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Magazine CNC - hiver 2023

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HIVER 2023

Cheminer

ensemble

TKTKTKTKTKTKT

Comment des personnes de tous les horizons

conservent la nature au pays

natureconservancy.ca

WINTER 2021 1


HIVER 2023

SOMMAIRE

Conservation de la nature Canada

4 Qui dort dîne?

Comment certaines espèces

traversent l’hiver canadien.

6 Protection

d’une tourbière

Un milieu naturel d’importance

écologique conservé au

Québec.

7 Savoir identifier

les arbres

Des conseils pour savoir les

reconnaître, même en hiver.

7 Dansons!

Les paysages sauvages du Yukon

font place à la danse.

8 Main dans la main

À travers le pays, des gens de

tous horizons travaillent

ensemble pour prendre soin de

la nature.

12 Une espèce faite

pour l’hiver

Avec ses pattes qui sont

comme des raquettes et son

épais pelage, le lynx du Canada

ne craint pas la neige.

14 Un beau casse-tête

Diane Griffin nous parle de la

conservation de l’Île-du-Prince-

Édouard, une parcelle à la fois.

16 CNC à l’œuvre

Investir dans les leaders de

demain; les autres mesures de

conservation efficaces par zone

(AMCEZ); la prolongation du

Programme de conservation

du patrimoine naturel (PCPN).

18 Réaliser ses rêves

Un rêve de jeunesse se réalise

en Saskatchewan.

C’est extra!

Visitez magazinecnc.ca pour accéder à du

contenu supplémentaire en lien avec ce

numéro de notre magazine.

Conservation de la nature Canada

245, avenue Eglinton Est, bureau 410 | Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1

magazine@conservationdelanature.ca | Tél. : 416 932-3202 | Sans frais : 1 877 231-3552

Conservation de la nature Canada (CNC) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la

conservation permanente de vastes territoires, CNC apporte des solutions à la double crise du déclin rapide de la

biodiversité et des changements climatiques. CNC est un organisme de bienfaisance enregistré.

Avec la nature, nous créons un monde prospère.

Le magazine Conservation de la nature Canada est offert aux personnes qui appuient CNC.

MC

Marque de commerce de La Société canadienne pour la conservation de la nature

FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant

l’économie des ressources réalisée

en choisissant ce papier.

Imprimé sur du papier Enviro100 fait à 100 % de fibres post-consommation, certifié Écologo et Procédé

sans chlore. Ce papier est fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le biogaz comme source d’énergie.

L’impression est effectuée au Canada, avec des encres végétales par Warrens Waterless Printing. La

publication de ce magazine a sauvegardé 163 arbres et 54 252 litres d’eau*.

TKTKTKTKTKTKT

ÉCOCALCULATEUR : CALCULATEUR.ROLLANDINC.COM. PHOTO : JENNA RACHELLE. COUVERTURE : GUILLAUME SIMONEAU.

*

2 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


Parc national de

l’Île-du-Prince-

Édouard

TKTKTKTKTKTKT

HAUT EN BAS : GENEVIÈVE LESIEUR; AVEC LA PERMISSION DE JACQUES PERRAULT; AVEC LA PERMISSION DE JOHN E. MARRIOTT.

Chère amie,

Cher ami,

En décembre dernier, le Canada a accueilli le monde entier à Montréal à

l’occasion de la COP15. Cette conférence des Nations Unies sur la biodiversité

a permis d’adopter les objectifs que le monde s’affairera à atteindre d’ici 2030

pour stopper et inverser le déclin de la nature. Conservation de la nature Canada (CNC)

y était à titre de membre de la délégation canadienne et en tant qu’organisation

observatrice accréditée par la Convention sur la diversité biologique. Nous y avons

participé activement en démontrant notre expertise et les projets qui nous permettent

de livrer des résultats concrets, et en affirmant notre ambition de créer un avenir

respectueux de la nature. Partenaire fiable de tous les ordres de gouvernement du

pays, CNC planifie de protéger et conserver davantage d’habitats essentiels au maintien

de la biodiversité, et ce, plus rapidement, en collaborant avec le secteur privé et les

collectivités. CNC reconnaît également le rôle essentiel des peuples autochtones dans

l’atteinte de ces objectifs, puisqu’ils protègent et veillent sur les milieux naturels, les

végétaux et les animaux qui assurent leur survie depuis des millénaires. La résilience

des paysages naturels à long terme repose sur toutes ces collaborations.

Après deux semaines de discussions intensives, CNC s’est réjoui de pouvoir

célébrer avec le reste du monde le travail de l’ensemble des délégué(e)s qui a mené à

la ratification d’une entente mondiale pour la protection de la biodiversité. Cette entente

prévoit un cadre destiné à assurer l’atteinte de ses ambitieux objectifs grâce à la

participation d’organismes de conservation, d’individus, de gouvernements et de

différents groupes.

CNC est fermement engagé à innover par de nouvelles manières d’accélérer la

conservation, notamment en appuyant la création d’aires protégées et de conservation

autochtones (APCA) et les autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ),

ainsi qu’en trouvant de nouvelles sources de financement privé. En appuyant CNC,

vous contribuez à accélérer le rythme de la conservation au Canada, ce qui a des

retombées à l’échelle mondiale.

L’article principal de ce numéro de notre magazine démontre ce qui peut se

produire quand des gens de l’ensemble de la société s’unissent autour d’une vision

partagée pour créer un monde prospère avec la nature. Ensemble, nous pouvons et

devons en faire plus. Nous devons trouver nos assises et nous entraider pour mettre

en œuvre des solutions.

Il n’y a jamais eu de moment plus important pour la nature ni de besoin plus grand

pour la mission de Conservation de la nature Canada. Notre plan stratégique appuie

d’ailleurs les objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité. Nous accélérons déjà le

rythme de la conservation, et sommes prêts à en faire plus, pour bâtir un monde

prospère avec la nature. Car quand la nature prospère, nous en bénéficions tous.

Merci comme toujours de votre soutien continu,

Catherine Grenier

Catherine Grenier

Présidente et cheffe de la direction de CNC

Ont collaboré

à ce numéro

Jacques Perrault est

illustrateur professionnel

et ex-directeur

artistique d’une agence

publicitaire. Il a illustré

plusieurs séries de livres,

notamment pour

Time-Life, Meredith et

Sunset. Jacques habite

et travaille à Saint-

Adolphe-d’Howard, au

Québec. Il a illustré la

carte de la réserve

naturelle de la Tourbière

de Venise-Ouest, p. 6.

John E. Marriott

compte parmi les plus

grands photographes

de la faune au pays.

Fier de se spécialiser en

conservation, il est

reconnu pour ses

photos de nature

sauvage et d’animaux

prises sur le vif dans leur

habitat naturel. John a

photographié le lynx du

Canada, p. 12 et 13.

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 3


D’UN OCÉAN

À L’AUTRE

Spermophile

de Richardson

Qui

dort

dîne?

Découvrez comment cinq animaux

survivent à l’hiver canadien

Dormir peut paraître une perte de temps, voire un signe

de paresse, mais pour certaines espèces animales, plusieurs

mois de sommeil leur sont vitaux.

Quand le froid s’installe et que la clarté se fait plus rare, la nature

prend une pause. Instinctivement, certains animaux plongent alors

dans un état de dormance afin de conserver leur énergie pour

survivre jusqu’au printemps.

On parle souvent d’hibernation, mais il existe plusieurs types

de dormance hivernale. D’ailleurs, seulement quelques espèces sont

véritablement considérées comme étant hibernantes.

ALAMY STOCK PHOTO.

4 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


HAUT EN BAS : ALAMY STOCK PHOTO; MIKE CRANE; MIKE DEMBECK; WALTER LATTER; CORY OLSON; MIKE DEMBECK; ALAMY STOCK PHOTO.

Spermophile

de Richardson

Ce rongeur de la famille

de la marmotte est l’un

des animaux qui, au

Canada, hibernent le

plus longtemps. Le mâle

peut en effet entrer en

hibernation dès juillet

pour une durée pouvant

aller jusqu’à 210 jours.

La femelle et ses petits

s’abandonnent au

sommeil un peu plus

tard, soit quand le sol

commence à geler à

l’automne. Ce n’est qu’à la

fonte des neiges et des

glaces, en mars ou avril,

que le spermophile quitte

son terrier.

On peut l’apercevoir…

Au site de conservation

Hopkins, en Alberta.

Ours noir

Contrairement à la croyance populaire, l’ours

n’hiberne pas, il entre plutôt en léthargie. Alors que

l’hibernation se caractérise par une réduction importante de la température

corporelle, des rythmes cardiaque et respiratoire et du taux métabolique,

la léthargie est un état de dormance moins profond et d’une durée

généralement moins longue. L’ours émerge parfois de sa léthargie pour

boire ou mettre bas, puis se rendort.

On peut l’apercevoir…

Au projet de conservation Nebo, en Saskatchewan. Quelques ours s’y

trouvent, dont une femelle et ses oursons.

Couleuvre rayée

Contrairement à d’autres espèces de

serpents au comportement solitaire,

la couleuvre rayée (la plus répandue

des espèces de couleuvres trouvées au

Canada) s’entasse en groupe dans un

hibernacle (abri d’hiver).

On peut l’apercevoir…

Dans la plupart des aires protégées par

CNC du sud de la Colombie-Britannique.

Grenouille des bois

Se blottir sous la couette, c’est souvent ce que nous, humains, choisissons

de faire pour « hiberner ». Eh bien, c’est également ce que fait la grenouille

des bois! L’hiver venu, elle se tapit en effet dans le creux d’un rondin ou

sous un épais tas de feuilles. Cette espèce a la particularité de produire

des protéines antigel qui l’aide à survivre aux grands froids hivernaux.

On peut l’apercevoir…

Dans la plupart des aires protégées boisées de CNC du sud du Québec,

de l’Outaouais à la Gaspésie.

Petite chauve-souris brune

À la fin de l’été et à l’automne, cette chauve-souris quitte son gîte pour s’installer

dans une grotte ou une mine abandonnée où elle hibernera d’octobre/novembre

à mars/avril. Elle choisit ces sites, car elle préfère les endroits humides où les

températures sont au-dessus du point de congélation. Ces lieux sont cependant

propices à la croissance d’un champignon causant le syndrome du nez

blanc, une maladie fongique responsable du déclin massif des populations

de chauves-souris. Celles qui en sont atteintes se réveillent en effet plus

fréquemment de leur hibernation, ce qui réduit leur réserve d’énergie qui

est déjà limitée.

On peut l’apercevoir…

Dans les réserves naturelles de CNC situés dans les Prairies. Ces écosystèmes

sont d’importants habitats d’alimentation et de reproduction pour

l’espèce. Notons que l’aire de répartition de la petite chauve-souris brune

est la plus vaste parmi toutes les espèces de chauves-souris au Canada.

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 5


SUR LES

SENTIERS

Montée Roy


N

La réserve

naturelle de la

Tourbière-de-

Venise-Ouest

Une aire protégée d’importance écologique dans

le nord du lac Champlain, au Québec.

La réserve naturelle de la Tourbière-de-Venise-Ouest se situe à

70 kilomètres au sud-est de Montréal. Les 380 hectares qui y sont

protégés par Conservation de la nature Canada (CNC) constituent

80 % de la tourbière.

Peuplé de nombreuses espèces rares, ce milieu humide procure d’importants

services écologiques à la population de la région. Par exemple, en

filtrant l’eau qui la traverse, la tourbière contribue à améliorer la qualité de

l’eau de la baie Missisquoi (partie nord-est du lac Champlain). La tourbière

peut aussi atténuer les effets des inondations saisonnières en agissant

comme une éponge. En effet, elle absorbe les surplus d’eau durant les

crues du lac pour les laisser s’écouler lentement par la suite.

La présence de cette tourbière contribue aussi à augmenter la biodiversité

de toute la région, puisque de nombreuses espèces animales et végétales

vivent uniquement dans ce type de milieu humide en raison de leurs

conditions particulières. On y trouve une centaine d’espèces d’oiseaux

et diverses espèces de mammifères, de reptiles et d’amphibiens, comme

la tortue peinte.

La tourbière de Venise-Ouest compte près de 15 espèces en péril. Parmi

celles-ci figure la thélyptère simulatrice, une fougère qui pousse uniquement

sur 2 autres sites au Québec. La conservation de la tourbière devient

donc vitale pour la survie de cette espèce à l’échelle provinciale.

Tout au long de l’année, la réserve naturelle offre de nombreuses occasions

de se rapprocher de la nature. En hiver, on peut y sillonner les

paysages enneigés en ski de fond. Durant les crues printanières, on peut

facilement y constater l’important rôle des milieux humides. En été, un

sentier facile de 3 kilomètres offre de magnifiques points de vue sur la

tourbière (n’oubliez pas vos jumelles!). Et à l’automne, les forêts de la

section nord du sentier offrent un spectacle haut en couleur.1

Pour plus d’information : conservationdelanature.ca/venise-ouest

Tourbière de

Venise-Ouest

Route 202

Tourbière de

Venise-Ouest

LÉGENDE

-- Sentier du ruisseau

McFee

-- Sentier de la nature

ÉSPÈCES À

OBSERVER

• Canard branchu

• Cardinal à poitrine

rose

• Grenouille des bois

• Harle couronné

• Moucherolle phébi


Étang

John

51e Rue O.


Baie Missisquoi

(Lac Champlain)

★ Stationnement

✿ Centre

d’interprétation

• Petit-duc maculé

• Rainette versicolore

• Salamandre à points

bleus

• Sarcelle à ailes bleues

• Thélyptère

simulatrice

• Tyran tritri

G. À D. : MONIQUE LÉTOURNEAU; FRANÇOIS VILLENEUVE; CNC;

CARTE : JACQUES PERRAULT.

6 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


ACTIVITÉ

LES

INDISPENSABLES

Pas de feuilles?

Pas de

problème!

Comment identifier les

arbres l’hiver

Les feuilles de nombreux arbres, tels que l’érable

à sucre, nous sont familières. Mais comment

identifier les arbres dont les feuilles tombent à

l’automne? Certains indices peuvent nous aider; il

suffit de savoir lesquels. Un guide d’identification,

ou une application comme iNaturalist, et les

conseils suivants feront de vous un(e) spécialiste

dans le domaine!

PETER MATHER.

FORME

Pour identifier un arbre, déterminez d’abord s’il

s’agit d’un conifère (arbre à aiguilles) ou d’un

feuillu. S’il s’agit d’un feuillu, notez sa forme. Ses

branches poussent-elles horizontalement à partir

du tronc ou vers le ciel? A-t-il la fine silhouette

d’un bouleau ou est-il trapu comme un chêne?

RAMEAUX ET BOURGEONS

Observez aussi ses rameaux (branches secondaires).

Les bourgeons y sont-ils disposés de

manière opposée ou alterne? S’il n’y a pas de

bourgeons, cherchez plutôt les marques laissées

par les feuilles qui sont tombées (cicatrices

foliaires). Les arbres à feuilles opposées, comme

l’érable ou le frêne, ont des bourgeons ou des

cicatrices foliaires disposés par pair à chaque nœud

(point d’attache) du rameau. La disposition alterne

est caractérisée quant à elle par la présence de

points d’attache qui ne sont pas vis-à-vis l’un de

l’autre. Parmi les arbres à feuilles alternes, on

compte le peuplier, le chêne et le bouleau.

Si votre arbre a des bourgeons, comparez leur taille,

leur couleur et leur texture à ceux trouvés dans un

guide d’identification. Parmi les arbres qui ont des

bourgeons facilement identifiables, on trouve le

chêne (bourgeons terminaux groupés) et le tilleul

(bourgeons rouge vif).

ÉCORCE

L’apparence et la texture de l’écorce permettent

aussi d’identifier un arbre. L’écorce est-elle blanche,

grise ou brun foncé? Est-elle lisse, rugueuse

ou écailleuse? Vous deviendrez vite familier avec

l’éclat argenté du bouleau blanc et les tons brun

rougeâtre du cerisier noir. Avec un peu de pratique,

il vous sera aussi facile d’identifier les arbres par leur

écorce que par leurs feuilles.

Danser avec

la nature

Gurdeep Pandher fait voyager le bhangra partout dans le

monde. La nature danse avec lui, avec en toile de fond les

paysages sauvages du Yukon.

Je cultive une affinité profonde avec la nature depuis mon enfance à la ferme familiale.

Aujourd’hui, ma passion pour elle se ressent dans mes écrits et mes danses.

Le bhangra est une forme de danse qui a vu le jour dans la nature, dans la

région du Pendjab, en Inde. Ici, au Yukon, je ressens une connexion aux origines du

bhangra quand je danse en plein air.

En 2006, j’ai quitté le petit village de Siahar, au Pendjab, pour m’installer au Canada.

J’ai habité plusieurs villes, de Saskatoon à Whitehorse, où je vis depuis 2011. Le Yukon

ne ressemble à aucun autre endroit au Canada. On y trouve des paysages naturels

intacts où règne le silence. En dansant, j’exprime toute la paix et l’inspiration que

m’apportent ces milieux sauvages.

La nature ne cesse jamais de danser ici. Et quand je danse, j’ai l’impression d’être

uni à elle; c’est une relation d’amitié et je sens que nous ne formons qu’un.

Je danse à travers la vie avec un esprit et un cœur ouverts, qui sont tous deux

guidés par le réconfort que je trouve dans mon amour de la nature.

Je souhaite à tous et à toutes de puiser de la joie dans la nature, de porter cette

joie dans leur cœur afin de pouvoir la répandre autour d’eux.1

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 7


Waterton Park Front, Alb.

8 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


Main

dans la

main

KARA TERSEN.

Dans des collectivités de partout au pays,

des gens de tous horizons : du monde des

affaires, de la société civile, des propriétaires

fonciers, des bénévoles, des membres de

communautés autochtones et des représentant(e)s

de divers paliers gouvernementaux,

s’allient pour prendre soin des espaces

naturels et des espèces qui y vivent.

PAR Christine Beevis Trickett et Jensen Edwards

Quand les neiges qui couvrent les

sommets des Rocheuses fondent, elles deviennent

des cours d’eau qui alimentent et

relient nos collectivités. La nature, après

tout, ne connaît aucune frontière.

Dans le sud-ouest de l’Alberta, les eaux qui ruissellent

le long du versant est des crêtes dentelées deviennent

des rivières qui se promènent à travers les

ranchs privés et les parcs nationaux voisins. À cet endroit

se trouve une terre où la vie sauvage est protégée

à long terme, grâce à la vision d’un ancien chef d’entreprise

et de sa famille.

Plus à l’est, les cours d’eau s’élargissent alors qu’ils

atteignent la prairie. Ils nourrissent le sol et étanchent

la soif des bisons et des vaches qui paissent sur des

terres conservées par des éleveuses et éleveurs grâce

au soutien d’une importante fondation privée.

Beaucoup plus loin, des cours d’eau se déversent

dans les Grands Lacs. À leur extrémité est, deux propriétaires

fonciers, inspirés par des travaux de restauration

menés dans une savane à chênes menacée, ont fait

don de leur terre par l’intermédiaire d’un programme

gouvernemental, augmentant ainsi la portée des efforts

de conservation locaux. Non loin de là, une société

d’assurance s’est associée à des conservationnistes en

investissant dans le développement d’outils financiers

destinés à protéger les milieux humides.

Finalement, du côté des Maritimes, les sables

rouges et les milieux humides au large de l’Île-du-

Prince-Édouard, absorbent l’eau de mer. À cet endroit,

des groupes qui se portent à la défense de l’environnement

et des membres de la communauté autochtone

locale agissent en faveur de la réconciliation, unis par

leur amour du territoire.

À travers tous ces écosystèmes, des oiseaux

migrateurs, des semences dispersées par les vents,

des mammifères en liberté et des cours d’eau relient la

nature. Chacun de ces éléments contribue à l’équilibre

de la biodiversité, et nous aussi. La nature a en effet

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 9


esoin de nous tous, et ce, dès maintenant, pour

assurer sa protection.

Depuis six décennies, Conservation de la nature

Canada (CNC) mobilise des particuliers, des

collectivités, des entreprises et différents paliers

de gouvernements pour établir des collaborations

menant à d’importantes réalisations. CNC rallie

des gens qui partagent un objectif commun : créer

un monde prospère avec la nature. Son approche

collaborative permet à des gens de milieux diversifiés,

voire peu conventionnels, de prendre part

aux efforts de conservation. Tous sont invités

à voir grand et à tirer parti des innovations pour

générer des retombées concrètes.

Selon Dawn Carr, directrice de la conservation

stratégique à CNC, il s’agit d’adopter une approche

à l’échelle de la société (ou pansociétale). Elle

précise que l’urgence et l’ampleur des crises de la

biodiversité et des changements climatiques sont

telles qu’aucune institution ou collectivité ou aucun

gouvernement ne peut assurer seul la prospérité

du monde naturel. Ce n’est qu’en travaillant

ensemble que nous pourrons rétablir notre

relation à la nature.

« Tous les membres de la société ont un rôle à

jouer dans la création d’un monde naturel résilient

», note Mme Carr. Cette approche est nécessaire

si CNC compte doubler son impact d’ici 2030

et aider le Canada à atteindre ses objectifs de protéger

30 % de ses terres et de ses eaux d’ici la fin

de la décennie pour assurer un avenir respectueux

de la nature.

CNC est confiant de pouvoir continuer à livrer

des résultats et à accélérer le rythme de la conservation

en réunissant des partenaires de divers horizons

: éleveuses et éleveurs de bétail, entreprises du

secteur des ressources naturelles, fondations, sociétés,

particuliers, collectivités, scientifiques et représentant(e)s

de divers paliers gouvernementaux, pour

trouver des solutions innovantes à deux des enjeux

les plus pressants auquel le monde est confronté.

« L’urgence que représentent la crise du climat et

celle de la perte de la biodiversité exige que nous en

fassions davantage et plus vite », rappelle Mme Carr.

« Nos efforts ont plus de poids si nous nous attaquons

ensemble à ces enjeux. Quand des personnes

de tous les secteurs travaillent en synergie, cela

contribue à créer des modèles de conservation novateurs

aux répercussions profondes et durables. »

Dans les pages suivantes, nous célébrons cette

approche pansociétale en soulignant les réalisations

qu’elle rend possibles.

« Nous savons que la conservation requiert

des efforts de tous », admet Mme Carr. « Toute la

société – la population, les gouvernements, les

entreprises, etc. – doit s’unir dès maintenant pour

renverser la perte de biodiversité. »

POUR UNE LISTE COMPLÈTE DES

PERSONNES QUI CONTRIBUENT

À CES RÉUSSITES, BALAYER CE

CODE AVEC VOTRE TÉLÉPHONE

INTELLIGENT.

The Yarrow, Alb.; Médaillon : Charlie Fischer.

The Yarrow (Alberta)

Situé dans la région du Waterton Park Front, The Yarrow est un ranch ayant

appartenu au regretté Charlie Fischer, un chef d’entreprise. Souhaitant concrétiser

sa vision, sa famille collabore avec CNC pour préserver cette terre si spéciale.

« Charlie aimait ces paysages spectaculaires et souhaitait les conserver. Il est donc

important pour notre famille d’honorer sa vision de ce lieu magnifique pour qu’il

prospère pour les générations futures », déclare la famille Fischer-Cuthbertson.

La campagne de CNC encourageant la population canadienne à contribuer

à la réalisation de ce projet a été lancée grâce au soutien de particuliers,

de gouvernements et d’entreprises.

The Yarrow est le plus récent des nombreux partenariats de CNC dans le secteur

du Waterton Park Front. Depuis plus de 30 ans, l’organisme y collabore avec

des éleveuses, éleveurs et propriétaires fonciers de la région pour veiller sur plus

de 13 000 hectares. Une fois conservé, The Yarrow contribuera non seulement à

soutenir les espèces qui y vivent, mais assurera aussi la santé des eaux d’amont,

la sécurité alimentaire, et la protection à long terme de ces magnifiques paysages.

Contribuez à faire de ce projet une réalité à theyarrow.ca/fr.

Projet O’Neill, Ont.

Projet O’Neill (Ontario)

Le projet de conservation O’Neill est un bel exemple

de collaboration entre voisins. John O’Neill, et son

défunt partenaire Colin Jones, avaient travaillé de

manière bénévole pendant des années à la restauration

des écosystèmes indigènes de la réserve naturelle

Hazel Bird de CNC, une propriété voisine de la

leur. Cela les avait amenés à comprendre les effets

bénéfiques que le travail de CNC pourrait avoir sur

leur propre terre.

« Après le décès de Colin, en 2013, il est devenu

plus urgent pour moi de décider de l’avenir de la

propriété », confie M. O’Neill. « Faire don de la terre à CNC de mon vivant me semblait

logique, car les travaux de restauration pourraient ainsi débuter dès maintenant

et j’aurais le plaisir d’en voir l’évolution au cours des prochaines années. »

Ce don, fait par l’intermédiaire du Programme des dons écologiques du gouvernement

du Canada, a permis d’augmenter du tiers la superficie de la réserve

naturelle Hazel Bird, multipliant ainsi les efforts de CNC pour conserver les

savanes à chênes menacées de l’Ontario.

Grâce à l’aide de bénévoles comme John O’Neill et au soutien du Partenariat

pour la protection des espaces verts de l’Ontario, CNC prend soin de cet écosystème

rare en y semant des plantes herbacées et des fleurs sauvages indigènes

et en y effectuant des brûlages dirigés. Pour accroître la portée de son travail,

l’organisme prévoit d’étendre le réseau de sentiers de la réserve naturelle Hazel

Bird à la propriété O’Neill afin qu’elles soient plus étroitement connectées.

conservationdelanature.ca

HAUT EN BAS : BRENT CALVER; FAMILLE FISCHER; CHELSEA MARCANTONIO/CNC.


Le barachois de

Malbaie (Québec)

CNC et la collectivité de Percé se sont

alliés à plusieurs acteurs, dont les gouvernements

provincial et fédéral, des entreprises,

des donateurs et donatrices

et bien d’autres, pour forger un solide partenariat

visant à protéger le barachois de

Malbaie de l’érosion. Grâce à l’appui financier

de ces groupes et au remarquable

travail de bénévoles, la santé du marais

est désormais assurée.

Dans le cadre de ce vaste projet collaboratif,

des bénévoles ont en effet planté

des centaines d’arbres et de plantes herbacées

et installé 18 capteurs de sable pour

stabiliser et restaurer des dunes le long du

banc de sable touché par l’érosion.

Le partenariat a également soutenu la

construction de plateformes d’observation,

de rampes d’accès à la plage et d’un

sentier de 1,2 km accessible aux cyclistes

et aux piétons.

Barachois de Malbaie, QC.

Kwesawe’k (île Oultons), Î.-P.-É.

Kwesawe’k (île Oultons)

(Île-du-Prince-Édouard)

La conservation menée avec les peuples

autochtones contribue de façon importante

au processus de réconciliation. Les Mi’kmaq

d’Epekwitnewaq et CNC travaillent à l’atteinte

de cet objectif commun dans le cadre

du projet de conservation de l’île Oultons

(Kwesawe’k dans la langue Mi’kmaq). Au

cours des cinq prochaines années, CNC sera

propriétaire de l’île et en assurera l’intendance

avec la communauté. Après cette période,

l’île sera rendue aux Mi’kmaq.

« Les membres de notre communauté ont

toujours été des gardiens du monde naturel.

Nous sommes ravis de poursuivre cette tradition

en nous associant à des organismes,

comme CNC, qui partagent notre vision. La

collaboration autochtone sur des projets de

conservation est à la fois précieuse et essentielle

pour tous », déclare Darlene Bernard,

chef de la Première Nation de l’île Lennox et

coprésidente de l’Assemblée des conseils

d’Epekwitk. « Les Mi’kmaq habitent Epekwitk

depuis plus de 12 000 ans. Notre lien profond

avec ces terres et ces eaux est ancré dans

notre culture à tout jamais. Nous sommes

heureux de contribuer à protéger cette importante

partie du territoire d’Epekwitk au

bénéfice des générations futures. »

Aidez-nous à faire de ce projet une réalité

à conservationdelanature.ca/ileoultons

Tenh Dzetle Conservancy

(Colombie-Britannique)

Un projet d’intégrer au parc provincial

Mont Edziza (nord-ouest de la province)

une terre située en territoire Tahltan a

échoué dans le passé en raison d’enjeux

liés à des titres miniers. Un partenariat

entre le gouvernement central Tahltan,

la Province de Colombie-Britannique,

Skeena Resources Limited, CNC et BC

Parks Foundation a éventuellement mené

à l’annulation de tous les titres miniers

dans la région, une étape critique pour

assurer la protection des patrimoines

culturel et écologique de ce territoire.

« Le mont Edziza et ses environs

ont toujours été un lieu sacré pour la

Première Nation de Tahltan. L’obsidienne

extraite dans cette partie de notre

territoire nous a fourni des armes, des

outils et des marchandises de traite

qui ont permis à la Première Nation de

Tahltan de prospérer pendant des milliers

d’années », soutient Chad Norman Day,

président du gouvernement central

Tahltan. « Je suis soulagé et heureux que

le mont Edziza soit mieux protégé au

profit des générations futures. »1

HAUT EN BAS : STEPHEN DESROCHES; DANIEL THIBAULT; BRENT CALVER.

Weston Family Prairie Grasslands Initiative

(Alberta, Saskatchewan, Manitoba)

Des éleveuses et éleveurs, des groupes qui se consacrent à la conservation ainsi que des donatrices et donateurs sont

liés par leur désir de préserver la pérennité de paysages fonctionnels. « Quand ces groupes collaborent, leurs points

de vue uniques et leurs parcours diversifiés mènent à de nouvelles approches qui stimulent l’innovation quant à

l’utilisation et la conservation des terres », explique Tamara Carter, directrice de la conservation des prairies à CNC.

« Les valeurs qu’ils partagent sous-tendent une vision commune de l’intendance des paysages fonctionnels, soit la

production durable d’aliments sains et nutritifs, aujourd’hui et dans l’avenir. »

Le programme d’investissement dans l’intendance de la Weston Family Prairie Grasslands Initiative est une collaboration

sur cinq ans (2021-2024) avec CNC et dont l’objectif est de célébrer, d’assurer l’intendance et de protéger les

prairies indigènes, l’un des écosystèmes les plus précieux et les plus menacés du Canada. Cette initiative réunit une

équipe diversifiée de personnes et d’organisations qui œuvrent pour conserver les prairies et améliorer la durabilité

et la viabilité des exploitations agricoles en favorisant l’adoption de pratiques durables.

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 11


PROFIL

D’ESPÈCE

Lynx du Canada

Avec ses pattes semblables à des raquettes et couvertes d’un épais pelage,

ce félin peut se promener sans difficulté dans la neige profonde.

JOHN E. MARRIOTT.

12 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


APPARENCE

Cet animal, rarement observable, est plus

petit que le cougar et légèrement plus imposant

que le lynx roux. Il se distingue par sa courte queue,

ses longues pattes arrière et ses oreilles ornées de

proéminentes touffes de poils. Doté de larges pattes

couvertes d’un pelage épais et rugueux, il peut écarter ses

doigts, ce qui lui permet de se déplacer et de chasser plus

facilement dans la neige profonde (comme s’il portait des

raquettes). Puisque le lynx du Canada ne peut courir

rapidement que sur de courtes distances, il doit traquer ses

proies et se tenir en embuscade près de celles-ci. L’hiver

venu, son pelage est de couleur gris clair et les

touffes de poils de ses oreilles et le bout de sa

queue deviennent noirs. En été, son

pelage est beaucoup plus court et

d’un brun rougeâtre.

JOHN E. MARRIOTT.

AIRE DE

DISTRIBUTION

Le lynx du Canada habite les forêts

inaltérées du Canada et de l’Alaska

(É.-U.). Plus largement, son aire de

répartition s’étend au-delà de la frontière

américaine, plus précisément dans les

Rocheuses, les États qui bordent les

Grands Lacs et le nord de la

Nouvelle-Angleterre.

MENACES

Dans son ensemble, sa population

canadienne est stable, bien qu’elle

ait connu un déclin en Nouvelle-Écosse et

au Nouveau-Brunswick. Au Canada, la plus

grande menace qui pèse sur le lynx du Canada

est le trappage, ainsi que le déclin des

populations de lièvres d’Amérique, sa

principale source de nourriture. Dans le

sud de son aire de répartition, la perte

et la dégradation d’habitats

menacent l’espèce.

HABITAT

Ce félin habite généralement les

régions forestières, en privilégiant les

forêts boréales dont le sous-bois est

dense. Ce carnivore, qui affectionne tout

particulièrement les lièvres d’Amérique,

peut être présent dans d’autres types

d’habitats peuplés de ses autres

proies de prédilection.

Que fait CNC pour

protéger l’habitat

de cette espèce?

Les efforts de conservation

menés par CNC sur l’île du

Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse,

sont au nombre des moyens

mis en place pour subvenir

aux besoins du lynx du Canada

en matière d’habitat. Depuis

1971, CNC y œuvre en faisant

l’acquisition stratégique de

sites pour créer des corridors

écologiques à des mammifères

à grand domaine vital, comme

le lynx du Canada.

Parmi ces acquisitions, on

compte une forêt Wabanaki

(acadienne) diversifiée ainsi

qu’un milieu humide abritant

un ensemble de végétaux rares

d’importance provinciale. En

reliant des habitats naturels,

CNC contribue à maintenir

la biodiversité et à freiner le

déclin d’espèces végétales

et animales.1

Aidez à protéger

cette espèce

Pour aider à conserver l’habitat

naturel de cette espèce, visitez

conservationdelanature.ca/

donnez.

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 13


UNE FORCE POUR

LA NATURE

Un beau

casse-tête

Diane Griffin conserve les terres de l’Île-du-Prince-Édouard, une parcelle à la fois.

JENNA RACHELLE.

14 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


Si les sens peuvent éveiller des souvenirs, c’est

l’odeur poivrée du myrique de Pennsylvanie qui

ramène Diane Griffin à une journée pluvieuse

de juillet à la plage de Greenwich, dans le nord de

l’Île-du-Prince-Édouard.

ALAMY STOCK PHOTO.

Pendant ses études universitaires, Diane Griffin profitait de l’été

pour inventorier les espèces végétales et animales présentes dans les

dunes et les milieux humides de la plage de Greenwich. Cette époque

allait marquer le début d’une longue carrière en conservation.

Un jour, sous la pluie, elle notait ses observations dans un cahier

aux feuilles détrempées, pendant que de l’eau dégoulinait de son imperméable

jusque dans ses bottes. Malgré le mauvais temps, elle a gardé

une bonne impression de la plage de Greenwich. « Je me souviens

avoir pensé à quel point ce lieu était spécial », raconte-t-elle. « Je n’avais

jamais rien vu de tel. »

Des années plus tard, elle s’est retrouvée sur cette plage, qui fait

maintenant partie intégrante du parc national de l’Île-du-Prince-Édouard,

pour la faire visiter à la lieutenante-gouverneure de la province.

Forte de ses années passées au sein des gouvernements fédéral, provinciaux

et municipaux, et d’organismes sans but lucratif, Mme Griffin

s’est récemment jointe au conseil régional de l’Atlantique de Conservation

de la nature Canada (CNC). Ajoutons que de 2016 à 2022, elle a

été sénatrice de l’Île-du-Prince-Édouard.

Sa passion a toujours été la conservation des terres en tant qu’héritage

d’importance pour l’avenir.

Ayant grandi sur une ferme laitière de l’Île-du-Prince-Édouard, elle

s’est rapidement familiarisée avec les espèces de la région. « Il y avait

beaucoup de mauvaises herbes, mais c’était quand même un bon point

de départ », dit-elle en riant. Puis, elle a eu l’occasion d’en apprendre

davantage en se joignant au Club 4-H local, ce qui l’a motivée à entreprendre

des études en botanique.

Après avoir travaillé dans le domaine de la conservation en Alberta

et dans les Maritimes, Mme Griffin a occupé le poste de sous-ministre

des Pêches et de l’Environnement de l’Île-du-Prince-Édouard. En 2008,

elle s’est jointe à CNC à titre de directrice des programmes. Elle a également

siégé au conseil municipal du village de Stratford.

Province la plus densément peuplée du pays, l’Île-du-Prince-Édouard

est fortement touchée par l’activité humaine. Dans le cadre de son travail

à CNC, Mme Griffin cherche des occasions de conserver de petites

parcelles de terre au sein d’une plus vaste mosaïque.

« Le territoire est comme un grand casse-tête. Nous savons à quoi

devrait ressembler l’ensemble de l’oeuvre; en assembler les morceaux,

voilà le travail », explique-t-elle. Mme Griffin estime qu’il s’avère de plus

en plus important de mettre au point des stratégies pour restaurer les

terres et les relier entre elles.

LA NATURE EN HÉRITAGE

Selon Diane Griffin, l’objectif du Canada de conserver 30 % de ses terres

et de ses eaux d’ici 2030 offre aux propriétaires fonciers la possibilité de

jouer un rôle important dans la protection de la biodiversité.

« Les gens aiment leurs propriétés et souhaitent en préserver les

caractéristiques naturelles. Qu’elles se composent de milieux humides, de

forêts ou de dunes, ces terres privées constituent d’excellents habitats

pour les espèces sauvages », affirme-t-elle.

« En travaillant de concert avec un organisme comme CNC et en

faisant don de leur terre, les propriétaires en assurent la protection »,

Plage de Greenwich, Parc national de l’Î-P.-É.

Les aires naturelles de l’Île-du-Prince-

Édouard, y compris la plage de Greenwich,

ont subi d’importants dommages lors

du passage de l’ouragan Fiona. Des travaux

de réparation et de nettoyage d’envergure y

sont en cours. En raison des changements

climatiques, ce genre de phénomène

météorologique violent est de plus en

plus fréquent.

dit Mme Griffin. « Je pense que beaucoup de

gens souhaitent faire un legs aux générations

futures. Les propriétaires fonciers peuvent

concrétiser cette vision en offrant leur terre

en héritage. »

Mme Griffin reconnaît l’importance cruciale

de préserver la biodiversité, soulignant

par le fait même les bienfaits de la nature

sur le bien-être physique et mental.

« Pour ceux et celles qui vivent en milieu

urbain, dans le trafic et le bruit, l’accès à un

espace vert où marcher, écouter le son de

l’eau et ralentir la cadence est particulièrement

important. Dans ces cas, les bienfaits

sur la santé mentale sont énormes. »

Bien qu’elle n’ait aucune intention de ralentir

ses activités, Diane Griffin se remémore

une vie passée à promouvoir la conservation

et se souvient bien de l’endroit où tout

a commencé.

« Chaque fois que je vais à Greenwich,

je frotte des feuilles de myrique de Pennsylvanie

entre mes doigts pour retrouver

cette odeur. »1

conservationdelanature.ca

HIVER 2023 15


CNC

À L’ŒUVRE

1

3

MERCI!

Votre appui a permis la réalisation de

ces projets. Pour en savoir plus, visitez :

conservationdelanature.ca/nous-trouver.

2

1

Investir dans les leaders de demain

À TRAVERS LE PAYS

Le programme de bourses de recherche en science de la conservation

de la famille Weston de Conservation de la nature Canada

(CNC) soutient et forme des diplômé(e)s menant des recherches

prioritaires, et ce, afin d’en faire la prochaine génération de leaders en

sciences appliquées de la conservation. Leurs recherches contribueront

à la protection et à la gestion d’aires naturelles importantes et de la biodiversité

partout au Canada, tout en mettant l’accent sur les terres de CNC

et les enjeux prioritaires. En 2022, trois étudiantes se sont jointes

au programme :

Amy Wiedenfeld étudie la dynamique des populations d’espèces végétales

en péril dans le sud de l’Ontario, ce qui pourrait orienter la conservation

et la réintroduction d’espèces de végétaux rares. Amy a toujours

aimé les végétaux et veut dissiper l’idée erronée qu’ils ne sont pas dignes

d’intérêt. Elle est doctorante à l’Université de Lethbridge, en Alberta.

Brielle Reidlinger étudie l’impact des activités de gestion des prairies

(pâturage) sur les communautés d’oiseaux chanteurs. Ce projet associe

son enfance passée dans une région de ranchs à sa passion pour les oiseaux

et la conservation des prairies. Elle est étudiante à la maîtrise en

sciences à l’Université de la Saskatchewan.

Jessica Sánchez-Jasso étudie l’efficacité des activités de gestion des

prairies sur le maintien de l’habitat de deux espèces de papillons en voie

de disparition. Forte de son expérience acquise en étudiant des papillons

au Mexique, elle est enthousiaste à l’idée de continuer à faire ce qu’elle

aime : la recherche appliquée en conservation. Jessica est doctorante à

l’Université de Winnipeg.

Ce programme est rendu possible grâce au généreux soutien de la Fondation

de la famille Weston.

GOGLU DES PRÉS : JASON BANTLE. PORTRAITS REPRODUITS AVEC LES PERMISSIONS DE BOB WILLIAMS, JESSICA SÁNCHEZ-JASSO, BRIELLE REIDLINGER ET AMY WIEDENFELD.

Gagner

sur toute la ligne

J’ai grandi à Winnipeg, près de la rivière Assiniboine.

[Quand j’étais jeune,] mon père

m’a enseigné la différence entre les traces

laissées dans la neige par un écureuil, un

lapin et un renard; c’est ce qui a éveillé en

moi ma passion pour mère Nature. Je suis

parvenu à la conclusion suivante : toutes les

espèces en péril le sont uniquement à cause

de la perte de leur habitat. Conservation de

la nature Canada, dont le travail s’appuie sur

des recherches approfondies, nous donne la

possibilité de sauvegarder simultanément

les ours, les papillons, les poissons et leurs

habitats. J’ai eu le privilège de siéger au

Conseil d’administration de CNC et de visiter

certaines propriétés extraordinaires dans ma

province natale en compagnie de membres

du personnel et de scientifiques. Quel sentiment

formidable de se trouver sur un site

naturel en sachant qu’il demeurera intact et

que vos arrière-petits-enfants pourront en

profiter! C’est ce que j’appelle une situation

« gagnante sur toute la ligne »!

Jessica Sánchez-Jasso, Brielle Reidlinger et Amy Wiedenfeld.

~ Bob Williams, membre du Conseil

d’administration de 2013 à 2022

16 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


Rivière Restigouche, Nouveau-Brunswick

LIÈVRE : ALAMY STOCK PHOTO. LAC LONETREE: GABE DIPPLE. RIVIÈRE RESTIGOUCHE : J.D. IRVING, LTÉE.

2

Conservation volontaire

NOUVEAU-BRUNSWICK

Grâce au leadership visionnaire de J.D. Irving ltée (JDI), des terres privées totalisant près de

10 000 hectares et composées d’une forêt acadienne, de littoraux et de dunes seront reconnues en tant

qu’autre mesure de conservation efficace par zone (AMCEZ). Les AMCEZ sont des terres offrant des

avantages en matière de conservation, sans être gérées principalement pour la protection de la nature.

Cette initiative a été présentée à Montréal lors d’un événement organisé par CNC dans le cadre de

la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15). Des spécialistes mondiaux y ont en effet

présenté des solutions en matière de conservation ainsi que des possibilités de leadership et d’investissement

pour accélérer la conservation de la nature.

Les terres en question, qui comptent parmi les plus uniques et les plus riches en biodiversité de la

province, incluent le parc naturel Irving à Saint John-Ouest, les dunes de Bouctouche, le lac Ayers et

les eaux d’amont des rivières Miramichi et Restigouche. Elles représentent l’habitat d’espèces comme la

martre des pins et le pluvier siffleur, une espèce d’oiseau en voie de disparition.

Depuis les 20 dernières années, ces terres sont gérées dans le cadre du programme volontaire de

zones de conservation de J.D. Irving ltée en vue de leur protection à long terme.

Voilà un exemple concret d’une approche pansociétale permettant d’accélérer la conservation.

3

La prolongation d’un programme

accélère la conservation

À TRAVERS LE PAYS

Grâce à la prolongation du Programme de conservation

du patrimoine naturel (PCPN), CNC protégera au moins

130 000 hectares supplémentaires d’habitats naturels prioritaires

au cours des 3 prochaines années.

Les terres dont CNC assurera la protection et la gestion

grâce au PCPN continueront ainsi de profiter aux espèces en

péril et aux oiseaux migrateurs, tout en maintenant la santé et la

Lac Lonetree, Saskatchewan

connectivité des écosystèmes.

CNC s’engage à mobiliser tous les secteurs — particuliers,

communautés autochtones, propriétaires de terres, gouvernements et entreprises — en adoptant

une approche pansociétale pour freiner et inverser le déclin de la nature. En suscitant la participation

de tous, CNC égalera les fonds provenant du gouvernement du Canada à l’aide de sources de

financement non fédérales dans le but de maximiser son impact et protéger les milieux naturels si

chers à la population canadienne.1

Pleins feux sur

nos partenaires

En 2020, UNIQLO s’est engagé

à appuyer CNC pour accélérer

le travail de conservation et

protéger les habitats naturels

d’un océan à l’autre et à l’autre.

UNIQLO remet ainsi à CNC

l’équivalent de 50 % du produit

de la vente de chacun de

ses sacs en papier dans ses

magasins du Canada. Faits à

40 % de déchets de postconsommation,

ils contribuent

aux efforts de conservation.

L’entreprise de vêtements aux

racines japonaises, installée au

Canada depuis 2015, assure un

meilleur avenir à notre planète

et notre société par ses

initiatives locales et mondiales.

Grâce à ces sacs en papier,

UNIQLO fournit à CNC les

ressources nécessaires pour

dépasser ses ambitieux

objectifs de conservation.

L’engagement d’UNIQLO

contribue à protéger la

biodiversité du Canada,

aujourd’hui et dans l’avenir.

conservationdelanature.ca


GRANDEUR

NATURE

Quand les rêves les plus

fous deviennent réalité

Par Matthew Braun, directeur des programmes de CNC en Saskatchewan

J’ai grandi dans une région rurale de

la Saskatchewan où il était rare de

rencontrer des animaux sauvages.

Voilà pourquoi je me souviens très bien

d’une sortie scolaire dans les forêts de la

zone de transition boréale du parc national

de Prince Albert, à environ deux heures au

nord de chez moi. La personne qui conduisait

l’autobus avait aperçu un ours noir au

bord de la route. C’était la première fois

que je me trouvais si près d’une espèce véritablement

sauvage. À l’époque, l’idée même

d’avoir vu un ours avait été assez excitante

pour me marquer.

Plusieurs années plus tard, en 2016, dans

le cadre de mon travail en gestion de propriétés

forestières à Conservation de la nature

Canada (CNC), j’ai dû me rendre près des

collines Touchwood.

En parcourant le site, nous nous sommes

trouvés devant une dépression creusée

par l’équipe qui avait été responsable de défricher

le droit de passage. Un grand trou se

trouvait au fond. Même si j’avais déjà vu de

nombreux ours à ce stade-ci de ma carrière,

jamais je n’avais vu une tanière. Je m’étais

toujours imaginé (ou je l’espérais?) qu’elles

étaient un peu plus extravagantes qu’un

simple trou.

Une fois que nous nous sommes mis

d’accord pour dire qu’il ne pouvait s’agir

que de la tanière d’un ours, nous avons dû

décider qui allait vérifier si elle était occupée.

Honnêtement, je ne me souviens plus

qui a mis la tête dans l’ouverture couverte

de toile d’araignée, mais même s’il était évident

que la tanière était abandonnée, c’était

très excitant! Après cette découverte, nous

avons poursuivi notre travail, par cette

froide journée d’automne, sans apercevoir

d’espèces sauvages.

Quelques années plus tard, je suis retourné

seul sur ce site. Au milieu d’une des journées

de terrain les plus chaudes que j’aie

jamais connues, je marchais bruyamment,

les yeux au sol, à la recherche d’arbustes, de

fleurs et de signes de perturbation pour

m’aider à décrire l’écosystème.

Je ne sais plus ce qui m’a alerté et incité à

lever la tête, mais j’ai vu deux oursons noirs

en train de grimper à un arbre, suivis de près

par leur maman.

Je ne veux surtout pas donner l’impression

de ne pas avoir pris les précautions nécessaires,

mais alors que maman ourse claquait

des dents dans ma direction, m’avertissant

de me tenir à l’écart, je me suis empressé de

trouver mon appareil photo pour prendre ce

qui allait être la plus détaillée et « cool » photo

d’ours jamais vue. Malheureusement, tout

ce que j’ai réussi à faire c’est de prendre une

photo floue d’un arbuste. L’ourse et moi

sommes partis chacun de notre côté, sans

que j’aie pu prendre une seule bonne photo...

Plus tard dans la journée, j’ai effrayé un

orignal et échappé à un animal imaginaire

qui fonçait sur moi (à ma défense, la chaleur

avait eu raison de mon cerveau) en prenant

un raccourci à travers un bourbier où je me

suis enlisé jusqu’aux cuisses avant d’arriver

à mon véhicule.

Finalement, rêver, quand on est enfant,

de croiser des animaux sauvages et de gérer

de magnifiques terres aux bienfaits inattendus

peut vraiment devenir réalité!1

TERRY PETE RYAN. ALLEN / ALAMY STOCK PHOTO.

18 HIVER 2023 conservationdelanature.ca


METTEZ VOTRE

PASSION AU

CŒUR DE

VOTRE

HÉRITAGE

Votre passion pour les espaces naturels qui nous entourent est au

cœur de votre vie. Et maintenant, vous pouvez en faire votre héritage.

Un don testamentaire à Conservation de la nature Canada, quel que soit

le montant, vous permet de contribuer à la protection de nos habitats

les plus vulnérables et de la faune qu’ils abritent. Pour aujourd’hui,

pour demain, et pour les générations à venir.

Commandez votre livret d’information sur

les dons planifiés dès aujourd’hui.

Communiquez avec Marcella au 1 877 231-3552,

poste 2276 ou visitez natureenheritage.ca


VOTRE

IMPACT

Conserver la

nature et préserver

un mode de vie

Les prairies à herbes hautes, qui sont

emblématiques et rares à l’échelle

mondiale, disparaissent rapidement.

Dans la région d’Entre-les-Lacs, au

Manitoba, vos dons contribuent à

sauvegarder cet écosystème menacé.

Les 2 700 hectares du projet Lake

Ranch, situé à moins d’une heure de

Winnipeg, abritent et nourrissent en

effet des espèces qui dépendent de

ce milieu de prairie, dont certaines qui

sont en péril, en plus de protéger de

vastes milieux humides.

Merci d’en faire autant pour la nature au Canada!

Protéger la

nature en un

temps record

En Ontario, le projet Terres boréales,

d’une superficie plus de 2 fois supérieure

à celle de Toronto, a été conservé

en 5 mois seulement, grâce à des

centaines de milliers de personnes qui,

comme vous, appuient notre travail.

Voilà qui en fait le plus vaste projet de

conservation de milieux naturels de

l’histoire du pays! En effet, ses quelque

1 500 km carrés comprennent plus de

100 lacs et 1 300 km de cours d'eau et

de rivage ainsi que des corridors écologiques

qu’empruntent des espèces en

péril. En contribuant à protéger cette

région, vous permettez à ses forêts et

milieux humides de demeurer d’importants

puits de carbone en continuant

à absorber de grandes quantités

d’émissions de gaz à effet de serre.

HAUT EN BAS : THOMAS FRICKE; ANDREW WARREN.

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