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ValdeMarne n°281 / Juillet-Août 2011 - Conseil général du Val-de ...

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BOUGER EN VAL-DE-MARNE<br />

36<br />

© M. Aumercier<br />

LÉGENDES<br />

Art<br />

Falbala, le rêve <strong>de</strong> Dubuffet<br />

Il voulait une peinture qui fut une fête <strong>de</strong> l’esprit. Artiste phare <strong>du</strong> XX e siècle,<br />

Jean Dubuffet a créé l’utopie <strong>de</strong> L’Hourloupe en <strong>Val</strong>-<strong>de</strong>-Marne. À Périgny-sur-Yerres,<br />

sa Closerie Falbala, classée monument historique, est ouverte au public.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1- Les ateliers <strong>de</strong> l’artiste à Périgny abritent les collections<br />

<strong>de</strong> peintures, maquettes et le célèbre Coucou bazar.<br />

2- La Closerie Falbala, classée monument historique,<br />

est le plus grand <strong>de</strong>s sites habitables réalisés par<br />

Dubuffet dans le mon<strong>de</strong>.<br />

3-4 Aux couleurs <strong>de</strong> L’Hourloupe, la farandole<br />

<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> Champigny : une autre façon d’approcher<br />

l’œuvre <strong>de</strong> Dubuffet, par la danse et en famille.<br />

5- L’antichambre <strong>du</strong> Cabinet logologique,<br />

raison secrète <strong>de</strong> L’Hourloupe et Chambre d’exercice<br />

philosophique <strong>de</strong> Jean Dubuffet.<br />

5<br />

4<br />

« L’art doit surgir là où on ne l’attend pas. »<br />

Cette phrase <strong>de</strong> Jean Dubuffet inscrite<br />

sur <strong>de</strong>s palissa<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chantier à Vitry, a<br />

suivi la construction <strong>du</strong> MAC/VAL jusqu’à<br />

son ouverture en 2005. On ne sait pas ce<br />

que l’artiste, qui aurait eu 110 ans cette<br />

année, en aurait pensé. Réfractaire à<br />

l’institution, à l’élitisme et l’académisme<br />

<strong>de</strong> son époque, il n’aimait pas les<br />

musées. Mais l’arrivée <strong>de</strong> l’art dans un<br />

paysage <strong>de</strong> banlieue aurait sans doute<br />

beaucoup excité sa curiosité. L’installation<br />

<strong>de</strong> sa Chaufferie avec cheminée, posée<br />

comme un impertinent point d’exclamation<br />

face au MAC/VAL, répond en<br />

tout cas à ses souhaits. « En ville, à quelque<br />

carrefour », c’est là qu’il voulait voir ses<br />

sculptures réveiller le paysage et provoquer<br />

les regards. La Chaufferie appartient<br />

au cycle <strong>de</strong> L’Hourloupe, inauguré<br />

dans les années soixante. C’est la plus<br />

haute <strong>de</strong>s œuvres réalisées par l’artiste<br />

dans le mon<strong>de</strong>, avec la Tour aux figures à<br />

Issy-les-Moulineaux. La plus vaste (1 600 m 2 )<br />

se trouve à quelques kilomètres <strong>de</strong> là, à<br />

Périgny-sur-Yerres, où Dubuffet avait ses<br />

ateliers. Il s’y était installé à la fin <strong>de</strong>s<br />

© M. Aumercier<br />

années soixante, trouvant là l’espace<br />

nécessaire pour travailler ses grands<br />

formats.<br />

Dans ce petit coin <strong>de</strong> campagne val-<strong>de</strong>marnaise,<br />

à l’abri <strong>du</strong> parisianisme, il<br />

construisit une sorte <strong>de</strong> folie à usage<br />

personnel, la Closerie Falbala. Commencée<br />

en août 1970, la construction fut<br />

mouvementée, déboussolant les entreprises<br />

sollicitées, et <strong>du</strong>ra trois ans.<br />

Dubuffet la décrit comme un prototype,<br />

générateur <strong>de</strong> nombreuses expériences,<br />

déboires compris, « assez gaillar<strong>de</strong> cependant<br />

pour <strong>du</strong>rer quelque temps ». La suite<br />

lui donna raison. Le site, géré par la fondation<br />

Dubuffet dirigée par Sophie<br />

Webel, fut classé monument historique<br />

en 1998, et réouvert au public après restauration<br />

pour l’exposition <strong>du</strong> centenaire<br />

<strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> Dubuffet au centre<br />

Pompidou. À cette occasion, les liens<br />

avec le département se sont renforcés :<br />

soutien <strong>du</strong> <strong>Conseil</strong> <strong>général</strong> au lieu et<br />

dépôt d’œuvres au MAC/VAL.<br />

La Closerie Falbala fait <strong>du</strong> <strong>Val</strong>-<strong>de</strong>-Marne le<br />

berceau même <strong>de</strong> L’Hourloupe. On vient la<br />

visiter<strong>du</strong>mon<strong>de</strong>entier.C’est «un<strong>de</strong>ssommets<br />

© M. Aumercier<br />

<strong>de</strong> l’œuvre » note le critique d’art Daniel<br />

Abadie dans le beau catalogue Dubuffet<br />

architecte, qui accompagne l’exposition<br />

itinérante, actuellement en Norvège, Finlan<strong>de</strong><br />

et Belgique. L’Hourloupe intrigue :<br />

mélange <strong>de</strong> hors-là, <strong>de</strong> loup et d’entourloupe,<br />

le mot allège déjà <strong>du</strong> poids <strong>de</strong> la<br />

réalité. C’est en griffonnant <strong>de</strong>s figures<br />

lors <strong>de</strong> conversations téléphoniques,<br />

que Dubuffet l’inventa. Reconnaissable<br />

entre tous, le langage <strong>de</strong> L’Hourloupe, ce<br />

sont ces formes cellulaires, aux couleurs<br />

simples (trait noir sur fond blanc, parfois<br />

strié <strong>de</strong> rouge et <strong>de</strong> bleu). D’abord à<br />

plat, <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> papier à l’immense<br />

toile rectangulaire, cette écriture se<br />

déploiera ensuite en bas-reliefs par la<br />

vertu <strong>du</strong> polystyrène expansé et <strong>de</strong> la<br />

résine époxy, avant <strong>de</strong> proliférer dans<br />

l’espace en d’étonnantes sculpturesarchitectures,<br />

salons d’hiver, salons d’été,<br />

chambres sous bocage, tours bâties pour<br />

© M. Aumercier<br />

l’imaginaire. On retrouve à Périgny les<br />

trois temps <strong>de</strong> ce travail. Dans les ateliers,<br />

sont exposés les peintures, les personnages<br />

<strong>du</strong> surprenant ballet Coucou Bazar<br />

et les maquettes <strong>de</strong>s œuvres réalisées un<br />

peu partout dans le mon<strong>de</strong> comme<br />

Le Boqueteau <strong>de</strong> Flaine ou Le Groupe <strong>de</strong>s<br />

quatre arbres <strong>de</strong> New York. Au détour <strong>du</strong><br />

parc, on découvre Le Monument aux<br />

fantômes <strong>de</strong> Houston, une arche splendi<strong>de</strong><br />

dans sa fragilité, ou encore un surprenant<br />

personnage Calamuchon. Mais<br />

le plus saisissant, reste encore la découverte<br />

<strong>de</strong> cette Closerie. Paysage <strong>de</strong> pure<br />

élaboration mentale, isolée <strong>du</strong> mon<strong>de</strong><br />

par une enceinte dansante <strong>de</strong> murs,<br />

elle abrite sous ses volants noirs et<br />

blancs, le célèbre « Cabinet logologique »,<br />

chambre philosophique <strong>de</strong> l’artiste<br />

et haut lieu <strong>du</strong> secret <strong>de</strong> L’Hourloupe.<br />

À découvrir.<br />

Pour en savoir plus<br />

Francine Déverines<br />

Closerie Falbala, fondation Dubuffet<br />

à Périgny-sur-Yerres.<br />

Visite sur ren<strong>de</strong>z-vous toute l’année<br />

sauf les lundi, mercredi et jours fériés.<br />

Renseignements et réservations :<br />

01 47 34 12 63, et le week-end :<br />

01 45 98 88 16.<br />

Le site : www<strong>du</strong>buffetfondation.com<br />

© M. Aumercier<br />

L’art / Pour et avec les enfants<br />

Une entrée en dansant<br />

Un samedi <strong>de</strong> mai, sous un soleil splendi<strong>de</strong>.<br />

Ils sont venus, avec leurs enseignants, faire<br />

découvrir à leurs parents l’univers <strong>de</strong> ce drôle<br />

d’artiste qui construit <strong>de</strong>s sculptures qu’on ne<br />

voit nulle part ailleurs mais où l’on peut se<br />

promener comme dans la vraie vie. Il y a <strong>de</strong>s<br />

lignes, <strong>de</strong>s vagues, <strong>de</strong>s creux, <strong>de</strong>s bosses,<br />

on perd un peu ses repères, cela donne envie<br />

<strong>de</strong> danser. C’est justement ce que leur a proposé<br />

la compagnie <strong>du</strong> Sillage cette année. Le projet<br />

imaginé par Ma<strong>de</strong>line Robin avec <strong>de</strong>ux<br />

enseignantes d’une zone d’é<strong>du</strong>cation prioritaire<br />

à Champigny, Florence Marchal <strong>de</strong> l’école<br />

maternelle Salomon 2, et Alexia Mornagui <strong>du</strong><br />

collège Elsa-Triolet, a permis à ces élèves <strong>de</strong><br />

quartier populaire d’approcher <strong>de</strong> manière<br />

ludique, par le mouvement, l’œuvre d’un<br />

<strong>de</strong>s plus grands artistes <strong>du</strong> XX e siècle.<br />

Le chorégraphe orlysien Jacques Fargearel s’est<br />

saisi <strong>de</strong> ce rapprochement inédit d’un collège et<br />

d’une maternelle pour explorer le rapport<br />

« grand frère / petit frère », et poursuivre son<br />

travail sur le bal en invitant les parents à rejoindre<br />

les enfants pour une danse finale. Une expo<br />

« à la manière <strong>de</strong> Dubuffet » et un livret-gui<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la closerie Falbala, réalisés par les élèves,<br />

sont venus compléter le tableau. Un projet tout<br />

à fait étonnant, à la rencontre <strong>de</strong> plusieurs<br />

cultures, et auquel le <strong>Conseil</strong> <strong>général</strong> a tenu<br />

à apporter son ai<strong>de</strong>.<br />

Le magazine <strong>du</strong> <strong>Conseil</strong> <strong>général</strong> / Numéro 281 / <strong>Juillet</strong>/<strong>Août</strong> <strong>2011</strong> 37

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