Facture-Biganos II. La croissance de la papeterie - Hubert Bonin - Free

échanges et du stockage des pièces détachées, etc. Mais le coût de la machine et des
travaux connexes est estimé à 180 millions de (nouveaux) francs 38 .
Cette énorme machine, la « machine VI », est montée en 1971 ainsi qu’un lessiveur. « Nous
allons installer, à notre usine de Facture, une très grosse machine pour faire du papier de
couverture de caisses. Actuellement, l’usine de Facture et l’usine de Bègles réunies ont une
capacité de production totale de couverture de caisses de l’ordre de 110 000 tonnes par an.
Cette seule machine, dès qu’elle sera installée, aura une capacité de 175 000 tonnes par
an. » 39 Elle devient le symbole de la puissance productive de la Cellulose à Facture-
Biganos 40 ; il faut supposer qu’elle a remplacé la machine III installée en 1934. Cette
machine VI est acquise en Italie, auprès de l’Officina Veronese Emilio Robbi-OVER –
aujourd’hui Overmeccanica –, qui avait été fondée à Vérone en 1961 et qui avait acquis des
technologies de la firme canadienne Dominion Engineering Works of Montreal, une filiale
de General Electric of Canada, en particulier le Papriformer Twin Wire, inventé au
PAPRICAN, le Pulp & Paper Research Institute of Canada, à Montréal. Robbi entend
prospecter un marché européen en forte expansion.
Or le tout premier projet mis en œuvre est précisément celui de la Cellulose du Pin : avec
une largeur de 8,1 m et une vitesse de 900 mètres par minute, c’était alors la machine la
plus large d’Europe 41. Cette enclave industrielle en pleine forêt girondine ne peut en effet
rester compétitive qu’au prix d’un effort constant d’investissement, qui appartient
véritablement à ce qu’on pourrait appeler « les gênes » de cette entreprise, éloignée des
grandes régions industrielles. L’équipement comprend des lessiveurs et diffuseurs Kamyr,
fabriqués en Suède par l’une des grandes spécialistes du « blanchiment continu », des
évaporateurs Kestner, un four à chaux Polysius, des épurateurs Voith et Bird, des
machines à papier Beloit et Over-Meccanica/Dominion (avec plus de sept mètres de laize),
un Twintop Former Escher-Wyss, et des presses Voith 42 . De grandes perspectives de
rentabilisation de cet investissement s’ouvrent à l’usine, car cette machine « ne couvrira
que 60 % de l’augmentation prévue de production de carton ondulé et kraft liner dans la
Communauté économique européenne entre 1967 et 1975 » 43 , ce qui évite toute saturation
du marché.
Une force de frappe efficace
L’installation des deux machines V et VI a nécessité l’extension des bâtiments qui les
abritent. En parallèle, des chaudières puissantes sont mises en place, en 1972 pour une
chaudière mixte mêlant des écorces et du gaz, et en 1974 pour une chaudière de
récupération. De même, après les investissements effectués dans ce domaine en 1949 et
1962, l’on met en place en 1977 et développe des ateliers de préparation des bois, pour
l’écorçage, le broyage et le triage. Des investissements complémentaires comprennent,
dans la première moitié des années 1970, un four à chaux, un vaporateur, un nouveau
lessiveur continu.
Enfin, l’une des machines anciennes – mais nous en ignorons la numérotation –, arrêtée
pendant les travaux de la nouvelle machine VI, est remodelée et rentre en fonction en
38 Soit le même montant en euros, car le franc des années 1966-1971 équivaut peu ou prou à l’euro actuel… –
mais toujours sans tenir compte des parités de pouvoir d’achat.
39 J. Reymond, « Conférence. Le groupe de La Cellulose du pin », op.cit.
40 Cf. Compte rendu, Visite de la Smurfit-Kappa ; collège André Lahay, Andernos-les-Bains, 2008-2009 (sur
internet).
41 Source internet concernant la firme OVER. Cf. le site [perinijournal/com].
42 Dossier Cellulose du Pin de la direction générale de l’Inventaire, Bordeaux.
43 Note « Émission d’obligations Cellulose du pin, mars 1969, archives historiques de la Société générale,
80043.
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