Les proto-résistants du Coq Gaulois - Préfecture de Police de Paris ...
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d’écrire, ont donc résisté. Certains l’ont fait très tôt, beaucoup ont<br />
payé cher cet engagement, nous le verrons dans les pages qui suivent.<br />
Plus inatten<strong>du</strong> : certains l’ont fait dans les services les plus<br />
impliqués dans la répression, auxquels est attachée l’image la plus<br />
noire : on trouve d’authentiques <strong>résistants</strong> dans le service <strong>de</strong>s<br />
affaires juives <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la police judiciaire (service <strong>du</strong><br />
commissaire Permilleux), ou dans les fameuses Briga<strong>de</strong>s spéciales<br />
<strong>de</strong>s RG «pires que la Gestapo».<br />
Pourtant cet engagement était paradoxalement plus délicat et<br />
difficile que celui <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s <strong>résistants</strong> d’autres groupes socioprofessionnels<br />
: on sait que <strong>de</strong>s cheminots ont pu éprouver une<br />
vraie répulsion à l’idée <strong>de</strong> saboter leur instrument <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong><br />
détruire leurs machines, leur matériel, d’ai<strong>de</strong>r au déraillement <strong>de</strong><br />
leurs trains, <strong>de</strong> mettre en danger la vie <strong>de</strong> leurs collègues. Pour les<br />
policiers les difficultés sont d’un autre ordre, mais également considérables.<br />
Si les policiers <strong>résistants</strong> ne furent pas plus nombreux<br />
c’est que résister impliquait une rupture, un illégalisme, une transgression,<br />
une désobéissance qui sont à l’opposé <strong>de</strong> la culture policière<br />
faite d’obéissance et <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> la loi. Comment s’étonner<br />
que <strong>de</strong>s hommes recrutés, promus et récompensés pour leur sens<br />
<strong>du</strong> <strong>de</strong>voir et <strong>de</strong> la discipline, formés à obéir sans état d’âme à la Loi,<br />
au pouvoir légal et aux ordres donnés aient éprouvé quelque répugnance<br />
à faire et à vivre tout ce qu’on leur avait appris à réprimer?<br />
Mais leur position stratégique au cœur <strong>de</strong> l’appareil répressif, mettait<br />
les policiers <strong>résistants</strong> à même <strong>de</strong> rendre <strong>de</strong>s services inestimables,<br />
ce qui les rendait précieux, voire indispensables aux<br />
réseaux et mouvements auxquels ils appartenaient qui leur intimèrent<br />
l’ordre <strong>de</strong> rester en place. Pour être efficaces, pour avertir<br />
<strong>de</strong>s personnes menacées ou surveillées, donner l’alarme avant un<br />
coup <strong>de</strong> filet, « casser » <strong>de</strong>s filatures, « couler » <strong>de</strong>s affaires, ils<br />
<strong>de</strong>vaient être insoupçonnables, inspirer confiance à leurs collègues,<br />
à la hiérarchie, aux Allemands… donc donner <strong>de</strong>s gages, jouer un<br />
double jeu subtil et dangereux, se faire passer pour <strong>de</strong>s collaborateurs<br />
zélés, <strong>de</strong>s admirateurs <strong>du</strong> régime hitlérien et <strong>du</strong> nationalsocialisme<br />
et continuer à faire <strong>de</strong>s affaires, <strong>de</strong>s «crânes», participer<br />
à <strong>de</strong>s filatures, <strong>de</strong>s interrogatoires…<br />
«<strong>Les</strong> difficultés dans notre travail sont-elles connues à leur juste<br />
valeur par ceux qui doutent <strong>de</strong> notre action <strong>de</strong> <strong>résistants</strong> et nous<br />
reprochent d’avoir participé à <strong>du</strong> travail contre les patriotes ?<br />
Devions-nous refuser tout travail effectif, donc être inutiles ? […]