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20<br />
© Isaleal<br />
E n<br />
Ohrid<br />
Les Balkans<br />
turc, le mot balkan signifie “montagnes” et, de fait, les<br />
régions orientales de l’Europe peuvent se décrire comme<br />
un ensemble compartimenté de vallées et de plaines plus ou<br />
moins vastes et de massifs montagneux parfois assez élevés tels<br />
que le Rhodope ou les Carpates ou, plus bas, mais diffi<strong>ci</strong>lement<br />
pénétrable, comme la chaîne dinarique. Seul le Danube, coulant<br />
dans la vaste plaine pannonienne ou forçant impétueusement<br />
son passage à travers le défilé des “portes de Fer”, joue le<br />
rôle naturel de grande voie de communication. Les climats de<br />
<strong>ce</strong>s régions sont aussi contrastés que leurs reliefs, des rigueurs<br />
continentales de la Roumanie ou de la Bulgarie à la dou<strong>ce</strong>ur<br />
méditerranéenne des zones côtières, <strong>ce</strong>pendant marquées<br />
par une aridité estivale parfois impitoyable. <strong>En</strong>fin, bordée par<br />
l’Italie à l’ouest, la Grè<strong>ce</strong> et la Turquie à l’est et ouverte sur le<br />
monde des steppes par la plaine ukrainienne au nord, la région<br />
balkanique se trouva au carrefour de toutes les influen<strong>ce</strong>s qui<br />
marquèrent l’Europe.<br />
C ette<br />
fragmentation géographique et <strong>ce</strong>tte diversité se<br />
reflètent dans l’extrême complexité de son histoire qui<br />
vit tant de peuples s’y aventurer, s’y implanter, s’y combattre<br />
pour aboutir finalement à une véritable mosaïque ethnique,<br />
linguistique, culturelle et politique qui se retrouve dans le terme<br />
adopté au XIXe siècle de “balkanisation” pour désigner la<br />
fragmentation politique d’une région : c’est <strong>ce</strong>tte irréductible<br />
diversité qui, paradoxalement, fait l’identité des Balkans. A<br />
plusieurs reprises au cours de l’histoire, entre les périodes<br />
de migrations amenant toujours de nouveaux peuples, les<br />
Balkans connurent l’unité politique, mais, chaque fois, <strong>ce</strong> fut<br />
sous la férule d’une autorité étrangère. Si la domination de<br />
l’Empire romain, qui unifia les provin<strong>ce</strong>s d’Illyrie, la Pannonie<br />
et la Da<strong>ci</strong>e, fut la première de <strong>ce</strong>s périodes, elle trouva son<br />
<strong>En</strong> république de Macédoine, sur les rives du lac qui marque la<br />
frontière avec l’Albanie, la ville d’Ohrid, fondée au VII e siècle sur<br />
l’empla<strong>ce</strong>ment de l’antique Lychnidos, fut érigée au XI e siècle en<br />
évêché autocéphale et entretint dès lors des rapports privilégiés<br />
avec Constantinople. Outre l’attrait de ses ruelles toutes méditerranéennes,<br />
elle abrite le plus an<strong>ci</strong>en monastère slave, consacré à saint<br />
Pantaléon. Ohrid recèle également des chefs-d’œuvre du plus pur art<br />
byzantin. Les fresques du narthex de la cathédrale Sainte-Sophie,<br />
réalisées au XI e siècle par des artistes de Constantinople ou de<br />
Thessalonique, en sont la parfaite illustration, mais c’est avant tout<br />
la galerie des Icônes, fa<strong>ce</strong> à L’église Saint-Clément-Sainte-Vierge-<br />
Perivleptos, qui fait la gloire d’Ohrid, avec ses 800 icônes qui peuvent<br />
rivaliser avec <strong>ce</strong>lles de la galerie Tretiakov à Moscou.<br />
prolongement dans l’autorité byzantine puis, plus tard, dans<br />
la sujétion aux Ottomans avant que l’affaiblissement du “Vieil<br />
homme malade de l’Europe” ne laissât pla<strong>ce</strong> à la mainmise<br />
tout aussi autoritaire de l’empire des Habsbourg, le “Rocher<br />
de l’ordre européen” au début du XIX e siècle. Cette sujétion fut<br />
un frein considérable au développement des Balkans, tant sur<br />
le plan économique que politique, marqué par la persistan<strong>ce</strong><br />
de structures féodales archaïques jusqu’au début du XX e siècle.<br />
Après les ravages des deux guerres mondiales, les velléités<br />
de reconstitution d’identités nationales furent encore une fois<br />
étouffées dans l’œuf par les régimes totalitaires mis en pla<strong>ce</strong><br />
par la Russie stalinienne et <strong>ce</strong> n’est que très ré<strong>ce</strong>mment, après<br />
encore bien des convulsions, que les Etats balkaniques reprirent<br />
le chemin vers une cohabitation, si <strong>ce</strong> n’est harmonieuse, tout<br />
au moins pa<strong>ci</strong>fique.<br />
C es<br />
© R.Hogeslag<br />
© D.Fabijanic<br />
flux et reflux politiques s’accompagnèrent aussi d’un<br />
brassage culturel intense. Les influen<strong>ce</strong>s oc<strong>ci</strong>dentales, présentes<br />
depuis l’époque romaine mais réactivées par le passage<br />
des croisades, la présen<strong>ce</strong> vénitienne sur les côtes dalmates,<br />
puis l’empreinte autrichienne des Habsbourg se sont inextricablement<br />
fondues avec <strong>ce</strong>lles de Byzan<strong>ce</strong>, essentiellement par le<br />
vecteur de l’église orthodoxe, puis avec <strong>ce</strong>lles, purement orientales<br />
qui accompagnèrent la conquête ottomane. Le résultat de<br />
<strong>ce</strong>tte fécondation, à laquelle il faut encore ajouter les traditions<br />
spé<strong>ci</strong>fiques de chacun des peuples qui constituent la mosaïque<br />
ethnique des Balkans, est une impressionnante richesse culturelle<br />
et artistique que l’on retrouve dans le cœur médiéval des vieilles<br />
<strong>ci</strong>tés, dans les vieilles <strong>ci</strong>tadelles qui émaillent les montagnes,<br />
dans les petites églises aussi bien que dans les cathédrales ou<br />
les puissants monastères, mais aussi dans les mosquées ou les<br />
palais prin<strong>ci</strong>ers de la fin du XIXe siècle.<br />
Consultez le descriptif complet du programme et des prestations de<br />
©CharlesFred