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Sociologie des acteurs de la gentrification des quartiers anciens ...

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éinvestis par une popu<strong>la</strong>tion plus jeune, plus diplômée, et disposant <strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> moyens<br />

matériels que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion progressivement remp<strong>la</strong>cée.<br />

C’est ce phénomène qui est désigné par le terme « <strong>gentrification</strong> » forgé en 1963 par Ruth G<strong>la</strong>ss, et<br />

que C. Bidou-Zachariasen définit en insistant sur ses <strong>de</strong>ux aspects concomitants : il y a « à <strong>la</strong> fois<br />

une transformation <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition sociale <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> certains <strong>quartiers</strong> centraux, à travers<br />

le remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> couches popu<strong>la</strong>ires par <strong><strong>de</strong>s</strong> couches moyennes sa<strong>la</strong>riées, et un processus <strong>de</strong><br />

nature distincte, celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> réhabilitation, <strong>de</strong> l’appropriation et <strong>de</strong> l’investissement par ces couches<br />

sociales d’un stock <strong>de</strong> logements et <strong>de</strong> <strong>quartiers</strong> ouvriers ou popu<strong>la</strong>ires » [1].<br />

L’idée majeure qui gui<strong>de</strong> le travail <strong>de</strong> recherche ici présenté est <strong>de</strong> travailler sur ce type <strong>de</strong><br />

phénomène en évitant <strong>la</strong> perspective monographique. On suit pour ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>ux lignes directrices.<br />

D’une part, il s’agit <strong>de</strong> faire porter <strong>la</strong> connaissance et l’analyse davantage sur les groupes, les<br />

ménages, les individus <strong>acteurs</strong> <strong>de</strong> ces transformations sociales et spatiales, que sur les espaces où<br />

elles se déroulent. C’est aussi pourquoi on ne travaille pas sur l’ensemble <strong>de</strong> ces <strong>acteurs</strong> - on exclut<br />

notamment du noyau <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche les agents immobiliers, promoteurs, services municipaux<br />

d’urbanisme. D’autre part, l’idée est d’exploiter <strong>la</strong> perspective historique dont on dispose<br />

maintenant puisque ce phénomène urbain existe <strong>de</strong>puis quelques décennies et qu’il a déjà été décrit<br />

et étudié en France et dans d’autres pays. Cette perspective historique comprend concrètement <strong>de</strong>ux<br />

axes <strong>de</strong> recherche : d’une part, <strong>la</strong> comparaison historique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>acteurs</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> processus <strong>de</strong><br />

l’embourgeoisement <strong>de</strong> <strong>quartiers</strong> <strong>anciens</strong> centraux entre leurs premières formes dans les années<br />

1970-80 et <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> actuelle ; d’autre part le suivi <strong>de</strong> trajectoires d’<strong>anciens</strong> « gentrifieurs ». Ces<br />

<strong>de</strong>ux axes correspon<strong>de</strong>nt aux <strong>de</strong>ux dimensions <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports entre espace et socialisation : <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

popu<strong>la</strong>tions sont engagées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> processus <strong>de</strong> changement urbain... qui sont en retour<br />

constitutifs du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> ces popu<strong>la</strong>tions.<br />

Centrer <strong>la</strong> recherche sur les ménages <strong>acteurs</strong> <strong>de</strong> l’embourgeoisement et mettre en re<strong>la</strong>tion leurs<br />

rapports à l’espace rési<strong>de</strong>ntiel avec les autres dimensions <strong>de</strong> leur vie sociale, professionnelle,<br />

familiale etc., permet d’abor<strong>de</strong>r d’autres questions re<strong>la</strong>tives non pas aux processus <strong>de</strong> changement<br />

urbain, mais plutôt aux groupes sociaux et à leur inscription dans l’espace (par exemple, les enjeux<br />

liés au positionnement dans <strong>la</strong> ville, le rapport entretenu par certains groupes sociaux particuliers<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces spécifiques, l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> c<strong>la</strong>sses moyennes, <strong>de</strong> leurs mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> vie et systèmes <strong>de</strong><br />

valeurs...), questions qui sont traitées ailleurs à propos d’autres espaces et/ou d’autres popu<strong>la</strong>tions.<br />

Ce<strong>la</strong> nous différencie en revanche <strong><strong>de</strong>s</strong> autres travaux courants sur <strong>la</strong> <strong>gentrification</strong> : monographies,<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> socio-économiques centrées sur le marché immobilier, ou approches distributionnelles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes sociaux dans l’espace.<br />

De nombreux travaux sociologiques et géographiques s’intéressent en effet à ce processus sous <strong>la</strong><br />

forme d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> monographiques sur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>quartiers</strong> particuliers [2]. Ces travaux visent souvent à<br />

décrire avec finesse et exhaustivité les différents aspects d’un embourgeoisement en cours : son<br />

contexte urbain et historique, ses <strong>acteurs</strong>, les modalités <strong>de</strong> son déroulement, ses conséquences pour<br />

le quartier (le marché immobilier local, <strong>la</strong> trame commerciale, l’aspect physique du bâti, etc.) et<br />

pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion dans son ensemble (éventuels conflits <strong>de</strong> voisinage, etc.)... Mises côte à côte, ces<br />

monographies donnent à voir <strong><strong>de</strong>s</strong> processus toujours particuliers, dont les points communs<br />

permettent <strong>de</strong> dresser un modèle général <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cement d’une catégorie d’habitants par une<br />

autre : le stage mo<strong>de</strong>l, qui décrit <strong>la</strong> <strong>gentrification</strong> comme un processus articulé en différentes<br />

étapes, chaque étape signa<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> propagation du phénomène à <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces plus <strong>la</strong>rges et à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

popu<strong>la</strong>tions plus nombreuses et moins spécifiques. Ce faisant, il est à même d’intégrer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

situations <strong>de</strong> plus en plus diverses, notamment en ce qui concerne les popu<strong>la</strong>tions engagées. Il<br />

apparaît alors utile <strong>de</strong> souligner ces différences entre les <strong>acteurs</strong> et <strong>de</strong> les expliquer, plutôt que <strong>de</strong><br />

chercher à les intégrer à un modèle global. Pour ce<strong>la</strong>, l’étu<strong>de</strong> doit avoir pour objet central les<br />

popu<strong>la</strong>tions en jeu plutôt que l’espace où elles agissent. Plus fondamentalement, l’idée est d’étudier<br />

<strong>la</strong> <strong>gentrification</strong> pas seulement pour elle-même, mais surtout pour en tirer <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances sur le<br />

rapport <strong><strong>de</strong>s</strong> individus et <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes à l’espace dans lequel ils s’inscrivent.<br />

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