BOOKS IN REVIEWen plus des haïkus déjà parus en anthologieou en recueils, un grand nombre detextes jusqu'alors dispersés dans des revuesspécialisées ou inédits. Enfin,d'avoir donné une édition bilingue,chaque texte étant suivi de sa traductionfrançaise ou anglaise, les deux versionsaccompagnant les textes en japonais, euxmêmesdans l'original idéographique eten translittération. L'éventail des auteursest fort large : 43 anglophones, 11 francophones,et 11 canadiens-japonais. Deuxhistoriques fournissent une introductionopportune à l'évolution du haïku en anglaisen Amérique du Nord et du haïkuen français (France et Québec). Lesnotes bio-bibliographiques sur chacundes auteurs ainsi qu'une bibliographied'ouvrages de base sur le sujet guiderontles lecteurs dont l'intérêt aura été éveillépar cette anthologie.La grande variété du contenu donneun aperçu des formes multiples et concurrentesque prend le haïku contemporain,du modèle japonais traditionnel àson adaptation en 17 syllabes, du versunique aux expériences typographiquesvisuelles.Sous cette diversité formelle demeurentces constantes qui font dugenre ce qu'il est: la condensation extrêmede l'expression et la juxtapositionde perceptions et d'impressions — coïncidencesou conjonctions que saisit unesensibilité attentive à l'unicité de l'instant.La plus grande liberté étant acquise, ilsemble difficile d'établir les paramètresde ce qui se donne néammoins pour ungenre particulier, et les définitions qu'onpeut lire du haïku ne cernent au mieuxqu'une partie du champ de la pratiqueréelle qui en est faite. Dans le cas d'uneanthologie, laquelle produit nécessairementun effet de consécration, il sembleraitutile d'expliciter les critères qui ontpermis de regrouper l'ensemble des textessous une même étiquette. L'absence detels critères n'est pas sans laisser le lecteurà sa perplexité devant certains textesdont seule la brièveté semble les rattacherau genre. C'est ainsi qu'il faut peutêtreimputer au souci de préserver quelqueéquilibre entre les groupes linguistiquesreprésentés la présence de courtspoèmes en français dont les rapportsavec l'esprit et le mode d'écriture duhaïku sont pour le moins ténus, sinoninexistants. Par ailleurs, à vouloir tropinclure, la marge entre l'enthousiasme etla complaisance est aisément franchie etl'on voit mal ce qui a pu valoir à desplatitudes du genre "Cunt smell / in mywaking beard," qui étaient jusqu'alorsinédites, de ne pas l'être restées, à moinsque liberté et laxisme ne soient devenussyonymes. Fort heureusement, la qualitéde la majorité des textes fait oublier detelles faiblesses.Les traductions sont très acceptables,parfois ingénieuses et poétiques. On remarquecependant, dans la version françaisedes haïkus en anglais, outre certainscalques et impropriétés, une tendance unpeu trop prononcée à l'ellipse qui donneà la simple juxtaposition syntaxique uncaractère répétitif et fait perdre auximages intiales leur dynamisme (en particulier,l'effacement des particules anglaisesà valeur cinétique, qui gagneraientsouvent à être traduites par desformes verbales, lesquelles semblent avoirété proscrites). Quant aux traductionsdu japonais, elles donnent parfois lieu àde curieux écarts entre les versions anglaiseet française, ainsi de ce haïku deNishimara: "Sur le sol gelé / hoquets /du boyau du camion d'huile," alors quela version anglaise se lit "The eartharound me / frozen / the oil hose /breathing," cette dernière différant elleaussi de celle qui était donnée danspaper doors : "... breathing in / whilehose pumps / breathe out / the smell <strong>of</strong>oil."Au-delà de ces menues bizarreries,cette anthologie demeure une étape qui183
BOOKS IN REVIEWse devait d'exister et qui mènera certainementà des rencontres plus diverses et plusriches entre haïkistes ainsi qu'avec unpublic qu'elle contribue considérablementà informer et à conquérir.Treize lettres qu'envoie entre l'été1982 et l'été 1984 une jeune Persaneétablie à Montréal à une amie demeuréeau pays natal et dans lesquelles elle faitpart de ses réflexions au gré des expériences,des lectures et de l'actualité, telleest l'armature des Lettres d'une autre deLise Gauvin. Le procédé hérité de "l'illustreprédécesseur" n'y est d'ailleursqu'un prétexte commode au service del'essai et, sous le voile de Roxane, étudiantede maîtrise en lettres québécoises,les traits du pr<strong>of</strong>esseur de littératurequ'est l'auteur se devinent trop aisément.Le pr<strong>of</strong>it que permet d'escompter leprocédé est celui du jeu du regard dédoubléet de la distance à un soi à la foisindividuel et collectif, mais encore ce jeune saurait-il être qu'au prix d'un effort.Or, si le truchement d'un personnageaussi proche de sa condition propre permetà Gauvin de s'octroyer d'entrée dejeu un poids d'authenticité, il lui faitperdre certaines des possibilités de ceteffort de distanciation par rapport à soi.Cette perte n'est nulle part plus visibleque dans le style, lequel a tous les tics dece micro-sociolecte par quoi s'identifient,au sein du discours universitaire et intellectuel,ceux qui se rattachent aux étudesfrançaises et québécoises. Style des séminaires,des congrès, des articles, qui, àl'extérieur de l'enceinte pr<strong>of</strong>essionnele oùil sert de tenue de rigueur, prend partrop l'apparence d'un plastron empesé.Ces pages qui se lisent comme autant decatalogues de lectures, agrémentés pourchaque auteur d'une caractérisation qui atoute la résonnance du creux, n'en sontque l'exemple extrême. Ceci dit, le livren'est pas sans qualités: les observationssur l'attitude des Québécois (es) enverseux-mêmes sont nuancées, évitent l'écueildes généralisations, et débouchent surune sorte de métacritique de cette autocritiquepermanente, ambivalente etmultiforme par quoi se caractérise auxyeux de "l'autre" et mal-être québécois,d'autant plus manifeste qu'il tente de semasquer, en cette période de l'aprèsréférendum.L'exaspération pointe, provoquée,plus encore que par les mythesentretenus sur le Québec et le sort verslequel se dirigent les francophones auCanada, par ce qui est perçu comme unedémission de la part des Québécois, voirecomme une complicité. Exaspérationaussi devant les refuges de la lassitude etdu dénigrement de soi, et devant lesmots d'ordre d'une modernité intellectuellequi se fige. Ce sont d'abord lesclichés et les stéréotypes que véhiculentles Québécois eux-mêmes qui sont dénoncés,les facilités de ce qu'il convientde penser et de dire selon les modes dumoment, et ceci pour entretenir l'immobilismeet la fausse sécurité dans le sentimentd'un progrès acquis qui dispensed'aller plus loin ou plus pr<strong>of</strong>ond. Il enva ainsi de la condition féminine toutautant que du linguistique, du culturelet du politique, bien que ce soit quandmême chez les femmes, celles qui écriventdu moins, que l'étrangère perçoitune énergie, un renouvellement continu,un refus du lieu commun.Néammoins, si cette critique est d'intentionsalutaire ( Qui bene amat . . . ),il est plus douteux qu'elle permetted'échapper à cela même qu'elle dénonce :l'auto-critique au second degré ne conduitpas nécessairement à une libérationet l'on sent parfois la prescience d'uncercle vicieux. Par ailleurs, s'il est toujourshonorable de vouloir pourfendremythes et lieux communs — et surtoutceux qui sévissent en milieu se disant intellectuel— on risque de ne crever quedes baudruches qui s'étaient déjà d'ellesmêmesplus qu'à demi dégonflées. L'humouren cette arène demeure l'arme de184
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