Le Lac <strong>de</strong>s cygnes - Photo : E. Ivanov PROGRAMME B Le LAC <strong>de</strong>S CygNeS Mardi 13 juillet à 20H (PreMière) MerCredi 14 juillet à 15H & 20H30 jeudi 15 & VeNdredi 16 juillet à 20H SaMedi 17 juillet à 15H & 20H30 63
64 Le Lac <strong>de</strong>s cygnes LE PREMIER BALLET DE TCHAIKOVSKI Le Lac <strong>de</strong>s cygnes est un conte fantastique, où le réel et l’imaginaire s’interpénètrent : l’être aimé appartient à un autre mon<strong>de</strong>, jeune fille/cygne, que sa « surnature » rend intouchable. Sujet qui ne pouvait que séduire Tchaikovski, fuyant lui-même son réel (un mariage <strong>de</strong> convenance, masquant son homosexualité) et entretenant une liaison épisto<strong>la</strong>ire avec une personne « idéale » (Na<strong>de</strong>jda von Meck, sa bienfaitrice) qu’il ne rencontra jamais. Aussi, quand - en 1875 - le théâtre Bolchoï <strong>de</strong> Moscou lui <strong>de</strong>manda d’écrire <strong>la</strong> partition d’un ballet, qui s’inspirerait <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s nordiques <strong>de</strong> princesses métamorphosées en cygnes, Tchaikovski accepta aussitôt même si, alors, composer pour <strong>la</strong> <strong>danse</strong> n’était pas considéré, dans le milieu musical, comme un travail sérieux. Tchaikovski retint <strong>de</strong> ses prédécesseurs, compositeurs <strong>de</strong> ballets, <strong>les</strong> musiciens français qu’il admirait beaucoup (Adolphe Adam pour Giselle - 1841, Léo Delibes pour Coppélia - 1870), <strong>la</strong> technique d’attribuer aux personnages principaux <strong>de</strong>s thèmes mélodiques qui reviennent et se développent à chacune <strong>de</strong> leur apparition (leitmotive, comme dans <strong>les</strong> opéras <strong>de</strong> Wagner) et le souci d’une composition globale homogène, à caractère symphonique. La création du Lac <strong>de</strong>s cygnes eut lieu à Moscou en 1877, <strong>la</strong> même année que La Bayadère <strong>de</strong> Petipa et Minkus à Saint-Pétersbourg. Or, si celle-ci fut d’emblée une gran<strong>de</strong> réussite, Le Lac <strong>de</strong>s cygnes fut un échec, en raison d’une mise en scène et d’une chorégraphie peu enthousiasmantes. Il faudra attendre <strong>la</strong> reprise du Lac dix-huit ans plus tard à Saint-Pétersbourg, dans une réalisation du tan<strong>de</strong>m Petipa/Ivanov pour que <strong>la</strong> partition nostalgique <strong>de</strong> Tchaikovski soit enfin mise en valeur. C’était en 1895 : gloire posthume pour le compositeur, mort <strong>de</strong>ux ans plus tôt. LA VERSION DE PETIPA ET IVANOV EN 1895 Le Théâtre Mariinski rendit un hommage solennel à Tchaikovski en février 1894, comportant <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong> ses opéras, et l’acte II du Lac <strong>de</strong>s cygnes, monté par Marius Petipa et son assistant Lev Ivanov. Cet acte remporta un tel succès qu’il encouragea <strong>les</strong> chorégraphes et le théâtre à mettre en scène le ballet entier. Marius Petipa <strong>de</strong>manda à Mo<strong>de</strong>ste Tchaikovski, le frère du compositeur, <strong>de</strong> modifier le livret en faisant d’Odile le « double noir » d’O<strong>de</strong>tte (<strong>la</strong> princesse <strong>de</strong>s cygnes b<strong>la</strong>ncs). Odile apparaît comme <strong>la</strong> créature du mauvais génie Rothbarth, <strong>de</strong>stinée à tromper le prince Siegfried (<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rô<strong>les</strong> d’O<strong>de</strong>tte et Odile seront désormais dansés par <strong>la</strong> même ballerine, alors qu’en 1877, il y avait <strong>de</strong>ux interprètes). Ainsi, le prince <strong>de</strong>vient <strong>la</strong> victime d’une machination, et non plus le coupable auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort d’O<strong>de</strong>tte. Pour sa part, le chorégraphe fit <strong>de</strong> nombreuses coupures dans <strong>la</strong> partition, passant <strong>la</strong> musique du « Cygne noir» <strong>de</strong> l’acte I à l’acte III, et changea <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’ouvrage : O<strong>de</strong>tte, désespérée par <strong>la</strong> trahison du prince, se jette dans <strong>les</strong> eaux du <strong>la</strong>c, et Siegfried <strong>la</strong> suit.