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Nieuwsbrief 40 (pdf) - Sophia

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dossier 10 dossier<br />

poursuite de l’égalité entre les femmes et<br />

les hommes qui est posée. En effet, la<br />

pertinence du savoir féministe ne se limite<br />

pas qu’à son apport épistémologique<br />

(en termes de déconstruction/reconstruction<br />

des savoirs au regard des rapports<br />

sexués): son enseignement participe de<br />

l’éducation au changement en formant<br />

des étudiant-es qui seront peut-être<br />

amené-es un jour à élaborer des politiques<br />

publiques. Dans ce sens, l’enjeu du réseau<br />

vise un public large en s’adressant aux<br />

“personnes engagées dans l’action politique,<br />

sociale ou culturelle intéressées par les objectifs<br />

de l’association” 14 .<br />

Le débat interne qui a mené à la formulation<br />

du projet <strong>Sophia</strong> s’est donc construit<br />

autour de militantes évoluant professionnellement<br />

dans le monde de la<br />

recherche et de l’éducation. Elles font le<br />

triple constat de la prétendue neutralité<br />

du savoir scientifique, de l’absence d’une<br />

lecture en termes de genre au sein des<br />

différentes disciplines et de la sous-représentation<br />

des filles/femmes dans l’enseignement<br />

et dans l’étude de certaines<br />

disciplines 15 . Elles dénoncent cette situation<br />

de discrimination des femmes dans<br />

les universités, à la fois en tant que productrices,<br />

destinatrices et objets de savoir,<br />

ainsi que l’absence de financement et de<br />

reconnaissance de ces activités de recherche<br />

et de formation par l’université, et le<br />

retard en la matière par rapport à d’autres<br />

pays européens. Pour remédier à ce constat,<br />

elles proposent de soutenir l’institutionnalisation<br />

académique du féminisme,<br />

par une action collective de coordination<br />

entre différents acteurs militants<br />

et institutionnels, du Nord et du Sud du<br />

pays.<br />

L’entrée de <strong>Sophia</strong> dans l’espace public<br />

s’est faite avec sa constitution en a.s.b.l.<br />

et le développement de ses activités de<br />

diffusion, d’information et de formation.<br />

Notons par ailleurs que les discussions<br />

internes ayant mené à sa constitution<br />

prennent déjà naissance dans un événement<br />

public, le colloque du GRIF. La<br />

constitution de <strong>Sophia</strong> en enjeu de débat<br />

politique, c’est-à-dire son inscription à<br />

l’agenda politique de certain-e-s responsables<br />

politiques, se fait en parallèle au<br />

développement de la politique d’égalité<br />

des chances (aux niveaux communautaire,<br />

fédéral voire européen). En effet,<br />

dès le moment où la reconnaissance politique<br />

du rôle de <strong>Sophia</strong> dans la promotion<br />

de l’égalité est sollicitée ou que des<br />

demandes de subsides sont déposées<br />

auprès des institutions en charge de l’égalité<br />

des chances, le réseau devient une<br />

question politique appelant à une décision<br />

politique. Nous pourrions même ajouter<br />

qu’en tant que projet relevant du féminisme,<br />

questionnant les frontières entre<br />

le privé et le politique, <strong>Sophia</strong> est un enjeu<br />

politique, indépendamment des relations<br />

formelles avec les institutions.<br />

… et dans un contexte de<br />

développement du féminisme<br />

institutionnel et de la<br />

politique d’égalité des<br />

chances<br />

Des prémices à un “féminisme institutionnel”<br />

se repèrent, dans notre pays,<br />

dans les années 1970 avec la constitution<br />

de groupes de femmes au sein de certains<br />

partis politiques (CVP et PSC, dès 1973),<br />

la constitution de la Commission du travail<br />

des femmes et de la Commission consultative<br />

du statut de la Femme (en 1975).<br />

Notons que cette époque est celle de la<br />

première Conférence des Nations Unies<br />

sur les Femmes (Mexico, 1975), inaugurant<br />

la Décennie internationale de la<br />

Femme (1975-85), qui encourage l’action<br />

des Etats dans la promotion de l’égalité<br />

entre les hommes et les femmes,<br />

notamment par la mise sur pied d’institutions<br />

et de politiques publiques d’égalité<br />

des chances et par des mesures de<br />

lutte contre les discriminations de genre 16 .<br />

Cela donne lieu, à la veille des années<br />

sophia | n° <strong>40</strong> | 2004<br />

1980, à l’installation des Commissions<br />

pour l’égalité des chances des filles et des<br />

garçons dans l’enseignement en Communauté<br />

française et en Communauté<br />

flamande (1979-80).<br />

En 1985, Miet Smet devient secrétaire<br />

d’Etat à l’Environnement et à l’émancipation<br />

sociale, en charge de l’égalité des<br />

chances. La création, l’année suivante,<br />

du Conseil de l’émancipation lance véritablement<br />

le début du “féminisme d’<br />

Etat” en Belgique 17 . Devenue ministre<br />

de l’Emploi et du Travail en 1991, Miet<br />

Smet installe l’Unité de l’égalité des<br />

chances au sein de son ministère en 1992.<br />

Le Conseil de l’égalité des chances des<br />

femmes et des hommes remplace, en<br />

1993, le Conseil de l’émancipation 18 .<br />

Cette institutionnalisation politique du<br />

féminisme prendra forme progressivement,<br />

jusqu’à comprendre aujourd’hui<br />

“les Conseils consultatifs auprès du gouvernement<br />

fédéral (Conseil de l’égalité des<br />

chances entre hommes et femmes) et de certains<br />

des gouvernements fédérés comme la<br />

toute récente création d’un Institut de l’égalité<br />

des hommes et des femmes, l’existence<br />

d’un centre d’accueil et de soutien aux activités<br />

des organisations de femmes (Amazone),<br />

les administrations fédérales et fédérées de l’égalité<br />

des chances (Directions de l’égalité<br />

des chances ...) et enfin la ‘subsidiation’ des<br />

associations et des activités féministes par<br />

les divers niveaux de pouvoirs.” 19 . Cette<br />

dynamique sera d’ailleurs consacrée par<br />

la 4e Conférence Mondiale des Femmes<br />

(Beijing, 1995). Du côté des institutions<br />

européennes, tant le Parlement que la<br />

Commission et le Conseil de l’Union<br />

Européenne intègrent ce processus par<br />

l’intermédiaire de divers départements<br />

et dispositions législatives 20 . Comme<br />

annoncé, nous n’entrerons pas plus dans<br />

le détail de cette institutionnalisation de<br />

l’égalité des chances aux niveaux communautaire,<br />

fédéral, européen et international.

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