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HAUSHALT 2012: - DP

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8 AUSGABE 04.11 | WWW.<strong>DP</strong>.LU <strong>DP</strong>-NEWSLETTER<br />

L‘EUROPE, ÇA S‘EXPLIQUE!<br />

Charles Goerens, membre du Parlement européen<br />

„Si tu veux construire un bateau, ne rassemble<br />

pas tes hommes et femmes pour leur donner<br />

des ordres, pour expliquer chaque détail, pour<br />

leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux<br />

construire un bateau, fais naître dans le cœur<br />

de tes hommes et femmes le désir de la mer.“<br />

Antoine de Saint-Exupéry<br />

Calme ou agitée, la mer est symbole à la fois de<br />

toutes les opportunités et de tous les dangers.<br />

Elle est source de vie, nous procure de la<br />

nourriture, elle relie entre eux des continents,<br />

mais une fois déchaînée, elle peut déployer<br />

des forces qui dépassent notre imaginaire.<br />

L’on ne peut pas se soustraire à ses caprices<br />

sans se priver par là même des bienfaits de<br />

sa générosité. Face à elle, nous devenons<br />

conscients de nos limites. Face à elle nous<br />

découvrons aussi nos possibilités.<br />

Notre bonne vieille Europe serait-elle si<br />

différente de la mer ? Théâtre de tous les<br />

dangers, l’Histoire de notre continent nous<br />

rappelle que certains courants ont enterré sous<br />

eux des peuples entiers. La même Histoire<br />

nous enseigne aussi que, une fois le calme<br />

retrouvé, la même Europe peut redevenir source<br />

de richesses tant matérielles que culturelles<br />

à condition de les accepter, de voir dans leur<br />

diversité une chance plutôt qu’un obstacle. De<br />

1933 à 1945, cette Europe nous a fait découvrir<br />

nos limites, notre impuissance face aux vagues<br />

de populismes, aux poussées nationalistes. Et<br />

finalement, le tsunami nazi a failli avoir raison<br />

de tout ce que les peuples européens ont su<br />

donner à la civilisation.<br />

Si les années 30 nous ont indiqué nos limites,<br />

Jean Monnet n’a pas tardé à nous faire découvrir<br />

nos possibilités dès la fin de la seconde guerre<br />

mondiale. Conscient de la vulnérabilité du vieux<br />

continent, il avait compris que les lignes Maginot<br />

avaient fait leur temps et qu’il fallait désormais<br />

renoncer à se réfugier derrière de fausses<br />

protections. Sa méthode a permis aux Européens<br />

de se nourrir, de renouer avec la prospérité,<br />

de prévenir le retour des luttes ancestrales.<br />

Sa méthode a eu un prix : un abandon de<br />

souveraineté de la part des Etats qui ont accepté<br />

de participer à l’œuvre collective. En revanche,<br />

ces derniers ont vu L’Allemagne mettre fin à son<br />

« Sonderweg »<br />

Pour les Européens, la stabilité monétaire<br />

correspond au calme en haute mer. En effet,<br />

c’est en ces périodes d’absence de turbulences<br />

que le navire dont sont copropriétaires les 17<br />

Etats membres de l’Eurozone peut faire les plus<br />

grandes avancées vers les rives lointaines. Quant<br />

à savoir si ledit navire est bien conçu pour résister<br />

aux vagues fouettées par les vents déchaînés du<br />

grand large, il faut attendre les grandes tempêtes.<br />

Comme celles-ci se multiplient à une cadence très<br />

inquiétante depuis le déclenchement de la crise<br />

de 2008, les occasions pour tester la résistance du<br />

navire n’ont pas manqué.<br />

Les innombrables faiblesses, voire même les<br />

vices de construction du navire « Eurozone »<br />

n‘ont pas tardé à se manifester. Les passagers<br />

s‘interrogent sur l‘étanchéité du métal tant les<br />

parties grecques et italiennes sont déjà entamées<br />

par la corrosion.<br />

Le fait que la partie allemande dispose<br />

d‘une double coque ne va pas mettre fin à la<br />

spéculation contre l‘« Eurozone » menacée de<br />

naufrage.<br />

Il n‘est dès lors pas étonnant de voir l‘«<br />

Eurozone » rentrer régulièrement au chantier<br />

naval à des fins de réparation. Une fois les<br />

travaux terminés, il regagne la mer pour une<br />

destination inconnue. Comment voulez-vous<br />

d‘ailleurs fixer le cap si vous ne pouvez pas<br />

identifier le capitaine?<br />

En réalité, il y a trop de capitaines qui veulent,<br />

chacun, imposer leur direction. Mais une fois<br />

le cap fixé, Madame Merkel fait dépendre son<br />

accord de trois choses: l‘issue des prochaines<br />

élections pour un parlement régional, le<br />

traditionnel arrêt de la Cour Constitutionnelle<br />

de Karlsruhe et l‘aval du Bundestag. Ce qui<br />

permet aux marchés de se refaire une santé<br />

et de souffler encore plus fort. Entretemps,<br />

la tempête fait des ravages sur le continent et<br />

balaie sur son passage les marges politiques,<br />

les capacités d‘endettement, les acquis sociaux<br />

et... les gouvernements grec et italien.<br />

Quant au membre italien de l‘équipage, Silvio<br />

Berlusconi, il a été invité à quitter le navire.<br />

Non seulement, il n‘avait pas le pied marin,<br />

mais encore lui arrivait-il de confondre<br />

le navire « Eurozone » avec un bateau de<br />

plaisance. Toutefois, le Ciao de soulagement<br />

poussé à l‘occasion de son départ ne signifie<br />

pas pour autant la fin de nos soucis.<br />

POLITIQUE ÉTRANGÈRE<br />

Où est passée notre crédibilité<br />

politique?<br />

Lydie Polfer, membre de la Chambre des Députés<br />

Lors du débat à la Chambre des députés suivant<br />

la déclaration du ministre Jean Asselborn sur<br />

la politique étrangère, la députée Lydie Polfer<br />

s’est avant tout penchée sur la gestion de la crise<br />

financière et économique en Europe. Elle a reproché<br />

au ministre de faire de sa déclaration une simple<br />

énumération de constatations, sans pour autant<br />

proposer d’actions concrètes. Selon Lydie Polfer,<br />

l’Union européenne disposerait des instruments<br />

nécessaires pour éviter la crise de la dette, mais<br />

ce sont les décisions politiques qui manquent. Le<br />

temps presse, la situation est plus que sérieuse et il<br />

en va de notre crédibilité face au reste du monde.<br />

Depuis un certain nombre d’années déjà, l’Union<br />

européenne constitue le cadre de nombreuses de<br />

nos politiques. Tant notre situation économique<br />

que sociale est déterminée et influencée par<br />

l’intégration européenne, et rien que tel qu’une<br />

crise pour nous le rappeler.<br />

Les crises sont inhérentes à la construction<br />

européenne, et la réponse a toujours été<br />

l’intégration et la méthode communautaire,<br />

méthode qui a su à maintes reprises sortir l’UE<br />

de situations délicates. Mais la crise que nous<br />

traversons aujourd’hui est sans précédant et met<br />

l’Union à rude épreuve.<br />

Lydie Polfer a estimé que le ministre ne faisait<br />

que le constat de cette crise. Il a brossé le tableau<br />

des mesures que nous nous sommes données au<br />

courant des derniers mois pour sauver l’économie<br />

européenne, mais ne s’est pas penché sur son<br />

origine. Les dirigeants européens envisagent<br />

désormais de renforcer le pacte de croissance et de<br />

stabilité, voir même modifier le traité, affirmant<br />

avoir tiré les leçons. Plus d’Europe pour sauver<br />

l’Europe? Selon Lydie Polfer, il serait tout d’abord<br />

utile de revenir aux causes de la crise.<br />

Il ne suffit pas de faire le constat d’une crise et<br />

d’inventer par la suite sa gestion. L’exercice auquel<br />

nous devons nous prêter par-dessus tout est de voir<br />

comment on a pu en arriver là. La crise financière et<br />

économique a mis à jour des dysfonctionnements<br />

au sein de l’UE. Pendant des années, des pays<br />

ont vécu au-dessus de leurs moyens, transgressé<br />

les critères en matière de budget et de déficit et<br />

ignoré toutes règles de transparence. Le fait que<br />

l’UE disposait déjà des instruments nécessaires<br />

pour éviter une crise pareille, sous la forme du<br />

pacte de stabilité et de croissance, est trop souvent<br />

passé sous silence. Car au-delà d’être une crise de<br />

nature économique, nous avons affaire à une crise<br />

de la crédibilité politique.<br />

Le couple franco-allemand, qui incarnait pendant<br />

longtemps le moteur de l’intégration européenne,<br />

s’essouffle et est tiraillé entre ambitions nationales<br />

et européennes, et leurs différends quant aux<br />

chemins à emprunter pour sortir de la crise, ont<br />

ralenti les prises de décisions. Même si la France<br />

se montre désormais plus enclin à suivre les<br />

propositions de Madame Merkel, une modification<br />

du traité demeure une voie semée d’embûches. En<br />

prime de la lenteur procédurale, le changement de<br />

la nature de l’UE doit être soumis aux ratifications,<br />

conformes aux constituions nationales. Doit-on<br />

rappeler les débats de 2005 lors du référendum sur<br />

le traité constitutionnel ?<br />

Aussi notre politique étrangère en tant que tel<br />

est exercée en grande partie au sein de l’Union<br />

européenne et ce manque de gouvernance politique<br />

se ressent aussi ici. Nous nous trouvons dans un<br />

monde en pleine mutation. La mondialisation<br />

a fait apparaître de nouvelles puissances ayant<br />

l’intention de faire partie des décideurs de demain.<br />

Les États européens doivent se montrer unis pour<br />

se faire entendre au sein des grandes organisations<br />

internationales. Le traité de Lisbonne a prévu de<br />

nombreuses dispositions pour faire de l’Union<br />

européenne un acteur international à part entière.<br />

Mais il reste à savoir si l’Europe peut effectivement<br />

jouer le rôle qui lui revient, si elle est représentée<br />

à des sommets par trois personnes différentes.<br />

Comment peser lors de négociations si les États<br />

membres se divisent sur des questions telles le<br />

conflit israélo-palestinien ou l’intervention en<br />

Libye?<br />

Et comme notre succès et infiniment lié au succès<br />

de I’Union européenne, il est important, voire<br />

nécessaire de soutenir sa crédibilité. En modifiant<br />

en permanence les traités où en créant de nouvelles<br />

instituions, nous ne faisons que véhiculer l’image<br />

d’une Union qui ne croit pas en soi.

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