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WSA08_Liseuse-Maison-Afrique

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L A FEMME ES T L’AVENIR DU SPORT<br />

N°8 Janvier > Juin 2024<br />

LES BELLES<br />

HISTOIRES<br />

DERARTU TULU,<br />

TEGLA LOROUPE,<br />

HABIBA GHRIBI...<br />

ELLES ONT MIS LEURS EXPLOITS<br />

AU SERVICE DE LA PAIX<br />

africa.womensports.fr<br />

ENQUÊTE<br />

TESTOSTÉRONE<br />

CES SPORTIVES PAS<br />

ASSEZ FEMMES AUX<br />

YEUX DES INSTANCES<br />

DÉCOUVERTE<br />

KLOE LA MACHINE, STAR<br />

CAMEROUNAISE DE TIK TOK<br />

À SEULEMENT 9 ANS !<br />

NDÈYE BINTA DIONGUE<br />

NOUSRACONTESAPRÉPA<br />

SA OLYMPIQUE ET NOUS OFFRE<br />

SA ROUTINE SPORT<br />

© PA / Icon Sport


YEMALY<br />

Association<br />

ASSOCIATION<br />

ASSOCIATION<br />

NOS PARTENAIRES<br />

ENGAGÉS ACTIVEMENT POUR UNE DIFFUSION GRATUITE<br />

DE WOMEN SPORTS AFRICA EN PRINT ET DIGITAL DANS L’ENSEMBLE<br />

DES PAYS DU CONTINENT<br />

TOP PARTENAIRES<br />

PARTENAIRES DE DIFFUSION<br />

R È S E A U I N T E R N AT I O N A L<br />

FRANCOPHONE POUR LE SPORT<br />

YEMALY<br />

YEMALY<br />

2 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


ÉDITORIAL<br />

Changer la donne pour transformer<br />

la vie des jeunes grâce au sport<br />

En 2001, le Comité International Olympique m’a décerné le<br />

trophée « Femme et Sport ». Ces trophées récompensent<br />

l’action d’hommes, de femmes et d’organisations en faveur<br />

de l’égalité des genres sur l’aire de compétition et en dehors.<br />

J’avais alors 17 ans et j’étais loin de me douter que mes modestes<br />

tentatives visant à proposer aux jeunes des séances gratuites<br />

d’entraînement en taekwondo se transformeraient en une vocation<br />

allant bien au-delà de l’ambition ou de l’accomplissement personnel.<br />

Ayant grandi dans la banlieue de Harare, au Zimbabwe, j’ai moi aussi<br />

dû relever les défis auxquels les jeunes filles sont confrontées lorsqu’elles<br />

osent rêver d’aller au-delà des attentes de la société. J’ai<br />

vu bon nombre de mes amies, camarades de classe et proches se<br />

marier très jeunes. Aujourd’hui, je sais que,<br />

selon l’UNICEF, 34 % des filles au Zimbabwe<br />

se marient avant 18 ans. J’ai vu les effets<br />

dévastateurs du mariage et de la maternité<br />

précoces sur mes camarades.<br />

Grâce au taekwondo - que j’ai commencé à<br />

pratiquer à l’âge de cinq ans - j’ai le sentiment<br />

d’être maîtresse de mon destin et de<br />

pouvoir faire entendre ma voix... Ce qui est<br />

loin d’être le cas des jeunes africaines. Le<br />

simple fait de poursuivre un but, de chercher<br />

à l’atteindre et de persévérer a fait naître en<br />

moi un sentiment d’accomplissement que j’ai<br />

voulu partager.<br />

J’ai commencé par proposer à des jeunes<br />

filles des séances d’entraînement gratuites<br />

en taekwondo dans un lieu sûr, afin de les<br />

aider à prendre en main leur destin. Ce fût un<br />

succès. Aujourd’hui, nous aidons également<br />

les jeunes filles à devenir autonomes afin<br />

qu’elles puissent répondre à leurs besoins<br />

quotidiens.<br />

L’initiative a été rebaptisée Vulnerable Underaged People’s Auditorium.<br />

Il s’agit d’une fondation qui dirige des programmes d’émancipation<br />

pour apprendre par exemple à fabriquer du savon liquide ou à cuisiner<br />

des plats simples. Des compétences comme celles-ci permettent de<br />

s’affranchir financièrement des hommes. Nous distribuons également<br />

des produits d’hygiène afin que les jeunes filles ne se mettent pas<br />

en danger en essayant de se les procurer par des moyens illégaux.<br />

Nous organisons par ailleurs des ateliers consacrés aux «obligations<br />

morales» afin de discuter des problèmes de fond auxquels sont<br />

confrontées les jeunes filles et d’essayer de trouver des solutions.<br />

Notre action consiste essentiellement à travailler avec les victimes<br />

de mariages d’enfants et de grossesses précoces. Ces dernières<br />

peuvent ainsi témoigner des conséquences de ces pratiques et aider<br />

celles qui ont été épargnées jusqu’ici en partageant leur expérience.<br />

Le Vulnerable Underaged People’s Auditorium continue de gagner<br />

en efficacité. Grâce à la reconnaissance et à la subvention que j’ai<br />

reçues en tant que lauréate du trophée du CIO «Femme et Sport»<br />

2021 pour l’<strong>Afrique</strong>, j’ai pu déposer officiellement les statuts de<br />

la fondation. J’ai aussi commencé à recevoir des équipements de<br />

World Taekwondo pour mes séances d’entraînement. Je pense donc<br />

être à présent en position de force pour étendre la portée de mon<br />

action au-delà de ma communauté.<br />

Ce trophée m’a énormément encouragée et motivée. J’ai compris<br />

que je n’étais pas seule. J’en ai tiré de multiples enseignements :<br />

qu’il fallait apprendre davantage, faire des recherches, essayer de<br />

mieux comprendre ce dont les habitants de mon pays avaient vraiment<br />

besoin dans leur vie quotidienne. Je pense<br />

que cela va changer la vie de bon nombre de<br />

mes concitoyens. Ma fondation va du reste<br />

s’en trouver dynamisée. Mon souhait est<br />

que davantage de personnes comprennent<br />

le pouvoir qu’a le sport de façonner les êtres<br />

humains et les sociétés pour le bien de tous,<br />

raison pour laquelle je forme l’espoir qu’un<br />

nombre de plus en plus élevé d’installations<br />

de loisirs et d’espaces sûrs de ce type soient<br />

mis à la disposition des jeunes dans tout le<br />

Zimbabwe.<br />

Lorsque je réfléchis à mon parcours et aux<br />

progrès accomplis jusqu’à présent, j’appelle<br />

davantage de jeunes à s’engager dans le<br />

sport. Mon parcours ne se résume pas à<br />

une réussite personnelle ; il entend également<br />

servir de catalyseur à un mouvement<br />

qui permet aux jeunes filles de faire fi des<br />

attentes de la société pour assouvir leurs<br />

passions sans crainte. Plus elles pratiqueront<br />

des activités sportives, plus elles seront à<br />

même de se fixer des objectifs ambitieux dans la vie. Dans mon<br />

pays, en <strong>Afrique</strong> et partout ailleurs dans le monde, il est essentiel<br />

de poursuivre dans cette voie et de montrer la force, la résilience<br />

et la grâce que les femmes peuvent acquérir en s’engageant dans<br />

le monde du sport.<br />

D.R.<br />

Alors que je songe au chemin qui s’ouvre devant nous, je suis pleine<br />

d’espoir et de détermination et je vous invite tous à vous joindre<br />

à moi dans cette entreprise pour défendre l’autonomisation des<br />

jeunes filles au Zimbabwe et ailleurs. Ensemble, nous pouvons créer<br />

un monde où toutes les filles sont encouragées à poursuivre leurs<br />

rêves, où les mêmes règles s’appliquent à tous et où le parcours<br />

des athlètes féminines est synonyme de triomphe, de résilience et<br />

de possibilités infinies.<br />

Par Natsiraishe Maritsa,<br />

Remerciements aux équipes du CIO pour la réalisation de cet édito<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 3


N°8 Janvier > Juin 2024<br />

16<br />

SOMMAIRE<br />

WOMEN SPORTS AFRICA N°8<br />

L A FEMME ES T L’AVENIR DU SPORT<br />

06 LES CHAMPIONNES<br />

DE L’ANNÉE<br />

14 LE COIN DES PARTENAIRES<br />

Le 2 ème forum Égalité des genres<br />

de l’ACNOA<br />

DÉCOUVERTE<br />

CHAMPIONNES<br />

26 MARCELAT SAKOBI<br />

« Je vais offrir à la RDC sa première<br />

médaille olympique »<br />

28 BIANCA BUITENDAG<br />

La nouvelle star du surf nous vient<br />

d’<strong>Afrique</strong> du Sud<br />

LES BELLES<br />

HISTOIRES<br />

DERARTU TULU,<br />

TEGLA LOROUPE,<br />

HABIBA GHRIBI...<br />

ELLES ONT MIS LEURS EXPLOITS<br />

AU SERVICE DE LA PAIX<br />

ENQUÊTE<br />

TESTOSTÉRONE<br />

CES SPORTIVES PAS<br />

ASSEZ FEMMES AUX<br />

YEUX DES INSTANCES<br />

DÉCOUVERTE<br />

KLOE LA MACHINE, STAR<br />

CAMEROUNAISE DE TIK TOK<br />

À SEULEMENT 9 ANS !<br />

NDÈYE BINTA DIONGUE<br />

NOUS RACONTE SA PRÉPA<br />

OLYMPIQUE ET NOUS OFFRE<br />

SA ROUTINE SPORT<br />

africa.womensports.fr<br />

© PA / Icon Sport<br />

16 PORTFOLIO<br />

Djibouti, la perle cachée<br />

de l’<strong>Afrique</strong><br />

20 LE SAVIEZ-VOUS ?<br />

L’Ouganda est le pays le plus<br />

en forme du monde !<br />

INSPIRANTES<br />

22 BOUCHRA BAIBANOU<br />

La « Dame des Pics » qui veut<br />

<br />

de rêver »<br />

30 LE TAEKWONDO<br />

La nouvelle mine d’or de la Côte<br />

d’Ivoire<br />

32 JANINE VAN WYK<br />

Joueuse la plus capée<br />

d’<strong>Afrique</strong> du Sud, tous sexes<br />

confondus<br />

34 RENCONTRE<br />

avec l’escrimeuse sénégalaise<br />

Ndeye Bineta Diongue<br />

38 PRATIQUE<br />

La routine sportive de Ndeye<br />

24 FATOU DIOUCK<br />

« smashe » contre la<br />

déscolarisation des jeunes<br />

Sénégalaises<br />

42 KAYLIA NEMOUR<br />

La nouvelle pépite de la<br />

gymnastique mondiale est<br />

algérienne !<br />

4 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


34 80 34<br />

ENQUÊTE<br />

44 TESTOSTÉRONE<br />

Pas assez femmes aux yeux des<br />

instances sportives !<br />

LES BELLES HISTOIRES<br />

48 BARCELONE 1992<br />

Derartu Tulu et Elana Meyer, un<br />

tour d’honneur contre le racisme<br />

50 TEGLA LOROUPE<br />

La première vainqueure africaine<br />

du Marathon de New York marche<br />

sur lestraces de Nelson Mandela<br />

ÉTUDIANTES<br />

56 MARIE MANÉ<br />

« Être diplômée de l’EM Lyon<br />

est prestigieux »<br />

LIFESTYLE<br />

58 KLOE LA MACHINE<br />

Star camerounaise de Tik Tok<br />

à seulement 9 ans !<br />

TRIBUNE<br />

60 SPORT, VILLES ET FEMMES<br />

FEMMES D’INFLUENCE<br />

MADE IN AFRICA<br />

76 ZEINA MINA<br />

« Si l’on veut parler<br />

français dans<br />

le monde du sport,<br />

il faut que les<br />

acteurs du sport<br />

soient formés<br />

en français ! »<br />

80 IWALEWA<br />

<br />

sourcés et bienvenue en Europe<br />

»<br />

54 MARIA<br />

MUTOLA<br />

Du 800 mètres au<br />

football, « je<br />

suis comme<br />

Cristiano Ronaldo<br />

C’EST BON POUR MOI !<br />

66 PILATES, YOGA, DANSE…<br />

Ces sports qui aident à courir !<br />

70 SANTÉ - ENDOMÉTRIOSE<br />

Quelles conséquences pour le sport ?<br />

83 ENTREPRENEURIAT<br />

Ces championnes africaines<br />

qui créent leur business !<br />

RETROUVEZ-NOUS SUR<br />

LES RÉSEAUX SOCIAUX<br />

16, avenue Hoche - 75008 Paris<br />

PRÉSIDENT-FONDATEUR<br />

BRUNO LALANDE<br />

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION<br />

ET RÉDACTEUR EN CHEF<br />

DAVID TOMASZEK<br />

dtomaszek@womensports.fr<br />

DIRECTEUR ARTISTIQUE<br />

XAVIER CHAMBON<br />

PARTENARIATS<br />

BRUNO LALANDE<br />

blalande@womensports.fr<br />

RÉDACTION<br />

LÉA BORIE,<br />

PUBLICITÉ<br />

VANESSA MAUREL,<br />

RÉGIE SPORT.FR<br />

DAVID TOMASZEK,<br />

SPORT.FR/REGIE | REGIE@SPORT.FR<br />

PIERRE BAILLET,<br />

BRUNO LALANDE<br />

REMERCIEMENTS AUX ÉQUIPES DU<br />

CIO, DE L’OIF, D’EM LYON ET DE L’AFD<br />

/ SPORT EN COMMUN<br />

AFRICA.WOMENSPORTS.FR<br />

Facebook @womensports.fr<br />

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LinkedIn @womensports<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 5


PORTFOLIO<br />

RETOUR SUR…<br />

2023<br />

Sélection non-exhaustive. Retrouvez chaque mois<br />

le podium Women Sports Africa sur notre site<br />

africa.womensports.fr PAR VANESSA MAUREL<br />

© Susa / Icon Sport<br />

Hellen Obiri<br />

Habituée aux titres, la Kényane Hellen Obiri a de nouveau<br />

brillé en 2023. Elle a en effet remporté le semi-marathon de<br />

Ras el Khaïmah, le marathon de Boston (en 2h 21 min 38 sec),<br />

les 10 kilomètres de Boston ainsi que le marathon de New York<br />

(2h 27 min 23 sec). Rien que ça.<br />

6 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


© PictureAlliance / Icon Sport<br />

D.R. D.R.<br />

Tigist Assefa<br />

L’Éthiopienne est tout simplement inarrêtable.<br />

Spécialiste des courses de fond et de demi-fond,<br />

Tigist Assefa a marqué l’histoire de son empreinte. En<br />

septembre 2023, Assefa a battu le record du monde du<br />

marathon à Berlin, en bouclant la distance en 2h11:53,<br />

abaissant ainsi la précédente meilleure marque de<br />

la Kényane Brigid Kosgei de plus de deux minutes<br />

(2h14:04). Du haut de ses 26 ans, l’athlète éthiopienne est<br />

ainsi devenue la première femme de l’histoire à courir un<br />

marathon sous les 2h12.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 7


PORTFOLIO<br />

Ons Jabeur<br />

Véritable icône du sport africain,<br />

la Tunisienne Ons Jabeur a<br />

encore fait parler d’elle cette<br />

année. En 2023, Ons Jabeur a<br />

atteint la finale du tournoi de<br />

Wimbledon, ainsi que les quarts<br />

de finale à Roland-Garros. Elle<br />

a par ailleurs remporté deux<br />

tournois sur le circuit WTA : celui<br />

de Charleston (WTA 500) en avril<br />

2023, et celui de Ningbo (WTA<br />

250), en septembre.<br />

© PA Images / Icon Sport<br />

8 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


© LOIC VENANCE / AFP<br />

Kirsten<br />

Neuschäfer<br />

La navigatrice sud-africaine a<br />

marqué l'histoire en cette année<br />

2023. La férue de voile de 41 ans<br />

est devenue, le 27 avril 2023, la<br />

première femme à gagner une<br />

course autour du monde en<br />

solitaire. Elle a remporté ce jour-là<br />

la Golden Globe Race en 233 j 18 h<br />

43 min 47 s.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 9


PORTFOLIO<br />

Dulcy Fankam<br />

Mendjiadeu<br />

On peut clairement dire que c’est LA<br />

sportive camerounaise de l’année. En<br />

avril 2023, la basketteuse Dulcy Fankam<br />

Mendjadeu a été draftée en WNBA par<br />

l'équipe du Storm de Seattle aux États-Unis,<br />

lui permettant ainsi d’évoluer dans le plus<br />

grand Championnat au monde.<br />

© Susa / Icon Sport<br />

10 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


© Xinhua / Icon Sport<br />

Ibtissam Jraidi<br />

Événement doublement historique<br />

pour la footballeuse marocaine !<br />

Sélectionnée par Reynald Pedros<br />

pour disputer la Coupe du monde<br />

2023 en Australie et Nouvelle-<br />

Zélande, Jraidi vit la première<br />

victoire de la sélection nationale en<br />

Coupe du monde. Mieux encore,<br />

c’est elle qui marque le premier<br />

but de l’histoire du Maroc dans la<br />

compétition.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 11


PORTFOLIO<br />

Faith Kipyegon<br />

C’est un nom qui revient beaucoup dans les médias,<br />

y compris dans Women Sports Africa. Et pour cause,<br />

l’athlète kényane est l’une des meilleures de sa<br />

génération, sans aucun doute. Après avoir décroché<br />

le titre de championne du monde sur 1500 m en<br />

2023, Faith Kipyegon a également marqué l’histoire<br />

en battant trois records du monde cette année : celui<br />

du 1 500 m le 2 juin 2023 lors du meeting Golden<br />

Gala à Florence, celui du 5 000 m le 9 juin 2023<br />

lors du Meeting de Paris, et enfin celui du mile le<br />

22 juillet 2023 lors du Meeting Herculis de Monaco.<br />

Des résultats qui lui ont valu le titre de meilleure<br />

athlète féminine sur piste de l’année, par World<br />

Athletics.<br />

© Icon Sport<br />

12 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


LE COIN DES PARTENAIRES<br />

Le 2 ème forum<br />

Égalité des genres<br />

de l’ACNOA<br />

s’est tenu les 2 et 3 octobre<br />

derniers au Cap-Vert<br />

Les 2 et 3 octobre derniers, l’Île de Sal au Cap-Vert a abrité le<br />

2 ème Forum Égalité des genres. Le thème était<br />

« De la salle de réunion au terrain de jeu ». PAR LES ÉQUIPES DE L’ACNOA<br />

objectif de cet événement<br />

L’<br />

était de partager les meilleures<br />

pratiques entre les<br />

zones de l’ACNOA, les Comités<br />

nationaux olympiques<br />

et au niveau international. Les résultats<br />

attendus sont l’élaboration des stratégies<br />

et des plans tangibles et réalisables qui<br />

permettront la durabilité de l’égalité des<br />

genres sur le continent africain.<br />

Cet objectif sera atteint au terme d’une<br />

évaluation des progrès réalisés depuis<br />

la tenue du tout premier Forum Egalité<br />

Genres le 29 juin 2021 en virtuel.<br />

Le Mouvement Olympique et Sportif Africain<br />

intègre l’égalité des genres, l’inclusion et la<br />

diversité en respect de la vision du Comité<br />

International Olympique, CIO, sachant que<br />

le sport est une extraordinaire plateforme<br />

de promotion de la représentation équitable<br />

des femmes à des fonctions dirigeantes et<br />

à des postes de responsabilités au sein du<br />

mouvement olympique. L’Agenda olympique<br />

2020 + 5 élabore ses objectifs stratégiques<br />

autour de l’égalité des genres. L’association<br />

des Comités nationaux olympiques<br />

d’<strong>Afrique</strong>, l’ACNOA, est engagée dans la<br />

mise en œuvre de cette vision globale.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

L’ACNOA, de ce fait, organise un forum sur<br />

l’égalité des genres qui va impulser la progression<br />

du continent africain en matière<br />

d’égalité des genres.<br />

Il est question d’offrir aux femmes la possibilité<br />

de s’investir dans le sport en occupant<br />

des postes clés en dehors de l’aire de<br />

compétition et à soutenir activement les<br />

champions et défenseurs de l’égalité des<br />

genres, de la diversité et de l’inclusion.<br />

L’atteinte de l’objectif minimum de 30 %<br />

de femmes dans les instances sportives<br />

fait partie des préoccupations de l’ACNOA.<br />

En outre, cette dernière voudrait s’assurer<br />

que toutes les femmes ont l’opportunité de<br />

participer aux activités sportives dans un<br />

14 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


L’égalité des genres<br />

défendue par<br />

l’ACNOA entend<br />

valoriser justement<br />

les femmes dans le<br />

sport.<br />

© yurakrasil / Shutterstock<br />

cadre sain et propice qui tienne compte de<br />

la préservation des droits de dignité, de respect<br />

de l’égalité individuelle à participer au<br />

sport quel que soit sa race, sa religion, son<br />

sexe, son handicap et son origine social. Le<br />

leadership des femmes en <strong>Afrique</strong> dans le<br />

<br />

avec l’augmentation du nombre de femmes<br />

D.R.<br />

coaches, conseillers et responsables.<br />

Le 2 ème forum Égalité des genres de<br />

l’ACNOA, s’est tenu à moins d’un an des<br />

Jeux Olympiques de Paris 2024. Une compétition<br />

qui va permettre de faire la démonstration<br />

du niveau d’implication du Mouvement<br />

olympique et sportif africain dans<br />

la valorisation des femmes dans le sport.<br />

L’ACNOA est dotée d’une commission égalité<br />

des genres qui remplit correctement sa<br />

mission dans le sens de la promotion des<br />

actions de l’égalité des genres qui sont un<br />

domaine d’opportunités d’épanouissement<br />

de la jeunesse olympique et sportive africaine.<br />

WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 15


DÉCOUVERTE AVEC<br />

PORTFOLIO<br />

DJIBOUTI<br />

LA PERLE<br />

CACHÉE DE<br />

L’AFRIQUE<br />

jibouti est une<br />

Ddestination qui<br />

se distingue<br />

des itinéraires<br />

t o u r i s t i q u e s<br />

classiques. Contemplez un<br />

lever de soleil sur un lac où<br />

se rassemblent des flamants<br />

roses, créant une atmosphère<br />

magique. Les champs de lave<br />

noire, les énigmatiques cheminées<br />

naturelles crachant<br />

de la vapeur et les plaines<br />

brûlées par le soleil évoquent<br />

un véritable voyage dans le<br />

temps. Malgré sa petite taille<br />

géographique, ce minuscule<br />

État compense par la beauté<br />

saisissante de ses paysages,<br />

séduisant particulièrement<br />

les amateurs de curiosités<br />

géologiques. Peu de pays<br />

offrent des panoramas aussi<br />

stupéfiants : lacs salés, volcans<br />

éteints, plaines effondrées,<br />

cheminées de calcaire<br />

expulsant de la vapeur, plateaux<br />

basaltiques et canyons<br />

majestueux. Les amateurs de<br />

sports d’aventure trouveront<br />

leur bonheur ici, avec des<br />

activités telles que la randonnée,<br />

la plongée, le kite-surf,<br />

et bien sûr, le snorkeling parmi<br />

les requins-baleines dans<br />

le golfe de Tadjourah.<br />

Le pays a préservé son<br />

charme en évitant le développement<br />

immobilier excessif.<br />

L’éco-tourisme est privilégié,<br />

et à l’intérieur des terres, des<br />

opportunités de séjour chez<br />

l’habitant offrent un aperçu<br />

captivant de la vie des tribus<br />

nomades. Djibouti est une<br />

pépite africaine qui vous réservera<br />

des expériences mémorables.<br />

Dans ces décors semblant<br />

appartenir aux premiers<br />

instants du monde, la solitude<br />

est presque assurée.<br />

La mer Rouge offre des sites<br />

de plongée et de snorkeling<br />

exceptionnels. La ville de<br />

Djibouti, animée et singulière,<br />

mêle subtilement des<br />

influences françaises, arabes<br />

et africaines. Les habitants de<br />

Djibouti se montrent accueillants<br />

et chaleureux envers les<br />

voyageurs.<br />

Plongée, snorkeling,<br />

pêche sportive,<br />

mais aussi trekking<br />

et découvertes<br />

culturelles, Djibouti<br />

a beaucoup à offrir à<br />

ses visiteurs !<br />

16 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 17<br />

© Travel2Sea.com/ Shutterstock


DÉCOUVERTE<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

© Truba7113 / Shutterstock<br />

D.R.<br />

18 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


D.R.<br />

D.R. D.R.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

DJIBOUTI AMBITIONNE<br />

D’ATTIRER 1 MILLION DE<br />

TOURISTES D’ICI 2035<br />

Dans le cadre de son objectif<br />

d’accueillir un million de touristes<br />

d’ici 2035, Djibouti compte sur<br />

le soutien financier des bailleurs<br />

et des investisseurs privés,<br />

principalement pour développer<br />

le secteur de l’hôtellerie.<br />

Djibouti accueillait seulement<br />

0,8 % des touristes internationaux<br />

de la région entre 2010 et 2013,<br />

mais on estime que le nombre de<br />

visiteurs a triplé de 2000 à 2013<br />

(+213,4 %). Les motivations des<br />

visites à Djibouti varient, avec<br />

environ 45 % des visiteurs pour le<br />

tourisme d’affaires dans la capitale,<br />

25 à 30 % pour le tourisme de<br />

loisirs, 15 % liés à la présence des<br />

militaires des bases étrangères, et<br />

10 à 15 % pour d’autres motifs.<br />

Malgré son potentiel inexploité<br />

en raison de la diversité de ses<br />

paysages naturels et des activités<br />

touristiques envisageables,<br />

Djibouti doit relever plusieurs défis,<br />

notamment une offre touristique<br />

peu structurée, des coûts élevés,<br />

des infrastructures limitées malgré<br />

un classement honorable en 2020,<br />

une connectivité aérienne faible, et<br />

des compétences limitées, surtout<br />

en matière de développement<br />

durable.<br />

Face à ces obstacles, le<br />

gouvernement djiboutien a élevé<br />

le tourisme au rang de priorité<br />

stratégique, avec l’objectif<br />

ambitieux d’attirer un million de<br />

touristes d’ici 2035. Le programme<br />

Vision 2035 préconise des axes de<br />

renforcement du secteur, tels que<br />

le développement du tourisme<br />

durable, la valorisation des sites<br />

touristiques, la structuration<br />

de l’offre touristique, et le<br />

renforcement des compétences.<br />

Djibouti bénéficie du soutien de<br />

bailleurs, notamment la Banque<br />

mondiale, qui propose un appui<br />

au secteur touristique dans le<br />

cadre de son cadre de partenariat<br />

avec le pays. En outre, un prêt<br />

conjoint de la Société financière<br />

internationale et de l’Association<br />

internationale de développement<br />

a été accordé au groupe<br />

luxembourgeois Onomo Hotels<br />

pour la construction d’un hôtel de<br />

100 chambres.<br />

Le groupe français Accor s’est<br />

également engagé dans le<br />

développement touristique de<br />

Djibouti avec plusieurs projets<br />

hôteliers annoncés en 2020.<br />

Toutefois, la crise sanitaire et<br />

les mesures de confinement<br />

ont eu un impact sur l’ensemble<br />

du secteur privé, y compris le<br />

tourisme, bien que des données<br />

chiffrées spécifiques ne soient pas<br />

disponibles. <br />

N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 19


LE SAVIEZ-VOUS ?<br />

L’Ouganda est le pays<br />

le plus en forme<br />

du monde !<br />

D’après le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la<br />

santé, l’Ouganda se démarque en tant que pays le plus actif<br />

physiquement dans le monde, avec seulement 5,5 % de sa<br />

population considérée comme inactive. PAR DAVID TOMASZEK<br />

après cette étude de<br />

D’<br />

l’OMS rendue publique<br />

le 12 septembre dernier,<br />

27,5 % de la population<br />

adulte mondiale,<br />

soit 1,4 milliard de personnes, ne pratique<br />

pendant,<br />

ces statistiques dissimulent des<br />

tionne<br />

autour de la moyenne, avec 29,3 %<br />

de sa population concernée. En revanche,<br />

<br />

tandis que le Koweït détient le triste record<br />

avec 67 % d’individus inactifs. Un fait surprenant<br />

émerge de ces données, l’Ouganda<br />

présente le taux le plus bas, seulement<br />

5,5 % de sa population étant considérée<br />

comme inactive.<br />

Du sport par obligation, faute<br />

de pouvoir s’offrir un moyen<br />

de locomotion ?<br />

Cette activité physique des Ougandais<br />

relève toutefois une réalité singulière. La<br />

BBC a exploité cette donnée pour enquêter<br />

plus en profondeur, débutant par le récit<br />

de Jennifer Namulembwa, une femme de<br />

ménage qui parcourt une heure et demie à<br />

pied pour se rendre au travail. Bien qu’elle<br />

aspire à avoir un moyen de transport, son<br />

<br />

suggère que le rapport de l’OMS pourrait<br />

avoir eu en tête des individus comme<br />

Jennifer Namulembwa. Les pays à faible revenu,<br />

tels que l’Ouganda, le Mozambique,<br />

la Tanzanie, le Lesotho et le Togo, semblent<br />

té<br />

physique dans le quotidien de leur population,<br />

contrairement aux pays plus riches.<br />

Selon la BBC, les personnes vivant dans<br />

des pays à faible revenu ont tendance à intégrer<br />

davantage d’activité physique dans<br />

leur vie quotidienne, peut-être en raison<br />

de l’utilisation de moyens de transport et<br />

de professions impliquant un travail physique.<br />

Cependant, il demeure mystérieux<br />

pourquoi l’Ouganda surpasse d’autres pays<br />

aux revenus similaires, même si ses travailleurs,<br />

à l’image de Jennifer Namulembwa,<br />

dépassent largement les 75 minutes d’activité<br />

physique recommandées par l’OMS<br />

chaque semaine. WSA<br />

« SEULEMENT 5,5 % DE LA POPULATION<br />

DE L’OUGANDA EST CONSIDÉRÉE<br />

COMME INACTIVE »<br />

D.R.<br />

L’activité physique<br />

des Ougandais<br />

dépasse largement<br />

les 75 minutes<br />

quotidiennes<br />

recommandées par<br />

l’OMS !<br />

20 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 21<br />

© Richard Juilliart/ Shutterstock


INSPIRANTES<br />

Entretien<br />

Bouchra Baibanou :<br />

La « Dame des Pics » qui veut<br />

<br />

Première femme nord-africaine à gravir l’Everest en 2017, Bouchra Baibanou<br />

n’a cessé de repousser ses limites. La Marocaine de 53 ans enchaîne les ascensions<br />

au nom de l’égalité.<br />

PAR RUBEN DIAS<br />

D.R.<br />

Véritable exemple de persévérance<br />

et de dépassement<br />

de soi. Bouchra Baibanou,<br />

53 ans, a présenté en novembre<br />

2023 une initiative<br />

<br />

issues de milieux défavorisés ». Le but<br />

étant d’augmenter leur autonomisation,<br />

<br />

elles. Un projet qui culmine après de nombreuses<br />

ascensions pour « un monde<br />

plus équitable ».<br />

En février dernier, accompagnée de trois<br />

autres aventurières Nathalie Bondetti<br />

Lafrie (entrepreneure), Linda Benkacem<br />

(consultante) et Nadia Hathroubi Safsaf<br />

(journaliste), la Marocaine a conquis le<br />

plus haut sommet d’<strong>Afrique</strong> (5 895 m), en<br />

Tanzanie, le Kilimandjaro. Et cela, encore<br />

une fois, pour la bonne cause. Ensemble,<br />

les quatre femmes ont fondé le mouvement<br />

sportif et solidaire Trek4Good.<br />

Avec un objectif simple : « permettre aux<br />

<br />

Baibanou pour le Bondy Blog.<br />

Organisation d’un bootcamp<br />

Grâce à cet exploit, et à une cagnotte<br />

en ligne, plus de 13 000 euros ont été<br />

recueillis. Ces fonds permettront la mise<br />

en place d’un bootcamp pour des jeunes<br />

lieux<br />

défavorisés. Nourries et logées, elles<br />

participeront à des activités sportives<br />

comme des randonnées, mais aussi des<br />

activités culturelles et artistiques.<br />

« <br />

<br />

<br />

-<br />

», a indiqué l’initiatrice d’« Empowermeny<br />

» lors de la présentation du projet à<br />

la salle Allal Al Fassi de Rabat.<br />

Dame des pics<br />

Parce que oui, le moins que l’on puisse<br />

dire c’est que Bouchra Baibanou s’y<br />

connait en sommets. Première femme<br />

nord-africaine à gravir l’Everest, la<br />

Marocaine est surnommée la « dame<br />

des pics ». Cette dernière a atteint les<br />

« 7 sommets » sur les 7 continents. L’Everest<br />

(Asie) donc, l’Aconcagua (Amérique<br />

du Sud), le Denali (Amérique du Nord),<br />

le Kilimandjaro (<strong>Afrique</strong>), l’Elbrouz (Europe),<br />

le massif Vinson (Antarctique), et<br />

le Puncak Jaya (ou pyramide Carstensz).<br />

Ingénieure de formation, Bouchra est<br />

également la première femme arabe à<br />

gravir l’Annapurna (8.091 m) en avril<br />

2022. Et l’alpiniste ne cesse de graver<br />

un peu plus son nom dans les livres<br />

d’histoire.<br />

Du haut de son mètre 52, elle est parvenue<br />

au sommet du Lhotse en mai<br />

dernier. Un pic qui culmine à 8.516 m<br />

dans la chaîne de l’Himalaya. Une excursion<br />

qui dure en moyenne entre 7 et 8<br />

sique<br />

pour Bouchra Baibanou. « <br />

« PREMIÈRE FEMME NORD-AFRICAINE À<br />

GRAVIR L’EVEREST, LA MAROCAINE EST<br />

SURNOMMÉE LA « DAME DES PICS ».<br />

22 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Bouchra Baibanou<br />

met ses exploits<br />

au service des<br />

autres et de ses<br />

combats sociétaux,<br />

notamment en<br />

collectant des<br />

fonds.<br />

D.R.<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

», a-t-elle<br />

déclaré à la veille de son départ, avec<br />

une bonne dose d’adrénaline.<br />

Véritable icône<br />

Pour ces performances, le roi Mohammed<br />

VI l’a décorée de l’ordre du Ouissam<br />

<br />

Membre de la Fédération royale marocaine<br />

de ski et sports de montagne, celle<br />

qui a commencé l’alpinisme à 25 ans<br />

est une immense icône dans son pays.<br />

« <br />

<br />

-<br />

», assure Bouchra Baibanou.<br />

En 2018 par exemple, elle a emmené<br />

une trentaine d’entre elles au sommet<br />

du Mont Toubkal, le plus haut d’<strong>Afrique</strong><br />

du Nord (4 167 m). Aujourd’hui, avec<br />

son nouveau projet inspirant : Empowerment,<br />

la maman d’une adolescente<br />

continue de mener sa barque : « Au-<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

», a-t-elle déclaré pour<br />

le média Le Matin. Un projet qui tient à<br />

trer<br />

à tout le monde que « rien n’est impossible<br />

». WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 23


INSPIRANTES<br />

Entretien<br />

Fatou Diouck<br />

<br />

<br />

Volleyeuse sénégalaise, Fatou Diouck a joué dans plusieurs pays, notamment en France,<br />

en Finlande, en Azerbaïdjan, en Corée du Sud et en Thaïlande. Elle est la fondatrice<br />

de l’association « Demoiselles de Keur, Sénégalaises de demain », qui lutte contre le<br />

décrochage scolaire des filles à travers le sport. Portrait d’une femme engagée. PAR DAVID TOMASZEK<br />

D.R.<br />

Fatou Diouck a commencé à<br />

jouer au volleyball à l’âge de<br />

13 ans, après avoir rencontré<br />

son entraîneur dans la<br />

rue. Elle est devenue la capitaine<br />

de l’équipe nationale sénégalaise de<br />

volleyball et a joué dans plusieurs pays, notamment<br />

en France, en Finlande, en Azerbaïdjan,<br />

en Corée du Sud et en Thaïlande.<br />

Elle a remporté plusieurs titres au cours<br />

de sa carrière, dont le titre de championne<br />

d’Asie des clubs et le titre de meilleure<br />

joueuse du championnat thaïlandais de<br />

volleyball1.<br />

En 2013, elle a fondé l’association « Demoiselles<br />

de Keur, Sénégalaises de demain<br />

» qui vise à lutter contre le décro-<br />

<br />

notamment le volleyball. L’association va à<br />

<br />

ou dans les maisons, leur explique son<br />

projet et les initie au volleyball. Elle les encourage<br />

ensuite à reprendre leurs études<br />

pour continuer à pratiquer leur sport. L’association<br />

mène aussi des campagnes de<br />

sensibilisation, des webinaires, des séminaires,<br />

des formations et des camps de<br />

perfectionnement.<br />

Fatou Diouck est également entrepreneure<br />

et a créé la marque Dono, une<br />

marque de sacs upcyclés à base de cuir<br />

et de tissu qui vise à faire perdurer le savoir-faire<br />

et la tradition ancestrale autour<br />

du cuir. Elle occupe également un poste de<br />

chargée d’affaires à Telsi, un organisme de<br />

formation en relation client. WSA<br />

D.R.<br />

Demoiselles<br />

de Keur,<br />

Sénégalaises<br />

de demain<br />

en bref<br />

L’association Demoiselles de<br />

Keur, Sénégalaises de demain<br />

(DKSD) est une organisation non<br />

gouvernementale fondée en 2013<br />

par Fatou Diouck. Son objectif est de<br />

lutter contre le décrochage scolaire<br />

des jeunes filles au Sénégal à travers<br />

le sport, notamment le volleyball.<br />

L’association vise à promouvoir<br />

l’accès des jeunes filles sportives<br />

sénégalaises aux infrastructures<br />

sportives, à la santé, à l’éducation et à<br />

la culture. Elle organise des activités<br />

de sensibilisation, d’initiation, de<br />

formation et d’accompagnement<br />

personnalisé pour les aider à<br />

s’épanouir dans leur pratique sportive<br />

et à poursuivre leurs études1.<br />

L’association a son siège social à<br />

Briec, en Bretagne, en France, et<br />

dispose d’une page Facebook pour<br />

partager ses actions et ses actualités<br />

: https://www.facebook.com/people/<br />

Demoiselles-de-Keur-Sénégalaises-de-<br />

Demain/100066671051887/<br />

24 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Sportive<br />

professionnelle,<br />

présidente de<br />

fondation et cheffe<br />

d’entreprise, Fatou<br />

est une femme<br />

accomplie !<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 25


CHAMPIONNES AVEC<br />

[ Boxe ]<br />

Marcelat Sakobi :<br />

<br />

<br />

La République démocratique du Congo célèbre une magnifique victoire. La boxeuse<br />

Marcelat Sakobi Matshu s’est en effet qualifiée pour représenter fièrement son pays aux<br />

Jeux Olympiques de Paris en 2024. Une superbe performance pour celle qui avait été portedrapeau<br />

de la RDC aux JO de Tokyo en 2021. PAR RUBEN DIAS<br />

C’<br />

<br />

1/16 e <br />

à Netshy Peticio, ndlr.)<br />

aux JO de Tokyo en<br />

2021, Marcelat Sakobi<br />

montera sur les rings français lors des<br />

Jeux de Paris 2024. Un très bel accomplissement<br />

pour la boxeuse congolaise.<br />

Elle qui sera peut-être l’une des belles<br />

histoires la prochaine grande compétition<br />

internationale et l’une des belles chances<br />

de médailles de son pays.<br />

Une compétition survolée<br />

Un ticket que la jeune Congolaise a dé-<br />

<br />

boxe de la zone <strong>Afrique</strong>. Marcelat Sakobi,<br />

est d’abord venue à bout de la Marocaine<br />

Laela El Ksiri en 8 e <br />

d’affronter la Botswanaise Sadie Kenosi<br />

Keamogetse. Face à sa « bête noire », qui<br />

l’avait battue en 2019 aux Jeux Africains<br />

de Rabat et en 2022 aux championnats<br />

d’<strong>Afrique</strong> de Maputo, la Congolaise prend<br />

<br />

la compétition.<br />

En face d’elle, on retrouve la redoutable<br />

Nigériane Ojo Nene Joy. Et dans cette de-<br />

<br />

taille : la gagnante du combat obtiendra le<br />

sésame pour les Jeux Olympiques qui se<br />

tiendront à Paris en 2024. Rien que ça.<br />

© Icon Sport<br />

Pendant l’affrontement Sakobi n’hésite<br />

pas à adopter un style dit “olympique”<br />

d’après les observateurs. Elle se positionne<br />

en garde basse tout en esquivant<br />

les attaques de la Nigériane. Les juges lui<br />

accordent le 1 er round. Malgré un avertissement<br />

qui lui fait perdre un point dans la 2 e<br />

manche, la Congolaise séduit les juges qui<br />

<br />

de 4:1. « <br />

<br />

»,<br />

lançait-elle après la compétition.<br />

« TOUT DÉPENDRA DE MA<br />

PRÉPARATION. SI JE SUIS BIEN<br />

ACCOMPAGNÉE, J’AURAI CETTE<br />

MÉDAILLE. »<br />

26 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


SPORT EN COMMUN<br />

en bref<br />

“<br />

© Icon Sport<br />

Un palmarès toujours plus<br />

étoffé<br />

Dans un affrontement palpitant face à<br />

la Tunisienne Khouloud Hlimi la jeune<br />

jugée<br />

le titre aux aux Championnats<br />

d’<strong>Afrique</strong> de boxe amateur à Yaoundé.<br />

Avec un palmarès toujours plus étoffé :<br />

médaille d’or dans la catégorie des moins<br />

de 60 kg aux championnats d’<strong>Afrique</strong><br />

de Brazzaville en 2017, une médaille<br />

d’argent (2022) et donc l’or en 2023 aux<br />

Championnats d’<strong>Afrique</strong> de boxe amateur,<br />

Sakobi se prépare au mieux pour les<br />

Jeux de 2024. Compétition ou la jeune<br />

femme veut briller.<br />

« <br />

-<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

», s’exclame la Congolaise.<br />

Diplômée en Droit, elle ne travaille pas au<br />

barreau pour « <br />

<br />

»,<br />

espère la jeune boxeuse dans des propos<br />

rapportés par Sport News Africa.<br />

« The Queen » a désormais rendez-vous<br />

<br />

talent émergent et répète qu’elle va<br />

« <br />

». WSA<br />

Sport en Commun est une<br />

plateforme numérique<br />

panafricaine pour une<br />

transformation par le sport<br />

menée à travers la connexion<br />

de porteurs de projets auprès<br />

de structures capables de<br />

financer leurs actions et de<br />

les accompagner dans leur<br />

réalisation.<br />

Atteindre les ODD grâce<br />

au sport<br />

Fédérateur et vecteur d’inclusion,<br />

le sport est cité dans l’Agenda<br />

2030 pour le développement<br />

durable : il contribue à la paix,<br />

à l’autonomisation des femmes<br />

et des jeunes ainsi qu’à l’atteinte<br />

des Objectifs de Développement<br />

Durable (ODD).<br />

Dans la continuité du discours<br />

prononcé par le Président Macron<br />

à Ouagadougou en 2017 mettant<br />

en avant le rôle du sport dans le<br />

développement économique et<br />

social et dans l’inclusion de la<br />

jeunesse en <strong>Afrique</strong>, la plateforme<br />

numérique Sport en Commun a<br />

été lancée à l’initiative de l’Agence<br />

française de développement.<br />

Sport en Commun fait également<br />

échos à la conférence de presse<br />

tenue à l’Elysée en Février 2018 par<br />

les Présidents Weah et Macron<br />

axée sur le lancement d’une<br />

plateforme dédiée à l’<strong>Afrique</strong>,<br />

d’incubations, de financements<br />

et de partenariats pour un sport<br />

inclusif.<br />

Connecter le monde<br />

du sport et celui<br />

du financement du<br />

développement<br />

Il est aujourd’hui difficile pour les<br />

porteurs de projets de trouver des<br />

structures d’accompagnement et<br />

de financement, et la complexité<br />

s’accroit quand les projets<br />

atteignent des tailles importantes.<br />

Plateforme panafricaine pilotée<br />

de Dakar, Sport en Commun<br />

a pour objectif de favoriser<br />

l’accompagnement et le<br />

financement de projets liés au<br />

développement par le sport en<br />

<strong>Afrique</strong>. En s’appuyant sur l’offre<br />

de solutions existantes complétées<br />

par une offre de services surmesure,<br />

la plateforme Sport en<br />

Commun se positionne en guichet<br />

unique à travers quatre principales<br />

missions :<br />

- Favoriser et accélérer le<br />

financement des projets de toute<br />

taille (micro, méso et macro)<br />

- Favoriser et accélérer<br />

l’accompagnement des projets sur<br />

toute leur durée de vie<br />

- Fluidifier les mises en relation et<br />

interactions entre acteurs<br />

- Assurer la promotion de la<br />

thématique et favoriser le partage<br />

et retour d’expériences<br />

Assurer des services<br />

au plus près<br />

des attentes des<br />

utilisateurs<br />

Les équipes de Sport en<br />

Commun se positionnent en<br />

véritable relais des différents<br />

acteurs de l’écosystème sport<br />

& développement, des porteurs<br />

de projets aux institutions de<br />

financement : gestion d’appel à<br />

projets, structuration de dossiers,<br />

qualification de projets, rédaction<br />

d’études ciblées, organisation de<br />

sessions de formation…<br />

A travers le déploiement d’un<br />

guichet unique de solutions<br />

sur-mesure, la plateforme est<br />

résolument orientée utilisateurs et<br />

s’adapte en continu aux différents<br />

besoins et attentes exprimés. <br />

https://sportencommun.org<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 27


CHAMPIONNES<br />

Bianca Buitendag,<br />

<br />

d’<strong>Afrique</strong> du Sud<br />

Elle a représenté son pays lors des Jeux olympiques de Tokyo<br />

– décrochant une superbe médaille d’argent - et en fera<br />

probablement de même cette année pour les JO de Paris 2024,<br />

lors de l’épreuve de surf organisée à Tahiti. Découvrons le<br />

parcours de Bianca Buitendag. PAR DAVID TOMASZEK<br />

Bianca Buitendag a grandi<br />

à Victoria Bay, une crique<br />

pittoresque cachée entre<br />

Jeffreys Bay et Cape Town,<br />

le long de la West Cape,<br />

abritant une droite ludique. Ses souvenirs<br />

les plus chers sont liés aux réveils matinaux<br />

pour explorer la côte avec son père<br />

et ses frères.<br />

D.R.<br />

Jusqu’à l’âge de 12 ans, elle ne parlait<br />

qu’afrikaans, mais ses parents l’ont ensuite<br />

inscrite dans une école anglaise.<br />

À 14 ans, elle parcourait la côte sud-africaine<br />

pour compétitionner. Sa grande<br />

taille lui conférait une vitesse et un angle<br />

vertical d’attaque qui la faisaient immédiatement<br />

remarquer. À 19 ans, deux victoires<br />

importantes au Pérou et aux Açores<br />

lui ont permis de terminer deuxième du<br />

<br />

sur le Championship Tour en 2013.<br />

Sa première saison sur le Tour s’est conclue<br />

avec une 8 e place mondiale, qu’elle a améliorée<br />

l’année suivante grâce à des deuxièmes<br />

places à Snapper et Honolua Bay.<br />

Son père, Colin, surfeur sud-africain renommé,<br />

l’accompagnait depuis le début. Cependant,<br />

en mars 2015, le décès de Colin<br />

a ébranlé le monde de Bianca. Malgré une<br />

douleur insupportable, le surf l’a lentement<br />

ramenée à la vie. Les compétitions étaient<br />

une distraction bienvenue, et sa famille de<br />

pairs sur le circuit la submergeait d’amour.<br />

Évoluant à un niveau supérieur, Bianca a<br />

connu une période exceptionnelle, terminant<br />

deuxième à Rio, Fiji et en Californie,<br />

et se classant quatrième mondiale. Malheureusement,<br />

cette dynamique n’a pas<br />

perduré en 2016. Bien qu’elle soit reve-<br />

<br />

début de saison l’ont fait chuter à la 12 e<br />

place, la privant du Tour.<br />

En 2017, en tant que remplaçante blessure,<br />

Bianca a obtenu quelques cinquièmes<br />

places, mais malgré son talent exceptionnel,<br />

elle n’a pas réussi à maintenir<br />

son statut de surfeuse à plein temps sur le<br />

Tour. En 2019, elle a cependant assuré sa<br />

<br />

du monde de surf ISA 2019. Suite à l’absence<br />

de Jordy Smith pour blessure, elle a<br />

représenté seule l’<strong>Afrique</strong> du Sud lors des<br />

Jeux olympiques de Tokyo. WSA<br />

D.R.<br />

28 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Médaillée surprise<br />

aux JO de Tokyo,<br />

Bianca Buitendag<br />

sera l’une des<br />

grandes chances<br />

de l’<strong>Afrique</strong> du Sud<br />

aux JO de Paris.<br />

© Icon Sport<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 29


CHAMPIONNES<br />

[ Focus sur… ]<br />

Le taekwondo,<br />

<br />

<br />

Le 19 août 2016 restera gravé comme un jour mémorable pour le sport ivoirien. En une<br />

journée, Ruth Gbagbi et Cheick Cissé ont écrit l’histoire en décrochant respectivement la<br />

première médaille féminine et la première médaille d’or pour la Côte d’Ivoire, lors des Jeux<br />

de Rio. Depuis, la Côte d’Ivoire est l’un des pays-phares du taekwondo. PAR DAVID TOMASZEK<br />

Cette réussite de 2016<br />

a suscité une immense<br />

joie parmi les Ivoiriens,<br />

qui ont célébré ces victoires<br />

tant attendues. La<br />

dernière fois qu’un athlète ivoirien avait<br />

grimpé sur le podium des Jeux olympiques<br />

remontait à 1984, avec la médaille<br />

d’argent de Gabriel Tiacoh dans le<br />

400 m à Los Angeles. Désormais, la Côte<br />

d’Ivoire peut se vanter de posséder des<br />

médailles olympiques dans chacune des<br />

trois catégories : or, argent et bronze.<br />

Ruth Gbagbi a ouvert le bal en remportant<br />

la médaille de bronze dans la catégorie<br />

des moins de 67 kg, marquant<br />

ainsi un jalon historique en tant que première<br />

femme à décrocher une médaille<br />

pour la Côte d’Ivoire. Cheick Cissé a<br />

ensuite ajouté à cette euphorie en devenant<br />

le premier champion olympique du<br />

pays, remportant l’or dans la catégorie<br />

pitante<br />

remportée à la dernière seconde<br />

contre le Britannique Lutalo Muhammad.<br />

Ces succès ont été le résultat du travail<br />

acharné et de la détermination des<br />

athlètes, ainsi que de la contribution de<br />

Marlène Harnois, médaillée de bronze<br />

en taekwondo aux Jeux de Londres en<br />

2012, qui a joué un rôle essentiel dans le<br />

développement de la discipline en Côte<br />

d’Ivoire.<br />

<br />

parts, des supporteurs dans les gradins<br />

© Icon Sport<br />

aux personnalités politiques et sportives<br />

trées<br />

par les téléspectateurs locaux<br />

pour suivre en direct cette journée historique<br />

en raison de problèmes de droits<br />

de diffusion, l’exploit de Ruth Gbagbi<br />

et Cheick Cissé restera à jamais gravé<br />

dans les annales du sport ivoirien.<br />

Deuxième sport derrière<br />

le football<br />

Ces exploits ont suscité des vocations<br />

en Côte d’Ivoire. Ruth Gbagbi, double<br />

médaillée olympique (elle a de nouveau<br />

glané le bronze à Tokyo) et double<br />

championne du monde, a débuté son<br />

« DÉSORMAIS, LA CÔTE D’IVOIRE PEUT SE<br />

VANTER DE POSSÉDER DES MÉDAILLES<br />

OLYMPIQUES DANS CHACUNE DES TROIS<br />

CATÉGORIES : OR, ARGENT ET BRONZE. »<br />

30 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


parcours sous le préau de son école<br />

primaire, à Abidjan. Yasmine Volilou, responsable<br />

des combats des plus jeunes,<br />

<br />

inspire beaucoup de jeunes femmes. [...]<br />

Les femmes sont vraiment émerveillées<br />

et elles ont envie aussi d’essayer, de se<br />

lancer. »<br />

D.R.<br />

2016, Ruth Gbagbi<br />

entre dans<br />

l’histoire, et fait<br />

entrer le taekwondo<br />

ivoirien avec !<br />

D.R.<br />

Georges Mezi, le premier entraîneur de<br />

la championne, surveille toujours les 250<br />

membres du club. Ce nombre a considérablement<br />

augmenté depuis les médailles<br />

de bronze de Gbagbi en 2016 à Rio et en<br />

2021 à Tokyo. Mezi attribue cette expansion<br />

aux performances des olympiens<br />

ivoiriens, notamment Cissé Cheick Sallah<br />

et Ruth Gbagbi, ainsi qu’à d’autres champions<br />

renommés du pays qui ont contribué<br />

à l’essor du taekwondo en Côte d’Ivoire.<br />

Le taekwondo a été introduit en Côte<br />

d’Ivoire en 1968 par le grand maître<br />

sud-coréen Kim Young Tae. Actuellement,<br />

le pays compte plus de 200 clubs répartis<br />

sur l’ensemble du territoire. À un an des<br />

Jeux de Paris 2024, l’engouement pour le<br />

taekwondo reste fort, porté par l’héritage<br />

sportif et les succès continus de ses athlètes<br />

émérites.<br />

En Côte d’Ivoire, le nombre de licenciés<br />

ne cesse de grandir : de 16 000 à plus de<br />

46 000 en une dizaine d’années, faisant<br />

de l’art martial le deuxième sport du pays<br />

après le football. Les succès de Ruth Gbagbi,<br />

ainsi que ceux de Cheick Cissé, champion<br />

olympique en 2016 à Rio, y sont pour<br />

beaucoup.<br />

En 2023, Ruth Gbagbi a été désignée présidente<br />

des athlètes au sein de l’Union Africaine<br />

de Taekwondo. WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 31


CHAMPIONNES<br />

[ Portrait ]<br />

Janine Van Wyk,<br />

<br />

du Sud, tous sexes confondus<br />

C’est non sans émotion que les fans de football ont appris que la légende Janine Van Wyk<br />

tirait sa révérence. Une page du ballon rond féminin mondial se tourne, et emporte avec elle<br />

de nombreux records et des foulées inoubliables sur les pelouses. PAR VANESSA MAUREL<br />

<br />

», a-t-elle écrit sur les<br />

réseaux sociaux comme dernier au revoir<br />

au monde du ballon rond. En lisant<br />

ces quelques lignes, comment ne pas<br />

repenser à tout ce que Janine Van Wyk<br />

a apporté au football féminin ? Laissez-nous<br />

vous rappeler quelques-uns de<br />

ses exploits.<br />

permet à son équipe, grâce à un but sur<br />

coup franc, d’enregistrer sa première<br />

victoire contre le Nigéria, depuis la<br />

formation de la sélection nationale en<br />

1993. Elle permet aussi à son équipe<br />

de participer aux Jeux Olympiques d’été<br />

de 2012, et, plus récemment, de remporter<br />

la Coupe d’<strong>Afrique</strong> des nations<br />

2022.<br />

Pluie de records<br />

Janine Van Wyk, c’est un nom, une prestance,<br />

des records, et surtout une légende<br />

du football. « <br />

-<br />

-<br />

<br />

-<br />

»,<br />

disait d’ailleurs Desire Ellis, la sélectionneuse<br />

de l’<strong>Afrique</strong> du Sud.<br />

Mais, à la surprise de tous, et à 36 ans,<br />

la footballeuse a décidé, en octobre<br />

Cette<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

Icon Sport<br />

La footballeuse internationale sud-africaine,<br />

parfaitement à l’aise dans la<br />

zone défensive du terrain, a commencé<br />

à fouler la pelouse à l’âge de 6 ans. Et<br />

depuis, elle a enchaîné les records. Celui<br />

qu’on retiendra le plus, c’est forcément<br />

celui-là : Janine Van Wyk, qui compte aujourd’hui<br />

183 sélections, est devenue en<br />

2016 la joueuse la plus capée d’<strong>Afrique</strong><br />

du Sud, tous sexes confondus. Rien que<br />

ça, me diriez-vous.<br />

Notamment passée par le Moroka Swallows<br />

FC, le Palace Super Falcons, le<br />

Houston Dash aux États-Unis ou encore<br />

le Glasgow City en Écosse, c’est en sélection<br />

nationale qu’elle performe le plus.<br />

Dès sa première titularisation en 2005<br />

en Coupe d’<strong>Afrique</strong> des nations, elle<br />

Lancement de son propre<br />

club<br />

En 2012, Janine Van Wyk va encore<br />

plus loin dans son rêve de football, en<br />

lançant son propre club. Elle ouvre ainsi<br />

le Janine Van Wyk FC, plus couramment<br />

appelé JVW FC. Un succès, puisqu’en<br />

2015, l’équipe s’inscrit en Women’s<br />

nale<br />

du Championnat sud-africain, où il<br />

s’incline face à Bloemfontein Celtic.<br />

Mais ce n’est pas tout. Le JVW FC, qui<br />

enregistrera notamment la signature<br />

de la grande athlète Master Semenya,<br />

devient en 2019 la première équipe promue<br />

en SAFA Women’s League, un an<br />

après sa création.<br />

« THE GUARDIAN ÉVOQUE “ L’UNE<br />

DES SEULES FOOTBALLEUSES<br />

OUVERTEMENT HOMOSEXUELLES<br />

D’AFRIQUE ”. »<br />

32 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Janine Van Wyk<br />

représente l’audace<br />

à l’état pur, ce<br />

qui lui a permis<br />

d’atteindre le<br />

rang respecté de<br />

légende du football<br />

africain.<br />

Icon Sport<br />

Ouvertement engagée en<br />

faveur des droits des personnes<br />

de la communauté LGBT<br />

Comme son homologue américaine Megan<br />

Rapinoe, la footballeuse sud-africaine<br />

Janine van Wyk, la plus capée de<br />

l’équipe nationale, est également ouvertement<br />

engagée en faveur des droits des<br />

personnes de la communauté LGBT.<br />

Un article de The Guardian évoque<br />

« -<br />

». « <br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

», a-t-elle déclaré dans des<br />

propos rapportés dans colonnes du média<br />

britannique. « <br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

» Un engagement fort de<br />

sens.<br />

Nous conclurons cet hommage par les<br />

mots de celle qui est et restera une légende<br />

du sport dans son pays et sur la<br />

planète, Janine. « -<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

» WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 33


CHAMPIONNES<br />

[ Portrait ]<br />

Ndèye Binta<br />

Diongue :<br />

<br />

<br />

sont nombreux »<br />

Ndèye Binta Diongue, escrimeuse sénégalaise, est une passionnée dans l’âme. Depuis son<br />

plus jeune âge, elle manie l’épée d’une main de maître. À 35 ans, et après avoir participé<br />

aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, l’éducatrice sportive et Maître d’Armes a encore<br />

des rêves plein la tête, dont Paris 2024. Et pour cela, elle est prête à de nombreux sacrifices.<br />

Entretien. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL<br />

WOMEN SPORTS : COMMENT AVEZ-<br />

VOUS DÉCOUVERT L’ESCRIME ?<br />

NDÈYE BINTA DIONGUE : Un collègue<br />

de mon père, Maître Sidy Gallo Diop, qui<br />

travaille dans l’administration pénitentiaire,<br />

faisait partie de la première promotion<br />

de Maîtres d’armes au Sénégal. C’est<br />

lui qui m’a initiée à l’escrime. C’était pour<br />

moi une découverte et un passe-temps<br />

les mercredis et samedis soirs, quand il<br />

n’y avait pas d’école. Nous étions un bon<br />

groupe de jeunes, tous voisins, et il y avait<br />

une très bonne ambiance, surtout lors<br />

des déplacements pour les compétitions<br />

des Championnats du Sénégal. C’est làbas<br />

que j’ai rencontré les premiers escrimeurs<br />

sénégalais qui m’ont fait aimer<br />

<br />

aimé et ma passion a pris le dessus, ce<br />

« JE SUIS LA DERNIÈRE DE TOUTE UNE<br />

GÉNÉRATION D’ESCRIMEURS À AVOIR<br />

CONTINUÉ ET ATTEINT LE HAUT NIVEAU<br />

EN TANT QU’ATHLÈTE. »<br />

D.R.<br />

qui m’a fait rester. Cela fait maintenant<br />

plus de 21 ans. J’ai eu la chance de pouvoir<br />

continuer, ce qui n’est pas évident,<br />

et je remercie mon entêtement et ma<br />

persévérance, car les autres ont tous décroché.<br />

Je suis la dernière de toute une<br />

génération d’escrimeurs à avoir continué<br />

et atteint le haut niveau en tant qu’ath-<br />

<br />

tenu bon, malgré le fait que l’escrime ne<br />

soit toujours pas développée ni connue<br />

au Sénégal, et que les moyens d’accompagnement<br />

ne suivent pas, car l’escrime<br />

coûte très cher et ce n’est pas évident<br />

voire impossible de réussir sans l’aide<br />

nécessaire.<br />

QUAND EST-CE QUE VOTRE<br />

PRATIQUE A PRIS UN TOURNANT<br />

ET QUE VOUS AVEZENVISAGÉ<br />

DE DEVENIR ATHLÈTE DE HAUT<br />

NIVEAU ?<br />

<br />

à ma carrière en 2012, après les quali-<br />

<br />

nale.<br />

À force d’entendre les gens me dire<br />

que j’étais vieille, que je ne gagnais pas,<br />

que je ne progressais pas, ou<br />

34 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Pour réaliser ses<br />

rêves, Ndèye a du<br />

quitter son pays,<br />

le Sénégal, avec<br />

les moyens de sa<br />

famille.<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 35


CHAMPIONNES<br />

qu’il fallait faire de la place aux<br />

<br />

moi. J’ai cru ce que les autres disaient,<br />

que j’étais nulle et que je n’avais pas<br />

ma place dans l’escrime. J’avais plein<br />

d’ambitions et une vision, mais entre<br />

découragement et désillusion, personne<br />

ne m’encourageait à persévérer ou ne<br />

cherchait de solutions pour atteindre le<br />

haut niveau. Personne ne croyait en moi<br />

et ne voulait investir dans mon projet.<br />

<br />

d’intégrer l’école des Maîtres d’armes<br />

pour me reconvertir à 26 ans, pas par<br />

choix mais simplement parce que je<br />

devais faire quelque chose, car j’avais<br />

négligé et arrêté mes études. J’ai suivi<br />

cette voie, mais j’ai beaucoup appris à<br />

l’école des Maîtres d’armes et j’en suis<br />

sortie avec mon diplôme en main. J’ai<br />

commencé à enseigner dans les écoles<br />

et les clubs à Dakar. Mais il y avait un<br />

«mais», et c’est là que j’ai eu un déclic.<br />

Pendant ma formation, j’ai repris goût<br />

à l’escrime, car pendant cette année,<br />

mon rêve renaissait peu à peu et j’ai<br />

décidé de reprendre la compétition et<br />

de me préparer pour les Jeux de Rio.<br />

Mais pour faire cela, il était impossible<br />

« QUAND ON A UN RÊVE, IL FAUT SE LEVER<br />

TOUS LES MATINS, PERSÉVÉRER, ET<br />

L’ATTEINDRE, SANS ÉCOUTER CEUX QUI<br />

DISENT QUE CE N’EST PAS POSSIBLE. »<br />

de rester au Sénégal, car il n’y avait pas<br />

les ressources nécessaires pour réaliser<br />

et atteindre le haut niveau. Je n’avais<br />

toujours pas reçu l’aide nécessaire pour<br />

mes projets. Je me suis dit que, lorsqu’on<br />

veut quelque chose et qu’on a un<br />

rêve, il faut se donner les moyens de les<br />

réaliser. Je ne pouvais pas abandonner<br />

sans essayer une dernière fois. J’ai utili-<br />

<br />

l’aide de ma famille, et je suis partie à<br />

l’aventure.<br />

Tout a vraiment changé lorsque le<br />

Maître Daniel Levavasseur a cru en moi<br />

après 3 mois de stage chez lui au sein<br />

de sa team. Il m’avait demandé de revenir<br />

quand je le voulais. J’ai eu la chance<br />

qu’il accepte de m’entraîner à partir<br />

<br />

devenir olympienne. J’étais venue avec<br />

mon projet olympique pour Rio 2016,<br />

mais il m’a fait clairement savoir que<br />

les Jeux ne se préparaient pas en un an.<br />

Il m’a dit qu’il me restait beaucoup de<br />

travail et que pour Rio, je venais un peu<br />

trop tard, mais il me préparait pour que<br />

nous puissions aller à Tokyo 2020. Pour<br />

Tokyo, il était sûr que je serais prête. J’ai<br />

tellement travaillé, souffert, et fait des<br />

<br />

le remercierai jamais assez, car nous<br />

y sommes parvenus. Il s’est tellement<br />

investi dans tous les aspects que si je<br />

continue aujourd’hui, c’est en partie<br />

grâce à lui et à toute l’équipe. Quand<br />

on a un rêve, il faut se lever tous les<br />

matins, persévérer, et l’atteindre, sans<br />

écouter ceux qui disent que ce n’est pas<br />

possible.<br />

Point de vue<br />

« L’escrime contribue au développement personnel<br />

en permettant de s’affirmer, d’améliorer sa gestuelle<br />

et de s’organiser dans le temps et l’espace »<br />

« L’escrime m’a permis de gagner en<br />

confiance, j’apprends à m’adapter à<br />

toutes sortes de situations et à acquérir<br />

la maîtrise, le courage et la patience<br />

dans l’effort. Cela me rend fière de représenter<br />

mon pays. L’escrime est un<br />

sport physique, intelligent et passionnant.<br />

Il s’agit d’un sport de combat où<br />

l’objectif est de toucher son adversaire<br />

tout en évitant d’être touché soi-même,<br />

ce qui demande un esprit de guerrier.<br />

Toutefois, la force physique ne prévaut<br />

pas dans ce combat. Un bon escrimeur<br />

doit savoir observer, analyser et anticiper,<br />

il doit être stratège. L’escrime développe<br />

la motricité et l’orientation dans<br />

l’espace. On gagne en coordination et<br />

en précision des gestes grâce à ce sport.<br />

L’escrime est également un sport tactique.<br />

On travaille sur la vitesse, les<br />

temps de réaction et d’exécution. Il y a<br />

des moments pour attaquer et se défendre,<br />

ce qui demande une grande<br />

capacité tactique. L’escrime apprend à<br />

réfléchir.<br />

Enfin, l’escrime favorise la maîtrise de<br />

soi. Pendant un combat, il faut être rapide<br />

dans l’exécution, comme un félin<br />

qui se rapproche doucement de sa proie<br />

et l’attaque au dernier moment. De plus,<br />

il y a un arbitre qui évalue le match, et<br />

l’escrimeur doit apprendre à accepter<br />

ses erreurs, ne pas se décourager et<br />

continuer quoi qu’il arrive.<br />

En résumé, l’escrime est un sport complet<br />

qui développe à la fois des qualités<br />

physiques et mentales. Sur le plan physique,<br />

il nécessite explosivité et endurance.<br />

Sur le plan mental, il demande<br />

de la persévérance, de la stratégie, de<br />

la patience et du courage. L’escrime<br />

contribue également au développement<br />

personnel en permettant de s’affirmer,<br />

d’améliorer sa gestuelle et de s’organiser<br />

dans le temps et l’espace. » <br />

36 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


QUELS SONT VOS OBJECTIFS ?<br />

LES JEUX DE PARIS 2024 ?<br />

COMMENT VOUS Y PRÉPAREZ-<br />

VOUS ?<br />

Mon objectif est de décrocher un ticket<br />

pour les Jeux de Paris 2024. Ces Jeux<br />

à Paris sont très importants pour moi,<br />

car ils représentent une étape mémorable<br />

dans ma carrière. Cependant, la<br />

préparation olympique est complexe<br />

-<br />

<br />

en découlent, en plus de mes charges<br />

personnelles. Par conséquent, je jongle<br />

entre mon emploi et l’entraînement en<br />

sautant parfois des séances et en les<br />

rattrapant le soir après le travail, ce qui<br />

est épuisant. Heureusement, j’ai des<br />

personnes sur qui je peux compter en<br />

neur<br />

et son équipe, ma famille, mes<br />

amis et tous les encouragements quotidiens<br />

qui me permettent de poursuivre<br />

mon objectif ultime : participer à mes<br />

deuxièmes Jeux olympiques.<br />

COMMENT SONT ORGANISÉS VOS<br />

ENTRAÎNEMENTS ?<br />

D.R.<br />

J’ai une double vie. Malgré la fatigue<br />

et les longues journées que j’ai parfois,<br />

durant lesquelles je suis active de<br />

8h30 à 22h, je garde toujours mon objectif<br />

en tête. Mes entraînements sont<br />

maintenant malheureusement répartis<br />

dans la semaine en fonction de mon<br />

travail, car je suis obligée de travailler<br />

et je n’ai pas le choix. J’ai 20 heures<br />

d’entraînement obligatoires en salle<br />

chaque semaine, comprenant des leçons<br />

techniques et tactiques. En plus<br />

de cela, il y a des séances de préparation<br />

physique, de préparation mentale<br />

et de récupération avec un kinésithérapeute<br />

qui me permettent de tenir le<br />

rythme. Soit je m’entraîne le matin et je<br />

travaille l’après-midi, soit je travaille le<br />

matin et fais ma préparation physique<br />

pendant la pause du midi , puis j’ai souvent<br />

aussi des entraînements de 20h à<br />

22h, du non stop. Concilier les entraînements,<br />

les compétitions et le travail est<br />

un véritable parcours du combattant.<br />

Avec un emploi du temps aussi chargé,<br />

je n’ai pas beaucoup de temps pour<br />

<br />

demandés pour atteindre mes objectifs<br />

olympiques sont nombreux. WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 37


CHAMPIONNES<br />

© Maria Korikova/ Shutterstock<br />

La<br />

routine<br />

sport<br />

de Ndèye Binta Diongue<br />

1<br />

LES SQUATS<br />

Cet exercice est idéal pour travailler vos quadriceps et vos fessiers, en plus de renforcer la<br />

sangle abdominale et vos lombaires.<br />

Pour commencer, tenez vous debout. Les bras le long du corps, et les jambes écartées à<br />

largeur d’épaules. Fléchissez vos jambes comme pour s’asseoir. Poussez votre bassin vers<br />

l’arrière et continuez à descendre jusqu’à ce que vos cuisses soient parallèles au sol. Enfin<br />

relevez-vous en poussant sur vos talons et revenez à la position de départ.<br />

2<br />

LE GAINAGE SUPERMAN<br />

Cet exercice, est très utile pour renforcer les<br />

lombaires et le dos. Pour cet exercice, rien de<br />

plus simple : couchez-vous à plat ventre, bras<br />

et jambes tendus comme si vous voliez dans<br />

les airs. Décollez ensuite votre torse du sol tout<br />

en levant vos jambes. Contractez vos fessiers<br />

et redescendez lentement. N’oubliez pas de<br />

respirer calmement et profondément pendant<br />

tout l’exercice !<br />

3<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

4<br />

D.R.<br />

LES FENTES AVANT<br />

Les fentes avant sont, à l’image des squats,<br />

un excellent exercice pour muscler les cuisses<br />

et les fessiers. Mettez-vous debout, jambes<br />

écartées, dos droit et les mains sur la taille.<br />

Faites un grand pas en avant puis une flexion<br />

de jambe pour obtenir un angle de 90° au<br />

niveau du genou. Puis, jambe parallèle au sol,<br />

poussez dessus afin de revenir à la position de<br />

départ. Répétez l’exercice sur l’autre jambe et<br />

ainsi de suite !<br />

LA CORDE À<br />

SAUTER<br />

Le saut à la corde est un<br />

exercice de fitness complet<br />

puisqu’il engage l’ensemble des<br />

muscles de votre corps.<br />

Haut du corps : bras, épaules<br />

pectoraux.<br />

Bas du corps : mollets muscles<br />

des cuisses s’affinent,<br />

Sangle abdominale,<br />

abdominaux et resserre votre<br />

taille.<br />

38 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


5<br />

6<br />

LES POMPES<br />

Le mouvement au poids de corps le plus<br />

populaire au monde.<br />

Efficace, ce mouvement en force travaille la<br />

poitrine, le tronc, les triceps et les épaules.<br />

D.R. © D.R.<br />

D.R.<br />

Lucie Werner<br />

7<br />

8<br />

L’ESSUIE-GLACE<br />

L’essuie-glace est un exercice technique<br />

d’abdominaux au sol qui cible particulièrement<br />

les obliques (internes et externes).<br />

Technique :<br />

Allongé sur le dos avec les bras écartés de<br />

chaque côté au niveau des épaules, paumes<br />

de main tournées vers le sol (votre corps forme<br />

un « T ») : levez les jambes tendues à 90°, les<br />

pieds vers les épaules (votre corps forme un<br />

« L ») Contractez les abdominaux et gardez le<br />

bas du dos plaqué au sol. Poussez au sol à<br />

travers vos mains pour garder vos épaules et<br />

le haut du dos en contact avec le sol. Tournez<br />

les jambes lentement d’un côté sans toucher<br />

le sol avec les pieds (contrôle du mouvement).<br />

Limitez la rotation du mouvement pour éviter<br />

de décoller l’épaule opposée du sol.<br />

Revenez en position initiale avant de tourner de<br />

l’autre côté latéral. Répétez<br />

La prière lombaire. Placez vos fesses sur les<br />

talons enroulez doucement le bas du dos. Une<br />

fois en position, allongez les bras en soufflant<br />

lentement et longtemps. Profitez-en pour<br />

ressentir l’étirement dans la colonne lombaire<br />

et les muscles « spinaux » situés de part et<br />

d’autre.<br />

KETTLEBELL - KB<br />

SWING TWO HANDS<br />

Le kettlebell swing sollicite de<br />

nombreux groupes musculaires<br />

et est exigeant du point de vue<br />

cardiovasculaire.<br />

Les principaux muscles ciblés<br />

sont les cuisses, les fessiers, les<br />

épaules (assistées des trapèzes)<br />

et le dos avec une priorité sur la<br />

zone lombaire. En fonction du<br />

poids et de la durée de l’exercice,<br />

le système cardio-respiratoire est<br />

plus ou moins sollicité.<br />

Technique :<br />

En position debout, le Kettlebell<br />

est saisi des deux mains.<br />

L’exercice consiste à effectuer<br />

un mouvement de balancier des<br />

bras dont la hauteur maximum<br />

se situe au niveau des épaules<br />

et se termine entre les jambes<br />

légèrement en retrait du bassin.<br />

Le dos est plat, les pieds<br />

sont écartés et positionnés à<br />

l’extérieur des hanches, la tête<br />

reste droite dans l’axe du buste.<br />

Lors de la descente, les jambes<br />

se fléchissent légèrement afin<br />

d’amortir et de relancer le<br />

Kettlebell.<br />

LE GAINAGE<br />

Le gainage de la zone lombaire est essentiel. Ne jamais arrondir le dos et toujours maintenir<br />

la tête dans son prolongement.<br />

En position haute, assurez-vous que le corps est droit.<br />

Bras écartés à la largeur des épaules et coudes rentrés.<br />

Rapprochez-vous le plus possible du sol au ralenti avant de repousser vers la position de<br />

départ.<br />

Types de planche :<br />

La forme la plus commune de planche est celle où le sportif se tient dans une position<br />

de pompe, avec le poids du corps porté sur les avant-bras, les coudes et les orteils. De<br />

nombreuses variantes existent, telles que la planche latérale et la planche inversée.<br />

Effet La planche renforce les abdominaux, le dos et les épaules.<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 39


CHAMPIONNES<br />

La routine sport de Ndèye Bineta Diongue<br />

9<br />

D.R.<br />

HIP THRUST UNILATÉRAL,<br />

AVEC UNE JAMBE EN L’AIR<br />

Exécution :<br />

Placez vous en position de départ selon la<br />

variante choisie : au sol, avec ou sans charge,<br />

pieds sur un step ou pas…<br />

Levez une jambe en l’air tendue en gardant le<br />

talon de la jambe d’appui.<br />

Réalisez le mouvement du hip thrust<br />

classique en conservant vos hanches face au<br />

plafond pendant tout le mouvement.<br />

10<br />

11<br />

D.R.<br />

LES RELEVÉS DE BUSTE<br />

POUR MUSCLER SON VENTRE<br />

Cet exercice d’abdo permet de renforcer le grand<br />

droit, muscle superficiel de l’abdomen, que l’on<br />

voit apparaître tel une « tablette de chocolat »<br />

chez les femmes sportives très affûtées.<br />

Consigne d’exécution des relevés de<br />

buste :<br />

Allongée sur le dos, jambes fléchies, tendez vos<br />

bras et posez vos mains sur vos cuisses, puis<br />

contractez vos abdominaux afin de décoller<br />

vos épaules. Faites glissez vos mains jusqu’aux<br />

genoux, puis redescendez doucement. Gardez<br />

la tête droite, regard vers le haut, en évitant de<br />

contracter le cou.<br />

Respiration : soufflez en montant.<br />

Réalisez cet exercice d’abdos doucement, sans<br />

à-coup. Vous devez sentir chaque vertèbre se<br />

décoller du sol.<br />

L’ÉCHELLE<br />

L’échelle d’agilité est idéale<br />

pour compléter vos séances<br />

de préparation physique.<br />

Cette dernière vous permet de<br />

travailler vos appuis, et, in fine,<br />

d’améliorer votre vitesse, votre<br />

explosivité et votre coordination !<br />

L’échelle de rythme, également<br />

appelée échelle d’agilité ou<br />

de vitesse, est un accessoire<br />

simple et très pratique pour<br />

l’entraînement physique . Elle<br />

permet de réaliser plein de<br />

petits exercices pour travailler<br />

la vitesse, l’explosivité, la<br />

coordination, le jeu de jambes.<br />

D.R.<br />

12<br />

LE PONT<br />

Quels sont les bienfaits du pont ?<br />

Le pont est un exercice impliquant le bas du corps qui cible principalement les muscles de<br />

l’articulation de la hanche. Ce mouvement est très fonctionnel et développe la force des<br />

membres inférieurs et la stabilité du tronc en plus de contribuer à améliorer la coordination<br />

respiratoire.<br />

Quels muscles travaillent le pont ?<br />

Le pont est un exercice impliquant le bas du corps, qui cible principalement les muscles de<br />

l’articulation de la hanche, l’arrière de la jambe, les fessiers, les mollets et les abdominaux. .<br />

Ce mouvement est très fonctionnel et développe la force des membres inférieurs et la stabilité<br />

du tronc en plus de contribuer à améliorer la coordination respiratoire.<br />

D.R.<br />

40 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


PRÉSENTÉ PAR<br />

ANNIE GASNIER<br />

CHAQUE VENDREDI<br />

SUR RFI À 16H10 TU<br />

SUR FRANCE 24 À 21H10 TU


CHAMPIONNES<br />

[ Portrait ]<br />

Kaylia Nemour<br />

<br />

<br />

<br />

Kaylia Nemour, gymnaste algérienne de 16 ans, a créé l’événement lors des Championnats<br />

du monde de gymnastique en Belgique, en décrochant la médaille d’argent aux barres<br />

asymétriques. Une performance historique qui la place en tête des gymnastes africaines,<br />

notamment pour les Jeux de Paris en 2024.<br />

PAR RUBEN DIAS<br />

et automne à Anvers,<br />

CKaylia Nemour a fait le<br />

show. La prodige de 16 ans,<br />

s’est hissée à la deuxième<br />

place du Championnat du<br />

monde de gymnastique avec un fabuleux<br />

score de 15.033 points. Juste derrière la<br />

Chinoise Qiu Qiyuan avec 15.100 points,<br />

et devant l’Américaine Shilese Jones et ses<br />

14.766 points. Mais cette performance aurait<br />

bien pu être française. « -<br />

<br />

<br />

<br />

», avait regretté auprès de l’AFP,<br />

James Blateau, le président de la Fédération<br />

française de gymnastique (FFG) avant<br />

la compétition.<br />

« Une volonté de nuire »<br />

Formée en France, elle a représenté<br />

l’équipe tricolore jusqu’en 2022. Cependant,<br />

alors qu’elle n’avait que 14 ans, la<br />

jeune Algérienne subit une opération des<br />

deux genoux avant une longue phase de<br />

rééducation. C’est à ce moment que les<br />

problèmes ont commencé. Si le médecin<br />

de son club (Avoine, en Indre-et-Loire) lui<br />

avait autorisé à reprendre la compétition<br />

après plusieurs mois, celui de la fédération<br />

s’y est opposé. Kaylia Nemour et son entourage,<br />

en colère, ont décidé de claquer<br />

la porte pour rejoindre l’équipe nationale<br />

d’Algérie, le pays de son père. La FFGym<br />

voulait à cette époque que Kaylia Nemour<br />

rejoigne l’INSEP, à Paris. « <br />

-<br />

», expliquait la mère de la jeune<br />

femme et présidente du club d’Avoine.<br />

Résultat, Kaylia Nemour a donc tourné le<br />

dos à la FFGym pour rejoindre l’Algérie.<br />

Mais cela ne s’arrête pas là. La Fédération<br />

française a en effet longtemps bloqué le<br />

changement de nationalité sportive de la<br />

gymnaste. Ses proches dénonçaient une<br />

« ». Le président James<br />

Blateau s’est défendu ainsi : «<br />

-<br />

<br />

<br />

». Heureusement,<br />

et grâce à l’intervention de la ministre<br />

des Sports dans ce dossier, Kaylia a<br />

pu participer, et briller, aux Championnats<br />

d’<strong>Afrique</strong> et aux Mondiaux.<br />

Performance historique<br />

« <br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

», s’est exclamée Kaylia Nemour<br />

à RFI après les Championnats du monde.<br />

Volant dans l’espace avec une grande précision<br />

et une étonnante facilité, la jeune<br />

<br />

asymétriques pour décrocher l’argent. Entrant<br />

ainsi dans l’histoire du sport africain.<br />

Cap sur les Jeux Olympiques<br />

2024<br />

LA FFGYM A LONGTEMPS BLOQUÉ<br />

LE CHANGEMENT DE NATIONALITÉ<br />

SPORTIVE DE LA GYMNASTE QUI A<br />

« TOUJOURS VÉCU EN FRANCE »<br />

Déterminée et passionnée, celle qui a<br />

commencé la gym à 4 ans, a un objectif<br />

dans le viseur : les Jeux Olympiques de Paris<br />

en 2024. « <br />

-<br />

», lance la<br />

jeune championne. Son billet pour les JO<br />

est lui déjà validé avec ses performances<br />

aux Mondiaux 2023. WSA<br />

42 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Au milieu des<br />

polémiques et<br />

désaccords, on<br />

retient surtout un<br />

ticket pour les Jeux<br />

Olympiques 2024<br />

pour Kaylia<br />

Nemour !<br />

© Icon Sport<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 43


ENQUÊTE<br />

FOCUS<br />

Pas assez femmes<br />

aux yeux des instances<br />

sportives !<br />

Les combats de Christine Mboma<br />

et Barbra Banda face à la testostérone<br />

Les nouvelles règles des fédérations internationales sur<br />

les niveaux de testostérone continuent de susciter des<br />

controverses dans le sport féminin. Aujourd’hui, focus<br />

sur deux athlètes, Christine Mboma et Barbra Banda,<br />

qui se retrouvent au centre de la discussion. Entre<br />

maladie, différences de développement sexuel (DSD) ou<br />

hyperandrogénie, problèmes financiers et avenir incertain…<br />

Focus sur deux cas qui soulignent les difficultés auxquelles<br />

certaines femmes sont confrontées. PAR RUBEN DIAS<br />

L<br />

e sport, un monde d’inclusion<br />

? Ou pas. Christine<br />

Mboma, vice-championne<br />

olympique du 200 mètres,<br />

est actuellement confrontée<br />

à un dilemme bien complexe. Celui de<br />

l’équilibre hormonal. À seulement 20 ans,<br />

cette athlète namibienne, dotée d’une<br />

exceptionnelle puissance athlétique, doit<br />

maintenant suivre un traitement hormonal<br />

pour réduire son niveau naturel de<br />

testostérone. Son corps produit naturellement<br />

cette hormone en grande quantité,<br />

un peu comme une certaine Caster<br />

Semenya, d’ailleurs. Mais désormais les<br />

nouvelles règles de World Athletics lui empêchent<br />

certaines courses.<br />

Un point sur le règlement<br />

D.R.<br />

Les restrictions imposées par l’instance<br />

exigent que le niveau de testostérone des<br />

athlètes féminines reste en dessous de 2,5<br />

nanomoles par litre de sang. Mboma, aux<br />

prises avec un développement sexuel différent<br />

(DSD) ou hyperandrogénie, cherche à<br />

s’adapter à ces règles en suivant des traitements<br />

aux œstrogènes. Cette décision<br />

<br />

peuvent entraîner des effets secondaires<br />

indésirables. On y reviendra.<br />

44 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Les règles de World<br />

Athletics ont changé<br />

en matière de taux<br />

de testostérone,<br />

et compliquent<br />

la vie sportive de<br />

certaines athlètes.<br />

© Krakenimages.com/ Shutterstock<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 45


ENQUÊTE<br />

D’ailleurs, le règlement de World<br />

Athletics exige une période de maintien<br />

des nouveaux niveaux hormonaux pendant<br />

au moins six mois avant de pouvoir,<br />

par exemple pour Mboma, concourir à<br />

nouveau sur 200 mètres.<br />

Prédestinée au 400 et 800 m<br />

Spécialisée dans les courses de 400 et<br />

800 mètres, Mboma a été confrontée à<br />

tués<br />

par World Athletics lors de son camp<br />

d’entraînement en Italie. Les résultats<br />

ont empêché Mboma et sa compatriote<br />

Beatrice Masilingi de participer aux<br />

distances pour lesquelles elles étaient<br />

spécialistes lors des Jeux Olympiques<br />

de Tokyo. Contrainte de s’orienter vers<br />

le 200 mètres, Mboma a tout de même<br />

remporté la médaille d’argent. Un bel<br />

accomplissement qui a pourtant marqué<br />

le début du dilemme complexe pour que<br />

la jeune femme s’adapte aux nouvelles<br />

règles.<br />

Les cas s’enchaînent<br />

Le cas de Christine Mboma est loin d’être<br />

isolé. Évidemment, tout le monde aura en<br />

tête celui de Caster Semenya, mais elles<br />

sont nombreuses les athlètes à faire face<br />

au même problème. Francine Niyonsaba,<br />

Margaret Wambui, et Aminatou Seyni,<br />

également atteintes d’hyperandrogénie,<br />

se retrouvent aussi sur la touche. La réduction<br />

de la limite maximale de testostérone<br />

à 2,5 nanomoles par litre a créé<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

une série d’obstacles pour ces athlètes,<br />

les obligeant à reconsidérer leurs distances<br />

et à se conformer aux nouvelles<br />

règles de manière contraignante. Mais<br />

L’athlète sudafricaine<br />

Caster<br />

Semenya avait saisi<br />

la Cour européenne<br />

des droits de<br />

l’Homme en juillet<br />

dernier contre<br />

World Athletics.<br />

l’athlétisme n’est pas la seule discipline<br />

dans laquelle les femmes se retrouvent<br />

face à un tel problème.<br />

Barbra Banda, pas assez<br />

femme ?<br />

D.R.<br />

Parce que oui, le football féminin fait éga-<br />

<br />

Zambienne Barbra Banda, confrontée à<br />

des jugements sur sa féminité par la FIFA,<br />

qui stipulait en 2022 que « l<br />

<br />

» et que « <br />

-<br />

». Cependant, aucun seuil de testostérone<br />

n’est précisé contrairement à<br />

World Athletics. Heureusement, la star<br />

zambienne du football féminin a obtenu<br />

l’autorisation de la FIFA pour disputer la<br />

dernière Coupe du monde en 2023. « <br />

-<br />

-<br />

»,<br />

avait même annoncé Sarai Bareman,<br />

46 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


« LA FIFA TRAVAILLE ACTUELLEMENT SUR<br />

SES RÈGLES D’ÉLIGIBILITÉ EN MATIÈRE DE<br />

GENRE. NOUS SOMMES ACTUELLEMENT<br />

DANS UN PROCESSUS DE CONSULTATION. »<br />

directrice du football féminin à la BBC.<br />

Barbra Banda n’a d’ailleurs pas tardé à<br />

entrer dans l’histoire de la compétition.<br />

Alors que la Zambie a signé la première<br />

victoire de son histoire en Coupe du<br />

Monde Féminine face au Costa Rica 1-3,<br />

elle a marqué le 1 000 e but de l’histoire<br />

de la plus grande des compétitions.<br />

Avec cette affaire, l’instance a donc décidé<br />

de revoir ses tests d’éligibilité au<br />

sexe, « <br />

<br />

<br />

», a<br />

expliqué Sarai Bareman ajoutant qu’il<br />

s’agit d’un « et<br />

qu’ <br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

»<br />

Pour l’instant, la CAN<br />

ne bouge pas<br />

Son de cloche différent sur le continent<br />

africain. Quelques jours avant le<br />

début de la dernière CAN féminine,<br />

en 2022, la Fédération zambienne de<br />

football avait annoncé l’exclusion de<br />

Barbra Banda. La raison ? Des résultats<br />

invalides lors du test ADN du sexe réalisé<br />

par la CAF. Considérée, à 23 ans,<br />

comme l’un des plus grands espoirs de<br />

la Zambie, l’attaquante était devenue,<br />

lors des Jeux olympiques de Tokyo, la<br />

première joueuse à réaliser deux triplés<br />

<br />

dans la compétition.<br />

La Confédération africaine de football,<br />

qui organise donc la Coupe des Nations,<br />

ne semble pas vraiment vouloir bouger<br />

pour l’heure. Bannie de la CAN 2022,<br />

Barbara pourrait également voir sa participation<br />

à l’édition 2024 annulée.<br />

Des sacrifices au nom<br />

de la conformité<br />

Devant ces contraintes, les possibilités<br />

pour les athlètes ne sont pas bien nombreuses.<br />

Contrairement à Caster Semenya,<br />

qui a contesté les règles de World<br />

Athletics en justice, Mboma a choisi de<br />

ne pas suivre cette voie. Et les raisons invoquées<br />

par son entraîneur, Henk Botha,<br />

sont claires : ils estiment ne pas disposer<br />

<br />

pour entamer des procédures judiciaires<br />

coûteuses, et ils préfèrent suivre les<br />

règles pour éviter de perturber le processus.<br />

Cependant, tout cela a un prix. Et même<br />

<br />

cher à la jeune namibienne. Les traitements<br />

hormonaux auxquels Mboma doit<br />

se soumettre ne sont pas sans risques.<br />

Caster Semenya, qui a également suivi un<br />

D.R.<br />

traitement similaire par le passé, a signalé<br />

des effets secondaires tels qu’une sensation<br />

de maladie, une prise de poids et<br />

des crises de panique. Les conséquences<br />

à long terme de ces traitements sur la<br />

santé des athlètes restent un sujet de<br />

préoccupation au sein de certaines ONG<br />

et associations.<br />

« Je ne vais pas laisser la FIA<br />

m’empêcher d’être qui je suis »<br />

Depuis presque 15 ans, les athlètes<br />

et la Fédération internationale d’athlétisme<br />

(FIA) se battent à ce sujet. Et la<br />

hache est loin d’être enterrée. Nous<br />

n’en avons que peu parlé ici, mais Caster<br />

Semenya en est le parfait exemple.<br />

Contrainte à de nombreuses reprises<br />

de « -<br />

<br />

» sur<br />

sa distance fétiche, la Sud-Africaine<br />

a décidé de dire stop. « <br />

<br />

», a réagi<br />

l’athlète dans un communiqué.<br />

La ministre sud-africaine des Sports,<br />

Tokozile Xasa, avait soutenu la plainte<br />

déposée par la championne. «<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

», se questionne<br />

la femme politique.<br />

«<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

», s’est interrogé le directeur des<br />

sports du gouvernement sud-africain Mokoditloa<br />

Eliakim Moemi. Et dans les faits,<br />

interdit-on à un basketteur d’être trop<br />

grand pour jouer au basketball, alors que<br />

c’est dans ses gènes… La réponse est<br />

clairement non. « <br />

-<br />

-<br />

»,<br />

conclut Caster Semenya. WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 47


LES BELLES HISTOIRES<br />

Barcelone 1992<br />

Derartu Tulu<br />

et Elana Meyer<br />

Un tour d’honneur<br />

<br />

PAR DAVID TOMASZEK<br />

Derartu Tulu et Elana Meyer<br />

ont offert le tour d’honneur<br />

le plus mémorable de l’histoire<br />

du sport aux Jeux Olympiques<br />

de Barcelone en 1992. À une<br />

époque où l’apartheid touchait à sa fin,<br />

une athlète sud-africaine blanche a rejoint<br />

symboliquement la championne<br />

éthiopienne du 10 000 m dans un geste<br />

puissant. Cette image reste gravée<br />

comme l’instant le plus marquant des<br />

Jeux de Barcelone. Ces Jeux de 1992,<br />

organisés sous la présidence de Juan<br />

Antonio Samaranch, célébraient la nouvelle<br />

Espagne et le dynamisme catalan.<br />

Lors de la course du 10 000 m féminin<br />

le 7 août, Elana Meyer, représentant la<br />

nation de Nelson Mandela, a pris part<br />

à une course haletante, marquée par<br />

la chaleur étouffante de Barcelone. Liz<br />

McColgan, championne du monde en<br />

titre, a imposé un rythme élevé, mais<br />

Elana Meyer a lancé une accélération<br />

remarquable au sixième kilomètre.<br />

48 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


La Sud-Africaine<br />

blanche Elena<br />

Meyer se joint<br />

à l’Ethiopienne<br />

Derartu Tulu qui<br />

vient de lui souffler<br />

le titre olympique.<br />

Initialement en tête, Meyer a été rejointe<br />

par la jeune éthiopienne Derartu Tulu,<br />

championne du monde junior. Tulu, à 20<br />

ans, avait déjà fait sensation en remportant<br />

le doublé 3 000-10 000 aux Championnats<br />

d’<strong>Afrique</strong>. L’Éthiopienne a dépassé<br />

Meyer dans le dernier tour, remportant<br />

l’or olympique avec une avance de cinq secondes.<br />

Ce moment historique s’est achevé<br />

par un tour d’honneur, où Elana Meyer,<br />

une Sud-Africaine blanche, a chaleureusement<br />

félicité Tulu, symbolisant l’unité<br />

post-apartheid. Tulu a répété cet exploit<br />

aux Jeux de Sydney en 2000, ouvrant la<br />

voie à d’autres athlètes éthiopiennes.<br />

Pendant ce temps, Elana Meyer, bien que<br />

moins médiatisée, a marqué le monde du<br />

semi-marathon avec un record du monde<br />

et continue de promouvoir la paix à travers<br />

le sport. Tulu est actuellement présidente<br />

de la Fédération éthiopienne d’athlétisme,<br />

tandis que Meyer dirige une académie<br />

d’athlétisme, perpétuant leur impact positif<br />

sur le monde sportif. WSA<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 49


LES BELLES HISTOIRES<br />

[ Portrait ]<br />

Tegla Loroupe<br />

<br />

du Marathon de New York marche<br />

<br />

À l’instar de son modèle sud-africain, la marathonienne kényane Tegla Loroupe met sa<br />

renommée au service de la paix en <strong>Afrique</strong>, au travers de la Tegla Loroupe Peace Foundation.<br />

PAR DAVID TOMASZEK<br />

n évoquant Mandela, Tegla<br />

ELoroupe esquisse un sourire<br />

extatique. Ayant grandi<br />

à Kapsoit, dans un village<br />

reculé de la vallée du Rift,<br />

en pays pokot (au nord-ouest du Kenya),<br />

cateur<br />

: Madiba a été son modèle depuis<br />

son plus jeune âge. Tout comme lui, elle<br />

est née dans un modeste hameau avant<br />

de conquérir le monde.<br />

Des rêves réalisables<br />

Tout comme Tegla, Madiba a dû surmonter<br />

de nombreux préjugés pour réaliser<br />

ses rêves. «<br />

<br />

<br />

», explique cette femme frêle<br />

née en 1973. Elle a été la première Africaine<br />

à remporter le prestigieux marathon<br />

de New York en 1994, un exploit qu’elle a<br />

répété l’année suivante. « -<br />

<br />

<br />

», se souvient émotionnellement<br />

celle qui a détenu le record du<br />

monde de la distance avant de devenir<br />

plusieurs fois championne du monde de<br />

semi-marathon et de marathon.<br />

Celle qui doit ses victoires à son obstination<br />

a adopté le précepte de Picasso : «<br />

-<br />

». Mais elle s’impose aussi grâce à<br />

ses qualités physiques : femme d’1,53 m,<br />

elle déplace son poids plume (39 kilos)<br />

avec beaucoup de grâce.<br />

Un attachement atavique pour<br />

son bétail<br />

Tegla a réalisé son premier rêve dès<br />

l’enfance lorsqu’elle est partie, de sa<br />

propre initiative, à l’école. « <br />

<br />

<br />

<br />

», admet<br />

Tegla, qui voulait avant tout accéder à<br />

l’éducation, une opportunité que n’avait<br />

jamais connue aucune femme de sa fa-<br />

« MANDELA M’A FAIT COMPRENDRE<br />

QUE MES RÊVES N’ÉTAIENT PAS<br />

IMPOSSIBLES À RÉALISER. »<br />

D.R.<br />

50 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Courir pour aller à<br />

l’école, se “battre”<br />

pour la paix...<br />

les idées de Tegla<br />

Loroupe sont<br />

fortes au point de<br />

l’amener à devenir<br />

marathonienne.<br />

D.R.<br />

mille. Tegla a grandi dans des hameaux<br />

dépourvus d’eau et d’électricité.<br />

Bien qu’elle vive une partie de l’année<br />

en Europe et à Nairobi, elle retourne régulièrement<br />

sur ses terres. « <br />

<br />

<br />

», reconnaît<br />

la marathonienne qui conserve un<br />

attachement atavique envers son bétail.<br />

De retour dans la maison qu’elle a fait<br />

construire pour sa famille, sa mère et<br />

<br />

de ses vaches, dans ces paysages verdoyants<br />

qui rappellent ceux de l’opulente<br />

Confédération helvétique.<br />

Fière de ses racines rurales, Tegla n’hésite<br />

pas à inviter les étrangers dans son<br />

village natal. Là, le visiteur est<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 51


LES BELLES HISTOIRES<br />

« GRÂCE À L’ÉCOLE, LES JEUNES<br />

FEMMES COMPRENNENT QU’ELLES<br />

PEUVENT ACQUÉRIR LEUR<br />

INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE. »<br />

“<br />

LA TEGLA<br />

LOROUPE PEACE<br />

FOUNDATION<br />

en bref<br />

surpris par la majesté des paysages,<br />

la profondeur des vallées, la verdeur<br />

de la végétation, mais aussi par le<br />

nombre de coureurs aux pieds nus. Là<br />

où d’autres peuples marchent, les Kényans<br />

de la vallée du Rift courent. Des<br />

hommes et des femmes «galopent» –<br />

non pas par simple plaisir, mais pour se<br />

déplacer plus rapidement dans un environnement<br />

où les routes bitumées et les<br />

véhicules font parfois défaut.<br />

Une millionnaire à l’âme<br />

paysanne<br />

Tegla fait monter dans son 4x4 les villageois<br />

qui lui font signe depuis le bord de<br />

<br />

de place, la championne n’hésite pas à<br />

s’asseoir dans le coffre du véhicule. Très<br />

hospitalière, elle peut aussi céder son lit<br />

confortable aux hôtes et dormir à même<br />

la terre battue de son domicile. Millionnaire<br />

reçue à New York, Johannesburg<br />

ou Lausanne, Tegla reste paysanne dans<br />

l’âme.<br />

À plus de 800 mètres d’altitude, chez<br />

elle, nous sommes dans le pays des<br />

Pokots, une ethnie semi-nomade qui vit<br />

d’élevage et de razzia de bétail depuis<br />

des millénaires. Tegla y organise régulièrement<br />

des courses de la paix. Sa<br />

région natale fut longtemps le théâtre<br />

de terribles affrontements. «-<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

», déplore Tegla.<br />

D.R.<br />

Une fondation au service<br />

des siens<br />

Depuis près de vingt ans, elle sillonne<br />

la planète pour participer à des<br />

courses sur route et défendre l’œuvre<br />

de sa fondation. Pendant les deux dernières<br />

décennies, elle a gagné plus<br />

de 150 000 euros par an, une somme<br />

considérable mise au service de sa communauté.<br />

La fondation de Tegla Loroupe<br />

a investi près d’un million d’euros dans<br />

des projets visant à offrir une alternative<br />

économique aux razzias coutumières :<br />

agriculture, hôtellerie, tourisme et surtout<br />

éducation. « <br />

<br />

<br />

<br />

», estime<br />

Tegla, qui a elle-même fréquenté<br />

l’université. Sa fondation organise des<br />

courses de la paix dans d’autres pays<br />

d’<strong>Afrique</strong> de l’Est, notamment. WSA<br />

Le palmarès de Tegla Loroupe<br />

Record du monde de l’heure avec 18,340 km le 7 août 1998 à Borgholzhausen<br />

Record du monde du 20 km en 1 h 05 min 26 le 3 septembre 2000 à Borgholzhausen<br />

Record du monde du 25 km en 1 h 27 min 05 le 21 septembre 2002 à Mengerskirchen<br />

Record du monde du 30 km en 1 h 45 min 50 le 7 juin 2003 à Warstein<br />

Marathon de New York (1994, 1995)<br />

Marathon de Rotterdam (1997, 1998, 1999)<br />

Marathon de Berlin (1999)<br />

Marathon de Londres (2000)<br />

Marathon de Rome (2000)<br />

Médailles de bronze aux championnats du monde en 1995 et 1999 sur le 10 000 m<br />

La Fondation pour la paix<br />

Tegla Loroupe crée des initiatives<br />

de paix dans les zones de conflit<br />

pastorales en <strong>Afrique</strong> de l’Est.<br />

Depuis sa création en 2003<br />

par la championne du monde<br />

Tegla Loroupe, des milliers<br />

d’athlètes ont été formés et ont<br />

participé aux courses de la paix<br />

organisées dans les zones de<br />

conflit au Kenya, en Ouganda et<br />

dans d’autres zones de conflit.<br />

Depuis 2015, des centaines<br />

d’athlètes réfugiés originaires<br />

du Soudan du Sud, du Congo,<br />

de l’Éthiopie, de la Somalie et<br />

d’autres pays ont été formés au<br />

Camp d’entraînement olympique<br />

international pour réfugiés<br />

Tegla Loroupe à Ngong, au Kenya,<br />

juste à l’ouest de Nairobi.<br />

En 2016, l’ambassadrice Tegla<br />

a dirigé l’équipe olympique<br />

internationale des réfugiés à Rio,<br />

où cinq des athlètes du camp<br />

d’entraînement de Ngong ont<br />

compétitionné.<br />

En 2021, l’ambassadrice Tegla<br />

a dirigé l’équipe olympique<br />

internationale des réfugiés à Tokyo.<br />

Elle décrit ce qu’est la fondation :<br />

« une organisation dédiée aux<br />

athlètes qui concourent pour<br />

eux-mêmes, pour leurs familles,<br />

pour leurs sociétés, et pour la paix,<br />

l’honnêteté et la justice entre tous<br />

les peuples ».<br />

© Icon Sport<br />

52 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Habiba Ghribi<br />

<br />

<br />

Immense athlète, la Tunisienne Habiba Ghribi a malheureusement été sacrée… sur tapis<br />

vert. Il lui a fallu attendre quatre ans après les Jeux Olympiques de Londres 2012 pour<br />

obtenir sa médaille d’or olympique. PAR DAVID TOMASZEK<br />

a coureuse tunisienne<br />

LHabiba Ghribi a atteint<br />

les sommets olympiques<br />

en devenant championne<br />

-<br />

tif<br />

dans sa carrière sportive. La décision<br />

du Tribunal arbitral du sport (TAS) rendue<br />

le 24 mars 2016 a entraîné la suspension<br />

de six athlètes russes, dont Yuliya<br />

Zaripova, médaillée d’or du 3 000 m<br />

<br />

la voie à une reconnaissance bien méritée<br />

pour Ghribi, qui a été classée deuxième<br />

derrière Zaripova aux Mondiaux de<br />

2011 et aux Jeux Olympiques de 2012.<br />

Suite à cette décision, deux médailles<br />

d’or ont été ajoutées au palmarès de Habiba<br />

Ghribi, faisant d’elle la championne<br />

du monde en 2011 et la championne<br />

olympique en 2012. L’athlète tunisienne,<br />

déjà médaillée d’argent aux Championnats<br />

du monde d’athlétisme à Pékin en<br />

2015, a exprimé sa joie sur les réseaux<br />

sociaux, soulignant que le travail acharné<br />

<br />

© Icon Sport<br />

<br />

pour Ghribi, qui a souligné son attachement<br />

à représenter dignement la Tunisie,<br />

le sport tunisien et la femme tunisienne.<br />

Elle a partagé son bonheur avec l’Agence<br />

France-Presse (AFP), déclarant être très<br />

<br />

la joie à son peuple, particulièrement en<br />

des moments où la Tunisie a besoin de<br />

réjouissances. Habiba Ghribi est ainsi la<br />

première médaillée olympique tunisienne<br />

de l’histoire. Elle était détentrice du record<br />

sur 3 000 mètres steeple jusqu’en 2018.<br />

Elle a poursuivi sa carrière jusqu’à cette<br />

date, avec notamment une victoire lors des<br />

Championnats panarabes, en 2017. WSA<br />

© Icon Sport<br />

« HABIBA GHRIBI EST LA PREMIÈRE<br />

MÉDAILLÉE OLYMPIQUE TUNISIENNE<br />

DE L’HISTOIRE. »<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 53


LES BELLES HISTOIRES<br />

[ Focus ]<br />

Maria Mutola :<br />

<br />

<br />

Maria Mutola, la légendaire athlète mozambicaine, a marqué l’histoire du 800 mètres avec<br />

onze titres mondiaux et une carrière olympique impressionnante. Mais, à 37 ans, elle a décidé<br />

de revenir à ses premières amours, le football, où elle s’est comparée à un certain Cristiano<br />

Ronaldo. Mutola, du sprint au ballon rond, il n’y a qu’un pas. PAR RUBEN DIAS<br />

près avoir dominé le monde<br />

Ade l’athlétisme pendant<br />

plus d’une décennie, Mutola<br />

a pris sa retraite en 2008<br />

après les Jeux Olympiques<br />

de Pékin. Mais la jeune femme, alors âgée<br />

de 37 ans, n’a pas décidé d’arrêter le sport<br />

pour autant. L’appel du football, son premier<br />

amour, était plus fort que prévu. Parce<br />

que oui, avant de courir en rond sur une<br />

piste, Maria de Lurdes Mutola a d’abord<br />

couru derrière le ballon rond. Une année<br />

après sa retraite, elle rejoint l’équipe Luso<br />

Africa.<br />

Le football, son premier amour<br />

Née en pleine guerre civile au Mozambique,<br />

Maria trouve rapidement une échappatoire<br />

dans le sport. Notamment sur les terrains<br />

de foot ou elle est détectée dès son adolescence<br />

par une tonicité impressionnante.<br />

Gauchère, vive et habile, « Lurdinha » (son<br />

surnom) n’a rien à envier à ses partenaires<br />

sur les terrains, un peu cabossés de Chamanculo,<br />

quartier pauvre de la capitale,<br />

Maputo. Un jour, elle marque le but de la<br />

victoire pour son équipe des Aigles d’or. En<br />

face, mauvais perdant, l’entraîneur adverse<br />

pose une réclamation. «<br />

<br />

», a-t-elle dévoilé en 2018<br />

pour UOL. À 14 ans, c’est tout un monde qui<br />

s’écroule pour l’adolescente.<br />

Mais un homme, José Craveirinha, entraîneur<br />

de football, mais aussi poète, journaliste<br />

et militant pour l’indépendance (plusieurs<br />

fois emprisonné dans les années 60,<br />

NDLR), remarque le potentiel de Maria et<br />

son destin bascule.<br />

Légende du 800 m<br />

José lui montre des cassettes des exploits<br />

de Carl Lewis aux Jeux de Los Angeles en<br />

1984. Et Mutola se lance dans la course à<br />

pied. Sans suspense, la jeune femme impressionne.<br />

Ses performances sur 3 000 m,<br />

1 500 m et 800 m lui valent une bourse<br />

d’étude du Comité international olympique.<br />

Alors, à 18 ans, et bien qu’elle ne parle que<br />

dier<br />

dans l’Oregon aux États-Unis, pays dans<br />

lequel elle restera jusqu’en 2001, le temps<br />

qu’il lui faudra pour se mettre à l’abri et écumer<br />

les meetings du monde entier. Elle se<br />

fait un palmarès sans égal sur le double tour<br />

de piste et règne sur la discipline du 800 m<br />

pendant 10 ans dont 3 victoires en championnats<br />

du monde et une série de 42 victoires<br />

consécutives.<br />

Née portugaise le 27 octobre 1972, trois ans<br />

avant l’indépendance, Maria Mutola oeuvre<br />

grandement à placer le Mozambique sur<br />

la carte olympique. Le « MOZ » a deux médailles<br />

dans son histoire pour un seul nom :<br />

La Maputo Express, Maria. D’abord avec une<br />

médaille de bronze à Atlanta en 1996, puis<br />

l’or en 2000 à Sydney. Dans la légende. Elle<br />

décide par la suite de revenir en <strong>Afrique</strong>,<br />

« <br />

», raconte-t-elle.<br />

Retour au football<br />

L’ancienne coach de Caster Semenya prend<br />

donc sa retraite en 2008 après une 5e place<br />

aux JO de Pékin, à presque 36 ans. Élue<br />

au Panthéon de Gloire du sport africain la<br />

même année, Maria Mutola recalcule dans<br />

le ballon rond. Après avoir dragué les franchises<br />

nord-américaines, c’est au Luso Africa<br />

FC, puis au Mamelodi Sundowns qu’elle<br />

évolue. Au poste d’attaquante, l’athlète dispute<br />

même, avec l’équipe du Mozambique<br />

féminine de football, les Jeux africains en<br />

2011, où elle marque d’ailleurs un but en<br />

phase de poules contre l’Algérie. Un retour<br />

dans le football qui tenait à coeur à<br />

Mutola : « <br />

<br />

<br />

<br />

», lançait la championne après une<br />

rencontre du championnat sud-africain. WSA<br />

NÉE EN PLEINE GUERRE CIVILE<br />

AU MOZAMBIQUE, MARIA TROUVE UNE<br />

ÉCHAPPATOIRE DANS LE SPORT.<br />

54 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Le Mozambique<br />

totalise deux<br />

médailles<br />

olympiques dans<br />

son histoire pour<br />

un seul nom :<br />

Maria Mutola.<br />

© Icon Sport<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 55


ETUDIANTES BY<br />

Entretien<br />

Marie Mané :<br />

<br />

<br />

Internationale française en basket 3x3, Marie Mané est une figure du sport féminin<br />

français. Du haut de ses 27 ans, elle allie à la perfection le sport de haut niveau et les<br />

études, qu’elle entreprend chez EM Lyon. Entretien.<br />

PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL<br />

© Gepa / Icon Sport<br />

WOMEN SPORTS : COMMENT AVEZ-<br />

VOUS CONNU LE BASKET ?<br />

MARIE MANÉ : Par hasard. Je faisais un<br />

camp multisports à La Rochelle. Un coach<br />

qui passait s’est dit « <br />

» . Il est venu me proposer de faire<br />

un entraînement de basket avec son équipe.<br />

Et j’ai bien aimé parce qu’à la base je faisais<br />

de l’athlétisme, du tennis… Bref, des sports<br />

<br />

accueillie : j’ai adhéré tout de suite au sport<br />

collectif. Je me suis donc inscrite, à 13 ans.<br />

ET LE BASKET 3X3 ?<br />

Ça a été la continuité. C’est vrai qu’après les<br />

équipes de France moins de 20 ans en 5x5, il<br />

n’y a pas grand-chose. Dans le 3x3, il y a une<br />

équipe moins de 23 qui s’est créée. Je jouais<br />

un petit peu l’été avec des copines sur le circuit<br />

du côté de Poitiers, la capitale du 3x3 en<br />

France. En discutant avec les coachs, on m’a<br />

dit, <br />

. Ça s’est<br />

fait comme ça. Depuis, je n’ai jamais arrêté.<br />

Au départ, je jouais vraiment pour le plaisir.<br />

Et j’avoue que je ne savais pas du tout<br />

comment se passait le cursus. Quand on est<br />

jeune, il y a des sélections départementales,<br />

régionales, après nationales. Je passais les<br />

paliers un par un sans vraiment savoir quelle<br />

était l’étape d’après. J’avais l’impression de<br />

faire des camps basket entre copines. J’ai<br />

commencé à envisager le haut niveau et le<br />

professionnel quand je suis rentrée en centre<br />

de formation à Bourges. À ce moment-là, il<br />

y a vraiment la question de l’argent qui est<br />

entrée en compte. Ma mère devait payer<br />

mensuellement le centre de formation et<br />

ma pension à Bourges parce que j’étais interne.<br />

Je me suis vraiment dit, ‘OK, maman<br />

se serre la ceinture pour que tu puisses un<br />

petit peu kiffer avec ta passion, essaie d’en<br />

faire quelque chose.’<br />

COMMENT AVEZ-VOUS ALLIÉ LE<br />

HAUT NIVEAU AVEC LES ÉTUDES ?<br />

Au centre de formation à Bourges, c’était<br />

simple. Ils ont l’habitude de faire ça. Je<br />

pense que c’est un des meilleurs dans<br />

la catégorie. En tout cas, ça l’était à mon<br />

époque. On était logé au CREPS, on avait<br />

le lycée qui n’était pas très loin. On avait<br />

des horaires aménagés avec l’école ou<br />

alors des emplois du temps qui nous permettaient<br />

d’avoir des pauses plus longues<br />

entre midi et deux pour pouvoir s’entraî-<br />

née.<br />

On avait des heures pour travailler les<br />

cours le soir aussi parce qu’il fallait être<br />

bon à l’école.<br />

ET AUJOURD’HUI ?<br />

Depuis, je suis entrée à l’EM Lyon, où je<br />

suis un cursus de management. C’est un<br />

organisme qui est hyper facilitant pour les<br />

sportifs de haut niveau. Ça me permet de<br />

faire mes entraînements et de travailler un<br />

petit peu quand je le souhaite. On a également<br />

des travaux collectifs et les sessions<br />

en live où c’est un peu plus compliqué<br />

« À L’HEURE DES COURS DU SOIR,<br />

ON A PARFOIS DES ENTRAÎNEMENTS<br />

OU DES MATCHS. »<br />

56 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Marie Mané<br />

vante les mérites<br />

de l’EM Lyon qui<br />

s’est adapté aux<br />

problématiques des<br />

athlètes de haut<br />

niveau.<br />

© Gepa / Icon Sport<br />

au niveau des horaires. Mais tout est fait<br />

pour qu’on puisse rattraper à temps.<br />

J’ai toujours eu de très bons groupes. J’ai<br />

<br />

qui me tire vers le haut quand je ne sais<br />

pas trop où on en est au niveau des cours,<br />

par exemple, quand je suis en pleines compétitions.<br />

Donc, je suis un peu plus focus<br />

sur le basket que sur les cours. Mais tout<br />

est bien fait. J’ai eu droit à deux tuteurs<br />

<br />

partais de zéro. L’école s’est débrouillée<br />

pour que je réussisse dans cette matière.<br />

C’est top parce que dans d’autres écoles,<br />

on nous aurait dit, ‘ Tu as les mêmes cours<br />

que les autres. S’ils y arrivent, il faut que<br />

tu y arrives aussi’. C’est avantageux pour<br />

nous.<br />

EST-CE UN PLUS DANS VOTRE<br />

CARRIÈRE ?<br />

J’ai cherché un organisme où je pourrais<br />

réussir à concilier les deux. À l’EM Lyon,<br />

on a des dispenses d’assiduité parce qu’il<br />

y a des horaires où malheureusement, les<br />

gens de la vie active peuvent se permettre<br />

d’être en cours aux alentours de 18h. Nous,<br />

ce n’est pas forcément possible. On peut<br />

avoir des matchs à cette heure-là, des entraînements,<br />

des séances de vidéo ou des<br />

rassemblements d’équipe. Et c’est vrai que<br />

de pouvoir avoir cette dispense d’assiduité<br />

est un vrai plus pour nous.<br />

CELA VOUS PERMET-IL D’ENVISAGER<br />

PLUS SEREINEMENT VOTRE APRÈS-<br />

CARRIÈRE ?<br />

Oui, vraiment. Parce que pouvoir être diplômée<br />

de l’EM Lyon est prestigieux, on ne va<br />

pas se mentir. Et en plus de ça, je ressors<br />

avec un vrai bagage, notamment au niveau<br />

de certaines matières que je ne maîtrisais<br />

<br />

parle d’un bac +5, d’un bac +5 de l’EM<br />

Lyon ! Diplômé de l’EM Lyon, cela fait quandmême<br />

très beau sur son CV.<br />

J’ai rencontré aussi pas mal de gens,<br />

donc en termes de réseautage, c’est également<br />

très intéressant. Ça me permet<br />

d’être plus sereine.<br />

POURQUOI EST-CE IMPORTANT<br />

POUR VOUS D’ENVISAGER<br />

CETTE APRÈS CARRIÈRE<br />

DÈS MAINTENANT ?<br />

Parce que déjà, je suis une femme. Donc,<br />

les carrières sont beaucoup plus courtes<br />

que celles des hommes. Et il y a aussi<br />

la famille qui rentre en compte à un moment<br />

donné. Mais aussi parce que c’est<br />

très compliqué, je pense, de se remettre<br />

dans les études après carrière.<br />

Là, on a beaucoup d’avantages. Le fait<br />

d’être joueuse professionnelle nous<br />

donne beaucoup d’avantages, que ce<br />

soit contractuellement avec les clubs,<br />

ou par rapport aux facilités d’accès à<br />

ce type d’études et de formation. C’est<br />

un vrai plus qu’il faut utiliser. C’est un<br />

peu plus compliqué de se relancer à<br />

temps plein dans des études, en présentiel,<br />

avec des soirées pas du tout<br />

aménagées. Je pense que je ne serais<br />

plus du tout capable de faire ça. Donc,<br />

ça me convient très bien la manière<br />

dont c’est fait. WSA<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 57


LIFESTYLE<br />

[ DÉCOUVERTE ]<br />

Kloe La Machine,<br />

star camerounaise de TikTok<br />

<br />

Vous avez forcément vu passer ses pas de danse sur les réseaux sociaux. Et en particulier sur<br />

TikTok. Âgée de seulement 9 ans, la jeune Camerounaise compte aujourd’hui pas moins de<br />

433 000 followers sur la plateforme… De quoi donner le vertige, et pourtant. Kloe garde la<br />

tête sur les épaules et compte bien aller encore plus loin. Rencontre.<br />

PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL<br />

WOMEN SPORTS : LA DANSE A-T-<br />

ELLE TOUJOURS FAIT PARTIE DE<br />

VOTRE VIE ?<br />

KHLOÉ LA MACHINE : La danse est<br />

dans notre ADN. Mon papa était un très<br />

bon danseur. Mes sœurs également.<br />

Mes parents ont découvert mes talents<br />

de danseuse pendant ma participation<br />

aux différents événements heureux.<br />

Je me démarquais toujours de tous. Et<br />

j’étais toujours ovationnée par le public.<br />

J’aime danser. Mes parents m’ont donc<br />

poussée en ce sens, et professionnalisée.<br />

AVEZ-VOUS PRIS DES COURS DE<br />

DANSE ?<br />

Au départ, je n’ai pas suivi de cours particulier<br />

en tant que danseuse. Mon papa<br />

m’a captivée, et c’est ce qui m’a inspirée.<br />

Par la suite, et pour me professionnaliser,<br />

mes parents m’ont fait intégrer un centre<br />

de formation en danse professionnelle à<br />

l’âge de six ans.<br />

QU’EST-CE QUE VOUS AIMEZ DANS<br />

LA DANSE ?<br />

La danse me fascine. Elle permet d’exprimer<br />

une partie de moi, de mieux me<br />

connaître. Aujourd’hui, plus qu’un sport,<br />

la danse est devenue une profession<br />

pour moi.<br />

AVEZ-VOUS DES PERSONNALITÉS<br />

QUI VOUS INSPIRENT ?<br />

J’en ai plusieurs. Dans le monde sportif, je<br />

suis inspirée par le champion du monde<br />

en MMA, Francis Ngannou. Il a su persévérer<br />

dans ce qu’il aime. Il n’a jamais baissé<br />

les bras. Et il est toujours resté humble,<br />

bien qu’il soit sur le toit du monde.<br />

À QUEL ÂGE VOUS ÊTES-VOUS<br />

LANCÉE SUR TIKTOK ET POURQUOI ?<br />

Je me suis lancée sur TikTok à neuf ans.<br />

Le monde est devenu aujourd’hui un village<br />

du donner et du recevoir. On partage<br />

ses expériences. J’ai voulu aussi être plus<br />

proche de mon public et de mes fans.<br />

COMMENT LE SUCCÈS EST-IL ARRIVÉ ?<br />

Ce succès est la somme de tous les efforts<br />

consentis. Les médias ont commencé<br />

à parler de moi, etc. Aujourd’hui, je ne<br />

passe plus inaperçue, que ce soit dans<br />

les lieux publics, à l’école et autres. Je<br />

suis acclamée et félicitée. Je suis aussi<br />

invitée par des artistes de renom pour<br />

des collaborations, tout en continuant<br />

de gagner des trophées dans différentes<br />

compétitions majeures. Je couvre également<br />

des événements en qualité de danseuse<br />

VIP.<br />

VOUS AVEZ AUJOURD’HUI<br />

PLUS DE 400 000 ABONNÉS SUR<br />

TIKTOK…<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

58 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Devenue passion et<br />

profession, la danse<br />

est toute sa vie :<br />

Kloe La Machine<br />

nous raconte son<br />

succès.<br />

D.R.<br />

<br />

mon équipe. Nous avons travaillé dur. J’ai<br />

redoublé d’efforts. Je me suis surpassée<br />

pour atteindre mes objectifs. Allier la<br />

danse à mes études n’est pas facile. Heureusement<br />

que j’ai une bonne équipe qui<br />

m’entoure et me conseille - mon coach<br />

de danse, mes parents, mon manager...<br />

Le meilleur reste à venir.<br />

ÊTES-VOUS AUJOURD’HUI UNE<br />

DANSEUSE PROFESSIONNELLE ?<br />

Oui, je le suis. Je travaille aujourd’hui<br />

avec de grands noms, qui sont des références<br />

en la matière. Beaucoup de<br />

monde sollicite mes services en qualité<br />

de danseuse professionnelle.<br />

« UNE PARTIE DE MES RÊVES S’EST<br />

DÉJÀ RÉALISÉE, CELLE D’EXERCER<br />

CE QUE J’AIME LE PLUS : LA DANSE. »<br />

QUELS SONT VOS RÊVES POUR LA<br />

SUITE ?<br />

Une partie de mes rêves s’est déjà réalisée,<br />

celle d’exercer ce que j’aime le<br />

plus : la danse. J’ai toujours aimé être<br />

danseuse, montrer aux yeux du monde<br />

ce que je sais faire. Je sais que j’ai encore<br />

du chemin à parcourir, c’est pourquoi je<br />

ne cesse de travailler pour m’améliorer.<br />

J’aimerai être, d’ici quelques années,<br />

une référence sur le plan mondial en<br />

matière de danse. J’aimerais également<br />

poursuivre mes études pour devenir plus<br />

tard médecin-pédiatre ! WSA<br />

Pour suivre Kloe :<br />

TikTok : @kloelamachineofficiel<br />

Instagram : @kloe_la_machine<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 59


TRIBUNE AVEC<br />

TRIBUNE<br />

Sport, villes<br />

et femmes<br />

L’AIMF vient d’adopter le principe de la création d’une<br />

Commission permanente centrée sur le sport et la ville.<br />

PAR PIERRE BAILLET, SECRÉTAIRE PERMANENT CHEZ ASSOCIATION INTERNATIONALE DES MAIRES FRANCOPHONES (AIMF)<br />

d’un continent ou de la planète. C’est la<br />

relation entre les épreuves et le site territorial<br />

qui donne force aux Jeux. Cette relation<br />

combine ainsi une unité de lieu, une unité<br />

de temps et une unité d’action avec des<br />

épreuves connues. L’ensemble est fondé<br />

sur une logique de spectacle dont les résultats,<br />

toujours incertains, s’inscrivent<br />

dans ces grands moments d’émotions<br />

humaines.<br />

“L’une des<br />

préoccupations<br />

du réseau<br />

francophone est de<br />

porter des valeurs<br />

humaines.”<br />

D.R.<br />

L<br />

e syndic de Lausanne, capitale<br />

olympique, est à l’origine<br />

de cette initiative qui<br />

s’intègre dans la stratégie<br />

de notre institution.<br />

Regroupant parmi ses 300 adhérents<br />

toutes les métropoles francophones,<br />

l’AIMF est en capacité de mettre en valeur<br />

un savoir-faire en matière de relation entre<br />

une ville et son patrimoine sportif. Cela<br />

en mettant en réseau les villes qui ont<br />

accueilli les jeux de la Francophonie, des<br />

Jeux régionaux tels ceux d’<strong>Afrique</strong>, d’Asie,<br />

de l’Océan Indien et les JO.<br />

Ces Jeux permettent de valoriser un pays,<br />

une région mais surtout une ville qui, pour<br />

un temps, devient le centre médiatique<br />

En ce sens, la dynamique impulsée par la<br />

ville d’accueil, préalablement à leur tenue,<br />

est essentielle. L’engagement des villes<br />

ivoiriennes pour la prochaine CAN et des<br />

villes marocaines pour la future Coupe du<br />

monde de football est exemplaire. C’est<br />

bien aussi l’arrivée à maturité de cette<br />

réflexion qui a permis à Paris de remporter<br />

les Jeux Olympiques de 2024. Mais,<br />

nombreux pensent que les Jeux s’insèrent<br />

simplement dans des dynamiques préexistantes,<br />

qu’ils amplifient et accélèrent,<br />

mais ne créent pas.<br />

Or, les Jeux impulsent des concepts et des<br />

dynamiques d’aménagement nouvelles, la<br />

préparation de Paris 2024 en est la preuve<br />

en intégrant d’une part les réponses à apporter<br />

aux préoccupations très actuelles de<br />

développement durable, d’autre part celles<br />

associant la construction de la ville sur la<br />

ville à l’économie sociale et solidaire.<br />

L’AIMF entend donc porter à l’international<br />

ces savoir-faire ainsi acquis. Mais pas<br />

que cela. Tout comme l’est une des missions<br />

du sport, l’une des préoccupations<br />

du réseau francophone est de porter des<br />

valeurs humaines, ces valeurs qui favorisent<br />

le faire et le vivre ensemble en harmonie<br />

dans la ville. Par conséquent, cette<br />

communauté d’objectifs fait que le sport<br />

« FAVORISER L’INTÉGRATION DU GENRE<br />

DANS UNE POLITIQUE DE VILLE. »<br />

60 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


© Ground Picture / Shutterstock<br />

se trouve, aussi, en capacité de favoriser<br />

l’intégration du genre dans une politique<br />

de ville.<br />

Une politique qui doit prendre en compte<br />

les attentes des femmes dans l’organisation<br />

du territoire, les services qu’il apporte<br />

et la facilité de les atteindre.<br />

Une politique qui doit permettre aux<br />

femmes d’obtenir l’égalité en matière de<br />

pratique physique et sportive. Nous le savons,<br />

les obstacles culturels et sociaux<br />

sont un premier blocage. Mais la question<br />

des lieux et des temps de pratique est<br />

essentielle avec la réflexion sur la conception<br />

des équipements, des espaces et des<br />

sites sportifs à construire, à réhabiliter ou<br />

à aménager.<br />

L’urbanisme n’est donc jamais loin dans<br />

la réflexion, autre préoccupation de<br />

l’AIMF. Il n’est pas anodin de décider où<br />

construire un équipement, d’identifier<br />

quel public pourra y accéder et quel lien<br />

sera possible avec le projet politique<br />

du territoire. Sans doute parce qu’elles<br />

s’adressent à toutes et tous, les infrastructures<br />

sportives ont un impact<br />

majeur sur la vie de la cité. Là s’impose<br />

le rôle des Maires en lien avec les services<br />

déconcentrés de l’État.<br />

Les villes, confrontées aux attentes<br />

croissantes en matière de sport-loisirs<br />

et de sport-santé, accompagnent des<br />

initiatives dont les femmes peuvent<br />

bénéficier sans obstacle, même lorsqu’elles<br />

n’en sont pas spécifiquement<br />

destinataires. Ainsi, à force de volonté,<br />

par son influence, ses témoignages, ses<br />

financements d’équipements, l’action<br />

d’une Commission, comme celle que<br />

porte l’AIMF, permettra d’en finir avec<br />

les intimidations, les insultes sexistes,<br />

quand les joueuses affirment leur droit<br />

à occuper l’espace public sportif négocié<br />

avec les services municipaux. Les<br />

femmes doivent pouvoir s’exprimer au<br />

sein des équipements sportifs en libre<br />

accès comme les city stades, les terrains<br />

de basketball ou les skate-parks<br />

trop souvent occupés essentiellement<br />

par des hommes. Cela doit se faire librement,<br />

sans être obligé d’instaurer<br />

des moments réservés aux femmes,<br />

sauf à ce qu’ils soient compatibles avec<br />

leur vie. WSA<br />

© Kibuuka<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 61


BUSINESS<br />

Daniel Zielinski, délégué ministériel à la Francophonie au ministère des<br />

Sports et des JOP 2024, Noy Chan, conseillère spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> &<br />

fondatrice de l’agence Noy & Associates, Bruno Lalande, vice-président de<br />

Sport Business & président de Women Sports<br />

© N&A © N&A<br />

Délégation Générale Wallonie-Bruxelles à Paris<br />

© N&A<br />

Délégation Générale Wallonie-Bruxelles à Paris<br />

Tables rondes<br />

© N&A<br />

<br />

Le 21 novembre, à la délégation Wallonie-Bruxelles à Paris, a été le premier réseau d’influenceurs<br />

pour une francophonie sportive et pour valoriser la langue française dans le sport.<br />

oixante personnes engagées<br />

ont été conviées pour ce lancement<br />

: dirigeants d’entreprises,<br />

présidents de fédérations<br />

sportives internationales,<br />

journalistes, sponsors, représentants<br />

d’institutions, de ministères, diplomatie<br />

francophone, chercheurs, artistes, sportifs<br />

et nombre d’autres acteurs du sport<br />

passionnés.<br />

L’ensemble de ces acteurs ont eu l’occasion<br />

de partager leur vision, des réus-<br />

<br />

de coconstruire à la veille des JOP24,<br />

ainsi que du sommet de la francophonie<br />

qui se déroulera en France l’année prochaine<br />

à l’automne, les 24 propositions<br />

pour les JOP de 2024.<br />

Ce temps de travail et d’échange unique<br />

était co-animé par Bruno Lalande, dirigeant<br />

de Sport Business et président<br />

fondateur de Women Sports, et Noy<br />

Chan conseillère spéciale en <strong>Afrique</strong> et<br />

fondatrice de l’agence Noy et Associates.<br />

Si la francophonie compte actuellement<br />

un nombre croissant de locuteurs dans<br />

le monde, de fans et de pratiquants de<br />

sport, les perspectives pour les années à<br />

venir sont en forte croissance, principalement<br />

en raison de la croissance démographique<br />

des pays francophones. Cependant,<br />

la francophonie économique dans le do-<br />

<br />

enjeux pour la langue française.<br />

Les entreprises opérant dans le domaine<br />

du sport dans les pays franco-<br />

62 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Jacques Krabal, ancien secrétaire général de l’APF<br />

LES<br />

PERSPECTIVES<br />

POUR LES<br />

ANNÉES À VENIR<br />

SONT EN FORTE<br />

CROISSANCE<br />

phones possèdent un potentiel élevé<br />

qui ne demande qu’à être exploité et<br />

animé. Nos concurrents ont souvent<br />

une longueur d’avance sur nous pour<br />

conquérir les marchés. Cette situation<br />

est similaire dans le domaine du sport<br />

international, en particulier lorsqu’il<br />

s’agit de nouveaux sports ou de nouvelles<br />

disciplines, pour lesquels l’anglais<br />

domine le vocabulaire.<br />

La question de ce temps de travail<br />

était donc : Comment améliorer notre<br />

nie<br />

sportive et de la valorisation de la<br />

langue française pour le sport ?<br />

dames<br />

les ministres de la Culture, des<br />

Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques,<br />

ainsi que par la secrétaire<br />

d’Etat à la francophonie.<br />

Sous l’égide de ces dernières, un<br />

groupe interministériel et interinstitutionnel,<br />

« <br />

<br />

» fut installé le 22 novembre<br />

2022.<br />

Celui-ci est présidé par Paul de Sinety,<br />

délégué général à la langue française<br />

et aux langues de France, et le secrétariat<br />

général est assuré par Daniel Zielinski.<br />

<br />

© N&A<br />

Daniel Zielinski, délégué ministériel à la<br />

francophonie au ministère des Sports et<br />

des JOP 2024<br />

Bruno Lalande, vice-président de Sport<br />

Business & président de Women Sports<br />

© N&A © N&A © N&A<br />

C’est donc à cette occasion que s’est<br />

réuni pour la première fois, ce réseau<br />

<br />

dans une mission plus vaste qui a été<br />

nistériel<br />

à la francophonie au MSJOP et<br />

haut fonctionnaire à la langue française<br />

Manu Coudray, coach sportif ; David Dang, pianiste-compositeur ; Noy Chan, conseillère<br />

spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> & fondatrice de l’agence Noy & Associates ; Marine Mea ;<br />

Daniel Zielinski ; Amaury Arlotto, Ammo Visuals ; Flavie Gazzini, chargée de projets Noy<br />

& Associates ; Bruno Lalande ; Michael Maudrau, Mad Visuals production ; Marion Pirisi,<br />

chargée de projets Noy & Associates ; Léa de Voronine, responsable sponsoring Aésio<br />

Mutuelle<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 63


BUSINESS<br />

Sylvio, ingénieur son ; Paul Verwilghen, Délégué général<br />

Représentation Bruxelles Wallonie à Paris & Yvonne Neap,<br />

assistante de direction chargée de la communication ; Marc<br />

Clairbois Directeur Chargé de mission département Francophonie<br />

Wallonie-Bruxelles International, Traiteur Réciproque<br />

Kenny Jean-Marie, directeur de la division Associations Membres,<br />

FIFA ; Noy Chan, conseillère spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> & fondatrice de<br />

l’agence Noy & Associates ; Bruno Lalande, Vice-Président de Sport<br />

Business & Président de Women Sports<br />

Louisette-Renée Thobi,<br />

Secrétaire Générale de la<br />

CONFEJES (Conférence<br />

des Ministres de la<br />

Jeunesse et des Sports de la<br />

Francophonie)<br />

© N&A<br />

David Dang, pianiste &<br />

compositeur<br />

© N&A © N&A<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

Sylvie Le Maux, Présidente<br />

de l’Alliance Francophone<br />

d’Escrime<br />

Eric Monnin, Administrateur<br />

du CNOSF et membre de<br />

la commission éducation<br />

du CIO<br />

Laurent Petrynka, Président International School Sport Federation<br />

& Marie-Christine Lefranc, Agence pour l’enseignement français<br />

à l’étranger, Direction de l’Enseignement, de l’Orientation et de la<br />

Formation, référente mission sport.<br />

Paul Verwilghen, Délégué général Représentation Bruxelles<br />

Wallonie à Paris<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

Olivier Dulac, BNP Paribas responsable des relations extérieures ;<br />

Lucas Godfriaux, Sponsora, responsable des relations<br />

institutionnelles et internationales ; Fabrice Michel-Villaz, Allianz,<br />

Head of Strategic Olympic & Sport Business (Responsable de la<br />

stratégie olympique et sportive)<br />

Pierre Andriamampianina, développement international et relations<br />

institutionnelles<br />

64 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Christophe Gigaudaut, délégué aux affaires francophones MEAE &<br />

Marianne Beseme, Secrétaire Générale , Office Franco-Québécois<br />

pour la Jeunesse (OFQJ)<br />

Marie-Cécile Tardieu, Directrice générale déléguée Business France<br />

© N&A<br />

Noy Chan, conseillère<br />

spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> &<br />

fondatrice de l’agence Noy &<br />

Associates<br />

Michel Goldstein, France Télévision<br />

Xavier Malenfer, Fédération<br />

Internationale de<br />

l’Automobile, Directeur des<br />

Relations Institutionnelles et<br />

Internationales<br />

Organisation Internationale<br />

de la Francophonie /<br />

Zeina Mina (Directrice du<br />

Comité Internationale des<br />

Jeux de la Francophonie)<br />

et Florence Brillouin<br />

(Directrice «Francophonie et<br />

Numérique)<br />

Audrey Delacroix - affaires<br />

publiques, stratégies et<br />

diplomatie<br />

© N&A<br />

© N&A © N&A<br />

© N&A<br />

© N&A © N&A<br />

Daniel Zielinski ; Léa de Voronine, Responsable sponsoring Aésio<br />

Mutuelle ; Noy Chan; Mariama Signate, OLY handball Ancienne<br />

joueuse de l’équipe de France de Handball, consultante TV et<br />

conférencière / co-fondatrice de TLNR; Bruno Lalande.<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

© N&A<br />

Paul Verwilghen, Délégué général Représentation Bruxelles<br />

Wallonie à Paris & Yvonne Neap, assistante de direction chargée de<br />

la communication<br />

SEM Vijayen Valaydon Ambassadeur de la République de Maurice<br />

en France et Président du Groupe des Ambassadeurs francophones<br />

de France (GAFF) & Paul de Sinety, DGLFLF Ministère de la Culture<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 65


C’EST BON POUR MOI !<br />

ÉCLAIRAGE<br />

PILATES,<br />

© DisobeyArt / Shutterstock<br />

YOGA, DANSE…<br />

CES SPORTS QUI<br />

AIDENT À COURIR<br />

© Syda Productions / Shutterstock<br />

Pour progresser sur piste,<br />

on entend souvent qu’il faut<br />

un bon renfo et une prépa<br />

mentale. Mais en réalité pas<br />

seulement… Afin d’améliorer<br />

ses performances en athlétisme,<br />

que ce soit sur les plans de la<br />

respiration, de la souplesse ou<br />

de la compréhension du geste, il<br />

existe des pratiques et techniques<br />

inspirées du pilates, du yoga,<br />

ou encore de la danse. Elles<br />

semblent, au départ, éloignées<br />

de l’objectif. Et pourtant…<br />

Témoignages sportifs et<br />

éclairages d’expertes. PAR LÉA BORIE<br />

n les voit souvent en marge<br />

Odes stades, ces runneurs<br />

qui s’adonnent à des<br />

séances de préparation<br />

physique générale à outrance,<br />

et qui s’étirent énervés post-entraînement.<br />

Mais le risque, à observer toujours<br />

la même routine sans d’autres approches,<br />

est non seulement de plafonner mais aussi<br />

de causer des traumatismes, osseux notamment.<br />

D’où l’intérêt des sports complémentaires,<br />

en préparation hivernale…<br />

comme toute l’année, et toute la vie !<br />

1.<br />

Diversifier<br />

sa pratique<br />

Nombreux sont les sportifs à s’essayer à<br />

une discipline très éloignée de leur activité<br />

de départ. L’occasion de dépasser certaines<br />

peurs, d’améliorer leurs performances, ou<br />

tout simplement de briser la routine.<br />

• La natation : synchroniser ses mouvements,<br />

muscler le haut du corps et améliorer<br />

la respiration, le tout sans fatigue musculaire.<br />

• Le yoga : renforcer la musculature de<br />

l’abdomen, assouplir les muscles et développer<br />

l’endurance. Ce n’est d’ailleurs pas<br />

pour rien que la méthode « Running yoga »<br />

a été créée par les auteurs du livre « Yoga<br />

pour runner », paru en 2017.<br />

• Le pilates : améliorer la capacité pulmonaire,<br />

travailler l’équilibre, libérer les<br />

hanches. La technique, dont ont recours les<br />

son,<br />

est enseignée dans les grands opéras.<br />

• La danse : s’assouplir, gainer les<br />

épaules, apporter une bouffée d’oxygène<br />

artistique à sa routine…<br />

2.<br />

Initier le travail de<br />

corps et d’esprit avec<br />

les athlètes à l’Insep<br />

Anaïs Michel en haltérophilie, Vimala Heriau<br />

en badminton, Emma Perche en handball…<br />

à l’Insep (Institut national du sport, de l'expertise<br />

et de la performance en France), ils<br />

sont nombreux à enchaîner les asanas et<br />

techniques de respiration. Élodie Clouvel,<br />

vice-championne olympique de Rio 2016<br />

en pentathlon moderne, expliquait dans<br />

INSEP Le Mag pratiquer la danse pour se<br />

« sculpter de l’intérieur ». Pour ce faire, ces<br />

sportifs sont encadrés par des profession-<br />

<br />

la performance de l'Insep, Armelle Cornillon<br />

et Armelle van Eecloo interviennent à la<br />

demande des entraîneurs, chacune pour<br />

des questions bien précises. Elles nous<br />

<br />

66 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


“<br />

ON NE TRAVAILLE PAS DANS LE YOGA<br />

BIEN-ÊTRE MAIS DANS LA PERFORMANCE”<br />

Armelle Cornillon<br />

Professeure diplômée de<br />

danse et de yoga, Armelle<br />

Cornillon est rentrée dans<br />

les rangs de l’Insep en<br />

1995, mais c’est 2016 qu’elle<br />

prend part aux entraînements<br />

de haut niveau sur le<br />

volet yoga.<br />

Comment êtes-vous entrée à<br />

l’Insep ?<br />

Ma génération, nous n’avions ni kiné ni<br />

préparateur pour nous accompagner. On<br />

s’échauffait d’une salutation au soleil,<br />

basta ! Pour autant, le complément yoga<br />

à une prépa physique n’est pas nouveau.<br />

Tennismen, judokas, footballeurs ont des<br />

parcours d’entraînement au yoga depuis<br />

des années. Et ça tend à s’institutionnaliser.<br />

La preuve, les danseurs du conservatoire<br />

ont des cours de yoga tous les<br />

matins depuis quelques années. Néan-<br />

<br />

<br />

personnelles qu’un accompagnement dédié<br />

a été lancé à l’Insep en 2016 auquel<br />

j’ai pris part, une pratique dispensée aux<br />

© Michel VSR<br />

médaillés et médaillables de haut niveau.<br />

<br />

Rest, issu de Staps, qui apporte un aspect<br />

plus cartésien à ma vision très artistique.<br />

Quels sont vos axes de travail ?<br />

Préparation, action, récupération ! Je ne<br />

fais pas de séparation entre préparation<br />

physique, mentale et émotionnelle. Je mélange<br />

état de conscience éveillé et travail<br />

de respiration. La conscience, parce que si<br />

tu fais tes exercices en scrollant Facebook,<br />

tu n’es pas présent. Avec mon projecteur<br />

de cinéma, je m’imagine non pas faire mais<br />

être, vivant mon exercice sur tous les plans.<br />

Et la respiration pour comprendre que ce<br />

n’est pas juste un transport CO 2<br />

/O 2<br />

mais<br />

d’énergie ! Pour ça, on peut avoir recours à<br />

la méthode de respiration Wim Hof.<br />

Et l’athlétisme ?<br />

La démarche des sportifs demandeurs est<br />

prioritairement d’éliminer les blessures. Il<br />

arrive aussi qu’un entraîneur m’envoie un<br />

athlète jugé raide, alors qu’en travaillant,<br />

on constate surtout qu’il était tendu !<br />

Pour raison émotionnelle souvent. Un<br />

muscle performant a une certaine élasticité,<br />

sinon on se blesse. Souvent, il y a<br />

une dissociation entre force et souplesse,<br />

alors qu’en yoga, on travaille les muscles<br />

antagonistes pour garder l’harmonie,<br />

entre allongement et contraction musculaire.<br />

La problématique de l’ancrage est<br />

assez présente. Les athlètes tapent le sol<br />

en utilisant le plancher pelvien. De plus,<br />

ils ont rarement une bonne conscience<br />

respiratoire. Leur respiration se fait par la<br />

montée du cardio à leur insu.<br />

Qu’est-ce que vous apportez aux<br />

sportifs ?<br />

La majeure partie du temps, mon accompagnement<br />

se fait individuellement au<br />

sein de l’Insep, à raison d’une séance<br />

par semaine minimum. On construit la<br />

séance avec l’athlète, en fonction de sa<br />

fatigue, ses performances et ses douleurs.<br />

Mais souvent, quand il démarre<br />

le suivi, il ne l’arrête pas. Étant issue du<br />

monde de la danse, je travaille avec une<br />

extrême rigueur. On n’est pas du tout<br />

dans le yoga bien-être, image souvent<br />

véhiculée de cette pratique, mais dans la<br />

performance. Je veux voir des résultats.<br />

Même si on ne bouge pas systématique-<br />

<br />

sont épuisés. WSA<br />

Témoignage<br />

Marie Ange<br />

Rimlinger,<br />

sprinteuse<br />

yogique<br />

« J’ai commencé le suivi avec Armelle<br />

et Ancelin en septembre deux fois par<br />

semaine, dans le but de coupler ma<br />

discipline à autre chose, ne pas penser<br />

qu’athlé, persuadée, comme mon<br />

coach, que le yoga avait quelque chose<br />

à m’apporter. Il faut dire aussi que ma<br />

blessure de l’an dernier m’a demandé de<br />

me recentrer, pour reprendre du plaisir à<br />

courir. Moi qui pensais surtout souplesse,<br />

sur le plan technique, les exercices de<br />

respiration ont été une révélation, afin de<br />

retrouver une bonne capacité respiratoire<br />

et ne pas subir ma course. Ma façon de<br />

respirer était liée à l’émotionnel, il a fallu<br />

libérer, déverrouiller les craintes. »<br />

© Aleksandar JoDjorovic / Icon Sport<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 67


C’EST BON POUR MOI !<br />

[ Témoignage ]<br />

CONSCIENCE ET<br />

CONNAISSANCE<br />

DU CORPS<br />

Armelle van Eecloo,<br />

danseuse qui s’est<br />

imposée dans les<br />

stades<br />

"J’ai les yeux qui<br />

brillent en voyant les<br />

corps se façonner,<br />

mais je sais aussi que<br />

pour ça, il faut bosser<br />

dur", prévient la<br />

directrice artistique.<br />

En situation de travail stylisme @beard_and_fringe - Photographe : ©Jean-Emmanuel Perchet.<br />

Elle est aujourd’hui chargée<br />

de l’optimisation du geste.<br />

Tout a commencé pour Armelle<br />

van Eecloo en athlétisme<br />

par une commande<br />

pour améliorer un allongement de pied.<br />

On ne fait pas appel à elle pour une pra-<br />

<br />

pour un besoin précis : «<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

».<br />

<br />

pointe de pied, placer son bassin… Un<br />

athlète se fabrique comme il peut, mais<br />

en haut niveau, on fait dans la dentelle.<br />

Passer dans le sport pro, c’est avoir<br />

conscience de son corps, l’analyser et<br />

retravailler sa motricité pour viser l’excellence.<br />

Avoir une meilleure conscience<br />

et une meilleure connaissance de son<br />

physique permet une certaine autonomi-<br />

ment.<br />

Faire baisser le chrono du sprinter,<br />

améliorer le saut en longueur… ça passe<br />

<br />

effort compact. Et c’est ce qui plaît à Armelle,<br />

passionnée par le dépassement de<br />

soi depuis son plus jeune âge.<br />

« <br />

<br />

<br />

» L’important : que ses interventions<br />

soient intégrées aux gammes<br />

d’échauffement. Elle les voit comme « une<br />

<br />

»,<br />

<br />

Choisir sa pratique<br />

D'après Armelle van Eecloo il est préférable<br />

de ne pas accumuler les interventions physiques<br />

sans concertation avec le projet<br />

de performance. « <br />

prévient-elle, <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

»<br />

La rencontre avec le pilates<br />

Etant jeune soliste, Armelle se blessait.<br />

Elle craignait sans cesse le retour de<br />

blessure, et saturait ; avant de découvrir<br />

la technique de Jérôme Andrew (disciple<br />

de Joseph Pilates) axée sur la physicalité,<br />

avec des notions ostéo. « <br />

<br />

<br />

<br />

». Son autre<br />

révélation a eu lieu autour de l’aïkido.<br />

« <br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

»<br />

Un travail qui se fait en totale collaboration<br />

avec les entraîneurs, mais<br />

aussi avec le staff médical, nous précise<br />

la chorégraphe : «<br />

<br />

<br />

<br />

». WSA<br />

68 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 69<br />

© Luis Molinero / Shutterstock


SANTÉ<br />

Endométriose<br />

QUELLES CONSÉQUENCES<br />

POUR LE SPORT ?<br />

Qu’est-ce que l’endométriose ? Puis-je ou dois-je pratiquer<br />

du sport pour aller mieux ? Comment trouver un mieux-être<br />

lorsqu’on souffre d’endométriose ? C’est pour répondre à toutes<br />

ces questions que nous avons mené l’enquête. Avec un double<br />

objectif : mieux comprendre ce que vivent les femmes confrontées<br />

à l’endométriose et déterminer si le sport peut être leur allié, le cas<br />

échéant dans quelles conditions. PAR LÉA BORIE<br />

Non, se tordre de<br />

douleurs à cause<br />

de maux de ventre<br />

insupportables et<br />

devoir s’interdire de<br />

pratiquer du sport n’est<br />

pas normal.<br />

L’ENDOMÉTRIOSE,<br />

POINT DE DÉPART…<br />

ET D’ACHOPPEMENT<br />

L’endométriose est une maladie qui se<br />

caractérise par le développement de tissu<br />

semblable à la muqueuse utérine hors<br />

de l’utérus, provoquant des douleurs pelviennes<br />

et lombaires rythmées par le cycle.<br />

Les perturbateurs endocriniens pourraient<br />

jouer un rôle dans le développement de ces<br />

lésions. On retrouve souvent des lésions<br />

d’endométriose au niveau de l’utérus, des<br />

ligaments utéro-sacrés, des ovaires, et parfois<br />

au niveau du rectum ou de la vessie.<br />

Si elle passe inaperçue pour un tiers des<br />

femmes atteintes, les autres souffrent de<br />

symptômes plus ou moins aigus au moment<br />

de l’ovulation ou des règles. Il s’agit<br />

de douleurs dans le bas ventre irradiant<br />

dans les cuisses, ou de douleurs dans le<br />

bas du dos. Ces douleurs peuvent être associées<br />

à des « -<br />

<br />

<br />

», témoigne Pauline Barbier, ellemême<br />

diagnostiquée à 39 ans, directrice<br />

marketing et développement M&E Care,<br />

start-up française créée en 2019 dont est<br />

<br />

tientes<br />

atteintes d’endométriose.<br />

rience<br />

désagréable, associée ou non à une<br />

sieurs<br />

facteurs : biologique, psychologique,<br />

environnemental, socio-culturel, familial.<br />

«<br />

énonce Elodie<br />

Rousset, chiropracteure du programme<br />

Endomaîtrise à Lyon. <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

expertes ».<br />

Des douleurs dont on parle peu. À force<br />

d’entendre des « »,<br />

« », « <br />

<br />

», « <br />

», « », dif-<br />

<br />

tabous des règles, les femmes souffrant<br />

d’endométriose se sentent souvent isolées<br />

et dans une impasse. Stress et manque<br />

de mobilité sont en première ligne. On se<br />

demande souvent quels sont les facteurs<br />

déclencheurs de la douleur : stress, insomnie,<br />

activité physique… Mais comme l’explique<br />

le Dr Marie Ceccarelli, présidente<br />

fondatrice M&E Care et médecin français,<br />

spécialisée dans le suivi de l’endométriose<br />

: « <br />

<br />

70 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Cette maladie connue depuis 1860 n’est<br />

au programme des études de médecine<br />

que depuis 2020. C’est pourquoi aujourd’hui,<br />

quantité d’acteurs s’attachent<br />

à la faire connaître et à la diagnostiquer.<br />

Les programmes naissants sont vus<br />

comme des révolutions dans le secteur !<br />

D’année en année, on en apprend davantage<br />

sur les pistes de soulagement et<br />

les implications de cette maladie. Un travail<br />

qui fait marcher le réseau de ville et<br />

hospitalier avec kinés, ostéo, psychologues,<br />

micronutritionnistes, sage-femmes,<br />

chirurgiens…<br />

Les ressources disponibles se démo-<br />

<br />

podcasts, d’applis… Pour ne citer que<br />

ceux-là :<br />

- La startup Le Lab de l’Endo a même<br />

créé une communauté, les Endogirls,<br />

<br />

Une infusion médicinale pour soulager<br />

les symptômes est aussi sortie en début<br />

d’année.<br />

- Les laboratoires Boiron ont développé<br />

l’homéopathie pour soulager les douleurs<br />

de règles, en lien avec l’endométriose.<br />

-<br />

<br />

<br />

(médecin algologue, spécialisée<br />

dans la douleur NDLR)<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

» Ajoutez à cela<br />

des recherches autonomes qui inquiètent<br />

et égarent autant qu’elles informent... Colin<br />

Charrier, coach APA & endométriose à<br />

Lyon en France, fondateur de Sporactio,<br />

et membre du programme Endomaîtrise,<br />

l’atteste : « <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

»<br />

LES PROGRAMMES POUR<br />

LES PATIENTES<br />

© Krakenimages.com / Shutterstock<br />

- Le programme Kiffe Ton Cycle a exploré<br />

les alternatives pour mieux vivre<br />

la maladie lors d’un sommet en mars<br />

dernier. Une table ronde avec les créateurs<br />

de la ‘‘MenstruTech’’ a eu lieu avec<br />

comme thème majeur « Endométriose :<br />

souffrir n’est pas une fatalité ».<br />

- La plateforme Easy Endo (M&E Care),<br />

et le Dr Marie Ceccarelli notamment,<br />

qui suit depuis sept ans des patientes<br />

atteintes d’endométriose. Elle intervient<br />

au sein de l’Hôpital Paris Saint-Joseph et<br />

s’est rendue compte qu’il manquait de<br />

spécialistes sur le terrain pour prendre<br />

en charge ces femmes en quête de réponses,<br />

de solutions…<br />

- Endomaîtrise, programme lyonnais multimodal<br />

de prise en charge de l’endométriose.<br />

PLURI-INTERVENTION<br />

L’intérêt de la prise en charge pluridisciplinaire<br />

a été soulevé en 2017 par l’HAS,<br />

et en novembre dernier dans un rapport<br />

de l’Académie de médecine. Tous les<br />

acteurs s’accordent sur l’intérêt d’impliquer<br />

plusieurs domaines : approches<br />

neurocognitive et comportementale, naturopathie,<br />

aromathérapie, ostéopathie,<br />

ayurveda, hypnose, chirurgie, algologie…<br />

Plusieurs volets s’ouvrent alors<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 71


SANTÉ<br />

ZOOM SUR<br />

2 PROGRAMMES<br />

EASY ENDO<br />

« Easy Endo est une plateforme web<br />

gratuite d’éducation thérapeutique<br />

patiente, complémentaire à un suivi<br />

médical, indique Pauline Barbier, pour<br />

permettre aux femmes de devenir<br />

actrices de leur prise en charge. »<br />

Comment ? À travers un outil<br />

digital personnalisé pour annoter ses<br />

symptômes et suivre leur évolution. Il<br />

optimise l’approche pluridisciplinaire<br />

en identifiant les facteurs déclencheurs<br />

ou modérateurs de douleurs.<br />

Easy Endo, ce sont aussi des fiches<br />

pédagogiques, des tips bien-être et<br />

règles hygiéno-diététiques, des lives<br />

avec des experts ainsi qu’un forum<br />

pour échanger entre patientes et<br />

rompre l’isolement.<br />

ENDOMAÎTRISE<br />

Ce programme lyonnais vise à<br />

améliorer la qualité de vie des patientes<br />

à travers une prise en charge<br />

pluridisciplinaire de 6 mois minimum,<br />

complémentaire de la prise en charge<br />

médico-chirurgicale classique de<br />

l’endométriose. Il s’articule autour<br />

d’un parcours de soins adapté aux<br />

difficultés rencontrées par la patiente.<br />

Plusieurs piliers : physique, psychique,<br />

chimique, sexo/couple. En font<br />

notamment partie Elodie Rousset,<br />

vice-présidente de l’Association<br />

française de chiropraxie à Lyon, Yann<br />

Schmitt, chiropracteur à Villeurbanne,<br />

Dr Benjamin Cotte, gynécologue-obstétricien<br />

à la Clinique du Val d’Ouest à<br />

Écully et Colin Charrier, coach APA &<br />

endométriose, avec qui nous avons pu<br />

échanger. Des ateliers collectifs y sont<br />

dispensés, applaudis par Elodie, une<br />

patiente du programme de 33 ans:<br />

« La force du groupe est puissante.<br />

Je suis ouverte à toutes les solutions<br />

car je sais que je n’en guérirai pas. Et<br />

pour ça, il ne faut pas sous-estimer les<br />

unions de patientes, un peu comme les<br />

alcooliques anonymes ! (rire) »<br />

aux femmes : la gestion de la maladie<br />

(nutrition, supplémentation, mode de vie,<br />

aromathérapie) ; et la gestion de la douleur<br />

(antidouleurs, algologie, hypnose et<br />

autres méthodes alternatives).<br />

La chiropracteure française Elodie Rousset<br />

insiste sur l’importance de « <br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

-<br />

-<br />

-<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

» C’est pourquoi le programme<br />

Endomaîtrise recouvre un champ de compétences<br />

large : APA, art-thérapie, chiropraxie,<br />

communication facilitée, fasciathérapie,<br />

gynécologie, hypnoanalgésie – gestion du<br />

stress, naturopathie, ostéopathie, prise en<br />

charge nutritionnelle et diététique, rééducation<br />

périnéale, sexothérapie – éducation<br />

en santé sexuelle, sophrologie, soutien<br />

psychologique – haptonomie (préparation<br />

à l’accouchement), thérapie de couple. Et<br />

sur la chiropraxie en particulier, « -<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

-<br />

-<br />

» détaille Yann Schmitt, chiropracteur,<br />

en mettant en évidence une réponse non<br />

médicamenteuse qui repose principalement<br />

sur des actes de manipulation vertébrale et<br />

de mobilisation des articulations.<br />

Toutes les méthodes et techniques qui<br />

<br />

du corps pour réduire les douleurs sont<br />

<br />

qui peut provoquer ou au contraire diminuer<br />

les crises. « tranche<br />

Pauline Barbier. -<br />

<br />

<br />

-<br />

» Une idée appuyée par Elodie Rousset : «<br />

<br />

<br />

<br />

Il n’y a pas une bonne<br />

intervention ou un suivi<br />

unique qui marche.<br />

C’est pourquoi chaque<br />

patiente essaie, teste,<br />

expérimente, avec<br />

l’équipe médicale, ce qui<br />

la soulage elle.<br />

<br />

» Et ça, comme en témoigne<br />

Colin Charrier, « <br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

». Des actions qui ont un<br />

coût. Six mois de suivi pluridisciplinaire représentent<br />

environ 500 €.<br />

QUELLES SOLUTIONS<br />

CONCRÈTES ?<br />

Il existe plusieurs ‘‘traitements’’ sur lesquels<br />

jouer :<br />

- Un antidouleur : antalgiques, antispas-<br />

roïdiens.<br />

Mais aussi opium, CBD… ou encore<br />

certaines plantes. Dans un webinar<br />

72 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Endo. <br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

»<br />

« EN MATIÈRE DE SPORT, QUAND ON<br />

SOUFFRE D’ENDOMÉTRIOSE, IL NE<br />

SERT À RIEN D’ALLER TROP VITE OU<br />

TROP FORT, AU RISQUE DE MAL FAIRE<br />

ET DE SE FAIRE MAL. » PAULINE BARBIER<br />

« Endométriose et phytothérapie » pour<br />

<br />

et conseillère en phyto-aromathérapie, a<br />

<br />

- Un traitement hormonal, qui agira sur les<br />

règles, la cause principale des douleurs. En effet,<br />

la pilule oestro-progestative lisse les variations<br />

hormonales, voire supprime les règles et<br />

les douleurs qui les accompagnent. Les sportives<br />

en compétition y ont souvent recours.<br />

Les entraves arrivent alors dès lors qu’elles<br />

souhaitent avoir un enfant et cessent la pilule.<br />

- Une alimentation anti-inflammatoire,<br />

avec comme pilier la diététique, la naturopathie<br />

et la micronutrition.<br />

- Un sommeil équilibré et réparateur.<br />

- La mobilité et le fait de lutter contre la sédentarité.<br />

ZOOM SUR LA MOBILITÉ /<br />

ACTIVITÉ PHYSIQUE<br />

L’explication des douleurs. « -<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

pose le Dr Marie Ceccarelli d’Easy<br />

© Cast Of Thousands / Shutterstock<br />

En matière de mobilité, «<br />

<br />

<br />

». Mais Pauline Barbier le<br />

rappelle : « -<br />

-<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

»<br />

Le sport comme antalgique. L’équipe<br />

Easy Endo évoque le témoignage de plu-<br />

<br />

dus à la pandémie de COVID-19 qui font<br />

rêt<br />

contraint du sport. Ce dernier faisait partie<br />

de leur équilibre. C’est d’ailleurs après<br />

l’arrêt de son activité physique que Pauline<br />

a découvert sa maladie. Joueuse de handball<br />

depuis plus de 25 ans, elle a dû arrêter<br />

subitement suite à des blessures à répétition.<br />

Des douleurs incompréhensibles sont<br />

alors survenues, avant qu’un spécialiste ne<br />

mette le doigt sur sa maladie.<br />

Il faut sentir sa limite et y aller<br />

progressivement. « <br />

<br />

<br />

prévient le<br />

Docteur Ceccarelli. <br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

-<br />

»<br />

Pauline complète et témoigne : « <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 73


SANTÉ<br />

<br />

<br />

»<br />

Marie Ceccarelli insiste sur l’intérêt de la régularité<br />

dans l’effort physique lorsque l’on a<br />

de l’endométriose, « <br />

<br />

» Colin Charrier,<br />

coach APA, parle d’une pratique au<br />

moins deux fois par semaine, pour « <br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

»<br />

Attention avec l’expression<br />

‘‘activité physique’’<br />

Elle peut faire peur. Il s’agit de doser ses<br />

efforts en fonction des jours, des douleurs,<br />

de l’humeur, mais surtout rester active,<br />

comme nous le détaille Elodie Rousset<br />

d’Endomaîtrise : « <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

-<br />

-<br />

-<br />

<br />

<br />

» Prendre en charge les<br />

personnes éloignées de la pratique, c’est le<br />

rôle qu’endosse Colin Charrier au sein du<br />

programme Endromaîtrise : « <br />

<br />

Parfois, c’est en<br />

arrêtant le sport<br />

subitement que les<br />

douleurs reviennent,<br />

et violemment. D’où<br />

l’importance d’une<br />

pratique régulière.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

»<br />

En pratique, attention aux exos<br />

hyperpressifs !<br />

« <br />

<br />

-<br />

-<br />

<br />

met en garde le fondateur de Sporactio. <br />

-<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

-<br />

».<br />

DES SPORTS<br />

PARTICULIÈREMENT<br />

ADAPTÉS<br />

Il n’y a pas de mauvais sport à proprement<br />

parler mais pour une reprise, il existe des<br />

activités particulièrement adaptées :<br />

- Le yoga joue sur la respiration, ouvre la<br />

cage thoracique, avec respiration abdomi-<br />

<br />

© Dragana Gordic / Shutterstock<br />

- Le stretching permet d’étirer en douceur,<br />

notamment bassin et ventre. « <br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

», replace le<br />

docteur Ceccarelli.<br />

- La natation accompagne le mouvement.<br />

« <br />

», ajoute le docteur.<br />

- La course n’est pas forcément le sport le<br />

plus adapté, mais surtout si on ne courait<br />

pas jusqu’alors, car la mise en route peut<br />

être violente.<br />

Idem pour la boxe, qui peut accentuer l’impact<br />

sur les viscères, comme l’explique Colin<br />

Charrier, avant de conclure : « <br />

» WSA<br />

REMERCIEMENTS :<br />

D.R.<br />

Dr Marie Ceccarelli, présidente fondatrice<br />

M&E Care (Easy Endo) et médecin spécialisée<br />

dans le suivi de l’endométriose<br />

D.R.<br />

Pauline Barbier, directrice marketing et<br />

développement M&E Care (Easy Endo)<br />

D.R.<br />

Elodie Rousset, chiropracteure,<br />

vice-présidente de l’association française<br />

de chiropraxie, membre du programme<br />

Endomaîtrise<br />

D.R.<br />

Colin Charrier, coach APA &<br />

endométriose, fondateur de Sporactio,<br />

membre du programme Endomaîtrise<br />

74 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


avec


FEMMES D’INFLUENCE<br />

[ Portrait ]<br />

Zeina Mina :<br />

<br />

<br />

<br />

Directrice du Comité international des Jeux de la Francophonie, Zeina Mina nous livre<br />

une analyse sans concession de la place de la langue française dans le sport et nous éclaire<br />

sur le chemin qui pourrait mener vers plus de francophonie dans et par le sport. Le tout sans<br />

langue (française) de bois ! PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK<br />

WOMEN SPORTS AFRICA :<br />

QUELLE EST LA PLACE DE LA<br />

LANGUE FRANÇAISE DANS LE<br />

SPORT AUJOURD’HUI ?<br />

ZEINA MINA : Il y a deux réponses à<br />

cette question. La première est une réponse<br />

policée, basée sur des données<br />

globales : il y a actuellement 321 millions<br />

de francophones dans le monde et le<br />

<br />

du Comité international olympique (CIO)<br />

et de la plupart des fédérations sportives<br />

internationales, ce qui confère au français<br />

un statut privilégié dans les discussions<br />

et les décisions prises au niveau<br />

mondial dans le domaine du sport. Et<br />

puis il y a une deuxième réponse, à la fois<br />

plus simple et un peu angoissante : on ne<br />

sait pas. Ce qui est certain, c’est que la<br />

problématique de la place de la langue<br />

française est entre les mains de multiples<br />

institutions. Avant d’évoquer un avenir<br />

radieux pour la langue française dans et<br />

par le sport, il faut lutter contre la régression<br />

du français au sein des instances du<br />

sport et se demander comment celles-ci<br />

se positionnent par rapport à cette problématique.<br />

OBSERVEZ-VOUS, Y COMPRIS AU<br />

NIVEAU DES JEUX DE LA<br />

FRANCOPHONIE, UNE NÉCESSITÉ À<br />

DÉFENDRE LA PLACE DE LA LANGUE<br />

FRANÇAISE ?<br />

Oui ! Les Jeux de la Francophonie, c’est<br />

le seul événement qui parle uniquement<br />

français. Mais placer la francophonie à<br />

tous les étages de l’organisation n’a rien<br />

de facile ! Les personnels doivent tous<br />

être formés en français et dans bien des<br />

métiers, c’est loin d’être le cas. À tous<br />

les niveaux : arbitres, juges, administration<br />

des fédérations, gestionnaires, entraîneurs<br />

et dans tous les autres métiers<br />

du sport et de l’organisation d’événements,<br />

il y a un lexique sportif à respec-<br />

« LES JEUX DE LA FRANCOPHONIE,<br />

C’EST LE SEUL ÉVÉNEMENT QUI PARLE<br />

UNIQUEMENT FRANÇAIS. »<br />

D.R.<br />

76 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


« Un grand<br />

événement comme<br />

des Jeux de la<br />

Francophonie,<br />

c’est l’occasion<br />

d’impulser une<br />

dynamique »<br />

D.R.<br />

ter, qui ne s’invente pas. Tout part de la<br />

formation, très en amont. Et le diable se<br />

cache dans les détails. Lors des derniers<br />

Jeux de la Francophonie à Kinshasa par<br />

exemple, certaines fédérations internationales<br />

ont nommé pour les compétitions<br />

des délégués techniques qui ne<br />

parlent pas français ! Autre exemple pernicieux,<br />

à Kinshasa, certains chauffeurs<br />

de taxis ne parlaient pas le français,<br />

mais uniquement le lingala (une langue<br />

bantoue parlée en République démocratique<br />

du Congo et en République du<br />

Congo, NDLR).<br />

EST-CE À DIRE QUE MÊME DANS<br />

LES PAYS FRANCOPHONES,<br />

LA DÉFENSE DE LA LANGUE<br />

FRANÇAISE EST UN PROBLÈME ?<br />

Oui, certaines formations à certains<br />

métiers ne sont pas dispen-<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 77


FEMMES D’INFLUENCE<br />

sées en langue française.<br />

C’est le cœur du problème. Un grand<br />

événement comme des Jeux de la<br />

Francophonie est l’occasion d’impulser<br />

une dynamique, car ce sont plusieurs<br />

années de préparation. Un tel événement<br />

permet de renforcer les cadres<br />

techniques dans le pays. Pour les<br />

Jeux de Kinshasa, nous avons formé<br />

des volontaires en délivrant des certi-<br />

<br />

Jeux Olympiques de Paris. Mais plus<br />

en amont encore, c’est tout le secteur<br />

scolaire qui est concerné : les débouchés<br />

de travail dans le monde du sport<br />

Il faut que l’usage de la langue française<br />

soit banalisé par une formation<br />

en langue française et l’utilisation quotidienne<br />

de termes techniques en français.<br />

Il existe un programme de management<br />

sportif dispensé uniquement<br />

en anglais ! Quel dommage ! Notre rôle<br />

à l’OIF, en liaison avec les Unions sportives<br />

francophones, est précisément<br />

de créer un vocabulaire sportif francophone<br />

précis qui devra au plus vite<br />

faciliter la tâche des formateurs pour<br />

une traduction en français de tous ces<br />

programmes de formation dans le domaine<br />

sportif.<br />

“<br />

Zeina Mina<br />

en bref<br />

D.R.<br />

« C’EST L’OCCASION D’IMPULSER UNE<br />

DYNAMIQUE, CAR CE SONT PLUSIEURS<br />

ANNÉES DE PRÉPARATION. »<br />

sont immenses, il y a un besoin dans le<br />

management du sport, dans le secteur<br />

événementiel, dans plus de 100 corps<br />

de métiers de la logistique, la communication,<br />

etc. Il faut que tous ces métiers<br />

puissent s’apprendre en langue<br />

française. Il y a un parallèle avec la<br />

place des femmes dans le monde<br />

du sport. Si on veut que des femmes<br />

prennent des postes à responsabilités,<br />

il faut les former. Je vais prendre<br />

mon cas personnel en exemple : si j’ai<br />

été repérée pour participer à l’organisation<br />

des Jeux de la Francophonie à<br />

Beyrouth (Liban) en 2009, puis pour<br />

devenir quelques années plus tard directrice<br />

du Comité international des<br />

Jeux de la Francophonie, au-delà de<br />

<br />

c’est d’abord parce que j’avais, parmi<br />

les qualités requises, une formation<br />

universitaire française.<br />

LA CLÉ, C’EST DONC LA<br />

FORMATION EN LANGUE<br />

FRANÇAISE ?<br />

Absolument. Et de ce point de vue, le<br />

mouvement sportif en général et les<br />

Unions sportives francophones en particulier<br />

ont un rôle majeur à jouer. Je<br />

ne suis pas très convaincue que même<br />

au sein des fédérations dans les pays<br />

francophones on ne parle que français.<br />

D.R.<br />

LES JEUX OLYMPIQUES ET<br />

PARALYMPIQUES DE PARIS<br />

2024 PEUVENT-ILS ÊTRE UN<br />

FACILITATEUR DE CETTE<br />

POLITIQUE ?<br />

L’organisation d’événements sportifs<br />

majeurs dans des pays francophones,<br />

tels que les Jeux Olympiques de Paris<br />

2024 ou les Jeux de la Francophonie,<br />

contribuent à accroître la visibilité du<br />

français dans le monde du sport. Ces<br />

événements offrent également des<br />

opportunités de promotion du français<br />

auprès d’un public international.<br />

Toutefois, je ne crois pas dans les actions<br />

ponctuelles. C’est un travail de<br />

fond qui est aujourd’hui engagé, avec<br />

notamment la création du premier<br />

cophonie<br />

sportive et pour valoriser la<br />

langue française dans le sport (le 21<br />

novembre 2023 à la délégation Wallonie<br />

Bruxelles à Paris, événement animé<br />

par le président de ,<br />

Bruno Lalande, NDLR).<br />

Des groupes de travail ont été constitués<br />

pour analyser tous les champs sur lesquels<br />

nous devons avancer. L’un de ces<br />

groupes de travail vise notamment à valoriser<br />

et à diffuser le travail de terminologie<br />

en français dans le sport. C’est un travail<br />

de long terme. WSA<br />

Zeina Mina était doyenne de la<br />

faculté des sciences du sport de<br />

l’université Antonine au Liban de<br />

2009 à 2019. Elle est titulaire<br />

d’un doctorat STAPS. Après une<br />

carrière sportive de haut niveau,<br />

ponctuée notamment par la<br />

participation aux Jeux Olympiques<br />

de Los Angeles en 1984, elle s’est<br />

investie dans l’édification du sport<br />

libanais. Elle a occupé le poste de<br />

conseillère du ministre libanais<br />

de la Jeunesse et des Sports, est<br />

devenue membre du Haut Comité<br />

national de la VI e édition des Jeux<br />

de la Francophonie, à Beyrouth en<br />

2009, et a dirigé la commission<br />

sportive.<br />

En 2008, elle a créé un centre<br />

d’entraînement et d’évaluation<br />

de la performance au Liban,<br />

une structure innovante dans le<br />

domaine de l’expertise sportive<br />

« Performance First ». Elle a mis en<br />

place un baccalauréat technique<br />

sport au ministère de l’Education<br />

libanais et a créé l’école « Sports<br />

academy school » qui prend en<br />

charge des jeunes dès 13 ans<br />

dans le but de concilier études et<br />

entraînements.<br />

Appelée par le Comité international<br />

des Jeux de la Francophonie,<br />

elle a coopéré aux organisations<br />

des Jeux de Nice 2013 et à ceux<br />

d’Abidjan 2017. Elle est directrice du<br />

Comité international des Jeux de la<br />

Francophonie (CIJF) depuis mai 2019.<br />

78 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


MADE IN AFRICA<br />

ZOOM SUR…<br />

Iwalewa<br />

<br />

<br />

bienvenue en Europe<br />

D.R.<br />

Josiane Ologbi est à l’origine de la marque de cosmétiques<br />

Iwalewa. Des produits capillaires pas comme les autres :<br />

ils sont originaires d’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest et Nord-Ouest et<br />

entendent redorer l’image de l’<strong>Afrique</strong>. Vaste programme<br />

que nous détaille sa créatrice, issue du Sénégal.<br />

PAR LÉA BORIE<br />

A l’origine : un projet pour<br />

joindre les deux bouts<br />

Née au Niger, d’une mère togolaise et d’un<br />

père nigérian, Josiane Ologbi a grandi au<br />

Sénégal, avant de partir faire ses études<br />

de biochimie en France, en 2009. Elle a eu<br />

l’occasion de retourner au Sénégal pour<br />

<br />

non rémunéré. Josiane redouble d’effort<br />

<br />

Elle vend les cosmétiques qu’elle fait au<br />

départ pour elle, sous le nom de Saine et<br />

belle. C’est là qu’elle se rend compte combien<br />

les produits venus d’<strong>Afrique</strong>, pourtant<br />

si précieux, sont mal perçus en Europe.<br />

Pour défendre cette idée que si, on peut<br />

faire de la qualité avec des matières premières<br />

sénégalaises notamment, elle se<br />

lance dans un pari de plus grande envergure<br />

: créer une marque de soins capillaires<br />

destinés aux cheveux crépus vendue<br />

en Europe et au Sénégal.<br />

Une histoire de normes<br />

Iwalewa voit le jour en 2019, une marque léchée,<br />

minimaliste. Sur le papier, le projet est<br />

tion<br />

vient rapidement corser cette idylle parfaite.<br />

« s’enjouait<br />

Josiane Ologbi, <br />

<br />

»<br />

D.R.<br />

Si la bioingénieure en biotechnologies végétales<br />

tenait à déployer la conception uniquement<br />

au Sénégal, Josiane doit se rendre à<br />

<br />

80 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


Se servir de<br />

l’essentiel des<br />

cosmétiques<br />

capillaires, tel<br />

est le credo<br />

d’Iwalewa, selon<br />

Josiane Ologbi.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 81


MADE IN AFRICA<br />

pays : très peu de laboratoires permettent<br />

ces exports. « -<br />

-<br />

<br />

» Et c’est un<br />

peu par hasard, sur l’étiquette d’un produit<br />

de beauté qu’elle utilisait, que la créatrice a<br />

remarqué la mention « Made in Morocco ».<br />

Banco ! Elle se rapproche alors d’un labo-<br />

sement,<br />

celui-ci dépose le bilan en pleine<br />

fabrication de sa première gamme. Mais<br />

la responsable, avec qui Josiane a établi<br />

<br />

C’est ainsi qu’elle devient sa chef de projet<br />

sur place au Maroc, forte de son carnet<br />

d’adresses étoffé. C’est ici que la fabrication,<br />

l’assemblage des produits, leur conditionnement<br />

et mise en pot est effectuée.<br />

En plus du Sénégal, historiquement, et du<br />

Maroc, Josiane creuse d’autres possibilités.<br />

Grâce à une connaissance, un dirigeant<br />

d’une coopérative burkinabée, elle étend<br />

sa sélection de produits ressources à un<br />

2e pays d’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest. C’est comme<br />

ça que l’hibiscus et la feuille de feuille de<br />

kinkéliba sont Sénégalais, que le beurre de<br />

karité est issu du Burkina Faso et que l’huile<br />

d’argan, de jojoba, de ricin, le miel et les actifs<br />

proviennent du Maroc.<br />

La force de l’<strong>Afrique</strong><br />

Quitte à créer depuis l’<strong>Afrique</strong>, autant participer<br />

à l’industrialisation. « <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

-<br />

<br />

<br />

« EN FRANCE, LES JEUNES FEMMES<br />

LORGNENT SUR LES ETATS-UNIS. ET<br />

LES TENDANCES BEAUTÉ DE FRANCE<br />

PARLENT AU SÉNÉGALAISES. »<br />

<br />

-<br />

».<br />

Aujourd’hui physiquement en France avec<br />

sa marque made in Africa, Josiane ne désespère<br />

pas, une fois les gammes bien installées<br />

sur l’ensemble du marché européen,<br />

notamment dans les grandes surfaces,<br />

pouvoir retourner vivre en <strong>Afrique</strong>. Au programme<br />

: accélérer la partie e-commerce.<br />

Une âme d’une entrepreneuse<br />

Elle n’a pas honte de le dire et de le revendiquer<br />

: Josiane se place aussi là où<br />

se trouvent les opportunités. La demande<br />

est forte en Belgique et en Allemagne par<br />

exemple. Alors elle tâchera de continuer de<br />

développer cette clientèle aussi. Même si<br />

au début, tout n’a pas été aussi limpide que<br />

ça : « -<br />

déclare<br />

la créatrice d’Iwalewa. <br />

<br />

»<br />

À tort visiblement !<br />

L’essentiel et rien d’autre<br />

Pour autant, Josiane n’est pas là pour<br />

vendre à tout bout de champ sans raison.<br />

« <br />

»<br />

Astuce<br />

entretien des<br />

cheveux et sport<br />

de Josiane Ologbi<br />

«Je me lave les cheveux une fois<br />

par semaine, et quand je fais<br />

du sport, je supporte mal cette<br />

sensation d’étouffement du cuir<br />

chevelu. Alors j’utilise une crème<br />

lavante (Orisun) pour rafraîchir<br />

un peu la chevelure sans créer de<br />

sécheresse comme ça peut être le<br />

cas avec un shampoing classique.<br />

Et une fois par mois, je conseille<br />

de suivre une sorte de petite détox<br />

à l’argile pour ôter les cellules<br />

mortes et laisser respirer le cuir<br />

chevelu après avoir supporté les<br />

gros chignons en salle de sport. »<br />

C’est la demande et les retours clients qui<br />

l’ont poussé à étendre son offre pour que<br />

sa gamme corresponde à chacune de ses<br />

clientes. Son bestseller d’origine : le soin<br />

riche tout en 1 Ayaba. Masque après-sham-<br />

tation,<br />

il remplit la fonction hydratante pour<br />

toute la semaine, sans avoir besoin d’en<br />

remettre des couches tous les deux jours.<br />

«<br />

»<br />

martèle-t-elle.<br />

D.R.<br />

D.R.<br />

Comme il alourdissait trop la chevelure<br />

de certaines clientes, le lait capillaire<br />

Ewa a été lancé. Le moins polyvalent de<br />

la gamme, il a été créé pour répondre à<br />

un besoin particulier. Plus large d’application,<br />

puisqu’elle concerne les cheveux et<br />

le corps, la pâte nettoyante Ishun au Khassoul,<br />

une argile marocaine douce, permet<br />

d’absorber les impuretés sans assécher la<br />

peau ou les cheveux. WSA<br />

82 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR


ENTREPRENEURIAT<br />

Par Bruno Lalande<br />

Ces championnes africaines<br />

qui créent leur business !<br />

KEYENA : UN LANCEMENT RÉUSSI EN 2021 PAR<br />

CORALIE GASSAMA ET UNE BELLE ACCÉLÉRATION<br />

AUJOURD’HUI AVEC DAYOT UPAMECANO QUI REJOINT<br />

L’ACTIONNARIAT !<br />

Coralie Gassama lance à 20 ans « KEYENA », première marque de sur-semelles<br />

de protection pour les chaussures à pointes d’athlétisme. Forte de son expérience<br />

d’athlète de haut niveau sur la piste et frustrée de ne pas trouver de produit<br />

répondant au besoin des athlètes, elle se lance dans l’entreprenariat. Après deux<br />

ans et demi de recherche et développement, les premières sur-semelles Key One<br />

arrivent sur le marché. En 2023, plus de 1 200 athlètes en France et à l’international<br />

les ont adoptés. Séduit par la promesse pertinente du produit, et désireux de<br />

soutenir l’ingéniosité française, Le footballeur Dayot Upamecano, pensionnaire<br />

du FC Bayern Munich et sélectionné en équipe de France, vient de rejoindre<br />

l’actionnariat de Keyena.<br />

Ensemble, ils vont renforcer la présence mondiale de la marque et pénétrer de<br />

nouveaux marchés, dont le cyclisme sur route. L’arène des start-ups présente de<br />

nombreux parallèles avec une carrière sportive de haut niveau. Autant de défis<br />

qu’ils ont déjà affrontés et surmontés auparavant, dans leurs carrières sportives.<br />

Une remarquable « alliance » homme-femme pour de l’entreprenariat avec<br />

beaucoup de sens !<br />

https://keyena.com<br />

D.R.<br />

FATOU DIOUCK, UNE ENTREPRENEUSE ENGAGÉE !<br />

D.R.<br />

Fatou Diouck est une personnalité pétillante et engagée, notamment dans la<br />

lutte contre le décrochage scolaire des filles avec son association<br />

« Demoiselles de Keur, Sénégalaises de demain ». Elle est aussi capitaine de<br />

l’équipe nationale sénégalaise de volleyball, joueuse en France, mais aussi<br />

en Asie (Corée du Sud et Thaïlande). Elle a décroché le titre de « meilleure<br />

joueuse » du Championnat thaïlandais de volleyball et, est Young leader 2021<br />

pour Sport impact Leader.<br />

Fatou Diouck vient de lancer sa marque, Dono, accompagnée par l’incubateur<br />

Paris 2024. Un déclic, après avoir découvert les techniques d’artisanat en<br />

Thaïlande. Dono est une jeune marque dont le but est de faire perdurer un<br />

savoir et une tradition familiale transmise par son père : le travail du cuir. Tous<br />

les produits sont faits main par des artisans locaux, dans la plus pure tradition<br />

sénégalaise.<br />

https://www.ma-page.pro/site/dono<br />

EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 83


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