Chypre - Musée du Louvre
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Le dernier siècle <strong>du</strong> royaume des Lusignan<br />
Dès le milieu <strong>du</strong> XIV e siècle, l’aide des Génois et des Vénitiens est devenue indispensable à la survie <strong>du</strong><br />
royaume face aux Mamelouks d’Égypte. Elle va de pair avec la mainmise progressive de Venise sur<br />
l’économie de l’île, qui parvient à évincer ses concurrents, et les Cornaro, accumulant les fiefs, finissent par<br />
obtenir, en 1467, le mariage <strong>du</strong> roi Jacques II avec la jeune Catherine Cornaro, union qui prépare la prise de<br />
pouvoir directe de Venise.<br />
Durant le règne des Lusignan, les Grecs semblent a priori peu sensibles à l’art gothique importé par les Latins.<br />
L’héritage byzantin orthodoxe subsiste très profondément et s’observe, en particulier, sur les icônes, comme la<br />
Crucifixion de Korfi ou les nombreuses copies de la Vierge Kykkotissa, une icône miraculeuse préservée au<br />
monastère de Kykkos, ordinairement soustraite au regard sous ses ornements.<br />
Pourtant, l’icône funéraire de la Panagia Chrysaliniotissa de Nicosie, datée de 1356, avec son format en<br />
hauteur très inhabituel, s’inspire sans doute des dalles funéraires franques, et le sang qui coule en abondance<br />
des plaies <strong>du</strong> Christ ou le traitement naturaliste <strong>du</strong> bois de la croix de l’icône de Korfi trahissent un apport<br />
occidental sans réel précédent dans la tradition byzantine.<br />
De même, si la céramique profane connaît un essor spectaculaire dans les ateliers chypriotes <strong>du</strong> XIII e au XV e<br />
siècle et s’adresse à une très large clientèle, s’y mélangent volontiers traditions et techniques héritées de<br />
Byzance et décors courtois ou héraldiques occidentaux.<br />
<strong>Chypre</strong> vénitienne (1489-1570)<br />
La mort de Jacques II, en 1473, puis celle de leur fils, en 1474, laisse la couronne de <strong>Chypre</strong> à Catherine<br />
Cornaro qui est contrainte d’abdiquer au profit de Venise en 1489. Après la prise de Rhodes en 1522 par les<br />
Ottomans en 1517, l’île devient le dernier bastion chrétien en Méditerranée orientale, un enjeu dans la lutte<br />
implacable entre les deux puissances maritimes rivales.<br />
Les Vénitiens se contentent surtout de constructions militaires, principalement à Famagouste et à Nicosie, où<br />
sont expérimentés les principes défensifs les plus modernes. L’île s’ouvre néanmoins à l’art de la Renaissance,<br />
y compris parfois pour les élites grecques. La peinture d’icônes, cependant, hésite entre innovations italiennes<br />
et traditions orthodoxes, au besoin ravivées par la peinture crétoise, comme le montre la Vierge Hodighitria de<br />
l’église Saint-Cassien, de 1529, avec ses donateurs et son église à campanile. En revanche, L’Entrée à<br />
Jérusalem provenant de la Panaghia Chrysaliniotissa, datée de 1546, demeure fidèle à l’héritage byzantin,<br />
comme le Saint Mamas (ou Mammès) <strong>du</strong> <strong>Musée</strong> byzantin de Paphos où les couleurs flamboyantes, toutefois,<br />
trahissent sans doute un apport des différentes communautés chrétiennes d’Orient qui cohabitent sur l’île.<br />
En 1570, l’île tombe aux mains des Turcs et Famagouste, la dernière place, cède en août de l’année suivante.<br />
Malgré la victoire de Lépante, en octobre, Venise doit abandonner <strong>Chypre</strong>. Au même moment, sont enfouis à<br />
Nicosie les hanaps d’argent <strong>du</strong> trésor de Nicosie, aujourd’hui partagés entre le musée Leventis et le British<br />
Museum, ultimes témoins de la splendeur des siècles révolus.