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L A FEMME ES T L’AVENIR DU SPORT<br />
N°8 Janvier > Juin 2024<br />
LES BELLES<br />
HISTOIRES<br />
DERARTU TULU,<br />
TEGLA LOROUPE,<br />
HABIBA GHRIBI...<br />
ELLES ONT MIS LEURS EXPLOITS<br />
AU SERVICE DE LA PAIX<br />
africa.womensports.fr<br />
ENQUÊTE<br />
TESTOSTÉRONE<br />
CES SPORTIVES PAS<br />
ASSEZ FEMMES AUX<br />
YEUX DES INSTANCES<br />
DÉCOUVERTE<br />
KLOE LA MACHINE, STAR<br />
CAMEROUNAISE DE TIK TOK<br />
À SEULEMENT 9 ANS !<br />
NDÈYE BINTA DIONGUE<br />
NOUSRACONTESAPRÉPA<br />
SA OLYMPIQUE ET NOUS OFFRE<br />
SA ROUTINE SPORT<br />
© PA / Icon Sport
YEMALY<br />
Association<br />
ASSOCIATION<br />
ASSOCIATION<br />
NOS PARTENAIRES<br />
ENGAGÉS ACTIVEMENT POUR UNE DIFFUSION GRATUITE<br />
DE WOMEN SPORTS AFRICA EN PRINT ET DIGITAL DANS L’ENSEMBLE<br />
DES PAYS DU CONTINENT<br />
TOP PARTENAIRES<br />
PARTENAIRES DE DIFFUSION<br />
R È S E A U I N T E R N AT I O N A L<br />
FRANCOPHONE POUR LE SPORT<br />
YEMALY<br />
YEMALY<br />
2 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
ÉDITORIAL<br />
Changer la donne pour transformer<br />
la vie des jeunes grâce au sport<br />
En 2001, le Comité International Olympique m’a décerné le<br />
trophée « Femme et Sport ». Ces trophées récompensent<br />
l’action d’hommes, de femmes et d’organisations en faveur<br />
de l’égalité des genres sur l’aire de compétition et en dehors.<br />
J’avais alors 17 ans et j’étais loin de me douter que mes modestes<br />
tentatives visant à proposer aux jeunes des séances gratuites<br />
d’entraînement en taekwondo se transformeraient en une vocation<br />
allant bien au-delà de l’ambition ou de l’accomplissement personnel.<br />
Ayant grandi dans la banlieue de Harare, au Zimbabwe, j’ai moi aussi<br />
dû relever les défis auxquels les jeunes filles sont confrontées lorsqu’elles<br />
osent rêver d’aller au-delà des attentes de la société. J’ai<br />
vu bon nombre de mes amies, camarades de classe et proches se<br />
marier très jeunes. Aujourd’hui, je sais que,<br />
selon l’UNICEF, 34 % des filles au Zimbabwe<br />
se marient avant 18 ans. J’ai vu les effets<br />
dévastateurs du mariage et de la maternité<br />
précoces sur mes camarades.<br />
Grâce au taekwondo - que j’ai commencé à<br />
pratiquer à l’âge de cinq ans - j’ai le sentiment<br />
d’être maîtresse de mon destin et de<br />
pouvoir faire entendre ma voix... Ce qui est<br />
loin d’être le cas des jeunes africaines. Le<br />
simple fait de poursuivre un but, de chercher<br />
à l’atteindre et de persévérer a fait naître en<br />
moi un sentiment d’accomplissement que j’ai<br />
voulu partager.<br />
J’ai commencé par proposer à des jeunes<br />
filles des séances d’entraînement gratuites<br />
en taekwondo dans un lieu sûr, afin de les<br />
aider à prendre en main leur destin. Ce fût un<br />
succès. Aujourd’hui, nous aidons également<br />
les jeunes filles à devenir autonomes afin<br />
qu’elles puissent répondre à leurs besoins<br />
quotidiens.<br />
L’initiative a été rebaptisée Vulnerable Underaged People’s Auditorium.<br />
Il s’agit d’une fondation qui dirige des programmes d’émancipation<br />
pour apprendre par exemple à fabriquer du savon liquide ou à cuisiner<br />
des plats simples. Des compétences comme celles-ci permettent de<br />
s’affranchir financièrement des hommes. Nous distribuons également<br />
des produits d’hygiène afin que les jeunes filles ne se mettent pas<br />
en danger en essayant de se les procurer par des moyens illégaux.<br />
Nous organisons par ailleurs des ateliers consacrés aux «obligations<br />
morales» afin de discuter des problèmes de fond auxquels sont<br />
confrontées les jeunes filles et d’essayer de trouver des solutions.<br />
Notre action consiste essentiellement à travailler avec les victimes<br />
de mariages d’enfants et de grossesses précoces. Ces dernières<br />
peuvent ainsi témoigner des conséquences de ces pratiques et aider<br />
celles qui ont été épargnées jusqu’ici en partageant leur expérience.<br />
Le Vulnerable Underaged People’s Auditorium continue de gagner<br />
en efficacité. Grâce à la reconnaissance et à la subvention que j’ai<br />
reçues en tant que lauréate du trophée du CIO «Femme et Sport»<br />
2021 pour l’<strong>Afrique</strong>, j’ai pu déposer officiellement les statuts de<br />
la fondation. J’ai aussi commencé à recevoir des équipements de<br />
World Taekwondo pour mes séances d’entraînement. Je pense donc<br />
être à présent en position de force pour étendre la portée de mon<br />
action au-delà de ma communauté.<br />
Ce trophée m’a énormément encouragée et motivée. J’ai compris<br />
que je n’étais pas seule. J’en ai tiré de multiples enseignements :<br />
qu’il fallait apprendre davantage, faire des recherches, essayer de<br />
mieux comprendre ce dont les habitants de mon pays avaient vraiment<br />
besoin dans leur vie quotidienne. Je pense<br />
que cela va changer la vie de bon nombre de<br />
mes concitoyens. Ma fondation va du reste<br />
s’en trouver dynamisée. Mon souhait est<br />
que davantage de personnes comprennent<br />
le pouvoir qu’a le sport de façonner les êtres<br />
humains et les sociétés pour le bien de tous,<br />
raison pour laquelle je forme l’espoir qu’un<br />
nombre de plus en plus élevé d’installations<br />
de loisirs et d’espaces sûrs de ce type soient<br />
mis à la disposition des jeunes dans tout le<br />
Zimbabwe.<br />
Lorsque je réfléchis à mon parcours et aux<br />
progrès accomplis jusqu’à présent, j’appelle<br />
davantage de jeunes à s’engager dans le<br />
sport. Mon parcours ne se résume pas à<br />
une réussite personnelle ; il entend également<br />
servir de catalyseur à un mouvement<br />
qui permet aux jeunes filles de faire fi des<br />
attentes de la société pour assouvir leurs<br />
passions sans crainte. Plus elles pratiqueront<br />
des activités sportives, plus elles seront à<br />
même de se fixer des objectifs ambitieux dans la vie. Dans mon<br />
pays, en <strong>Afrique</strong> et partout ailleurs dans le monde, il est essentiel<br />
de poursuivre dans cette voie et de montrer la force, la résilience<br />
et la grâce que les femmes peuvent acquérir en s’engageant dans<br />
le monde du sport.<br />
D.R.<br />
Alors que je songe au chemin qui s’ouvre devant nous, je suis pleine<br />
d’espoir et de détermination et je vous invite tous à vous joindre<br />
à moi dans cette entreprise pour défendre l’autonomisation des<br />
jeunes filles au Zimbabwe et ailleurs. Ensemble, nous pouvons créer<br />
un monde où toutes les filles sont encouragées à poursuivre leurs<br />
rêves, où les mêmes règles s’appliquent à tous et où le parcours<br />
des athlètes féminines est synonyme de triomphe, de résilience et<br />
de possibilités infinies.<br />
Par Natsiraishe Maritsa,<br />
Remerciements aux équipes du CIO pour la réalisation de cet édito<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 3
N°8 Janvier > Juin 2024<br />
16<br />
SOMMAIRE<br />
WOMEN SPORTS AFRICA N°8<br />
L A FEMME ES T L’AVENIR DU SPORT<br />
06 LES CHAMPIONNES<br />
DE L’ANNÉE<br />
14 LE COIN DES PARTENAIRES<br />
Le 2 ème forum Égalité des genres<br />
de l’ACNOA<br />
DÉCOUVERTE<br />
CHAMPIONNES<br />
26 MARCELAT SAKOBI<br />
« Je vais offrir à la RDC sa première<br />
médaille olympique »<br />
28 BIANCA BUITENDAG<br />
La nouvelle star du surf nous vient<br />
d’<strong>Afrique</strong> du Sud<br />
LES BELLES<br />
HISTOIRES<br />
DERARTU TULU,<br />
TEGLA LOROUPE,<br />
HABIBA GHRIBI...<br />
ELLES ONT MIS LEURS EXPLOITS<br />
AU SERVICE DE LA PAIX<br />
ENQUÊTE<br />
TESTOSTÉRONE<br />
CES SPORTIVES PAS<br />
ASSEZ FEMMES AUX<br />
YEUX DES INSTANCES<br />
DÉCOUVERTE<br />
KLOE LA MACHINE, STAR<br />
CAMEROUNAISE DE TIK TOK<br />
À SEULEMENT 9 ANS !<br />
NDÈYE BINTA DIONGUE<br />
NOUS RACONTE SA PRÉPA<br />
OLYMPIQUE ET NOUS OFFRE<br />
SA ROUTINE SPORT<br />
africa.womensports.fr<br />
© PA / Icon Sport<br />
16 PORTFOLIO<br />
Djibouti, la perle cachée<br />
de l’<strong>Afrique</strong><br />
20 LE SAVIEZ-VOUS ?<br />
L’Ouganda est le pays le plus<br />
en forme du monde !<br />
INSPIRANTES<br />
22 BOUCHRA BAIBANOU<br />
La « Dame des Pics » qui veut<br />
<br />
de rêver »<br />
30 LE TAEKWONDO<br />
La nouvelle mine d’or de la Côte<br />
d’Ivoire<br />
32 JANINE VAN WYK<br />
Joueuse la plus capée<br />
d’<strong>Afrique</strong> du Sud, tous sexes<br />
confondus<br />
34 RENCONTRE<br />
avec l’escrimeuse sénégalaise<br />
Ndeye Bineta Diongue<br />
38 PRATIQUE<br />
La routine sportive de Ndeye<br />
24 FATOU DIOUCK<br />
« smashe » contre la<br />
déscolarisation des jeunes<br />
Sénégalaises<br />
42 KAYLIA NEMOUR<br />
La nouvelle pépite de la<br />
gymnastique mondiale est<br />
algérienne !<br />
4 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
34 80 34<br />
ENQUÊTE<br />
44 TESTOSTÉRONE<br />
Pas assez femmes aux yeux des<br />
instances sportives !<br />
LES BELLES HISTOIRES<br />
48 BARCELONE 1992<br />
Derartu Tulu et Elana Meyer, un<br />
tour d’honneur contre le racisme<br />
50 TEGLA LOROUPE<br />
La première vainqueure africaine<br />
du Marathon de New York marche<br />
sur lestraces de Nelson Mandela<br />
ÉTUDIANTES<br />
56 MARIE MANÉ<br />
« Être diplômée de l’EM Lyon<br />
est prestigieux »<br />
LIFESTYLE<br />
58 KLOE LA MACHINE<br />
Star camerounaise de Tik Tok<br />
à seulement 9 ans !<br />
TRIBUNE<br />
60 SPORT, VILLES ET FEMMES<br />
FEMMES D’INFLUENCE<br />
MADE IN AFRICA<br />
76 ZEINA MINA<br />
« Si l’on veut parler<br />
français dans<br />
le monde du sport,<br />
il faut que les<br />
acteurs du sport<br />
soient formés<br />
en français ! »<br />
80 IWALEWA<br />
<br />
sourcés et bienvenue en Europe<br />
»<br />
54 MARIA<br />
MUTOLA<br />
Du 800 mètres au<br />
football, « je<br />
suis comme<br />
Cristiano Ronaldo<br />
C’EST BON POUR MOI !<br />
66 PILATES, YOGA, DANSE…<br />
Ces sports qui aident à courir !<br />
70 SANTÉ - ENDOMÉTRIOSE<br />
Quelles conséquences pour le sport ?<br />
83 ENTREPRENEURIAT<br />
Ces championnes africaines<br />
qui créent leur business !<br />
RETROUVEZ-NOUS SUR<br />
LES RÉSEAUX SOCIAUX<br />
16, avenue Hoche - 75008 Paris<br />
PRÉSIDENT-FONDATEUR<br />
BRUNO LALANDE<br />
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION<br />
ET RÉDACTEUR EN CHEF<br />
DAVID TOMASZEK<br />
dtomaszek@womensports.fr<br />
DIRECTEUR ARTISTIQUE<br />
XAVIER CHAMBON<br />
PARTENARIATS<br />
BRUNO LALANDE<br />
blalande@womensports.fr<br />
RÉDACTION<br />
LÉA BORIE,<br />
PUBLICITÉ<br />
VANESSA MAUREL,<br />
RÉGIE SPORT.FR<br />
DAVID TOMASZEK,<br />
SPORT.FR/REGIE | REGIE@SPORT.FR<br />
PIERRE BAILLET,<br />
BRUNO LALANDE<br />
REMERCIEMENTS AUX ÉQUIPES DU<br />
CIO, DE L’OIF, D’EM LYON ET DE L’AFD<br />
/ SPORT EN COMMUN<br />
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EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 5
PORTFOLIO<br />
RETOUR SUR…<br />
2023<br />
Sélection non-exhaustive. Retrouvez chaque mois<br />
le podium Women Sports Africa sur notre site<br />
africa.womensports.fr PAR VANESSA MAUREL<br />
© Susa / Icon Sport<br />
Hellen Obiri<br />
Habituée aux titres, la Kényane Hellen Obiri a de nouveau<br />
brillé en 2023. Elle a en effet remporté le semi-marathon de<br />
Ras el Khaïmah, le marathon de Boston (en 2h 21 min 38 sec),<br />
les 10 kilomètres de Boston ainsi que le marathon de New York<br />
(2h 27 min 23 sec). Rien que ça.<br />
6 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
© PictureAlliance / Icon Sport<br />
D.R. D.R.<br />
Tigist Assefa<br />
L’Éthiopienne est tout simplement inarrêtable.<br />
Spécialiste des courses de fond et de demi-fond,<br />
Tigist Assefa a marqué l’histoire de son empreinte. En<br />
septembre 2023, Assefa a battu le record du monde du<br />
marathon à Berlin, en bouclant la distance en 2h11:53,<br />
abaissant ainsi la précédente meilleure marque de<br />
la Kényane Brigid Kosgei de plus de deux minutes<br />
(2h14:04). Du haut de ses 26 ans, l’athlète éthiopienne est<br />
ainsi devenue la première femme de l’histoire à courir un<br />
marathon sous les 2h12.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 7
PORTFOLIO<br />
Ons Jabeur<br />
Véritable icône du sport africain,<br />
la Tunisienne Ons Jabeur a<br />
encore fait parler d’elle cette<br />
année. En 2023, Ons Jabeur a<br />
atteint la finale du tournoi de<br />
Wimbledon, ainsi que les quarts<br />
de finale à Roland-Garros. Elle<br />
a par ailleurs remporté deux<br />
tournois sur le circuit WTA : celui<br />
de Charleston (WTA 500) en avril<br />
2023, et celui de Ningbo (WTA<br />
250), en septembre.<br />
© PA Images / Icon Sport<br />
8 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
© LOIC VENANCE / AFP<br />
Kirsten<br />
Neuschäfer<br />
La navigatrice sud-africaine a<br />
marqué l'histoire en cette année<br />
2023. La férue de voile de 41 ans<br />
est devenue, le 27 avril 2023, la<br />
première femme à gagner une<br />
course autour du monde en<br />
solitaire. Elle a remporté ce jour-là<br />
la Golden Globe Race en 233 j 18 h<br />
43 min 47 s.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 9
PORTFOLIO<br />
Dulcy Fankam<br />
Mendjiadeu<br />
On peut clairement dire que c’est LA<br />
sportive camerounaise de l’année. En<br />
avril 2023, la basketteuse Dulcy Fankam<br />
Mendjadeu a été draftée en WNBA par<br />
l'équipe du Storm de Seattle aux États-Unis,<br />
lui permettant ainsi d’évoluer dans le plus<br />
grand Championnat au monde.<br />
© Susa / Icon Sport<br />
10 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
© Xinhua / Icon Sport<br />
Ibtissam Jraidi<br />
Événement doublement historique<br />
pour la footballeuse marocaine !<br />
Sélectionnée par Reynald Pedros<br />
pour disputer la Coupe du monde<br />
2023 en Australie et Nouvelle-<br />
Zélande, Jraidi vit la première<br />
victoire de la sélection nationale en<br />
Coupe du monde. Mieux encore,<br />
c’est elle qui marque le premier<br />
but de l’histoire du Maroc dans la<br />
compétition.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 11
PORTFOLIO<br />
Faith Kipyegon<br />
C’est un nom qui revient beaucoup dans les médias,<br />
y compris dans Women Sports Africa. Et pour cause,<br />
l’athlète kényane est l’une des meilleures de sa<br />
génération, sans aucun doute. Après avoir décroché<br />
le titre de championne du monde sur 1500 m en<br />
2023, Faith Kipyegon a également marqué l’histoire<br />
en battant trois records du monde cette année : celui<br />
du 1 500 m le 2 juin 2023 lors du meeting Golden<br />
Gala à Florence, celui du 5 000 m le 9 juin 2023<br />
lors du Meeting de Paris, et enfin celui du mile le<br />
22 juillet 2023 lors du Meeting Herculis de Monaco.<br />
Des résultats qui lui ont valu le titre de meilleure<br />
athlète féminine sur piste de l’année, par World<br />
Athletics.<br />
© Icon Sport<br />
12 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
LE COIN DES PARTENAIRES<br />
Le 2 ème forum<br />
Égalité des genres<br />
de l’ACNOA<br />
s’est tenu les 2 et 3 octobre<br />
derniers au Cap-Vert<br />
Les 2 et 3 octobre derniers, l’Île de Sal au Cap-Vert a abrité le<br />
2 ème Forum Égalité des genres. Le thème était<br />
« De la salle de réunion au terrain de jeu ». PAR LES ÉQUIPES DE L’ACNOA<br />
objectif de cet événement<br />
L’<br />
était de partager les meilleures<br />
pratiques entre les<br />
zones de l’ACNOA, les Comités<br />
nationaux olympiques<br />
et au niveau international. Les résultats<br />
attendus sont l’élaboration des stratégies<br />
et des plans tangibles et réalisables qui<br />
permettront la durabilité de l’égalité des<br />
genres sur le continent africain.<br />
Cet objectif sera atteint au terme d’une<br />
évaluation des progrès réalisés depuis<br />
la tenue du tout premier Forum Egalité<br />
Genres le 29 juin 2021 en virtuel.<br />
Le Mouvement Olympique et Sportif Africain<br />
intègre l’égalité des genres, l’inclusion et la<br />
diversité en respect de la vision du Comité<br />
International Olympique, CIO, sachant que<br />
le sport est une extraordinaire plateforme<br />
de promotion de la représentation équitable<br />
des femmes à des fonctions dirigeantes et<br />
à des postes de responsabilités au sein du<br />
mouvement olympique. L’Agenda olympique<br />
2020 + 5 élabore ses objectifs stratégiques<br />
autour de l’égalité des genres. L’association<br />
des Comités nationaux olympiques<br />
d’<strong>Afrique</strong>, l’ACNOA, est engagée dans la<br />
mise en œuvre de cette vision globale.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
L’ACNOA, de ce fait, organise un forum sur<br />
l’égalité des genres qui va impulser la progression<br />
du continent africain en matière<br />
d’égalité des genres.<br />
Il est question d’offrir aux femmes la possibilité<br />
de s’investir dans le sport en occupant<br />
des postes clés en dehors de l’aire de<br />
compétition et à soutenir activement les<br />
champions et défenseurs de l’égalité des<br />
genres, de la diversité et de l’inclusion.<br />
L’atteinte de l’objectif minimum de 30 %<br />
de femmes dans les instances sportives<br />
fait partie des préoccupations de l’ACNOA.<br />
En outre, cette dernière voudrait s’assurer<br />
que toutes les femmes ont l’opportunité de<br />
participer aux activités sportives dans un<br />
14 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
L’égalité des genres<br />
défendue par<br />
l’ACNOA entend<br />
valoriser justement<br />
les femmes dans le<br />
sport.<br />
© yurakrasil / Shutterstock<br />
cadre sain et propice qui tienne compte de<br />
la préservation des droits de dignité, de respect<br />
de l’égalité individuelle à participer au<br />
sport quel que soit sa race, sa religion, son<br />
sexe, son handicap et son origine social. Le<br />
leadership des femmes en <strong>Afrique</strong> dans le<br />
<br />
avec l’augmentation du nombre de femmes<br />
D.R.<br />
coaches, conseillers et responsables.<br />
Le 2 ème forum Égalité des genres de<br />
l’ACNOA, s’est tenu à moins d’un an des<br />
Jeux Olympiques de Paris 2024. Une compétition<br />
qui va permettre de faire la démonstration<br />
du niveau d’implication du Mouvement<br />
olympique et sportif africain dans<br />
la valorisation des femmes dans le sport.<br />
L’ACNOA est dotée d’une commission égalité<br />
des genres qui remplit correctement sa<br />
mission dans le sens de la promotion des<br />
actions de l’égalité des genres qui sont un<br />
domaine d’opportunités d’épanouissement<br />
de la jeunesse olympique et sportive africaine.<br />
WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 15
DÉCOUVERTE AVEC<br />
PORTFOLIO<br />
DJIBOUTI<br />
LA PERLE<br />
CACHÉE DE<br />
L’AFRIQUE<br />
jibouti est une<br />
Ddestination qui<br />
se distingue<br />
des itinéraires<br />
t o u r i s t i q u e s<br />
classiques. Contemplez un<br />
lever de soleil sur un lac où<br />
se rassemblent des flamants<br />
roses, créant une atmosphère<br />
magique. Les champs de lave<br />
noire, les énigmatiques cheminées<br />
naturelles crachant<br />
de la vapeur et les plaines<br />
brûlées par le soleil évoquent<br />
un véritable voyage dans le<br />
temps. Malgré sa petite taille<br />
géographique, ce minuscule<br />
État compense par la beauté<br />
saisissante de ses paysages,<br />
séduisant particulièrement<br />
les amateurs de curiosités<br />
géologiques. Peu de pays<br />
offrent des panoramas aussi<br />
stupéfiants : lacs salés, volcans<br />
éteints, plaines effondrées,<br />
cheminées de calcaire<br />
expulsant de la vapeur, plateaux<br />
basaltiques et canyons<br />
majestueux. Les amateurs de<br />
sports d’aventure trouveront<br />
leur bonheur ici, avec des<br />
activités telles que la randonnée,<br />
la plongée, le kite-surf,<br />
et bien sûr, le snorkeling parmi<br />
les requins-baleines dans<br />
le golfe de Tadjourah.<br />
Le pays a préservé son<br />
charme en évitant le développement<br />
immobilier excessif.<br />
L’éco-tourisme est privilégié,<br />
et à l’intérieur des terres, des<br />
opportunités de séjour chez<br />
l’habitant offrent un aperçu<br />
captivant de la vie des tribus<br />
nomades. Djibouti est une<br />
pépite africaine qui vous réservera<br />
des expériences mémorables.<br />
Dans ces décors semblant<br />
appartenir aux premiers<br />
instants du monde, la solitude<br />
est presque assurée.<br />
La mer Rouge offre des sites<br />
de plongée et de snorkeling<br />
exceptionnels. La ville de<br />
Djibouti, animée et singulière,<br />
mêle subtilement des<br />
influences françaises, arabes<br />
et africaines. Les habitants de<br />
Djibouti se montrent accueillants<br />
et chaleureux envers les<br />
voyageurs.<br />
Plongée, snorkeling,<br />
pêche sportive,<br />
mais aussi trekking<br />
et découvertes<br />
culturelles, Djibouti<br />
a beaucoup à offrir à<br />
ses visiteurs !<br />
16 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 17<br />
© Travel2Sea.com/ Shutterstock
DÉCOUVERTE<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
© Truba7113 / Shutterstock<br />
D.R.<br />
18 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
D.R.<br />
D.R. D.R.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
DJIBOUTI AMBITIONNE<br />
D’ATTIRER 1 MILLION DE<br />
TOURISTES D’ICI 2035<br />
Dans le cadre de son objectif<br />
d’accueillir un million de touristes<br />
d’ici 2035, Djibouti compte sur<br />
le soutien financier des bailleurs<br />
et des investisseurs privés,<br />
principalement pour développer<br />
le secteur de l’hôtellerie.<br />
Djibouti accueillait seulement<br />
0,8 % des touristes internationaux<br />
de la région entre 2010 et 2013,<br />
mais on estime que le nombre de<br />
visiteurs a triplé de 2000 à 2013<br />
(+213,4 %). Les motivations des<br />
visites à Djibouti varient, avec<br />
environ 45 % des visiteurs pour le<br />
tourisme d’affaires dans la capitale,<br />
25 à 30 % pour le tourisme de<br />
loisirs, 15 % liés à la présence des<br />
militaires des bases étrangères, et<br />
10 à 15 % pour d’autres motifs.<br />
Malgré son potentiel inexploité<br />
en raison de la diversité de ses<br />
paysages naturels et des activités<br />
touristiques envisageables,<br />
Djibouti doit relever plusieurs défis,<br />
notamment une offre touristique<br />
peu structurée, des coûts élevés,<br />
des infrastructures limitées malgré<br />
un classement honorable en 2020,<br />
une connectivité aérienne faible, et<br />
des compétences limitées, surtout<br />
en matière de développement<br />
durable.<br />
Face à ces obstacles, le<br />
gouvernement djiboutien a élevé<br />
le tourisme au rang de priorité<br />
stratégique, avec l’objectif<br />
ambitieux d’attirer un million de<br />
touristes d’ici 2035. Le programme<br />
Vision 2035 préconise des axes de<br />
renforcement du secteur, tels que<br />
le développement du tourisme<br />
durable, la valorisation des sites<br />
touristiques, la structuration<br />
de l’offre touristique, et le<br />
renforcement des compétences.<br />
Djibouti bénéficie du soutien de<br />
bailleurs, notamment la Banque<br />
mondiale, qui propose un appui<br />
au secteur touristique dans le<br />
cadre de son cadre de partenariat<br />
avec le pays. En outre, un prêt<br />
conjoint de la Société financière<br />
internationale et de l’Association<br />
internationale de développement<br />
a été accordé au groupe<br />
luxembourgeois Onomo Hotels<br />
pour la construction d’un hôtel de<br />
100 chambres.<br />
Le groupe français Accor s’est<br />
également engagé dans le<br />
développement touristique de<br />
Djibouti avec plusieurs projets<br />
hôteliers annoncés en 2020.<br />
Toutefois, la crise sanitaire et<br />
les mesures de confinement<br />
ont eu un impact sur l’ensemble<br />
du secteur privé, y compris le<br />
tourisme, bien que des données<br />
chiffrées spécifiques ne soient pas<br />
disponibles. <br />
N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 19
LE SAVIEZ-VOUS ?<br />
L’Ouganda est le pays<br />
le plus en forme<br />
du monde !<br />
D’après le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la<br />
santé, l’Ouganda se démarque en tant que pays le plus actif<br />
physiquement dans le monde, avec seulement 5,5 % de sa<br />
population considérée comme inactive. PAR DAVID TOMASZEK<br />
après cette étude de<br />
D’<br />
l’OMS rendue publique<br />
le 12 septembre dernier,<br />
27,5 % de la population<br />
adulte mondiale,<br />
soit 1,4 milliard de personnes, ne pratique<br />
pendant,<br />
ces statistiques dissimulent des<br />
tionne<br />
autour de la moyenne, avec 29,3 %<br />
de sa population concernée. En revanche,<br />
<br />
tandis que le Koweït détient le triste record<br />
avec 67 % d’individus inactifs. Un fait surprenant<br />
émerge de ces données, l’Ouganda<br />
présente le taux le plus bas, seulement<br />
5,5 % de sa population étant considérée<br />
comme inactive.<br />
Du sport par obligation, faute<br />
de pouvoir s’offrir un moyen<br />
de locomotion ?<br />
Cette activité physique des Ougandais<br />
relève toutefois une réalité singulière. La<br />
BBC a exploité cette donnée pour enquêter<br />
plus en profondeur, débutant par le récit<br />
de Jennifer Namulembwa, une femme de<br />
ménage qui parcourt une heure et demie à<br />
pied pour se rendre au travail. Bien qu’elle<br />
aspire à avoir un moyen de transport, son<br />
<br />
suggère que le rapport de l’OMS pourrait<br />
avoir eu en tête des individus comme<br />
Jennifer Namulembwa. Les pays à faible revenu,<br />
tels que l’Ouganda, le Mozambique,<br />
la Tanzanie, le Lesotho et le Togo, semblent<br />
té<br />
physique dans le quotidien de leur population,<br />
contrairement aux pays plus riches.<br />
Selon la BBC, les personnes vivant dans<br />
des pays à faible revenu ont tendance à intégrer<br />
davantage d’activité physique dans<br />
leur vie quotidienne, peut-être en raison<br />
de l’utilisation de moyens de transport et<br />
de professions impliquant un travail physique.<br />
Cependant, il demeure mystérieux<br />
pourquoi l’Ouganda surpasse d’autres pays<br />
aux revenus similaires, même si ses travailleurs,<br />
à l’image de Jennifer Namulembwa,<br />
dépassent largement les 75 minutes d’activité<br />
physique recommandées par l’OMS<br />
chaque semaine. WSA<br />
« SEULEMENT 5,5 % DE LA POPULATION<br />
DE L’OUGANDA EST CONSIDÉRÉE<br />
COMME INACTIVE »<br />
D.R.<br />
L’activité physique<br />
des Ougandais<br />
dépasse largement<br />
les 75 minutes<br />
quotidiennes<br />
recommandées par<br />
l’OMS !<br />
20 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 21<br />
© Richard Juilliart/ Shutterstock
INSPIRANTES<br />
Entretien<br />
Bouchra Baibanou :<br />
La « Dame des Pics » qui veut<br />
<br />
Première femme nord-africaine à gravir l’Everest en 2017, Bouchra Baibanou<br />
n’a cessé de repousser ses limites. La Marocaine de 53 ans enchaîne les ascensions<br />
au nom de l’égalité.<br />
PAR RUBEN DIAS<br />
D.R.<br />
Véritable exemple de persévérance<br />
et de dépassement<br />
de soi. Bouchra Baibanou,<br />
53 ans, a présenté en novembre<br />
2023 une initiative<br />
<br />
issues de milieux défavorisés ». Le but<br />
étant d’augmenter leur autonomisation,<br />
<br />
elles. Un projet qui culmine après de nombreuses<br />
ascensions pour « un monde<br />
plus équitable ».<br />
En février dernier, accompagnée de trois<br />
autres aventurières Nathalie Bondetti<br />
Lafrie (entrepreneure), Linda Benkacem<br />
(consultante) et Nadia Hathroubi Safsaf<br />
(journaliste), la Marocaine a conquis le<br />
plus haut sommet d’<strong>Afrique</strong> (5 895 m), en<br />
Tanzanie, le Kilimandjaro. Et cela, encore<br />
une fois, pour la bonne cause. Ensemble,<br />
les quatre femmes ont fondé le mouvement<br />
sportif et solidaire Trek4Good.<br />
Avec un objectif simple : « permettre aux<br />
<br />
Baibanou pour le Bondy Blog.<br />
Organisation d’un bootcamp<br />
Grâce à cet exploit, et à une cagnotte<br />
en ligne, plus de 13 000 euros ont été<br />
recueillis. Ces fonds permettront la mise<br />
en place d’un bootcamp pour des jeunes<br />
lieux<br />
défavorisés. Nourries et logées, elles<br />
participeront à des activités sportives<br />
comme des randonnées, mais aussi des<br />
activités culturelles et artistiques.<br />
« <br />
<br />
<br />
-<br />
», a indiqué l’initiatrice d’« Empowermeny<br />
» lors de la présentation du projet à<br />
la salle Allal Al Fassi de Rabat.<br />
Dame des pics<br />
Parce que oui, le moins que l’on puisse<br />
dire c’est que Bouchra Baibanou s’y<br />
connait en sommets. Première femme<br />
nord-africaine à gravir l’Everest, la<br />
Marocaine est surnommée la « dame<br />
des pics ». Cette dernière a atteint les<br />
« 7 sommets » sur les 7 continents. L’Everest<br />
(Asie) donc, l’Aconcagua (Amérique<br />
du Sud), le Denali (Amérique du Nord),<br />
le Kilimandjaro (<strong>Afrique</strong>), l’Elbrouz (Europe),<br />
le massif Vinson (Antarctique), et<br />
le Puncak Jaya (ou pyramide Carstensz).<br />
Ingénieure de formation, Bouchra est<br />
également la première femme arabe à<br />
gravir l’Annapurna (8.091 m) en avril<br />
2022. Et l’alpiniste ne cesse de graver<br />
un peu plus son nom dans les livres<br />
d’histoire.<br />
Du haut de son mètre 52, elle est parvenue<br />
au sommet du Lhotse en mai<br />
dernier. Un pic qui culmine à 8.516 m<br />
dans la chaîne de l’Himalaya. Une excursion<br />
qui dure en moyenne entre 7 et 8<br />
sique<br />
pour Bouchra Baibanou. « <br />
« PREMIÈRE FEMME NORD-AFRICAINE À<br />
GRAVIR L’EVEREST, LA MAROCAINE EST<br />
SURNOMMÉE LA « DAME DES PICS ».<br />
22 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Bouchra Baibanou<br />
met ses exploits<br />
au service des<br />
autres et de ses<br />
combats sociétaux,<br />
notamment en<br />
collectant des<br />
fonds.<br />
D.R.<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
», a-t-elle<br />
déclaré à la veille de son départ, avec<br />
une bonne dose d’adrénaline.<br />
Véritable icône<br />
Pour ces performances, le roi Mohammed<br />
VI l’a décorée de l’ordre du Ouissam<br />
<br />
Membre de la Fédération royale marocaine<br />
de ski et sports de montagne, celle<br />
qui a commencé l’alpinisme à 25 ans<br />
est une immense icône dans son pays.<br />
« <br />
<br />
-<br />
», assure Bouchra Baibanou.<br />
En 2018 par exemple, elle a emmené<br />
une trentaine d’entre elles au sommet<br />
du Mont Toubkal, le plus haut d’<strong>Afrique</strong><br />
du Nord (4 167 m). Aujourd’hui, avec<br />
son nouveau projet inspirant : Empowerment,<br />
la maman d’une adolescente<br />
continue de mener sa barque : « Au-<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
», a-t-elle déclaré pour<br />
le média Le Matin. Un projet qui tient à<br />
trer<br />
à tout le monde que « rien n’est impossible<br />
». WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 23
INSPIRANTES<br />
Entretien<br />
Fatou Diouck<br />
<br />
<br />
Volleyeuse sénégalaise, Fatou Diouck a joué dans plusieurs pays, notamment en France,<br />
en Finlande, en Azerbaïdjan, en Corée du Sud et en Thaïlande. Elle est la fondatrice<br />
de l’association « Demoiselles de Keur, Sénégalaises de demain », qui lutte contre le<br />
décrochage scolaire des filles à travers le sport. Portrait d’une femme engagée. PAR DAVID TOMASZEK<br />
D.R.<br />
Fatou Diouck a commencé à<br />
jouer au volleyball à l’âge de<br />
13 ans, après avoir rencontré<br />
son entraîneur dans la<br />
rue. Elle est devenue la capitaine<br />
de l’équipe nationale sénégalaise de<br />
volleyball et a joué dans plusieurs pays, notamment<br />
en France, en Finlande, en Azerbaïdjan,<br />
en Corée du Sud et en Thaïlande.<br />
Elle a remporté plusieurs titres au cours<br />
de sa carrière, dont le titre de championne<br />
d’Asie des clubs et le titre de meilleure<br />
joueuse du championnat thaïlandais de<br />
volleyball1.<br />
En 2013, elle a fondé l’association « Demoiselles<br />
de Keur, Sénégalaises de demain<br />
» qui vise à lutter contre le décro-<br />
<br />
notamment le volleyball. L’association va à<br />
<br />
ou dans les maisons, leur explique son<br />
projet et les initie au volleyball. Elle les encourage<br />
ensuite à reprendre leurs études<br />
pour continuer à pratiquer leur sport. L’association<br />
mène aussi des campagnes de<br />
sensibilisation, des webinaires, des séminaires,<br />
des formations et des camps de<br />
perfectionnement.<br />
Fatou Diouck est également entrepreneure<br />
et a créé la marque Dono, une<br />
marque de sacs upcyclés à base de cuir<br />
et de tissu qui vise à faire perdurer le savoir-faire<br />
et la tradition ancestrale autour<br />
du cuir. Elle occupe également un poste de<br />
chargée d’affaires à Telsi, un organisme de<br />
formation en relation client. WSA<br />
D.R.<br />
Demoiselles<br />
de Keur,<br />
Sénégalaises<br />
de demain<br />
en bref<br />
L’association Demoiselles de<br />
Keur, Sénégalaises de demain<br />
(DKSD) est une organisation non<br />
gouvernementale fondée en 2013<br />
par Fatou Diouck. Son objectif est de<br />
lutter contre le décrochage scolaire<br />
des jeunes filles au Sénégal à travers<br />
le sport, notamment le volleyball.<br />
L’association vise à promouvoir<br />
l’accès des jeunes filles sportives<br />
sénégalaises aux infrastructures<br />
sportives, à la santé, à l’éducation et à<br />
la culture. Elle organise des activités<br />
de sensibilisation, d’initiation, de<br />
formation et d’accompagnement<br />
personnalisé pour les aider à<br />
s’épanouir dans leur pratique sportive<br />
et à poursuivre leurs études1.<br />
L’association a son siège social à<br />
Briec, en Bretagne, en France, et<br />
dispose d’une page Facebook pour<br />
partager ses actions et ses actualités<br />
: https://www.facebook.com/people/<br />
Demoiselles-de-Keur-Sénégalaises-de-<br />
Demain/100066671051887/<br />
24 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Sportive<br />
professionnelle,<br />
présidente de<br />
fondation et cheffe<br />
d’entreprise, Fatou<br />
est une femme<br />
accomplie !<br />
D.R.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 25
CHAMPIONNES AVEC<br />
[ Boxe ]<br />
Marcelat Sakobi :<br />
<br />
<br />
La République démocratique du Congo célèbre une magnifique victoire. La boxeuse<br />
Marcelat Sakobi Matshu s’est en effet qualifiée pour représenter fièrement son pays aux<br />
Jeux Olympiques de Paris en 2024. Une superbe performance pour celle qui avait été portedrapeau<br />
de la RDC aux JO de Tokyo en 2021. PAR RUBEN DIAS<br />
C’<br />
<br />
1/16 e <br />
à Netshy Peticio, ndlr.)<br />
aux JO de Tokyo en<br />
2021, Marcelat Sakobi<br />
montera sur les rings français lors des<br />
Jeux de Paris 2024. Un très bel accomplissement<br />
pour la boxeuse congolaise.<br />
Elle qui sera peut-être l’une des belles<br />
histoires la prochaine grande compétition<br />
internationale et l’une des belles chances<br />
de médailles de son pays.<br />
Une compétition survolée<br />
Un ticket que la jeune Congolaise a dé-<br />
<br />
boxe de la zone <strong>Afrique</strong>. Marcelat Sakobi,<br />
est d’abord venue à bout de la Marocaine<br />
Laela El Ksiri en 8 e <br />
d’affronter la Botswanaise Sadie Kenosi<br />
Keamogetse. Face à sa « bête noire », qui<br />
l’avait battue en 2019 aux Jeux Africains<br />
de Rabat et en 2022 aux championnats<br />
d’<strong>Afrique</strong> de Maputo, la Congolaise prend<br />
<br />
la compétition.<br />
En face d’elle, on retrouve la redoutable<br />
Nigériane Ojo Nene Joy. Et dans cette de-<br />
<br />
taille : la gagnante du combat obtiendra le<br />
sésame pour les Jeux Olympiques qui se<br />
tiendront à Paris en 2024. Rien que ça.<br />
© Icon Sport<br />
Pendant l’affrontement Sakobi n’hésite<br />
pas à adopter un style dit “olympique”<br />
d’après les observateurs. Elle se positionne<br />
en garde basse tout en esquivant<br />
les attaques de la Nigériane. Les juges lui<br />
accordent le 1 er round. Malgré un avertissement<br />
qui lui fait perdre un point dans la 2 e<br />
manche, la Congolaise séduit les juges qui<br />
<br />
de 4:1. « <br />
<br />
»,<br />
lançait-elle après la compétition.<br />
« TOUT DÉPENDRA DE MA<br />
PRÉPARATION. SI JE SUIS BIEN<br />
ACCOMPAGNÉE, J’AURAI CETTE<br />
MÉDAILLE. »<br />
26 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
SPORT EN COMMUN<br />
en bref<br />
“<br />
© Icon Sport<br />
Un palmarès toujours plus<br />
étoffé<br />
Dans un affrontement palpitant face à<br />
la Tunisienne Khouloud Hlimi la jeune<br />
jugée<br />
le titre aux aux Championnats<br />
d’<strong>Afrique</strong> de boxe amateur à Yaoundé.<br />
Avec un palmarès toujours plus étoffé :<br />
médaille d’or dans la catégorie des moins<br />
de 60 kg aux championnats d’<strong>Afrique</strong><br />
de Brazzaville en 2017, une médaille<br />
d’argent (2022) et donc l’or en 2023 aux<br />
Championnats d’<strong>Afrique</strong> de boxe amateur,<br />
Sakobi se prépare au mieux pour les<br />
Jeux de 2024. Compétition ou la jeune<br />
femme veut briller.<br />
« <br />
-<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
», s’exclame la Congolaise.<br />
Diplômée en Droit, elle ne travaille pas au<br />
barreau pour « <br />
<br />
»,<br />
espère la jeune boxeuse dans des propos<br />
rapportés par Sport News Africa.<br />
« The Queen » a désormais rendez-vous<br />
<br />
talent émergent et répète qu’elle va<br />
« <br />
». WSA<br />
Sport en Commun est une<br />
plateforme numérique<br />
panafricaine pour une<br />
transformation par le sport<br />
menée à travers la connexion<br />
de porteurs de projets auprès<br />
de structures capables de<br />
financer leurs actions et de<br />
les accompagner dans leur<br />
réalisation.<br />
Atteindre les ODD grâce<br />
au sport<br />
Fédérateur et vecteur d’inclusion,<br />
le sport est cité dans l’Agenda<br />
2030 pour le développement<br />
durable : il contribue à la paix,<br />
à l’autonomisation des femmes<br />
et des jeunes ainsi qu’à l’atteinte<br />
des Objectifs de Développement<br />
Durable (ODD).<br />
Dans la continuité du discours<br />
prononcé par le Président Macron<br />
à Ouagadougou en 2017 mettant<br />
en avant le rôle du sport dans le<br />
développement économique et<br />
social et dans l’inclusion de la<br />
jeunesse en <strong>Afrique</strong>, la plateforme<br />
numérique Sport en Commun a<br />
été lancée à l’initiative de l’Agence<br />
française de développement.<br />
Sport en Commun fait également<br />
échos à la conférence de presse<br />
tenue à l’Elysée en Février 2018 par<br />
les Présidents Weah et Macron<br />
axée sur le lancement d’une<br />
plateforme dédiée à l’<strong>Afrique</strong>,<br />
d’incubations, de financements<br />
et de partenariats pour un sport<br />
inclusif.<br />
Connecter le monde<br />
du sport et celui<br />
du financement du<br />
développement<br />
Il est aujourd’hui difficile pour les<br />
porteurs de projets de trouver des<br />
structures d’accompagnement et<br />
de financement, et la complexité<br />
s’accroit quand les projets<br />
atteignent des tailles importantes.<br />
Plateforme panafricaine pilotée<br />
de Dakar, Sport en Commun<br />
a pour objectif de favoriser<br />
l’accompagnement et le<br />
financement de projets liés au<br />
développement par le sport en<br />
<strong>Afrique</strong>. En s’appuyant sur l’offre<br />
de solutions existantes complétées<br />
par une offre de services surmesure,<br />
la plateforme Sport en<br />
Commun se positionne en guichet<br />
unique à travers quatre principales<br />
missions :<br />
- Favoriser et accélérer le<br />
financement des projets de toute<br />
taille (micro, méso et macro)<br />
- Favoriser et accélérer<br />
l’accompagnement des projets sur<br />
toute leur durée de vie<br />
- Fluidifier les mises en relation et<br />
interactions entre acteurs<br />
- Assurer la promotion de la<br />
thématique et favoriser le partage<br />
et retour d’expériences<br />
Assurer des services<br />
au plus près<br />
des attentes des<br />
utilisateurs<br />
Les équipes de Sport en<br />
Commun se positionnent en<br />
véritable relais des différents<br />
acteurs de l’écosystème sport<br />
& développement, des porteurs<br />
de projets aux institutions de<br />
financement : gestion d’appel à<br />
projets, structuration de dossiers,<br />
qualification de projets, rédaction<br />
d’études ciblées, organisation de<br />
sessions de formation…<br />
A travers le déploiement d’un<br />
guichet unique de solutions<br />
sur-mesure, la plateforme est<br />
résolument orientée utilisateurs et<br />
s’adapte en continu aux différents<br />
besoins et attentes exprimés. <br />
https://sportencommun.org<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 27
CHAMPIONNES<br />
Bianca Buitendag,<br />
<br />
d’<strong>Afrique</strong> du Sud<br />
Elle a représenté son pays lors des Jeux olympiques de Tokyo<br />
– décrochant une superbe médaille d’argent - et en fera<br />
probablement de même cette année pour les JO de Paris 2024,<br />
lors de l’épreuve de surf organisée à Tahiti. Découvrons le<br />
parcours de Bianca Buitendag. PAR DAVID TOMASZEK<br />
Bianca Buitendag a grandi<br />
à Victoria Bay, une crique<br />
pittoresque cachée entre<br />
Jeffreys Bay et Cape Town,<br />
le long de la West Cape,<br />
abritant une droite ludique. Ses souvenirs<br />
les plus chers sont liés aux réveils matinaux<br />
pour explorer la côte avec son père<br />
et ses frères.<br />
D.R.<br />
Jusqu’à l’âge de 12 ans, elle ne parlait<br />
qu’afrikaans, mais ses parents l’ont ensuite<br />
inscrite dans une école anglaise.<br />
À 14 ans, elle parcourait la côte sud-africaine<br />
pour compétitionner. Sa grande<br />
taille lui conférait une vitesse et un angle<br />
vertical d’attaque qui la faisaient immédiatement<br />
remarquer. À 19 ans, deux victoires<br />
importantes au Pérou et aux Açores<br />
lui ont permis de terminer deuxième du<br />
<br />
sur le Championship Tour en 2013.<br />
Sa première saison sur le Tour s’est conclue<br />
avec une 8 e place mondiale, qu’elle a améliorée<br />
l’année suivante grâce à des deuxièmes<br />
places à Snapper et Honolua Bay.<br />
Son père, Colin, surfeur sud-africain renommé,<br />
l’accompagnait depuis le début. Cependant,<br />
en mars 2015, le décès de Colin<br />
a ébranlé le monde de Bianca. Malgré une<br />
douleur insupportable, le surf l’a lentement<br />
ramenée à la vie. Les compétitions étaient<br />
une distraction bienvenue, et sa famille de<br />
pairs sur le circuit la submergeait d’amour.<br />
Évoluant à un niveau supérieur, Bianca a<br />
connu une période exceptionnelle, terminant<br />
deuxième à Rio, Fiji et en Californie,<br />
et se classant quatrième mondiale. Malheureusement,<br />
cette dynamique n’a pas<br />
perduré en 2016. Bien qu’elle soit reve-<br />
<br />
début de saison l’ont fait chuter à la 12 e<br />
place, la privant du Tour.<br />
En 2017, en tant que remplaçante blessure,<br />
Bianca a obtenu quelques cinquièmes<br />
places, mais malgré son talent exceptionnel,<br />
elle n’a pas réussi à maintenir<br />
son statut de surfeuse à plein temps sur le<br />
Tour. En 2019, elle a cependant assuré sa<br />
<br />
du monde de surf ISA 2019. Suite à l’absence<br />
de Jordy Smith pour blessure, elle a<br />
représenté seule l’<strong>Afrique</strong> du Sud lors des<br />
Jeux olympiques de Tokyo. WSA<br />
D.R.<br />
28 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Médaillée surprise<br />
aux JO de Tokyo,<br />
Bianca Buitendag<br />
sera l’une des<br />
grandes chances<br />
de l’<strong>Afrique</strong> du Sud<br />
aux JO de Paris.<br />
© Icon Sport<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 29
CHAMPIONNES<br />
[ Focus sur… ]<br />
Le taekwondo,<br />
<br />
<br />
Le 19 août 2016 restera gravé comme un jour mémorable pour le sport ivoirien. En une<br />
journée, Ruth Gbagbi et Cheick Cissé ont écrit l’histoire en décrochant respectivement la<br />
première médaille féminine et la première médaille d’or pour la Côte d’Ivoire, lors des Jeux<br />
de Rio. Depuis, la Côte d’Ivoire est l’un des pays-phares du taekwondo. PAR DAVID TOMASZEK<br />
Cette réussite de 2016<br />
a suscité une immense<br />
joie parmi les Ivoiriens,<br />
qui ont célébré ces victoires<br />
tant attendues. La<br />
dernière fois qu’un athlète ivoirien avait<br />
grimpé sur le podium des Jeux olympiques<br />
remontait à 1984, avec la médaille<br />
d’argent de Gabriel Tiacoh dans le<br />
400 m à Los Angeles. Désormais, la Côte<br />
d’Ivoire peut se vanter de posséder des<br />
médailles olympiques dans chacune des<br />
trois catégories : or, argent et bronze.<br />
Ruth Gbagbi a ouvert le bal en remportant<br />
la médaille de bronze dans la catégorie<br />
des moins de 67 kg, marquant<br />
ainsi un jalon historique en tant que première<br />
femme à décrocher une médaille<br />
pour la Côte d’Ivoire. Cheick Cissé a<br />
ensuite ajouté à cette euphorie en devenant<br />
le premier champion olympique du<br />
pays, remportant l’or dans la catégorie<br />
pitante<br />
remportée à la dernière seconde<br />
contre le Britannique Lutalo Muhammad.<br />
Ces succès ont été le résultat du travail<br />
acharné et de la détermination des<br />
athlètes, ainsi que de la contribution de<br />
Marlène Harnois, médaillée de bronze<br />
en taekwondo aux Jeux de Londres en<br />
2012, qui a joué un rôle essentiel dans le<br />
développement de la discipline en Côte<br />
d’Ivoire.<br />
<br />
parts, des supporteurs dans les gradins<br />
© Icon Sport<br />
aux personnalités politiques et sportives<br />
trées<br />
par les téléspectateurs locaux<br />
pour suivre en direct cette journée historique<br />
en raison de problèmes de droits<br />
de diffusion, l’exploit de Ruth Gbagbi<br />
et Cheick Cissé restera à jamais gravé<br />
dans les annales du sport ivoirien.<br />
Deuxième sport derrière<br />
le football<br />
Ces exploits ont suscité des vocations<br />
en Côte d’Ivoire. Ruth Gbagbi, double<br />
médaillée olympique (elle a de nouveau<br />
glané le bronze à Tokyo) et double<br />
championne du monde, a débuté son<br />
« DÉSORMAIS, LA CÔTE D’IVOIRE PEUT SE<br />
VANTER DE POSSÉDER DES MÉDAILLES<br />
OLYMPIQUES DANS CHACUNE DES TROIS<br />
CATÉGORIES : OR, ARGENT ET BRONZE. »<br />
30 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
parcours sous le préau de son école<br />
primaire, à Abidjan. Yasmine Volilou, responsable<br />
des combats des plus jeunes,<br />
<br />
inspire beaucoup de jeunes femmes. [...]<br />
Les femmes sont vraiment émerveillées<br />
et elles ont envie aussi d’essayer, de se<br />
lancer. »<br />
D.R.<br />
2016, Ruth Gbagbi<br />
entre dans<br />
l’histoire, et fait<br />
entrer le taekwondo<br />
ivoirien avec !<br />
D.R.<br />
Georges Mezi, le premier entraîneur de<br />
la championne, surveille toujours les 250<br />
membres du club. Ce nombre a considérablement<br />
augmenté depuis les médailles<br />
de bronze de Gbagbi en 2016 à Rio et en<br />
2021 à Tokyo. Mezi attribue cette expansion<br />
aux performances des olympiens<br />
ivoiriens, notamment Cissé Cheick Sallah<br />
et Ruth Gbagbi, ainsi qu’à d’autres champions<br />
renommés du pays qui ont contribué<br />
à l’essor du taekwondo en Côte d’Ivoire.<br />
Le taekwondo a été introduit en Côte<br />
d’Ivoire en 1968 par le grand maître<br />
sud-coréen Kim Young Tae. Actuellement,<br />
le pays compte plus de 200 clubs répartis<br />
sur l’ensemble du territoire. À un an des<br />
Jeux de Paris 2024, l’engouement pour le<br />
taekwondo reste fort, porté par l’héritage<br />
sportif et les succès continus de ses athlètes<br />
émérites.<br />
En Côte d’Ivoire, le nombre de licenciés<br />
ne cesse de grandir : de 16 000 à plus de<br />
46 000 en une dizaine d’années, faisant<br />
de l’art martial le deuxième sport du pays<br />
après le football. Les succès de Ruth Gbagbi,<br />
ainsi que ceux de Cheick Cissé, champion<br />
olympique en 2016 à Rio, y sont pour<br />
beaucoup.<br />
En 2023, Ruth Gbagbi a été désignée présidente<br />
des athlètes au sein de l’Union Africaine<br />
de Taekwondo. WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 31
CHAMPIONNES<br />
[ Portrait ]<br />
Janine Van Wyk,<br />
<br />
du Sud, tous sexes confondus<br />
C’est non sans émotion que les fans de football ont appris que la légende Janine Van Wyk<br />
tirait sa révérence. Une page du ballon rond féminin mondial se tourne, et emporte avec elle<br />
de nombreux records et des foulées inoubliables sur les pelouses. PAR VANESSA MAUREL<br />
<br />
», a-t-elle écrit sur les<br />
réseaux sociaux comme dernier au revoir<br />
au monde du ballon rond. En lisant<br />
ces quelques lignes, comment ne pas<br />
repenser à tout ce que Janine Van Wyk<br />
a apporté au football féminin ? Laissez-nous<br />
vous rappeler quelques-uns de<br />
ses exploits.<br />
permet à son équipe, grâce à un but sur<br />
coup franc, d’enregistrer sa première<br />
victoire contre le Nigéria, depuis la<br />
formation de la sélection nationale en<br />
1993. Elle permet aussi à son équipe<br />
de participer aux Jeux Olympiques d’été<br />
de 2012, et, plus récemment, de remporter<br />
la Coupe d’<strong>Afrique</strong> des nations<br />
2022.<br />
Pluie de records<br />
Janine Van Wyk, c’est un nom, une prestance,<br />
des records, et surtout une légende<br />
du football. « <br />
-<br />
-<br />
<br />
-<br />
»,<br />
disait d’ailleurs Desire Ellis, la sélectionneuse<br />
de l’<strong>Afrique</strong> du Sud.<br />
Mais, à la surprise de tous, et à 36 ans,<br />
la footballeuse a décidé, en octobre<br />
Cette<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Icon Sport<br />
La footballeuse internationale sud-africaine,<br />
parfaitement à l’aise dans la<br />
zone défensive du terrain, a commencé<br />
à fouler la pelouse à l’âge de 6 ans. Et<br />
depuis, elle a enchaîné les records. Celui<br />
qu’on retiendra le plus, c’est forcément<br />
celui-là : Janine Van Wyk, qui compte aujourd’hui<br />
183 sélections, est devenue en<br />
2016 la joueuse la plus capée d’<strong>Afrique</strong><br />
du Sud, tous sexes confondus. Rien que<br />
ça, me diriez-vous.<br />
Notamment passée par le Moroka Swallows<br />
FC, le Palace Super Falcons, le<br />
Houston Dash aux États-Unis ou encore<br />
le Glasgow City en Écosse, c’est en sélection<br />
nationale qu’elle performe le plus.<br />
Dès sa première titularisation en 2005<br />
en Coupe d’<strong>Afrique</strong> des nations, elle<br />
Lancement de son propre<br />
club<br />
En 2012, Janine Van Wyk va encore<br />
plus loin dans son rêve de football, en<br />
lançant son propre club. Elle ouvre ainsi<br />
le Janine Van Wyk FC, plus couramment<br />
appelé JVW FC. Un succès, puisqu’en<br />
2015, l’équipe s’inscrit en Women’s<br />
nale<br />
du Championnat sud-africain, où il<br />
s’incline face à Bloemfontein Celtic.<br />
Mais ce n’est pas tout. Le JVW FC, qui<br />
enregistrera notamment la signature<br />
de la grande athlète Master Semenya,<br />
devient en 2019 la première équipe promue<br />
en SAFA Women’s League, un an<br />
après sa création.<br />
« THE GUARDIAN ÉVOQUE “ L’UNE<br />
DES SEULES FOOTBALLEUSES<br />
OUVERTEMENT HOMOSEXUELLES<br />
D’AFRIQUE ”. »<br />
32 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Janine Van Wyk<br />
représente l’audace<br />
à l’état pur, ce<br />
qui lui a permis<br />
d’atteindre le<br />
rang respecté de<br />
légende du football<br />
africain.<br />
Icon Sport<br />
Ouvertement engagée en<br />
faveur des droits des personnes<br />
de la communauté LGBT<br />
Comme son homologue américaine Megan<br />
Rapinoe, la footballeuse sud-africaine<br />
Janine van Wyk, la plus capée de<br />
l’équipe nationale, est également ouvertement<br />
engagée en faveur des droits des<br />
personnes de la communauté LGBT.<br />
Un article de The Guardian évoque<br />
« -<br />
». « <br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
», a-t-elle déclaré dans des<br />
propos rapportés dans colonnes du média<br />
britannique. « <br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
» Un engagement fort de<br />
sens.<br />
Nous conclurons cet hommage par les<br />
mots de celle qui est et restera une légende<br />
du sport dans son pays et sur la<br />
planète, Janine. « -<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
» WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 33
CHAMPIONNES<br />
[ Portrait ]<br />
Ndèye Binta<br />
Diongue :<br />
<br />
<br />
sont nombreux »<br />
Ndèye Binta Diongue, escrimeuse sénégalaise, est une passionnée dans l’âme. Depuis son<br />
plus jeune âge, elle manie l’épée d’une main de maître. À 35 ans, et après avoir participé<br />
aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, l’éducatrice sportive et Maître d’Armes a encore<br />
des rêves plein la tête, dont Paris 2024. Et pour cela, elle est prête à de nombreux sacrifices.<br />
Entretien. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL<br />
WOMEN SPORTS : COMMENT AVEZ-<br />
VOUS DÉCOUVERT L’ESCRIME ?<br />
NDÈYE BINTA DIONGUE : Un collègue<br />
de mon père, Maître Sidy Gallo Diop, qui<br />
travaille dans l’administration pénitentiaire,<br />
faisait partie de la première promotion<br />
de Maîtres d’armes au Sénégal. C’est<br />
lui qui m’a initiée à l’escrime. C’était pour<br />
moi une découverte et un passe-temps<br />
les mercredis et samedis soirs, quand il<br />
n’y avait pas d’école. Nous étions un bon<br />
groupe de jeunes, tous voisins, et il y avait<br />
une très bonne ambiance, surtout lors<br />
des déplacements pour les compétitions<br />
des Championnats du Sénégal. C’est làbas<br />
que j’ai rencontré les premiers escrimeurs<br />
sénégalais qui m’ont fait aimer<br />
<br />
aimé et ma passion a pris le dessus, ce<br />
« JE SUIS LA DERNIÈRE DE TOUTE UNE<br />
GÉNÉRATION D’ESCRIMEURS À AVOIR<br />
CONTINUÉ ET ATTEINT LE HAUT NIVEAU<br />
EN TANT QU’ATHLÈTE. »<br />
D.R.<br />
qui m’a fait rester. Cela fait maintenant<br />
plus de 21 ans. J’ai eu la chance de pouvoir<br />
continuer, ce qui n’est pas évident,<br />
et je remercie mon entêtement et ma<br />
persévérance, car les autres ont tous décroché.<br />
Je suis la dernière de toute une<br />
génération d’escrimeurs à avoir continué<br />
et atteint le haut niveau en tant qu’ath-<br />
<br />
tenu bon, malgré le fait que l’escrime ne<br />
soit toujours pas développée ni connue<br />
au Sénégal, et que les moyens d’accompagnement<br />
ne suivent pas, car l’escrime<br />
coûte très cher et ce n’est pas évident<br />
voire impossible de réussir sans l’aide<br />
nécessaire.<br />
QUAND EST-CE QUE VOTRE<br />
PRATIQUE A PRIS UN TOURNANT<br />
ET QUE VOUS AVEZENVISAGÉ<br />
DE DEVENIR ATHLÈTE DE HAUT<br />
NIVEAU ?<br />
<br />
à ma carrière en 2012, après les quali-<br />
<br />
nale.<br />
À force d’entendre les gens me dire<br />
que j’étais vieille, que je ne gagnais pas,<br />
que je ne progressais pas, ou<br />
34 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Pour réaliser ses<br />
rêves, Ndèye a du<br />
quitter son pays,<br />
le Sénégal, avec<br />
les moyens de sa<br />
famille.<br />
D.R.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 35
CHAMPIONNES<br />
qu’il fallait faire de la place aux<br />
<br />
moi. J’ai cru ce que les autres disaient,<br />
que j’étais nulle et que je n’avais pas<br />
ma place dans l’escrime. J’avais plein<br />
d’ambitions et une vision, mais entre<br />
découragement et désillusion, personne<br />
ne m’encourageait à persévérer ou ne<br />
cherchait de solutions pour atteindre le<br />
haut niveau. Personne ne croyait en moi<br />
et ne voulait investir dans mon projet.<br />
<br />
d’intégrer l’école des Maîtres d’armes<br />
pour me reconvertir à 26 ans, pas par<br />
choix mais simplement parce que je<br />
devais faire quelque chose, car j’avais<br />
négligé et arrêté mes études. J’ai suivi<br />
cette voie, mais j’ai beaucoup appris à<br />
l’école des Maîtres d’armes et j’en suis<br />
sortie avec mon diplôme en main. J’ai<br />
commencé à enseigner dans les écoles<br />
et les clubs à Dakar. Mais il y avait un<br />
«mais», et c’est là que j’ai eu un déclic.<br />
Pendant ma formation, j’ai repris goût<br />
à l’escrime, car pendant cette année,<br />
mon rêve renaissait peu à peu et j’ai<br />
décidé de reprendre la compétition et<br />
de me préparer pour les Jeux de Rio.<br />
Mais pour faire cela, il était impossible<br />
« QUAND ON A UN RÊVE, IL FAUT SE LEVER<br />
TOUS LES MATINS, PERSÉVÉRER, ET<br />
L’ATTEINDRE, SANS ÉCOUTER CEUX QUI<br />
DISENT QUE CE N’EST PAS POSSIBLE. »<br />
de rester au Sénégal, car il n’y avait pas<br />
les ressources nécessaires pour réaliser<br />
et atteindre le haut niveau. Je n’avais<br />
toujours pas reçu l’aide nécessaire pour<br />
mes projets. Je me suis dit que, lorsqu’on<br />
veut quelque chose et qu’on a un<br />
rêve, il faut se donner les moyens de les<br />
réaliser. Je ne pouvais pas abandonner<br />
sans essayer une dernière fois. J’ai utili-<br />
<br />
l’aide de ma famille, et je suis partie à<br />
l’aventure.<br />
Tout a vraiment changé lorsque le<br />
Maître Daniel Levavasseur a cru en moi<br />
après 3 mois de stage chez lui au sein<br />
de sa team. Il m’avait demandé de revenir<br />
quand je le voulais. J’ai eu la chance<br />
qu’il accepte de m’entraîner à partir<br />
<br />
devenir olympienne. J’étais venue avec<br />
mon projet olympique pour Rio 2016,<br />
mais il m’a fait clairement savoir que<br />
les Jeux ne se préparaient pas en un an.<br />
Il m’a dit qu’il me restait beaucoup de<br />
travail et que pour Rio, je venais un peu<br />
trop tard, mais il me préparait pour que<br />
nous puissions aller à Tokyo 2020. Pour<br />
Tokyo, il était sûr que je serais prête. J’ai<br />
tellement travaillé, souffert, et fait des<br />
<br />
le remercierai jamais assez, car nous<br />
y sommes parvenus. Il s’est tellement<br />
investi dans tous les aspects que si je<br />
continue aujourd’hui, c’est en partie<br />
grâce à lui et à toute l’équipe. Quand<br />
on a un rêve, il faut se lever tous les<br />
matins, persévérer, et l’atteindre, sans<br />
écouter ceux qui disent que ce n’est pas<br />
possible.<br />
Point de vue<br />
« L’escrime contribue au développement personnel<br />
en permettant de s’affirmer, d’améliorer sa gestuelle<br />
et de s’organiser dans le temps et l’espace »<br />
« L’escrime m’a permis de gagner en<br />
confiance, j’apprends à m’adapter à<br />
toutes sortes de situations et à acquérir<br />
la maîtrise, le courage et la patience<br />
dans l’effort. Cela me rend fière de représenter<br />
mon pays. L’escrime est un<br />
sport physique, intelligent et passionnant.<br />
Il s’agit d’un sport de combat où<br />
l’objectif est de toucher son adversaire<br />
tout en évitant d’être touché soi-même,<br />
ce qui demande un esprit de guerrier.<br />
Toutefois, la force physique ne prévaut<br />
pas dans ce combat. Un bon escrimeur<br />
doit savoir observer, analyser et anticiper,<br />
il doit être stratège. L’escrime développe<br />
la motricité et l’orientation dans<br />
l’espace. On gagne en coordination et<br />
en précision des gestes grâce à ce sport.<br />
L’escrime est également un sport tactique.<br />
On travaille sur la vitesse, les<br />
temps de réaction et d’exécution. Il y a<br />
des moments pour attaquer et se défendre,<br />
ce qui demande une grande<br />
capacité tactique. L’escrime apprend à<br />
réfléchir.<br />
Enfin, l’escrime favorise la maîtrise de<br />
soi. Pendant un combat, il faut être rapide<br />
dans l’exécution, comme un félin<br />
qui se rapproche doucement de sa proie<br />
et l’attaque au dernier moment. De plus,<br />
il y a un arbitre qui évalue le match, et<br />
l’escrimeur doit apprendre à accepter<br />
ses erreurs, ne pas se décourager et<br />
continuer quoi qu’il arrive.<br />
En résumé, l’escrime est un sport complet<br />
qui développe à la fois des qualités<br />
physiques et mentales. Sur le plan physique,<br />
il nécessite explosivité et endurance.<br />
Sur le plan mental, il demande<br />
de la persévérance, de la stratégie, de<br />
la patience et du courage. L’escrime<br />
contribue également au développement<br />
personnel en permettant de s’affirmer,<br />
d’améliorer sa gestuelle et de s’organiser<br />
dans le temps et l’espace. » <br />
36 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
QUELS SONT VOS OBJECTIFS ?<br />
LES JEUX DE PARIS 2024 ?<br />
COMMENT VOUS Y PRÉPAREZ-<br />
VOUS ?<br />
Mon objectif est de décrocher un ticket<br />
pour les Jeux de Paris 2024. Ces Jeux<br />
à Paris sont très importants pour moi,<br />
car ils représentent une étape mémorable<br />
dans ma carrière. Cependant, la<br />
préparation olympique est complexe<br />
-<br />
<br />
en découlent, en plus de mes charges<br />
personnelles. Par conséquent, je jongle<br />
entre mon emploi et l’entraînement en<br />
sautant parfois des séances et en les<br />
rattrapant le soir après le travail, ce qui<br />
est épuisant. Heureusement, j’ai des<br />
personnes sur qui je peux compter en<br />
neur<br />
et son équipe, ma famille, mes<br />
amis et tous les encouragements quotidiens<br />
qui me permettent de poursuivre<br />
mon objectif ultime : participer à mes<br />
deuxièmes Jeux olympiques.<br />
COMMENT SONT ORGANISÉS VOS<br />
ENTRAÎNEMENTS ?<br />
D.R.<br />
J’ai une double vie. Malgré la fatigue<br />
et les longues journées que j’ai parfois,<br />
durant lesquelles je suis active de<br />
8h30 à 22h, je garde toujours mon objectif<br />
en tête. Mes entraînements sont<br />
maintenant malheureusement répartis<br />
dans la semaine en fonction de mon<br />
travail, car je suis obligée de travailler<br />
et je n’ai pas le choix. J’ai 20 heures<br />
d’entraînement obligatoires en salle<br />
chaque semaine, comprenant des leçons<br />
techniques et tactiques. En plus<br />
de cela, il y a des séances de préparation<br />
physique, de préparation mentale<br />
et de récupération avec un kinésithérapeute<br />
qui me permettent de tenir le<br />
rythme. Soit je m’entraîne le matin et je<br />
travaille l’après-midi, soit je travaille le<br />
matin et fais ma préparation physique<br />
pendant la pause du midi , puis j’ai souvent<br />
aussi des entraînements de 20h à<br />
22h, du non stop. Concilier les entraînements,<br />
les compétitions et le travail est<br />
un véritable parcours du combattant.<br />
Avec un emploi du temps aussi chargé,<br />
je n’ai pas beaucoup de temps pour<br />
<br />
demandés pour atteindre mes objectifs<br />
olympiques sont nombreux. WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 37
CHAMPIONNES<br />
© Maria Korikova/ Shutterstock<br />
La<br />
routine<br />
sport<br />
de Ndèye Binta Diongue<br />
1<br />
LES SQUATS<br />
Cet exercice est idéal pour travailler vos quadriceps et vos fessiers, en plus de renforcer la<br />
sangle abdominale et vos lombaires.<br />
Pour commencer, tenez vous debout. Les bras le long du corps, et les jambes écartées à<br />
largeur d’épaules. Fléchissez vos jambes comme pour s’asseoir. Poussez votre bassin vers<br />
l’arrière et continuez à descendre jusqu’à ce que vos cuisses soient parallèles au sol. Enfin<br />
relevez-vous en poussant sur vos talons et revenez à la position de départ.<br />
2<br />
LE GAINAGE SUPERMAN<br />
Cet exercice, est très utile pour renforcer les<br />
lombaires et le dos. Pour cet exercice, rien de<br />
plus simple : couchez-vous à plat ventre, bras<br />
et jambes tendus comme si vous voliez dans<br />
les airs. Décollez ensuite votre torse du sol tout<br />
en levant vos jambes. Contractez vos fessiers<br />
et redescendez lentement. N’oubliez pas de<br />
respirer calmement et profondément pendant<br />
tout l’exercice !<br />
3<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
4<br />
D.R.<br />
LES FENTES AVANT<br />
Les fentes avant sont, à l’image des squats,<br />
un excellent exercice pour muscler les cuisses<br />
et les fessiers. Mettez-vous debout, jambes<br />
écartées, dos droit et les mains sur la taille.<br />
Faites un grand pas en avant puis une flexion<br />
de jambe pour obtenir un angle de 90° au<br />
niveau du genou. Puis, jambe parallèle au sol,<br />
poussez dessus afin de revenir à la position de<br />
départ. Répétez l’exercice sur l’autre jambe et<br />
ainsi de suite !<br />
LA CORDE À<br />
SAUTER<br />
Le saut à la corde est un<br />
exercice de fitness complet<br />
puisqu’il engage l’ensemble des<br />
muscles de votre corps.<br />
Haut du corps : bras, épaules<br />
pectoraux.<br />
Bas du corps : mollets muscles<br />
des cuisses s’affinent,<br />
Sangle abdominale,<br />
abdominaux et resserre votre<br />
taille.<br />
38 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
5<br />
6<br />
LES POMPES<br />
Le mouvement au poids de corps le plus<br />
populaire au monde.<br />
Efficace, ce mouvement en force travaille la<br />
poitrine, le tronc, les triceps et les épaules.<br />
D.R. © D.R.<br />
D.R.<br />
Lucie Werner<br />
7<br />
8<br />
L’ESSUIE-GLACE<br />
L’essuie-glace est un exercice technique<br />
d’abdominaux au sol qui cible particulièrement<br />
les obliques (internes et externes).<br />
Technique :<br />
Allongé sur le dos avec les bras écartés de<br />
chaque côté au niveau des épaules, paumes<br />
de main tournées vers le sol (votre corps forme<br />
un « T ») : levez les jambes tendues à 90°, les<br />
pieds vers les épaules (votre corps forme un<br />
« L ») Contractez les abdominaux et gardez le<br />
bas du dos plaqué au sol. Poussez au sol à<br />
travers vos mains pour garder vos épaules et<br />
le haut du dos en contact avec le sol. Tournez<br />
les jambes lentement d’un côté sans toucher<br />
le sol avec les pieds (contrôle du mouvement).<br />
Limitez la rotation du mouvement pour éviter<br />
de décoller l’épaule opposée du sol.<br />
Revenez en position initiale avant de tourner de<br />
l’autre côté latéral. Répétez<br />
La prière lombaire. Placez vos fesses sur les<br />
talons enroulez doucement le bas du dos. Une<br />
fois en position, allongez les bras en soufflant<br />
lentement et longtemps. Profitez-en pour<br />
ressentir l’étirement dans la colonne lombaire<br />
et les muscles « spinaux » situés de part et<br />
d’autre.<br />
KETTLEBELL - KB<br />
SWING TWO HANDS<br />
Le kettlebell swing sollicite de<br />
nombreux groupes musculaires<br />
et est exigeant du point de vue<br />
cardiovasculaire.<br />
Les principaux muscles ciblés<br />
sont les cuisses, les fessiers, les<br />
épaules (assistées des trapèzes)<br />
et le dos avec une priorité sur la<br />
zone lombaire. En fonction du<br />
poids et de la durée de l’exercice,<br />
le système cardio-respiratoire est<br />
plus ou moins sollicité.<br />
Technique :<br />
En position debout, le Kettlebell<br />
est saisi des deux mains.<br />
L’exercice consiste à effectuer<br />
un mouvement de balancier des<br />
bras dont la hauteur maximum<br />
se situe au niveau des épaules<br />
et se termine entre les jambes<br />
légèrement en retrait du bassin.<br />
Le dos est plat, les pieds<br />
sont écartés et positionnés à<br />
l’extérieur des hanches, la tête<br />
reste droite dans l’axe du buste.<br />
Lors de la descente, les jambes<br />
se fléchissent légèrement afin<br />
d’amortir et de relancer le<br />
Kettlebell.<br />
LE GAINAGE<br />
Le gainage de la zone lombaire est essentiel. Ne jamais arrondir le dos et toujours maintenir<br />
la tête dans son prolongement.<br />
En position haute, assurez-vous que le corps est droit.<br />
Bras écartés à la largeur des épaules et coudes rentrés.<br />
Rapprochez-vous le plus possible du sol au ralenti avant de repousser vers la position de<br />
départ.<br />
Types de planche :<br />
La forme la plus commune de planche est celle où le sportif se tient dans une position<br />
de pompe, avec le poids du corps porté sur les avant-bras, les coudes et les orteils. De<br />
nombreuses variantes existent, telles que la planche latérale et la planche inversée.<br />
Effet La planche renforce les abdominaux, le dos et les épaules.<br />
D.R.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 39
CHAMPIONNES<br />
La routine sport de Ndèye Bineta Diongue<br />
9<br />
D.R.<br />
HIP THRUST UNILATÉRAL,<br />
AVEC UNE JAMBE EN L’AIR<br />
Exécution :<br />
Placez vous en position de départ selon la<br />
variante choisie : au sol, avec ou sans charge,<br />
pieds sur un step ou pas…<br />
Levez une jambe en l’air tendue en gardant le<br />
talon de la jambe d’appui.<br />
Réalisez le mouvement du hip thrust<br />
classique en conservant vos hanches face au<br />
plafond pendant tout le mouvement.<br />
10<br />
11<br />
D.R.<br />
LES RELEVÉS DE BUSTE<br />
POUR MUSCLER SON VENTRE<br />
Cet exercice d’abdo permet de renforcer le grand<br />
droit, muscle superficiel de l’abdomen, que l’on<br />
voit apparaître tel une « tablette de chocolat »<br />
chez les femmes sportives très affûtées.<br />
Consigne d’exécution des relevés de<br />
buste :<br />
Allongée sur le dos, jambes fléchies, tendez vos<br />
bras et posez vos mains sur vos cuisses, puis<br />
contractez vos abdominaux afin de décoller<br />
vos épaules. Faites glissez vos mains jusqu’aux<br />
genoux, puis redescendez doucement. Gardez<br />
la tête droite, regard vers le haut, en évitant de<br />
contracter le cou.<br />
Respiration : soufflez en montant.<br />
Réalisez cet exercice d’abdos doucement, sans<br />
à-coup. Vous devez sentir chaque vertèbre se<br />
décoller du sol.<br />
L’ÉCHELLE<br />
L’échelle d’agilité est idéale<br />
pour compléter vos séances<br />
de préparation physique.<br />
Cette dernière vous permet de<br />
travailler vos appuis, et, in fine,<br />
d’améliorer votre vitesse, votre<br />
explosivité et votre coordination !<br />
L’échelle de rythme, également<br />
appelée échelle d’agilité ou<br />
de vitesse, est un accessoire<br />
simple et très pratique pour<br />
l’entraînement physique . Elle<br />
permet de réaliser plein de<br />
petits exercices pour travailler<br />
la vitesse, l’explosivité, la<br />
coordination, le jeu de jambes.<br />
D.R.<br />
12<br />
LE PONT<br />
Quels sont les bienfaits du pont ?<br />
Le pont est un exercice impliquant le bas du corps qui cible principalement les muscles de<br />
l’articulation de la hanche. Ce mouvement est très fonctionnel et développe la force des<br />
membres inférieurs et la stabilité du tronc en plus de contribuer à améliorer la coordination<br />
respiratoire.<br />
Quels muscles travaillent le pont ?<br />
Le pont est un exercice impliquant le bas du corps, qui cible principalement les muscles de<br />
l’articulation de la hanche, l’arrière de la jambe, les fessiers, les mollets et les abdominaux. .<br />
Ce mouvement est très fonctionnel et développe la force des membres inférieurs et la stabilité<br />
du tronc en plus de contribuer à améliorer la coordination respiratoire.<br />
D.R.<br />
40 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
PRÉSENTÉ PAR<br />
ANNIE GASNIER<br />
CHAQUE VENDREDI<br />
SUR RFI À 16H10 TU<br />
SUR FRANCE 24 À 21H10 TU
CHAMPIONNES<br />
[ Portrait ]<br />
Kaylia Nemour<br />
<br />
<br />
<br />
Kaylia Nemour, gymnaste algérienne de 16 ans, a créé l’événement lors des Championnats<br />
du monde de gymnastique en Belgique, en décrochant la médaille d’argent aux barres<br />
asymétriques. Une performance historique qui la place en tête des gymnastes africaines,<br />
notamment pour les Jeux de Paris en 2024.<br />
PAR RUBEN DIAS<br />
et automne à Anvers,<br />
CKaylia Nemour a fait le<br />
show. La prodige de 16 ans,<br />
s’est hissée à la deuxième<br />
place du Championnat du<br />
monde de gymnastique avec un fabuleux<br />
score de 15.033 points. Juste derrière la<br />
Chinoise Qiu Qiyuan avec 15.100 points,<br />
et devant l’Américaine Shilese Jones et ses<br />
14.766 points. Mais cette performance aurait<br />
bien pu être française. « -<br />
<br />
<br />
<br />
», avait regretté auprès de l’AFP,<br />
James Blateau, le président de la Fédération<br />
française de gymnastique (FFG) avant<br />
la compétition.<br />
« Une volonté de nuire »<br />
Formée en France, elle a représenté<br />
l’équipe tricolore jusqu’en 2022. Cependant,<br />
alors qu’elle n’avait que 14 ans, la<br />
jeune Algérienne subit une opération des<br />
deux genoux avant une longue phase de<br />
rééducation. C’est à ce moment que les<br />
problèmes ont commencé. Si le médecin<br />
de son club (Avoine, en Indre-et-Loire) lui<br />
avait autorisé à reprendre la compétition<br />
après plusieurs mois, celui de la fédération<br />
s’y est opposé. Kaylia Nemour et son entourage,<br />
en colère, ont décidé de claquer<br />
la porte pour rejoindre l’équipe nationale<br />
d’Algérie, le pays de son père. La FFGym<br />
voulait à cette époque que Kaylia Nemour<br />
rejoigne l’INSEP, à Paris. « <br />
-<br />
», expliquait la mère de la jeune<br />
femme et présidente du club d’Avoine.<br />
Résultat, Kaylia Nemour a donc tourné le<br />
dos à la FFGym pour rejoindre l’Algérie.<br />
Mais cela ne s’arrête pas là. La Fédération<br />
française a en effet longtemps bloqué le<br />
changement de nationalité sportive de la<br />
gymnaste. Ses proches dénonçaient une<br />
« ». Le président James<br />
Blateau s’est défendu ainsi : «<br />
-<br />
<br />
<br />
». Heureusement,<br />
et grâce à l’intervention de la ministre<br />
des Sports dans ce dossier, Kaylia a<br />
pu participer, et briller, aux Championnats<br />
d’<strong>Afrique</strong> et aux Mondiaux.<br />
Performance historique<br />
« <br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
», s’est exclamée Kaylia Nemour<br />
à RFI après les Championnats du monde.<br />
Volant dans l’espace avec une grande précision<br />
et une étonnante facilité, la jeune<br />
<br />
asymétriques pour décrocher l’argent. Entrant<br />
ainsi dans l’histoire du sport africain.<br />
Cap sur les Jeux Olympiques<br />
2024<br />
LA FFGYM A LONGTEMPS BLOQUÉ<br />
LE CHANGEMENT DE NATIONALITÉ<br />
SPORTIVE DE LA GYMNASTE QUI A<br />
« TOUJOURS VÉCU EN FRANCE »<br />
Déterminée et passionnée, celle qui a<br />
commencé la gym à 4 ans, a un objectif<br />
dans le viseur : les Jeux Olympiques de Paris<br />
en 2024. « <br />
-<br />
», lance la<br />
jeune championne. Son billet pour les JO<br />
est lui déjà validé avec ses performances<br />
aux Mondiaux 2023. WSA<br />
42 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Au milieu des<br />
polémiques et<br />
désaccords, on<br />
retient surtout un<br />
ticket pour les Jeux<br />
Olympiques 2024<br />
pour Kaylia<br />
Nemour !<br />
© Icon Sport<br />
D.R.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 43
ENQUÊTE<br />
FOCUS<br />
Pas assez femmes<br />
aux yeux des instances<br />
sportives !<br />
Les combats de Christine Mboma<br />
et Barbra Banda face à la testostérone<br />
Les nouvelles règles des fédérations internationales sur<br />
les niveaux de testostérone continuent de susciter des<br />
controverses dans le sport féminin. Aujourd’hui, focus<br />
sur deux athlètes, Christine Mboma et Barbra Banda,<br />
qui se retrouvent au centre de la discussion. Entre<br />
maladie, différences de développement sexuel (DSD) ou<br />
hyperandrogénie, problèmes financiers et avenir incertain…<br />
Focus sur deux cas qui soulignent les difficultés auxquelles<br />
certaines femmes sont confrontées. PAR RUBEN DIAS<br />
L<br />
e sport, un monde d’inclusion<br />
? Ou pas. Christine<br />
Mboma, vice-championne<br />
olympique du 200 mètres,<br />
est actuellement confrontée<br />
à un dilemme bien complexe. Celui de<br />
l’équilibre hormonal. À seulement 20 ans,<br />
cette athlète namibienne, dotée d’une<br />
exceptionnelle puissance athlétique, doit<br />
maintenant suivre un traitement hormonal<br />
pour réduire son niveau naturel de<br />
testostérone. Son corps produit naturellement<br />
cette hormone en grande quantité,<br />
un peu comme une certaine Caster<br />
Semenya, d’ailleurs. Mais désormais les<br />
nouvelles règles de World Athletics lui empêchent<br />
certaines courses.<br />
Un point sur le règlement<br />
D.R.<br />
Les restrictions imposées par l’instance<br />
exigent que le niveau de testostérone des<br />
athlètes féminines reste en dessous de 2,5<br />
nanomoles par litre de sang. Mboma, aux<br />
prises avec un développement sexuel différent<br />
(DSD) ou hyperandrogénie, cherche à<br />
s’adapter à ces règles en suivant des traitements<br />
aux œstrogènes. Cette décision<br />
<br />
peuvent entraîner des effets secondaires<br />
indésirables. On y reviendra.<br />
44 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Les règles de World<br />
Athletics ont changé<br />
en matière de taux<br />
de testostérone,<br />
et compliquent<br />
la vie sportive de<br />
certaines athlètes.<br />
© Krakenimages.com/ Shutterstock<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 45
ENQUÊTE<br />
D’ailleurs, le règlement de World<br />
Athletics exige une période de maintien<br />
des nouveaux niveaux hormonaux pendant<br />
au moins six mois avant de pouvoir,<br />
par exemple pour Mboma, concourir à<br />
nouveau sur 200 mètres.<br />
Prédestinée au 400 et 800 m<br />
Spécialisée dans les courses de 400 et<br />
800 mètres, Mboma a été confrontée à<br />
tués<br />
par World Athletics lors de son camp<br />
d’entraînement en Italie. Les résultats<br />
ont empêché Mboma et sa compatriote<br />
Beatrice Masilingi de participer aux<br />
distances pour lesquelles elles étaient<br />
spécialistes lors des Jeux Olympiques<br />
de Tokyo. Contrainte de s’orienter vers<br />
le 200 mètres, Mboma a tout de même<br />
remporté la médaille d’argent. Un bel<br />
accomplissement qui a pourtant marqué<br />
le début du dilemme complexe pour que<br />
la jeune femme s’adapte aux nouvelles<br />
règles.<br />
Les cas s’enchaînent<br />
Le cas de Christine Mboma est loin d’être<br />
isolé. Évidemment, tout le monde aura en<br />
tête celui de Caster Semenya, mais elles<br />
sont nombreuses les athlètes à faire face<br />
au même problème. Francine Niyonsaba,<br />
Margaret Wambui, et Aminatou Seyni,<br />
également atteintes d’hyperandrogénie,<br />
se retrouvent aussi sur la touche. La réduction<br />
de la limite maximale de testostérone<br />
à 2,5 nanomoles par litre a créé<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
une série d’obstacles pour ces athlètes,<br />
les obligeant à reconsidérer leurs distances<br />
et à se conformer aux nouvelles<br />
règles de manière contraignante. Mais<br />
L’athlète sudafricaine<br />
Caster<br />
Semenya avait saisi<br />
la Cour européenne<br />
des droits de<br />
l’Homme en juillet<br />
dernier contre<br />
World Athletics.<br />
l’athlétisme n’est pas la seule discipline<br />
dans laquelle les femmes se retrouvent<br />
face à un tel problème.<br />
Barbra Banda, pas assez<br />
femme ?<br />
D.R.<br />
Parce que oui, le football féminin fait éga-<br />
<br />
Zambienne Barbra Banda, confrontée à<br />
des jugements sur sa féminité par la FIFA,<br />
qui stipulait en 2022 que « l<br />
<br />
» et que « <br />
-<br />
». Cependant, aucun seuil de testostérone<br />
n’est précisé contrairement à<br />
World Athletics. Heureusement, la star<br />
zambienne du football féminin a obtenu<br />
l’autorisation de la FIFA pour disputer la<br />
dernière Coupe du monde en 2023. « <br />
-<br />
-<br />
»,<br />
avait même annoncé Sarai Bareman,<br />
46 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
« LA FIFA TRAVAILLE ACTUELLEMENT SUR<br />
SES RÈGLES D’ÉLIGIBILITÉ EN MATIÈRE DE<br />
GENRE. NOUS SOMMES ACTUELLEMENT<br />
DANS UN PROCESSUS DE CONSULTATION. »<br />
directrice du football féminin à la BBC.<br />
Barbra Banda n’a d’ailleurs pas tardé à<br />
entrer dans l’histoire de la compétition.<br />
Alors que la Zambie a signé la première<br />
victoire de son histoire en Coupe du<br />
Monde Féminine face au Costa Rica 1-3,<br />
elle a marqué le 1 000 e but de l’histoire<br />
de la plus grande des compétitions.<br />
Avec cette affaire, l’instance a donc décidé<br />
de revoir ses tests d’éligibilité au<br />
sexe, « <br />
<br />
<br />
», a<br />
expliqué Sarai Bareman ajoutant qu’il<br />
s’agit d’un « et<br />
qu’ <br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
»<br />
Pour l’instant, la CAN<br />
ne bouge pas<br />
Son de cloche différent sur le continent<br />
africain. Quelques jours avant le<br />
début de la dernière CAN féminine,<br />
en 2022, la Fédération zambienne de<br />
football avait annoncé l’exclusion de<br />
Barbra Banda. La raison ? Des résultats<br />
invalides lors du test ADN du sexe réalisé<br />
par la CAF. Considérée, à 23 ans,<br />
comme l’un des plus grands espoirs de<br />
la Zambie, l’attaquante était devenue,<br />
lors des Jeux olympiques de Tokyo, la<br />
première joueuse à réaliser deux triplés<br />
<br />
dans la compétition.<br />
La Confédération africaine de football,<br />
qui organise donc la Coupe des Nations,<br />
ne semble pas vraiment vouloir bouger<br />
pour l’heure. Bannie de la CAN 2022,<br />
Barbara pourrait également voir sa participation<br />
à l’édition 2024 annulée.<br />
Des sacrifices au nom<br />
de la conformité<br />
Devant ces contraintes, les possibilités<br />
pour les athlètes ne sont pas bien nombreuses.<br />
Contrairement à Caster Semenya,<br />
qui a contesté les règles de World<br />
Athletics en justice, Mboma a choisi de<br />
ne pas suivre cette voie. Et les raisons invoquées<br />
par son entraîneur, Henk Botha,<br />
sont claires : ils estiment ne pas disposer<br />
<br />
pour entamer des procédures judiciaires<br />
coûteuses, et ils préfèrent suivre les<br />
règles pour éviter de perturber le processus.<br />
Cependant, tout cela a un prix. Et même<br />
<br />
cher à la jeune namibienne. Les traitements<br />
hormonaux auxquels Mboma doit<br />
se soumettre ne sont pas sans risques.<br />
Caster Semenya, qui a également suivi un<br />
D.R.<br />
traitement similaire par le passé, a signalé<br />
des effets secondaires tels qu’une sensation<br />
de maladie, une prise de poids et<br />
des crises de panique. Les conséquences<br />
à long terme de ces traitements sur la<br />
santé des athlètes restent un sujet de<br />
préoccupation au sein de certaines ONG<br />
et associations.<br />
« Je ne vais pas laisser la FIA<br />
m’empêcher d’être qui je suis »<br />
Depuis presque 15 ans, les athlètes<br />
et la Fédération internationale d’athlétisme<br />
(FIA) se battent à ce sujet. Et la<br />
hache est loin d’être enterrée. Nous<br />
n’en avons que peu parlé ici, mais Caster<br />
Semenya en est le parfait exemple.<br />
Contrainte à de nombreuses reprises<br />
de « -<br />
<br />
» sur<br />
sa distance fétiche, la Sud-Africaine<br />
a décidé de dire stop. « <br />
<br />
», a réagi<br />
l’athlète dans un communiqué.<br />
La ministre sud-africaine des Sports,<br />
Tokozile Xasa, avait soutenu la plainte<br />
déposée par la championne. «<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
», se questionne<br />
la femme politique.<br />
«<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
», s’est interrogé le directeur des<br />
sports du gouvernement sud-africain Mokoditloa<br />
Eliakim Moemi. Et dans les faits,<br />
interdit-on à un basketteur d’être trop<br />
grand pour jouer au basketball, alors que<br />
c’est dans ses gènes… La réponse est<br />
clairement non. « <br />
-<br />
-<br />
»,<br />
conclut Caster Semenya. WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 47
LES BELLES HISTOIRES<br />
Barcelone 1992<br />
Derartu Tulu<br />
et Elana Meyer<br />
Un tour d’honneur<br />
<br />
PAR DAVID TOMASZEK<br />
Derartu Tulu et Elana Meyer<br />
ont offert le tour d’honneur<br />
le plus mémorable de l’histoire<br />
du sport aux Jeux Olympiques<br />
de Barcelone en 1992. À une<br />
époque où l’apartheid touchait à sa fin,<br />
une athlète sud-africaine blanche a rejoint<br />
symboliquement la championne<br />
éthiopienne du 10 000 m dans un geste<br />
puissant. Cette image reste gravée<br />
comme l’instant le plus marquant des<br />
Jeux de Barcelone. Ces Jeux de 1992,<br />
organisés sous la présidence de Juan<br />
Antonio Samaranch, célébraient la nouvelle<br />
Espagne et le dynamisme catalan.<br />
Lors de la course du 10 000 m féminin<br />
le 7 août, Elana Meyer, représentant la<br />
nation de Nelson Mandela, a pris part<br />
à une course haletante, marquée par<br />
la chaleur étouffante de Barcelone. Liz<br />
McColgan, championne du monde en<br />
titre, a imposé un rythme élevé, mais<br />
Elana Meyer a lancé une accélération<br />
remarquable au sixième kilomètre.<br />
48 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
La Sud-Africaine<br />
blanche Elena<br />
Meyer se joint<br />
à l’Ethiopienne<br />
Derartu Tulu qui<br />
vient de lui souffler<br />
le titre olympique.<br />
Initialement en tête, Meyer a été rejointe<br />
par la jeune éthiopienne Derartu Tulu,<br />
championne du monde junior. Tulu, à 20<br />
ans, avait déjà fait sensation en remportant<br />
le doublé 3 000-10 000 aux Championnats<br />
d’<strong>Afrique</strong>. L’Éthiopienne a dépassé<br />
Meyer dans le dernier tour, remportant<br />
l’or olympique avec une avance de cinq secondes.<br />
Ce moment historique s’est achevé<br />
par un tour d’honneur, où Elana Meyer,<br />
une Sud-Africaine blanche, a chaleureusement<br />
félicité Tulu, symbolisant l’unité<br />
post-apartheid. Tulu a répété cet exploit<br />
aux Jeux de Sydney en 2000, ouvrant la<br />
voie à d’autres athlètes éthiopiennes.<br />
Pendant ce temps, Elana Meyer, bien que<br />
moins médiatisée, a marqué le monde du<br />
semi-marathon avec un record du monde<br />
et continue de promouvoir la paix à travers<br />
le sport. Tulu est actuellement présidente<br />
de la Fédération éthiopienne d’athlétisme,<br />
tandis que Meyer dirige une académie<br />
d’athlétisme, perpétuant leur impact positif<br />
sur le monde sportif. WSA<br />
D.R.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 49
LES BELLES HISTOIRES<br />
[ Portrait ]<br />
Tegla Loroupe<br />
<br />
du Marathon de New York marche<br />
<br />
À l’instar de son modèle sud-africain, la marathonienne kényane Tegla Loroupe met sa<br />
renommée au service de la paix en <strong>Afrique</strong>, au travers de la Tegla Loroupe Peace Foundation.<br />
PAR DAVID TOMASZEK<br />
n évoquant Mandela, Tegla<br />
ELoroupe esquisse un sourire<br />
extatique. Ayant grandi<br />
à Kapsoit, dans un village<br />
reculé de la vallée du Rift,<br />
en pays pokot (au nord-ouest du Kenya),<br />
cateur<br />
: Madiba a été son modèle depuis<br />
son plus jeune âge. Tout comme lui, elle<br />
est née dans un modeste hameau avant<br />
de conquérir le monde.<br />
Des rêves réalisables<br />
Tout comme Tegla, Madiba a dû surmonter<br />
de nombreux préjugés pour réaliser<br />
ses rêves. «<br />
<br />
<br />
», explique cette femme frêle<br />
née en 1973. Elle a été la première Africaine<br />
à remporter le prestigieux marathon<br />
de New York en 1994, un exploit qu’elle a<br />
répété l’année suivante. « -<br />
<br />
<br />
», se souvient émotionnellement<br />
celle qui a détenu le record du<br />
monde de la distance avant de devenir<br />
plusieurs fois championne du monde de<br />
semi-marathon et de marathon.<br />
Celle qui doit ses victoires à son obstination<br />
a adopté le précepte de Picasso : «<br />
-<br />
». Mais elle s’impose aussi grâce à<br />
ses qualités physiques : femme d’1,53 m,<br />
elle déplace son poids plume (39 kilos)<br />
avec beaucoup de grâce.<br />
Un attachement atavique pour<br />
son bétail<br />
Tegla a réalisé son premier rêve dès<br />
l’enfance lorsqu’elle est partie, de sa<br />
propre initiative, à l’école. « <br />
<br />
<br />
<br />
», admet<br />
Tegla, qui voulait avant tout accéder à<br />
l’éducation, une opportunité que n’avait<br />
jamais connue aucune femme de sa fa-<br />
« MANDELA M’A FAIT COMPRENDRE<br />
QUE MES RÊVES N’ÉTAIENT PAS<br />
IMPOSSIBLES À RÉALISER. »<br />
D.R.<br />
50 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Courir pour aller à<br />
l’école, se “battre”<br />
pour la paix...<br />
les idées de Tegla<br />
Loroupe sont<br />
fortes au point de<br />
l’amener à devenir<br />
marathonienne.<br />
D.R.<br />
mille. Tegla a grandi dans des hameaux<br />
dépourvus d’eau et d’électricité.<br />
Bien qu’elle vive une partie de l’année<br />
en Europe et à Nairobi, elle retourne régulièrement<br />
sur ses terres. « <br />
<br />
<br />
», reconnaît<br />
la marathonienne qui conserve un<br />
attachement atavique envers son bétail.<br />
De retour dans la maison qu’elle a fait<br />
construire pour sa famille, sa mère et<br />
<br />
de ses vaches, dans ces paysages verdoyants<br />
qui rappellent ceux de l’opulente<br />
Confédération helvétique.<br />
Fière de ses racines rurales, Tegla n’hésite<br />
pas à inviter les étrangers dans son<br />
village natal. Là, le visiteur est<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 51
LES BELLES HISTOIRES<br />
« GRÂCE À L’ÉCOLE, LES JEUNES<br />
FEMMES COMPRENNENT QU’ELLES<br />
PEUVENT ACQUÉRIR LEUR<br />
INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE. »<br />
“<br />
LA TEGLA<br />
LOROUPE PEACE<br />
FOUNDATION<br />
en bref<br />
surpris par la majesté des paysages,<br />
la profondeur des vallées, la verdeur<br />
de la végétation, mais aussi par le<br />
nombre de coureurs aux pieds nus. Là<br />
où d’autres peuples marchent, les Kényans<br />
de la vallée du Rift courent. Des<br />
hommes et des femmes «galopent» –<br />
non pas par simple plaisir, mais pour se<br />
déplacer plus rapidement dans un environnement<br />
où les routes bitumées et les<br />
véhicules font parfois défaut.<br />
Une millionnaire à l’âme<br />
paysanne<br />
Tegla fait monter dans son 4x4 les villageois<br />
qui lui font signe depuis le bord de<br />
<br />
de place, la championne n’hésite pas à<br />
s’asseoir dans le coffre du véhicule. Très<br />
hospitalière, elle peut aussi céder son lit<br />
confortable aux hôtes et dormir à même<br />
la terre battue de son domicile. Millionnaire<br />
reçue à New York, Johannesburg<br />
ou Lausanne, Tegla reste paysanne dans<br />
l’âme.<br />
À plus de 800 mètres d’altitude, chez<br />
elle, nous sommes dans le pays des<br />
Pokots, une ethnie semi-nomade qui vit<br />
d’élevage et de razzia de bétail depuis<br />
des millénaires. Tegla y organise régulièrement<br />
des courses de la paix. Sa<br />
région natale fut longtemps le théâtre<br />
de terribles affrontements. «-<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
», déplore Tegla.<br />
D.R.<br />
Une fondation au service<br />
des siens<br />
Depuis près de vingt ans, elle sillonne<br />
la planète pour participer à des<br />
courses sur route et défendre l’œuvre<br />
de sa fondation. Pendant les deux dernières<br />
décennies, elle a gagné plus<br />
de 150 000 euros par an, une somme<br />
considérable mise au service de sa communauté.<br />
La fondation de Tegla Loroupe<br />
a investi près d’un million d’euros dans<br />
des projets visant à offrir une alternative<br />
économique aux razzias coutumières :<br />
agriculture, hôtellerie, tourisme et surtout<br />
éducation. « <br />
<br />
<br />
<br />
», estime<br />
Tegla, qui a elle-même fréquenté<br />
l’université. Sa fondation organise des<br />
courses de la paix dans d’autres pays<br />
d’<strong>Afrique</strong> de l’Est, notamment. WSA<br />
Le palmarès de Tegla Loroupe<br />
Record du monde de l’heure avec 18,340 km le 7 août 1998 à Borgholzhausen<br />
Record du monde du 20 km en 1 h 05 min 26 le 3 septembre 2000 à Borgholzhausen<br />
Record du monde du 25 km en 1 h 27 min 05 le 21 septembre 2002 à Mengerskirchen<br />
Record du monde du 30 km en 1 h 45 min 50 le 7 juin 2003 à Warstein<br />
Marathon de New York (1994, 1995)<br />
Marathon de Rotterdam (1997, 1998, 1999)<br />
Marathon de Berlin (1999)<br />
Marathon de Londres (2000)<br />
Marathon de Rome (2000)<br />
Médailles de bronze aux championnats du monde en 1995 et 1999 sur le 10 000 m<br />
La Fondation pour la paix<br />
Tegla Loroupe crée des initiatives<br />
de paix dans les zones de conflit<br />
pastorales en <strong>Afrique</strong> de l’Est.<br />
Depuis sa création en 2003<br />
par la championne du monde<br />
Tegla Loroupe, des milliers<br />
d’athlètes ont été formés et ont<br />
participé aux courses de la paix<br />
organisées dans les zones de<br />
conflit au Kenya, en Ouganda et<br />
dans d’autres zones de conflit.<br />
Depuis 2015, des centaines<br />
d’athlètes réfugiés originaires<br />
du Soudan du Sud, du Congo,<br />
de l’Éthiopie, de la Somalie et<br />
d’autres pays ont été formés au<br />
Camp d’entraînement olympique<br />
international pour réfugiés<br />
Tegla Loroupe à Ngong, au Kenya,<br />
juste à l’ouest de Nairobi.<br />
En 2016, l’ambassadrice Tegla<br />
a dirigé l’équipe olympique<br />
internationale des réfugiés à Rio,<br />
où cinq des athlètes du camp<br />
d’entraînement de Ngong ont<br />
compétitionné.<br />
En 2021, l’ambassadrice Tegla<br />
a dirigé l’équipe olympique<br />
internationale des réfugiés à Tokyo.<br />
Elle décrit ce qu’est la fondation :<br />
« une organisation dédiée aux<br />
athlètes qui concourent pour<br />
eux-mêmes, pour leurs familles,<br />
pour leurs sociétés, et pour la paix,<br />
l’honnêteté et la justice entre tous<br />
les peuples ».<br />
© Icon Sport<br />
52 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Habiba Ghribi<br />
<br />
<br />
Immense athlète, la Tunisienne Habiba Ghribi a malheureusement été sacrée… sur tapis<br />
vert. Il lui a fallu attendre quatre ans après les Jeux Olympiques de Londres 2012 pour<br />
obtenir sa médaille d’or olympique. PAR DAVID TOMASZEK<br />
a coureuse tunisienne<br />
LHabiba Ghribi a atteint<br />
les sommets olympiques<br />
en devenant championne<br />
-<br />
tif<br />
dans sa carrière sportive. La décision<br />
du Tribunal arbitral du sport (TAS) rendue<br />
le 24 mars 2016 a entraîné la suspension<br />
de six athlètes russes, dont Yuliya<br />
Zaripova, médaillée d’or du 3 000 m<br />
<br />
la voie à une reconnaissance bien méritée<br />
pour Ghribi, qui a été classée deuxième<br />
derrière Zaripova aux Mondiaux de<br />
2011 et aux Jeux Olympiques de 2012.<br />
Suite à cette décision, deux médailles<br />
d’or ont été ajoutées au palmarès de Habiba<br />
Ghribi, faisant d’elle la championne<br />
du monde en 2011 et la championne<br />
olympique en 2012. L’athlète tunisienne,<br />
déjà médaillée d’argent aux Championnats<br />
du monde d’athlétisme à Pékin en<br />
2015, a exprimé sa joie sur les réseaux<br />
sociaux, soulignant que le travail acharné<br />
<br />
© Icon Sport<br />
<br />
pour Ghribi, qui a souligné son attachement<br />
à représenter dignement la Tunisie,<br />
le sport tunisien et la femme tunisienne.<br />
Elle a partagé son bonheur avec l’Agence<br />
France-Presse (AFP), déclarant être très<br />
<br />
la joie à son peuple, particulièrement en<br />
des moments où la Tunisie a besoin de<br />
réjouissances. Habiba Ghribi est ainsi la<br />
première médaillée olympique tunisienne<br />
de l’histoire. Elle était détentrice du record<br />
sur 3 000 mètres steeple jusqu’en 2018.<br />
Elle a poursuivi sa carrière jusqu’à cette<br />
date, avec notamment une victoire lors des<br />
Championnats panarabes, en 2017. WSA<br />
© Icon Sport<br />
« HABIBA GHRIBI EST LA PREMIÈRE<br />
MÉDAILLÉE OLYMPIQUE TUNISIENNE<br />
DE L’HISTOIRE. »<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 53
LES BELLES HISTOIRES<br />
[ Focus ]<br />
Maria Mutola :<br />
<br />
<br />
Maria Mutola, la légendaire athlète mozambicaine, a marqué l’histoire du 800 mètres avec<br />
onze titres mondiaux et une carrière olympique impressionnante. Mais, à 37 ans, elle a décidé<br />
de revenir à ses premières amours, le football, où elle s’est comparée à un certain Cristiano<br />
Ronaldo. Mutola, du sprint au ballon rond, il n’y a qu’un pas. PAR RUBEN DIAS<br />
près avoir dominé le monde<br />
Ade l’athlétisme pendant<br />
plus d’une décennie, Mutola<br />
a pris sa retraite en 2008<br />
après les Jeux Olympiques<br />
de Pékin. Mais la jeune femme, alors âgée<br />
de 37 ans, n’a pas décidé d’arrêter le sport<br />
pour autant. L’appel du football, son premier<br />
amour, était plus fort que prévu. Parce<br />
que oui, avant de courir en rond sur une<br />
piste, Maria de Lurdes Mutola a d’abord<br />
couru derrière le ballon rond. Une année<br />
après sa retraite, elle rejoint l’équipe Luso<br />
Africa.<br />
Le football, son premier amour<br />
Née en pleine guerre civile au Mozambique,<br />
Maria trouve rapidement une échappatoire<br />
dans le sport. Notamment sur les terrains<br />
de foot ou elle est détectée dès son adolescence<br />
par une tonicité impressionnante.<br />
Gauchère, vive et habile, « Lurdinha » (son<br />
surnom) n’a rien à envier à ses partenaires<br />
sur les terrains, un peu cabossés de Chamanculo,<br />
quartier pauvre de la capitale,<br />
Maputo. Un jour, elle marque le but de la<br />
victoire pour son équipe des Aigles d’or. En<br />
face, mauvais perdant, l’entraîneur adverse<br />
pose une réclamation. «<br />
<br />
», a-t-elle dévoilé en 2018<br />
pour UOL. À 14 ans, c’est tout un monde qui<br />
s’écroule pour l’adolescente.<br />
Mais un homme, José Craveirinha, entraîneur<br />
de football, mais aussi poète, journaliste<br />
et militant pour l’indépendance (plusieurs<br />
fois emprisonné dans les années 60,<br />
NDLR), remarque le potentiel de Maria et<br />
son destin bascule.<br />
Légende du 800 m<br />
José lui montre des cassettes des exploits<br />
de Carl Lewis aux Jeux de Los Angeles en<br />
1984. Et Mutola se lance dans la course à<br />
pied. Sans suspense, la jeune femme impressionne.<br />
Ses performances sur 3 000 m,<br />
1 500 m et 800 m lui valent une bourse<br />
d’étude du Comité international olympique.<br />
Alors, à 18 ans, et bien qu’elle ne parle que<br />
dier<br />
dans l’Oregon aux États-Unis, pays dans<br />
lequel elle restera jusqu’en 2001, le temps<br />
qu’il lui faudra pour se mettre à l’abri et écumer<br />
les meetings du monde entier. Elle se<br />
fait un palmarès sans égal sur le double tour<br />
de piste et règne sur la discipline du 800 m<br />
pendant 10 ans dont 3 victoires en championnats<br />
du monde et une série de 42 victoires<br />
consécutives.<br />
Née portugaise le 27 octobre 1972, trois ans<br />
avant l’indépendance, Maria Mutola oeuvre<br />
grandement à placer le Mozambique sur<br />
la carte olympique. Le « MOZ » a deux médailles<br />
dans son histoire pour un seul nom :<br />
La Maputo Express, Maria. D’abord avec une<br />
médaille de bronze à Atlanta en 1996, puis<br />
l’or en 2000 à Sydney. Dans la légende. Elle<br />
décide par la suite de revenir en <strong>Afrique</strong>,<br />
« <br />
», raconte-t-elle.<br />
Retour au football<br />
L’ancienne coach de Caster Semenya prend<br />
donc sa retraite en 2008 après une 5e place<br />
aux JO de Pékin, à presque 36 ans. Élue<br />
au Panthéon de Gloire du sport africain la<br />
même année, Maria Mutola recalcule dans<br />
le ballon rond. Après avoir dragué les franchises<br />
nord-américaines, c’est au Luso Africa<br />
FC, puis au Mamelodi Sundowns qu’elle<br />
évolue. Au poste d’attaquante, l’athlète dispute<br />
même, avec l’équipe du Mozambique<br />
féminine de football, les Jeux africains en<br />
2011, où elle marque d’ailleurs un but en<br />
phase de poules contre l’Algérie. Un retour<br />
dans le football qui tenait à coeur à<br />
Mutola : « <br />
<br />
<br />
<br />
», lançait la championne après une<br />
rencontre du championnat sud-africain. WSA<br />
NÉE EN PLEINE GUERRE CIVILE<br />
AU MOZAMBIQUE, MARIA TROUVE UNE<br />
ÉCHAPPATOIRE DANS LE SPORT.<br />
54 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Le Mozambique<br />
totalise deux<br />
médailles<br />
olympiques dans<br />
son histoire pour<br />
un seul nom :<br />
Maria Mutola.<br />
© Icon Sport<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 55
ETUDIANTES BY<br />
Entretien<br />
Marie Mané :<br />
<br />
<br />
Internationale française en basket 3x3, Marie Mané est une figure du sport féminin<br />
français. Du haut de ses 27 ans, elle allie à la perfection le sport de haut niveau et les<br />
études, qu’elle entreprend chez EM Lyon. Entretien.<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL<br />
© Gepa / Icon Sport<br />
WOMEN SPORTS : COMMENT AVEZ-<br />
VOUS CONNU LE BASKET ?<br />
MARIE MANÉ : Par hasard. Je faisais un<br />
camp multisports à La Rochelle. Un coach<br />
qui passait s’est dit « <br />
» . Il est venu me proposer de faire<br />
un entraînement de basket avec son équipe.<br />
Et j’ai bien aimé parce qu’à la base je faisais<br />
de l’athlétisme, du tennis… Bref, des sports<br />
<br />
accueillie : j’ai adhéré tout de suite au sport<br />
collectif. Je me suis donc inscrite, à 13 ans.<br />
ET LE BASKET 3X3 ?<br />
Ça a été la continuité. C’est vrai qu’après les<br />
équipes de France moins de 20 ans en 5x5, il<br />
n’y a pas grand-chose. Dans le 3x3, il y a une<br />
équipe moins de 23 qui s’est créée. Je jouais<br />
un petit peu l’été avec des copines sur le circuit<br />
du côté de Poitiers, la capitale du 3x3 en<br />
France. En discutant avec les coachs, on m’a<br />
dit, <br />
. Ça s’est<br />
fait comme ça. Depuis, je n’ai jamais arrêté.<br />
Au départ, je jouais vraiment pour le plaisir.<br />
Et j’avoue que je ne savais pas du tout<br />
comment se passait le cursus. Quand on est<br />
jeune, il y a des sélections départementales,<br />
régionales, après nationales. Je passais les<br />
paliers un par un sans vraiment savoir quelle<br />
était l’étape d’après. J’avais l’impression de<br />
faire des camps basket entre copines. J’ai<br />
commencé à envisager le haut niveau et le<br />
professionnel quand je suis rentrée en centre<br />
de formation à Bourges. À ce moment-là, il<br />
y a vraiment la question de l’argent qui est<br />
entrée en compte. Ma mère devait payer<br />
mensuellement le centre de formation et<br />
ma pension à Bourges parce que j’étais interne.<br />
Je me suis vraiment dit, ‘OK, maman<br />
se serre la ceinture pour que tu puisses un<br />
petit peu kiffer avec ta passion, essaie d’en<br />
faire quelque chose.’<br />
COMMENT AVEZ-VOUS ALLIÉ LE<br />
HAUT NIVEAU AVEC LES ÉTUDES ?<br />
Au centre de formation à Bourges, c’était<br />
simple. Ils ont l’habitude de faire ça. Je<br />
pense que c’est un des meilleurs dans<br />
la catégorie. En tout cas, ça l’était à mon<br />
époque. On était logé au CREPS, on avait<br />
le lycée qui n’était pas très loin. On avait<br />
des horaires aménagés avec l’école ou<br />
alors des emplois du temps qui nous permettaient<br />
d’avoir des pauses plus longues<br />
entre midi et deux pour pouvoir s’entraî-<br />
née.<br />
On avait des heures pour travailler les<br />
cours le soir aussi parce qu’il fallait être<br />
bon à l’école.<br />
ET AUJOURD’HUI ?<br />
Depuis, je suis entrée à l’EM Lyon, où je<br />
suis un cursus de management. C’est un<br />
organisme qui est hyper facilitant pour les<br />
sportifs de haut niveau. Ça me permet de<br />
faire mes entraînements et de travailler un<br />
petit peu quand je le souhaite. On a également<br />
des travaux collectifs et les sessions<br />
en live où c’est un peu plus compliqué<br />
« À L’HEURE DES COURS DU SOIR,<br />
ON A PARFOIS DES ENTRAÎNEMENTS<br />
OU DES MATCHS. »<br />
56 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Marie Mané<br />
vante les mérites<br />
de l’EM Lyon qui<br />
s’est adapté aux<br />
problématiques des<br />
athlètes de haut<br />
niveau.<br />
© Gepa / Icon Sport<br />
au niveau des horaires. Mais tout est fait<br />
pour qu’on puisse rattraper à temps.<br />
J’ai toujours eu de très bons groupes. J’ai<br />
<br />
qui me tire vers le haut quand je ne sais<br />
pas trop où on en est au niveau des cours,<br />
par exemple, quand je suis en pleines compétitions.<br />
Donc, je suis un peu plus focus<br />
sur le basket que sur les cours. Mais tout<br />
est bien fait. J’ai eu droit à deux tuteurs<br />
<br />
partais de zéro. L’école s’est débrouillée<br />
pour que je réussisse dans cette matière.<br />
C’est top parce que dans d’autres écoles,<br />
on nous aurait dit, ‘ Tu as les mêmes cours<br />
que les autres. S’ils y arrivent, il faut que<br />
tu y arrives aussi’. C’est avantageux pour<br />
nous.<br />
EST-CE UN PLUS DANS VOTRE<br />
CARRIÈRE ?<br />
J’ai cherché un organisme où je pourrais<br />
réussir à concilier les deux. À l’EM Lyon,<br />
on a des dispenses d’assiduité parce qu’il<br />
y a des horaires où malheureusement, les<br />
gens de la vie active peuvent se permettre<br />
d’être en cours aux alentours de 18h. Nous,<br />
ce n’est pas forcément possible. On peut<br />
avoir des matchs à cette heure-là, des entraînements,<br />
des séances de vidéo ou des<br />
rassemblements d’équipe. Et c’est vrai que<br />
de pouvoir avoir cette dispense d’assiduité<br />
est un vrai plus pour nous.<br />
CELA VOUS PERMET-IL D’ENVISAGER<br />
PLUS SEREINEMENT VOTRE APRÈS-<br />
CARRIÈRE ?<br />
Oui, vraiment. Parce que pouvoir être diplômée<br />
de l’EM Lyon est prestigieux, on ne va<br />
pas se mentir. Et en plus de ça, je ressors<br />
avec un vrai bagage, notamment au niveau<br />
de certaines matières que je ne maîtrisais<br />
<br />
parle d’un bac +5, d’un bac +5 de l’EM<br />
Lyon ! Diplômé de l’EM Lyon, cela fait quandmême<br />
très beau sur son CV.<br />
J’ai rencontré aussi pas mal de gens,<br />
donc en termes de réseautage, c’est également<br />
très intéressant. Ça me permet<br />
d’être plus sereine.<br />
POURQUOI EST-CE IMPORTANT<br />
POUR VOUS D’ENVISAGER<br />
CETTE APRÈS CARRIÈRE<br />
DÈS MAINTENANT ?<br />
Parce que déjà, je suis une femme. Donc,<br />
les carrières sont beaucoup plus courtes<br />
que celles des hommes. Et il y a aussi<br />
la famille qui rentre en compte à un moment<br />
donné. Mais aussi parce que c’est<br />
très compliqué, je pense, de se remettre<br />
dans les études après carrière.<br />
Là, on a beaucoup d’avantages. Le fait<br />
d’être joueuse professionnelle nous<br />
donne beaucoup d’avantages, que ce<br />
soit contractuellement avec les clubs,<br />
ou par rapport aux facilités d’accès à<br />
ce type d’études et de formation. C’est<br />
un vrai plus qu’il faut utiliser. C’est un<br />
peu plus compliqué de se relancer à<br />
temps plein dans des études, en présentiel,<br />
avec des soirées pas du tout<br />
aménagées. Je pense que je ne serais<br />
plus du tout capable de faire ça. Donc,<br />
ça me convient très bien la manière<br />
dont c’est fait. WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 57
LIFESTYLE<br />
[ DÉCOUVERTE ]<br />
Kloe La Machine,<br />
star camerounaise de TikTok<br />
<br />
Vous avez forcément vu passer ses pas de danse sur les réseaux sociaux. Et en particulier sur<br />
TikTok. Âgée de seulement 9 ans, la jeune Camerounaise compte aujourd’hui pas moins de<br />
433 000 followers sur la plateforme… De quoi donner le vertige, et pourtant. Kloe garde la<br />
tête sur les épaules et compte bien aller encore plus loin. Rencontre.<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL<br />
WOMEN SPORTS : LA DANSE A-T-<br />
ELLE TOUJOURS FAIT PARTIE DE<br />
VOTRE VIE ?<br />
KHLOÉ LA MACHINE : La danse est<br />
dans notre ADN. Mon papa était un très<br />
bon danseur. Mes sœurs également.<br />
Mes parents ont découvert mes talents<br />
de danseuse pendant ma participation<br />
aux différents événements heureux.<br />
Je me démarquais toujours de tous. Et<br />
j’étais toujours ovationnée par le public.<br />
J’aime danser. Mes parents m’ont donc<br />
poussée en ce sens, et professionnalisée.<br />
AVEZ-VOUS PRIS DES COURS DE<br />
DANSE ?<br />
Au départ, je n’ai pas suivi de cours particulier<br />
en tant que danseuse. Mon papa<br />
m’a captivée, et c’est ce qui m’a inspirée.<br />
Par la suite, et pour me professionnaliser,<br />
mes parents m’ont fait intégrer un centre<br />
de formation en danse professionnelle à<br />
l’âge de six ans.<br />
QU’EST-CE QUE VOUS AIMEZ DANS<br />
LA DANSE ?<br />
La danse me fascine. Elle permet d’exprimer<br />
une partie de moi, de mieux me<br />
connaître. Aujourd’hui, plus qu’un sport,<br />
la danse est devenue une profession<br />
pour moi.<br />
AVEZ-VOUS DES PERSONNALITÉS<br />
QUI VOUS INSPIRENT ?<br />
J’en ai plusieurs. Dans le monde sportif, je<br />
suis inspirée par le champion du monde<br />
en MMA, Francis Ngannou. Il a su persévérer<br />
dans ce qu’il aime. Il n’a jamais baissé<br />
les bras. Et il est toujours resté humble,<br />
bien qu’il soit sur le toit du monde.<br />
À QUEL ÂGE VOUS ÊTES-VOUS<br />
LANCÉE SUR TIKTOK ET POURQUOI ?<br />
Je me suis lancée sur TikTok à neuf ans.<br />
Le monde est devenu aujourd’hui un village<br />
du donner et du recevoir. On partage<br />
ses expériences. J’ai voulu aussi être plus<br />
proche de mon public et de mes fans.<br />
COMMENT LE SUCCÈS EST-IL ARRIVÉ ?<br />
Ce succès est la somme de tous les efforts<br />
consentis. Les médias ont commencé<br />
à parler de moi, etc. Aujourd’hui, je ne<br />
passe plus inaperçue, que ce soit dans<br />
les lieux publics, à l’école et autres. Je<br />
suis acclamée et félicitée. Je suis aussi<br />
invitée par des artistes de renom pour<br />
des collaborations, tout en continuant<br />
de gagner des trophées dans différentes<br />
compétitions majeures. Je couvre également<br />
des événements en qualité de danseuse<br />
VIP.<br />
VOUS AVEZ AUJOURD’HUI<br />
PLUS DE 400 000 ABONNÉS SUR<br />
TIKTOK…<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
58 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Devenue passion et<br />
profession, la danse<br />
est toute sa vie :<br />
Kloe La Machine<br />
nous raconte son<br />
succès.<br />
D.R.<br />
<br />
mon équipe. Nous avons travaillé dur. J’ai<br />
redoublé d’efforts. Je me suis surpassée<br />
pour atteindre mes objectifs. Allier la<br />
danse à mes études n’est pas facile. Heureusement<br />
que j’ai une bonne équipe qui<br />
m’entoure et me conseille - mon coach<br />
de danse, mes parents, mon manager...<br />
Le meilleur reste à venir.<br />
ÊTES-VOUS AUJOURD’HUI UNE<br />
DANSEUSE PROFESSIONNELLE ?<br />
Oui, je le suis. Je travaille aujourd’hui<br />
avec de grands noms, qui sont des références<br />
en la matière. Beaucoup de<br />
monde sollicite mes services en qualité<br />
de danseuse professionnelle.<br />
« UNE PARTIE DE MES RÊVES S’EST<br />
DÉJÀ RÉALISÉE, CELLE D’EXERCER<br />
CE QUE J’AIME LE PLUS : LA DANSE. »<br />
QUELS SONT VOS RÊVES POUR LA<br />
SUITE ?<br />
Une partie de mes rêves s’est déjà réalisée,<br />
celle d’exercer ce que j’aime le<br />
plus : la danse. J’ai toujours aimé être<br />
danseuse, montrer aux yeux du monde<br />
ce que je sais faire. Je sais que j’ai encore<br />
du chemin à parcourir, c’est pourquoi je<br />
ne cesse de travailler pour m’améliorer.<br />
J’aimerai être, d’ici quelques années,<br />
une référence sur le plan mondial en<br />
matière de danse. J’aimerais également<br />
poursuivre mes études pour devenir plus<br />
tard médecin-pédiatre ! WSA<br />
Pour suivre Kloe :<br />
TikTok : @kloelamachineofficiel<br />
Instagram : @kloe_la_machine<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 59
TRIBUNE AVEC<br />
TRIBUNE<br />
Sport, villes<br />
et femmes<br />
L’AIMF vient d’adopter le principe de la création d’une<br />
Commission permanente centrée sur le sport et la ville.<br />
PAR PIERRE BAILLET, SECRÉTAIRE PERMANENT CHEZ ASSOCIATION INTERNATIONALE DES MAIRES FRANCOPHONES (AIMF)<br />
d’un continent ou de la planète. C’est la<br />
relation entre les épreuves et le site territorial<br />
qui donne force aux Jeux. Cette relation<br />
combine ainsi une unité de lieu, une unité<br />
de temps et une unité d’action avec des<br />
épreuves connues. L’ensemble est fondé<br />
sur une logique de spectacle dont les résultats,<br />
toujours incertains, s’inscrivent<br />
dans ces grands moments d’émotions<br />
humaines.<br />
“L’une des<br />
préoccupations<br />
du réseau<br />
francophone est de<br />
porter des valeurs<br />
humaines.”<br />
D.R.<br />
L<br />
e syndic de Lausanne, capitale<br />
olympique, est à l’origine<br />
de cette initiative qui<br />
s’intègre dans la stratégie<br />
de notre institution.<br />
Regroupant parmi ses 300 adhérents<br />
toutes les métropoles francophones,<br />
l’AIMF est en capacité de mettre en valeur<br />
un savoir-faire en matière de relation entre<br />
une ville et son patrimoine sportif. Cela<br />
en mettant en réseau les villes qui ont<br />
accueilli les jeux de la Francophonie, des<br />
Jeux régionaux tels ceux d’<strong>Afrique</strong>, d’Asie,<br />
de l’Océan Indien et les JO.<br />
Ces Jeux permettent de valoriser un pays,<br />
une région mais surtout une ville qui, pour<br />
un temps, devient le centre médiatique<br />
En ce sens, la dynamique impulsée par la<br />
ville d’accueil, préalablement à leur tenue,<br />
est essentielle. L’engagement des villes<br />
ivoiriennes pour la prochaine CAN et des<br />
villes marocaines pour la future Coupe du<br />
monde de football est exemplaire. C’est<br />
bien aussi l’arrivée à maturité de cette<br />
réflexion qui a permis à Paris de remporter<br />
les Jeux Olympiques de 2024. Mais,<br />
nombreux pensent que les Jeux s’insèrent<br />
simplement dans des dynamiques préexistantes,<br />
qu’ils amplifient et accélèrent,<br />
mais ne créent pas.<br />
Or, les Jeux impulsent des concepts et des<br />
dynamiques d’aménagement nouvelles, la<br />
préparation de Paris 2024 en est la preuve<br />
en intégrant d’une part les réponses à apporter<br />
aux préoccupations très actuelles de<br />
développement durable, d’autre part celles<br />
associant la construction de la ville sur la<br />
ville à l’économie sociale et solidaire.<br />
L’AIMF entend donc porter à l’international<br />
ces savoir-faire ainsi acquis. Mais pas<br />
que cela. Tout comme l’est une des missions<br />
du sport, l’une des préoccupations<br />
du réseau francophone est de porter des<br />
valeurs humaines, ces valeurs qui favorisent<br />
le faire et le vivre ensemble en harmonie<br />
dans la ville. Par conséquent, cette<br />
communauté d’objectifs fait que le sport<br />
« FAVORISER L’INTÉGRATION DU GENRE<br />
DANS UNE POLITIQUE DE VILLE. »<br />
60 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
© Ground Picture / Shutterstock<br />
se trouve, aussi, en capacité de favoriser<br />
l’intégration du genre dans une politique<br />
de ville.<br />
Une politique qui doit prendre en compte<br />
les attentes des femmes dans l’organisation<br />
du territoire, les services qu’il apporte<br />
et la facilité de les atteindre.<br />
Une politique qui doit permettre aux<br />
femmes d’obtenir l’égalité en matière de<br />
pratique physique et sportive. Nous le savons,<br />
les obstacles culturels et sociaux<br />
sont un premier blocage. Mais la question<br />
des lieux et des temps de pratique est<br />
essentielle avec la réflexion sur la conception<br />
des équipements, des espaces et des<br />
sites sportifs à construire, à réhabiliter ou<br />
à aménager.<br />
L’urbanisme n’est donc jamais loin dans<br />
la réflexion, autre préoccupation de<br />
l’AIMF. Il n’est pas anodin de décider où<br />
construire un équipement, d’identifier<br />
quel public pourra y accéder et quel lien<br />
sera possible avec le projet politique<br />
du territoire. Sans doute parce qu’elles<br />
s’adressent à toutes et tous, les infrastructures<br />
sportives ont un impact<br />
majeur sur la vie de la cité. Là s’impose<br />
le rôle des Maires en lien avec les services<br />
déconcentrés de l’État.<br />
Les villes, confrontées aux attentes<br />
croissantes en matière de sport-loisirs<br />
et de sport-santé, accompagnent des<br />
initiatives dont les femmes peuvent<br />
bénéficier sans obstacle, même lorsqu’elles<br />
n’en sont pas spécifiquement<br />
destinataires. Ainsi, à force de volonté,<br />
par son influence, ses témoignages, ses<br />
financements d’équipements, l’action<br />
d’une Commission, comme celle que<br />
porte l’AIMF, permettra d’en finir avec<br />
les intimidations, les insultes sexistes,<br />
quand les joueuses affirment leur droit<br />
à occuper l’espace public sportif négocié<br />
avec les services municipaux. Les<br />
femmes doivent pouvoir s’exprimer au<br />
sein des équipements sportifs en libre<br />
accès comme les city stades, les terrains<br />
de basketball ou les skate-parks<br />
trop souvent occupés essentiellement<br />
par des hommes. Cela doit se faire librement,<br />
sans être obligé d’instaurer<br />
des moments réservés aux femmes,<br />
sauf à ce qu’ils soient compatibles avec<br />
leur vie. WSA<br />
© Kibuuka<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 61
BUSINESS<br />
Daniel Zielinski, délégué ministériel à la Francophonie au ministère des<br />
Sports et des JOP 2024, Noy Chan, conseillère spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> &<br />
fondatrice de l’agence Noy & Associates, Bruno Lalande, vice-président de<br />
Sport Business & président de Women Sports<br />
© N&A © N&A<br />
Délégation Générale Wallonie-Bruxelles à Paris<br />
© N&A<br />
Délégation Générale Wallonie-Bruxelles à Paris<br />
Tables rondes<br />
© N&A<br />
<br />
Le 21 novembre, à la délégation Wallonie-Bruxelles à Paris, a été le premier réseau d’influenceurs<br />
pour une francophonie sportive et pour valoriser la langue française dans le sport.<br />
oixante personnes engagées<br />
ont été conviées pour ce lancement<br />
: dirigeants d’entreprises,<br />
présidents de fédérations<br />
sportives internationales,<br />
journalistes, sponsors, représentants<br />
d’institutions, de ministères, diplomatie<br />
francophone, chercheurs, artistes, sportifs<br />
et nombre d’autres acteurs du sport<br />
passionnés.<br />
L’ensemble de ces acteurs ont eu l’occasion<br />
de partager leur vision, des réus-<br />
<br />
de coconstruire à la veille des JOP24,<br />
ainsi que du sommet de la francophonie<br />
qui se déroulera en France l’année prochaine<br />
à l’automne, les 24 propositions<br />
pour les JOP de 2024.<br />
Ce temps de travail et d’échange unique<br />
était co-animé par Bruno Lalande, dirigeant<br />
de Sport Business et président<br />
fondateur de Women Sports, et Noy<br />
Chan conseillère spéciale en <strong>Afrique</strong> et<br />
fondatrice de l’agence Noy et Associates.<br />
Si la francophonie compte actuellement<br />
un nombre croissant de locuteurs dans<br />
le monde, de fans et de pratiquants de<br />
sport, les perspectives pour les années à<br />
venir sont en forte croissance, principalement<br />
en raison de la croissance démographique<br />
des pays francophones. Cependant,<br />
la francophonie économique dans le do-<br />
<br />
enjeux pour la langue française.<br />
Les entreprises opérant dans le domaine<br />
du sport dans les pays franco-<br />
62 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Jacques Krabal, ancien secrétaire général de l’APF<br />
LES<br />
PERSPECTIVES<br />
POUR LES<br />
ANNÉES À VENIR<br />
SONT EN FORTE<br />
CROISSANCE<br />
phones possèdent un potentiel élevé<br />
qui ne demande qu’à être exploité et<br />
animé. Nos concurrents ont souvent<br />
une longueur d’avance sur nous pour<br />
conquérir les marchés. Cette situation<br />
est similaire dans le domaine du sport<br />
international, en particulier lorsqu’il<br />
s’agit de nouveaux sports ou de nouvelles<br />
disciplines, pour lesquels l’anglais<br />
domine le vocabulaire.<br />
La question de ce temps de travail<br />
était donc : Comment améliorer notre<br />
nie<br />
sportive et de la valorisation de la<br />
langue française pour le sport ?<br />
dames<br />
les ministres de la Culture, des<br />
Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques,<br />
ainsi que par la secrétaire<br />
d’Etat à la francophonie.<br />
Sous l’égide de ces dernières, un<br />
groupe interministériel et interinstitutionnel,<br />
« <br />
<br />
» fut installé le 22 novembre<br />
2022.<br />
Celui-ci est présidé par Paul de Sinety,<br />
délégué général à la langue française<br />
et aux langues de France, et le secrétariat<br />
général est assuré par Daniel Zielinski.<br />
<br />
© N&A<br />
Daniel Zielinski, délégué ministériel à la<br />
francophonie au ministère des Sports et<br />
des JOP 2024<br />
Bruno Lalande, vice-président de Sport<br />
Business & président de Women Sports<br />
© N&A © N&A © N&A<br />
C’est donc à cette occasion que s’est<br />
réuni pour la première fois, ce réseau<br />
<br />
dans une mission plus vaste qui a été<br />
nistériel<br />
à la francophonie au MSJOP et<br />
haut fonctionnaire à la langue française<br />
Manu Coudray, coach sportif ; David Dang, pianiste-compositeur ; Noy Chan, conseillère<br />
spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> & fondatrice de l’agence Noy & Associates ; Marine Mea ;<br />
Daniel Zielinski ; Amaury Arlotto, Ammo Visuals ; Flavie Gazzini, chargée de projets Noy<br />
& Associates ; Bruno Lalande ; Michael Maudrau, Mad Visuals production ; Marion Pirisi,<br />
chargée de projets Noy & Associates ; Léa de Voronine, responsable sponsoring Aésio<br />
Mutuelle<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 63
BUSINESS<br />
Sylvio, ingénieur son ; Paul Verwilghen, Délégué général<br />
Représentation Bruxelles Wallonie à Paris & Yvonne Neap,<br />
assistante de direction chargée de la communication ; Marc<br />
Clairbois Directeur Chargé de mission département Francophonie<br />
Wallonie-Bruxelles International, Traiteur Réciproque<br />
Kenny Jean-Marie, directeur de la division Associations Membres,<br />
FIFA ; Noy Chan, conseillère spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> & fondatrice de<br />
l’agence Noy & Associates ; Bruno Lalande, Vice-Président de Sport<br />
Business & Président de Women Sports<br />
Louisette-Renée Thobi,<br />
Secrétaire Générale de la<br />
CONFEJES (Conférence<br />
des Ministres de la<br />
Jeunesse et des Sports de la<br />
Francophonie)<br />
© N&A<br />
David Dang, pianiste &<br />
compositeur<br />
© N&A © N&A<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
Sylvie Le Maux, Présidente<br />
de l’Alliance Francophone<br />
d’Escrime<br />
Eric Monnin, Administrateur<br />
du CNOSF et membre de<br />
la commission éducation<br />
du CIO<br />
Laurent Petrynka, Président International School Sport Federation<br />
& Marie-Christine Lefranc, Agence pour l’enseignement français<br />
à l’étranger, Direction de l’Enseignement, de l’Orientation et de la<br />
Formation, référente mission sport.<br />
Paul Verwilghen, Délégué général Représentation Bruxelles<br />
Wallonie à Paris<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
Olivier Dulac, BNP Paribas responsable des relations extérieures ;<br />
Lucas Godfriaux, Sponsora, responsable des relations<br />
institutionnelles et internationales ; Fabrice Michel-Villaz, Allianz,<br />
Head of Strategic Olympic & Sport Business (Responsable de la<br />
stratégie olympique et sportive)<br />
Pierre Andriamampianina, développement international et relations<br />
institutionnelles<br />
64 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Christophe Gigaudaut, délégué aux affaires francophones MEAE &<br />
Marianne Beseme, Secrétaire Générale , Office Franco-Québécois<br />
pour la Jeunesse (OFQJ)<br />
Marie-Cécile Tardieu, Directrice générale déléguée Business France<br />
© N&A<br />
Noy Chan, conseillère<br />
spéciale pour l’<strong>Afrique</strong> &<br />
fondatrice de l’agence Noy &<br />
Associates<br />
Michel Goldstein, France Télévision<br />
Xavier Malenfer, Fédération<br />
Internationale de<br />
l’Automobile, Directeur des<br />
Relations Institutionnelles et<br />
Internationales<br />
Organisation Internationale<br />
de la Francophonie /<br />
Zeina Mina (Directrice du<br />
Comité Internationale des<br />
Jeux de la Francophonie)<br />
et Florence Brillouin<br />
(Directrice «Francophonie et<br />
Numérique)<br />
Audrey Delacroix - affaires<br />
publiques, stratégies et<br />
diplomatie<br />
© N&A<br />
© N&A © N&A<br />
© N&A<br />
© N&A © N&A<br />
Daniel Zielinski ; Léa de Voronine, Responsable sponsoring Aésio<br />
Mutuelle ; Noy Chan; Mariama Signate, OLY handball Ancienne<br />
joueuse de l’équipe de France de Handball, consultante TV et<br />
conférencière / co-fondatrice de TLNR; Bruno Lalande.<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
© N&A<br />
Paul Verwilghen, Délégué général Représentation Bruxelles<br />
Wallonie à Paris & Yvonne Neap, assistante de direction chargée de<br />
la communication<br />
SEM Vijayen Valaydon Ambassadeur de la République de Maurice<br />
en France et Président du Groupe des Ambassadeurs francophones<br />
de France (GAFF) & Paul de Sinety, DGLFLF Ministère de la Culture<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 65
C’EST BON POUR MOI !<br />
ÉCLAIRAGE<br />
PILATES,<br />
© DisobeyArt / Shutterstock<br />
YOGA, DANSE…<br />
CES SPORTS QUI<br />
AIDENT À COURIR<br />
© Syda Productions / Shutterstock<br />
Pour progresser sur piste,<br />
on entend souvent qu’il faut<br />
un bon renfo et une prépa<br />
mentale. Mais en réalité pas<br />
seulement… Afin d’améliorer<br />
ses performances en athlétisme,<br />
que ce soit sur les plans de la<br />
respiration, de la souplesse ou<br />
de la compréhension du geste, il<br />
existe des pratiques et techniques<br />
inspirées du pilates, du yoga,<br />
ou encore de la danse. Elles<br />
semblent, au départ, éloignées<br />
de l’objectif. Et pourtant…<br />
Témoignages sportifs et<br />
éclairages d’expertes. PAR LÉA BORIE<br />
n les voit souvent en marge<br />
Odes stades, ces runneurs<br />
qui s’adonnent à des<br />
séances de préparation<br />
physique générale à outrance,<br />
et qui s’étirent énervés post-entraînement.<br />
Mais le risque, à observer toujours<br />
la même routine sans d’autres approches,<br />
est non seulement de plafonner mais aussi<br />
de causer des traumatismes, osseux notamment.<br />
D’où l’intérêt des sports complémentaires,<br />
en préparation hivernale…<br />
comme toute l’année, et toute la vie !<br />
1.<br />
Diversifier<br />
sa pratique<br />
Nombreux sont les sportifs à s’essayer à<br />
une discipline très éloignée de leur activité<br />
de départ. L’occasion de dépasser certaines<br />
peurs, d’améliorer leurs performances, ou<br />
tout simplement de briser la routine.<br />
• La natation : synchroniser ses mouvements,<br />
muscler le haut du corps et améliorer<br />
la respiration, le tout sans fatigue musculaire.<br />
• Le yoga : renforcer la musculature de<br />
l’abdomen, assouplir les muscles et développer<br />
l’endurance. Ce n’est d’ailleurs pas<br />
pour rien que la méthode « Running yoga »<br />
a été créée par les auteurs du livre « Yoga<br />
pour runner », paru en 2017.<br />
• Le pilates : améliorer la capacité pulmonaire,<br />
travailler l’équilibre, libérer les<br />
hanches. La technique, dont ont recours les<br />
son,<br />
est enseignée dans les grands opéras.<br />
• La danse : s’assouplir, gainer les<br />
épaules, apporter une bouffée d’oxygène<br />
artistique à sa routine…<br />
2.<br />
Initier le travail de<br />
corps et d’esprit avec<br />
les athlètes à l’Insep<br />
Anaïs Michel en haltérophilie, Vimala Heriau<br />
en badminton, Emma Perche en handball…<br />
à l’Insep (Institut national du sport, de l'expertise<br />
et de la performance en France), ils<br />
sont nombreux à enchaîner les asanas et<br />
techniques de respiration. Élodie Clouvel,<br />
vice-championne olympique de Rio 2016<br />
en pentathlon moderne, expliquait dans<br />
INSEP Le Mag pratiquer la danse pour se<br />
« sculpter de l’intérieur ». Pour ce faire, ces<br />
sportifs sont encadrés par des profession-<br />
<br />
la performance de l'Insep, Armelle Cornillon<br />
et Armelle van Eecloo interviennent à la<br />
demande des entraîneurs, chacune pour<br />
des questions bien précises. Elles nous<br />
<br />
66 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
“<br />
ON NE TRAVAILLE PAS DANS LE YOGA<br />
BIEN-ÊTRE MAIS DANS LA PERFORMANCE”<br />
Armelle Cornillon<br />
Professeure diplômée de<br />
danse et de yoga, Armelle<br />
Cornillon est rentrée dans<br />
les rangs de l’Insep en<br />
1995, mais c’est 2016 qu’elle<br />
prend part aux entraînements<br />
de haut niveau sur le<br />
volet yoga.<br />
Comment êtes-vous entrée à<br />
l’Insep ?<br />
Ma génération, nous n’avions ni kiné ni<br />
préparateur pour nous accompagner. On<br />
s’échauffait d’une salutation au soleil,<br />
basta ! Pour autant, le complément yoga<br />
à une prépa physique n’est pas nouveau.<br />
Tennismen, judokas, footballeurs ont des<br />
parcours d’entraînement au yoga depuis<br />
des années. Et ça tend à s’institutionnaliser.<br />
La preuve, les danseurs du conservatoire<br />
ont des cours de yoga tous les<br />
matins depuis quelques années. Néan-<br />
<br />
<br />
personnelles qu’un accompagnement dédié<br />
a été lancé à l’Insep en 2016 auquel<br />
j’ai pris part, une pratique dispensée aux<br />
© Michel VSR<br />
médaillés et médaillables de haut niveau.<br />
<br />
Rest, issu de Staps, qui apporte un aspect<br />
plus cartésien à ma vision très artistique.<br />
Quels sont vos axes de travail ?<br />
Préparation, action, récupération ! Je ne<br />
fais pas de séparation entre préparation<br />
physique, mentale et émotionnelle. Je mélange<br />
état de conscience éveillé et travail<br />
de respiration. La conscience, parce que si<br />
tu fais tes exercices en scrollant Facebook,<br />
tu n’es pas présent. Avec mon projecteur<br />
de cinéma, je m’imagine non pas faire mais<br />
être, vivant mon exercice sur tous les plans.<br />
Et la respiration pour comprendre que ce<br />
n’est pas juste un transport CO 2<br />
/O 2<br />
mais<br />
d’énergie ! Pour ça, on peut avoir recours à<br />
la méthode de respiration Wim Hof.<br />
Et l’athlétisme ?<br />
La démarche des sportifs demandeurs est<br />
prioritairement d’éliminer les blessures. Il<br />
arrive aussi qu’un entraîneur m’envoie un<br />
athlète jugé raide, alors qu’en travaillant,<br />
on constate surtout qu’il était tendu !<br />
Pour raison émotionnelle souvent. Un<br />
muscle performant a une certaine élasticité,<br />
sinon on se blesse. Souvent, il y a<br />
une dissociation entre force et souplesse,<br />
alors qu’en yoga, on travaille les muscles<br />
antagonistes pour garder l’harmonie,<br />
entre allongement et contraction musculaire.<br />
La problématique de l’ancrage est<br />
assez présente. Les athlètes tapent le sol<br />
en utilisant le plancher pelvien. De plus,<br />
ils ont rarement une bonne conscience<br />
respiratoire. Leur respiration se fait par la<br />
montée du cardio à leur insu.<br />
Qu’est-ce que vous apportez aux<br />
sportifs ?<br />
La majeure partie du temps, mon accompagnement<br />
se fait individuellement au<br />
sein de l’Insep, à raison d’une séance<br />
par semaine minimum. On construit la<br />
séance avec l’athlète, en fonction de sa<br />
fatigue, ses performances et ses douleurs.<br />
Mais souvent, quand il démarre<br />
le suivi, il ne l’arrête pas. Étant issue du<br />
monde de la danse, je travaille avec une<br />
extrême rigueur. On n’est pas du tout<br />
dans le yoga bien-être, image souvent<br />
véhiculée de cette pratique, mais dans la<br />
performance. Je veux voir des résultats.<br />
Même si on ne bouge pas systématique-<br />
<br />
sont épuisés. WSA<br />
Témoignage<br />
Marie Ange<br />
Rimlinger,<br />
sprinteuse<br />
yogique<br />
« J’ai commencé le suivi avec Armelle<br />
et Ancelin en septembre deux fois par<br />
semaine, dans le but de coupler ma<br />
discipline à autre chose, ne pas penser<br />
qu’athlé, persuadée, comme mon<br />
coach, que le yoga avait quelque chose<br />
à m’apporter. Il faut dire aussi que ma<br />
blessure de l’an dernier m’a demandé de<br />
me recentrer, pour reprendre du plaisir à<br />
courir. Moi qui pensais surtout souplesse,<br />
sur le plan technique, les exercices de<br />
respiration ont été une révélation, afin de<br />
retrouver une bonne capacité respiratoire<br />
et ne pas subir ma course. Ma façon de<br />
respirer était liée à l’émotionnel, il a fallu<br />
libérer, déverrouiller les craintes. »<br />
© Aleksandar JoDjorovic / Icon Sport<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 67
C’EST BON POUR MOI !<br />
[ Témoignage ]<br />
CONSCIENCE ET<br />
CONNAISSANCE<br />
DU CORPS<br />
Armelle van Eecloo,<br />
danseuse qui s’est<br />
imposée dans les<br />
stades<br />
"J’ai les yeux qui<br />
brillent en voyant les<br />
corps se façonner,<br />
mais je sais aussi que<br />
pour ça, il faut bosser<br />
dur", prévient la<br />
directrice artistique.<br />
En situation de travail stylisme @beard_and_fringe - Photographe : ©Jean-Emmanuel Perchet.<br />
Elle est aujourd’hui chargée<br />
de l’optimisation du geste.<br />
Tout a commencé pour Armelle<br />
van Eecloo en athlétisme<br />
par une commande<br />
pour améliorer un allongement de pied.<br />
On ne fait pas appel à elle pour une pra-<br />
<br />
pour un besoin précis : «<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
».<br />
<br />
pointe de pied, placer son bassin… Un<br />
athlète se fabrique comme il peut, mais<br />
en haut niveau, on fait dans la dentelle.<br />
Passer dans le sport pro, c’est avoir<br />
conscience de son corps, l’analyser et<br />
retravailler sa motricité pour viser l’excellence.<br />
Avoir une meilleure conscience<br />
et une meilleure connaissance de son<br />
physique permet une certaine autonomi-<br />
ment.<br />
Faire baisser le chrono du sprinter,<br />
améliorer le saut en longueur… ça passe<br />
<br />
effort compact. Et c’est ce qui plaît à Armelle,<br />
passionnée par le dépassement de<br />
soi depuis son plus jeune âge.<br />
« <br />
<br />
<br />
» L’important : que ses interventions<br />
soient intégrées aux gammes<br />
d’échauffement. Elle les voit comme « une<br />
<br />
»,<br />
<br />
Choisir sa pratique<br />
D'après Armelle van Eecloo il est préférable<br />
de ne pas accumuler les interventions physiques<br />
sans concertation avec le projet<br />
de performance. « <br />
prévient-elle, <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
»<br />
La rencontre avec le pilates<br />
Etant jeune soliste, Armelle se blessait.<br />
Elle craignait sans cesse le retour de<br />
blessure, et saturait ; avant de découvrir<br />
la technique de Jérôme Andrew (disciple<br />
de Joseph Pilates) axée sur la physicalité,<br />
avec des notions ostéo. « <br />
<br />
<br />
<br />
». Son autre<br />
révélation a eu lieu autour de l’aïkido.<br />
« <br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
»<br />
Un travail qui se fait en totale collaboration<br />
avec les entraîneurs, mais<br />
aussi avec le staff médical, nous précise<br />
la chorégraphe : «<br />
<br />
<br />
<br />
». WSA<br />
68 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 69<br />
© Luis Molinero / Shutterstock
SANTÉ<br />
Endométriose<br />
QUELLES CONSÉQUENCES<br />
POUR LE SPORT ?<br />
Qu’est-ce que l’endométriose ? Puis-je ou dois-je pratiquer<br />
du sport pour aller mieux ? Comment trouver un mieux-être<br />
lorsqu’on souffre d’endométriose ? C’est pour répondre à toutes<br />
ces questions que nous avons mené l’enquête. Avec un double<br />
objectif : mieux comprendre ce que vivent les femmes confrontées<br />
à l’endométriose et déterminer si le sport peut être leur allié, le cas<br />
échéant dans quelles conditions. PAR LÉA BORIE<br />
Non, se tordre de<br />
douleurs à cause<br />
de maux de ventre<br />
insupportables et<br />
devoir s’interdire de<br />
pratiquer du sport n’est<br />
pas normal.<br />
L’ENDOMÉTRIOSE,<br />
POINT DE DÉPART…<br />
ET D’ACHOPPEMENT<br />
L’endométriose est une maladie qui se<br />
caractérise par le développement de tissu<br />
semblable à la muqueuse utérine hors<br />
de l’utérus, provoquant des douleurs pelviennes<br />
et lombaires rythmées par le cycle.<br />
Les perturbateurs endocriniens pourraient<br />
jouer un rôle dans le développement de ces<br />
lésions. On retrouve souvent des lésions<br />
d’endométriose au niveau de l’utérus, des<br />
ligaments utéro-sacrés, des ovaires, et parfois<br />
au niveau du rectum ou de la vessie.<br />
Si elle passe inaperçue pour un tiers des<br />
femmes atteintes, les autres souffrent de<br />
symptômes plus ou moins aigus au moment<br />
de l’ovulation ou des règles. Il s’agit<br />
de douleurs dans le bas ventre irradiant<br />
dans les cuisses, ou de douleurs dans le<br />
bas du dos. Ces douleurs peuvent être associées<br />
à des « -<br />
<br />
<br />
», témoigne Pauline Barbier, ellemême<br />
diagnostiquée à 39 ans, directrice<br />
marketing et développement M&E Care,<br />
start-up française créée en 2019 dont est<br />
<br />
tientes<br />
atteintes d’endométriose.<br />
rience<br />
désagréable, associée ou non à une<br />
sieurs<br />
facteurs : biologique, psychologique,<br />
environnemental, socio-culturel, familial.<br />
«<br />
énonce Elodie<br />
Rousset, chiropracteure du programme<br />
Endomaîtrise à Lyon. <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
expertes ».<br />
Des douleurs dont on parle peu. À force<br />
d’entendre des « »,<br />
« », « <br />
<br />
», « <br />
», « », dif-<br />
<br />
tabous des règles, les femmes souffrant<br />
d’endométriose se sentent souvent isolées<br />
et dans une impasse. Stress et manque<br />
de mobilité sont en première ligne. On se<br />
demande souvent quels sont les facteurs<br />
déclencheurs de la douleur : stress, insomnie,<br />
activité physique… Mais comme l’explique<br />
le Dr Marie Ceccarelli, présidente<br />
fondatrice M&E Care et médecin français,<br />
spécialisée dans le suivi de l’endométriose<br />
: « <br />
<br />
70 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Cette maladie connue depuis 1860 n’est<br />
au programme des études de médecine<br />
que depuis 2020. C’est pourquoi aujourd’hui,<br />
quantité d’acteurs s’attachent<br />
à la faire connaître et à la diagnostiquer.<br />
Les programmes naissants sont vus<br />
comme des révolutions dans le secteur !<br />
D’année en année, on en apprend davantage<br />
sur les pistes de soulagement et<br />
les implications de cette maladie. Un travail<br />
qui fait marcher le réseau de ville et<br />
hospitalier avec kinés, ostéo, psychologues,<br />
micronutritionnistes, sage-femmes,<br />
chirurgiens…<br />
Les ressources disponibles se démo-<br />
<br />
podcasts, d’applis… Pour ne citer que<br />
ceux-là :<br />
- La startup Le Lab de l’Endo a même<br />
créé une communauté, les Endogirls,<br />
<br />
Une infusion médicinale pour soulager<br />
les symptômes est aussi sortie en début<br />
d’année.<br />
- Les laboratoires Boiron ont développé<br />
l’homéopathie pour soulager les douleurs<br />
de règles, en lien avec l’endométriose.<br />
-<br />
<br />
<br />
(médecin algologue, spécialisée<br />
dans la douleur NDLR)<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
» Ajoutez à cela<br />
des recherches autonomes qui inquiètent<br />
et égarent autant qu’elles informent... Colin<br />
Charrier, coach APA & endométriose à<br />
Lyon en France, fondateur de Sporactio,<br />
et membre du programme Endomaîtrise,<br />
l’atteste : « <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
»<br />
LES PROGRAMMES POUR<br />
LES PATIENTES<br />
© Krakenimages.com / Shutterstock<br />
- Le programme Kiffe Ton Cycle a exploré<br />
les alternatives pour mieux vivre<br />
la maladie lors d’un sommet en mars<br />
dernier. Une table ronde avec les créateurs<br />
de la ‘‘MenstruTech’’ a eu lieu avec<br />
comme thème majeur « Endométriose :<br />
souffrir n’est pas une fatalité ».<br />
- La plateforme Easy Endo (M&E Care),<br />
et le Dr Marie Ceccarelli notamment,<br />
qui suit depuis sept ans des patientes<br />
atteintes d’endométriose. Elle intervient<br />
au sein de l’Hôpital Paris Saint-Joseph et<br />
s’est rendue compte qu’il manquait de<br />
spécialistes sur le terrain pour prendre<br />
en charge ces femmes en quête de réponses,<br />
de solutions…<br />
- Endomaîtrise, programme lyonnais multimodal<br />
de prise en charge de l’endométriose.<br />
PLURI-INTERVENTION<br />
L’intérêt de la prise en charge pluridisciplinaire<br />
a été soulevé en 2017 par l’HAS,<br />
et en novembre dernier dans un rapport<br />
de l’Académie de médecine. Tous les<br />
acteurs s’accordent sur l’intérêt d’impliquer<br />
plusieurs domaines : approches<br />
neurocognitive et comportementale, naturopathie,<br />
aromathérapie, ostéopathie,<br />
ayurveda, hypnose, chirurgie, algologie…<br />
Plusieurs volets s’ouvrent alors<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 71
SANTÉ<br />
ZOOM SUR<br />
2 PROGRAMMES<br />
EASY ENDO<br />
« Easy Endo est une plateforme web<br />
gratuite d’éducation thérapeutique<br />
patiente, complémentaire à un suivi<br />
médical, indique Pauline Barbier, pour<br />
permettre aux femmes de devenir<br />
actrices de leur prise en charge. »<br />
Comment ? À travers un outil<br />
digital personnalisé pour annoter ses<br />
symptômes et suivre leur évolution. Il<br />
optimise l’approche pluridisciplinaire<br />
en identifiant les facteurs déclencheurs<br />
ou modérateurs de douleurs.<br />
Easy Endo, ce sont aussi des fiches<br />
pédagogiques, des tips bien-être et<br />
règles hygiéno-diététiques, des lives<br />
avec des experts ainsi qu’un forum<br />
pour échanger entre patientes et<br />
rompre l’isolement.<br />
ENDOMAÎTRISE<br />
Ce programme lyonnais vise à<br />
améliorer la qualité de vie des patientes<br />
à travers une prise en charge<br />
pluridisciplinaire de 6 mois minimum,<br />
complémentaire de la prise en charge<br />
médico-chirurgicale classique de<br />
l’endométriose. Il s’articule autour<br />
d’un parcours de soins adapté aux<br />
difficultés rencontrées par la patiente.<br />
Plusieurs piliers : physique, psychique,<br />
chimique, sexo/couple. En font<br />
notamment partie Elodie Rousset,<br />
vice-présidente de l’Association<br />
française de chiropraxie à Lyon, Yann<br />
Schmitt, chiropracteur à Villeurbanne,<br />
Dr Benjamin Cotte, gynécologue-obstétricien<br />
à la Clinique du Val d’Ouest à<br />
Écully et Colin Charrier, coach APA &<br />
endométriose, avec qui nous avons pu<br />
échanger. Des ateliers collectifs y sont<br />
dispensés, applaudis par Elodie, une<br />
patiente du programme de 33 ans:<br />
« La force du groupe est puissante.<br />
Je suis ouverte à toutes les solutions<br />
car je sais que je n’en guérirai pas. Et<br />
pour ça, il ne faut pas sous-estimer les<br />
unions de patientes, un peu comme les<br />
alcooliques anonymes ! (rire) »<br />
aux femmes : la gestion de la maladie<br />
(nutrition, supplémentation, mode de vie,<br />
aromathérapie) ; et la gestion de la douleur<br />
(antidouleurs, algologie, hypnose et<br />
autres méthodes alternatives).<br />
La chiropracteure française Elodie Rousset<br />
insiste sur l’importance de « <br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
-<br />
-<br />
-<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
» C’est pourquoi le programme<br />
Endomaîtrise recouvre un champ de compétences<br />
large : APA, art-thérapie, chiropraxie,<br />
communication facilitée, fasciathérapie,<br />
gynécologie, hypnoanalgésie – gestion du<br />
stress, naturopathie, ostéopathie, prise en<br />
charge nutritionnelle et diététique, rééducation<br />
périnéale, sexothérapie – éducation<br />
en santé sexuelle, sophrologie, soutien<br />
psychologique – haptonomie (préparation<br />
à l’accouchement), thérapie de couple. Et<br />
sur la chiropraxie en particulier, « -<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
-<br />
-<br />
» détaille Yann Schmitt, chiropracteur,<br />
en mettant en évidence une réponse non<br />
médicamenteuse qui repose principalement<br />
sur des actes de manipulation vertébrale et<br />
de mobilisation des articulations.<br />
Toutes les méthodes et techniques qui<br />
<br />
du corps pour réduire les douleurs sont<br />
<br />
qui peut provoquer ou au contraire diminuer<br />
les crises. « tranche<br />
Pauline Barbier. -<br />
<br />
<br />
-<br />
» Une idée appuyée par Elodie Rousset : «<br />
<br />
<br />
<br />
Il n’y a pas une bonne<br />
intervention ou un suivi<br />
unique qui marche.<br />
C’est pourquoi chaque<br />
patiente essaie, teste,<br />
expérimente, avec<br />
l’équipe médicale, ce qui<br />
la soulage elle.<br />
<br />
» Et ça, comme en témoigne<br />
Colin Charrier, « <br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
». Des actions qui ont un<br />
coût. Six mois de suivi pluridisciplinaire représentent<br />
environ 500 €.<br />
QUELLES SOLUTIONS<br />
CONCRÈTES ?<br />
Il existe plusieurs ‘‘traitements’’ sur lesquels<br />
jouer :<br />
- Un antidouleur : antalgiques, antispas-<br />
roïdiens.<br />
Mais aussi opium, CBD… ou encore<br />
certaines plantes. Dans un webinar<br />
72 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Endo. <br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
»<br />
« EN MATIÈRE DE SPORT, QUAND ON<br />
SOUFFRE D’ENDOMÉTRIOSE, IL NE<br />
SERT À RIEN D’ALLER TROP VITE OU<br />
TROP FORT, AU RISQUE DE MAL FAIRE<br />
ET DE SE FAIRE MAL. » PAULINE BARBIER<br />
« Endométriose et phytothérapie » pour<br />
<br />
et conseillère en phyto-aromathérapie, a<br />
<br />
- Un traitement hormonal, qui agira sur les<br />
règles, la cause principale des douleurs. En effet,<br />
la pilule oestro-progestative lisse les variations<br />
hormonales, voire supprime les règles et<br />
les douleurs qui les accompagnent. Les sportives<br />
en compétition y ont souvent recours.<br />
Les entraves arrivent alors dès lors qu’elles<br />
souhaitent avoir un enfant et cessent la pilule.<br />
- Une alimentation anti-inflammatoire,<br />
avec comme pilier la diététique, la naturopathie<br />
et la micronutrition.<br />
- Un sommeil équilibré et réparateur.<br />
- La mobilité et le fait de lutter contre la sédentarité.<br />
ZOOM SUR LA MOBILITÉ /<br />
ACTIVITÉ PHYSIQUE<br />
L’explication des douleurs. « -<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
pose le Dr Marie Ceccarelli d’Easy<br />
© Cast Of Thousands / Shutterstock<br />
En matière de mobilité, «<br />
<br />
<br />
». Mais Pauline Barbier le<br />
rappelle : « -<br />
-<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
»<br />
Le sport comme antalgique. L’équipe<br />
Easy Endo évoque le témoignage de plu-<br />
<br />
dus à la pandémie de COVID-19 qui font<br />
rêt<br />
contraint du sport. Ce dernier faisait partie<br />
de leur équilibre. C’est d’ailleurs après<br />
l’arrêt de son activité physique que Pauline<br />
a découvert sa maladie. Joueuse de handball<br />
depuis plus de 25 ans, elle a dû arrêter<br />
subitement suite à des blessures à répétition.<br />
Des douleurs incompréhensibles sont<br />
alors survenues, avant qu’un spécialiste ne<br />
mette le doigt sur sa maladie.<br />
Il faut sentir sa limite et y aller<br />
progressivement. « <br />
<br />
<br />
prévient le<br />
Docteur Ceccarelli. <br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
-<br />
»<br />
Pauline complète et témoigne : « <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 73
SANTÉ<br />
<br />
<br />
»<br />
Marie Ceccarelli insiste sur l’intérêt de la régularité<br />
dans l’effort physique lorsque l’on a<br />
de l’endométriose, « <br />
<br />
» Colin Charrier,<br />
coach APA, parle d’une pratique au<br />
moins deux fois par semaine, pour « <br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
»<br />
Attention avec l’expression<br />
‘‘activité physique’’<br />
Elle peut faire peur. Il s’agit de doser ses<br />
efforts en fonction des jours, des douleurs,<br />
de l’humeur, mais surtout rester active,<br />
comme nous le détaille Elodie Rousset<br />
d’Endomaîtrise : « <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
-<br />
-<br />
-<br />
<br />
<br />
» Prendre en charge les<br />
personnes éloignées de la pratique, c’est le<br />
rôle qu’endosse Colin Charrier au sein du<br />
programme Endromaîtrise : « <br />
<br />
Parfois, c’est en<br />
arrêtant le sport<br />
subitement que les<br />
douleurs reviennent,<br />
et violemment. D’où<br />
l’importance d’une<br />
pratique régulière.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
»<br />
En pratique, attention aux exos<br />
hyperpressifs !<br />
« <br />
<br />
-<br />
-<br />
<br />
met en garde le fondateur de Sporactio. <br />
-<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
-<br />
».<br />
DES SPORTS<br />
PARTICULIÈREMENT<br />
ADAPTÉS<br />
Il n’y a pas de mauvais sport à proprement<br />
parler mais pour une reprise, il existe des<br />
activités particulièrement adaptées :<br />
- Le yoga joue sur la respiration, ouvre la<br />
cage thoracique, avec respiration abdomi-<br />
<br />
© Dragana Gordic / Shutterstock<br />
- Le stretching permet d’étirer en douceur,<br />
notamment bassin et ventre. « <br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
», replace le<br />
docteur Ceccarelli.<br />
- La natation accompagne le mouvement.<br />
« <br />
», ajoute le docteur.<br />
- La course n’est pas forcément le sport le<br />
plus adapté, mais surtout si on ne courait<br />
pas jusqu’alors, car la mise en route peut<br />
être violente.<br />
Idem pour la boxe, qui peut accentuer l’impact<br />
sur les viscères, comme l’explique Colin<br />
Charrier, avant de conclure : « <br />
» WSA<br />
REMERCIEMENTS :<br />
D.R.<br />
Dr Marie Ceccarelli, présidente fondatrice<br />
M&E Care (Easy Endo) et médecin spécialisée<br />
dans le suivi de l’endométriose<br />
D.R.<br />
Pauline Barbier, directrice marketing et<br />
développement M&E Care (Easy Endo)<br />
D.R.<br />
Elodie Rousset, chiropracteure,<br />
vice-présidente de l’association française<br />
de chiropraxie, membre du programme<br />
Endomaîtrise<br />
D.R.<br />
Colin Charrier, coach APA &<br />
endométriose, fondateur de Sporactio,<br />
membre du programme Endomaîtrise<br />
74 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
avec
FEMMES D’INFLUENCE<br />
[ Portrait ]<br />
Zeina Mina :<br />
<br />
<br />
<br />
Directrice du Comité international des Jeux de la Francophonie, Zeina Mina nous livre<br />
une analyse sans concession de la place de la langue française dans le sport et nous éclaire<br />
sur le chemin qui pourrait mener vers plus de francophonie dans et par le sport. Le tout sans<br />
langue (française) de bois ! PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK<br />
WOMEN SPORTS AFRICA :<br />
QUELLE EST LA PLACE DE LA<br />
LANGUE FRANÇAISE DANS LE<br />
SPORT AUJOURD’HUI ?<br />
ZEINA MINA : Il y a deux réponses à<br />
cette question. La première est une réponse<br />
policée, basée sur des données<br />
globales : il y a actuellement 321 millions<br />
de francophones dans le monde et le<br />
<br />
du Comité international olympique (CIO)<br />
et de la plupart des fédérations sportives<br />
internationales, ce qui confère au français<br />
un statut privilégié dans les discussions<br />
et les décisions prises au niveau<br />
mondial dans le domaine du sport. Et<br />
puis il y a une deuxième réponse, à la fois<br />
plus simple et un peu angoissante : on ne<br />
sait pas. Ce qui est certain, c’est que la<br />
problématique de la place de la langue<br />
française est entre les mains de multiples<br />
institutions. Avant d’évoquer un avenir<br />
radieux pour la langue française dans et<br />
par le sport, il faut lutter contre la régression<br />
du français au sein des instances du<br />
sport et se demander comment celles-ci<br />
se positionnent par rapport à cette problématique.<br />
OBSERVEZ-VOUS, Y COMPRIS AU<br />
NIVEAU DES JEUX DE LA<br />
FRANCOPHONIE, UNE NÉCESSITÉ À<br />
DÉFENDRE LA PLACE DE LA LANGUE<br />
FRANÇAISE ?<br />
Oui ! Les Jeux de la Francophonie, c’est<br />
le seul événement qui parle uniquement<br />
français. Mais placer la francophonie à<br />
tous les étages de l’organisation n’a rien<br />
de facile ! Les personnels doivent tous<br />
être formés en français et dans bien des<br />
métiers, c’est loin d’être le cas. À tous<br />
les niveaux : arbitres, juges, administration<br />
des fédérations, gestionnaires, entraîneurs<br />
et dans tous les autres métiers<br />
du sport et de l’organisation d’événements,<br />
il y a un lexique sportif à respec-<br />
« LES JEUX DE LA FRANCOPHONIE,<br />
C’EST LE SEUL ÉVÉNEMENT QUI PARLE<br />
UNIQUEMENT FRANÇAIS. »<br />
D.R.<br />
76 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
« Un grand<br />
événement comme<br />
des Jeux de la<br />
Francophonie,<br />
c’est l’occasion<br />
d’impulser une<br />
dynamique »<br />
D.R.<br />
ter, qui ne s’invente pas. Tout part de la<br />
formation, très en amont. Et le diable se<br />
cache dans les détails. Lors des derniers<br />
Jeux de la Francophonie à Kinshasa par<br />
exemple, certaines fédérations internationales<br />
ont nommé pour les compétitions<br />
des délégués techniques qui ne<br />
parlent pas français ! Autre exemple pernicieux,<br />
à Kinshasa, certains chauffeurs<br />
de taxis ne parlaient pas le français,<br />
mais uniquement le lingala (une langue<br />
bantoue parlée en République démocratique<br />
du Congo et en République du<br />
Congo, NDLR).<br />
EST-CE À DIRE QUE MÊME DANS<br />
LES PAYS FRANCOPHONES,<br />
LA DÉFENSE DE LA LANGUE<br />
FRANÇAISE EST UN PROBLÈME ?<br />
Oui, certaines formations à certains<br />
métiers ne sont pas dispen-<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 77
FEMMES D’INFLUENCE<br />
sées en langue française.<br />
C’est le cœur du problème. Un grand<br />
événement comme des Jeux de la<br />
Francophonie est l’occasion d’impulser<br />
une dynamique, car ce sont plusieurs<br />
années de préparation. Un tel événement<br />
permet de renforcer les cadres<br />
techniques dans le pays. Pour les<br />
Jeux de Kinshasa, nous avons formé<br />
des volontaires en délivrant des certi-<br />
<br />
Jeux Olympiques de Paris. Mais plus<br />
en amont encore, c’est tout le secteur<br />
scolaire qui est concerné : les débouchés<br />
de travail dans le monde du sport<br />
Il faut que l’usage de la langue française<br />
soit banalisé par une formation<br />
en langue française et l’utilisation quotidienne<br />
de termes techniques en français.<br />
Il existe un programme de management<br />
sportif dispensé uniquement<br />
en anglais ! Quel dommage ! Notre rôle<br />
à l’OIF, en liaison avec les Unions sportives<br />
francophones, est précisément<br />
de créer un vocabulaire sportif francophone<br />
précis qui devra au plus vite<br />
faciliter la tâche des formateurs pour<br />
une traduction en français de tous ces<br />
programmes de formation dans le domaine<br />
sportif.<br />
“<br />
Zeina Mina<br />
en bref<br />
D.R.<br />
« C’EST L’OCCASION D’IMPULSER UNE<br />
DYNAMIQUE, CAR CE SONT PLUSIEURS<br />
ANNÉES DE PRÉPARATION. »<br />
sont immenses, il y a un besoin dans le<br />
management du sport, dans le secteur<br />
événementiel, dans plus de 100 corps<br />
de métiers de la logistique, la communication,<br />
etc. Il faut que tous ces métiers<br />
puissent s’apprendre en langue<br />
française. Il y a un parallèle avec la<br />
place des femmes dans le monde<br />
du sport. Si on veut que des femmes<br />
prennent des postes à responsabilités,<br />
il faut les former. Je vais prendre<br />
mon cas personnel en exemple : si j’ai<br />
été repérée pour participer à l’organisation<br />
des Jeux de la Francophonie à<br />
Beyrouth (Liban) en 2009, puis pour<br />
devenir quelques années plus tard directrice<br />
du Comité international des<br />
Jeux de la Francophonie, au-delà de<br />
<br />
c’est d’abord parce que j’avais, parmi<br />
les qualités requises, une formation<br />
universitaire française.<br />
LA CLÉ, C’EST DONC LA<br />
FORMATION EN LANGUE<br />
FRANÇAISE ?<br />
Absolument. Et de ce point de vue, le<br />
mouvement sportif en général et les<br />
Unions sportives francophones en particulier<br />
ont un rôle majeur à jouer. Je<br />
ne suis pas très convaincue que même<br />
au sein des fédérations dans les pays<br />
francophones on ne parle que français.<br />
D.R.<br />
LES JEUX OLYMPIQUES ET<br />
PARALYMPIQUES DE PARIS<br />
2024 PEUVENT-ILS ÊTRE UN<br />
FACILITATEUR DE CETTE<br />
POLITIQUE ?<br />
L’organisation d’événements sportifs<br />
majeurs dans des pays francophones,<br />
tels que les Jeux Olympiques de Paris<br />
2024 ou les Jeux de la Francophonie,<br />
contribuent à accroître la visibilité du<br />
français dans le monde du sport. Ces<br />
événements offrent également des<br />
opportunités de promotion du français<br />
auprès d’un public international.<br />
Toutefois, je ne crois pas dans les actions<br />
ponctuelles. C’est un travail de<br />
fond qui est aujourd’hui engagé, avec<br />
notamment la création du premier<br />
cophonie<br />
sportive et pour valoriser la<br />
langue française dans le sport (le 21<br />
novembre 2023 à la délégation Wallonie<br />
Bruxelles à Paris, événement animé<br />
par le président de ,<br />
Bruno Lalande, NDLR).<br />
Des groupes de travail ont été constitués<br />
pour analyser tous les champs sur lesquels<br />
nous devons avancer. L’un de ces<br />
groupes de travail vise notamment à valoriser<br />
et à diffuser le travail de terminologie<br />
en français dans le sport. C’est un travail<br />
de long terme. WSA<br />
Zeina Mina était doyenne de la<br />
faculté des sciences du sport de<br />
l’université Antonine au Liban de<br />
2009 à 2019. Elle est titulaire<br />
d’un doctorat STAPS. Après une<br />
carrière sportive de haut niveau,<br />
ponctuée notamment par la<br />
participation aux Jeux Olympiques<br />
de Los Angeles en 1984, elle s’est<br />
investie dans l’édification du sport<br />
libanais. Elle a occupé le poste de<br />
conseillère du ministre libanais<br />
de la Jeunesse et des Sports, est<br />
devenue membre du Haut Comité<br />
national de la VI e édition des Jeux<br />
de la Francophonie, à Beyrouth en<br />
2009, et a dirigé la commission<br />
sportive.<br />
En 2008, elle a créé un centre<br />
d’entraînement et d’évaluation<br />
de la performance au Liban,<br />
une structure innovante dans le<br />
domaine de l’expertise sportive<br />
« Performance First ». Elle a mis en<br />
place un baccalauréat technique<br />
sport au ministère de l’Education<br />
libanais et a créé l’école « Sports<br />
academy school » qui prend en<br />
charge des jeunes dès 13 ans<br />
dans le but de concilier études et<br />
entraînements.<br />
Appelée par le Comité international<br />
des Jeux de la Francophonie,<br />
elle a coopéré aux organisations<br />
des Jeux de Nice 2013 et à ceux<br />
d’Abidjan 2017. Elle est directrice du<br />
Comité international des Jeux de la<br />
Francophonie (CIJF) depuis mai 2019.<br />
78 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
MADE IN AFRICA<br />
ZOOM SUR…<br />
Iwalewa<br />
<br />
<br />
bienvenue en Europe<br />
D.R.<br />
Josiane Ologbi est à l’origine de la marque de cosmétiques<br />
Iwalewa. Des produits capillaires pas comme les autres :<br />
ils sont originaires d’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest et Nord-Ouest et<br />
entendent redorer l’image de l’<strong>Afrique</strong>. Vaste programme<br />
que nous détaille sa créatrice, issue du Sénégal.<br />
PAR LÉA BORIE<br />
A l’origine : un projet pour<br />
joindre les deux bouts<br />
Née au Niger, d’une mère togolaise et d’un<br />
père nigérian, Josiane Ologbi a grandi au<br />
Sénégal, avant de partir faire ses études<br />
de biochimie en France, en 2009. Elle a eu<br />
l’occasion de retourner au Sénégal pour<br />
<br />
non rémunéré. Josiane redouble d’effort<br />
<br />
Elle vend les cosmétiques qu’elle fait au<br />
départ pour elle, sous le nom de Saine et<br />
belle. C’est là qu’elle se rend compte combien<br />
les produits venus d’<strong>Afrique</strong>, pourtant<br />
si précieux, sont mal perçus en Europe.<br />
Pour défendre cette idée que si, on peut<br />
faire de la qualité avec des matières premières<br />
sénégalaises notamment, elle se<br />
lance dans un pari de plus grande envergure<br />
: créer une marque de soins capillaires<br />
destinés aux cheveux crépus vendue<br />
en Europe et au Sénégal.<br />
Une histoire de normes<br />
Iwalewa voit le jour en 2019, une marque léchée,<br />
minimaliste. Sur le papier, le projet est<br />
tion<br />
vient rapidement corser cette idylle parfaite.<br />
« s’enjouait<br />
Josiane Ologbi, <br />
<br />
»<br />
D.R.<br />
Si la bioingénieure en biotechnologies végétales<br />
tenait à déployer la conception uniquement<br />
au Sénégal, Josiane doit se rendre à<br />
<br />
80 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Se servir de<br />
l’essentiel des<br />
cosmétiques<br />
capillaires, tel<br />
est le credo<br />
d’Iwalewa, selon<br />
Josiane Ologbi.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 81
MADE IN AFRICA<br />
pays : très peu de laboratoires permettent<br />
ces exports. « -<br />
-<br />
<br />
» Et c’est un<br />
peu par hasard, sur l’étiquette d’un produit<br />
de beauté qu’elle utilisait, que la créatrice a<br />
remarqué la mention « Made in Morocco ».<br />
Banco ! Elle se rapproche alors d’un labo-<br />
sement,<br />
celui-ci dépose le bilan en pleine<br />
fabrication de sa première gamme. Mais<br />
la responsable, avec qui Josiane a établi<br />
<br />
C’est ainsi qu’elle devient sa chef de projet<br />
sur place au Maroc, forte de son carnet<br />
d’adresses étoffé. C’est ici que la fabrication,<br />
l’assemblage des produits, leur conditionnement<br />
et mise en pot est effectuée.<br />
En plus du Sénégal, historiquement, et du<br />
Maroc, Josiane creuse d’autres possibilités.<br />
Grâce à une connaissance, un dirigeant<br />
d’une coopérative burkinabée, elle étend<br />
sa sélection de produits ressources à un<br />
2e pays d’<strong>Afrique</strong> de l’Ouest. C’est comme<br />
ça que l’hibiscus et la feuille de feuille de<br />
kinkéliba sont Sénégalais, que le beurre de<br />
karité est issu du Burkina Faso et que l’huile<br />
d’argan, de jojoba, de ricin, le miel et les actifs<br />
proviennent du Maroc.<br />
La force de l’<strong>Afrique</strong><br />
Quitte à créer depuis l’<strong>Afrique</strong>, autant participer<br />
à l’industrialisation. « <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
-<br />
<br />
<br />
« EN FRANCE, LES JEUNES FEMMES<br />
LORGNENT SUR LES ETATS-UNIS. ET<br />
LES TENDANCES BEAUTÉ DE FRANCE<br />
PARLENT AU SÉNÉGALAISES. »<br />
<br />
-<br />
».<br />
Aujourd’hui physiquement en France avec<br />
sa marque made in Africa, Josiane ne désespère<br />
pas, une fois les gammes bien installées<br />
sur l’ensemble du marché européen,<br />
notamment dans les grandes surfaces,<br />
pouvoir retourner vivre en <strong>Afrique</strong>. Au programme<br />
: accélérer la partie e-commerce.<br />
Une âme d’une entrepreneuse<br />
Elle n’a pas honte de le dire et de le revendiquer<br />
: Josiane se place aussi là où<br />
se trouvent les opportunités. La demande<br />
est forte en Belgique et en Allemagne par<br />
exemple. Alors elle tâchera de continuer de<br />
développer cette clientèle aussi. Même si<br />
au début, tout n’a pas été aussi limpide que<br />
ça : « -<br />
déclare<br />
la créatrice d’Iwalewa. <br />
<br />
»<br />
À tort visiblement !<br />
L’essentiel et rien d’autre<br />
Pour autant, Josiane n’est pas là pour<br />
vendre à tout bout de champ sans raison.<br />
« <br />
»<br />
Astuce<br />
entretien des<br />
cheveux et sport<br />
de Josiane Ologbi<br />
«Je me lave les cheveux une fois<br />
par semaine, et quand je fais<br />
du sport, je supporte mal cette<br />
sensation d’étouffement du cuir<br />
chevelu. Alors j’utilise une crème<br />
lavante (Orisun) pour rafraîchir<br />
un peu la chevelure sans créer de<br />
sécheresse comme ça peut être le<br />
cas avec un shampoing classique.<br />
Et une fois par mois, je conseille<br />
de suivre une sorte de petite détox<br />
à l’argile pour ôter les cellules<br />
mortes et laisser respirer le cuir<br />
chevelu après avoir supporté les<br />
gros chignons en salle de sport. »<br />
C’est la demande et les retours clients qui<br />
l’ont poussé à étendre son offre pour que<br />
sa gamme corresponde à chacune de ses<br />
clientes. Son bestseller d’origine : le soin<br />
riche tout en 1 Ayaba. Masque après-sham-<br />
tation,<br />
il remplit la fonction hydratante pour<br />
toute la semaine, sans avoir besoin d’en<br />
remettre des couches tous les deux jours.<br />
«<br />
»<br />
martèle-t-elle.<br />
D.R.<br />
D.R.<br />
Comme il alourdissait trop la chevelure<br />
de certaines clientes, le lait capillaire<br />
Ewa a été lancé. Le moins polyvalent de<br />
la gamme, il a été créé pour répondre à<br />
un besoin particulier. Plus large d’application,<br />
puisqu’elle concerne les cheveux et<br />
le corps, la pâte nettoyante Ishun au Khassoul,<br />
une argile marocaine douce, permet<br />
d’absorber les impuretés sans assécher la<br />
peau ou les cheveux. WSA<br />
82 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
ENTREPRENEURIAT<br />
Par Bruno Lalande<br />
Ces championnes africaines<br />
qui créent leur business !<br />
KEYENA : UN LANCEMENT RÉUSSI EN 2021 PAR<br />
CORALIE GASSAMA ET UNE BELLE ACCÉLÉRATION<br />
AUJOURD’HUI AVEC DAYOT UPAMECANO QUI REJOINT<br />
L’ACTIONNARIAT !<br />
Coralie Gassama lance à 20 ans « KEYENA », première marque de sur-semelles<br />
de protection pour les chaussures à pointes d’athlétisme. Forte de son expérience<br />
d’athlète de haut niveau sur la piste et frustrée de ne pas trouver de produit<br />
répondant au besoin des athlètes, elle se lance dans l’entreprenariat. Après deux<br />
ans et demi de recherche et développement, les premières sur-semelles Key One<br />
arrivent sur le marché. En 2023, plus de 1 200 athlètes en France et à l’international<br />
les ont adoptés. Séduit par la promesse pertinente du produit, et désireux de<br />
soutenir l’ingéniosité française, Le footballeur Dayot Upamecano, pensionnaire<br />
du FC Bayern Munich et sélectionné en équipe de France, vient de rejoindre<br />
l’actionnariat de Keyena.<br />
Ensemble, ils vont renforcer la présence mondiale de la marque et pénétrer de<br />
nouveaux marchés, dont le cyclisme sur route. L’arène des start-ups présente de<br />
nombreux parallèles avec une carrière sportive de haut niveau. Autant de défis<br />
qu’ils ont déjà affrontés et surmontés auparavant, dans leurs carrières sportives.<br />
Une remarquable « alliance » homme-femme pour de l’entreprenariat avec<br />
beaucoup de sens !<br />
https://keyena.com<br />
D.R.<br />
FATOU DIOUCK, UNE ENTREPRENEUSE ENGAGÉE !<br />
D.R.<br />
Fatou Diouck est une personnalité pétillante et engagée, notamment dans la<br />
lutte contre le décrochage scolaire des filles avec son association<br />
« Demoiselles de Keur, Sénégalaises de demain ». Elle est aussi capitaine de<br />
l’équipe nationale sénégalaise de volleyball, joueuse en France, mais aussi<br />
en Asie (Corée du Sud et Thaïlande). Elle a décroché le titre de « meilleure<br />
joueuse » du Championnat thaïlandais de volleyball et, est Young leader 2021<br />
pour Sport impact Leader.<br />
Fatou Diouck vient de lancer sa marque, Dono, accompagnée par l’incubateur<br />
Paris 2024. Un déclic, après avoir découvert les techniques d’artisanat en<br />
Thaïlande. Dono est une jeune marque dont le but est de faire perdurer un<br />
savoir et une tradition familiale transmise par son père : le travail du cuir. Tous<br />
les produits sont faits main par des artisans locaux, dans la plus pure tradition<br />
sénégalaise.<br />
https://www.ma-page.pro/site/dono<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 83
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