />
<strong>CNC</strong> continue à déployer des efforts pour<br />
protéger un autre habitat de qualité le long<br />
de l’estuaire, qui constitue un milieu marin<br />
important au large des côtes et la seule zone<br />
de protection marine désignée dans la<br />
province. Paula indique que maintenant que<br />
<strong>CNC</strong> a assuré l’acquisition de plus de 90 %<br />
des terres bordant l’estuaire, l’organisme<br />
consacre désormais ses efforts le long des<br />
côtes de la baie de Fundy, où les marées sont<br />
parmi les plus hautes au monde. « Elles<br />
L TO R: LEVI BOUTIN/NCC STAFF; ANDY TEUCHER; MIKE DEMBECK; COURTNEY CAMERON/NCC STAFF.<br />
10 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca
G. À D. : GABE DIPPLE; SEAN FEAGAN/<strong>CNC</strong>; LETA PEZDERIC/<strong>CNC</strong>.<br />
attirent les phoques communs et les<br />
marsouins, qui viennent se nourrir des<br />
poissons et des invertébrés qui abondent dans<br />
l’estuaire », explique-t-elle. « Puis, une grande<br />
partie de cette production est emportée vers<br />
le large, où elle servira de nourriture aux<br />
autres espèces marines y vivant. »<br />
Le rythme de la nature<br />
De retour au projet Lonetree Lake, alors<br />
que nous marchons vers le sommet de la<br />
colline, nous voyons arriver Ross MacDonald<br />
sur son magnifique cheval nommé Sun.<br />
Agrologue spécialisé dans la gestion des<br />
prairies, M. MacDonald, également éleveur,<br />
vit à 24 kilomètres à l’est du lac Lonetree. Ce<br />
sont ses vaches que l’on voit dans les<br />
pâturages au sud. À l’approche du sommet, il<br />
nous montre de la bouse de vache.<br />
« La bouse est un véritable écosystème »,<br />
dit-il en retournant la pile d’excréments pour<br />
nous montrer de nombreux insectes, dont<br />
les coléoptères bousiers. La décomposition de<br />
la bouse favorise la croissance de nouvelles<br />
plantes et enrichit le sol de nutriments.<br />
« C’est un principe fondamental de la dynamique<br />
des sols », affirme-t-il.<br />
En continuant la randonnée, M. McDonald<br />
et M. Boutin discutent de la façon dont ces<br />
prairies, depuis des dizaines de milliers d’années,<br />
prospèrent sous l’effet de perturbations<br />
périodiques. À l’époque où les bisons erraient<br />
en Amérique du Nord, ils se nourrissaient de<br />
ces pâturages. Ces grands herbivores savaient<br />
instinctivement qu’ils ne devaient pas brouter<br />
excessivement ou endommager les prairies.<br />
Or, les bovins, qui les ont remplacés, ne sont<br />
pas aussi visionnaires.<br />
« C’est à nous de gérer le bétail en déplaçant<br />
les vaches aux endroits où nous souhaitons<br />
qu’elles broutent », explique M. MacDonald.<br />
Cette approche de la gestion de l’habitat<br />
restaure la pression d’origine que le broutage<br />
exerçait sur l’écosystème. Ainsi, cela permet<br />
aux graminées indigènes de se rétablir et<br />
favorise la création d’habitats propices aux<br />
autres espèces indigènes.<br />
Les diverses couches de la végétation des<br />
prairies (herbes de taille moyenne et courte,<br />
arbustes, fleurs sauvages et couvert végétal)<br />
constituent un habitat pour plusieurs animaux.<br />
Puisque la plupart des oiseaux des<br />
prairies nichent au sol, la qualité de la végétation<br />
revêt une grande importance. L’année<br />
dernière, lors de sa première visite au lac Lonetree,<br />
Levi Boutin a été impressionné par la<br />
croissance des végétaux, même dans les<br />
zones les plus exploitées.<br />
Il déterre une petite motte de terre appelée<br />
« croûte biologique ». Cette masse verte<br />
et spongieuse, composée de mousse et de<br />
lichen, a un système racinaire peu profond<br />
qui stabilise le sol et le protège du vent et de<br />
la pluie. Cette couche fragile, dont le rétablissement<br />
est très lent, est importante pour la<br />
résilience des prairies.<br />
« Lorsqu’il pleut, la croûte biologique retient<br />
l’eau et permet à l’humidité de s’infiltrer<br />
dans le sol », explique-t-il. Selon lui, on ne<br />
reconnaît pas assez son importance fondamentale<br />
au sein des écosystèmes des prairies.<br />
« En son absence, les gouttes de pluie ruissellent<br />
et entraînent l’érosion du sol. »<br />
La présence et l’étendue de la croûte biologique<br />
indiquent que la simple restauration<br />
des cycles naturels de perturbation sera<br />
suffisante pour permettre aux prairies de<br />
retrouver leur état d’origine. En fait, depuis<br />
que <strong>CNC</strong> en assure l’intendance, il y a un<br />
an de cela, les terres du projet de conservation<br />
Lonetree Lake ont déjà commencé à se<br />
rétablir. On y retrouve aujourd’hui une mosaïque<br />
d’herbes broutées et non broutées,<br />
d’arbustes et de fleurs sauvages. Au-delà des<br />
limites du site, il y a également une étendue<br />
de prairies privées qui s’étend jusqu’aux<br />
États-Unis. Ces terres servent aussi de refuge<br />
aux animaux qui fuient les activités humaines,<br />
comme l’agriculture.<br />
Les changements climatiques entraîneront<br />
eux aussi des conséquences inévitables sur<br />
les habitats, mais celles-ci sont difficiles à prévoir<br />
puisque chaque espèce s’adaptera à la<br />
situation de façon différente. M me Rousseau-Clair<br />
explique que <strong>CNC</strong> consulte des<br />
données concernant l’incidence des phénomènes<br />
climatiques sur la biodiversité afin<br />
d’anticiper et de prédire l’emplacement actuel<br />
et futur des « zones refuges » pour la faune.<br />
Malgré les nombreuses recherches en<br />
cours, elle souligne que dans certains cas, le<br />
programme de recherche de <strong>CNC</strong> comble un<br />
manque de connaissances. « Il y a des données<br />
sur plusieurs espèces, habitats et processus,<br />
mais certaines lacunes demeurent. En<br />
disposant de davantage de données de qualité,<br />
nous pourrons mieux orienter notre travail.»<br />
Tout compte fait, elle réitère la nécessité<br />
de procurer aux espèces sauvages une<br />
quantité adéquate d’habitats interreliés, et<br />
ce, de façon efficace et représentative.1<br />
Lac Lonetree, Sask.<br />
C ARE<br />
Pour que la nature prospère, les<br />
aires conservées et protégées<br />
doivent être Connectées, contenir<br />
des habitats dont la qualité est<br />
Adéquate, être Représentatives<br />
de toutes les espèces et être<br />
gérées de manière Efficace. Ces<br />
principes (CARE) sont mondialement<br />
reconnus pour soutenir<br />
la création de paysages résilients.<br />
Si les sites conservés répondent<br />
à ces critères, les paysages<br />
pourront résister aux changements<br />
climatiques et à la perte<br />
de biodiversité. Et s’ils sont<br />
résilients, nous serons assurés de<br />
construire un monde prospère<br />
avec la nature.<br />
La conservation adéquate signifie<br />
que les aires protégées comprennent<br />
assez d’habitats de<br />
qualité pour permettre à une<br />
diversité de plantes, d’animaux et<br />
de systèmes naturels de survivre.<br />
Est-ce qu’une superficie ou un<br />
habitat adéquat a été protégé<br />
pour chaque caractéristique ou<br />
espèce concernée? Certaines<br />
espèces requièrent plus d’espace<br />
que d’autres, et l’objectif est de<br />
protéger suffisamment de leur<br />
habitat pour que chacune puisse<br />
survivre et, idéalement, prospérer<br />
dans l’avenir.<br />
conservationdelanature.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 11
PROFIL<br />
D’ESPÈCE<br />
Cerf<br />
mulet<br />
Espèce indigène de l’ouest de<br />
l’Amérique du Nord, ce membre de la<br />
famille des cervidés doit son nom à<br />
ses grandes oreilles qui ressemblent<br />
à celles d’un mulet.<br />
MARK RAYCROFT.<br />
12 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca
APPARENCE<br />
Les caractéristiques les plus<br />
distinctives du cerf mulet sont ses<br />
grandes oreilles et sa croupe blanche. Le<br />
pelage de son front est foncé, sa face gris<br />
clair et l’extrémité de sa queue blanche est<br />
noire. Les mâles pèsent généralement de<br />
65 à 110 kilogrammes et les femelles<br />
de 50 à 75 kilogrammes. L’<strong>hiver</strong>,<br />
son pelage brun-rouge<br />
devient gris-brun.<br />
HABITAT<br />
Le cerf mulet prospère dans<br />
des habitats où la végétation est<br />
précoce et variée, et où se trouvent<br />
des arbustes. En Colombie-<br />
Britannique, il demeure à haute<br />
altitude jusqu’à la fin de l’automne,<br />
puis migre vers des massifs plus<br />
bas où la neige est moins<br />
épaisse.<br />
Que fait <strong>CNC</strong> pour<br />
protéger l’habitat<br />
de cette espèce ?<br />
En Colombie-Britannique, <strong>CNC</strong><br />
protège l’habitat du cerf mulet<br />
sur des terres du ranch de la<br />
rivière Kootenay, de Luxor<br />
Linkage, de Sage and Sparrow<br />
et de Bunchgrass Hills. En<br />
Alberta, des cerfs mulets ont été<br />
aperçus sur les terres conservées<br />
de Wakaluk, du ranch Palmer et<br />
de Carbon Coulee. La connectivité<br />
avec d’autres grandes aires<br />
protégées, telles que les parcs<br />
provinciaux, est essentielle à la<br />
survie de cette espèce.1<br />
MENACES<br />
Les menaces qui pèsent sur cette<br />
espèce comprennent la perte et la<br />
conversion des habitats, les changements<br />
climatiques et les collisions avec des<br />
véhicules sur des routes qui traversent ses<br />
principales aires d’<strong>hiver</strong>nage. La maladie<br />
débilitante chronique, qui est mortelle,<br />
est une menace majeure pour les<br />
populations de cerfs mulets à<br />
l’est des Rocheuses.<br />
Ranch de la rivière<br />
Kootenay, C.-B.<br />
AIDEZ<br />
CETTE ESPÈCE<br />
Contribuez à sa protection<br />
conservationdelanature.ca/<br />
donnez<br />
NICK NAULT.<br />
AIRE DE<br />
RÉPARTITION<br />
Le cerf mulet et la sous-espèce de cerf à<br />
queue noire ne vivent qu’en Amérique du<br />
Nord. Du nord au sud, ils se trouvent du sud-est<br />
de l’Alaska et du sud du Yukon jusqu’au nord du<br />
Mexique. D’ouest en est, son aire de répartition s’étend<br />
de la côte du Pacifique à l’ouest du Manitoba. Au<br />
Canada, la plupart se trouvent dans les vallées sèches<br />
et accidentées et sur les plateaux de l’Intérieur sud<br />
de la Colombie-Britannique. En Alberta, ils sont<br />
surtout présents dans les prairies, les<br />
contreforts et les montagnes Rocheuses,<br />
mais aussi dans les parcs et le sud<br />
de la forêt boréale.<br />
•<br />
Distribution au Canada<br />
conservationdelanature.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 13
<strong>CNC</strong><br />
À L’ŒUVRE<br />
1<br />
Renforcer la biodiversité<br />
RUISSEAU ECHO (ECHO CREEK), SASK.<br />
1<br />
2<br />
4<br />
MERCI!<br />
Votre appui a permis la réalisation de<br />
ces projets. Pour en savoir plus, visitez<br />
conservationdelanature.ca/nous-trouver<br />
3<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) joue un rôle essentiel<br />
dans la sauvegarde de la biodiversité en effectuant régulièrement<br />
des travaux de restauration d’écosystèmes. Le ruisseau<br />
Echo, en Saskatchewan, en est un très bon exemple, car <strong>CNC</strong> y restaure<br />
des champs agricoles abandonnés où prolifèrent des plantes<br />
envahissantes. Sur une période de deux ans, des membres de son<br />
personnel lutteront contre ces envahisseurs par des activités de<br />
fauchage et des méthodes de contrôle chimique, avant d’y semer des<br />
graminées et des plantes herbacées indigènes.<br />
L’érosion qui altère les rives du ruisseau Echo menace d’aggraver<br />
la perte d’habitat et la sédimentation. <strong>CNC</strong> œuvre donc pour<br />
restaurer ce milieu naturel avec l’appui de bénévoles de la région, par<br />
la plantation d’arbustes indigènes et de boutures de saules. Quand<br />
les arbres et les arbustes prendront racine, ils stabiliseront les berges<br />
et réduiront le ruissellement ainsi que le risque d’inondation. Des<br />
berges saines accueillent une plus grande diversité d’espèces,<br />
améliorent la connectivité au sein du paysage et des corridors<br />
écologiques (ce qui favorise les déplacements de la faune), freinent<br />
l’érosion, filtrent les contaminants et renforcent la biodiversité<br />
aquatique, aujourd’hui et pour les générations futures.<br />
PORTRAIT : KYLIE POLLARD/<strong>CNC</strong>; <strong>CNC</strong> . MÉDAILLON : MARLA ANDERSON/<strong>CNC</strong>.<br />
Enracinés dans<br />
le territoire<br />
« Je suis originaire de<br />
Nouvelle-Écosse. En 1958, j’ai déménagé en Alberta<br />
pour y enseigner et je suis demeuré dans cette province<br />
où j’ai rencontré ma femme, Mary.<br />
Même après toutes ces années, la Nouvelle-Écosse<br />
occupe encore une place de choix dans mon cœur, en<br />
particulier Port Joli, dans le sud-ouest de la province.<br />
Durant mon enfance, ma famille y passait les vacances<br />
d’été. Je conserve de beaux souvenirs du petit chalet<br />
rustique de mon grand-père, avec sa vue sur une<br />
plage de sable blanc. Je me souviens aussi des espèces<br />
sauvages, des oiseaux de rivage aux orignaux.<br />
Cette photo : Activité de fauchage, Projet Echo Creek, Sask.<br />
Médaillon : Activité d'ensemencement, Projet Echo Creek, Sask.<br />
Dans le numéro du printemps 2017 du magazine<br />
Conservation de la nature Canada, j’ai appris que l’organisme<br />
protégeait des terres à Port Joli. J’étais très heureux<br />
de savoir que cet endroit et la nature qui a marqué<br />
mon enfance subsisteraient pour toujours, même si le<br />
chalet n’est plus là depuis longtemps. J’y ai encore des<br />
racines familiales. Bien que je n’aie jamais vécu dans<br />
la région, je m’y sens toujours comme chez moi quand<br />
j’ai l’occasion de m’y rendre.<br />
Si mon grand-père était encore en vie, je suis certain<br />
qu’il appuierait Conservation de la nature Canada avec<br />
ferveur et enthousiasme. Il serait, tout comme moi,<br />
extrêmement fier que la belle et dynamique région de<br />
Port Joli, dans notre province natale, soit protégée pour<br />
la postérité. »<br />
~Cal et Mary Annis font des dons à<br />
<strong>CNC</strong> depuis 1991<br />
14 WINTER 2023 natureconservancy.ca
FAYAZ HASAN/<strong>CNC</strong>.<br />
2<br />
Faire progresser la<br />
réconciliation<br />
WAGGLE SPRINGS, MAN.<br />
<strong>CNC</strong> collabore avec des représentant(e)s anichinabé(e)s<br />
et avec la famille Beddome pour veiller sur 305 hectares<br />
en bordure de la rivière Assiniboine, au sud de Shilo.<br />
Cette région est importante sur les plans culturel et<br />
agricole, ainsi que pour la biodiversité. Située près<br />
d’un site surnommé Waggle Springs, cette terre porte<br />
maintenant le nom de Wabano Aki (« Terre de demain »<br />
en langue anichinabée). Ce partenariat est une source<br />
d’inspiration pour faire progresser la réconciliation avec<br />
les peuples autochtones et démontrer comment une<br />
approche pansociétale peut favoriser la conservation.<br />
4<br />
Dévoilement du nom, Wabano Aki, Man.<br />
<strong>CNC</strong> sur la scène mondiale<br />
PLANÈTE TERRE<br />
3<br />
Un stage de<br />
travail unique<br />
PREMIÈRE NATION QALIPU<br />
L’été dernier, Julia Ball, diplômée de<br />
l’Université Memorial de Terre-Neuve,<br />
s’est jointe à l’équipe de <strong>CNC</strong> en tant<br />
que stagiaire en conservation. Première<br />
stagiaire à partager son temps entre<br />
<strong>CNC</strong> et la Première Nation Qalipu, elle<br />
est devenue un lien essentiel entre ces<br />
deux organisations.<br />
Ce partenariat entre <strong>CNC</strong> et la<br />
Première Nation Qalipu prévoit le<br />
partage d’informations et un soutien à<br />
distance en matière d’intendance. Dans<br />
son double rôle en tant que stagiaire,<br />
Julia a fait preuve d’un vif intérêt pour<br />
les savoirs autochtones et a démontré<br />
sa grande passion pour la nature.<br />
Travaillant depuis les bureaux de la<br />
Première Nation, elle a représenté <strong>CNC</strong><br />
sur le terrain, plus précisément sur la<br />
côte ouest de l’île de Terre-Neuve.<br />
Grâce aux connaissances qu’elle a acquises,<br />
aux relations établies et aux amitiés<br />
créées, Julia est bien équipée pour<br />
entreprendre sa carrière professionnelle.<br />
Elle travaille d’ailleurs aujourd’hui à plein<br />
temps pour la Première Nation Qalipu.<br />
Ce stage tout à fait unique a été rendu<br />
possible grâce au généreux soutien de<br />
notre bailleur de fonds, Cenovus Energy.<br />
Chaque fois que le monde se réunit pour trouver des solutions aux crises du climat et de la perte de<br />
biodiversité, <strong>CNC</strong> veille à ce que la voix de la nature soit entendue et respectée. Qu’il s’agisse d’une<br />
Conférence des Parties sur le climat (COP) ou d’une conférence sur la biodiversité, <strong>CNC</strong> profite de<br />
toutes les tribunes pour démontrer au monde entier que des initiatives de conservation durables et<br />
efficaces peuvent contribuer à relever ces défis monumentaux.<br />
Par exemple, avant la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) en décembre<br />
2022, <strong>CNC</strong> a travaillé avec d’autres membres de la délégation canadienne ainsi que des dirigeants<br />
internationaux pour déterminer comment le monde pourrait atteindre ses objectifs de conservation<br />
d’ici 2030. Après l’adoption d’un nouveau cadre mondial pour la nature, <strong>CNC</strong> a pris les devants pour<br />
aider le Canada à atteindre ses objectifs. Lors de la plus récente conférence sur le climat, qui s’est<br />
tenue à Dubaï (COP28), <strong>CNC</strong> a aussi souligné la valeur économique que la protection et la<br />
restauration de la nature peuvent apporter aux collectivités. Et ce n’est pas fini...<br />
En octobre <strong>2024</strong>, <strong>CNC</strong> accueillera des pairs du monde entier lors du congrès mondial <strong>2024</strong> du<br />
Réseau international pour la conservation des terres (International Land Conservation Network) au<br />
mont Sainte-Anne, au Québec. Ensemble, <strong>CNC</strong> et ces autres organisations conçoivent des approches<br />
plus ambitieuses, audacieuses et inclusives afin de conserver davantage de nature pour stopper et<br />
inverser la perte de biodiversité et contrer les impacts des changements climatiques.<br />
Pour préserver la biodiversité mondiale et protéger nos collectivités des impacts des changements<br />
climatiques, conserver la nature doit être une priorité. <strong>CNC</strong> contribue à faire en sorte que ce soit le cas.1<br />
Pleins feux sur<br />
nos partenaires<br />
Les prairies sont importantes pour<br />
la conservation des sols et des<br />
eaux, le contrôle des inondations<br />
et la régulation du climat. Parfois<br />
décrites comme des « forêts à<br />
l’envers », elles absorbent et<br />
stockent des milliards de tonnes<br />
de carbone dans leurs racines<br />
profondes, le gardant fixé dans<br />
le sol, ce qui contribue à contrer<br />
les effets des changements<br />
climatiques.<br />
Les milieux de prairies comptent<br />
parmi les écosystèmes les plus<br />
menacés au monde. En Alberta, en<br />
Saskatchewan et au Manitoba<br />
(communément appelées « Prairies<br />
canadiennes »), plus de 80 % des<br />
prairies ont disparu. Le plan<br />
d’action pour les Prairies de <strong>CNC</strong><br />
dirige des efforts visant à conserver<br />
plus de 500 000 hectares de cet<br />
écosystème d’ici 2030.<br />
En 2023, Wawanesa Assurance s’est<br />
associée à <strong>CNC</strong> pour soutenir deux<br />
de ses stagiaires au Manitoba. Ce<br />
partenariat visait à appuyer leur<br />
travail de terrain et la collecte de<br />
données essentielles éclairant les<br />
pratiques d’intendance et de<br />
restauration des milieux de praires,<br />
et ce, dans un effort de conservation<br />
de telles aires prioritaires, maintenant<br />
et pour les générations futures.<br />
Wawanesa considère que la<br />
résilience climatique est un besoin<br />
croissant dans toutes les communautés.<br />
C’est pourquoi, en tant que<br />
compagnie d’assurance mutuelle<br />
au pays, elle soutient les personnes<br />
en première ligne des changements<br />
climatiques, qui travaillent<br />
à bâtir des communautés plus<br />
résilientes grâce à son programme<br />
Champions du climat Wawanesa.<br />
En plus de servir plus de 1,6 million<br />
de membres, Wawanesa investit<br />
plus de 3,5 millions $ par an pour<br />
soutenir des organisations qui<br />
renforcent de différentes façons les<br />
communautés d’à travers le pays.<br />
Pour en savoir plus : wawanesa.<br />
com/impact-communautaire.<br />
conservationdelanature.ca
UNE FORCE POUR<br />
LA NATURE<br />
Impact<br />
visuel<br />
Mike Dembeck nous rapproche<br />
de la nature avec ses photos<br />
de paysages canadiens et des<br />
espèces qui les habitent<br />
AARON MCKENZIE FRASER.<br />
16 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca
Tout en admirant les vastes prairies,<br />
Mike Dembeck observait devant lui une<br />
harde de bisons. C’était la saison du<br />
vêlage : des bisonneaux au pelage brun clair et<br />
pelucheux bêlaient, tandis que des mères, aux<br />
aguets, grognaient.<br />
MIKE DEMBECK.<br />
Les coups de sabot faisaient voler la poussière. Le photographe se<br />
souvient de la forte odeur musquée qui flottait dans l’air. Bercé par le<br />
bruit des bêtes, et un œil sur le viseur de son appareil, il a appuyé sur<br />
le déclencheur.<br />
C’était en 2016, dans le sud de la Saskatchewan. Mike Dembeck<br />
photographiait le territoire de Buffalo Valley protégé par Conservation<br />
de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) avec le sentiment de se trouver au cœur<br />
d’un spectacle unique.<br />
« J’étais très ému d’observer cette connexion entre les animaux »,<br />
raconte-t-il. « Immortalisée, une telle scène a le pouvoir de toucher les<br />
gens, puisqu’elle raconte une histoire. »<br />
Mike pense souvent aux émotions que suscitent ses photos et ses<br />
vidéos. Au cours des 16 dernières années, il a offert son temps et son<br />
talent à <strong>CNC</strong> à titre de photographe et vidéaste, contribuant ainsi à<br />
mettre en valeur des paysages naturels et des espèces de partout au<br />
Canada. Puisqu’il habite Halifax, en Nouvelle-Écosse, la côte Est est<br />
fortement représentée dans son travail.<br />
Intéressé par la photo dès l’enfance, Mike a d’abord travaillé pour<br />
un journal d’Halifax après ses études universitaires. Sa carrière s’est<br />
poursuivie au sein d’autres organes de presse, et aussi comme pigiste.<br />
En 2007, alors qu’il couvrait une conférence de presse de <strong>CNC</strong><br />
concernant des animaux soignés dans un centre de réhabilitation de<br />
la faune, il a été séduit par ces adorables bêtes. Il précise que c’est<br />
surtout l’idée de collaborer avec un organisme national de conservation<br />
de la nature qui l’a emballé.<br />
« Je me souviens d’avoir pensé : voilà une occasion de contribuer<br />
à la protection de l’environnement au sein d’un organisme de grande<br />
envergure ». Depuis, ses superbes images d’espèces sauvages, de leurs<br />
habitats ainsi que de membres de la population, ont une valeur<br />
inestimable pour <strong>CNC</strong>.<br />
Mike est animé par une volonté d’accroître la sensibilisation à la<br />
nature. « Les gens ne se rendent pas compte de la diversité des<br />
espèces, et de tout ce qui est en train de disparaître », déplore-t-il.<br />
PATIENCE DE MISE<br />
Peu de gens ont la chance d’observer des animaux comme le lynx du<br />
Canada, l’orignal ou le loup dans leur milieu naturel. Pour Mike, des<br />
images d’espèces comme celles-ci, produites au fil des ans, lui rappellent<br />
que le temps et les efforts investis en valent la peine.<br />
« Lorsqu’on réussit à traduire en photo l’image que l’on a en tête, c’est<br />
tellement gratifiant », confie-t-il. « Je pense à la façon dont cette image<br />
touchera les gens qui n’ont jamais eu l’occasion de voir cet animal. »<br />
Photographier un animal aussi insaisissable que le lynx du Canada<br />
requiert une excellente planification ainsi que de la persévérance. Mike<br />
consulte donc des spécialistes locaux et s’installe toujours de façon à<br />
respecter l’espace de l’animal sans le menacer. « Les animaux sont très<br />
vigilants. Si vous êtes dans leur environnement, ils vous ont<br />
probablement déjà remarqué. Il faut s’armer de patience. »<br />
Pendant qu’il attend patiemment, le photographe doit faire face à des<br />
insectes agaçants et à des conditions météo difficiles. Dans certains cas,<br />
il repart les mains vides ou doit retourner<br />
plusieurs jours de suite dans le même secteur.<br />
Malgré tout, ces excursions en valent toujours le<br />
coup. « Cela m’a amené à visiter beaucoup<br />
d’endroits, à marcher en forêt et à être vraiment<br />
attentif », ajoute-t-il.<br />
En tant que visiteur régulier de nombreuses<br />
terres que protège <strong>CNC</strong>, Mike constate les avantages<br />
du travail de conservation et d’intendance.<br />
« On voit qu’un secteur s’est stabilisé après avoir<br />
été entretenu et protégé », affirme-t-il. « On voit<br />
aussi parfois un contraste avec une terre voisine,<br />
où certaines activités nuisent toujours à la santé<br />
des terres et à leur rétablissement. »<br />
Bénévole de longue date, Mike a forgé une<br />
relation particulière avec le personnel de terrain<br />
de <strong>CNC</strong>. « Le travail de conservation en est un<br />
de collaboration », dit-il en évoquant la réussite<br />
de projets comme celui de Buffalo Valley. « C’est<br />
stimulant de pouvoir y contribuer. »<br />
Les bisons photographiés par Mike font partie<br />
d’un troupeau géré dans les prairies de Buffalo<br />
Valley. D’une superficie de plus de 1 600 hectares,<br />
cette terre procure un habitat aux oiseaux<br />
chanteurs, à la sauvagine, aux cerfs et à de<br />
nombreuses autres espèces.<br />
Plus près de chez lui, Mike a aussi parcouru<br />
en canot et photographié la rivière Tusket,<br />
dans le sud de la province. Ce cours d’eau<br />
traverse la réserve naturelle Silver River, une<br />
région à laquelle il est particulièrement attaché.<br />
« Quand on est aux premières lignes<br />
d’un projet de conservation, on a à cœur sa<br />
réalisation », dit-il en parlant des travaux<br />
effectués sur la rivière Tusket. C’est très<br />
valorisant d’être témoins de la réussite d’un<br />
projet. C’est un peu comme un enfant que l’on<br />
voit grandir. »<br />
Mike Dembeck tient à maintenir son<br />
engagement envers la conservation. « C’est<br />
devenu fondamental pour moi. Ce que je reçois<br />
en retour est infiniment supérieur à ce que<br />
je donne. »1<br />
conservationdelanature.ca<br />
HIVER <strong>2024</strong> 17
GRANDEUR<br />
NATURE<br />
La nature au service de l’art<br />
Par Raechel Wastesicoot, responsable, Communications et culture interne à <strong>CNC</strong><br />
Quand je ferme les yeux, je me transporte dans<br />
la nature. J’entends le vent qui peine à se<br />
frayer un chemin à travers des massifs d’arbres<br />
denses et dont les feuilles reposent sur le tapis de neige<br />
sur lequel je marche. Les rayons du soleil transpercent<br />
les nuages duveteux qui parsèment un ciel si bleu qu’il<br />
semble avoir été peint. Ils éclairent un chemin à travers<br />
une forêt aux couleurs éclatantes, qui est animée par<br />
de petites bêtes qui demeurent actives pendant les<br />
mois d’<strong>hiver</strong>.<br />
Ces images m’apparaissent si clairement que, sur ma<br />
peau, je peux presque ressentir les picotements causés<br />
par la froidure de l’<strong>hiver</strong>.<br />
En ouvrant les yeux, je suis à mon bureau, sur lequel<br />
des perles de verre, du cuir, de la fourrure et des bois<br />
de cervidés sont éparpillés. Là où certaines personnes<br />
voient le désordre, je vois la nature. Je vois la chlorophylle<br />
qui circule sur mon bureau dans la couleur verte<br />
de perles de verre et de piquants de porc-épic teints.<br />
J’entends le ruissellement de l’eau devant la douce fourrure<br />
blanche de lapins et les billes de verre bleues<br />
dispersées sur mon tapis de perlage. Mon fil est maintenant<br />
saturé des couleurs qui me rappellent tout ce que<br />
je vois dans la nature.<br />
Mon travail repose sur un principe qui m’a été transmis<br />
quand j’ai appris à perler : « De la Terre, pour la Terre<br />
et par la Terre ». Je me laisse guider par lui en travaillant<br />
à partir d’un mélange d’éléments contemporains et de<br />
matériaux recyclés, rétro et trouvés dans la nature.<br />
Puisque la Terre et la durabilité sont au cœur de mon<br />
approche du perlage, mes créations visent à avoir un<br />
impact minimal sur l’environnement. Les matériaux<br />
provenant de la nature, tels que les bois de cervidés, la<br />
fourrure, les peaux et les piquants de porc-épic jouent<br />
donc un rôle déterminant dans mon travail.<br />
En tant qu’Autochtone, mon identité, le territoire de<br />
mes ancêtres, notre langue et notre communauté sont<br />
profondément liés à la Terre mère. Cette inspiration me<br />
guide quand je passe du temps dans la nature, entourée<br />
de tout ce que la Terre nous a donné, et aussi chez moi,<br />
quand je m’adonne au perlage sur mon vieux bureau<br />
de bois.1<br />
PERLAGE/PHOTO : RAECHEL WASTESICOOT.<br />
18 HIVER <strong>2024</strong> conservationdelanature.ca
METTEZ VOTRE<br />
PASSION AU<br />
CŒUR DE<br />
VOTRE<br />
HÉRITAGE<br />
Votre passion pour les espaces naturels qui nous entourent est au cœur de votre vie.<br />
Et maintenant, vous pouvez en faire votre héritage. Un don testamentaire à Conservation<br />
de la nature Canada, quel que soit le montant, vous permet de contribuer à la protection<br />
de nos habitats les plus vulnérables et de la faune qu’ils abritent. Pour aujourd’hui,<br />
pour demain, et pour les générations à venir.<br />
Commandez votre livret d’information sur les dons planifiés dès aujourd’hui.<br />
Contactez-nous par courriel à don.planifie@conservationdelanature.ca,<br />
ou visitez natureenheritage.ca
VOTRE<br />
IMPACT<br />
Préserver les<br />
espèces et les<br />
communautés<br />
en Ontario<br />
La forêt karstique de Stoco,<br />
près de Napanee, est désormais<br />
protégée grâce à des personnes<br />
qui, comme vous, appuient<br />
<strong>CNC</strong>. Ses 81 hectares comprennent<br />
des forêts, des milieux humides<br />
et un réseau de grottes et de<br />
crevasses creusées dans le calcaire<br />
(karst). Ces dernières régulent les<br />
inondations et purifient l’eau pour<br />
les communautés situées en aval.<br />
Ce projet crée une zone tampon<br />
près du parc provincial Stoco<br />
Fen qui occupe 350 hectares.<br />
Ensemble, ces aires protégées<br />
favorisent la survie d’espèces à<br />
grand domaine vital comme l’ours<br />
noir, l’orignal et le lynx roux.<br />
ELI DRUMMOND; <strong>CNC</strong>.<br />
Protection de<br />
la biodiversité<br />
au Québec<br />
Grâce à vous 200 hectares de<br />
battures et de plages à Baie-<br />
Saint-Paul (estuaire du Saint-<br />
Laurent) sont maintenant<br />
protégés. Reconnues pour leur<br />
beauté naturelle et culturelle,<br />
ces terres attirent des milliers<br />
de personnes chaque année et<br />
sont aussi importantes pour les<br />
oiseaux aquatiques et plusieurs<br />
espèces en péril. <strong>CNC</strong> travaillera<br />
de concert avec la Ville de Baie-<br />
Saint-Paul pour conserver ces<br />
écosystèmes fragiles et protéger<br />
la biodiversité à long terme<br />
dans la région.<br />
Merci d’en faire autant pour la nature au Canada!