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RTB, le mot est lâché. Le real-time bidding est<br />
une sorte de place boursière de vente et d’achat<br />
d’impressions publicitaires en temps réel. L’achat<br />
est régulé par un « floor price » : chaque éditeur de<br />
site – le vendeur – met sur une plateforme ad exchange<br />
ses inventaires disponibles aux enchères,<br />
à un prix minimum. L’acheteur, à savoir les annonceurs<br />
ou leurs agences, définit des paramètres<br />
comme le budget dont il dispose, les profils qu’il<br />
veut cibler. Si le vendeur rencontre la demande<br />
d’un acheteur, les transactions se font automatiquement,<br />
à un prix défini par la loi de l’offre et de<br />
la demande, sans intervention humaine.<br />
L’IMPORTANCE DE LA STRATÉGIE<br />
Malgré la prouesse technologique, ces solutions<br />
automatisées ne devraient pas phagocyter le système<br />
actuel. Vincent Delmotte sort ses chiffres :<br />
« Aux USA, on voit que 40-45% des investissements<br />
en digital plafonnent dans tout ce qui est<br />
RTB, programmatic, et le reste va dans les autres<br />
médias : digital, radio, télé, offline. Aujourd’hui en<br />
Belgique, ces investissements sont de l’ordre de<br />
20,25% : on devrait atteindre un niveau de saturation<br />
dans deux, trois ans. »<br />
Même son de cloche chez MediaHuis : « Le RTB<br />
reste une minorité ; la plupart des revenus viennent<br />
des systèmes classiques, ça ne prendra jamais tout<br />
le marché car on aura toujours besoin de campagnes<br />
garanties. » IP confirme de son côté que les<br />
revenus générés par ces solutions ne représentent<br />
qu’une partie du digital : « Aujourd’hui, nos annonceurs<br />
peuvent acheter différemment, via notre<br />
trading desk, pour acquérir du volume à un prix<br />
intéressant sur tout ce qui est display, en digital.<br />
Mais on ne vend qu’une partie de cette manière :<br />
les annonceurs continuent à acheter du contenu<br />
premium pour des campagnes garanties. »<br />
Les garanties : voilà ce qui devrait prémunir<br />
le secteur contre une disparition de planning :<br />
« L’annonceur aura toujours besoin de stratégies<br />
de planning : quand il a une offre limitée dans le<br />
temps ou à un moment précis, comme la rentrée<br />
des classes, l’annonceur a besoin d’espaces garantis.<br />
Il ne peut pas prendre le risque de faire ça aux<br />
enchères et de ne pas avoir son espace. On ne sera<br />
donc jamais à 100% sur du RTB » affirme Vincent<br />
Delmotte. On devrait effectivement continuer<br />
à avoir une intervention humaine et des professionnels<br />
de l’achat d’espace, selon Mediahuis :<br />
« Il y a toujours un contact, une négociation entre<br />
acheteur et vendeur, parce qu’il y aura toujours<br />
des campagnes garanties. La différence, c’est que<br />
bientôt tout sera automatisé, même cette partie,<br />
mais elle sera programmée par quelqu’un. »<br />
Petite exception à cela, observée par HiMedia :<br />
« Certains annonceurs mettent 100% de leur investissement<br />
sur du RTB: c'est notamment le cas<br />
des grosses entreprises qui centralisent les achats<br />
d'espace à l'international.<br />
« L'annonceur aura toujours besoin<br />
de stratégies de planning. On ne sera<br />
jamais à du 100% sur du RTB »<br />
— Vincent Delmotte<br />
DES LIMITES TECHNOLOGIQUES<br />
De toute façon, aujourd’hui, les achats automatisés<br />
ne pourraient pas constituer 100% des<br />
investissements publicitaires puisque tous les<br />
formats ne sont pas vendus en RTB, comme<br />
l’explique Denis Masquelier : « On ne le fait que<br />
pour le display classique, pas avec les vidéos, car<br />
l’inventaire est généralement bien rempli. Il n’y a<br />
pas de restant à mettre aux enchères ni sur la TV<br />
ou la radio, car il y a des minutages précis pour les<br />
temps de publicité, ce qui limite les possibilités.<br />
Contrairement au digital, presque infini ! »<br />
Ajoutons à cela que tous les produits ne sont<br />
pas « adaptables au programmatic, comme les<br />
formats sur mesure », selon Vincent Delmotte, qui<br />
imagine : « Pour le cinéma, on pourrait ouvrir des<br />
écrans vendus aux enchères par salle, par tranche<br />
horaire. Mais pour les autres médias, radio, télé,<br />
ça n’aurait pas de sens d’avoir, par exemple, le<br />
sponsoring de la météo aux enchères. Si tout est<br />
en temps réel, il n’y aura plus de négociation annuelle,<br />
ça freine les régies offline. » En revanche,<br />
la publicité ciblée, via de l'achat en programmatic,<br />
sans l'aspect "enchère", a déjà émergé en<br />
Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, sur la télévision<br />
numérique. Mais chez nous, on n’y est pas encore<br />
: rien qu’au niveau du digital, sur le mobile, ce<br />
ne serait technologiquement pas encore au point,<br />
d’après les spécialistes. Les premiers développements<br />
programmatic concerneront certainement<br />
les médias traditionnels, comme l'affichage, avec<br />
des panneaux digitaux.<br />
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18 <strong>PUB</strong> 06-<strong>2015</strong>