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7 NICOLAS DE PLATTEMONTAGNE<br />
Paris 1631 - 1706<br />
Étu<strong>de</strong> pour un Roi Mage agenouillé<br />
Pierre noire et blanche sur papier beige, filigrane fleur <strong>de</strong> lys dans un écusson surmonté d’une couronne<br />
Inscrit J.P. Rubens 1840 en bas à droite<br />
210 x 407 mm (8 1 /4 x 16 in.)<br />
Nicolas <strong>de</strong> Plattemontagne est le fils du peintre<br />
Matthieu Van Plattenberg et le neveu du graveur<br />
Jean Morin, et c’est naturellement auprès d’eux qu’il<br />
se forma. Il entra ensuite dans l’atelier <strong>de</strong> Philippe<br />
<strong>de</strong> Champaigne, dont il rencontra le neveu Jean-<br />
Baptiste, lui-même fraîchement arrivé <strong>de</strong>s Fl<strong>and</strong>res.<br />
L’amitié entre les <strong>de</strong>ux jeunes artistes est immortalisée<br />
dans un célèbre double portrait peint à quatre mains,<br />
aujourd’hui au musée Boijmans van Beuningen,<br />
montrant les <strong>de</strong>ux hommes ensemble dans un atelier.<br />
Sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Champaigne et au sein <strong>de</strong> l’atmosphère<br />
familiale <strong>de</strong> son atelier, les jeunes artistes participèrent<br />
au cycle <strong>de</strong> La vie <strong>de</strong> saint Benoît dans l’appartement<br />
d’Anne d’Autriche au Val-<strong>de</strong>-Grâce, puis<br />
aux décors <strong>de</strong> l’appartement du Dauphin et à ceux<br />
<strong>de</strong>s Tuileries. Tous <strong>de</strong>ux s’éloignèrent progressive-<br />
Fig. 1 N. <strong>de</strong> Plattemontagne, L’Adoration <strong>de</strong>s Mages, Quimper,<br />
musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts<br />
ment <strong>de</strong> la manière du maître pour absorber, chacun<br />
à sa façon, l’influence <strong>de</strong> Charles Lebrun. Nicolas<br />
<strong>de</strong> Plattemontagne est reçu à l’Académie Royale en<br />
1665 et après la réalisation <strong>de</strong> son May <strong>de</strong> Notre-<br />
Dame, en 1666, La Conversion du geôlier <strong>de</strong> saint<br />
Paul, il reçoit <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> comm<strong>and</strong>es d’établissements<br />
religieux <strong>de</strong> la ville, t<strong>and</strong>is que Jean-Baptiste<br />
<strong>de</strong> Champaigne s’illustre auprès <strong>de</strong>s Bâtiments<br />
du Roi. Leurs <strong>de</strong>ssins, sobres et construits, portent les<br />
marques <strong>de</strong> cette trajectoire commune – <strong>de</strong>s origines<br />
flam<strong>and</strong>es à l’académisme parisien – et leurs mains<br />
ne sont pas toujours facilement distinguables.<br />
Cette étu<strong>de</strong> est exactement préparatoire à la figure<br />
d’un mage agenouillé dans L’Adoration <strong>de</strong>s Mages<br />
du musée <strong>de</strong> Quimper, tableau découvert par Eric<br />
Pagliano dans les réserves du musée. Sans avoir vu<br />
le tableau, Frédérique Lanoé se prononce pour une<br />
datation tardive dans la carrière <strong>de</strong> l’artiste mais<br />
remarque à quel point il rappelle L’Adoration <strong>de</strong>s<br />
Mages <strong>de</strong> Champaigne, conservée à Sceaux, notamment<br />
dans l’usage au premier plan du tableau<br />
<strong>de</strong> cette figure prosternée, les mains jointes <strong>de</strong>vant<br />
l’Enfant 1 . On la retrouve également dans un autre tableau<br />
<strong>de</strong> Plattemontagne, La conversion du geôlier <strong>de</strong><br />
saint Paul (Paris, collection privée), à l’envers et avec<br />
<strong>de</strong>s différences, ce qui montre que Plattemontagne<br />
s’approprie et décline tout au long <strong>de</strong> sa carrière <strong>de</strong>s<br />
motifs sans doute appris dans l’atelier du maître.<br />
Il existe une autre feuille en rapport avec ce tableau,<br />
préparatoire pour la Vierge et l’enfant, appartenant<br />
aujourd’hui à une collection privée 2 . Dans notre <strong>de</strong>ssin,<br />
comme dans tous ses <strong>de</strong>ssins, Plattemontagne<br />
compose <strong>de</strong> beaux drapés dont il rend l’aspect ample<br />
et moelleux par l’usage <strong>de</strong>s rehauts <strong>de</strong> craie blanche<br />
et suggère, sous les larges plis, une anatomie parfaitement<br />
étudiée. On retrouve le calme, l’équilibre et<br />
la verticalité propre à sa facture, une façon un peu<br />
austère et épurée <strong>de</strong> rendre les formes.<br />
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DESSINS & ESQUISSES