Kléos, Revista de Filosofia Antiga - Programa de Estudos em ...
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DES ACCIDENTS KATA TEN PHANTASIAN A LA PHANTASIA BOULEUTIKE: LE TRAITE DE L’AME D’ARISTOTE<br />
ou)si/aij) [...]. Il faut ajouter qu’invers<strong>em</strong>ent la connaissance <strong>de</strong>s propriétés contribue pour<br />
une large part à celle <strong>de</strong> l’essence. Lors donc que nous serons en mesure <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong>s<br />
propriétés telles qu’elles apparaissent (e)peida\n ga\r e) /cwmen a)podido/nai kata\ th\n<br />
fantasi/an peri\ tw=n sumbebhko/twn) [...] alors pourrons-nous au mieux traiter <strong>de</strong> la<br />
substance elle-même 8<br />
.<br />
Il s’agit là d’un développ<strong>em</strong>ent méthodologique qui ne concerne<br />
null<strong>em</strong>ent la faculté dont traitera III, 3. L’expression kata tèn phantasian, qui<br />
n’est pas rare chez Aristote, signifie simpl<strong>em</strong>ent “selon les apparences”, comme<br />
traduit R. Bodéüs. Appliquée aux propriétés ou acci<strong>de</strong>nts, elle signifie que<br />
ceux-ci nous sont plus accessibles que l’ousia, ou sont plus connus pour nous.<br />
Les propriétés auxquelles pense ici Aristote doivent sans doute ce caractère au<br />
fait d’être perceptibles, mais l’accessibilité aux sens n’appartient pas nécessair<strong>em</strong>ent<br />
à toute propriété non substantielle. Il est donc question d’apparence,<br />
sensorielle ou non, sans nuance péjorative. Au contraire, l’accès aux attributs<br />
apparents est dit constituer un ch<strong>em</strong>in en vue <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong> la substance.<br />
Ou plus exact<strong>em</strong>ent, même s’il n’est pas dit non plus qu’une apparence<br />
<strong>de</strong>vrait être correcte, l’expression ne suggère pas la fausseté (Aristote donne<br />
comme ex<strong>em</strong>ple d’attribut la somme <strong>de</strong>s angles d’un triangle), mais néanmoins<br />
un rapport à la chose plus superficiel que celui qui consisterait à connaître tas<br />
aitias tôn sumbebèkotôn, c’est-à-dire l’ousia.<br />
Le passage plai<strong>de</strong> incontestabl<strong>em</strong>ent en faveur <strong>de</strong>s interprétations<br />
qui soulignent le rapport entre phantasia et phainesthai, décelant en outre chez<br />
Aristote une valorisation du phénomène (clair<strong>em</strong>ent <strong>em</strong>pirique, ici, et non pas<br />
endoxal). En même t<strong>em</strong>ps, un tel passage ne préjuge pas <strong>de</strong> la façon dont il<br />
faudrait lire DA, III, 3, dans la mesure où, sous plusieurs <strong>em</strong>plois d’un même<br />
mot, il n’est pas assuré qu’Aristote vise une même chose. M. Nussbaum commente<br />
en disant que “Phantasia for Aristotle se<strong>em</strong>s to be as wi<strong>de</strong>-ranging a<br />
notion as the notion of the phainomena” 9 , mais le fait est qu’Aristote consacre<br />
<strong>de</strong> la place en III, 3 à un développ<strong>em</strong>ent doctrinal sur la phantasia, pas sur le<br />
phainomenon. Ou s’il y a chez Aristote une doctrine <strong>de</strong>s phainomena, ce n’est pas<br />
en III, 3 qu’il convient <strong>de</strong> la chercher. M. Nussbaum ajoute égal<strong>em</strong>ent à pro-<br />
8 Les traductions <strong>de</strong>s chapitres qui précè<strong>de</strong>nt III, 3, assez longues sont en principe celles <strong>de</strong> E. Barbotin<br />
(BARBOTIN, E.; JANNONE, A. Aristote: De l’âme. Paris: Les Belles Lettres, 1966). Le grec donné entre<br />
parenthèses permet <strong>de</strong> conserver sur elles un regard critique. Pour ce qui concerne les chapitres suivants, nous<br />
avons en général préféré retraduire.<br />
9 NUSSBAUM, 1978, p. 246.<br />
K LÉOS N.5/6: 35-63, 2001/2<br />
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