02.03.2013 Views

Sociologie des acteurs de la gentrification des quartiers anciens ...

Sociologie des acteurs de la gentrification des quartiers anciens ...

Sociologie des acteurs de la gentrification des quartiers anciens ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> hypothèses, <strong><strong>de</strong>s</strong> pistes <strong>de</strong> recherche suggérées par ces connaissances et qui gui<strong>de</strong>nt le<br />

travail d’enquête. On livre aussi quelques éléments déjà rencontrés sur le terrain, mais sur lesquels<br />

on manque encore <strong>de</strong> recul pour savoir quel statut leur accor<strong>de</strong>r et comment les organiser<br />

L’enquête concerne <strong>de</strong>ux <strong>quartiers</strong> actuellement en embourgeoisement : le Bas-Montreuil, dans <strong>la</strong><br />

banlieue Est <strong>de</strong> Paris, et <strong>la</strong> Croix-Rousse (p<strong>la</strong>teau et pentes), qui connaissent <strong><strong>de</strong>s</strong> renouvellements<br />

successifs <strong>de</strong> peuplement, et qui seront ainsi comparés aux pentes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rousse <strong><strong>de</strong>s</strong> années<br />

1970. On procè<strong>de</strong> à une campagne d’entretiens semi-directifs auprès d’<strong>acteurs</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>gentrification</strong>,<br />

ainsi qu’à un travail d’observation. Les hypothèses et observations que l’on présente ici, et qui<br />

portent aussi bien sur les caractéristiques <strong>de</strong> cette popu<strong>la</strong>tion que sur ses motivations et sur les<br />

modalités <strong>de</strong> son inscription territoriale, gui<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens.<br />

Qui sont les <strong>acteurs</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>gentrification</strong> actuelle ?<br />

L’enquête par entretiens permettra à terme <strong>de</strong> décrire finement cette popu<strong>la</strong>tion, ses caractéristiques<br />

sociologiques (âge, niveau d’instruction, PCS, niveau <strong>de</strong> revenus) ainsi que ses représentations et<br />

ses valeurs, ses ressources et ses stratégies d’i<strong>de</strong>ntité sociale, et <strong>de</strong> percevoir comment ces<br />

différents aspects expliquent les choix rési<strong>de</strong>ntiels et les rapports à l’espace rési<strong>de</strong>ntiel - et dans<br />

quelle mesure ces explications ressemblent à celles avancées dans les années 80.<br />

Sur quels points les « nouveaux » habitants du Bas-Montreuil et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-Rousse sont-ils<br />

comparables ou différents <strong>de</strong> ceux qui transformèrent Daguerre ou déjà <strong>la</strong> Croix-Rousse dans les<br />

années 70 ? Et ces différences sont-elles dues aux évolutions structurelles, ou indiquent-elles que<br />

les processus eux-mêmes et leurs <strong>acteurs</strong> sont différents ?<br />

Les ménages qui semblent à première vue concernés, et qui sont souvent qualifiés <strong>de</strong> « bourgeoisbohème<br />

» [18], se distinguent <strong><strong>de</strong>s</strong> popu<strong>la</strong>tions enquêtées par l’OCS sur quelques points, notamment<br />

le niveau d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, l’insertion professionnelle et le niveau <strong>de</strong> revenus. Pourtant, malgré <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

positions sociales et professionnelles différentes, leurs rapports au travail, à <strong>la</strong> hiérarchie sociale, au<br />

temps et à l’espace paraissent familiers, ainsi que <strong>la</strong> tendance à vouloir se constituer en modèle<br />

culturel par opposition aux systèmes <strong>de</strong> pratiques et <strong>de</strong> représentations <strong><strong>de</strong>s</strong> autres groupes sociaux.<br />

Les premiers constats effectués sur le terrain invitent toutefois à porter une gran<strong>de</strong> attention à <strong>la</strong><br />

diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> ménages et <strong><strong>de</strong>s</strong> catégories sociales impliquées dans <strong>la</strong> <strong>gentrification</strong> du Bas-Montreuil.<br />

Une <strong><strong>de</strong>s</strong> conclusions du travail <strong>de</strong> thèse <strong>de</strong> J.-Y. Authier [19] est que <strong>la</strong> <strong>gentrification</strong> est un<br />

processus continu, qu’il ne s’agit pas simplement du remp<strong>la</strong>cement d’une popu<strong>la</strong>tion par une autre<br />

qu’on pourrait décrire <strong>de</strong> façon unique, mais <strong>de</strong> renouvellements successifs ; dès lors, on ne pourra<br />

pas trouver <strong>de</strong> « modèle unique » <strong>de</strong> gentrifieur, sous peine <strong>de</strong> déformer <strong>la</strong> réalité, mais un<br />

« dégradé » <strong>de</strong> profils <strong><strong>de</strong>s</strong> années 70 à nos jours, l’important étant d’en souligner les points<br />

communs et les différences.<br />

C’est bien ce que l’on constate rapi<strong>de</strong>ment dans le Bas-Montreuil, où on trouve plusieurs « profils »<br />

<strong>de</strong> gentrifieurs qui ne correspondant pas fermement à <strong><strong>de</strong>s</strong> dates d’instal<strong>la</strong>tion dans le quartier (les<br />

seules variables qui paraissent jusqu’à présent fortement corrélées à <strong>la</strong> date d’instal<strong>la</strong>tion sont celles<br />

liées directement au marché immobilier : prix <strong>de</strong> vente ou <strong>de</strong> location pour <strong><strong>de</strong>s</strong> biens comparables,<br />

et types <strong>de</strong> biens disponibles sur le marché). On trouve en effet <strong><strong>de</strong>s</strong> « artistes » : <strong><strong>de</strong>s</strong> intermittents<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> arts vivants, peintres ou sculpteurs, ayant besoin d’espace peu onéreux pour travailler et<br />

présenter leurs travaux, sont venus dès les années 80, certains sont restés, d’autres sont partis<br />

ailleurs (parfois plus haut dans Montreuil) ; <strong><strong>de</strong>s</strong> intermittents <strong>de</strong> l’audiovisuel, techniciens,<br />

producteurs, scénaristes ou réalisateurs, arrivés <strong>de</strong> façon continue <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80 (les<br />

techniciens <strong>de</strong> l’audiovisuel ayant en général <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus plus réguliers que les artistes du spectacle<br />

vivant). On trouve également <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignants du secondaire ou du supérieur, ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chercheurs ; ils semblent plus souvent militants d’organisations politiques, syndicales ou<br />

associatives locales ou nationales ; ils sont arrivés dès les années 80 et jusqu’à très récemment (ils<br />

se sont parfois même installés ailleurs à Montreuil dans les années 80, mais ont récemment<br />

8

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!