MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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780 Année.-8«Série.-TomeXL.VII. N» 21 4 Février 1911.<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong><br />
<strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
JOURNAL HEBDOMADAIRE<br />
<strong>DE</strong>S INSTITUTEURS E T <strong>DE</strong>S INSTITUTRICES<br />
On s'abonne à Paris, chez MM. Hachette et C'®,<br />
libraires-édUetirs, boulevard Saint-Germain, 79; dans<br />
les départements, chez tous les libraires ou daii.s io^is îes<br />
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FRANCE<br />
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Prix du numéro : 10 cent.<br />
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"Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.<br />
• . — SOMMAIRE =================<br />
LEGISLATION<br />
& ADMINISTRATION<br />
Une affaire de manuels scolaires dans l'Ain (p. 241).<br />
Réponse à quelques objections sur la question des<br />
stagiaires (p. 243). 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0<br />
A. CHARNAL.<br />
ANDRÉ BALZ.<br />
'LE MOUVEMENT<br />
CORPORATIF<br />
L'affaire de Leyme (p. 244).<br />
LE LECTEUR.<br />
ÉDUCATION<br />
& ENSEIGNEMENT<br />
La classe en action ,(p- 244),<br />
A. ROCHER,<br />
VARIETES<br />
Revue littéraire (p. 245).<br />
( Pour P nos filles (p. 248). o o<br />
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o LÉO.<br />
CLAU<strong>DE</strong> VARÈZE.<br />
OPINIONS <strong>DE</strong> NOS<br />
LECTEURS<br />
Quelques réflexions sur l'examen du brevet élémentaire. R. LÉVY.<br />
Sur « la poésie de l'histoire » (p. 249). o MAURICE <strong>DE</strong>SCLOUX.<br />
Pour les bibliothèques scoiair'cs (p. 250). o 0 0 o PAULMAUREL.<br />
Communications diverses. Revue de la Presse. Correspondance. Actes officiels. Annonces.<br />
— ' — LÉGISLATION ET ADMINISTRATION -<br />
Une affaire de manuels scolaires<br />
dans l'Ain.<br />
Le tribunal civil de Nantua vient de rendre,<br />
le 21 janvier 1911, un jugement appelé à un certain<br />
retentissement.<br />
Pour que le lecteur en comprenne bien la<br />
portée, il me paraît nécessaire de résumer rapidément<br />
la genèse de cette action judiciaire que<br />
trois pères de famille ont intentée à M. Jeantet,<br />
instituteur à Apremont (Ain).<br />
Ce n'est pas la première fois que ce petit village,<br />
haut perché sur le Jura, appelle Fattention<br />
du public. Il a déjà eu les honneurs de la<br />
Chambre des députés lors des inoubliables<br />
séances consacrées à Ja discussion des interpellations<br />
sur la neutralité scolaire. C'était au<br />
sujet du livre de morale de M. et Mme Dès.<br />
M. Jeantet l'avait introduit depuis quelque<br />
temps dans sa classe, sans que personne protestât.<br />
Un beau jour, grand émoi dans le village<br />
: M. le curé venait de s'apercevoir que ce<br />
manuel violait la neutralité scolaire.<br />
Deux réclamations — la première, rédigée<br />
par le curé ef signée de confiance par un certain<br />
nombre de pères de famille, la deuxième<br />
émanant de l'évêque de Belley — furent adressées<br />
à l'administration académique, qui, n'a'yant<br />
aucune qualité pour prescrire l'abandon d'un<br />
ouvrage inscrit depuis 1901 sur la liste départementale,<br />
renvoya les plaignants devant le mi-<br />
Partie générale.<br />
6 fr.<br />
8 fr.<br />
nistre de l'Instruction publique. Satisfaction leur<br />
lut donnée, et le 20 janvier 1910, après avis de<br />
la section permanente, M. Doumergue prononça<br />
l'interdiction de la 6= édition du manuel incriminé,<br />
qui fut aussitôt retiré des mains des élèves.<br />
Mis en appétit par ce succès, les adversaires<br />
de l'instituteur, stylés du reste par un nouveau<br />
curé fort actif, s'attaquèrent à trois autres ouvrages<br />
en usage à l'école mixte d'Apremont : la<br />
Morale de Primaire, qui avait remplacé celle<br />
de Dès, YHistoire de France de Devinât et la<br />
Grammaire de Decolly. Les deux premiers venaient<br />
d'être interdits par la lettre collective<br />
des évèques; quant au troisième, il l'avait été<br />
par le desservant.<br />
La procédiire d'interdiction était bien connue<br />
à Apremont. Allait-on y recourir à nouveau?<br />
Nullenjent. On s'adressa directement à l'instituteur<br />
et on exigea le retrait des trois volumes.<br />
M. Jeantet, aussi lerme que tolérant, se refusa<br />
à cette concession. Alors on essaya de la « grève<br />
scolaire » qui — fait curieux et bien symptomatique<br />
— s'étendit même à une dizaine d'enfants<br />
de la classe enfantine dirigée par Mme Jeantet,<br />
oii, naturellement, le seul livre en usage est<br />
un abécédaire.<br />
L'instituteur, fort de son droit, conscient de<br />
n'avoir jamais failli à sa mission, et peiné de<br />
voir qu'on avait trompé les pères de famille, les<br />
réunit en deux fois, les 6 et 11 mars, afin d'examiner<br />
avec eux les volumes suspectés. Le curé<br />
assistait à la première de ces conférences ; il y<br />
prit une part active. Mais il ne dut pas, auxyeux<br />
N" 21.
242 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
du public, y avoir le beau rôle, car dès le lendemain,<br />
la moitié des élèves grévistes rentrèrent<br />
à l'école. Seuls, trois enfants de la classe primaire<br />
et dix de la classe enfantine persistèrent<br />
dans leur abstention. La situation lesta telle<br />
pendant plusieurs mois.<br />
Les meneurs de toute cette affaire, se défiant<br />
de la juridiction administrative, obéissaient à<br />
une idée fixe : porter le litige devant les tribunaux<br />
civils. C'était, leur semblait-il, un moyen<br />
de faire du bruit, de prouver la vitalité des associations<br />
de pères de famille, de montrer que<br />
les instituteurs n'étaient pas intangibles, sans<br />
compter le plaisir d^en dire tout le mal possible<br />
en plein prétoire. Déjà un essai avait été tenté<br />
dans une autre commune de l'Ain, à Manziat :<br />
M. Falquet, instituteur, avait été traduit devant<br />
le tribunal de Bourg par un père de famille, à<br />
-propos d'un livre interdit par les évéques. Mais<br />
la cause fut sans doute jugée trop mauvaise par<br />
celui qui l'avait introduite, car il retira sa plainte<br />
avant le jugement. C'est qu'à cette date les<br />
prescriptions formelles de la circulaire du 23<br />
octobre 1909 couvraient absolument les instituteurs'<br />
; le procès aurait été infailliblement perdu,<br />
avoua l'avocat du plaignant.<br />
La situation était devenue tout autre à la fin<br />
de l'année scolaire 1909-1910. Les lecteurs du<br />
Manuel ont eu les textes sous les yeux^. Ils se<br />
rappellent la réponse faite à M. Mabieu, député,<br />
par M. le ministre' de l'Instruçtion publique :<br />
cette réponse reproduisait celle que le ministre<br />
venait d'adresser à M. Deries, inspecteur d'académie<br />
de la Manche, et transmise par celui-ci<br />
ay président de l'Amicale de ce département.<br />
{Journal officiel du 18 juillet 1910.) Le ministre<br />
rappelait les dispositions réglementaires relatives<br />
au choix des livres classiques et terminait<br />
ainsi : « C'est donc .« au directeur de l'école<br />
« qu'appartient l'initiative du choix des livres<br />
« sous la réserve indiquée. L'administration ne<br />
« saurait, en aucune façon, intervenir dans la<br />
« prérogative que les règlements actuels con-<br />
« fèrent au maître au début de chaque année<br />
« scolaire. Consulté sur ce point, je me suis<br />
« contenté de rappeler la règle. Ma réponse à<br />
« M. l'inspecteur d'académie de la Manche n'a<br />
i( pas d'autre portée et ne peut recevoir d'inter-<br />
« prétation différente. /><br />
Ce lexte semble clair ; pour tout esprit de bonne<br />
foi, c'est le rappel pur et simple d'une règle<br />
établie depuis vingt ans, et une précaution<br />
contre une interprétation tendancieuse des déclarations<br />
ministérielles. Cette précaution n'était<br />
pas superflue. Qu'on en juge!<br />
«Ah! se dirent, nos adversaires, le grandmaître<br />
de l'Université déclare que c'est l'instituteur<br />
seul qui décide du choix de.s livres classiques.<br />
Si le maître a la liberté, il doit être<br />
responsable. Qu'il ne vienne pas nous dire que<br />
la circulaire du 23 octobre 1909 lui interdit de<br />
céder à nos injonctions! A une année de distance,<br />
le ministère n'a pas cru devoir rappeler<br />
sa défense : c'est donc qu'il y a quelque chose<br />
de changé en haut lieu, et que l'intransigeance<br />
1. c Les maîtres n'ont à recevoir dMnstructions en ces matières<br />
que de leurs chefs hiérarchiques. Ils doivent donc, sans<br />
se départir de la réserve et de la correction dont il leur appartient<br />
de donner l'exemple, s'opposer fermement à toute<br />
intervention qui^ émanant d'une autorité étrangère à l'école,<br />
porterait une atteinte intolérable à Vinàépendance de l'enseignement<br />
et à la dignité de ceux qui le donnent, » (Note<br />
ministérielle du 23 octobre 1909.)<br />
2. Voir le Manuel général des 9 et 30 juillet 1910.<br />
du début a fait place à un secret désir de conciliation.<br />
C'est le moment d'agir! »<br />
Et, en effet, les événements se précipitent. Le<br />
20 septembre 1910, M. Jeantet reçoit la visite de<br />
l'huissier. Trois pères de famille lui faisaient<br />
sommation d'avoir à abandonner, pour la rentrée<br />
d'octobre, les trois volumes qui ne leur<br />
plaisaient pas. Bien entendu, l'instituteur ne se<br />
laissa pas intimider et conserva ses manuels.<br />
Le 29 novembre 1910, nouvelle visite de l'huissier,<br />
porteur, cette fois, d'une assignation à<br />
comparaître dans la huitaine franche devant le<br />
tribunal civil de Nantua, pour s'entendre condamner<br />
à payer 1600 francs de dommages-intérêts<br />
à chacun des trois requérants obligés, disentils,<br />
en raison de l'attitude de l'instituteur, défaire,<br />
à grands frais, instruire leurs enfants à<br />
l'école libre d'une localité voisine.<br />
Tenu au courant des diverses phases du litige,<br />
M. l'inspecteur d'académie intervint auprès de<br />
M. le préfet afin qu'un déclinatoire d'incompétence<br />
fût déposé.<br />
L'affaire fut appelée le jeudi 12 janvier 1911.<br />
M® Dareste de la Chavanne, du barreau de Bourg,<br />
soutenait les intérêts des plaignants. L'Autonome<br />
de l'Ain, qui avait pris fait et cause pour M. Jeantet,<br />
était représentée par M" Appleton, du barreau<br />
de Lyon. Au début de l'audience, M. le procureur<br />
de la République donna lecture aji tribunal<br />
du déclinatoire d'incompétence déposé par<br />
M. le préfet.<br />
M® Dareste de la Chavanne avait une tâche ingrate.<br />
Après avoir fait la critique des trois livres<br />
incriminés etlu cei'tains passages dans lesquels<br />
par oubli sans doute — il fit parfois de regrettables<br />
coupures, il affirma que la lettre<br />
ministérielle de juillet 1910 constituait le fait<br />
nouveau autorisant la poursuite actuelle.<br />
D'après lui, cette lettre prouvait que M. Doumergue<br />
reconnaissait implicitement avoir été<br />
trop loin, et qu'il désirait rendre à l'instituteur,<br />
avec le libre choix des livres classiques, supprimé<br />
depuis la circulaire de 1909, la responsabilité<br />
de ce choix.<br />
M® Appleton, dans une plaidoirie brillante<br />
qu'il faudrait pouvoir citer tout entière, réduisit<br />
à néant l'argumentation de son adversaire.<br />
Il fit voir derrière les pères de famille les personnalités<br />
irresponsables qui ne pouvant ni<br />
détruire l'école laïque ni se rendre maîtresses<br />
de son esprit, cherchent à lui rendre la vie<br />
impossible. Après avoir montré à quel point les<br />
griefs d'irréligion et d'antipatriotisme articulés<br />
contre les manuels visés sont dénués de fondement,<br />
« la lutte Tactuelle, dit-il, n'est pas scolaire,<br />
elle n'est même pas religieuse ; elle est<br />
politique, et un article du Gaulois du 8 janvier<br />
1911 l'avoue ingénument. »<br />
L'avocat concluait en justifiant la demande<br />
reconventionnelle en 2 000 francs de dommagesintérêts<br />
déposée par, son client pour abus de<br />
citation, et , en rendant hommage aux instituteurs<br />
laïques qui, « aux tentatives réitérées<br />
d'intimidation opposeront à leurs adversaires<br />
une inflexible modération, et continueront<br />
dans la sérénité de leur conscience à remplir<br />
tous leurs devoirs envers la nation et la République<br />
».<br />
Le procès, renvoyé à une séance ultérieure,<br />
fut repris d'abord -le 20 janvier pour les conclusions<br />
du ministère public. M. Dollus-Francoz,<br />
procureur, développa avec talent une thèse à
peu près semblable à celle de Appleton.<br />
Il soutint lui aussi l'incompétence du tribunal<br />
et la légitimité de la demande reconventionnelle.<br />
Le lendemain, le jugement fut rendu. Dans<br />
des considérants longuement motivés, le tribunal<br />
de Nantua faisant droit au déclinatoire<br />
de M. le préfet de l'Ain, se déclara incompétent.<br />
Pour la demande reconventionnelle il dit<br />
qu'elle était prématurée et ne pouvait être<br />
réglée sans préjuger au fond. Les trois pères<br />
de famille ' furent condamnés^ aux. frais et dépens.<br />
Ainsi s'est terminé le procès intenté à un<br />
instituteur irréprochable de qui ses adversaires<br />
eux-mêmes louent le dévouement, l'intelligence<br />
et la courtoisie.<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 243<br />
A . CHAHNAL,<br />
inspecteur primaire à Nantua.<br />
Réponse à quelques objections<br />
sur la question des stagiaires.<br />
Combien il est difficile de toucher à un examen I —<br />
Que Jaut-il penser des vertus de l'épreuve écrite?<br />
, — Divisés sur les moyens, nous sommes<br />
d'accord sur le fond. — Plus de stagiaires<br />
à perpétuité.<br />
« Ne touchez pas à la reine, » disait-on en<br />
Espagne. On pourrait dire chez nous : «Ne touchez<br />
pas à un examen. » Car dès qu'on y porte<br />
une main profane, on a contre soi tous ceux<br />
qui, la veille encore, faisaient chorus avec vous<br />
contre les abus de l'examinomanie.<br />
Pouïnous délivrer des stagiaires à perpétuité,<br />
j'avais proposé de réduire à une épreuve pratique<br />
les examens du C. A. P. De très aimables<br />
contradicteurs se sont aussitôt levés contre cette<br />
profanation-. « Supprimer l'épreuve écrite, pouvez-vous<br />
avoir l'audace d'y songer? »<br />
Nous avions timidement supposé que Tinspection<br />
pourrait avantageusement remplacer l'examen,<br />
et ce sont des inspecteurs eux-mêmes qui<br />
— par excès de modestie, sans doute, — se permettent<br />
de douter des vertus de l'inspection.<br />
« Ceux qui ont été membres des commissions<br />
du G. A. P. lui répondront (à votre serviteur)<br />
que, neuf fois sur dix, l'examen oral ne signifie<br />
rien. Les questions improvisées par l'inspecteur<br />
n'ont pas toujours la précision suffisante; le<br />
candidat, sauf exception, fait appel à ses-souvenirs<br />
plutôt qu'à son bon sens et récite quelques<br />
phrases du manuel... quand il dit quelque<br />
chose. »<br />
Soit. Mais, tout d'abord, est-il téméraire dé<br />
demander que l'inspecteur prépare ses questions<br />
au lieu de les « improviser » et qu'il les<br />
pose avec une « précision suffisante » pour que<br />
l'épreuve» signifie quelque chose »?<br />
Puis, si, dans l'épreuve pratique, le candidat<br />
récite quelques bribes de manuel, qui nous garantit<br />
qu'il n'en sera pas de même à l'épreuve<br />
écrite et qu'au lieu de « réciter » quelques<br />
phrases apprises par cœur, il ne se mettra pas<br />
à les coucher sur le papier?<br />
On me dit encore pour défendre cette épreuve :<br />
« Il faut bien que l'instituteur sache écrire en<br />
françaiSé » Eh oui! sans doute, il faut qu'il sache<br />
lire et écrire. Mais ce n'est pas quand il est<br />
stagiaire qu'on doit s'assurer qu'il possède toutes<br />
les connaissances que requiert son état. Vous<br />
avez pour cela tous les brevets et certificats délivrés<br />
à la sortie des écoles. Du jour oii vous lui<br />
ouvrez la porte de l'enseignement, c'est que<br />
vous supposez qu'il n'a plus à apprendre que la<br />
technique de son art.<br />
L'épreuve théorique vous inspire une grande<br />
confiance. Mais de la théorie à la pratique il<br />
y a -beaucoup plus loin que de la coupe aux<br />
lèvres, et, pour reprendre une expression de<br />
William James, le plus habile pédagogue peut<br />
très bien ne faire qu'un» très pauvre éducateur ».<br />
Prenez cent instituteurs ayant eu la même<br />
note à la composition écrite du C. A. P. et ditesmoi<br />
si, depuis, ils ont conservé la même cote<br />
quand ils se sont trouvés au pied du mur, je<br />
veux dire dans leur classe. Est-ce que, par la<br />
force des choses, aux prises avec les difficultés<br />
pratiques de l'enseignement, il ne s'est pas opéré<br />
entre eux un nouveau classement? Les uns sont<br />
bons, les autres médiocres, d'autres franchement<br />
mauvais. Et les inspecteurs seraient les<br />
premiers à hausser les épaules si, après avoir<br />
fait une classe pitoyable, ces instituteurs venaient<br />
alléguer,- pour leur excuse, la note élevée<br />
qu'a pu leur valoir-leur composition pédagogique.<br />
Il est vrai qu'entre les inspecteurs qui défendent<br />
l'épreuve écrite et moi qui doute de son<br />
efficacité, il s'est trouvé un correspondant qui<br />
m'approuve et u n autre qui essaie d'accommoder<br />
les choses et de marier le grand Turc avec"<br />
la République de Venise: « Hé, messieurs, nous<br />
dit-il, calmez-vous et cessez de vous échauffer<br />
plus longtemps. Il y a peut-être un moyen de<br />
vous mettre d'accord. Il suffirait de conserver<br />
l'épreuve écrite, mais en lui enlevant son caractère<br />
éliminatoire. Tout candidat qui arriverait à<br />
la moyenne serait reçu. Qu'en pensez-vous? »<br />
Ce que j'en pense? Eh bien, le voici :<br />
Toutes les discussions sur les moyens ne<br />
doivent pas nous faire oublier la fin. Or, la fin,<br />
c'est la crise du stage que tout le monde est<br />
d'accord pour faire cesser au plus tôt.<br />
Tout le monde reconnaît qu'il est illogique et<br />
absurde de maintenir pendant des années, quellois<br />
pendant toute leur vie, des candidats et des<br />
candidates devant une porte qui ne s'ouvrira<br />
jamais.<br />
Il est sans exemple dans une administration<br />
française, — si riche pourtant en solutions<br />
extraordinaires, •— il est inouï, dis-jej que le<br />
stage se prolonge pendant toute la vie d'ua<br />
employé. Prenez les Postes, les Contributions,<br />
l'Enregistrement, les Travaux publics, partout<br />
le stage aune durée limitée à un, deux ou trois<br />
ans au plus. Vous représentez-vous un stagiaire<br />
d,es Posles ou des Contributions condamné à<br />
rester perpétuellement en marge du cadre?'<br />
Qu'est-ce que le stage? C'est le pied à l'étrier.<br />
Voyez-vous un fonctionnaire restant, pendant<br />
trente ans, sur ce pied-là sans avoir jamais le<br />
droit d'enfourcher sa monture?<br />
Cette situation absurde et grotesque ne se<br />
rencontre que dans l'enseignement primaire.<br />
Les stagiaires sont exposés à rester stagiaires<br />
jusqu'à la retraite, sans aucun espoir d'avancement,<br />
avec des traitements de famine qui ne<br />
suffisent même pas à leur assurer un morceau<br />
de pain pour la vieillesse.<br />
Voilà le mal que nous dénonçons. Voilà ce<br />
que nos bienveillants contradicteurs sont bien
'244 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
obligés de reconnaître et de déplorer avec nous.<br />
Quels remèdes y apporter? Je n'ai pas d'amour-propre<br />
d'auteur et j'accepte d'avance ceux<br />
qui vous paraîtront les plus efficaces.<br />
.Qu'on supprime donc ou qu'on maintienne<br />
l'épreuve écrite! Qu'on la rende ou qu'on ne la<br />
rende pas éliminatoire 1 Qu'on apporte aux<br />
épreuves pratiques telles modifications qu'on<br />
voudrai Je m'en remets très volontiers làdessus<br />
à ceux qui, étant « du bâtiment », ont à<br />
la fois la compétence et l'autorité pour défendre<br />
et faire prévaloir leur système.<br />
L'affaire de Leyme.<br />
M. et Mme Delpech, nommés en 1905 instituteurs<br />
à Leyme dans le Lot; n'avaient pu prendre<br />
possession de leur poste par suite de l'opposition<br />
du maire, qui regrettait leurs prédécesseurs.<br />
L'école resta fermée pendant cinq<br />
mois. L'instituteur et l'institutrice abritèrent<br />
leur mobilier dans un hangar et se logèrent au<br />
petit bonheur dans une maison qui ne présentait<br />
pas toutes les conditions d'hygiène désirables.<br />
Mnie Delpech y mit au monde un bébé<br />
qui fut atteint de la diphtérie. A force d'instances,<br />
le maire obtint enfin que les époux<br />
fussent nommés dans une autre commune.<br />
Forts du préjudice qui leur avait été causé,<br />
l'instituteur et l'institutrice, soutenus par l'Amicale,<br />
a.ttaquèrent le maire devant le tribunal<br />
civil pour obtenir des dommages-intérêts.<br />
Le tribunal se déclara incompétent. Il reconnut<br />
toutefois que la faute lourde du maire n'était<br />
justiciable que du préfet. Appel fut fait<br />
devant la cour dîAgen. Gelle-ci confirma le premier<br />
jugement avec des considérants très durs<br />
pour le maire.<br />
L'Amicale se décida alors à employer une<br />
autre tactique. Elle réclama, au nom des plaignants,<br />
des dommages-intérêts au conseil municipal<br />
de Leyme. Après le délai légal de quatre<br />
mois écoulés, comme elle n'eut pas de réponse,<br />
elle porta la question devant le Conseil d'Etat.<br />
L'action y fut soutenue pécuniairement par<br />
l'Amicale du Lot et la Fédération des Amicales.<br />
Nous donnons ci-après les considérants es-,<br />
sentiels de l'arrêt rendu le 20 janvier dernier<br />
par le haut tribunal :<br />
LE MOUVEMENT CORPORATIF<br />
Considérant que l'article !4 de la loi du 30 octobre<br />
1888 et l'article 12 du décret du_18 janvier 1887<br />
disposent que toute commune est obligée de fournir<br />
Tout ce qu'on trouvera, j'en réponds d'avance,<br />
ne sera jamais au-dessous de l'incohérence et<br />
du gâchis actuels.<br />
Ce que nous voulons, c'est que le stage soit<br />
dans l'enseignement primaire ce qu'il est dans<br />
toutes les administrations publiques, une situation<br />
d'attente, une épreuve probatoire, à durée<br />
limitée et raisonnablement circonscrite par les<br />
règlements. C'est, en un mot, qu'on liquide<br />
équitablement le passé et qu'on nous débarrasse,<br />
pour l'avenir, des stagiaires à perpétuité.<br />
ANDRÉ BALZ.<br />
= = ÉDUCATION ENSEIGNEMENT ET — = _<br />
La classe en action.<br />
Une dictée au cours moyen.<br />
Je demande : « Quelle plante voyez-vous sur le<br />
bureau du maître? » Tous les élèves regardent.<br />
« Jean, répondez. — Nous voyons un géranium<br />
sur le bureau du maître. » Le mot « géranium »<br />
est écrit au tableau, lu, épelé, effacé et je dicte<br />
la proposition établie par Jean que les enfants'<br />
relisent ensemble à haute voix; c'est ce d'abord<br />
aux instituteurs et institutrices publics un local convenable<br />
tant pour leur habitation que pour la tenue<br />
de l'école; qu'aux termes de l'article 23 du décret<br />
précité l'installition matérielle de ces fonctionnaires<br />
dans la maison d'école a lieu par les soins du maire;<br />
Que malgré , les protestations réitérées des époux<br />
Delpech, leur situation s'est prolongée jusqu'à leur<br />
nomination à un nouveau poste, le 9 mars 1905, et<br />
les a contraints, pendant plus de cinq mois, à n'avoir<br />
qu'une habitation provisoire et insuffisante, au préjudice<br />
de là santé de leurs enlants, ainsi qu'au détriment<br />
de leur mobilier, cependant que les classes demeuraient<br />
fermées;<br />
Considérant que l'installation de ces instituteurs<br />
aurait pu être assurée par le préfet; ce dernier a cru<br />
devoir s'abstenir sans user du droit que lui coniérait<br />
l'article 85 de la loi du 5 avril 1884, de procéder d'office<br />
par lui-même, ou par un délégué spécial, à m<br />
acte prescrit par la loi et auquel se refusait le maire ;<br />
Considérant que le conseil municipal a envoyé au<br />
préfet, le 2 décembre 1904, une adresse par laquelle<br />
il déclarait qu'il s'opposerait de la manière la plus<br />
énergique au changement d'instituteur et que les<br />
époux Belpech ne seraient pas nommés ;<br />
Considérant que dans ces circonstances les arguments<br />
du maire, que ne pouvait justifier aucune considération<br />
réellement tirée de l'ordre public, engagent<br />
l'exclusive responsabilité de la commune ;<br />
Décide :<br />
ARTICLE PBEMIER. — Bst annulée la décision de rejet<br />
résultant du silence gardé par le conseil municipal<br />
de-Leyme sur la réclamation du sieur et de la<br />
dame Delpech ;<br />
ART. 2. — La commune payera au sieur et à la<br />
dame Delpech une indemnité de 1500 francs ;<br />
ART. 3. — Les dépens exposés devant le Conséil<br />
d'Etat seront supportés par la commune.<br />
En dehors de la responsabilité de la commune,<br />
cet arrêt établit celle du préfet qui n'a<br />
pas usé des droits que lui confère la loi.<br />
Les instituteurs sauront gré au Conseil d'Etat<br />
d'avoir protégé deux d'entre eux victimes de<br />
la mauvaise volonté d'une municipalité hostile.<br />
LE LECTEUB.<br />
qui sera fait, pour chaque phrase. « Qui a placé<br />
ce géranium? — C'est le maître qui a placé là<br />
ce géranium, répond un autre élève désigné<br />
après la question posée. — Pourquoi? — Pour<br />
orner la classe. — Ecrivez : C'est le maître qui<br />
a placé là ce géranium pour orner la classe. »<br />
« Dans quoi cette-plante est-elle placée? — Cette<br />
plante est dans un pot. — Examinez ce pot.<br />
Que remarquez-vous? — Il est en faïence coloriée<br />
et vernie. » Le mot « faïence » est étudié<br />
I comme le mot géranium, et vite on inscrit au
cahier : Celte plante est dans un pot en faïence<br />
coloriée et vernie.<br />
Nous construisons ainsi les propositions suivantes<br />
:<br />
Le géranium a trois branches égales portant des<br />
feuilles vertes et odorantes. Regardons ces trois<br />
branches : l'une d'elles se termine par un bouquet de<br />
fleurs roses; l'autre, par un groupe de boutons verts;<br />
la troisième n'a que des feuilles. Le géranium est bien<br />
joli; nous l'arrosons pour entretenir sa fraîcheur et<br />
bientôt nous verrons s'épanouir d'autrHs fleurs. Les<br />
premières seront alors des fruits en bec de grue.<br />
Au [printemps, nous ferons une bouture pour avoir<br />
un géranium semblable à celui qui est sous nos<br />
yeux.<br />
Nous terminons en mettant le titre trouvé<br />
par une fillette : Le géranium de la classe.<br />
On ne sommeille pas sur le texte ; le désir de<br />
se montrer observateur précis et de composer<br />
vivement Ja phrase excite chaque enfant. Dans<br />
le feu de l'actioD, l'écriture est un peu négligée,<br />
mais grâce aux regards animés des élèves, je ne<br />
le regrette point. Nous profitons de la correction<br />
pour dire quelques mots des adjectifs démonstratifs<br />
et pour comnienter la règle d'accord<br />
du verbe avec son sujet, qui a subi plusieurs<br />
accrocs. Puis chacun est invité à noter les noms<br />
des trois fleurs qu'il préfère. En groupant les<br />
résultats individuels, j'écris au tableau onze<br />
noms avec leur article. Ce sont : la violette,<br />
la rose, l'œillet, la pensée, le lis, l'héliotrope,<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 245<br />
la marguerite, la pivoine, la balsamine, la giroflée,<br />
le bluet. Je complète la douzaine par lé<br />
mot fuchsia, que plusieurs ont essayé d'orthographier,<br />
sans persister dans leur intention.<br />
On rectifie sur les cahiers.<br />
Tout cela se fait rapidement. 11-nous reste<br />
quelques minutes avant la récréation. Un bon<br />
élève qui regardait la pendule à chaque instant<br />
demande enfin si l'on peut agrémenter le devoir<br />
par la reproduction du géranium. — « Certainement.<br />
» Et chacun de crayonner.<br />
Les sujets de ce genre abondent. Nous avons<br />
décrit la porte de la classe et terminé par la<br />
liste des ouvriers qui ayant pris part à sa fabrication<br />
ont ainsi travaillé pour nous. Quelques<br />
phrase^ sur l'adduction d'eau du village nous<br />
ont permis d'étudier les mots ; source, canalisation,<br />
réservoir, borne-fontaine, robinet,<br />
éolienne, et nous avons dessiné l'éolienne. Ce<br />
que dit la couverture de nos Lectures primaires<br />
a foi't intéressé; ce sont les, mots : auteur,<br />
éditeur, imprimeur, relieur, et leurs<br />
proches parents qui, expliqués, orthographiés,<br />
ont été employés.<br />
Inutile d'ajouter que je dicte également des<br />
extraits des grands, écrivains afin d'habituer les<br />
enfants à interpréter la pensée des autres exprimée<br />
dans une belle langue.<br />
VARIÉTÉS<br />
REVUE LITTÉRAIRE<br />
PAR LÉO<br />
A . ROCHER,<br />
instituteur à Milly ^ YonneJ.<br />
SOMMAIRE. — 1. Les hommes d'église à l'Académie : Réception de Mgr Duchesne. — 2. Jean Macé<br />
chez les demoiselles. — 3. Une poésie d'Henri Murger. ,— 4. Un nouveau livre sur l'art italien :<br />
Venise et le Titien.<br />
1. — Les hommes d'église à l'Académie ;<br />
Réception de Mgr Duchesne.<br />
Les traditions sous la Coupole. — Le directeur de<br />
l'École française de Rome et ses titres d'historien. —<br />
Distinction entre le dogme et l'histoire de l'Église.<br />
— Le parapluie du cardinal Mathieu- — L'interdiction<br />
d'aller à pied. — Comment il tournait<br />
la difficulté.<br />
L'Académie française n'oublie pas qu'elle a'<br />
été fondée par un cardinal, et comme elle est,<br />
par-dessus tout, respectueuse des traditions, elle<br />
a voulu que Mgr Duchesne allât s'asseoir dans<br />
le fauteuil qu'avait occupé le cardinal Mathieu.<br />
Depuis 1636, c'est le cent dix-huitième ecclésiastique<br />
appelé à siéger sous la Coupole.<br />
Mgr Duchesne, directeur de l'Ecole française<br />
de Rome, avait déjà droit aux palmes vertes.<br />
Avant d'entrer à l'Académie française, il faisait<br />
partie de l'Académie des Inscriptions et Belles-<br />
Lettres. Son œuvre historique est considérable<br />
et aucun de ses confrères sauf peut-être<br />
M. Etienne Lamy qui le recevait — ne peut se<br />
flatter de l'avoir lue d'un bout à l'autre. Elle<br />
embrasse, en effet, toute l'histoire de la primitive<br />
Eglise, histoire des papes ou Liber pontifiealis,<br />
Origines du culte chrétien, Fastes épiscopaux<br />
de l'ancienne Gaule.<br />
Dans tous ces travaux, l'originalité de Mgr Du<br />
chesne fut d'appliquer les règles les plus scrupuleuses<br />
de la méthode historique et de substituer<br />
l'esprit d'examen à'l'esprit de foi. «Croire<br />
sans preuves, comme le lui a dit M. Etienne<br />
Lamy, est une abdication que l'homme doit à<br />
Dieu, mais à Dieu seul, et par laquelle il n'a pas le<br />
droit de suspendre, hors des dognies, ses facultés<br />
d'être intelligent et libre. «Acceptant le dogme<br />
sans hésitation ni réserve comme up fidèle, Mgr<br />
Duchesne a toujours suivi dans l'exposé des faits<br />
la vrai méhode historique. Il a largement usé<br />
du droit de.les commenter, sans en rien céler<br />
et sans les asservir à des idées préconçues. Cette<br />
enquête a fait s'écrouler bien des traditions et<br />
des légendes et justifié le jugement porté sur le<br />
récipiendaire au cours même de la séance. « Vous<br />
tenez à être le moins crédule des croyants. »<br />
Mgr Duchesne nous a tracé avec une verve<br />
spirituelle, pas toujours exempte de malice, le<br />
portrait du cardinal Mathieu, son prédécesseur,<br />
qu'il a beaucoup connu et qui lui avait même<br />
promis sa suçcession. Il a analysé très finement<br />
ses quelques écrits dont le plus solide est l'histoire<br />
de VAncien Régime en Lorraine et en Barrois<br />
d'après des documents inédits.<br />
Plein d'exubérance et d'entrain, aimant le<br />
monde, fréquentant volontiers tous les mondes,<br />
curieux d'observer, enjoué et familier, le cardinal<br />
avait horreur de l'étiquette et de ses pompes.<br />
11 sortait volontiers à pied, sans insignes,
246 <strong>MANUEL</strong> GÉNÉRAIi <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
entrait en coup de vent dans les boutiques ou<br />
dans les demeurés des pauvres gens, s'achetait<br />
lui-même une paire de souliers et rentrait avec<br />
les vieux sous son bras à peu près enveloppés<br />
dans un journal :<br />
De telles visites, dit Mgr I>aoli6snB, étaient dans ses<br />
habitudes. Un jour de pluie, un de ses diocésains,<br />
connu pour la rigueur de ses principes anticléricaux,<br />
le croisa sur un trottoir; il se dissimulait tant tien<br />
que mal sous un énorme parapluie vert clair, archaïque<br />
de forme et de dimensions. Peu familiarisé avec les<br />
mœurs de son archevêque, notre homme jeta d'abord<br />
un coup d'oeil inquiet sur la maison d'où il llavait vu<br />
sortir, puis suivit le parapluie jusqu'à l'archevêché.<br />
Ainsi s'assurait-il qu'il ne se trompait pas de personne.<br />
Revenant ensuite à la maison, il s'informa et<br />
finit par -être mis en présence d'une vieille femme cancéreuse,<br />
dont le misérable logis exhalait une odeur<br />
rebutante. Il lui demanda quel était, ce curé qui sortait<br />
de chez elle, armé d'un parapluie si considérable.<br />
« Je n'en sais rien, répondit la malade; je sais seulement<br />
qu'il est très bon pour moi ; il m'assiste généreusement<br />
et" vient me voir de temps à autre. Cela me<br />
fait grand bien, car je suis très abandonnée. Quant à<br />
son parapluie, eh bien ! c'est le mien. C'est moi qui le<br />
lui ai prêté pour rentrer chëz lui.<br />
— Il vous le rendra, ma bonne femme ; o® curé,<br />
c'est l'archevêque de Toulouse ! »<br />
Aussi quelle fut la déception de cet intrépide<br />
marcheur quand, nommé à Rome cardinal de<br />
curie, il lui fut interdit de sortir à pied. Sans<br />
doute le temps n'était plus oîi les cardinaux<br />
avaient dans leurs écuries une trentaine de chevaux<br />
et ne pouvaient se montrer qu'avec une<br />
nuée de secrétaires et de serviteurs
sace, Macé planta devant la porte un arbre de<br />
Beblenheim.<br />
De tous ses ouvrasses, de son journal la Ruche<br />
aussi bien que des Goni'cx et du Théâtre du PeiU-<br />
ChiUeaii, qui parurent en 1862, se dégage une<br />
saine odeur de terroir qui rappelle la jolie pièce<br />
d'un autre Alsacien. l'Ami Fritz.<br />
3. — Une poésie d'Henri Murger.<br />
On a célébré ces jours-ci le cinquantenaire<br />
de l'auteur de la Vie de bohème. La bohème<br />
est pourtant bien morte comme Murger, comme<br />
Musette, comme le quartier latin lui-même,<br />
éventré par les grandes percées des larges rues<br />
et des boulevards. Mais Henri Murger ne fut pas<br />
seulement le peintre des Colline et des Schaunârd.<br />
Il avait l'âme d'un poète, une grande fraîcheur<br />
d'imagination, une sensibilité exquise qui<br />
a fait dire très justement : « II y a une larme<br />
dans ses chansons. « On en jugera par une des<br />
pièces les plus délicates du seul volume de vers<br />
qu'il ait publié :<br />
Le dimanche matin.<br />
Le Samedi dit au Dimanclie :<br />
i< Tout le village est endormi ;<br />
L'aiguille vers minuit se penche,<br />
' C'est maintenant ton tour, ami;<br />
Moi, je suis las de ma journée.<br />
Je veux aller dormir aussi;<br />
Viens vite, ton heure est sonnée. »<br />
Le Dimanche dit: o Me voici. »<br />
Il s'éveille en bâillant, derrière<br />
La nuit aux étincelles d'or,<br />
- Et frotte des mains sa paupière<br />
Et s'habille en bâillant encor.<br />
Puis, quand il a fait sa toilette.<br />
Pour aUer lui donner l'éveil,<br />
Il frappe à l'huis de la chambrette<br />
Oà dort son ami le Soleil.<br />
Il De votre alcôve orientale<br />
Sortez, dit-il, grand paresseux ;<br />
Stella, votre soeur matinale,<br />
A l'horizon ferme les yeux.<br />
Pour vous saluer, l'alouette<br />
. Chante déjà dans les sillons ;<br />
Venez, venez; c'est jour de fête, ,<br />
Choisissez vos plus beaux rayons 1 »<br />
Le Dimanche sur la montagne<br />
Monte et regarde autour de lui.<br />
« Us dorment tous dans la-campagne,<br />
Dit-il, ne faisons pas de bruit.<br />
Et doucement vers le village<br />
Il redescend à petits pas<br />
Et dit au coq : « Par ton ramage.<br />
Mon ami, ne me trahis pas. »<br />
Après la bonne nuit passée<br />
Pour vous accueillir au réveil,<br />
On voit sourire à la croisée<br />
Le Dimanche assis au soleil.<br />
Et si quelque enfant paresseuse<br />
Rêve un peu tard sur l'oreiller.<br />
Il lui laisse finir, heiireuse.<br />
Son rêve avant de l'éveiller.<br />
Au bord du toit, battant des ailes,<br />
L'oiseau chante en "se réveillant<br />
Et dit bonjour aux hirondelles<br />
Qui reviennent de l'Orient.<br />
. Dans soa bel habit du Dimanche<br />
Le chardonneret marche fier, -<br />
Et vole aussi, de branche en branche,<br />
Et jette sa chanson dans l'air.<br />
Il apporte dans les familles,<br />
A chacun ses petits cadeaux :<br />
Des rubans pour les jeunes filles,<br />
Et, pour les enfants, des gâteaux.<br />
PARTIE GËNËRALB 247<br />
11 ne fait que chanter et rire,<br />
Il débouche les vieux flacons,<br />
Et le soir, de sa poche, il tire<br />
Les flûtes et les violons.<br />
Voyez combien l'on est tranquille<br />
Dans tout le village, aujourd'hui.<br />
Le moulin à la roue agile<br />
Et l'enclume ont cessé le bruit.<br />
Les bœufs ruminent à la crèche,<br />
Libres du joug et du brancard,<br />
Et la charrue avec la bêche<br />
Se reposent sous.le hangar.<br />
Tout le monde paraît à l'aise,<br />
On s'aborde d'un air content.<br />
« Comment va ton père, Thérèse 1<br />
— Wilhem, comment va votre enfant ?<br />
— Bon temps, voisin, pour la futaille!<br />
— Voisin, bon temps pour le grenier ! »<br />
Personne, aujourd'hui, ne travaille,<br />
Excepté le ménétrier.<br />
4. — Un nouveau livre sur l'art italien :<br />
Venise et le Titien.<br />
Venise au XV" siècle. — Le Titien et François 7"'. —<br />
Un chef d'école. — Il peignait encore à quatrevingt<br />
diœ-neuf ans.<br />
C'est Ruskin qui appelle Venise « une cité de<br />
marbre ou plutôt une cité d'or, parée d'émeraudes<br />
où chaque pinacle, chaque tourelle, brillait<br />
et brûlait chargé d'or, repoussé de jaspe».<br />
Notre Commines, moins poétique, n'était pas<br />
moins enthousiaste quand il décrivait la Venise<br />
qu'il avait visitée en 149b : « Et fus bien esmerveillé<br />
de veoir l'assiette de cette cité et de veoir<br />
tant de clochers et de monastères et si grand<br />
maisonnement et tout en l'eau.... Les maisons<br />
sont fort grandes et haultes et de bonne pierre<br />
et les anciennes toutes painctes; les aultres<br />
faictes depuis cent ans, toutes ont le devant de<br />
marbre blanc et encore maincte grant pièce en<br />
porphire et de serpentine sur le devant. »<br />
Cette ville de marbre d'or et de pierres précieuses<br />
était faite pour le Titien comme le Titien<br />
était fait pour Venise. Il y ai-riva à vingt ans et<br />
se mit à l'école du vieux peintre Bellini. Il devait<br />
y rester jusqu'à sa mort et il vécut quatrevingt<br />
dix-neuf ans! C'est en vain que Léon X<br />
s'efforça de l'attirer à Rome et François I'"' à la<br />
Cour de France. Le beau portrait du roi qui est<br />
au musée du Louvre a été fait à Venise. Seuls,<br />
l'empereur Charles-Quint et le pape Paul IIi<br />
purent décider le Titien à se déplacer.<br />
Dans u n remarquable ouvrage qui vient de<br />
paraître sur les artistes de VItalie du Nord ', Corrado<br />
Ricci, directeur des Antiquités et des Beaux-<br />
Arts à Rome, juge en ces termes la peinture du<br />
Titien ;<br />
On peut dire qu'il réunit tous les dons de Tècole<br />
vénitienne et qu'il fut l'interprète des sentiments les<br />
plus variés ; aussi l'a-t-on appelé " l'universel confident<br />
delà nature »... Merveilleux dans les sujets consacrés<br />
comme dans les scènes païennes, novateur dans<br />
le paysage, incomparable dans le portrait, il sut apporter<br />
dans tous les domaines une note neuve et un<br />
caractère absolument personnel.<br />
Le trait dominant du génie du Titien est qu'il réussit<br />
à donner aux êtres et aux choses une harmonie,<br />
un charme divin. Ce qui, dans la réalité est fragmentaire<br />
et détaché, il le rassemble et en compose un<br />
1. Italie du Nord, collection Ari una (Histoire générale<br />
de l'Art), fat Corrado Ricci. Ouvrage Illustré de 629 gravures<br />
en noir et 4 planches en couleurs. Un volume in-16, cartonnage<br />
toile, 7 fr. 50. Paris, Hachette.
248<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
tout parfait. Son esprit est simplificateur par excellence.<br />
Il sait tout exprimer aveo_ une puissance de<br />
synthèse qui contond. Rien ne lui est difficile, ni le<br />
mirage païen, ni la vision céleste, ni la beauté idéale,<br />
ni la réalité la plus robuste et la plus individuelle ;<br />
il s'attaque à tout, il crée des contrastes vigoureux<br />
qu'il réussit à fondre harmonieusement grâce à l'autorité<br />
fascinatrice de son art.<br />
Quant au coloris, après avoir peint de grandes<br />
masses avec des oppositions de couleurs, il inaugure<br />
une méthode plus vigoureuse en superposant couleur<br />
à couleur et en les mêlant sur la toile par des touches,<br />
des coups "et des glissements de pinceau. Soxxvent<br />
même il se servait de ses doigts, s'il faut en<br />
croire Palma le Jeune.<br />
L'œuvre du Titien est considérable. Près de<br />
trois mille tableaux sont sortis de ses mains.<br />
Il travaillait encore à quatre-vingt-dix-neuf ans<br />
quand la peste, qui régnait à Venise, l'emporta<br />
presqu'en même temps que son fils préféré.<br />
Par dérogation aux décrets sanitaires qui<br />
interdisaient les honneurs funèbres aux pestiférés,<br />
les magistrats de la République décidèrent<br />
que des funérailles solennelles seraient<br />
célébrées en l'honneur du peintre qui symbolise<br />
la plus brillante époque de l'art vénitien.<br />
Et comme l'étranger se di.sputait à prix d'or les<br />
œ,uvres qui décorent les monuments de la cité,<br />
un décret du Sénat défendit, sous peine de mort,<br />
qu'on laissât sortir ses tableaux du territoire<br />
de la République. Décret un peu tardif, il est<br />
vrai, car on trouve dans tous les grands musées<br />
de l'Europe des tableaux du Titien. Mais ce<br />
n'est qu'à Venise qu'on peut bien juger et admirer<br />
l'ensemble des travaux du plus complet<br />
des peintres italiens.<br />
LÉO.<br />
Pour nos filles.<br />
Métiers et professions<br />
II<br />
Postes, télégraphes et téléphones.<br />
La carrière d'employée des postes est d'un accès<br />
relativement facile qui la met à la portée de toutes<br />
les intelligences et de toutes les bourses.<br />
En effet, la jeune fille que le concours effraye<br />
ou qui doit immédiatement subvenir à son entretien,<br />
peut se faire agréer comme aide par une<br />
receveuse.<br />
Sans doute, la situation n'est pas brillante :<br />
l'aide doit quelquefois s'employer à la cuisine ;<br />
elle ne touche, d'ordinaire, que do, 20 ou francs<br />
par mois et débute parfois a^ pair^ ; mais elle<br />
prépare le concours sans être à charge à sa<br />
famille, elle voit reculer la limite d'âge d'un<br />
nombre d'années égal à celui de ses années de<br />
service — sans pouvoir, cependant,dépasser trentecinq<br />
ans — et, en cas d'échec, après dix ans, elle<br />
se trouve dans la môme situation privilégiée que les<br />
veuves et les fdles d'agents : elle entre dans l'administration<br />
sans concours, à la suite d'un sim^jle<br />
examen. 11 est facile de se rendre compte de sa<br />
situation en lisant les pages d'annonces des jour-<br />
1. VOIT Manuel général, n° 19 du 21 janvier 1911.<br />
2.-Jusqu'ici, les receveuses ont fait des économies sur<br />
leurs irais d'aide. Les récentes circulaires ministérielles les<br />
invitent à employer intégralement ces frais, et l'on peut<br />
espérer que le sort des aides va s'améliorer.<br />
naux professionnels, aux rubriques : Offres et<br />
demandes d'emploi.<br />
L'administration des postes emploie environ<br />
18 000 femmes, dont 400 surveillantes et près de<br />
6000 receveuses. Ces chiffres visent, exclusivement<br />
la France ; les colonies ont un cadre spécial.<br />
CONCOURS D'ENÏHÉE, — Pour se présenter au<br />
concours, il faut avoir dix-huit ans au moins et<br />
vingt-cinq ans au plus.<br />
Les concours ont lieu, suivant les besoins du<br />
service, une ou' deux fois par an, à une date, variable<br />
et sont affichés trois mois d'avance au cheflieu.<br />
Il se présente environ 6000 candidates pour<br />
500 places chaque année. Le programme est moins<br />
étendu que celui du brevet élémentaire.<br />
Matières du concours : Dictée servant d'épreuve<br />
d'écriture et d'orthographe; copie d'un état ou<br />
d'un tableau; rédaction, arithmétique : les qualre<br />
règles et le système métrique; géographie : France<br />
et éléments de géographie générale.<br />
Facultatif : Langues étrangères ; épreuves professionnelles.<br />
Depuis cette année, il existe un concours spécial<br />
pour le recrutement des dames téléphonistes<br />
de Paris. Conditions particulières : deux ans de<br />
résidence à Paris ou dans les départements suivants<br />
: Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise.<br />
Pièces à produire : Une demande d'admission<br />
au concours, sur papier timbré ; une expédition<br />
de l'acte de naissance ; un certificat d'aptitude physique<br />
délivré par un médecin assermenté; un cer-<br />
'tiPicat de bonne vie et mœurs délivré par le maire.<br />
PuÉPARATioN Ao CONCOURS. — 11 existc des journaux<br />
professionnels : Courrier des Examens des<br />
postes, des télégraphes et des téléphones, aux<br />
Sociétés savantes, rue Danton; le Fonctionnaire,<br />
l'ue de Rivoli, 128. Ces journaux donnent des<br />
sujets de composition et, dans le numéro suivant,<br />
le .corrigé. Ils ont aussi un service de correction<br />
de devoirs et des cours préparatoires pour les<br />
élèves de Paris.<br />
APPOINTEMENTS. — Employées De 1 100 À<br />
2 200 francs, par augmentation de 100 francs,,<br />
tous les deux ans environ, à l'ancienneté — délai<br />
qui peut être réduit à dix-neuf mois par le choix.<br />
Indemnités. — A Paris, les dames affectées au<br />
service téléphonique reçoivent une, allocation de<br />
300 francs par an, à titre d'indemnité, de repas.<br />
Indemnité de résidence pour tout le personnel : A<br />
Paris, 400 francs par an; 300 francs dans le département<br />
de la Seine et, en province, bO, 100, IbO<br />
et 200.<br />
EMPLOIS D'..vYANaj5MKNT. — Il n'existe' d'emplois<br />
de surveillantes que dans les services administratifs,<br />
les bureaux téléphoniques et les bureaux<br />
télégraphiques très importants; il y en a un très<br />
petit nombre en province. A Paris, il en existe<br />
300 pour 4000 temmes employées par l'administration<br />
centrale, les télégraphes et les téléphones ;<br />
elles reçoivent une allocation spéciale de 200 francs,<br />
qui peut s'élever à 400, après cinq ans de service et<br />
à 600 après dix ans.<br />
Receveuses. — 3" classe : 1 100, 1200, ,1 -400,<br />
1 600 et 1800, comme classe personnelle.<br />
2c classe : 1 800, 2 000, 2 200.<br />
1'° classe : 2 400, 2 700, 3000. — Il e.xiste très<br />
peu do bureaux de 1"> classe gérés par des femmes.<br />
Le budget de 1911 prévoit le traitement de<br />
1 800 francs pour la 3« classe comme classe nor-
maie, et de 2 400' pour la 2e, comme classe personnelle.<br />
Avancement. — Moyenne, trois ans trois mois.<br />
Avantages. — Remise .sur les opérations postales<br />
: de 400 francs à 3 000 francs ; la moyenne<br />
peut être évaluée à 1 SQO francs (bureau de 2° classé<br />
de début); logement et indemnité de.chauffage et<br />
d'éclairage. .<br />
Charges. — Retenue pour le logement : 10 pour<br />
100 du traitement.<br />
CONGÉS. — 20 jours par an, plus 4 jours par<br />
mois, dont 2 dimanches.<br />
Congé de malerniu : Si) jours avec solde entière;<br />
on se fait mettre parfois en disponibilité pour<br />
élever l'enfant; la réintégration se lait suivant, les<br />
besoins du service.<br />
Congé de maladie : trois mois avec solde entière,<br />
suivis de trois mois avec jouissance delademi-soide.<br />
Si k' maladie se prolonge au delà de six mois, la<br />
mise en disponibilité est prononcée, mais sous<br />
réserve de réintégration. Des secours sont accprdés_<br />
RETRAITE. — Maximum ; 2/3 du traitement; il<br />
faut pour cela quarante ans de services.<br />
Maximum de retraite. — 3° classe : 1 200 francs;<br />
2« classe ; 1 466 francs; 1" classe : 2 000 francs.<br />
La moyenne des receveuses obtient actuellement<br />
une pension de 1 000 francs.<br />
HEURES <strong>DE</strong> TRAVAIL. — Employées ; 7 ou 8 heures.<br />
D'ordinaire, deux brigades se relayent ; l'une de<br />
7 à H heures et de 6 à 9; l'autre de 11 à 7.<br />
Receveuses. — Eté, de 7 à 12 et de 2 à 7; hiver,<br />
de 8 à 12 et de 2 à 7. Dimanches : de 7 à 10 ou<br />
de 8 à 11. — Dans quelques localités, larecev^se<br />
doit se lever la nuit pour le passage du courrier.-.<br />
AI<strong>DE</strong>S. — Conditions : être âgée de seize ans<br />
au moins; être agréée par le titulaire du bureau;<br />
être autorisée par le directeur départemental.<br />
La postulante envoie sa demande sur papier<br />
timbré au directeur départemental par l'intermédiaire<br />
du receveur, accompagnée des mêmes pièces<br />
que celles exigées de la candidate-employée.<br />
Elle présente le certificat d'études primaires ou<br />
subit un examen. équivalent.<br />
CLAU<strong>DE</strong> VARÈZE.<br />
OPINIONS <strong>DE</strong> NOS LECTEURS<br />
(Les articles ou fragments d'articles insérés sous les<br />
rubriques OPINIONS <strong>DE</strong> NOS LECTEURS, COMMUNICATIONS<br />
DIVERSES, REVUJB <strong>DE</strong> LA PRESSB, ex^iment èn touîe Uberté<br />
Vopinion de leurs auteiirs, mais n'engagent en rien cellç àM<br />
Manuel Général.^<br />
Quelques réflexions sur l'examen du<br />
brevet élémentaire.<br />
1° Sur la composition française.<br />
Les professeiips et les instituteurs des écoles primaires<br />
élémentaires ou supérieures permettront sans<br />
doute à l'un de leurs collègues secondaires, qui siège<br />
depuis sept ans dans les jurys des brevets, de çonsigaer<br />
dans ces colonnes quelques-unes des observations<br />
que l'examen pour le brevet élémentaire lui suggère.<br />
Trois sortes d'observations se trouvent réunies ici :<br />
les unes, sur la composition française, que ce professeur'corrige<br />
à l'écrit; les autres sur l'interrogation<br />
d'histoire et de géographie, qu'il dirige à l'oral; d'autres,<br />
enfin, sur l'ensembré des épreuves et la valeur<br />
présente de l'examen.<br />
La composition française joue aujourd'hui, aux<br />
examens écrits, un rôle prépondérant; et ce n'est<br />
en somme que justice : c'est la seule des trois épreuves<br />
qui permette au candidat de faire preuve d'originalité<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 249 ><br />
et qui l'autorise à montrer, eu se livrant lui-même,<br />
un peu plus que de la correction et de l'exactitude.<br />
A première vue, la copie ne représente pourtant qu'un<br />
tiers des épreuves du premier degré, et le coefficient<br />
qu'on lui affecte ne correspond qu'à un tiers du coefficient<br />
total. Pourquoi donc, en lait, est-ce d'elle que<br />
dé'pend, sept à huit fois ^ur dix, l'admissibilité d un<br />
candidat?<br />
C'est que, des deux autres compositions, l'une, celle<br />
de mathématiques, aboutit très géoeralement à des<br />
réaultats supérieurs à. la moyenne. La grande majorité<br />
des aspirants y réussit. Qu'en conclure? Peutêtre<br />
que le choix des sujets est parfois un peu indulgent;<br />
mais il est certain, en tout cas, que les aptitudss<br />
mathématiques paraissent plus répandues à l'école<br />
primaire que les aptitudes littéraires, et que l'épreuve<br />
scientifique aide davantage au succès qu'elle n'en<br />
éloigne.<br />
L'autre composition, celle d'orthographe, comporté<br />
une dictée et des questions. Mais elle manque son<br />
but, car, dès qu'une dictée n'est plus correcte, U n'importe<br />
pas qu'elle ne le soit plus guère ou qu'elle ne<br />
le soit plus du tout : dix fautes ne coûtent pas plus<br />
cher que cinq. Et il peut arriver— j'ai vu de ces miracles<br />
— qu'une aspirante, en dépit d'une dictée grossièrement<br />
incorrecte, pour avoir répondu à peu près<br />
convenablement à quelques questions point du tout<br />
abstruses,,totalise, auprès de correcteurs optimistes,<br />
un 0 et un 8 ou un 9; en une note presque égale à la<br />
moyenne, et qui, avec un 12 ou un 13 d'arithmétique<br />
{autre moyenne), lui assure presque le succès.<br />
C'est ici qu'intervient la composition française.<br />
C'est assurément l'épreuve où une intransigeance de<br />
point de vue risque le plus d'entraîner un échec,<br />
quelle que soit l'indulgence des jurys, quelques précautions<br />
qu'ils prennent de ne point léser les candidats,<br />
faisant bénéficier ceux-ci de la note la plus favorable,<br />
en cas d'écart important entre les deux correcteurs<br />
d'une même copie. Et pourtant, quelle n'est<br />
pas, en général, la médiocrité de ces èpreuvesl On<br />
peut faire la part de la difficulté des sujets, d'autant<br />
plus réelle qu'on choisit plus souvent des sujets « faciles<br />
», c'est-à-dire banaux, rebattus, usés, lieux-communs<br />
fatigués et aphorismes poncifs : il n'y a que les<br />
sujets a difficiles » que le correcteur aborde avec<br />
l'espoir de quelques nouveautés ingénieuses, Mais il<br />
faut bien reconnaître l'indigence ordinaire de l'invention,<br />
la pauvreté de l'imagination et du vocabulaire,<br />
la platitude du développement. Quel style, presque<br />
toujours, dans ces « styles », comme bien des aspirantes<br />
intitulent' encore le laborieux produit de leurs<br />
réflexions ! Enfin et surtout, on s'étonne, puis on<br />
s'afflige, avec l'habitude, au spectacle renouvelé de<br />
fautes abasourdissantes et à l'absence presque générale<br />
(dans l'Ouest plutôt que dans l'Est) de ponctuation.<br />
Aucune idée, le plus souvent, de ce que sont un<br />
paragraphe, une phrase, une proposition.<br />
Qu'arrive-t-îl donc le plus souvent en de pareils cas ?<br />
Les jurés, malgré leur indulgence, répugnent à coter<br />
sans fermeté des devoirs à peine dignes, du certificat<br />
d'études, et ils inscrivent des notes sévères. C'est<br />
alors que le public les maudit et qu'ils emportent les<br />
rancunes des mères.<br />
•D'après ce qui précède, il semble que les maîtres<br />
doivent cultiver chez leurs élèves le's facultés d'imagination<br />
et, exiger un peu plus de respect pour la<br />
ponctuation et pour l'orthographe.<br />
{A suivre.) R. Livy.<br />
Sur « la poésie de l'histoire ».<br />
A M. HBNRI BRUNI.<br />
Il serait nécessaire, je crois, pour nous mettre d'accord,<br />
de nous entendre sur le sens du mot « poésie ».<br />
C'est pour vous, avant tout, un sentiment
250 , <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong>,<br />
la conçois, est inaccessible aux enfants das campagnes<br />
qui quittent l'école à neuf ou dix ans. J'essaie, dans<br />
ma classe, de revivre le passé avec mes élèves. Je les<br />
vois frémir au récit des souffrances de Jacques Bonhomme,<br />
s'indigner bien fort contre les seigneurs et<br />
les tyrans. La classe, alors, est une ruche bourdonnante,<br />
et les petites réflexions vont leur train. Cela<br />
veut-il dire que mon enseignement soit poétique ?<br />
Non, certes ; à moins que je ne fasse de la poé.sie<br />
comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir.<br />
Parlez-nous d'agrémenter nos leçons d'histoire d|humour,<br />
de naïveté, d'émotion tendre, j'en suis. Mais si<br />
vous abordez la vraie poésie, celle qui nous arrache<br />
à no s-mêmes et élève l'âme vers quelque chose d'indéfinissable,<br />
de délicieux et d'infiniment beau, je me<br />
récuse et vous redis : a C'est impossible 1 » •<br />
Essayez, si vous en doutez, d'émouvoir un petit<br />
paysau de notre Brenne avec cette phrase d'histoire<br />
(car c'est de l'histoire) la plus poétique, peut-être, qui<br />
soit au monde.<br />
Les astres émaillaiont le ciel profond et sombre ;<br />
Le croissant fia et clair parmi ces âeurs de l'ombre<br />
Brillait à l'Occident, et Riith se demandait,<br />
Immobile, ouvrant l'œil à moitié sous ses voiles,<br />
Qnel dieu, quel moissonneur de réternel été<br />
Avait, en s'en allant, négligemment jeté<br />
Cetie faucille d'or dans le champ des étoiles.<br />
Quant aux maîtres, vous leur faites,beaucoup d'honneur,<br />
Vous voulez que nous soyons tous poètes ? Nous<br />
ne demandons pas mieux. Vous voulez que nous<br />
lisions Michelet ? C'est fait. Mais, s'agit-il, maintenant,<br />
de faire passer dans mes leçons l'âme de Michelet<br />
1 Je n'essaierai jaiiais. Il me semble que déformer<br />
son admirable pensée en des phrases maladroites ou<br />
simplement banales (il faut bien se mettre à la portée<br />
de l'auditoire, que diable 1) ce serait commettre un<br />
véritable sacrilège. Une petite anecdote me revient à<br />
LA mémoire. Je passais l'oral du C. A. P. On me<br />
donne un cahier mensuel à critiquer. Je feuillette<br />
distraitement, puis, je m'arrête soudain, séduit par un'<br />
superbe devoir de composition française ayant pour<br />
titre ; la Patrie, et coté 8. « Voici, dig-je, au bout de<br />
quelques instants, un devoir auquel je donnerais,<br />
sans hésiter, la note 0. M. l'inspecteur me regarde,<br />
surpris' ; les deux instituteurs sursautent, indignés ;<br />
et votre serviteur d'ajouter : « Oui, je noterais ce devoir<br />
0 car c'est la caricature grotesque d'une des plus<br />
belles pages de notre littérature. Pour voir la patrie<br />
dans la fumée des cheminées et l'azur du ciel, il faut<br />
l'imagination d'un poète, et pour exprimer cette vision,<br />
la plume d'un élève et la parole d'un maître ne<br />
suffisent pas. La pensée de l'auteur est déchiquetée;<br />
elle gît en lambeaux I » J'eus peut-être tort de juger<br />
sévèrement l'élève ; le grand coupable était le maître.<br />
Je ne vous rappellerai pas la légende d'Icare. L'éducateur<br />
trop hardi ressemble au fils de Dédale. A<br />
vouloir s'élever trop haut, il risque parfois de se brûler<br />
les ailes au soleil.<br />
J'en resterai là, heureux avec vous si cette discussion<br />
que j'ai désirée courtoise pouvait encourager les<br />
instituteurs à réveiller, du coin poussiéreux de la bibliothèque<br />
où elle dort, la pensée des grands auteurs<br />
capable de donner à notre enseignement le souffle de<br />
vie et la poésie qui lui mantiuent.<br />
MAURICE <strong>DE</strong>SCLOUX,<br />
instituteur adjoint à Martizay (Indre),<br />
Pour les bibliothèques scolaires.<br />
' Nos bibliothèques scolaires sont peu fréquentées.<br />
Ce ne sont pas les lecteurs qui manquent, mais les<br />
livres. A côté d'un Manuel du patron-péoheur, d'un<br />
Traité € arboriculture fruitière, d'une Histoire de<br />
l'art, ou d'un Voyage au Kurdistan, la mienne<br />
compte à peine quelques volumes intéressants, usés<br />
d'ailleurs, à force d'être relus.<br />
Pour se procurer de bons livres, il ne faut guère<br />
compter, dans les petites localités, sur le concours de<br />
généreux donateurs, ou les envois du ministère de<br />
l'Instruction publique. Il n'est qu'une solution : la demande<br />
à la municipalité. Je suis arrivé à faire ins<br />
crire au budget communal 10 francs par mon conseil<br />
municipal. C'est peu, direz-vous. Sans doute, mais<br />
le fait est que grâce à cejte minime subvention annuelle,<br />
j'ai pu me procurer Sans famille, la Mare<br />
au diable, les' oëuvres d'Erckniann- Chatrian, le<br />
Maurin des Maures, de Jean Aicard, le Roman d'un<br />
brave homme, d'Ed. About, i'onole Placide, de Girardîn,<br />
et, par dessus tout, plusieurs comédies de<br />
Molière. PAUL MAUREL,<br />
instituteur aux Mayous CVar).<br />
COMMUNICATIONS DIVERSES<br />
Le reclassement.<br />
Une commission siégeant au ministère de l'Instruction<br />
publique, sous la présidence du directeur de<br />
l'enseignement secondaire et avec le concours de l'inspecteur<br />
des finances, directeur de la comptabilité,<br />
vient de préparer un projet de décret indiquant les<br />
bases d'un reclassement général de tous les fonctionnaires<br />
de l'enseignement secondaire dans leurs fonctions<br />
actuelles, d'après le nombre de leurs années de<br />
services ; c'est enfin la réparation des retards de carrière,<br />
question dont le Manuel général a souvent entretenu<br />
ses lecteurs.<br />
Bonne nouvelle pour les instituteurs et institutrices ;<br />
mais à quand la réunion de la commission pour l'enseignement<br />
primaire et le projet de décret réclamé<br />
par eux depuis si longtemps et bien avant l'enseignement<br />
secondaire t<br />
Conférences sur la législation et<br />
l'administration de l'enseig'nement primaire.<br />
Ces conférences auront lieu dans la salle de géographie<br />
du Musée pédagogique, 41, rue Gay-Lussac, les<br />
jeudis 2 février, 2 mars, 6 avril et 4 mai.<br />
Société nationale de l'Art à l'école.<br />
Le conseil municipal de Paris a envoyé à l'étude de<br />
sa 4® commission une motion de MM. A. Rendu et<br />
Massard, tendant à faire décorer les écoles- de Paris<br />
de peintures, toiles ou fresques, par les lauréats des<br />
écoles des Beaux-Arts, tel que cela se pratique depuis<br />
quinze ans dans les ècoIesM'Anvers.<br />
La société de l'Art à l'école expose actuellement<br />
au Musée pédagogique, 41, rue Gay-Lussac, les photographies<br />
complètes de ces décorations d'Anvers;<br />
Elle a même inspiré divers essais de décoration des<br />
écoles, rues Charles-Baudelaire, de Monceau, de Sùresnes,<br />
et elle vient de faire décorer de claires peintures<br />
la nouvelle école de la rue Belliard, par un jeune<br />
artiste de talent, M. Tobeen.<br />
Il faut voir aussi le réfectoire de l'école, 40, rue<br />
Manin, aux Buttes-Chaumont. ,<br />
Aux instituteurs bacheliers.<br />
Les instituteurs bacheliers, non pourvus du brevet<br />
supérieur, sont priés de vouloir bien envoyer leur<br />
nom et adresse à M. L. Girault, à Nanterre (Seine).<br />
(Passage en 2= classe., assimilation de titre.)<br />
Société<br />
de préservation contre la tuberculose.<br />
AUX INSTITUTEURS ET AUX INSTITUTRICES<br />
Le conseil d'administration de la Société de préservation<br />
contre la tuberculose par Véducation populaire<br />
prend la liberté de rappeler aux membres de<br />
l'enseignement qu'il met gratuitement à leur disposition<br />
et leur envoie franco tous les imprimés édités<br />
par la société : affiches, conférences, tracts, étiquettes,<br />
bulletins mensuels, etc.<br />
Il s'adresse de nouveau à leur dévouement afin de
les voir propager à l'école ei autour d'elle l'enseignement<br />
de l'hygiène antituberculeuse et leur demande<br />
instamment de faire acte d'adhésion à la Société de<br />
préservation contre la tuberculose (cotisation excepùonnelle<br />
de membre actif : un franj par an). •<br />
Il est heureux en outre de leur annoncer qu'il se<br />
lait un plaisir de récompenser chaque année « à<br />
l'assemblée générale de mars » les instituteurs et les<br />
institutrices qui se sont distingués dans la lutte contre<br />
la tuberculose et qui veulent bien adresser au<br />
siège de la Société, 33, rue Lafayette, Paris (8«), un<br />
rapport détaillé de leurs services.<br />
Le président : D'' J.-J. PEYROT,<br />
sénateurj membre de l'Académie de médecine.<br />
REVUE <strong>DE</strong> LA PRESSE<br />
Pour la jeunesse.<br />
Une nouvelle ligue.<br />
Le Rappel annonce la création d'une nouvelle<br />
ligne qui se propose d'organiser dans notre<br />
pays un enseignement post-scolaire pour les<br />
adolescents sortis de l'école primaire.<br />
Ce groupement portera le nom de « Ligue de l'enseignement<br />
post-scolaire obligatoire»»; il aura son<br />
siège 8, rue Monsieur-le-Prince, à Paris.<br />
Les membres du comité d'action font appel à toutes<br />
les bonnes volontés pour recueillir des adhésions et<br />
les adresser au siège de la Ligne.<br />
L'inscription comme ligueur ne comporte aucune<br />
cotis^iion ; ou plutôt, le montant total de tous les frais<br />
demandés aux ligueurs se chiffre par la somme de<br />
cinq centimes, coût de l'envoi d'une carte de visite<br />
portant l'adresse e.-jacte de l'adhérent et sa signature ;<br />
cependant les dons particuliers et les allocations de<br />
groupements corporatifs seront accueillis avec reconnaissance.<br />
Chaque ligueur prend, en outre, l'engagemènt moral<br />
de faire quelque propagande et de provoquer<br />
ainsi de nouvelles adhésions.<br />
Les adresses seront soigneusement contrôlées, par<br />
département. Aussitôt qu un noyau assez important<br />
de ligueurs y sera formé, un sous-comité sera élu<br />
sans retard ; les sous-comités départementaux seront<br />
placés sous le contrôle du comité d'action. L'essentiel<br />
pour le moment est d'être le nombre le plus vite possible<br />
: les personnes qui désireraient fonder des<br />
sous-comités dans les départements sont priées d'envoyer<br />
leur nom au secrétariat de la Ligue.<br />
Le comité d'action adresse aussi un press»nt appel<br />
à la presse politique, à la presse pédagogiq^ue, aux<br />
amicales d'instituteurs, aux associations d anciens<br />
élèves et autres groupements similaires, afin qu'ils<br />
l'aident à vulgariser le plus possible l'idée de Pins-<br />
Iruction obligatoire des adolescents.<br />
^ BUT DB LA LIOOE.<br />
Voici de quelle façon se résume le but de la Ligue :<br />
1" Assurer la fréquentation de l'école primaire en<br />
la rendant eflectivement gratuite ;<br />
2° Réagir contre l'envoi en classe des trop jeunes<br />
enfants qui y restent — sans grand profit — chaque<br />
jour six heures durant. Le temps de présence de la<br />
division enfantine pourrait être réduit à deux heures,<br />
au maximum ;<br />
3° Charger l'instituteur de l'enseignement des adolescents<br />
pendant la journée ; orienter cet enseignement<br />
vers le côté pratique et professionnel ;<br />
4» Rendre l'instituteur uniquement à son école et<br />
relever le traitement du personnel primaire auquel on<br />
va demander un eflort et un supplément de connaissances<br />
;<br />
5» Sauvegarder les adolêsoents en les obligeant à<br />
continuer à s'instruire après leur sortie de l'école<br />
primaire ;<br />
6" Charger les conseils départementaux d'adapter<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E<br />
les écoles d'adolescents aux exigences du milieu o(i<br />
elles fonctionnent.<br />
Du choix des livres daas les écoles.<br />
Le droit des parents.<br />
Dans un article de l'Action, M. de Lanessan<br />
se rallie à l'opinion de ceux qui pensent que<br />
les parents « n'ont aucun rôle à jouer dans le<br />
choix des livres ».<br />
Au moment où la Chambre se prépare à discuter<br />
les projets et propositions de loi que lion a qualifiés,<br />
d'un mot un peu gros, « projets de défense de l'école<br />
laïque », le Conseil d'Etat vient de se prononcer sur<br />
la question des droits de l'Etat d'une part, des droits<br />
d»s pères de famille de l'autre, sur les livres que<br />
les instituteurs peuvent mettre entre les mains des<br />
enfants.<br />
Après avoir affirmé qu'il « appartient au ministre<br />
de l'Instruction publique, après avis de la section<br />
permanente du Conseil supérieur de l'instruction publique,<br />
de prononcer l'interdiction de tel ou tel livre »<br />
et avoir rappelé que « la liste des Uvres scolaires est<br />
dressée par le recteur sur la proposition du conseil<br />
départemental », le Conseil d'État décide que les parents<br />
n'ont, en principe, aucun rôle à jouer dans le<br />
choix des livres.<br />
Cette première conclusion, relativement aux droits<br />
des parents, est parfaitement rationnelle. Rien n'est<br />
plus difficile que de juger un ouvrage classique.<br />
Il faut posséder non seulement une excellente instruction<br />
générale, mais encore une grande expérience<br />
de l'enseignement et assez de philosophie pour se tenir<br />
à l'écart des préjugés ou des passions qui s'agitent<br />
autour des écoles publiques. Combien y a-t il,<br />
dans la plupart des communes, de pères de famille,<br />
auxquels pourrait être confiée une tïche exigeant des<br />
qualités aussi rares ?<br />
Là est le grand obstacle, l'obstacle invincible, diraije'<br />
volontiers, à la thèse fort séduisante et qu'il me<br />
serait agréable de pouvoir soutenir, d'après laquelle<br />
le contrôle de l'enseignement primaire dans les écoles<br />
laïques devrait être confié à des représentants élus<br />
des pères de famille. Quels sont ceux qui pourraient<br />
être élus ? Quels sont ceux qui pourraient être électeurs<br />
?<br />
Ce qui serait à réformer dans nos<br />
programmes.<br />
Trop d'uniformité.<br />
La Revue a publié, sous le titre le Présent et<br />
l'Avenir de l'école laïque, un substantiel article de<br />
M. Compayré, duquel nous extrayons le passage<br />
suivant. On y trouvera formulé avec force<br />
et précision un vœu que le Manuel général a<br />
souvent exprimé pour son compte :<br />
Ce 5ui serait certainement à réformer dans le statut<br />
des études primaires, c'est l'uniformité inflexible<br />
qui, d'un bout de la France à l'autre impose à toutes<br />
les écoles les mêmes horaires et des enseignements<br />
identiques. Combien il serait désirable de diversifler<br />
un peu l'instruction, suivant la variété des besoins locaux,<br />
ét de ne pas imposer les mêmes règlements aux<br />
écoles urbaines et rurales 1 Combien l'instituteur des<br />
campagnes, par exemple, ne gagnerait-il pas en considération<br />
et en autorité, s'il prenait plus de souci<br />
d'enseigner à ses élèves les notions élémentaires<br />
d'agriculture! « Quand les pères de famille verront<br />
que l'instituteur met son amour-propre à faire de<br />
leurs enfants de véritables agriculteurs, connaissant<br />
et aimaat leur profession, quand ils seront bien convaincus<br />
qu'il s'intéresse vraiment aux choses de la<br />
terre et qu'il est presque un des leurs, ils l'entoureront<br />
de respect et mime d'affection; sur ce terrain<br />
il n'y aura pas de dissidents. »<br />
S'adapter aux intérêts particuliers du pays où ils<br />
enseignent, aux réalités du milieu local ou régional,
252 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong>' <strong>PRIMAIRE</strong><br />
tel est l'un des premiers devoirs des bons instituteurs.<br />
Prouver aux parents, de plus en plus, que<br />
l'école est utile, la rendre agréable aux enfants, voilà<br />
qui vaut mieux que toutes les mesures coercitives<br />
pour assurer la fréquentation, régulière de_ l'école.<br />
Plus encore que par des mesures protectrices, qui<br />
renforceront la loi de l'obligation, l'école se défencura<br />
par elle-même.<br />
La crise de l'apprentissage.<br />
On remède pour Paris.<br />
On sait avec quelle intensité sévit par toute<br />
la France cè que l'on a appelé « la crise de<br />
l'apprentissage ». A Paris ^seulement, les besoins<br />
de l'industrie exigeraient annuellement un contingent<br />
de cent mille apprentis; les écoles ou<br />
les cours professionnels en fournissent péniblement<br />
quinze mille. Le conseil municipal a fini<br />
par s'émouvoir d'une situation si lamentable et<br />
si inquiétante et, pour y porter remède, l'un<br />
de ses membres, M. Pierre Morel, propose<br />
les mesures suivantes, que nous trouvons exposées<br />
dans le Bulletin municipal :<br />
La direction de l'enseignement primaire à l'Hôtel<br />
de Ville ne peut suffire à tout et elle n'a pas assez<br />
de contact avec le monde industriel et commercial. Il<br />
faudrait donc créer d'abord une direction de l'enseignement<br />
technique.<br />
Il s'agirait aussi — comme cela se passe partout à<br />
l'étranger — de constituer un conseil départemental<br />
technique « qui, sous l'inspiration des chambres de<br />
commerce, des chambres consultatives des arts et manufactures,<br />
des chambres syndicales ouvrières et patronales,<br />
ouvrirait, selon les besoins de la population<br />
^parisienne, des cours prolessionnels qui fonctionneraient<br />
dans la journée, pendaiit deux heures, par<br />
exemple ». On pourrait tout de suite organiser quarante-trois<br />
cours qvii correspondent à la division de<br />
Paris en catégories de métiers.<br />
Il faudrait doter nos écoles d'un statut définissant<br />
le but de chaque école, établissant une homogénéité<br />
complète entre les diverses parties de l'enseignement;<br />
utiliser lesdites écoles pour y établir des centres<br />
d'enseignement technique, comme cela existe à<br />
Berlin; enfin, instituer des cours préparatoires aux<br />
fonctions de directeur ou de professeur d'écoles professionnelles.<br />
L'inspection médicale des écoles<br />
d'Outre-Manche.<br />
Maux et remèdes.<br />
Mme Claire Gérard, chargée, par le Musée social,<br />
d'une mission en Angleterre, publie, dans<br />
la Petite République, un compte rendu sommaire<br />
du rapport présenté et des réformes proposées<br />
au Conseil de l'éducation par le docteur Newman,<br />
directeur des services de l'inspection médicale<br />
dans les écoles primaires.<br />
Sur les six millions d'écoliers des Board SchooU<br />
d'Angleterre et du pays de Galle#, le D'' Newman en<br />
compte exactement une proportion de 10 0/0, atteinte<br />
de sérieux troubles de la vue, de 3 à 5 0/0 destinée<br />
à la surdité, de 1 à 3 0/0 souffrant de la suppuration<br />
dans les oreilles, de 8 0/0 affligée de laryngite ou de<br />
végétations assez importantes pour exiger un traitement<br />
chirurgical. Les cas de carie dangereuse de la<br />
mâchoire accusent un chiffre inquiétant de 20 à 40 0/0,<br />
— et les désordres de l'estomac et de l'intestin, causés<br />
par une mastication défectueuse, sont trop connus<br />
pour qu'il soit utile d'insister. Tandis que les maladies<br />
du cuir chevelu dues au simple manque de soin et à<br />
la malpropreté marquent jusqu'à 40 0/0, les graves<br />
aiïections de la tuberculose de forme très caractérisée<br />
descendent à 1 0/0 et celles du cœur de 1 à 2 0/0<br />
dans l'échelle dressée par le D'George Newman, afin<br />
d'évaluer les fluctuations de l'état sanitaire des écoliers<br />
de Grande-Bretagne.<br />
Pour justifier les dépenses énormes qu'entraîne<br />
«ne inspection de ce genre, il fallait indiquer les<br />
remèdes que les maîtres d'école et les autorités<br />
locales peuvent trouver à leur portée, et le rapport<br />
du D' George Newman n'y manque point. Toute la<br />
section III est consacrée aux devoirs des instituteurs<br />
vis-à-vis des parents afin de prévenir ceux-ci des dangers<br />
que court la santé de leur enfant, de leur indiquer<br />
les mesures à prendre et, au besoin, de les forcer<br />
à accomplir un devoir qu'ils pourraient négliger.<br />
En cas de pauvreté absolue, il convient de les aider<br />
par le concours des œuvres de bienfaisance et les secours<br />
de l'Assistance publique. Voici quelles sont les<br />
étapes à franchir pour atteindre le but proposé sans<br />
se substituer brutalement à l'autorité paternelle -.<br />
1" Les parents seront informés de tout symptôme<br />
alarmant découvert chez l'enfant ;<br />
2» Après un délai raisonnable, une enquête sera<br />
tentée afin de savoir quel remède a été appliqué;<br />
3° Si rien n'a été fait, il faudra chercher la raison<br />
de cette abstention ;<br />
4" Ensuite, tout sera mis en œuvre pour écarter les<br />
obstacles qui empêchent l'enfant de suivre le traitement<br />
prescrit ; à savoir : lui obtenir les secours de<br />
l'Assistance publique en cas de pauvreté ; presser sur<br />
les parents s'ils sont négligents ou indifférents ; leur<br />
faciliter les moyens de donner à l'enfant malade les<br />
soins nécessaires s'il s ne peuvent lui être donnés dans<br />
la localité on le district qu'il habite;<br />
5» Après le premier, procéder à nouveau à l'examen<br />
des .enfants souflrants pour constater les améliorations<br />
survenues dans leur état et se rendre compte des résultats<br />
obtenus par le traitement ordonné.<br />
L'école et la vie.<br />
La part de l'éducation dans la formation<br />
de l'homme.<br />
M. Marcel Prévost revient, dans le Figaro, sur<br />
un sujet qu'il a abordé maintes fois, de divers<br />
c'ôtés, et sur lequel il aime à disserter ; l'éducation.<br />
Il cherche à fixer, dans l'article que nous<br />
citofis, la part qui revient-à l'éducation dans la<br />
formation de l'homme :<br />
A condition que l'éducation évite ce double écueil,<br />
— ruser avec la réalité et méconnaître l'importance<br />
capitale du caractère, — elle demeure une force comparable<br />
aux deux autres, comparable au caractère,<br />
comparable à l'expérience. A l'heure où, vers la trentième<br />
année, s'additionneront les multiples influences<br />
dont le total s'appelle: un esprit d'homme fait, l'éducation<br />
— si elle fut « réelle » par son squci de s'appuyer<br />
sur les instincts innés et de ne pas contredire<br />
la vie — inclinera vers elle la résultante. La plupart<br />
des êtres dont l'existence nous apparaît fortement<br />
organisée et bien remplie, si vous les interrogez, rapportent<br />
sincèrement le mérite de leurs succès à Tèducation<br />
; ils nomment un père, une mère, un maître<br />
dont l'influence marqua fortement leur jeunesse. C'est<br />
que, sans nier la puissance des qualités innées ni les<br />
leçons de l'expérience, ils sentent que l'éducation<br />
exerça, sur tout cela, sa puissance suprême de cohésion,<br />
de coordination.<br />
Voilà pourquoi, avec un instinct infaillible, les partis<br />
politiques, les doctrines religieuses et morales bataillent<br />
pour posséder l'école. L'éducation n'est qu'une<br />
des trois composantes du caractère de l'être humain:<br />
mais elle est la seule dont disposent ceux qui veulent<br />
agir sur une génération d'hommes. Qui possède l'école<br />
ne possMe pas tout. Qui l'a contre soi en est réduit,<br />
pour maintenir sa foi au triomphe de ses idées, à<br />
escompter les désastres que prépare une éducation<br />
mauvaise, — à en appeler de l'école, à la vie.<br />
Voir la rubrique GORRESPONbANOE en lêie de la partie du journal conxaci-ée aux Annonces.<br />
40. — Imp. KAPP, Paris. Le Gérant^] A. BABURLÉ.
78» Aunée.-8« Série. -Tome XLVII. No 21 4 Février 1911.<br />
CORRESPONDANCE<br />
Questions Scolaires<br />
/"JVos correspondants sont instamment priés de ménager à<br />
la gauche de leurs lettres une marge suffisante pour que<br />
nous puissions y inscrire nos réponses ausc questions qu'ils<br />
nous posent. — Il n'est pas réponchi aux lettres anonymes).<br />
Recrutement des institutrices.<br />
M. M..., à Marseille.<br />
« Quels sont, en France, les départements où une<br />
postulante aurait le plus de chances d'être nommée<br />
institutrice dans une école publique élémentaire ou<br />
maternelle? »<br />
Répondant à celte question posée par un député,<br />
M. le ministre de l'Instruction publique a déclaré que<br />
le recrutement des institutrices publiq^ues était assuré<br />
dans tous les départements par les élèves-maîtresses<br />
sorties des écoles normales et par les postulantes<br />
pourvues du brevet supérieur ayant fait des remplacements<br />
à titre de suppléantes auxiliaires pendant<br />
plusieurs mois.<br />
Population agglomérée.<br />
S.T...,àG...<br />
« Comment compte-t-on la population agglomérée<br />
pour déterminer le chiffre de l'indemnité de résidence<br />
due aux institutrices et aux instituteurs dans une ville<br />
qui possède un octroi î »<br />
Cette question soulève bien des réclamations parce<br />
qu'elle n'est pas résolue par un texte précis : a Une<br />
interprétation très large, à laquelle je me suis rallié,<br />
a été donnée à ce sujet devant la Chambre des députés,<br />
dans la séance du 27 janvier 1887 ; elle repose<br />
sur la loi du 20 mars 1883, qui rend obligatoire, pour<br />
tout groupe de plus de vingt enfants, l'établissement<br />
d'une école dans les centres de population distants les<br />
uns des autres de trois kilomètres. D'après cette règle,<br />
je suis disposé à entendre les inots de population<br />
agglomérée qui figurent dans la loi du 30 octobre<br />
1886, en ce sens que l'on pourra considérer l'école<br />
comme embrassant une circonscription dont le diamètre<br />
serait de trois kilomètres, c'est-à-dire dont les<br />
habitants seraient domiciliés dans un rayon de<br />
1500 mètres.«(Circulaire ministérielledu20mars 1887.)<br />
Cette interprétation n'a pas été admise ni par le ministre<br />
des Finances, ni par le ministre de l'Intérieur<br />
pour l'établissement des chiffres du recensement quin<br />
ACTES OFFICIELS<br />
quennal qui sont appliqués pour fixer l'indemnité de<br />
résidence prévue par l'article 12 de la loi du 19 juillet<br />
1889 et du 25 juillet 1893. D'après la longue instruction<br />
de 1891 relative au recensement de cette<br />
année, toujours appliquée, ce sont les propriétés closes<br />
qui relient tes groupes d'habitations pour constituer<br />
l'agglomération. Cette définition est véritablement<br />
trop vague. Une circulaire explicative et définitive<br />
s'impose.<br />
Toutefois, les limites de l'octroi, dans les villes qui<br />
en sont pourvues, nous paraissent une indication précise,<br />
car les conditions matérielles de la vie dans l'enceinte<br />
sont les mêmes et justifient la même indemnité<br />
de résidence.<br />
Droits d'auteurs et soirées.<br />
P..., à B... [Loiret).<br />
« Que iaire pour résister aux prétentions exagérées<br />
de la Société des auteurs qui réclame une redevance<br />
élevée pour une matinée littéraire absolument<br />
gratuite? »<br />
Le syndicat de la Société des auteurs, compositeurs<br />
et éditeurs de musique n'exige que l'abonnement d'un<br />
franc, conformément à la circulaire ministérielle du<br />
21 mai 1894 :<br />
1° Pour les concerts donnés dans les lycées, collèges<br />
et écoles de l'Etat lorsque ces concerts sont ofterts<br />
par les élèves aux autorités, à leurs parents ou<br />
correspondants et à leurs professeurs, sans recette<br />
directe ou indirecte et sans autres interprètes que les<br />
professeurs ou élèves ;<br />
2° Pour les soirées de conférences populaires données<br />
publiquement à l'école par les instituteurs ruraux<br />
et comportant une partie littéraire ou musicale.<br />
Mais lorsque les séances données à l'école comportent<br />
des invitations en dehors des autorités, des.parents<br />
ou correspondants des élèves et des professeurs<br />
ou l'audition d'interprètes autres que les élèves, les<br />
organisateurs devront se munir de l'autorisation écrite<br />
de l'auteur ou de la société précitée.<br />
' 11 en est de même des associations d'anciens élèves,<br />
patronages et de toutes œuvres postscolaires, même<br />
dirigées par l'instituteur, pour toutes leurs auditions,<br />
niême au cas de gratuité absolue.<br />
En aucun cas, les représentations de pièces ne seront<br />
comprises dans les exonérations de droits d'auteurs<br />
consenties par la convention, (Circulaire ministérielle<br />
du 8 août 1902.) F. MUTELET.<br />
CONCERNANT L'ENSEIGNEMENT <strong>PRIMAIRE</strong><br />
ARRÊTE fixant la date des examens pour l'obtention<br />
du certificat d'aptitude à l'enseignement du<br />
desjsin, en 1911. —29 décembre 1910.<br />
Les éprouves de l'examen pour l'obtention du certificat<br />
d'apiitude à l'enseignement du dessin dans les lycées et collèges<br />
(/"* degré)., dans les écoles normales primaires et les<br />
écoles primaires supérieures, commenceront, en 1911, le<br />
vt^ndredi 30 Juin, au chef-lieu de cUaque académie.<br />
Les épreuves de l'examen pour robtencion du certificat<br />
d'aptitude à l'enseignement du dessin dans les lycées et collèges<br />
{degré supériexir)^ commenceront, en 1911, le lundi<br />
'i octobre.<br />
MÀtJRICK-FAURE.<br />
AVIS<br />
Inspection de l'enseignement primaire<br />
de la Réunion.<br />
Un poste d'inspecteur primaire est actuellement vacant à<br />
la Réunion.<br />
Les candid^ats doivent être pourvus du certificat d'aptitude<br />
à l'inspection des écoles primairoa et être rangés dans la<br />
4* classa des inspecteurs primaires du cadre métropolitain.<br />
La préférence sera doanée aux candidats qui seront, en<br />
outre, munis du certificat d'aptitude au professorat dans les<br />
écoles normales (ordre des sciences).<br />
Le traitement comprend:<br />
lo Une solde d'Europe 3 500<br />
2» Un supplément colonial 3 500<br />
3® Une indemnité do résidence., 1 000<br />
4® Des frais de déplacement 2 000<br />
TOTAL 10 000<br />
Les demandes doivent ôtre adressées à M. le ministre de<br />
l'Instruction publique et des Beaux-Arts (direction de l'enseignement<br />
primaire, 1®' bureau).<br />
Extrait d e la liste des ouvrages admis p ar l a<br />
Commission des bibliothèques de l'enseignement<br />
primaire. ^<br />
BAILLY (A.). —Z-A trowpe JANS rivale^ 1 vol in«8®, 1 fr. 10.<br />
(Bibliothèques scolaires.)<br />
BBLI.BT (D.). — ISouveautés et progrès de l'industrie^<br />
1 vol. 1 fr. 40. (Bibliothèques scolaires.)<br />
BERGET.(A.). — La route de l'ah\ l vol. in-8®, 15 francs.<br />
(Ecoles normales. — Ecoles primaires supérieures.)<br />
BOSSERT. —Essais sur la littérature allema,nde (2* série),<br />
1 vol. in-12, 3 fr. 50. (Ecoles normales.)
d62<br />
ArANUEL <strong>GÉNÉRAL</strong>>î<strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
BREDir (L.)* — Mélan»es^ 1 vol. in-lG, 3 fr. 50. (BibJiothèqnes<br />
pédagogiques. — Ecoles normales.)<br />
CIIEVRILLON (A.). — .Vouvelles études anglaises, l vo\. in-<br />
12, 3 fr. 60. (Ecoles normales. — Ecoles • primaires supérieures.)<br />
CRASTR13 (F.). — A travers l'Argentine moderne, 1 vol.<br />
in-12, 4 fr. (Toutes les bibliothèques.)<br />
DCGAIID (Mlle). — L'évolution contre Véducalion^ 1 vol.<br />
in-12, 2 fr. (Bibliothèques pédagogiques. — Ecoles normales. )<br />
FniDOURa (A ). — Discours ' àe JJanlbn^ 1 vol. in»16,<br />
3 fr 50. (BiWioihèques pédagogiques. — Ecoles normales.)<br />
FDNCK-BRENTANO. — La Bastille des corm^di^ns. — Le For<br />
l'Evéçuc., 1 vol, in-16, 3 fr. r)0. (Ecoles normales fprofesseuTs]<br />
)<br />
GAULTIER (P.). —La vraie èdxc'.ation^ 1 vol. iu-18, 3 fr. 50.<br />
(Bibliothèques pédagogiques. — Ecoles normales.)<br />
GAUTUEROT ((T.)- — La question de la langue auxiliaire<br />
•internationale, 1 vol. in-l6y3 fr. 50. (Bibliothèques pédagogiques.—<br />
Ecoles normales.)<br />
GIRARDIN (J.). — 3Iaman, 1 vol. in-8°, 1 fr. (Bibliothèques<br />
scolaires. )<br />
GREEN (A. K ). —-Le Médailloti^ 1 vol. in-12, 1 fr. (Bibliothèques<br />
scolaires.)<br />
LABUB (M.). — Manuel'pratiijue de dactylographie, 1 vol»<br />
in-8*, 2 fr (Bibliothèques pédagogiques, — Ecoles primaires<br />
supérieures. — Bibliothèques scolaires.)<br />
LAI'-FITTE (J.-P.). — Le paradoxe de Végalitê et la représetUaiion<br />
proportionnelle, i vol. in-l6,3 fr. 50. (Bibliothèques<br />
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OfGcier de Tlnstr. publique, Professeur à l'École des Hautes Études Commerciales et à l'École Pr. Supér. Lavoîsiér, Examinateur<br />
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gratuitement sur demande accompagnée d'une<br />
bande du journal et adressée au secrétaire de la<br />
rédaction du Manuel général.<br />
Nous prions nos correspondants de Toulolr bien<br />
Indiquer avec précision l'espèce des sujets qu'ils désirent.<br />
(Sujets du G. A. P., ou du brevet supérieur,<br />
ou du professorat, ou de l'inspection.)<br />
AVIS RELATIF<br />
A LA CORRECTION <strong>DE</strong>S COPIES<br />
Nous rappelons à nos abonnés que nous corrigeons<br />
toutes les copies qui nous sont adressées par eux et<br />
que le tarif des corrections est fixé ainsi qu'il suit :<br />
CONCOURS D'ADMISSION AUX ECOLES<br />
NORMALES^<br />
Orthographe.<br />
t e itIoRte d'Or a =.<br />
C'est par certains ciels d'hiver qu'il faut le contempler,<br />
tout enveloppé dans son manteau de neige, alors<br />
qu'un açaple dais de nuages se déploie au-dessus dé<br />
l'horizon, sans s'abaisser jusqu'au niveau des montagnes.<br />
Un grand cercle d'azur séparant leur ligne de<br />
faîte de ces nuées grisâtres, la lumière, d'autant plus<br />
éclatante, vient librement se jouer sur les pentes du<br />
Monte d'Oro. Les neiges y resplendissent dans leur<br />
blancheur immaculée : le miroir à facettes des petits<br />
glaciers renvoie en tous sens les flèches du soleil; une<br />
sorte de liseré d'or court le long des lignes a.ocidentées<br />
de la double crête; et ces tons jaunes se iondent<br />
avec le bleu du ciel en un vert tendre d'une dégradation<br />
31 délicate et si moelleuse que les regards ne<br />
s'en peuvent rassasier.<br />
Mais ce n'est pas le 'seul mérite du Monte d'Oro<br />
que de récréer les yeux des Ajacciens. Il n'est pas<br />
seulement un beau spectacle ; il est un belvédère, le<br />
mieux situé de l'île probablement, d'un abord assez<br />
pénible pour ne sourire qu'aux plus vaillants. Nous<br />
gravissions un jour les rampes de la vieille montagne.<br />
Nous avions couché sur la dure, dans une cahute de<br />
berger, à quelque dix-neuf cents mètres d'altitude.<br />
Bien qu'on fût en pleine canicule, un grand feu de<br />
bruyère ne nous avait pas semblé superflu pour nous<br />
procurer quelques heures de bon et réconfortant sommeil,<br />
en attendant l'ascension, qui devait commencer<br />
un peu après minuit, sous la conduite de guides<br />
expérimentés et munis de lanternes.<br />
Notre ambition n'était pas tant de jouer à bon<br />
marché aux alpinistes que de rechercher un plaisir<br />
esthétique assez piquant, celui de voir en même temps<br />
le jour et la nuit, en nous posant en quelque sorte<br />
sur la frontière de l'un et de l'autre. Nous savions<br />
1. Instituteurs; Ajaccio, 1910. Communiqué par M. ,1.<br />
Fattaccioli, à Canava^gia (Oorse).<br />
2. C'est-à-dire, le Mont d'Or. Épeler le titre.<br />
Sujets de Compositions.<br />
1 fr. 50 par sujet pour les compositions préparatoires<br />
aux examens de l'inspection primaire et du<br />
professorat des écoles normales;<br />
1 fr. par sujet pour les compositions préparatoires<br />
au G. A. P.;<br />
0 fr. 75 par sujet pour les compositions préparatoires<br />
aux examerts du brevet supérieur {la composition<br />
de mathématiques peut comprendre deux problèmes,<br />
qui sont corrigés pourOfr. 75; — l'épreuve de<br />
langues vivantes ne doit contenir qu'un exercice en<br />
an^ais ou en allemand) ;<br />
0 fr. 50 par sujet pour les compositions des aspirants<br />
au brevetélémentalre, ausr écoles normales<br />
primfiires et au certlfloat d'étades primaires.<br />
De plus, les abonnés qui désirent recevoir sous en-.<br />
veloppe fermée leurs copies annotées doivent ajouter<br />
0 fr. 15 au prix indiqué pour la correction.<br />
Ces petites sommes peuvent nous être adressées en<br />
même temps que les copies soit par mandat-poste, ,<br />
soit en timbres-poste, soit en timbres spéciaux d'une<br />
valeur conventionnelle de 0 fr. 25 chacun, que l'administration<br />
du journal tient à la disposition de ceux qui<br />
en demandent.<br />
déjà,, mais par oui-dire, que l'on peut de là-haut assister<br />
au lever du soleil derrière la côte d'Italie, et, en<br />
se retournant, voir encore les étoiles briUer au-dessus<br />
de la mer d'Espagne.<br />
Un premier rayon, en effet, projeta une traînée lumineuse<br />
sur la mer Tyrrhénienne, entourant d'un<br />
nimbe d'or l'île de Monte-Cristo i, pendant que, de<br />
l'autre côté, l'île d'Asinara, qui s'étend le long de la<br />
côte de Sardaigne, laissait à peine deviner, dans la<br />
pénombre crépusculaire, la ligne onduleuse de ses<br />
monticules.<br />
QUESTIONS. —1. Quelles sont les grandes divisions<br />
du plan de ce récit ?<br />
2. Expliquez l'expression : un ample dais de nuages.<br />
3. Que signifie, dans le texte, le mot dégradation?<br />
4. Qu'est-ce, qu'un<br />
5. Analyser logiquement (nature et rapport des<br />
propositions) la dernière phrase ; Un premier rayon,<br />
etc., etc.<br />
EXPLICATIONS. — Grandes divisions du plan suivi<br />
par l'auteur ; 1° Le Monte d'Oro vu d'Ajaccio ; 2" ce<br />
qu'il est, dit on, comme belvédère ; intérêt et charme<br />
que peut offrir l'ascension de cette montagne ; 3°<br />
ascension de nuit; pourquoi ? 4» premiers spectacles,<br />
au point du jour. — XJn dais de nuages : expression<br />
figurée ; une couche nuageuse lourde, épaisse, comme<br />
la tenture (ordinairement en velours) qui forme un<br />
dais (sorte de ciel d'étofte précieuse, au dessus d'un<br />
trône, d'un autel; tenture à quatre montants, sous<br />
laquelle on porte le Saint-Sacrement dans les processions).<br />
l>ais est le doublet de «iisij'Me (rapprocher discobole:<br />
lanceur de disque). — Dégradation : opposé<br />
de gradation, qui désigne la disposition de certaines<br />
choses par degrés, dans un sens augmentatif (grade<br />
est, au sens propre, synonyme de degré; rapprocher:<br />
graduer, gradin, centigrade); dégradation<br />
signifie donc : progression, ou plus exactement,<br />
succession décroissante, diminution, affaiblissement<br />
de degré en degré. Dans le texte ci-dessus, la dégradation<br />
du vert tendre, c'est le passage de nuances<br />
déjà claires à d'autres nuances plus claires encore,<br />
jusqu'au vert le plus pâle, le tout très doux à l'œil. —<br />
Belvédère: littéralement, poitit d'où l'on jouit d'une<br />
1. Epeler ce mot.<br />
N» 21.<br />
DICTÉE ; Q- <strong>MANUEL</strong>, cent Dictées du certificat d'études primaires f°po'ns%s °i'iii"°e*'brocî*âf° 6 0 C.
82 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
belle vue. — Un premier rayon, etc. H y a, dans<br />
cotte phrase, trois propositions. 1" Principale : Un<br />
premier rayon... l'île de Monte-Cristo. 2° Prop.<br />
compl. circonstanciel : pendant que, de Vautre côté,<br />
Vile d'Asinara laissait à peine deviner... (le reste de<br />
la phrase). 3" Prop. compl. explicatif: qui s'étend le<br />
long de la côte de Sardaigne.<br />
Composition française.<br />
Un jeune engagé volonlairè quitte son village en<br />
faisant des rêves d'avenir et de gloire. Quelques mois<br />
plus tard, il meurt .héroïquement pendant un combat<br />
livré dans une colonie lointaine. Son corps est ramené au<br />
village natal. Racontez le départ et le retour. Concluez.<br />
DÉVELOPPEMENT. — Tout le monde, au village,<br />
connaissait Louis Bertin, tout le monde l'aimait.<br />
C'était un beau jeune homme, aux yeux vifs, à l'air<br />
décidé, un esprit fier, un bon cœur. A l'école, déjà,<br />
dans tous les jeux où l'on se bat... pour rire, Louis<br />
était l'oganisateur et le chef. Il voulait être soldat, le<br />
plus t/î)t possible comme l'avait été son grand-père. X)ès<br />
qu'il eut atteint l'âge de dix-huit ans, il dit à son père et<br />
à sa mère: o Pardonnez-moi, je vous aime bien, mais<br />
je voudrais m'engager... dans l'infanterie de marine.»<br />
Toute la famille. Je grand-père excepté, fit les objections<br />
qu'en pareil cas une grande tendresse inspire.<br />
Pourquoi devancer l'appel? A vingt et un ans, il irait<br />
rejoindre les hommes de sa classe. Se trouvait-il si<br />
mal au logis paternel 1 Laisser les siens dans la tristesse,<br />
alors que rien ne l'y obligeait, n'était-ce pas<br />
manquer de reconnaissance et aussi de bon sens, puisqu'il<br />
était sûr de se créer une situation modeste, mais<br />
honorable ? Louis, très doucement, répondit : » Aimer<br />
son pays ne veut pas dire qu'on n'aime plus ses parents.<br />
Je veux servir mon pays et vous faire honneur...<br />
Quant à mon avenir, ne vous en inquiétez point ; j'aurai<br />
un grade, j'aurai la croix ; à mon retour définitif (vous<br />
me reverrez, sans doute, plusieurs fois auparavant),<br />
je jouirai d'une retraite et d'un bon emploi. Et puis,<br />
que faire contre une vocation? Il faut y obéir. Si<br />
vous me retenez ici, je perdrai tout courage. »<br />
L'aïeul dit simplement : « Bravo ! » La famille n'osa<br />
plus résister aux désirs du jeune homme. Donc, il<br />
partit; j'assistais au départ; quoique bien jeune<br />
encore, je regardais Bertin avec une certaine admiration<br />
; il prenait déjà dans mon esprit les proportions<br />
d'un héros. La pauvre maman pleurait tant qu'elle<br />
pouvait ; le père et le grand-père même avaient les<br />
yeux humides. On s'embrasse une dernière fois à la<br />
gare; le train part; la mère se retourne vingt fois,<br />
l'œil perdu vers le lointain, avant de se décider à reprendre<br />
Trois ans le chemin se sont de passés. sa demeure. Louis a fait deux campagnes<br />
en Afrique ; on l'a nommé caporal, puis sergent.<br />
Le foyer domestique l'a revu deux fois, le teint bruni,<br />
l'air martial et toujours souriant, toujours confiant en<br />
sa bonne étoile. Et il est reparti. Cette fois, dans les<br />
rizières du Tonkin, l'attendaient à la fois la gloire<br />
qu'il avait tant désirée, et la mort, qu'il sut regarder<br />
en face. Il meurt en couvrant, avec quelques hommes,<br />
la retraite d'une compagnie qu'a surprise le De-Tham,<br />
l'habile et terrible pirate. L'arrivée d'une colonne de<br />
renfort ayant permis aux Français de reprendre l'offensive,<br />
l'ennemi s'enfuit et l'on retrouve le corps de<br />
l'héroïque sergent, qui s'est fait tuer pour sauver ses<br />
compagnons d'armes.<br />
La famille, prévenue par dépêche, a réclamé la<br />
triste et glorieuse dépouille ; le transport s'est eftectué<br />
aux frais de l'Etat ; la commune se charge des<br />
funérailles : mon brave Louis dormira son dernier<br />
sommeil près du grand-père, mort quelques mois<br />
auparavant.<br />
Depuis la veille, le glaa tinte dans le vieux clocher.<br />
Dès l'aube, un piquet de soldats, arrivé du chef-lieu<br />
par le premier train, se range silencieusement devant<br />
la porte de la maison mortuaire. Bientôt, les maisons<br />
s'ouvrent: partout, hommes, femmes, entants, iont<br />
leur toilette pour assister à la funèbre cérémonie. De<br />
temps en temps, d'une porte à l'autre, des mots brefs<br />
s'échangent: « Si courageux ! — Si boni — "Tout de<br />
même, si jeune, on ne devrait pas mourir 1 — Belle<br />
mort! — Malheureux parents ! »<br />
Peu à peu, par la route, par les sentiers, d'autres<br />
personnes arrivent; il en vient de tous les villages<br />
voisins. Deux officiers, un jeune capitaine, un vieux<br />
commandant, délégués par le général qui commande<br />
la division militaire dont notre département fait partie,<br />
rejoignent les soldats.<br />
L'heure de l'enlèvement du corps approche. Le cercueil,<br />
enveloppé d'une étofle tricolore, disparaît sous<br />
les fleurs et les couronnes. Des pompiers et des gendarmes,<br />
avec la troupe, forment la haie. Puis le cortège<br />
s'ébranle. Derrière les porteurs, le père, tête<br />
nue, ne peut plus, aujourd'hui, contenir 'ses larmes.<br />
Plus loin, avec les femmes, la mère, sous son voile<br />
de crêpe, sanglote éperdument.<br />
Au cimetière, après la cérémonie religieuse, le vieux<br />
commandant a pris la parole. Je n'ai pas entendu<br />
tout ce qu'il disait; mais j'ai distingué, çk et là, les<br />
mots : devoir, sacrifice, honneur, patrie. Peu importent<br />
les phrases quand ces mots vibrent dans le cœurl<br />
Non, il n'est rien de plus beau que de savoir mourir<br />
pour une cause généreuse. Et il n'est pas de cause plus<br />
généreuse que celle d'un pays comme la France 1 —<br />
(Copie corrigée.)<br />
Arithmétique.<br />
Théorie. — Trouver un nombre entier (el qu'en<br />
7<br />
le retranchant du numérateur de la fraction<br />
l'ajoutant au dénominateur, On obtienne une fraction<br />
comprise entre 1/3 et 1/2<br />
INDICATIONS. — Soiù A? le nombre cherché ; on doit<br />
7 a; 1<br />
avoir : 1° 7=—; > =; d'où l'on tire : 21 — 3 a; ><br />
12-1- X 3<br />
9<br />
12 -1- a;, 21 —- 12 > a; -f- 3 a;, 9 > 4 ;k, a; < ^ ou <<br />
2 1/4;<br />
2" ^ â' — 2 a; < 12 + x,<br />
14 — 12 < a: 2 a;, 3 a; > 2, a? > |-<br />
Donc a; doit être compris entre 2/3 et 2 1/4 ; les<br />
deux nombres entiers 1 et 2 répondent à la question.<br />
Vérxiioation. _ et > jg = §•<br />
7 — 2 5 ^ 7 1 5 _ 1 7 - 3 _ 4 ^<br />
12 -(- 2 ~ 14 14 "" 2' ® ^ 15 3 12 -f 3 15 ^<br />
4 i 4 1-<br />
5=5, mais < aussi qne77j=ô; donc le nombre<br />
O /C le o<br />
entier 3, > 2, ne répond plus à la question.<br />
Problème. — Un propriétaire qui avait vendu un<br />
terrain rectangulaire à raison de 0 fr. 25 le m®, a dû<br />
i^estituer 1 485 fr. après vérification, parce que la<br />
chaîne employée ne mesurait pas exactement 10 m.<br />
Trouver la longueur de la chaîne et les dimensions<br />
du terrain. La longueur est à la largeur comme 5 est<br />
à 3 ; de plus, la longueur véritable et la longueur<br />
supposée d'abord forment un total de 990 m.<br />
Solution. — Remarquons d'abord que le rappor<br />
entre les deux dimensions fausses est le même que le<br />
rapport entre les dimensions vraies. Soient, en eflet,<br />
m le nombre de fois qu'on a tendu la chaîne pour<br />
mesurer la longueur et n le nombre de fois qu'on l'a<br />
tendue pour mesurer la largeur; soit l la longueur<br />
réelle de la chaîne, on a bien : ^ , = -5 ; mais le<br />
' n X l o<br />
premier rapport est égal à — ; il en est de même<br />
10 ïïi • •<br />
pour le rapport est relatif aux dimensions<br />
. * .m 5 10 m , , .5<br />
fausses ; si — égale aussi n»<br />
n S iO n ^ o<br />
La difl'èrence entre la surface inexacte et la surface<br />
1. Cette .éprouve et la suivante nous paraissent dépasser<br />
les limites de ce qu'on peut raisonnablement demander à des<br />
candidats aux écoles normales.<br />
PROBLÈ'WËS : G. <strong>MANUEL</strong>. Deux cents Problèmes du Certificat d'études. et'rLonsei"."! 4 0 C.
S U J E T S D E COMPOSITIONS<br />
réelle est:^ = 1 485 x 4 = 5 940 mK<br />
Surface inexacte = longueur inexacte x largeur<br />
g<br />
inexacte = longueur inexacte X ^ de la même lon-<br />
3<br />
gueur = ^ du carré de cette longueur. De même,<br />
3<br />
surface exacte du cirré de la longueur exacte,<br />
D<br />
3<br />
d'où l'on tire : = dii carré de la longueur inexacte —<br />
0<br />
3 3<br />
- du carré de la longueur exacte, ou = de la di£fé-<br />
5 o<br />
rence de ces carrés = 5 940 m'. Différence des carrés<br />
dcs deux<br />
j<br />
longueurs<br />
,<br />
:<br />
5940<br />
—:—^<br />
m^ X 5<br />
= 9<br />
nnnn»<br />
900 m-. Mais<br />
-vr,--<br />
cette diff-rence est égale au produit de la somme des<br />
deux longueurs par leur diflérence ; la somme étant<br />
nii X 9900<br />
990 m., la différence sera: ^-srrrr =10m.Lon<br />
"MJ<br />
990 m. + 10 m. = SCO m. ; largeur<br />
gueur inexacte : 2<br />
inexacte ; ni. x 3 _ JQQ Longueur exacte du<br />
5<br />
terrain : 500 m. — 10 m. = 490 m. ; largeur exacte :<br />
490m.x3 - 10m. X 490<br />
-=294m. Longueur de lachame:<br />
49 m.<br />
• 98 m.<br />
9 m. 80.<br />
Vérification. — Surface inexacte : 1 m^ x 500 x<br />
300 = 150 000 m' ; surtace exacte : 1 m^ x 490 x 294<br />
= 144060 dilïérence en trop: 5940 rd-.<br />
BREVET ÉLEIFLENTAIRE'.<br />
Orthographe.<br />
Un séjour à Berlin. Souvenir anx morts de 18^0.'<br />
Le premier novembre, après des jours de Jolie<br />
brume ensoleillée, le temps s'était assombri. Il était<br />
devenu un temps de Toussaint, à ciel bas, d'un gris<br />
noir. La colonie française de Berlin nous avait invités<br />
à nous rendre au cimetière de la garnison oii elle<br />
a élevé un monument aux Français morts prisonniers<br />
en 1870 et 1871. Le cimetière est situé dans un quartier<br />
mort: il est lugubre. Nous nous trouvâmes T;ne<br />
centaine à l'entrée ; nous passâmes entre des rangées<br />
de tombes modestes, où domine un monument en l'honneur<br />
des Berlinois morts pendant la guerre. C'est un<br />
haut groupe en bronze. Derrière, une croix de marbre<br />
blanc toute simple commémore le souvenir des nôtres.<br />
C'était le jour et l'heure où la France porte des fleurs<br />
à ses cimetières. Nous manquions à nos tombes de<br />
famille et d'amis; mais, inconnus presque tous les<br />
uns aux autres, assemblés devant ces tombes d'inconnus,<br />
nous sentions bien que nous étions une famille<br />
en deuil. Et puis, après tant de fêtes, brusquement,<br />
c'était la misère de ces humbles gens morts sur un lit<br />
d'hôpital dans cette ville triomphante; la misère de<br />
tant de semblables victimes, la misère de la France<br />
vaincue, la grande misère du monde engagé par notre<br />
défaite dans les voies de haine et de guerre. Mais<br />
bienheureux ceux qui souffrent par le souvenir! ..<br />
Ce jour de la fête des morts, dans le cimetière de la<br />
garnison de Berlin, des Français, à qui des larmes<br />
montaient aux yeux, ensemble ont confessé notre<br />
espérance indestructible. LAVISSB.<br />
QUESTIONS. — 1. Quel est le sens de commémore ?<br />
Quel est le mot simple dont il est dérivé ? Citez<br />
d'autres dérivés.<br />
2. Expliquez la phrase : Nous manquions à nos<br />
tombes de famille et d'amis.<br />
1. Aspiranios; Paris; 1910.<br />
3. Que signiûe : ont confessé notre espérance?<br />
4. Quelle est la fonction des mots en italiques :<br />
novembre, jours, temps, à ciel bas, d'un gris noir "i'<br />
5. Analyse logique : Bienheureux ceux qui souffrent<br />
par le souvenir<br />
EXPLICATIONS. — Commémore : rappelle la mémoire,<br />
le souvenir de quelqu'un ou de quelque chose, avecr<br />
l'idée de célébrer, de glorifier la personne ou le tait.<br />
La racine mémor est celle du latin memoria, mémoire.<br />
Dérivés de mémoire: mémorial et mémorable. —<br />
Nous manquions à nos tombes de famille et d'amis:<br />
nous étions absents de France le jour ou l'on a coutume<br />
de se rendre auprès des tombes de la famille et<br />
des, amis. — Ont confessé notre espérance : l'ont affirmée,<br />
l'ont manifestée d'une manière indéniable. Rapprocher<br />
l'expression : confesser sa foi, l'affirmer, la<br />
proclamer sans peur. — Le premier novembre : c'està-dire<br />
lors du premier (jour de) novembre ; novembre<br />
est le complément déterminatif de jour, sous entendu.<br />
— Après des jours : jours est complément circonstanciel<br />
de était assombri. — Temps à ciel bas<br />
ciel est complément déterminatif de temps. — D'un<br />
gris noir : dont la couleur était un gris noir ; gris^<br />
adjectif employé substantivement, est l'attribut de<br />
couleur, sous-entendu. — Bienheureux ceux qui<br />
souffrent par le souvenir. Deux propositions. 1° Principale<br />
elliptique : ceux (sont) bienheureux; 2» Proposition<br />
complément déterminatif : qui souffrent par lesouvenir.<br />
Composition frsuiçaise.<br />
Le chien rte berger et le chien île chosse.<br />
Mettez en présence un chien de berger et un chien'<br />
de chasse, dont vous ferez le portrait. Ils se disputentla<br />
prééminence parmi les membres de la race canine<br />
et font valoir tour à tour, dans un dialogue, les raisons<br />
de leur prétention.<br />
Un vieux cheval, qui les écoute, les met d'accord<br />
sans décider auquel de ces deux compagnons de<br />
l'homme appartient la supériorité.<br />
DÉVELOPPEMENT. — L'automne est tiède encore ; un<br />
troupeau de moutons broute paisiblement les herbes<br />
grêles d'un champ qui attend le labour et que des<br />
pluies récentes ont, çà. et là, reverdi. Le berger a dégrafé<br />
le col de son grand manteau et il s'est assis à<br />
l'ombre d'un chêne ; le regard vague, il rêve à je ne<br />
sais quoi. Près de lui, son cMen veille. Le chien<br />
s'appelle Zouzou, sans doute parce que le berger est<br />
un ancien zouave ; il a de longs poils, d'un gris fauve,<br />
broussailleux, une grosse téte de loup et des oreilles<br />
pointues ; mais l'œil, tourné souvent du côté du<br />
maître, est clair, intelligent et doux. A quelques pas<br />
du berger, le propriétaire d'un bazar ambulant s'est<br />
endormi, après avoir attaché au tronc du chêne un<br />
vieux cheval qui a pour fonction de traîner de village<br />
en village, parmi la poussière ou la boue des chemins,<br />
la boutique roulante.<br />
De temps en temps, des coups de feu éclatent dansla<br />
direction du bois voisin : la chasse est ouverte depuis<br />
plusieurs jours. Un chasseur paraît; il a l'air las<br />
et maussade ; sa carnassière est flasque : il Ta sans<br />
doute rentrer bredouille au logis. A son tour, il s'as.sied<br />
au bord du champ où les moutons pâturent. Un<br />
chien superbe gambade autour de lui. Figurez-vous,,<br />
combinées, les élégances du fox, du lévrier, de l'épagneul<br />
; une tête bien dessinée, de grandes oreilles<br />
tombantes, souples et soyeuses, un pelage lustré,<br />
blanc et brun, de hautes pattes sveltes, aux fines attaches<br />
voilà, en quelques mots, le portrait de Sultan,<br />
fidèle compagnon du chasseur.<br />
Sultan aperçoit Zouzou, dresse les oreilles et maniteste<br />
ainsi quelque défiance, en même temps qu'une<br />
profonde surprise.<br />
« Qu'y a-t-ilî grogne Zouzou ; je te fais peur,sans<br />
doute ; tu peux approcher : je ne suis pas méchant.<br />
— Non... tu ne me fais pas peur; mais, je l'avoue,<br />
je me suis demandé d'abord si c'était bien un chien<br />
que je voyais...<br />
— Tu m'as pris pour un loup ?<br />
— Il n'y a plus de loups dans ce pays, je le sais...<br />
pourtant, j'ai cru tout à 1 heure à une résurrection de<br />
cette farouche espèce. Je me-suls trompé ; tant mieux !<br />
REDACTION : G. <strong>MANUEL</strong>. Cent Rédactions 50 c.
84 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
mais, vraiment, tu ne payes pas do mine ; je doute<br />
fort qu'on t'achète aussi cher que j'ai coûté à mon<br />
maître. Tes formes et ta physionomie auraient peu<br />
de succès à l'exposilion canine. On devrait bien te<br />
peigner, te teindre les poils et te cacher les oreilles.<br />
— Vous me semblez très vaniteux, cher ami. La<br />
nature vous a doué d'une certaine élégance, qu'elle<br />
m'a relusèe. Mais je possède peut-être d'autres qualités,<br />
que vous n'avez pas. Je compte parmiles animaux<br />
les plus utiles... Et vous?<br />
— Est-ce que je ne rends pas service à mon maître 1<br />
— Pour la chasse ! un simple plaisir, ou plutôt un<br />
caprice de l'homme. Un caprice coûteux, dont il<br />
aurait profit à se passer. '<br />
— Un sport très hygiénique.<br />
— Et très cruel. Pourquoi ne pas laisser en paix<br />
lièvres, lapins, perdrix, tous ces hôtes iuoflensifs de<br />
nos champs et de nos bois?<br />
•— Le lapin, quand il se multiplie, est un fléau pour<br />
la culture.<br />
— Il ne pullule guère aujourd'hui ; vous pourriez<br />
lui laisser le temps de se reproduire. J'aime mieux<br />
conduire mon troupeau que d'aider l'homme à tuer<br />
des animaux qui ne lui font aucun mal.<br />
— Ne conduis-tu pas quelquefois tes moutons...aux<br />
boucheries?<br />
— Si, hélas ! mais je ne prends aucune part à la besogne<br />
du boucher, je me contente de surveiller les<br />
pauvres bêtes. Et chacun rend justice à l'intelligence<br />
qu'il me faut déployer pour bien remplir ma tâche.<br />
— Un chien de chasse a besoin aussi, me semble-t-il,<br />
de quelque intelligence. Il lui faut de l'attention, du<br />
flair...<br />
— Enfin, monsieur le gentilhomme, si beau que<br />
vous soyez et si laid que je puisse être, l'humble berger<br />
que je sers ne m'échangerait pas contre vous.<br />
— Je ne tiens pas du tout à prendre ta place. Te<br />
vois-tn, d'ailleurs, à-la mienne ? tu y ferais une belle<br />
figure 1 »<br />
A ce moment, le vieux cheval, qui écoutait en<br />
silence les deux chiens, hennit bruyamment pour<br />
mettre fin à leur querelle.<br />
« Allons, leur dit-il, faites la paix. Je vais vous<br />
mettre d'accord. Peu importe que l'un d'entre vous<br />
soit plus beau ou plus laid que l'autre 1 Lequel de<br />
vous deux est le plus intelligent, je ne saurais le dire.<br />
Mais, à d'autres points de vue, vos mérites sont<br />
égaux. Vous êtes égaux par le dévouement à ce qui<br />
vous semble le devoir; je puis en parler: depuis<br />
longtemps, j'essaie aussi de bien remplir ma tâche.<br />
Vous êtes, pour l'homme, des amis tendres et fidèles.<br />
Connaissez-vous des qualités supérieures à celles<br />
dont, tous les deux, vous faites preuve : abnégation<br />
et bonté?<br />
Arithmétique.<br />
Théorie. — Quel est le plus petit nombre par lequel<br />
il faut multiplier 1962 pour obtenir un carré parfait<br />
? Quel est ce carré parfait et quelle en est la racine?<br />
Justifiez vos réponses par un raisonnement.<br />
INDICATIONS. — La racine d'un carré parfait est un<br />
nombre' premier ou un produit de facteurs premiers.<br />
Le carré qu'on cherche ici ne peut pas être celui d'un<br />
seul nombre premier puisqu'il doit être multiple de<br />
1962, qui comprend des facteurs premiers différents:<br />
2. 3, 109. Le carré d'un produit de n facteurs est égal<br />
au produit des carrés de chacun des facteurs, car (a<br />
X 6 X o...)2 — (a X b X 0...) {a X b X c...) = a X<br />
b X c... X a X b X 0...= a X a X b X b x cX<br />
c... = 0.2 62 Or, le noTnbre 1 962 est égal à 2 x<br />
32 X 109 ; un seul de ces facteurs, 3^, est élevé au<br />
carré ; le plus petit carré cherché ne peut donc s'obtenir<br />
qu'en élevant au carré 2 et 109, ce qui revient à<br />
multiplier 2 x 3^ x 109, ou 1 962, par 2 x 109 =<br />
218.<br />
Vérification, — 1962 X 21S =427 716, dont la racine<br />
carrée est 654 = 2 x 3 X 109.<br />
,Problème. — Trois fontaines peuvent couler dans<br />
un bassin. La première et la deuxième, coulant ensemble,<br />
remplissent le bassin en 2 heures ; la première<br />
et la troisième le rempliraient en 1 h. 12 min., et la<br />
deuxième et la troisième le rempliraient en 1 h. 1/2.<br />
On demande en combien de temps chaque fontaine<br />
coulant seule pourrait remplir le bassin.<br />
Solution. — En une heure, la première fontaine et<br />
la deuxième remplissent à elles deux la moitié du bas<br />
sin ; la première et la troisième, les u- ==|du<br />
OU X/i u<br />
2<br />
bassin ; la deuxième et la troisième, les Donc deux<br />
fois ce que débitent les trois fontaines coulant ensem<br />
1 5 2 12<br />
ble pendant une heure représentent r> + s- -t- s = -?i<br />
o a o<br />
du bassin ou deux fois la contenance du bassin ; les<br />
trois fontaines, coulant ensemble pendant une heure,<br />
rempliraient exactement le bassin. La première, à elle<br />
3 2 1<br />
seule, remplirait en une heure ^ — g = g du bassin ;<br />
donc elle remplirait le bassin en 3 h. La deuxième, i<br />
elle seule, remplirait, en une heure : g — g = g du<br />
bassin ; donc elle remplirait le bassin en 6 heures. La<br />
2<br />
troisième, à elle seule, remplirait en une heure; g —<br />
1 1<br />
- = donc, elle remplirait le bassin entier en 3 h.<br />
Vérification. — La première et la deuxième fon<br />
taine remplissent en 2 heures 2 = ^ x 2 =<br />
g du bassiUj ou le bassin entier ; la première et la troi-<br />
12<br />
sième remplissent, en 1 h. 12 min., ou 1 ^ —<br />
. u i 6 ,,, /I , 1\ 6 5 6 , , .<br />
1 h. =• = p d heure : ( s -f ,-71 ê = 7: X = du bassin, yu<br />
5 5 \o 2Y 5 D 5<br />
le bassin entier, puisque ^ ^ ^ = 1; la deuxième a<br />
la troisième, en 1 h. 1/2, ou remplissent : Q +<br />
i^? = ^X i = ^ d u bassin, ou le bassin entier.<br />
2/2 6 2 12<br />
Un escabeau.<br />
Dessin.<br />
LIBRAIRIE HACHETTE et C'% 79, Boulevard Saint-aermain, PARIS<br />
C. <strong>MANUEL</strong><br />
Cent Dictées<br />
du Certificat 4*Études Primaires<br />
SUIVIES D E Q UESTIONS E T D E RÉPONSES<br />
Une brochure in-i6 60 cent.
Anaée scolaire 1910-1911. N» 31 4 Février 1911.<br />
PARTIE SCOLAIRE<br />
DIRECTIOtSiS ET EXERCICES<br />
DIDI inPO ADHIE? jSTT/T'P Q [Sous cette rubrique, nous mettrons chaque semaine l'annonce des<br />
K 1D L 1 U II l \ A * ï l 1E.» JyUUrJZ^UJ JZo. j^ojjygaux volumes pouvant intéresser les Instituteurs et Institutrices].<br />
Carnet pour ia préparation journalière des leçons, suivi des programmes officiels de<br />
l'enseignement primaire, par L. <strong>DE</strong>SFOSSÉS, directeur d'école publique. — Im volume in-8°<br />
i2l X 13), de 240 pages, nouvi-.miiiiH TorLK 1 fr. 50<br />
Il n'est pas un bon'maître qui' no prépare quotidienneiueut ses leçons. Or, il esc impossible d'admettre qu'il n'y a pas;<br />
intérêt sérieux pour lui à fixer, en quelques lignes, le résumé qui condense cette préparation immédiate. Le carnet de<br />
préparation que nous soumettons aux instituteurs et institutrices est, par son format, un véritable carnet, facile à transporter<br />
et à manier. La disposition on est simple et pratique. Il débute par des conseils pédagogiques et par un extrait de<br />
l'arrêté ministériel du 18 janvier 1887 visant la répartitÎQn des exercices scolaires. Chaque page se termine par un mémorandum<br />
où le maître pourra noter ses remarques journalières et jalonner parfois la route à suivre dans son enseignement.<br />
12 pages destinées à 'des notes diverses et les programmes officiels des cours élémentaire, moyen et-^ supérieur se<br />
trouvent à'ia fin do ce carnet ainsi qu'un tableau de la Nouvelle nomenclature grammaticale.<br />
t<br />
Lecture.<br />
CLASSE D'INITIATION<br />
SON OU.<br />
Demaader aux enfants de trouver des noms d'oiseaux<br />
contenant le son- oa ; jpoule., poularde, tourterelle,<br />
coucou, rouge-gorge, chouette, alouette; les<br />
écrire en traçant ou avec une craie de couleur.<br />
Observer que ce son est représenté par deux lettres,<br />
o et u, mais qu'on ouvre une seule fois la bouche<br />
pour le prononcer; les lèvres sont placées comme<br />
pour dire o ; on les allonge un peu, moins cependant<br />
que pour u.<br />
MOTS. — Ouate, oui, ourlet, ouvrir, ouvrage, boue,<br />
cou, doux, fou, goût, joue, loup,mou, nbunoa, poule,<br />
roue, sou, tout, vous, bouche, blousa, bijou, bourse,<br />
bourdonne,coudre, coupure, courage, courbe, courir,<br />
cousine, couvercle, croûte, ètourderie, foule, fourrure,<br />
genou, gouffre, goûté, joujou, journal, labouré,<br />
lourde,,moule, moutarde, nourriture, poudre, poupée,<br />
roulette, route, rougir, source, soucoupe, soufflé,<br />
sourde, soupe, toupie, toussé, toujours, trou, zouave.<br />
PHRASES. — L'ouvrière rapporte de l'ouvrage à ia<br />
couturière: elle lui remet de la doublure, de la mousseline<br />
et du velours. — Louise allumera une bougie ;<br />
elle passera sous la voûte de la cave, elle regardera<br />
s'il n'y a pas de souris. — Le petit Raoul apporte à<br />
son papa un outil et des clous pour remettre la roue<br />
de sa brouette. — La jardinière fera un bouquet et<br />
une couronne. — La mercière a ouvert une boutique<br />
sur le boulevard. — Marcelle a trouvé de la fougère<br />
dans la forêt ; elle a vu des fourmis et a écouté le<br />
coucou. — Les zouaves ont passé sur la route. — La<br />
poule a couvé ; elle a douze petits poulets ; elle<br />
glousse. — Ma cousine lit le journal tous les jours.<br />
Vocabulaire.<br />
Les attelages et les voitures.<br />
NOMS ET QUALITÉS. — Les voitures qui circulent<br />
dans les rues sont attelées d'un ou de plusieurs chevaux;<br />
à la campagne, elles sont quelquefois traînées<br />
par des bœufs.<br />
Le cocher ou le charretier met ^'abord les harnais<br />
du cheval; — faire nomtàer les pièces les plus importantes<br />
: la bride, le mors, la gourmette, les guides,<br />
les ceillères, le collier, les traits, la dossière, la sousventrière,<br />
etc. — Le cheval est amené dans les brancards<br />
où on l'attache avec les porte-brancards et des<br />
courroies. — Quand il y a deux chevaux, ils sont<br />
attelés à une flèche. — Lorsqu'on a besoin de plusieurs<br />
chevaux, ils sont placés les uns derrière les<br />
autres et réunis par des traits.<br />
Partie scolaire.<br />
Les bœufs n'ont pas de harnais ; ils sont toujours<br />
attelés deux par deux et portent sur la tête une pièce<br />
de bois percée d'un trou çour laisser passer la flèche ;<br />
cette pièce est le joug, qui est maintenu par des courroies<br />
attachées autour des cornes, et posé sur une sorte<br />
de coussin afin de ne pas blesser les boeufs. — Le<br />
bouvier tient un aiguillon; le cocher a un fouet.<br />
V"BRBES. — Demander aux enfants toutes les sortes<br />
de-voitures qu'ils peuvent rencontrer soit à la campagne,<br />
soit dans les villes. Faire entrer chaque nom<br />
dans une courte phrase.<br />
Le tombereau transporte du fumier, des betteraves,<br />
des pierres, de la terre. — Les chariots ont quatre<br />
roues ; on les charge de gerbes de blé, d'avoine, de<br />
seigle, de bottes de foin, de paille, etc. — La charrette<br />
a deux roues ; elle porte souvent une bâche et<br />
sert aux paysans à conduire des marchandises dans<br />
les villages voisins. — Les commerçants montent<br />
dans un cabriolet pour visiter leurs clients; le cabriolet<br />
est une voiture légère avec deux grandes roues et<br />
une capote.— Employer de même les mots: roulotte,<br />
char à bancs ; — fiacre, omnibus, tramway, tapissière,<br />
fardier, etc...<br />
Leçon de choses.<br />
Les couleurs.<br />
MATÉRIEL. — Une boîte de couleurs; — quelques^^<br />
godets; — un peu d'eau; — un chiffon; — un ou<br />
plusieurs pinceaux.<br />
Les pinceaux que nous avons vus précédemment<br />
doivent nous servir à étendre les couleurs sur du papier<br />
pour colorier nos dessins. — Voici la boîte de<br />
couleurs où nous les avions pris ; regardons-la : elle<br />
contient un certain nombre de petites cases dans<br />
chacune desquelles se trouve une tablette d'une couleur<br />
différente. Examinons-en une: elle est rectangulaire,<br />
assez épaisse, dure, lisse sur les côtés; une des<br />
faces porte un dessin ; sur l'autre face, ie nom de la<br />
couleur est imprimé en relief; la tablette peut se<br />
casser facilement.<br />
Voyons maintenant un des godets dont nous allons<br />
nous servir ; il est en porcelaine, rond, épais, légèrement<br />
creux d'un côté, plat de l'autre.<br />
Tremper un pinceau dans un peu d'eau, le frotter<br />
doucement sur la tablette bleue, par exemple: celle-ci<br />
s'amollit, se délaye ; mettre une goutte de couleur<br />
dans le godet, puis recommencer à passer le pinceau<br />
plusieurs fois sur le bleu ; l'on a alors quelques<br />
gouttes de peintura bleue. — Essuyer le pinceau sur<br />
un papier: il laisse une trace plus ou moins foncée.<br />
Mettre avec le pinceau un peu d'eau pure dans le<br />
N» SI.<br />
LECTURE COURANTE : MASSON et ROUSTAN. mryeye'^rpérfe^rT^. Ifr.
32> MAXUEL <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
godet; bien mélanger ; la couleur s'éclaircit ; — l'étaler<br />
de nouveau sur le papier. Ajouter encore de<br />
l'eàu ; la teinte sera plus pâle. Montrer aux enfants<br />
les différentes nuances de bleu-.<br />
, Procéder de même pour le rouge et pour le jaune.<br />
— Dire que les trois couleurs : bleu, jaune, rouge,<br />
sont les couleurs principales ou couleurs mères.<br />
Calcul.<br />
Nombres Impairs de 20 à 29.<br />
Nombre 21. — Pour former 21, il nous faut prendre<br />
2 bandes et 1 petit carré ; nous voyons que ce<br />
nombre ne peut pas être partagé exactement en deux ;<br />
il nous resterait un carré.<br />
Regardons si nous ne pourrions pas faire des tas<br />
de 3. Dessinons sur l'ardoise une ligne de 3 carrés,<br />
puis une deuxième, une troisième, etc., en écrivant<br />
au bout de chaque ligne le nombre des carrés déjà<br />
tracés : 3, 6, 9, 12, 15, 18, 21 ; nous avons 7 lignes de<br />
3, ou 7 fois 3, 21; répéter plusieurs fois les nombres<br />
de 3. — Retourner l'ardoise et constater que 7 fois 3<br />
font 21.<br />
Nombres 23 et 20. — Avec des crayons, former le<br />
nombre 23; essayer de faire des paquets de 2 ; il<br />
reste 1 crayon ; — de 3, il en reste 2 ; — de 4 et de 5,<br />
il reste 3 crayons; — de 6, de 7, de 8, il y a toujours<br />
un reste; nous ne pouvons faire que des tas de 1.<br />
Montrer de même que 29 ne peut se partager qu'en<br />
unités.<br />
Nombre 25. — Former 25 avec 2 bandes et 5 car<br />
WORALE<br />
A L I ' É C O L E<br />
L'école (svÂte et fin.)<br />
Le bon camarade<br />
Ce n'est pas assez d'être un bon élève, pour remplir<br />
complètement tous ses devoirs d'écolier; il faut<br />
encore être un bon camarade. Voyez ea quoi cela<br />
consiste.<br />
Je vous ai fait remarquer déjà que l'école est une<br />
petite société et que la' loi fondamentale de toute société,<br />
c'est que la justice y règne, que les droits de<br />
ses divers membres y 'soient respectés. La première<br />
vertu d'un bon camarade, ce sera donc de se montrer<br />
juste. Mais il nous faut expliquer cela et entrer à cet<br />
égard dans quelques détails pour bien saisir les caractères,<br />
l'importance et l'étendue de ce devoir de<br />
justice réciproque.<br />
Tous vous êtes égaux devant l'école, tous vous êtes<br />
égaux devant le maître. Sans doute il y a entre vous<br />
des différences ; mais les seules admises sont celles<br />
qui résultent de votre application, de votre zèle, de<br />
votre bonne volonté, de vos aptitudes naturelles, des<br />
progrès que vous faites. Mais à tous les antres égards,<br />
en tant que camarades, vous êtes égaux, ayant les<br />
• mêmes droits et les mêmes devoirs, étant soumis à la<br />
même règle, à la même discipline. Vous refuser à reconnaître<br />
et ces différences et cette égalité, ce serait<br />
au même titre manquer au sentiment de la justice.<br />
Je m'explique : imaginez un élève qui serait jaloux<br />
du succès d'un camarade, de la bonne place<br />
méritée par celui-ci, et qui chercherait à le rabaisser, qui<br />
serait heureux de le faire punir, qui inventerait quelque<br />
moyen de lui faire manquer une composition, de<br />
lui faire perdre des points; vous sentez bien à guel<br />
point sa conduite serait basse' et injuste. Imaginez<br />
encore un élève qui irait jusqu'à copier ses devoirs<br />
ou une composition; celui-là commettrait une double<br />
injustice, et à l'égard du maître dont il chercherait à<br />
surprendre la bonne foi, dont il voudrait voler l'esti<br />
me, et à l'égard des camarades qu'il déposséderait de<br />
la bonne place à laquelle ils ont droit, qui a été légi- |<br />
rés. Chaque bande contient 10 carrés ou 2 fois 5; dans<br />
les 2 bandes, il y a 4 fois 5 et dans 25, 5 fois 5;<br />
compter par 5 jusqu'à 25 : 5, 10, 15, 20, 25.<br />
Tracer au tableau et sur l'ardoise 5 lignes de 5 gros<br />
points ; retourner l'ardoise : nous avons toujours<br />
5 lignes de 5 et le dessin forme un carré ; 25 est le<br />
carré de 5.<br />
Nombre 27. — Faisons pour le nombre 27 ce que<br />
nous avons fait pour 21 ; traçons sur l'ardoise des<br />
lignes de 3 carrés ou de 3 points pour aller plus<br />
vite; nous trouverons les nombres 3, 6, 9...21, 24,27.<br />
Répétons ces nombres plusieurs fois pour que les enfants<br />
les connaissent bien.<br />
Dessin.<br />
NOTIONS <strong>DE</strong> L'ANGLE. — LE CANIF.<br />
Faire observer un canif fermé ; — le faire tracer.<br />
L'ouvrir ensuite très lentement; remarquer que la<br />
lame s'écarte peu à peu du manche et forme un coin<br />
(prononcer le mot angle, si on le juge nécessaire).<br />
Quand le canif est ouvert à moitié (angle droit), s'arrêter<br />
et le dessiner. "<br />
Continuer àl'ouvrir; indiquer rapidementau tableau<br />
par deux lignes les positions différentes occupées par<br />
la lame et le manche : l'angle s'agrandit.<br />
Représenter le canif complètement ouvert.<br />
Dessiner ensuite les positions intermédiaires, puis<br />
la lame dirigée vers le bas.<br />
P R I M A I R E<br />
Mme FOURNIER,<br />
institutrice d'écolo annexe.<br />
timement gagnée par eux. Supposez, d'un autre côté,<br />
un élève qui, orgueilleux de ses succès scolaires, prendrait,<br />
à l'égard des autres, des airs de supériorité et<br />
de dédain; supposez-en un qui, se targuant de la position<br />
de ses parents, par exemple, émettrait la prétention<br />
de ne pas être traité comme tout le monde,<br />
d'obtenir un traitement de faveur, d'imposer à ses camarades<br />
sa volonté, ses caprices; ceux-là encore ne montreraient-ils<br />
pas qu'ils sont animés de sentiments d'inlustice?<br />
Et remarquKz-le bien, je ne parle même pas<br />
de ceux qui abuseraient de leur force pour tourmenter<br />
un p us faible, le tourner en ridicule, lui jouer<br />
de méchants tours, en faire leur souffre- douleur,<br />
nous avons déjà dit que l'injustice alors s'accompagne :<br />
rait d'une lâcheté qui rendrait leur conduite véritablement<br />
odieuse.<br />
C'est encore la justice qui vous fait un devoir d'être<br />
francs. C'est un mauvais camarade que l'écolier qui,<br />
ayant commis, fût-ce simplement par étourderie, par<br />
légèreté, par entraînement, une de ces fai/tes que<br />
vous connaissez bien, prend un petit air innocent,<br />
afin d'égarer sur quelque voisin les soupçons du<br />
maître. En celui-là personne ne peut plus avoir confiance,<br />
et si sa faute compromet ses camarades, il<br />
n'hésitera pas, j'en ai grand'peur, à laisser punir un<br />
innocent à sa place. Celui au contraire qui a le courage<br />
de s'avouer coupable, qui accepte la punition<br />
méritée, qui assume la responsabilité de son acte,<br />
celui-là, par sa loyauté et par son courage, se réhabilite<br />
en quelque sorte, et le maître, s'il doit le<br />
punir, par respect pour la justice, du moins ne peut<br />
manquer d'éprouver pour lui de l'estime. L'autre,<br />
dont nous parlions tout à l'heure, mérite, par contre,<br />
le mépris de tous.<br />
Il est enfin une dernière forme de l'injustice entre<br />
camarades que je dois vous signaler, non certes que<br />
je vous en croie capables, mais parce qu'il n'est pas<br />
inutile de signaler les raisons qui justifient l'horreur<br />
qu'elle vous inspire, et aussi par ce que," dans certains<br />
cas, un problème moral assez embarrassant, au<br />
premier abord, peut se présenter : je veux parler de<br />
la délation. Remarquons-io, tout d'abord, la délation<br />
ne consiste pas seulement à dénoncer en cachette<br />
GÉOGRAPHIE : LEMONNIER, SCHRA<strong>DE</strong>R et GALLOUË<strong>DE</strong>C. cours préparât..
l'auteur d'une faute connue ou inconnue du maître ;<br />
est délateur encore celui qui, par son attitude, par<br />
un coup d'œil, par des sous-entendus plus ou moins<br />
habiles, plus ou moins détournés, attire l'attention<br />
sur l'acte réprèhensible d'un de ses compagnons, le<br />
dévoile plus ou moins hypocritement. Ce mauvais<br />
camarade vous le désignez d'un nom qui est une<br />
condamnation, une flétrissure : c'est un rapporteur,<br />
un mouohard. Vous sentez bien en effet que c'est<br />
une condition essentielle de la vie sociale que de<br />
pouvoir compter que les autres ne chercheront pas<br />
à vous nuire, ne vous espionneront pas constamment;<br />
sans cette confiance réciproque, chacun devrait à<br />
tout instant se cacher, et c'en serait fait de toute camaraderie,<br />
de toute sécurité dans les relations de<br />
chaque jour, c'en serait fait de la solidarité qui vous<br />
unit.<br />
Cette solidarité du reste a ses limites, cela va de<br />
soi. Elle ne vous engage pas, manifestement, à vous<br />
faire les complices des fautes que vos camarades ont<br />
l'intention de commettre ou qu'ils sont en train de<br />
préparer. Il est parfaitement légitime, il est moral, il<br />
est courageux de se refuser à suivre les meneurs.<br />
Mais il serait lâche, au cas même ou l'on serait puni,<br />
quoique innocent, avec les vrais coupables, de<br />
dénoncer ceux-ci. Affirmer son innocence, voilà qui<br />
est bien ; vouloir la prouver en se faisant délateur,<br />
voilà qui serait mal.<br />
Peut-être quelqu'un d'entre vous me posera-t-il<br />
cette question : si le maître venait à me demander<br />
quel est l'auteur, d'une faute, que devrais-je lui répondre?<br />
Dire : je n'en sais rien, si vous le connaissez,<br />
ce serait un mensonge. Dire : c'est un tel, ce serait<br />
trahir le devoir de solidarité dont je parlais tout<br />
à l'heure, ce serait de la délation. Que faire donc?<br />
Voici, pour mon compte, à peu prés ce que je dirais ;<br />
« Monsieur, je connais le coupable, je puis vous promettre<br />
de faire tout mon possible pour l'amener^ à se<br />
dénoncer lui-même; mais je ne crois pas avoir le<br />
droit de vous livrer son nom; même au cas où vous<br />
penseriez devoir me punir à cause de mon silence,<br />
ma conscience me dit que je devrais subir cette punition,<br />
plutôt que de me faire un dénonciateur. »<br />
La bonne camaraderie, enfin, outre ces devoirs de<br />
justice, de franchise, de modestie, de solidarité, nous<br />
impose d'autres obligations encore; Elle se traduit<br />
par une bieuveillance, une complaisance, une indulgence<br />
réciproques qui poussent les enfants à s'entr'aider,<br />
à se rendre de menus services, à se faire de<br />
mutuelles concessions, à se montrer les uns à l'égard<br />
des autres prévenants, aimables, à éviter toute_ grossièreté<br />
de manières et de paroles, toute manifestation<br />
de dédain ou d'envie, qui leur fa,it introduire<br />
dans leurs relations quelque chose de ces sentiments<br />
d'aftection, de cordialité, que nous avons résumés<br />
dans le mot de fraternité.<br />
Résumé.<br />
La camaraderie impose des devoirs dont le premier<br />
est tin devoir de justice.<br />
Tous les élèves sont égaux devant l'école, devant le<br />
maître, devant-la discipline. Les seules différences<br />
admises sont celles qui résultent du travail, de la<br />
bonne volonté, du savoir aussi. Se montrer jaloux et<br />
envieux des .succès d'un camarade, ou orgueilleux<br />
et dédaigneux, c'est faire preuve d'injustice.<br />
Le bon camarade est franc et loyal; à aucun prix,<br />
il ne consent à se faire un délateur, de même qu'il<br />
n'accepte jamais l'idée de laisser punir un innocent à<br />
sa place.<br />
Le bon camarade, enfin, se montre obligeant, serviable,<br />
poli, prévenant, modeste et témoigne des sentiments<br />
d'affection et de cordialité qui font de la camaraderie<br />
une sorte de véritable fraternité.<br />
PARTIE SCOLAIRE 323<br />
P . MALAPERT.<br />
LANGUE F RANÇAISE<br />
— COURS ÉLÉMENTAIRE —„<br />
Orthographe et grammaire.<br />
I. — La sortie de l'école {suite.)<br />
Essoufflés, les cheveux au vent.<br />
Portant sous le bras votre livre,<br />
Vous courez, en vous poursuivant<br />
Sur les ruisseaux couverts de givre.<br />
II<br />
Je lis, dans vos yeux satisfaits,<br />
Que vous avez eu du courage,<br />
Et que vos devoirs sont bien faits :<br />
Cœur content fait joyeux visage.<br />
Mme G. ME.suRBna.<br />
Ezpllcationg.<br />
1. ELOCUTION. — Quand est-on essoufflé? —Qu'estce<br />
que être essoufflé? — Pourquoi les enfants ont-ils<br />
les cheveux au vent? — Quand peut-on courir sur les<br />
ruisseaux î — Qu'est-ce que le givre ? (Une sorte de<br />
glace qui s'attache aux arbres, aux buissons, aux vitres.)<br />
(xivre est mis ici pour glace. — Qu'est-ce<br />
que lire dans les y eux? {C'est regarder dans les yeux<br />
d'une personne pour savoir ce qu'elle pense.) —<br />
Quand a-t-on les yeux satisfaits? — Où les enfants<br />
ont-ils en du courage? — Comment est votre visage<br />
quand vous avez bien ou mal travaillé? — Comment<br />
jouez-vous quand vous avez bien fait votre tâche?<br />
2. VOCABULAIRE. — Essouffler, essaimer, essayer,<br />
essorer (sécher), essuyer.<br />
Le givre, un géant, un geai, une gelée, la gencive,<br />
le gendarme, le gendre, la gêne, le général, le genêt,<br />
le génie, le genou, la geôle, la gerbe, le germe,<br />
le geste, la gibecière, la giberne, la giboulée, la gifle,<br />
le gibier, le gigot, etc.; le jet, le jeton, le jeudi, le<br />
jeûne, la jeunesse.<br />
Cœur, courage, courageux, encourager, décourager,<br />
encouragement, découragement, écœurer.<br />
3. DicTroN. — Dire ces vers sur un ton enjoué ; le<br />
dernier lentement et avec force. Bien respecter la<br />
ponctuation.<br />
III. — Les abeilles.<br />
J'allais chaque jour au bout du jardin rendre visite<br />
aux abeilles. Je m'intéressais beaucoup à leur ouvrage;<br />
je m'amusais infiniment à les voir revenir de<br />
la picorée, leurs petites cuisses quelquefois si chargées'<br />
qu'elles avaient peine à marcher.<br />
J.-J. ROUSSEAU.<br />
Explications.<br />
1. ELOCUTION. — Où vivent le plus souvent les<br />
abeilles? — Pourquoi l'homme leur prépare-t-il une<br />
ruche? — Pourquoi les abeilles dont nous parle l'auteur,<br />
étaient-elles au fond du jardin ? (On les éloigne<br />
un peu de la maison où elles viendraient trop.) —<br />
Quand les abeilles travaillent-elles? — Que deviennent-elles<br />
en hiver? (Elles sont engourdies.) — En<br />
quoi consiste l'ouvrage des abeilles? — Que prennent-elles<br />
dans les fleurs? — Où placent elles leur<br />
récolte pour pouvoir revenir à la ruche en volant? —<br />
L'auteur les voyait donc marcher? (Oui, quand elles<br />
se posaient à l'entrée de la ruche.) — Les abeilles<br />
sont-elles méchantes? — Que doit-on faire quand on<br />
est piqué par une abeille ?<br />
-.2. VOCABULAIRE.—h'abeille, la treille, la merveille,<br />
la corbeille, je me réveille; le réveil, l'éveil, l'appareil,<br />
le méteil, le soleil.<br />
Je nCamuse bien, beaucoup, énormément, excessivement,<br />
infiniment.<br />
Jardin, jardinet, jardiner, jardinage, jardinière.<br />
Ouvrage, œuvre, ouvrier, ouvré (façonné), ouvroir.<br />
Ouvrage, travail, tâche, occupation, besogne.<br />
IV. — Le rémouleur.<br />
Le rémouleur partait, après la moisson, avec sa<br />
meule de grès montée sur quatre fins nfiontants de<br />
sapin, et avec sa^manivelle de fer sur le dos. Il allait<br />
GKAMMAIKE: DUSSOUCHET, Grammaire enfantine illustrée. Un vol.'in-16, carf. 4. 0 C .
324 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
aiguiser les serpes, les laus et les couteaux, devant<br />
les maisons, pendant l'automne et pendant l'hiver.<br />
On lui donnait la soupe et une place dans le grenier<br />
à foin chez les pratiques, et il revenait avec quelques<br />
sous dans sa bourse de cuir, à la fonte,des neiges.<br />
LAMARTINE.<br />
Explications.<br />
1. ÉLOCUTION. — Quel est l'outil du rémouleur?<br />
(Une meule.) — Comment est faite cette meule? —<br />
Que fait le rémouleur? — Avec quoi fait-il tourner<br />
sa meule? — Pourquoi pas avec une main? — Pourquoi<br />
partait-il après la moisson? (Parce qu'il ne trouvait<br />
plus de travail dans son village.) — Grès : pierre<br />
dure dans laquelle on peut voir de petits grains de<br />
sable. — Montants : pieds, supports. — Pourquoi les<br />
montants sont-ils fins? {Pour être moins lourds à<br />
porter.) — Comment appelle-t-on le travail fait avec<br />
les mains? {Travail manuel.) — Rapprocher le mot<br />
manuel de manivelle pour faire trouver le sens de<br />
ce dernier mot (Pièce de fer ou de bois fixée à une<br />
roue, et que l'on fait tourner avec la main.) — Où<br />
s'installait le rémouleur? — Le plus souvent, aiguiset-on<br />
les faux sur une meule? — Pratiques : acheteurs<br />
ou clients. — Le rémouleur gagnait-il beaucoup? —<br />
Quand retournait-il dans son village? — Connaissezvous<br />
d'autres ouvriers qui vont de village en viUaga,<br />
de maison en maison, pour chercher de la besogne?<br />
2. VOCABULAIRE. —Le grès, le progrès, les agrès<br />
(pas de singulier), le congrès; le regret; le degré, bon<br />
gré, mal gré, de grè à gré.<br />
Meule, meulière, moulin, meunier, meunerie, moudre,<br />
mouture, rémoudre, rémouleur.<br />
Vocabulaire, élocution, composition.<br />
Dans la montagne.<br />
I. — Ce que l'on volt.<br />
Les élèves diront ce que Von voit dans la montagne.<br />
Le maître écrira au tableau.<br />
Dans la montagne on voit : des cimes, des sommets,<br />
des pics, des aiguilles,' des mamelons, des ballons,<br />
des versants, des pentes, des escarpements, des<br />
vallées, des ravins, des torrents, des cascades, des<br />
avalanches, des précipices, des neiges, des glaciers,<br />
des rocs...<br />
Des bruyères, des genêts, des fougères, des édelweis,<br />
des rhododendrons...<br />
Des montagnards, des pâtres, des bergers, des touristes...<br />
Des chamois, des vaches, des chèvres, des ours, des<br />
aigles, des vautours...<br />
II. — Les qualités.<br />
Les élèves indiqueront ' des qualités convenant à<br />
certains des noms ci-dessus. Le maître écrira au tableau<br />
:<br />
La cime est... élevée, déchiquetée.<br />
Le versant est... escarpé, dénudé, raviné.<br />
La vallée est... abritée, cultivée, habitée.<br />
Le ravin est... profond, étroit.<br />
Le torrent est... rapide, furieux, mugissant.<br />
L'avalanche est... soudaine, redoutable.<br />
Le montagnard est... robuste, hardi.<br />
Le touriste est.,. curieux, infatigable.<br />
La 7^8 'partie {ou la 2") de ces phrases étant supprimée,<br />
les élèves devront la retrouver.<br />
III. — Les actions.<br />
Les élèves trouveront des verbes pouvant convenir<br />
à certains des noms ci-dessus ;<br />
Le sommet... domine; le pic... se dresse ; l'aiguille...<br />
surplombe; le versant... s'incline ; le bail on... s'arrondit;le<br />
torrent... mugit; la cascade... écume;la neige...<br />
étincelle; le glacier... fond; le touriste... excursionne,<br />
ascensionne, gravit les pentes, escalade les escarpements,<br />
herborise; le guide... conduit, prévient les accidents;<br />
le chamois... bondit ; l'aigle... plane;le vautour...<br />
guette.<br />
Mettre au pluriel.<br />
IV. — Petites phrases.<br />
En utilisant les éléments ci-dessus, les élèves compléteront<br />
les phrases suivantes :<br />
De la cime élevée, on... domine la vallée.<br />
Sur le versant escarpé... coule le torrent furieux.<br />
Dans la vallée bien abritée...<br />
Au fond du ravin profond...<br />
Après l'avalanche redoutable...<br />
V. — Pour gravir une pente.<br />
(Énumération d'actions.)<br />
Comment faites-vous pour gravir une pente ?<br />
' RKPONSE.<br />
Je fais des pas courts, je marche régulièrement, je<br />
penche le corps en avant, je fléchis Tes genoux, je<br />
ni'aide d'un bâton, je regarde où je dois poser le<br />
pied, je respire régulièrement, je m'arrête de temps<br />
en temps pour souiller ; parlois je m'assieds et je contemple<br />
la vallée.<br />
VI. — Un sommet.<br />
{Description.)<br />
Décrivez le sommet le plus élevé de votre région.<br />
— L Cil se trouve-t-il? — 2. Quelle est sa hauteur?'<br />
— 3. Comment sont ses pentes ? — 4. Qu'y a-t-il en<br />
haut ?<br />
SUJBT traité.<br />
Le sommet le plus élevé de la région que j'habite<br />
se trouve au nord du village, dans une chaîne de collines<br />
qui borde la rivière.<br />
Ce n'est pas nn sommet bien important. On nous a<br />
dit en classe qu'il avait une hauteur de deux cent<br />
vingt mètres. Ce n'est pas le mont Blanc, mais c'est<br />
déjà joli pour un pays de plaines.<br />
Les pentes de cette colline sont cultivées jusqu'à<br />
mi-hauteur. Lk où le versant est trop raide pour la<br />
charrue se trouvent des friches plantées de genêts.<br />
Tout en haut se dresse un magnifique bois de<br />
chênes dont on voit les grands arbres de fort loin.<br />
VII. — Un torrent.<br />
{Description.)<br />
1. D'où vient-il et où va-t-il ? — 2. Comment coulet-il<br />
? — 3. Quel bruit fait-il ? — 4. Qu'entraîne-t-il<br />
parfois? — 5. Comment le franchit-on ?<br />
- C O U R S MOYE'N<br />
Orthographe et grammaire.<br />
I. — La neige.<br />
La neige à flocons blêmes tombe,<br />
Tombe, tombe, en mois tourbillons ;<br />
Lis eâeuillé sur une tombe,<br />
La neige à flocons blêmes tombe.<br />
Pour qui fait-on cette hécatombe.<br />
Hécatombe de papillons ?<br />
La neige à flocons blêmes tombe,<br />
Tombe, tombe, en mois tourbillons.<br />
IL<br />
Toute blanche dans la nuit brune,<br />
La neige tombe en voletant.<br />
0 pâquerettes, une à une,<br />
Toutes blanches, dans la nuit brune !<br />
Qui donc là-haut plume la lune ?<br />
0 frais duvet ! Flocons flottants I<br />
Toute blanche dans la nuit brune,<br />
La neige tombe en voletant. jE.iN RiCHErIN.<br />
Explications.<br />
1. L ES MOTS ET LES EXPRESSIONS. — Blêmes: très<br />
pâles, très blancs. — En m.ols tourbillons : en tournoyant<br />
mollement, lentement. — Hécatombe : sacriflce<br />
de boeufs que faisaient les anciens pour faire plaisir<br />
à leurs dieux. — FoZetant.-'volant de çà, de là.<br />
— Pâquerette: marguerite blanche qui fleurit,dans<br />
les premiers jours du printemps, vers Pâques.<br />
GRAMMAIRE • DUSSOUCHET, cours préparatoire, Théorie, 364 exercices
2. LES IDÉES HT LISS IMAOES. — Pourquoi l'auteur<br />
répète-t-il tant de fois le Torbe tombe 1 (Pour rappeler<br />
la chute incessante de la neige.) — A quoi compare-t-il<br />
les flocons? (A des lis, à des papillons, à des<br />
pâquerettes, à du duvet.) — Ces comparaisons sontelles<br />
justes ? sont-elles gracieuses ? — Que suppose<br />
l'auteur quand il compare les flocons à des papillons ?<br />
(Qu'on les sacrifie comme on sacrifiait autrefois des<br />
animaux) ; — à du duvet 7 (que l'on plume la lune.)<br />
— L'auteur ne sait donc pas ce que sont les flocons<br />
de neige ? (Si, mais il rôve, il imagine beaucoup de<br />
choses en les voyant tomber.)<br />
3. LA DICTION. — Faire sentir aux enfants l'harmonie<br />
de ces vers. Certaines répétitions, certaines syllabes<br />
sont destinées à donner l'impression du vol<br />
incessant et de la chute molle des flocons. Essayer de<br />
faire rendre cette intention de l'auteur sans exagéralion.<br />
III. — Le vent d'hiver.<br />
Entendez-vous le vent d'hiver ? Il passe à travers<br />
les bois dépouillés ; il court sur la cime des arbres et<br />
fait plier les rameaux. Les feuilles mortes tourbillonnent<br />
sur la route. Les gros nuages s'enfuient à travers<br />
le ciel comme une volée de grands oiseaux noirs.<br />
Là-bas, un voyageur se hâte, par les chemins déjà<br />
sombres. Il tient son enfant par la main ; il le serre<br />
contre lui et le cache sous son manteau. Ah 1 pauvre<br />
voyageur attardé par le vent et la pluie, es-tu encore<br />
loin de ta demeure? Es-tu attendu? Dois-tu trouver<br />
le feu allumé, la nappe mise et des cœurs pleins de<br />
joie ? — CH. <strong>DE</strong>LON.<br />
Explications<br />
1. LES MOTS. — Dépouillé : au sens propre, dont la<br />
peau est arrachée ; ici, dont les feuilles ont été arrachées<br />
par le vent. — Il court: il passe rapidement.<br />
— Cime: sommet d'une montagne, d'un arbre, d'un<br />
rocher, etc.— Tourbillonnent: volent en tournoyant.<br />
— S'enfuient : volent rapidement. — Une volée :<br />
groupe d'oiseaux qui volent ensemble. — Attardé<br />
(tard, retard) : qui s'est mis en retard.<br />
2. LES IDÉES. — Comment appelle-t-on le vent froid<br />
qui souffle en hiver t (La bise.) — Qoel effet produit<br />
le vent sur la cime des arbres, sur les rameaux "î —<br />
Quand les feuilles tourbillonnent-elles ? — Pourquoi<br />
compare-t-on les nuages à de grands oiseaux noirs?<br />
— Pourquoi le voyageur se hâte-t-il? — Pourquoi<br />
a-t-on pitié du voyageur ? — Pourquoi voudrait-on<br />
savoir s'il va bientôt arriver à sa demeure et s'il est<br />
attendu ? — N'est-on pas heureux, en hiver, quand la<br />
bise souffle, de se trouver au milieu des siens, auprès<br />
du feu ? — Ne sent-on pas mieux encore la douceur<br />
de la vie de famUle ? — Quels sentiments doit-on<br />
éprouver envers ceux qui, dan» cette saison, sont<br />
seuls et sans foyer?<br />
3. VoCABDLAiRE. — Attardé, tard, tarder, tardif,<br />
tardivement, retard, retarder. — Manteau, mante,<br />
mantille, mantelet, démanteler (démolir les murailles<br />
qui protègent une ville comme un manteau protège le<br />
corps.) — Dépouillé, dénudé. — Cime, sommet,<br />
laite. — Rameaux, branches. — Se hâte, se presse,<br />
se dépêche — Demeure, i|^aison, logis, domicile.<br />
IV.— Coucher de soleil sur la mer.<br />
/<br />
Le soleil n'avait plus ses rayons ; ils étaient tombés<br />
de sa face, et, noyant leur lumière dans l'eau, semblaient<br />
flotter sur elle. Il descendait en tirant à lui<br />
du ciel la lumière qu'il y avait mise, et à mesure<br />
qu'ils dégradaient ensemble, le bleu pâle de J'ombre<br />
s'avançait et se répandait sur toute la voûte. Bientôt<br />
il toucha les flots, rogna dessus son disque d'or, s'y<br />
enfonça jusqu'au milieu. On le vit un instant coupé<br />
en deux moitiés par la ligne de l'horizon, l'une dessus,<br />
sans bouger, l'autre en dessous qui tremblotait<br />
6t s'allongeait ; puis il disparut complètement, et<br />
quand, à la place où il avait sombré, son reflet n'ondula<br />
plus, il sembla qu'une tristesse tout à coup était<br />
survenue sur la mer. — G. FLAUBERT.<br />
PARTIE SCOLAIRE 323<br />
Explications.<br />
1. LES MOTS. — Dégradaient (grade, gradation,<br />
degré) : s'en allaient lentement, insensiblement, degré<br />
par degré. — Disque : au sens propre, une sorte de<br />
palet ; au sens figuré : la surface apparente du soleil.<br />
— Sombrer: se dit d'un navire qui coule à fond. —<br />
Survenir: venir subitement.<br />
2. LES IDÉES ET LES IMAGES. — Pourquoi les rayons<br />
de soleil étaient-ils tombés de sa face ? (Les rayons,<br />
en frôlant l'eau, perdaient de leur éclat ; on pouvait<br />
regarder le soleil en face ; il semblait ainsi qu'il, n'eût<br />
plus ses rayons.) — Pourquoi les rayons semblaientils<br />
flotter sur l'eaa ? (Ils éclairaient la surface de la<br />
mer et en suivaient toutes les ondulations.) — Que<br />
se passait-il dans le ciel à mesure que le soleil s'abaissait<br />
7 — Remarquez la force et l'exactitude de l'expression;<br />
il tirait à lui du ciel la lumière qu'il y<br />
avait mise. — Pourquoi le disque d'or semblait-il<br />
rogné? (Une partie disparaissait au-dessous de l'horizon.)<br />
— Que voyait-on alors à l'horizon? (Une partie<br />
du soleil, immobile, et son reflet tremblotant.) —<br />
Quel aspect prenait la mer lorsque le soleil avait disparu<br />
?<br />
V. — Grammaire et exercices.<br />
1. Dans les 3' et 4^ textes, relever les adjectifs pos'<br />
sessifs'et indiquer leurs fonctions.<br />
2. Mettre le 4= texte au présent de l'indicatif.<br />
3. Conjuguer ; tenir son enfant par la main et le<br />
cacher sous ses vêtements ; être loin de sa demeure<br />
et prendre ses jambes à son cou, au présent de l'indicatif.<br />
4. Dans les six premières phrases du 3® texte, distinguer<br />
les propositions, souligner les verbes et indiquer<br />
leurs sujets.<br />
5. Analyser grammaticalement ; il toucha les flots,<br />
rogna dessus son disque d'or.<br />
Composition française.<br />
I. — Construction de phrases.<br />
a) En employant certains des mots du vocabulaire<br />
ci-dessus (C. E.), construire des phrases renfermant<br />
deux propositions, sur le modèle suivant :<br />
La cime est élevée, mais... l'aigle plane cependant<br />
au-dessus d'elle.<br />
Le versant est escarpé, mais... on peut cependant<br />
le gravir par un sentier.<br />
La vaUèe est abritée, mais... la neige y séjourne<br />
pendant de longs mois d'hiver.<br />
Le torrent est rapide, mais... il ne ravage cependant<br />
pas la vallée. '<br />
L'avalanche est redoutable, mais...<br />
Le montagnard est robuste, mais...<br />
b) Construire des phrases dans lesquelles on donnera<br />
le sujet et le complément d'objet:<br />
Montagnard, plaine. — Le montagnard n'aime pas<br />
la plaine.<br />
Touriste, sommets. — Le touriste escalade les plus<br />
hauts sommets.<br />
Berger, troupeau ; — chamois, rocs ; — aigles,<br />
nues ; — vautour, proie ; — bruyères, pentes, etc.<br />
II. — Le déboisement ruine la montagne.<br />
(Développement d'une idée.)<br />
Sur les versants dépourvus de végétation, les eaux<br />
de pluie... Ainsi les terres sont...'Les torrents deviennent...<br />
Les cours d'eau de la vallée... Au bout de<br />
plusieurs années, les pentes des montagnes sont...<br />
III. — Un glacier.<br />
On vous a expliqué en classe ce que c'est qu'un<br />
glacier. — Qu'est-ce qu'un glacier? — Où se trouvent<br />
les glaciers ? — Par quoi est formée la glace ?-^<br />
Que voit-ori de chaque côté du glacier? — en avant?<br />
— sur le glacier même ? — Quelle est l'utilité des<br />
glaciers ?<br />
SUJET TRAITÉ.<br />
Si la vallée dans laquelle nous habitons était remplie<br />
de glace, cela figurerait assez bien un glacier.<br />
LECTURE COURANTE: TOUTEY, Cours préparatoire, 63 morceaux chois^is 60 c.
320 x<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
Les glaciers se trouvent dans les vallées des hautes<br />
montagnes. En France, les Alpes en possèdent de<br />
très beaux.<br />
La glace est formée par les neiges qui tombent en<br />
abondance dans les régions élevées et qui s'accumulent<br />
dans les vallées.<br />
Sur les deux côtés du glacier, on voit das blocs de<br />
granit qui ont été transportés là par le glacier luimême.<br />
En avant, le glacier s'abaisse et fond lentement.<br />
Un cours d'eau s'en échappe et s'enfuit vers la vallée.<br />
Sur le glacier, on voit de longues et profondes crevasses,<br />
dangereuses pour les touristes imprudents.'<br />
Les glaciers servent à alim,enter les rivières et les<br />
fleuves.<br />
IV. — Le petit moqueur.<br />
[Narration.)<br />
1. Les enfants jouent dans la cour ; à quel jeu ? —<br />
2. Lucien tombe et se blesse. — 3. Henri se moque<br />
de lui. — 4. Henri tombe à son tour. Que font ses<br />
camaradesf<br />
SUJET T3SJIITÉ .<br />
C'est l'heure de la récréation. Les enfants s'amusent<br />
à jouer à saute-mouton. C'est un beau jeu, maisbien<br />
dangereux.<br />
Justement Lucien, qui sautait par-dessus un des<br />
grands élèves, vient de manquer son coup. 11 tombe<br />
sur les poignets et son nez touche durement le sol.<br />
Il se relève aussitôt, mais l'un de ses bras lui fait bien<br />
mal, et il a de grosses larmes dans les yeux.<br />
Le jeu est interrompu et les enfants entourent Lucien.<br />
Henri, l'un des joueurs, se met à rire: « En<br />
voilà une poule mouillée! As-tu mal aux dents? Ça<br />
se guérit avec le temps. » Personne ne trouve la plaisanterie<br />
amusante, sauf Henri.<br />
Le moqueur aurait mieux fait de se taire. Quelques<br />
minutes après, il tombe à son tour et s'égratigne le<br />
front. Voyant quelques gouttes de sang qui tombent,<br />
il se croit perdu et gémit de toutes ses forces.<br />
On l'entoure, lui aussi, mais ce n'est pas pour le,<br />
plaindre. Et plusieurs de ses camarades lui disent en<br />
riant : « C'est à ton tour d'avoir mal aux dents. "\'a,<br />
ce n'est rien. Ça se guérit avec le temps! »<br />
= . COURS SUPÉRIEUR<br />
Orthographe et grammaire.<br />
I. — La neige à Paris.<br />
11 neige : les moineaux sont tristes...<br />
Ils ont le jeûne dans la voix;<br />
Sachant les hommes égoïstes.<br />
Ils regardent blanchir les toits.<br />
Il neige ; Paris est livide ;<br />
Il entr'ouvre des yeux dolents.<br />
On dirait que le ciel se vide<br />
En tourbillons frêles et blancs.<br />
La pâle fourrure des rues.<br />
A beau luire jusqu'au lointain.<br />
Des taches y sont apparues<br />
Sous les premier pas du matin.<br />
Sur la blancheur fragile et tendre<br />
Qui se fond en noir affligeant,<br />
Les arbres persistent à tendre<br />
Leurs purs filigranes d'argent.<br />
A. MÉEAT.<br />
Explications.<br />
1. L ES MOTS ET LES EXPRESSIONS. — Ils ont le<br />
jtâhe dans la voix : en entendant leurs pépiements<br />
tristes, on devine qu'ils ont faim. — Livide : de couleur<br />
plombée, tirant sur le noir. — Yeux dolents<br />
(rapprocher de douleur, endolori, doléances, condoléances)<br />
: tristes, comme ceux d'une personne qui<br />
souffre. — Le ciel se vide : il tombe tant de flocons<br />
qu'il semble qu'il ne doive plus en rester dans le ciel.<br />
— Frêles {fragile, fragment) : petits, délicats. — Sur<br />
la blancheur : sur le fond blanc formé, comme dans<br />
un tableau, par le sol couvert de neige. — Blancheur<br />
fragile : blancheur qui ne peut durer longtemps,<br />
qui est vite souillée. — Tendre ; une cou-i<br />
leur tendre est une couleur claire, qui -se ternit ou<br />
se salit facilement. — Se fond : se transforme. —<br />
Affligeant (affliction, affllotif, affliger; préf. af, ad,.<br />
vers; radical fiig que l'ou retrouve dans Infliger, et<br />
qui signifie frapper; affliger quelqu'un, c'est donc le<br />
frapper, lui causer de la peine) : qui afflige, qui rend<br />
triste. — IHligrane : ouvrage d'orfèvrerie à jour et en<br />
forme de petit filet (se dit aussi des figures tracées<br />
dans le papier).<br />
2. LES IDÉES.— Pourquoi les moineaux regardentils<br />
blanchir les toits? — Quel est l'aspect de Paris<br />
par une matinée de neige ? — Pourquoi dit-on qu'il<br />
entr'ouvre les yeux? (Les maisons restent presque<br />
closes.) — La neige qui tombe sur le sol y demeuret-elle<br />
longtemps?— Que devient-elle?— Que ressenton<br />
en voyant la neige d'un blanc si pur se transformer<br />
rapidement en une boue noirâtre? — Que signifient<br />
les deux derniers vers? (Les branches des arbres<br />
couvertes de givre forment comme un fin travail<br />
d'orfèvrerie, qui garde sa beauté alors que le soi est.<br />
devenu boueux.)<br />
II. — L'habitude du bien.<br />
En faisant beaucoup de bonnes actions, on [contracte<br />
l'habitude d'en faire. On les accomplit alors<br />
sans y penser et sans eflorts, comme si c'était pour<br />
nous une chose toute naturelle. Au début, il faut réfléchir<br />
pour savoir ce qui est bon et ce qui est mauvais<br />
; le bien n'est pas toujours facile à reconnaître,<br />
et il n'est pas toujours facile à faire; souvent, pour<br />
l'accomplir, il faut lutter contre les mauvais penchants<br />
qui nous en détournent; nous ne sommes pas<br />
poussés aussi sûrement et aussi aveuglément vers lui<br />
que le brochet de la rivière l'est vers les petits poissons<br />
qu'il mange, et c'est heureux, vraiment, car s'il<br />
en était ainsi, quel mérite aurions-nous à être bons?<br />
Un poirier n'a pas de mérite à donner des poires.<br />
L'homme a du mérite à être vertueux, parce que,<br />
s'il porte en lui les germes de la vertu, ils ne se développent<br />
pas tout seuls; c'est nous qui les développons,<br />
et en faisons sortir les fruits. Notre vertu est<br />
notre œuvre.<br />
L'homme vertueux, c'est donc l'homme devenu bon<br />
par le fait de sa volonté ; c'est l'homme qui a su résister<br />
aux tentations du vice et, à force d'efforts et de<br />
luttes, en est venu à faire de bonnes actions, sanseflorts,<br />
comme les abeilles font leur miel. L. LIARD.<br />
Explications.<br />
1. L'IDÉE PRINCIPALE. — L'homme vertueux finit<br />
par faire le bien par habitude et sans eflorts ; il a le<br />
mérite d'avoir su arriver à la vertu à force de volonté.<br />
2. LES MOTS. — Contracter (préf. con, avec; rad.<br />
tract, que l'on retrouve dans traction, et qui signifie<br />
tirer) : au sens propre, prendre un engagement, selier<br />
par une promesse ou un écrit avec quelqu'un; au<br />
sens figuré, acquérir avec le temps. — Tentation (de<br />
tenter : solliciter au mal, donner envie) : mouvement<br />
intérieur qui excite au mal. — Développer (préf. déprivatif;<br />
rad. enveloppe) : ôter l'envelojppe de quelque<br />
chose, par suite, donner de l'accroissement, d&<br />
la force.<br />
3. LES IDÉES. — Citez de^ actions que vous accomplissez<br />
sans y penser et sans eflorts, d'autres que<br />
vous accomplissez avec beaucoup de peine. — Pourquoi<br />
trouvez-vous ces dernières si pénibles?— Citei<br />
des exemples où le bien n'est pas toujours facile à<br />
reconnaître; facile à faire. — Quels sont les mauvais<br />
penchants qui détournent l'écolier de son devoir,<br />
l'ouvrier du sien? — Pourquoi n'aurions-nous pas de<br />
mérite à être bons si nous faisions le bien naturellement?<br />
(Il n'y a de mérite que s'il y a effort.) —<br />
Pourquoi l'homme a-t-il du mérite à être vertueux?<br />
— Expliquez l'expression : notre vertu est notre<br />
œuvre. (Nous ne sommes pas naturellement vertueux;<br />
c'est par nos efforts que nous parvenons à<br />
la vertu.)<br />
4. EXERCICES. — a) Dans chacun des textes, distinguer<br />
les propositions, indiquer leur nature et leur<br />
fonction.<br />
LECTURE COURANTE : TOUTEY, I" degré du Cours élémentaire, 100 morceaux choisis. 7 5 C»
) Etude des préfixes dé [développer), et re (revenir).<br />
Se servir du dictionnaire.<br />
c) Analyse des adjectifs qualificatifs et déterminatifs<br />
contenus dans chacun des textes.<br />
Composition ft>aiiçaise.<br />
I. — Un proverbe.<br />
Vous avez souvent entendu dire qu't7 n'y a pas<br />
de fumée sans feu. Quel est le sens de ce proverbe?<br />
Montrez par un exemple qu'il n'est pas toujours<br />
exact.<br />
II. — Soignez vos lettres.<br />
« Soignez bien vos lettres, dit Mme de Campan.<br />
Songez que l'on envoie de soi en écrivant une mesure<br />
de ses talents, de son esprit et de son éducation. »<br />
•Que pensez-vous de ce conseil?<br />
INDICATIONS.<br />
а) Mme de Sèvigné disait, au contraire, qu'elle laissait<br />
aller sa plume la bride sur le cou. Y a-t-il opposition?<br />
Juste mesure nécessaire. Il ne taut ni se guinder<br />
ni se laisser aller.<br />
б) Mesure de ses talents : on la donne surtout dans<br />
une lettre traitant d'une question déterminée (conseils,<br />
renseignements,...) Montrer alors de la clarté,<br />
de la précision, de l'érudition même.<br />
c) Mesure de son esprit : dans toute lettre, même<br />
famibére et décousue, l'esprit peut relever la matière<br />
banale. Savoir présenter les faits d'une façon intéressante,<br />
savoir prendre le ton qui convient, éviter le<br />
pédantisme.<br />
d) Mesure de son éducation : on la donne non<br />
seulement par l'emploi des formules de politesse,<br />
mais par la discrétion dans l'éloge ou le blâme, par<br />
la mesure dans les réclamations...<br />
K . SEBUIN.<br />
ARITHIWÉTIQUE, GÉOMÉTRIE E T<br />
SYSTÈIVIE MÉTRIQUE<br />
COURS ELEMENTAIRE<br />
La boîte de plumes.<br />
INDICATIONS. — Faire lire sur le couvercle le nombre<br />
de plumes contenues: 144 plumes. — Pourquoi<br />
144 plumes? — Au lieu de compter par dizaines les<br />
plumes mises dans la boîte, on va les compter par<br />
douzaines. — Ce que c'est qu'une douzaine : 12 plumes.<br />
— Ce qu'on achète par douzaines : œufs, huîtres,<br />
escargots, verres, crayons, etc. — Une douzaine, c'est<br />
12 ; — la moitié d'une douzaine, ou 6, s'appelle une<br />
demi-douzaine. — Une douzaine et la moitié d'une<br />
douzaine (12 et 6, c'est-à-dire 18), c'est une douzaine<br />
4t demie.<br />
Compter le nombre de douzaines contenues dans la<br />
boîte de plumes ; — montrer, au moyen d'additions<br />
successives, que :<br />
2 douzaines valent<br />
3 — —<br />
4<br />
5<br />
6<br />
2i<br />
36<br />
48<br />
60<br />
72<br />
7 douïaines valent<br />
8 _ _<br />
10 — —<br />
il — —<br />
PARTIE SCOLAIRE .127<br />
84<br />
96<br />
108<br />
120<br />
132<br />
et 12 douzaines (qu'on nomme encore une grosse),<br />
valent 144.<br />
demi-grosse compte six douzaines, c'est-à-dire<br />
Remarque. —On achète et l'on vend aussi certaines<br />
marchandises au cent et au mille: cahiers, bouteilles,<br />
•oranges, etc.<br />
KXERCICES. — Qu'est-ce qu'une douzaine d'oeufs? —<br />
Combien y a-t-il d'œufs dans une demi-douzaine ?<br />
dans la moitié d'une demi-douzaine? dans une douzaine<br />
et demie? dans deux douzaines et demie ? dans<br />
trois douzaines? dans trois douzaines et demie? etc.<br />
~ Combien y a-t-il de demi-douzaines de torchons<br />
dans une douzaine ? dans deux douzaines ? dans trois<br />
douzaines? dans deux douzaines et demie? etc. —<br />
Combien de douzaines peut-on faire avec 4 demi-dou<br />
zaines? avec 6, 8, 10, etc., demi-douzaines de mouchoirs<br />
? — Combien de douzaines y a-t-il dans<br />
24 oranges? 36 oranges?. 120 oranges? 144 oranges?<br />
PROBLÈMES {2" année). — 1. Un coquetier a 50<br />
douzaines d'œufs. Combien en a-t-il? — R. : 600 œufs.<br />
2. Combien y a-t-il de plumes dans 15 boîtes qui<br />
en contiennent chacune 12 douzaines ? — R. :<br />
2 160 plumes.<br />
3. A raison de 1 fr. 50 le canif, dire le prix : 1» d'une<br />
douzaine; 2» d'une demi»douzaine. — R. : 18 fr. ;<br />
9 fr.<br />
4. Quel est le prix d'une douzaine et demie de mouchoirs<br />
à 0 fr. 75 pièce ? — R. : 13 fr. BO.<br />
5. Que coûtent 25 douzaines çl'huîtres à 5 fr. le<br />
cent ? — R. : 15 fr.<br />
Huit fois plus, huit fois moins.<br />
EXPLICATIONS ÈT EXERCICES. —Comme aux numéros<br />
précédents.<br />
Notions usuelles.<br />
LE CARRÉ. — Réaliser un carré en carton : montrer<br />
qu'on donne ce nom à une^ portion de surface<br />
comprise entre quatre droites égales qui se coupent<br />
à angles droits. — Le calquer au tableau noir et<br />
dans diverses positions : faire toujours constater qu'il<br />
y a, dans le carré : 1" quatre côtés égaux (procéder<br />
par des mesures) ; 2» quatre angles droits (au moyen<br />
de l'équerre). — Objets qui ont une forme carrée :<br />
vérifier. — Ce qu'on appelle bordure, pourtour ou<br />
périmètre du carré. — Développer et mesurer le périmètre<br />
des obiets carrés; conclure: longueur de périmètre<br />
= longueur du côté x 4.<br />
LA BALANCE ORDINAIRE. — La décrire: fléau, cou<br />
teau, plateaux, aiguille, etc. A défaut d'une balance<br />
en réaliser une au moyen d'une règle munie en son<br />
milieu d'un piton fermé et, à chaque extrémité, d'un<br />
piton ouvert portant un plateau de carton attaché au<br />
moyen de trois ficelles égales.<br />
LE'KILOGRAMME. — Décrire un poids de 1 kg. : en<br />
fonte (deux bases régulières à six côtés ; l'anneau,<br />
l'inscription, le poinçon de garantie); — en cuivre (cylindre<br />
surmonté d'un bouton). — Faire chercher si<br />
l'un est plus lourd que l'autre : vérifier la réponse.—<br />
Faire la tare d'un litre vide; — le remplir d'eau ;<br />
pour rétablir l'équilibre, il suffit de mettre un poids<br />
de 1 kg. dans l'autre plateau. — Conclure : 1 kg. est<br />
le poids d'un litre d'eau. — Exercices de pesée : peser<br />
un kg. de cailloux, de sable, de bouchons, etc. — Un<br />
kg. étant tenu d'une main et différents objets de<br />
l'autre, dire s'ils pèsent ensemble plus ou moins qu'un<br />
kg. — Vérifier. — Ce qu'on achète au kg; ; — en dire<br />
le prix.<br />
Problèmes de 2' année.<br />
RECHBRCHE <strong>DE</strong> LA SOMME OU <strong>DE</strong> LA DIFFÉRENCE <strong>DE</strong><br />
<strong>DE</strong>UX PRODUITS. — On a acheté 8 m. de velours à<br />
it fr. le m. et 7 m. de drap à 9 fr. le m.; combien<br />
a-t-on dépensé en tout ? — Etablir le raisonnement.<br />
Que deman-fdép.p.le P. de 1 m. l / 12 fr. i 06 fr.<br />
de-t-on ? ) velours X N.dem. ^X8<br />
La dépense J-t- dép. p. 1 P. de 1 m.<br />
totale = \ le drap, jx N.dem ;( X7^''( + 63 fr.<br />
Faire remarquer tout de suite ce qui changerait<br />
dans le raisonnement si on disait : « On a acheté 8 m.<br />
de velours à 12 fr. le m. et 7 m. de drap à 9 fr. le<br />
m.: quelle somme a-t-on payée en plus pour le<br />
velours? »<br />
CALCUL'MENTAL. — 1. Quel est le prix de 4 paniers<br />
d'oranges à 3 fr. le panier et de 2 caisses de mandarines<br />
à 2 fr. la caisse ?<br />
2. On a 8 demi-douzaines de crayons. On en donne<br />
3 paquets de chacun 10 crayons. Combien en restet-il<br />
?<br />
CALCUL ÉCRIT. — 3. Une marchande achète 15 m;<br />
d'étofle à 4 fr. le m. et 24 m. de soierie à 12 fr. le m.<br />
Quel est le montant de sa facture? — R. : 348 fr.<br />
4. Un fermier vend 24 porcs à 23 fr. l'un et<br />
104 paires de poulets à 4 fr. la paire. Quelle somme<br />
reçoit-il?— R.: 968 fr.<br />
ARITHMÉTIOIE : LEMOINE. 160 Leçons d'Arithmét., 2800 exerc. & problèmes, cert. d^Etodes.
328 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> L'LNSTRUCTION <strong>PRIMAIRE</strong><br />
5. Un ouvrier gagne 6 t'r. par jour et travaille<br />
24 jours par mois. Sachant qu'il dépense tous les<br />
jours 4 fr. pour sa nourriture, quelle somme lui<br />
reste-t-il au bout d'un mois de 31 jours? — R. : 20 fr.<br />
6. Un marchand a vendu 16 m. de drap à, 15 fr.<br />
le m. Avec une partie du produit de sa vente, il<br />
achète 25 m. de toile à 1 fr. 50 le m. Quelle somme<br />
lui reste-t-il après cet achat? — R. ; 202 fr. 50.<br />
CALCUL LIBRE. — Faire des factures d'épicerie,<br />
de boucherie, etc.<br />
= = = = = COURS MOYEi\ = = = = =<br />
Sommaire,<br />
Arithmétique. — MDLTIPLICATION <strong>DE</strong>S FRACTIONS. —<br />
Rappeler le principe de la multiplication : Le produit<br />
est au multiplicande comme le multiplicateur est à<br />
Vunité. — En montrer l'application constante dans<br />
la multiplication des fractions. Exercices concr-ets<br />
et gradués : 1° 3/7 de feuille de cahier x ?, le multiplicateur<br />
2 étant le double de l'unité, le produit sera<br />
2-fois plus grand que le multiplicande 3/7 (cela revient<br />
à rendre une traction un certain nombre de<br />
fois plus grande, Manuel n" 17). — 2» 4 m. X 3/5,<br />
le multiplicateur étant les 3/5 de l'unité, le produit<br />
sera les 8/5 du multiplicande or, le 1/5 du multiplicande<br />
est 5 fois plus petit que le multiplicande ou<br />
4 m/5 et les 3/5 seront 3 fois plus grands que le 1/5 ou<br />
X 3 „ ^ u» • 1 -<br />
^ ; remarquer que I on peut obtenir le meme<br />
résultat en intervertissant l'ordre des facteurs : 4 m.<br />
X 3/5 = 3/5 m. X 4 = 12/5 de m. — 3° 2/3 de m.<br />
X 3/5 : raisonner comme au cas précédent. — Généraliser<br />
: tous les nombres entiers peuvent être considérés<br />
comme les numérateurs de tractions ayant<br />
l'unité pour dénominateur; tous les cas envisagés<br />
peuvent se ramener au dernier (multiplication d'une<br />
fraction par une fraction) ; règle unique : multiplie^<br />
les numérateurs entre eux et les dénominateurs entre<br />
eux. — Cas particuliers : les facteurs sont soit<br />
des expressions fractionnaires, soit des nombres fractionnaires.<br />
Géométrie. —NOTIONS RELATIVES AUX VOLOMES. —<br />
Rappeler ce qu'on entend par volume {n" 1 du Manuel).<br />
— Volumes réguliers ; bille, dés à jouer, etc.;<br />
volumes semi-réguliers : brique, boîte, tuyau, etc. ;<br />
volumes irrèguliers : cailloux, encriers ornés, etc. —<br />
Expliquer et montrer ce qu'on appelle sommets et<br />
arêtes. — Ce qu'on appelle surface de développement<br />
ou surface totale, ce qu'on désigne spécialement sous<br />
le nom de surface latérale. — APPLICATION AO CUBE :<br />
volume régulier à six faces carrées égales. — Conséquences<br />
; toutes les arêtes sont égales; les compter<br />
(12); tous les angles des faces sont droits ; les compter<br />
(24). — Exemples de cubes. — Tracer le, développement<br />
d'un cube : en déduire la manière de calculer<br />
la surface latérale et la surface totale.<br />
Système métrique, — MESURES <strong>DE</strong> VOLUME. —<br />
Montrer qu'il est des cas où il' est indispensable de<br />
connaître le volume des corps ; tas de sable, maçonnerie,<br />
etc. — Les volumes proprement dits ne se mesurent<br />
pas directement à l'aide d'instruments, ils se<br />
calculent à l'aide de certaines dimensions mesurées<br />
comme longueurs. — Comment on a déterminé les<br />
unités de volume : on a pris le volume de cubes ayant<br />
pour longueur d'arête l'iine ou l'autre des unités de<br />
longueur. — Etude pratique du mètre cube : en donner<br />
une notion concrète, à l'aide d'une caisse cubique<br />
ayant environ 1 m. d'arête.<br />
Théorie.<br />
1. MULTIPLIER UNE FRACTION PAR UN NOMBRE ENTIER.<br />
—- Mentalement. — Quel est le triple de 3/4? le double<br />
de 2/5? — Rendre cinq fois plus grandes 2/3 et<br />
8/15, etc. — Par écrit : 15/32 x 36 ; 25/49 x 57;<br />
•^/17 X 64, extraire les entiers. ,<br />
2. PRENDRE UNE FRACTIO.V J'UN NOMBRE. — Mentalement.<br />
— Quelle est la moitié de 8 fr.? Quels sont<br />
les 2/3 de 9 fr., les 3/4 de 12 fr. ? — Par écrit :<br />
prendre les 3/4 de 372 908 (Marne. —K. : 279 681);<br />
les 3/5 de 29 fr. 50 (Paris. — R. ; 17 fr. 70).<br />
3. MULTIPLIER UNE FRACTION PAR UNK FB ACTION. —<br />
Mentalement. — Quelle est la moitié du 1/3? Quel<br />
est le 1/5 des 3/4? Quels sont les 2/3 des 7/12? etc. —<br />
Par écrit : trouver les 4/7 de 7/9. (R. : 4/9); — les<br />
3/4 de 2/5. (Aveyron. R. : 3/10); — les 5/9 de 13/10.<br />
(R. : 13/18.)<br />
4. MULTIPLIER UN NOMBRE FRACTIONNAIRE par un<br />
nombre entier. Ex. : 2 m. 1/4 X 3; 4 1. 2/5 X 4;<br />
5 k
il reste pour son loyer 1/4 ou (1920 fr. : 4) = 480 tr.<br />
2. Ua terrasier a 180 m. de fossé à creuser; le premier<br />
jour, il en fait 1/5, le deuxième jour le 1/3, le<br />
troisième jour le 1/6. Que reste-t-il à faire? (Marne.)<br />
— R. : 11 a déjà fait : 1/5 + 1/3 + 1/6 =; 21/30; il<br />
reste à faire : 9/30 ou (180 m. x 9/30) = 54 mètres.<br />
3. Un propriétaire qui a 2 880 fr. de rente en dépense<br />
1/9 en janvier, 1/8 en février 'et 1/4 en mars.<br />
Combien lui reste-t-il pour chacun des neuf autres<br />
mois? (Cher.)<br />
Solution. — Il dépense en 3 mois : 1/9 + 1/8 +<br />
1/4 = 35/72; il reste à dépenser en 9 mois : 72/72 —•<br />
_ 35/72 = 37/72 ou : 2 88U fr. x 37/72 ou 2880 x 37/72<br />
= 1 480 fr. ; en 1 mois : 1 480 ; 9 = 164 fr. 45 par<br />
excès.<br />
1. Un marchand qui avait une pièce de toile de<br />
174 m. en a vendu 1/3 à 1 fr. 60 le m^tre, les 3/4 du<br />
reste à 1 fr. 80 et le reste à 2 fr. le mètre. Il a ainsi<br />
réalisé un bénéfice de 46 fr. 40. On demande combien<br />
il avait payé le mètre de cette toile. (Seine-et-Olse.)<br />
Solution. — 1/3, ou 58 m., est vendu : 92 fr, 80;<br />
il reste alors : 116 m. ; on en prend les 3/4, ou 87 m.,<br />
qui sont vendus ; 156 ir. 60; nombre de mètres restants<br />
: 174 m. — (58 m. 87 m.) = 29 m. qui sont<br />
vendus : 58 fr.; vente totale ; 307 fr. 40; achat total :<br />
261 fr. ; il avait payé le mètre 1 fr. 50.<br />
Problénnes à raisonnements particuliers relatifs<br />
aux salaires. — Voir les problèmes semblables relatifs<br />
aux ventes au n" 15 du Manuel général. — 1.<br />
Deux ouvriers travaillent ensemble. Le premier ga-<br />
Rne par "jour 2 fr. de plus que le 2". Il travaille pendant<br />
34 jours et touche 13 fr. de plus que le 2«, qui<br />
a travaillé pendant 45 jours. Quel est le salaire<br />
journalier de chacun? (Rhône.)<br />
Solution. — Pendant les 34 jours, le l" a gagné<br />
2 fr. X 34 = 68 fr. de plus que le second. Pendant<br />
45 j. — 34 j. = 11 jours, le 2° a regagné 68 fr. —<br />
13 fr. = 55 fr. Gain par jour du 2® ; 55 tr. ; 11 =<br />
5 fr. ; du l»' : 7 fr. •<br />
2. Deux ouvriers travaillent ensemble à creuser un<br />
fossé. Le premier fait par jour 2 m. d'ouvrage de<br />
plus que le 2®. Après avoir travaillé un même nombre<br />
de jours, le premier a fait 180 m. d'ouvrage et le<br />
2= 150 m. Combien ont-ils travaillé de jours? Combien<br />
chaque ouvrier faisait-il- par jour de mètres d'ouvrage?<br />
(Aveyron.)<br />
Solution, — Le premier a fait 30 m. d'ouvrage de<br />
plus que l'autre ; nombre de jours de travail : 15 j. ;<br />
le l»'' faisait par jouf, 12 m. d'ouvrage; le 2" faisait<br />
10 m.<br />
Avec fractions. — 3. Un père et son fils ont gagné<br />
ensemble 144 fr. dans un mois de 24 jours de travail.<br />
Le salaire du fils est la moitié de celui du père. On<br />
demande le prix de la journée de chacun d'eux.<br />
(Doubs.) — R. : 4 fr. et 2 fr.<br />
4. Deux ouvriers travaillent ensemble et reçoivent<br />
l'un 175 fr. et l'autre les 5/7 de cette somme pour un<br />
même nombre de journées de travail. Sachant que<br />
l'un gagne 2 fr. par jour de plus que l'autre, quel est<br />
le nombre de journées de travail de chacun et combien<br />
chaque ouvrier gagne-t-il par jour? (Morbihan.)<br />
— R. : 25 jours; 7 fr. et 5 Ir.<br />
Applications de la géométrie.<br />
Surface du cube. — 1. On a payé 9 fr. 60 pour la<br />
taille d'une pierre cubique à 1 fr. 60 par m^. Quelle<br />
es>t la superficie d'une face? (Saùne-el-Loire.) — R. :<br />
1 m'.<br />
2. Un tailleur de pierre a taillé sur tontes ses faces<br />
un bloc cubique de pierre ayant 0 m. 80 d'arête. 11<br />
est payé' à raison de 0 fr. 75 le m^ ; combien recevra-t-il?<br />
{^Loiret.) — R. : Surf. : 3 m^ 84. — Prix ;<br />
2 fr. 88 ou 2 fr. 90.<br />
3. Une jeune fille a recouvert de papier doré le<br />
dessus, le dessous et les faces d'une boîte en carton<br />
dont les dimensions ont toutes 0 m. 30. Combien a-telle<br />
employé de feuilles de papier doré, si chaque<br />
feuille avait une surface de 1 dm2 14? (Somme.) —<br />
R. ; surf. : 0 m. 54; nomb. de feuilles : 5 par excès.<br />
4. Combien paye-t-on, à raison de 0 fr. 80 par m-,<br />
pour la peinture, à l'intérieur et à l'extérieur, d'un<br />
PARTIE SCOLAIRE 329<br />
bassin cubique en tôle, sans couvercle, de 2 m. 15 de<br />
côté? (Rhône.) — R. : surface d'une face ; 4 m- 6 225,<br />
de 10 faces ; 46 m2 225.,— Prix : 36 fr. 98 ou 37 fr.<br />
• • • " COURS SUPÉRIEUR<br />
Sommaire.<br />
Arithmétique, — LA DIVISION <strong>DE</strong>S FRACTIONS. —<br />
Montrer qu'elle est basée sur la définition générale :<br />
chercher un nombre (nommé quotient) qui, multiplié<br />
par un autre (appelé diviseur), reproduise un produit<br />
donné (le dividende). — Différents cas que l'on peut<br />
envisager ; 1" le diviseur est un nombre entier; 2° le<br />
diviseur est une fraction, — Généraliser, en rappelant<br />
qu'il est toujours possible d'écrire un nombre<br />
entier sous la forme de fractions ayant l'unité comme<br />
dénominateur, — Remarques : 1° Lorsque les fractions<br />
sont accompagnées d'entiers, on les transforme<br />
en expressions fractionnaires ; 2" Montrer ce qu'on entend<br />
par inverse d'une fraction, par inverse d'un<br />
nombre; 3° Toute division équivaut au produit du<br />
dividende par l'inverse du diviseur, — Principes relatifs<br />
aux opérations de fractions : montrer à l'aide<br />
d'exemples concrets, que ce sont les mêmes que les<br />
principes relatifs aux opérations des nombres entiers,<br />
(Voir Manuel, n"» 6 et 9.)<br />
Géométrie. — GÉOMÉTRIE DANS L'ESPACE. — Droites<br />
et plans : ce qu'on appelle droites parallèles et droites<br />
perpendiculeares à un plan-. — Remarques ; Lorsqu'une<br />
droite est perpendiculaire à un plan, elle est<br />
perpendiculaire à toutes les droites du plan qui passent<br />
par son pied. — Plans parallèles. — Intersection<br />
de deux plans : angle dièdre; plans perpendiculaires<br />
et plans obliques. — Les polyèdres : faces,<br />
arêtes, sommets; rappeler ce qu'on entend par surface<br />
et par volume d'un cor^s. — Les différents polyèdres<br />
: 1° Les prismes, qui ont deux bases polygonales<br />
égales et parallèles et dont les faces latérales<br />
sont des parallélogrammes; prisme triangulaire, hexagonal,<br />
parallélépipède quelconque ou rectangle, cube ;<br />
2» Les pyramides, qui n'ont qu'une base polygonale<br />
et dont les faces latérales sont des triangles ayant un<br />
sommet commun, — Les solides de révolution : cylyndre,<br />
cône, sphère.<br />
Système métrique. — LES MESURES <strong>DE</strong> VOLUME. —<br />
Généralités, étude pratique du mètre cube. (Voir<br />
cours moyen.)<br />
Théorie.<br />
1. Définir la division d'un nombre entier ou frac"<br />
tionnaire par un autre nombre. Enoncer et démontrer<br />
la règle à suivre pour diviser une fraction par<br />
une fraction. Condition nécessaire et suffisante pour<br />
que le quotient soit ; 1" plus petit que le dividende;<br />
2" plus grand que le dividende (Brev. élém., Paris.)<br />
Indications. — Définition : voir sommaire; règle<br />
générale ; multiplier la fraction dividende par l'inverse<br />
de la fraction diviseur. — Voir la démonstration<br />
dans les traités d'arithmétique. (M. VINTÉJOUX,<br />
Hachette, édit.) — Cas particulier : quand chaque<br />
térme de la fraction dividende est exactement divisible<br />
par le terme correspondant de la fraction diviseur,<br />
il est plus simple de diviser terme par terme la<br />
fraction dividende par la fraction diviseur. — Soient<br />
T) — d q (q étant entier ou fractionnaire). Suivant le<br />
principe fondamental de la multiplication D sera à q,<br />
comme d est à l'unité ; donC D > ? quand d > 1 et<br />
D < 5* quand d < 1.<br />
2.-En divisant 5/8 par une certaine fraction, on obtient<br />
un quotient équivalent à 4/5. Quelle a été la<br />
fraction diviseur? Faire la démonstration. (Brev.<br />
élém., Paris.) '<br />
Indications. — La fraction diviseur est 5/8 : 4/5<br />
ou 5/8 X 5/4 = 25/32. En effet, d'après la définition,<br />
le diviseur cherché X 4/5 doit reproduire le dividende<br />
5/8. Or, multiplier un nombre par une fraction,<br />
c'est prendre cette fraction de ce nombre ; donc<br />
4/5 du diviseur = 5/8; 1/5 du diviseur = g ° ^et 5/5<br />
5 x 5<br />
du diviseur ou le diviseur entier = 5/8 X 5/4.<br />
LECTURE EXPLIQUÉE: GUÉCHOT, Premier livre, Cours élémentaire Cours moyen ^
330 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
3. Le quotient de deux nombres est 4 et leur difl'érence<br />
86. Quels sont ces deux nombres? Et si le quotient<br />
des deux nombres était 4/7 et leur diftérence<br />
35, trouver de même les deux nombres et faire la<br />
preuve, c'est-à-dire retrouver le quotient 4/7. {Mrev.<br />
•élém., Oise.)<br />
Indications. — 1° Si le quotient des deux nombres<br />
est 4, c'est que le premier est 4 fois plus grand que<br />
le second; donc.4lois }e second— une fois le second<br />
= 36; donc 3 fois le second = 36. Ce second nombre<br />
= 36 : 3 = 12; le premier = 48. 2° Le plus petit<br />
nombre est les 4/7 du grand. Donc 7/7 — 4/7 ou 3/7<br />
du grand nombre = 35. Le plus grand est donc 35 X<br />
7/S = 245/3; le plus petit est 245/3 X 4/7 = 140/3.<br />
Vérifier.<br />
Applications de l'arithiaétique.<br />
Divisions de fraclions. — Trouver un nombre,<br />
connaissant une fraction de ce nombre. — 1. Les<br />
•2/3 des 3/5 d'un nombre forment un deuxième nombre<br />
qui, divisé par 0,5, donne 360 pour quotient.<br />
Quel est le premier nombre?<br />
Indications. — Les 2/3 des 3/5 ou les 2/5 valent<br />
360 X 0,5 = 180. Le nombre = 180 : 2/5 = 180 x<br />
5/2 = 450.<br />
2. Un champ rectangulaire a produit une récolte<br />
dont la valeur, qui est de 285 fr. 768, est les 4/25 de<br />
celle du terrain. Calculer le prix de l'are de ce terrain,<br />
sachant que son périmètre est de 214 m. 20 et<br />
que l'un de ses côtés vaut les 5/12 de l'autre. [Brev.<br />
Indications. — Valeur du terrain : 285 fr. 768 X<br />
25/4 = 1 786 ir. 05. Le périmètre = (12/12 -|- 5/12)<br />
X 2 = 34/12 d'un des côtés. La longueur mesure<br />
214 m. 20 X 12/34 = 75 m. 60. La largeur : 75 m. 60<br />
X 5/12 = 31 m. 50. Surface : 1 m® x 75,6 x 31,5 =<br />
2 381 m2 4. L'are vaut 1 786 fr. 05 : 23,814 = 75 fr.<br />
3. Un marchand achète un certain nombre de kg.<br />
de marchandises en plusieurs fois, savoir : les 2/7 de<br />
ce nombre total de kg. à raison de 1 fr. 15 le gr. ; les<br />
3/8 du même nombre à raison de 1 fr. 20 le gr. et les<br />
4 kg. ^375 qui complètent la totalité à raison de<br />
1 fr, 37 le gr. Quelle a été la dépense du marchand<br />
et combien doit-il vendre l'hg. pour gagner 175 fr.<br />
sur la totalité de la marchandise achetée?<br />
Indications. —En deux fois il a vendu 2/7 -f 3/8<br />
= 37/56; il reste donc 19/56 on 4 kg. 375. Le poids<br />
total est 4 kg. 375 : 19/56 = 12 kg. 8 947. Valeur des<br />
•2/7 = 1 fr. 15 X 12 894,7 x 2/7 = 4 236 fr. 83 ; — des<br />
3/8 = 1 fr. 20 x 12 894,7 x 3/8= 5 802 Ir. 61. Valeur<br />
du reste : 1 tr. 37 x 4 375 = 5 993 fr. 75. Total ;<br />
16033 fr. 19. Prix de vente total : 16 208 fr. 19. Prix<br />
de vente de l'hg. ; 125 fr. 70 par excès.<br />
4. Un propriétaire payait une année en contributions<br />
le 1/7 de ce qu'il touchait sur ses loyers. L'année<br />
suivante, il avait augmenté le prix total de ses<br />
loyers de 205 fr., mais ses contributions avaient été<br />
portées an 1/6 de la somme touchée pour ses nouveaux<br />
loyers. Dans ces deux cas, après avoir payé<br />
les impôts, le propriétaire a joui du même revenu.<br />
Quel est ce revenu? {Brev. élém., Landes.)<br />
Indications. — Primitivement, le revenu était 7/7<br />
— 1/7 = 6/7 du loyer. Il est ensuite : 6/6 — 1/6 =<br />
5/6 du loyer primitif augmenté de 2U5 fr. ou 5/6 du<br />
loyer primitif + (5/6 de 205 fr. =) 1 025 fr /6. Donc<br />
6/7 — 5/7 == 1/42 de ce loyer primitif = 1 025 fr./6.<br />
Loyer primitif ; 7 175 fr. Revenu : 6 150 fr.<br />
Problèmes particuliers relatifs aux salaires. —<br />
(Voir cours moyen.) — 1. Deux ouvriers travaillent<br />
ensemble dans un même atelier. Le premier gagne<br />
par jour les 3/4 du gain journalier du second. Au<br />
bout d'un certain temps, le premier ayant travaillé<br />
4 jours de plus que le second, les deux ouvriers reçoivent<br />
la même somme : 72 fr. Quel est le salaire<br />
journalier de chacun? (Bours. ens. prim. sup., Beauvals.)<br />
Indications. — Pour gagner la même somme, le<br />
premier ouvrier doit travailler pendant 4 jours, tandis<br />
que le second ne travaille que pendant 3 jours;<br />
en effet. 3/4 de gain x 4 = 4/4 de gain x 3. Quand<br />
le Second travaille 3 jours, le premier travaille 4 —<br />
3 = 1 jour de plus. Pour qu'il travaille 4 jours de<br />
plus, il faut que le second ait travaillé pendant 3 j.<br />
X 4 = 12 j. Lui aura fait alors 16 j. Gain journalier<br />
du premier : 78 fr. : 16 = 4 fr. 50; du second : 6 fr.<br />
Vérifier.<br />
2. Deux ouvrières travaillent ensemble. La première<br />
gagne par jour 1/2 de plus de la deuxième; au bout<br />
d'un certain tenlps, la première, qui a travaillé 5 jours<br />
de plus que la deuxième, a reçu 105 fr. et la deuxième<br />
60 Ir. Combien chacune gagne-t-eUe par jour? [Brev.<br />
élém.)<br />
Indications. — La deuxième ayant touché 60 fr., la<br />
première, qui gagne 1/2 en plus, aurait touché pour<br />
le même temps : 60 fr. -I- (60 fr. : 2) =? 90 fr. Elle a<br />
donc touché 105 fr. — 90 fr. = 15 fr. pour 5 jours<br />
de travail. Par jour elle gagne 15 fr. : 5 = 3 Ir. et<br />
l'autre 3 fr. x 2/3=2 fr.<br />
3. Un entrepreneur a occupé des ouvriers dans deux<br />
chantiers ; dans le premier 32 ouvriers pendant<br />
12 jours, dans l'autre 38 ouvriers pendant 15 jours.<br />
Chacun des ouvriers du deuxième chantier a reçu<br />
un salaire quotidien égal aux 10/9 de celui d'un<br />
ouvrier du premier. Sachant que la somme totale<br />
payée par l'entrepreneur aux deux groupes d'ouvriers<br />
s'est élevée à 4 578 fr. on demande quels<br />
étaient les salaires dans chaque groupe. [Brev.<br />
élém., Seine.)<br />
Indications. — N. de journées du l®!^ groupe : 12 j.<br />
X 32 = 384. N. de journées du second : 15 j. X 38<br />
= 570, valant chacune les 10/9 de la journée des<br />
premiers, et valant toutes 5700/9 de journée do la<br />
1"'® série. Donc 384 journées -t- 5 700/9 de journée<br />
= 4 578 fr., donc 3456/9 -f 5700/9 = 9156/9 de journée<br />
= 4578 fr. Salaire de la journée du l=i' groupe :<br />
4 578 fr. ; 9156/9 = 4 fr. 50: du second groupe ;<br />
4 fr. 50 X 10/9 = 5 fr.<br />
COHBN,<br />
institatour.<br />
HISTOIRE<br />
La guerre de Trente ans.<br />
: CÔURS ÉLÉMENTAIRE = = =<br />
Une grande rictofre : ROCROI. — Montrer un<br />
portrait du piince de Condé. Faire remarquer la lai<br />
deur et la force : le grand nez busqué en bec d'aigle,<br />
les narines ouvertes, les yeux qui « lançaient des<br />
éclairs ». — Examiner le costume des officiers du<br />
temps ; les grandes bottes à entonnoir; sur les cheveux<br />
longs, le feutre à larges bords avec la grande<br />
plume blanche (la coifie du chapeau est faite d'une<br />
calotte d'acier cachée sous le feutre).<br />
Les Espagnols assiégeaientune petite ville placée sur<br />
un plateau, entre des forêts et des marécages, Rocroi.<br />
Ils étaient plus nombreux que les Français envoyés<br />
pour délivrer la ville. Ils avaient plusdecanons, dessoldats<br />
plus expérimentés, un vieux général. — L'armée<br />
françaiseétaitconfièe à un jeune prince de vingt-deux<br />
ans,le ducd'Enghien, qu'on appellera plustardle ffmnd<br />
Condé. — Les vieux officiers, français conseillaient de<br />
ne pas attaquer l'armée espagnole; mais Condé ordonna<br />
la bataille. Une partie de son armée, à gauche,<br />
faiblit et recule. Le général va-t-il courir vers elle<br />
pour la secourir? Non : il « enfonce » les troupes<br />
qui sont devant lui (s'aider d'un croquis au tableau),<br />
tourne les autres, et, « les cheveux èpars,_ les yeuï<br />
pleins d'éclairs, l'épée à la main », il déjjouche derrière<br />
les régiments ennemis qui bousculaient la gauche<br />
de l'armée française et qui se trouvent pris entre<br />
deux feux. — Ses quatre assauts contre le « carré »<br />
espagnol. — La victoire. — La joie en France.<br />
= COURS MOYEN<br />
La guerre de Trente ans. — LES CAUSES. —<br />
Nous devions voir aujourd'hui de quelle façon Richelieu<br />
réalisa la seconde partie de son programme : rétablir<br />
en Europe la puissance de la France. — I' y<br />
HISTOIRE î GAUTHIER et <strong>DE</strong>SCHAMPS, Cours préparatoire d'histoire de France . . . . 50 c«
éussit en prenant part à une longue guerre qui désola<br />
l'Allemagne, la guerre de Trente ans.<br />
L'ALI.EMAGNB FÉODALE. — Au début du xvii® siècle,<br />
rAllemagne n'était pas,, comme la France ou l'Angleterre,<br />
un Etat fortement organisé. Elle était morcelée<br />
en près de 400 Etats, plus indépendants encore que<br />
les grands fiefs au temps des premiers Capétiens.<br />
L'empereur, comme l'avait été Hugues Capet, était<br />
souverain dans les terres qu'il possédait comme sei <br />
gneur; mais partout ailleurs dans son empire, il était<br />
à peu près impuissant.<br />
L'EMPEREUR VBDT ÊTRE MAÎTRE DANS TOUT L'EMPIRE.<br />
— 11 voulut être maître dans son Allemagne,<br />
Il comme Je sont chez eux, disait-il, les rois de France<br />
et d'Espagne ». Vous devinez que les princes allemands<br />
s'y opposeront de toutes leurs forces. Mais<br />
l'un après l'autre, ils seront battus. L'empereur va-til<br />
donc réaliser son projet?<br />
L'AMBITION <strong>DE</strong> L'UMPEREUR CRÉE UN DANGER POUR<br />
LES PAYS VOISINS. — Cherchons si les princes allemands<br />
étaient seuls intéressés à lutter contre leur<br />
maître. — L'Allemagne de ce temps comprenait les<br />
Etats d'Autriche; elle allait de la Baltique et de la<br />
mer du Nord à la Méditerranée; traçons rapidement<br />
sur la carte, et voyez : elle coupait l'Europe en deux.<br />
Si un souverain parvenait à se rendre maître de ce<br />
vaste empire, il deviendrait dangereux pour l'Europe<br />
autant que l'avait été Charles-Quint. Il fallait écarter<br />
ce péril. Ainsi en déclarant la guerre à l'Espagne et<br />
à l'empereur d'Allemagne dans cette guerre de "Trente<br />
ans, Richelieu continua la lutte de la France contre<br />
la maison d'Autriche.<br />
Les Français combattent alors pour acquérir celles<br />
de leurs provinces qu'occupent encore les Espagnols,<br />
pour atteindre leurs frontières naturelles, et, selon<br />
l'expression de Richelieu, « pour mettre la France en<br />
tous lieux où était l'ancienne Gaule » des Pyrénées<br />
au Rhin.<br />
La guerre. — LES PREMIÈRES PÉRIO<strong>DE</strong>S. — De<br />
1618 à. 1635, la France ne prit aucune part directe à<br />
la guerre de Trente ans. Cherchez pourquoi : troubles<br />
de la Régence, efforts de Richelieu pour réorganiser<br />
le gouvernement. — Mais s'il n'intervint point directement,<br />
Richelieu décida le roi de Danemark, puis le<br />
roi de Suède, à combattre l'empereur d'Allemagne.<br />
Il les y aida, leur fournit de l'argent. Mais l'empereur<br />
d'AUemagne trioinpha.<br />
PÉRIO<strong>DE</strong> FRANÇAISE. — D'abord revers. — Alors<br />
'^1635) commença la période française. Elle débuta<br />
mal ; sur trois de ses frontières la France fut envahie.<br />
Les Espagnols s'avancèrentdans le Languedoc<br />
et dans la Picar&e; ils menacèrent Paris. Et les soldats<br />
de l'empereur, en Bourgogne, assiégèrent la petite<br />
ville de Sairit-Jean-de-Losne, qui résista si bien<br />
qu'elle mérita le nom de « Belle Défense ».<br />
Les succès. — Heureusement un de nos alliés, Bernard<br />
de Saxe-Weimar, enleva l'Alsace à l'Autriche;<br />
il mourut, et la France resta maîtresse de sa belle<br />
conquête (1639).<br />
L'année suivante, une armée française prenait<br />
Arras et l'Artois (1640) ; puis Richelieu conduisait<br />
lui-même aux Pyrénées une autre armée qui reprenait<br />
le Roussillon (1642).<br />
Soos Louis XIV. — Mais, le grand ministre mort,<br />
la France fut une fois encore aux mains d'une femme,<br />
d'un enfant, d'un ministre étranger. Voilà qui doit<br />
rendre courage à nos ennemis. En éflet, les Espagaols<br />
viennent assiéger Rocroi (1643) où ils sont battus<br />
par Gondè. (Voir cours élémentaire.) Et le vainqueur,<br />
se joignant à Turenne, bat encore les soldats<br />
de l'empereur, d'abord dans la Forêt Noire (Fribourg)<br />
puis en Bavière (Nqrdlingen). Suivons sur cette<br />
carte. Voyez : Turenne s'enfonce en Allemagne pour<br />
y rejoindre une armée suédoise; et les deux alliés<br />
menacent l'empereur dans sa capitale : le voilà contraint<br />
à la paix. Pendant ce temps Condé achève les<br />
Espagnols à Lens (1648).<br />
Les traités de Westphalie. — Tant d'Etats<br />
étaient intéressés à cette guerre, tant de questions<br />
PARTIE SCOLAIRE 33f<br />
étaient à débattre qu'il fallut quatre ans de disons- "<br />
siens pour établir les traités qui la terminent. (Dire<br />
comment aujourd'hui le télégraphe, le téléphone, leschemins<br />
de fer permettent d'accélérer le règlement<br />
des questions internationales.)<br />
Ils furent signés dans deux villes de Westphalie,<br />
d'où leur nom. Certaines clauses ne concernent que<br />
l'Allemagne, et cependant elles vous intéresseront ;<br />
écoutez :<br />
Pour les clauses religieuses : la paix de "W estphalie<br />
reconnaît aux princes, protestants ou catholiques,<br />
le droit d'imposer leur religion à leurs sujets.<br />
Rappelez-vous que depuis cinquante ans déjà,,<br />
la France, seule en Europe, jouissait de la liberté religieuse,<br />
Bt vous comprendrez mieux ce que nous<br />
avons dit de l'èdit de Nantes : il mérite de taire datedans<br />
l'histoire.<br />
Clauses 'politiques. — Vous savez pourquoi l'organisation<br />
intérieure de l'Allemagne nous intéressait<br />
tant? Redites-le. — L'empereur étant vaincu, l'Empire<br />
resta électif, et l'Allemagne fut divisée en plus<br />
de 300 Etats, k peu près complètement indépendants.<br />
Un tel empire ne sera pas un voisinage bien<br />
redoutable, n'est-ce pas? Grâce à cette faiblesse, la^<br />
France put s'affermir pendant deux siècles.<br />
Clauses internationales. — Enfin ces traités réglaient<br />
des questions européennes, et ils comptent<br />
en effet parmi les plus importants de l'histoire del'Europe.<br />
La Prusse, la Suède, recevaient des territoires<br />
pris à l'Empire. — Et, surtout, la Francégardait<br />
l'Alsace et se faisait reconnaître, une foi&<br />
de plus, son droit à posséder les Trois Evêchés.<br />
Et l'Artois, dites-vous? Et le Roussillon? — Répondez<br />
d'abord : A qui appartenaient ces provinces?<br />
A l'Espagne. — Eh bien, l'Espagne se refusa k traiter<br />
en 1648. Elle escomptait une revanche.<br />
Résumé. — L'Allemagne, au xvii'= siècle, était<br />
morcelée en plus de trois cents Etats. L'empereur<br />
d'Allemagne voulut devenir maître de l'Empire, qui,<br />
très étendu et très peuplé, aurait été un dangereux<br />
voisinage pour les autres nations. —La guerre entre<br />
l'empereur et, ses sujets d'abord, puis entre l'empereur<br />
et l'Espagne d'une part, la France et ses alhés<br />
de l'autre, dura trente ans, d'où son nom. — En 1635,<br />
Richelieu intervint directement. Après quatre années<br />
de luttes indécises, la France n'eut plus que des victoires<br />
: en 1639, conquête de l'Alsace; en 1640, conquête<br />
de l'Artois; en 1642, conquête du Roussillon.<br />
— La guerre s'acheva pendant le ministère de Mazarin<br />
par les victoires de Condè et de Turenne à Rocroi<br />
(1643), Fribourg, Nordlingen et Lens (1648). —<br />
Les traités de Westphalie intéressent toute l'Europe<br />
ils affaiblissent encore l'Allemagne, et reconnaissent<br />
à la France l'Artpis et les Trois Evêchés.<br />
- C O U R S S U P É R I E U R = = = = =<br />
Bien indiquer les caractères de la guerre : un.<br />
prince de la maison d'Autriche veut faire à son profit,<br />
de l'Empire électif d'Allemagne un Etat centralisé<br />
comme la France. Pour unifier d'abord ses possessions<br />
personnelles, habitées par des peuples très<br />
divers, il veut leur imposer l'unité de religion : d'où<br />
premier caractère de la guerre : guerre religieuse.<br />
Les Etats protestants s'insurgent contre le prince<br />
catholique, puis la guerre s'étend à toute l'Allemagne,,<br />
chaque prince allemand défendant son indépendance<br />
contre l'ambition de l'empereur ; guerre civile allemande.<br />
— Enfin, tous les Etats d'ISurope que menacerait<br />
une Allemagne trop puissante prennent part<br />
à la lutte •. guerre européenne.<br />
Sujets de devoirs. — Exposez les causes et ;les<br />
principales périodes de la guerre de Trente ans. —<br />
BSle de Richelieu pendant la guerre de Trente ans^<br />
— Importance des traités de westphalie.<br />
-E. HERMAKN,<br />
institutrice d'école annexe^<br />
HISTOIRE : GAUTHIER et <strong>DE</strong>SCHAMPS, coars sup. d'histoire de France, 72"GR°CTCART!2OU"! 1» 8 0
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
GÉOGRAPHIE<br />
Le bassin parisien.<br />
R." C O U R S É L É M E N T A I R= E = =<br />
La. plus grande plaine française s'étend entre<br />
la Manche au nord-ouest, les Ardennes et les<br />
pays de Meuse à l'est, le Massif Central au<br />
sud, la Bretagne à l'ouest. — Siuf au nord-ouest<br />
où elle se termine sur la mer, cette plaine française<br />
est entourée de pays plus élevés que nous connaissons<br />
déjà (les faire rappeler par les enfants). Nous ne<br />
devons pas nous la représenter comme un pays toujours<br />
plat, ayant partout la même hauteur au-dessus<br />
du niveau de la mer : d'abord, dans le voisinage des<br />
montagnes qui l'entourent elle est plus élevée; de ces<br />
points (Massif central, Bretagne, ou plateau ardennais),<br />
le soi va en s'abaissant doucement vers le centre,<br />
et l'on arrive en un point moins élevé que tous<br />
les autres, et ce point, c'est Paris. D'ailleurs, il nous<br />
est facile de constater cette inclinaison du sol en regardant<br />
la direction des principales rivières : l'Oise<br />
'qui descend des Ardennes, la Seine et ses affluents<br />
qui viennent du plateau de Langres ou du Morvan,<br />
la Loire de Nevers à Orléans, l'Eure avant d'arriver<br />
à Chartres. Toutes ces rivières donc se dirigent vers<br />
un centre, vers le point le plus bas ; elles n'y arrivent<br />
pas toutes parce 'quelques-unes sont arrêtées dans<br />
leur chemin par de petit obstacles, mais toutes ont<br />
d'abord cette direction. Donc, la plaine française<br />
dont nous parlons est une plaine à pente douce,<br />
ayant plusieurs faces, toutes ces faces regardant un<br />
point commun ; Paris. C'est pourquoi on donne à<br />
cette plaine le nom de bassin parisien. On y rencpntre<br />
quelquefois des parties plus élevées; ce sont, au<br />
sud-est, les monts du Morvan et le plateau de Langres;<br />
au nord-ouest, les collines de Normandie et (in<br />
Perche.<br />
Cette plaine communique avec d'autres plaines<br />
françaises. — Faire trouver : seuil (passage)<br />
du Poitou, seuil de Bourgogne, et montrer qu'elle<br />
fait suite à la plaine tiu Nora.<br />
Elle se termine sur la Manche par une côte<br />
tantôt élevée et tantôt basse. —Expliquez à l'aide<br />
de gravures le détail de la côte : falaises du pays de<br />
Canx, estuaire, de la Seine, plages basses et rochers<br />
du Calvados.<br />
Elle est arrosée par deux fleures ; la Loire<br />
et la Seine. — Montrer qu'en ellet, entre Nevers et<br />
Angers, le cours de la Loire appartient au t>assin parisien;<br />
faire étudier le cours delà Seine.<br />
- C O U R S M O Y E N =.<br />
Le bassin parisien est une plaine d'altitudes<br />
inégales, au sol Farié, qui occupe plus du quart<br />
de la France. — SON ÉTENDUE. — 11 est compris<br />
entre les massifs anciens (les nommer), la plaine du<br />
Nord et la Manche.<br />
SON IHPORTATICB. — Il n'est pas isolé du reste de<br />
la France; bien au contraire, il communique avec<br />
les autres plaines françaises (préciser), et comme il<br />
constitue la plaine la plus étendue et la plus riche, il<br />
semble qu'il attire à lui toutes les ressources de la<br />
France. De la vallée de la Garonne comme de celles<br />
du Rhône et de la Saône, de la Sapibre et de l'Escaut,<br />
des chemins naturels conduisent vers le centre du<br />
bassin parisien qui est ainsi en relations faciles avec<br />
toutes les parties de la France.<br />
SA CONFIQURATION. — Ainsi que nous le voyons facilement,<br />
si nous ne perdons pas de vue les hautes<br />
terres qui l'entourent, le bassin parisien a une disposition<br />
concentrique, c'est-à-dire telle que toutes<br />
les pentes^ douces de ses plaines regardent vers un<br />
point intérieur situé plus bas, et ce point est Paris.<br />
On'peut dire que le terme de bassin ne fut jamais<br />
mieux appliqué ; on le remplace même par un terme<br />
encore plus précis en désignant ce bassin sous le nom<br />
de cuvette. Cette dernière appellation convient particu<br />
lièrement à la région orientale où les dilléroiiis terrains<br />
s'étagent et forment des crêtes concentriques<br />
dont les plus faciles à reconnaître sont : la crête des<br />
Bars (Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Bar-le-Duc); la<br />
falaise de Champagne qui passe non loin du confluent<br />
de l'Yonne et de l'Aruiançon, puis par Troyes,<br />
Vitry-le-Francois çt Réthel; enfin la falaise de l'ils<br />
de France qui passe par Moutereau, Epernay, Reims<br />
et Luon. Partout ailleurs, la cuvette parisienne est<br />
beaucoup plus irrégulifcre. Les points les plus élevis<br />
sont au sud-est : 800 et 900 m. dans le Morvan, 600 m.<br />
dans le plateau de Langres et la Côte d'Or, et à<br />
l'ouest 400 m. dans les collines de Normandie. Paris<br />
n'est plus qu'à 26 mètres au-dessus du niveau de la<br />
mer, et la vallée de la Seine est le déversoir lent de<br />
cette cuvette inclinée vers la Manche. Au sud, la<br />
Vienne, l'Indre, le Cher et la Loire descendent vers<br />
la cuvette parisienne et ne sont arrêtées dans leur<br />
route que par des bossellementsinsignifiants quisullisent<br />
à les faire dévier de-leur direction première.<br />
Il est arrosé par deux fleures .• la Seine et la<br />
Loire; seul le bassin de la Seine lui appartient<br />
entièrement. — La plaine du bassin parisien attire<br />
par sa configuration les eaux des hantes terres qui<br />
l'entourent. Toutefois, celles qui viennent du Massif<br />
Central lui échappent, et la Loire recueille aussi les<br />
eaux qui descendent du versant méridional des collines<br />
de Normandie; mais le bassin parisien possède<br />
entièrement tout le réseau (source de l'Oise exceptée)<br />
des eaux qui vont à la Seine.<br />
LA SEINE. — La Seinè est, en France, le type des<br />
fleuves réguliers. Elle prend sa source à une faible<br />
altitude (471 m.) sur le plateau de Langres ; ce n'est<br />
d'abord qu'un mince filet d'eau ; mais il traverse une<br />
région calcaire où l'infiltration des eaux de pluies donne<br />
naissance à de nombreuses sources ; elle se grossit<br />
donc peu à peu ; elle n'est vraiment une rivière qu'à<br />
partir de Chàtillon-sur-Seine. A Bar-sur-Seine elle<br />
entre dans la Champagne humide, à Troyes, dans la<br />
Champagne pouilleuse ; elle suit un moment le pied<br />
de la falaise de l'Ile de France, et reçoit l'Aube, dont<br />
le cours est semblable au sien ; elle côtoie encore la<br />
falaise d'Ile de France, arrose Nogent, Montereau,<br />
où elle reçoit l'Yonne, Moret, où elle reçoit leLoing.<br />
Elle n'est plus qu'à une faible altitude et descend lentement<br />
jusqu'au fond de la cuvette parisienne, en<br />
arrosantAlelun et Corbeil ; aux portes de Paris, elle<br />
se grossit de la Marne ; elle traverse Paris, et, n'ayant<br />
presque plus de pente, eUe décrit de nombreuses sinuosités<br />
; elle reçoit l'Oise, arrose Mantes, reçoit<br />
l'Eure ; arrose Elbeuf et Rouen. Son lit s'élargit, et<br />
elle se jette dans la mer entre le Havre et Honfleur<br />
par un estuaire où se produit dans les fortes marées<br />
le phénomène du masc.aret ; c'est pour éviter les entraves<br />
qu'il met à la navigation qu'on a creusé le canal<br />
de T'ancarvilie an Havre.<br />
POURQUOI LA SEINE EST UN FLEUVE RÉGULIER. —<br />
Qui dit fleuve régulier, dit d'abord fleuve ayant une<br />
pente sensiblepient égale ; la Seine ne venant pas<br />
d'une région élevée n'a pas un cours rapide, ce qui est<br />
déjà un avantage pour la navigation. Qui dit fleuve<br />
régulier dit aussi fleuve ayant en toutitemps une quantité<br />
suffisante d'eau et n'étant pas soumis à des crues<br />
subites. En raison de son peu d'élévation et de son<br />
éloignement assez grand- de la mer, le plateau de<br />
Langres n'est pas soumis à des pluies torrentielles.<br />
Il n'y tombe que des pluies fines, mais fréquentes.<br />
De pins, la Seine ne traverse pas de terraips absolument<br />
imperméables ; elle perd donc dans le sol une<br />
partie des eaux qu'elle entraîne, tantôt plus, tantôt<br />
moins ; et les pluies qui tombent sur le plateau de<br />
Langres ne lui envoient pas immédiatement toutes<br />
leurs eaux, comme il arriverait si la pente était rapide<br />
et imperméable. La Seine est donc, par nature, un<br />
fleuve tranquille et régulier.<br />
Ce qui est vrai de la Seine est presque aussi vrai<br />
de tous ses affluents, si l'on excepte l'Yonne.<br />
Le Morvan d'où descendent l'Yonne et ses affluents<br />
est un bloc de porphyre relativement élevé ; à<br />
moindre pluie toutes les rivières se gonflent subitement<br />
et descendent les pentes avec fracas.<br />
GÉOGRAPHIE ; LEMONNIER.SCHRA<strong>DE</strong>RetGALLOUEPEC. Cours élément., arcéog^h""*!
L<br />
Mais les crues de l'Yonne se l'ont senûr à Paris<br />
plusieurs jours avant celles de la Seine et de la<br />
Marne ; elles ne sont donc pas ordinairement très<br />
dangereuses. De plus, ces rivières du Morvan contribuent,<br />
en été, à soutenir le débit de la Seine, car le<br />
Morvan est un pays d'orages, tandis que le plateau<br />
de Langres est sec pendant la saison chaude.<br />
En résumé, par elle-même et par ses affluents,<br />
sauf l'Yonne, la Seine est un fleuve régulier, favorable<br />
à la navigation. Il faut des circonstances exceptionnelles,<br />
comme un hiver très humide succédant à un<br />
été humide (ce fut le cas en 1910), pour que les crues<br />
de la Seine et de ses affluents prennent un caractère<br />
de désastre. Alors les terrains perméableà ne sont<br />
plus une sauvegarde, mais un danger ; un^ fois qu'ils<br />
sont saturés d'eau il n'en peuvent plus emmagasiner,<br />
et leur surface se transforme en marécages et en lacs,<br />
tout naturellement, ausquels vient s'ajouter en bouillonnant<br />
le trop plein des fleuves.<br />
= = = COURS SUPÉRIEUR ——<br />
1» On insistera avec plus de précision sur la formation<br />
géologiques du bassin parisien. La carte de<br />
l'atlas Lemonnier et Schrader (cours supérieur) p. 108,<br />
sera utilement indiquée aux.élèves ; on pourra même<br />
leur faire tracer spécialement cette région orientale<br />
du bassin parisien, et leur en faire saisir l'importance<br />
au point de vue stratégique.<br />
2" On pourra aussi, avec ces élèves, plus habitués<br />
à la méthode géographique, placer l'étude du climat<br />
avant l'étude hydrographique. Nous n'avons pas cru<br />
devoir le faire pour le cours moyen, afin de ne pas<br />
distraire l'attention des élèves de cette contexture du<br />
bassin parisien que l'étude immédiate des fleuves rend<br />
plus saisissable.<br />
3" On complétera les notions précédentes par la<br />
lecture indiquée page 108, n° 471 : le centre du bassin<br />
de Paris. Enfin, on pourra faire distinguer les<br />
différentes plaines du bassin parisien : Ile de France,<br />
Brie, Champagne, Beauce, Sologne, Berry, Val de<br />
Loire. L'étude géologique, celle du relief et la seule<br />
inspection de la carte conduisent nécessairement à<br />
ces distinctions.<br />
S. <strong>DE</strong>CHARBOSNB,<br />
-institutrice d'école annexe.<br />
SCIENCES PHYSIQUES E T NATURELLES<br />
Le système nerveux.<br />
SojiiMAiRK. — 1. Ce qui constitue le système nerveux.<br />
— 2. Situation et aspect du cerveau : organe<br />
principal. — 3. Les nerfs transmettent' les ordres<br />
du cerveau. — 4. Importance de cet organe. — 5.<br />
Considérations d'hygiène du cerveau et des nerfs.<br />
MATÉRIEL. — Une cervelle de mouton. — Des vertèbres<br />
de lapin contenant la moelle épinière. — Un<br />
crâne de pigeon ou de poulet. — Une épingle. —<br />
Image montrant le système nerveux de l'homme.<br />
Observations. —1. Quand par hasard on se pique,<br />
la douleur fait retirer vivement la main. — Si une partie<br />
du corps est malade, eUe est beaucoup plus sensible,<br />
au toucher, par exemple. — Médor a posé sa<br />
patte sur une pierre coupante du chemin ; il s'éloigne<br />
en aboyant de douleur.<br />
2. — Dans' la boîte formée par les os du crâne se<br />
trouve le cerveau. — On ne touche qu'avec précaution<br />
à la tête d'un jeune entant. — On vend les cervelles<br />
du bœuf, du veau, du mouton et du porc, qui<br />
swent de nourriture. — Le cerveau est partagé en<br />
deux par un sillon longitudinal. — La surface du<br />
cerveau présente de nombreuses circonvolutions. —<br />
Quand la cervelle est cuite, on enlève avec adresse la<br />
peau légère qui la recouvre. — La cervelle coupée en<br />
deux est grisâtre à l'extérieur, blanchâtre à l'intérieur.<br />
— Le cerveau de l'homme pèse environ 1200 grammes.<br />
3. — Kn arrière du cerveau se trouve le cervelet ou<br />
petit cerveau. — Dans la colonne vertébrale du la-<br />
PARTIE SCOLyVIRB 333<br />
pin, on voit une substance moUe qu'on appelle moelle.<br />
— Il y a aussi de la moelle dans les vertèbres du<br />
poulet, du poisson. — 11 y a parfois dans la viande<br />
des filaments blanchâtres qu'on prend à tort pour<br />
des nerfs. — Pour faire les petites opérations, on<br />
insensibilise la partie malade en détruisant le nerf.<br />
4. — En enlevant le cervelet à un pigeon, il continue<br />
à vivre, mais titube en marchant. — Si on lui enlève<br />
le cerveau, il vit encore quelques mois, mais il faut<br />
le nourrir ; il n'a plus aucune volonté, il ne sent rien.<br />
(Observations' du physiologiste Flourens). — Tant<br />
que le cerveau n'est pas atteint, l'homme continue à<br />
penser, à réfléchir, à agir intellectuellement.<br />
5. — Un travail cérébral trop prolongé amène des<br />
maux de tête et des insomnies. — On recommande à<br />
ceux qui ont des professions sédentaires de s'adonner<br />
aux exercices de plein air. — L'alcoolique a souvent<br />
la face hébétée : ses enfants sont parfois dégénérés et<br />
idiots. — Par grande chaleur ou très grand troid, les<br />
personnes âgées sont souvent frappées de congestion.<br />
— On tue un lapin en le frappant très fort à la base<br />
du crâne car on lui disjoint les vertèbres supérieures.<br />
— Bayard fut blessé d'une pierre d'arquebuse qui lui<br />
brisa la colonne vertébrale et il mourut. — Quand un<br />
enfant emporté est dans une grande colère, on le<br />
calme immédiatement en lui jetant de l'eau froide au<br />
visage. — On ressent une impression de bien-être en<br />
sortant du bain. — Le chien paralysé ne sent rien<br />
quand on lui enfonce une épingle dans la cuisse. —<br />
Après une blessure profonde, la partie malade reste<br />
parfois longtemps insensible.<br />
Expériences. — Ouvrir une tête de pigeon/de<br />
poulet : en extraire la cervelle. — Examiner une cervelle<br />
de mouton ; la partager en deux : distinguer la<br />
substance grise, la substance blanche, le cervelet, le<br />
bulbe. — Remarquer les artères qui courent à la surface<br />
des sinuosités.<br />
Notions scientifiques. — 1. Le corps exécute<br />
constamment des mouvements; les muscles se contractent.<br />
— La cause en est la volonté, quoique certains<br />
mouvements s'exécutent en apparence sans que<br />
l'on semble s'en douter.<br />
La volonté a son siège dans le cerveau.<br />
2. — Le cerveau est logé dans la boîte du crâne :<br />
il se présente sous l'apparence d'une substance molle<br />
et grisâtre. — En examinant une cervelle de mouton<br />
(cerveau), on remarque que le cerveau est partagé en<br />
deux parties, ou hémisphères, par un sillon longitudinal.<br />
— Sa surface présente des circonvolutions nombreuses.<br />
Coupé en deux, le cerveau se montre blanchâtre<br />
à l'intérieur. 11 est enveloppé dans une membrane<br />
mince (en réalité trois, appelées méninges).<br />
3. — Le cerveau communique par le trou, occipital<br />
avec la moelle épiniére logée dans tout le canal vertébral,<br />
formé par les trous vertébraux des vertèbres.<br />
Du cerveau et de la moelle partent des nerfs, petits<br />
filaments blanchâtres, invisibles dans la chair, dont<br />
les ramifications s'étendent à toutes les parties de notre<br />
corps.<br />
Les nerfs conduisent au cerveau les sensations perçues<br />
en tous les endroits du corps et transmettent aux<br />
membres les ordres du cerveau : d'où leur distinction<br />
en nerfs sensitifs et nerfs moteurs.<br />
4. — Ainsi; le cerveau est le siège de la volonté. Il<br />
est aussi le siège de la sensibilité: les observations de<br />
Flourens le prouvent. — Enfin, le cerveau est le<br />
siège de l'intelligence ; tant qu'il n'est pas atteint,<br />
l'homme peut se livrer à son activité intellectuelle.<br />
On compare souvent, avec juste raiion, le système<br />
nerveux à un réseau télégraphique dont le cerveau<br />
est le poste central, les nerfs les fils de transmission<br />
des sensations perçues et des ordres reçus.<br />
5.— Puisqu'il est le siège de l'activité intellectuelle,<br />
il y a certaines précautions à prendre vis-à-vis du cerveau.<br />
— Un travail intellectuel trop continu le fatigue<br />
et provoque des insomnies, des douleurs, même l'anémie<br />
cérébrale ou la méningite. — Il faut couper l'activité<br />
du cerveau par l'activité musculaire, soit les<br />
exercices au grand air.<br />
Valcool, le tabac congestionnent le cerveau. L'alcoolisme<br />
conduit à la bêtise, au gâtisme, à la paraly-<br />
SCiENCES: P. LEDOUX, cinquante leçons de se ences phys. et nat.. Cours moyen d^°tudesK ^ ®
33i<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> PR'IMAIRE<br />
sie ; il peut occasionner la folie furieuse et amener<br />
rapidement la mort.<br />
Lorsque l'alflux de sang s'arrête au cerTeau, il y a<br />
congestion : en temps très froid ou très chaud, les<br />
personnes d'un certain âge, les vieillards doivent éviter<br />
les changements brusques de température et prendre<br />
beaucoup d'esercice.<br />
La moe'le épinière est délicate. Un choc à la colonne<br />
vertébrale a une répercussion parfois éloignée,<br />
dans tout l'organisme. — Un coup brusque peut briser<br />
la colonne vertébrale, léser la moelle épinière et<br />
amener la mort (OOMJ) du lapin).<br />
En certaines circonstances, l'organisme enfiévré<br />
peut se trouver eu un état d'énervement, qui se combat<br />
par les exercices physiques, les douches, les<br />
bains.<br />
Quand un nerf se trouve sectionné, il y a insensibilité<br />
du muscle'qu'il innerve. Dans ia, paralysie, une<br />
partie du corps peut être privée de sensibilité et de<br />
mobilité : la paralysie conduit généralement à la<br />
mort.<br />
Résumé.— 1. Les muscles agissent et déterminent<br />
les mouvements sous l'influence de la volonté personnelle.<br />
Le cerveau, la moelle épinière, les nerfs constituent<br />
le système de transmission des ordres de la volonté.<br />
— 2. Le cerveau, logé dans le crâne, est formé<br />
d'une substance molle présentant de nombreuses cir-<br />
-convolutions. — 3. La moelle épinière est logée dans<br />
le canal vertébral. — Les nerfs sensitifs et moteurs<br />
sont des filaments blancs qui perçoivent les sensations<br />
et transmettent l'ordre du cerveau. — 4. Le<br />
cerveau est le siège de la »ensibilité, de la volonté,<br />
de l'intelligence. — 5. Il ne faut pas se livrer à un<br />
travail intellectuel excessif, éviter l'intempèraace, la<br />
congestion ou l'apoplexie ei pratiquer les sports. —<br />
L'énervement se soigne par l'eau froide : la paralysie<br />
est incurable.<br />
Questions. — Qu'est-ce que le cerveau? la moelle<br />
épinière? les nerfs sensitifs? moteurs? — Comment<br />
se pratique le coup du lapin ?<br />
Devoir. — Dites ce que vous savez sur le système<br />
nerveux de l'homme (cerveau, cervelet, moelle épiaière,<br />
nerfs). [G.E. P.)<br />
S...,<br />
instîtateur.<br />
ECONOMIE DOWIESTIQUE<br />
A l'école de Pont-d'Almont.<br />
XX. — Le cours de cuisine : le poisson.<br />
• Nous sommes en temps de pêche. Profitons-en,<br />
mes chères filles, pour parler du poisson; — Justement,<br />
madame, interrompit Lucie, la fille du maire,<br />
papa est parti ce matin pour pécher au goujon. — Le<br />
goujon, reprit Mme Dalbret, est en effet délicieux en<br />
friture, surtout celui que l'on a pris soi-même et qui<br />
est frais, car il faut se méfier des poissons que l'on<br />
achète au marché, rien ne se corrompant plus vite<br />
que leur chair Or, vous le savez, tout mets avarié<br />
est une véritable pourriture, et, par suite, un poison.<br />
Aussi ne vous engagerai-je pas, mes enfants, à<br />
acheter du poisson en été : nous sommes trop loin<br />
de la mer et les transports se font trop lentement<br />
jusqu'au fond de nos campagnes. Achetez plutôt des<br />
•faoîtes de sardines ou de thon. Encore faut-il s'adresser<br />
à une maison de bon débit qui renouvelle fréquemment<br />
sa marchandise et ses provisions. — Mais revenons<br />
à nos poissons d'eau douce. Sauriez-vous accommoder<br />
un brochet, Lucie' — Oui, Madame; j'ai vu<br />
maman faire un court-bouiUon. — Bien. En ce cas<br />
dites donc à vos compagnes comment on s'y prend. »<br />
Lucie, rouge de plaisir et de confusion, dit alors :<br />
« Voici. Maman met sur le feu une casserole assez<br />
large pour que le poisson ne se casse pas quand elle<br />
l'y déposera, elle l'emplit aux trois quarts d'eau, elle<br />
y met deux oignons, du persil, du thym, du laurier,<br />
une grosse poignée de sel et un verre à liqueur de<br />
vinaigre. Quand l'eau bout, elle y plonge son poisson<br />
et elle recule la casserole au bout du fourneau où<br />
l'eau ne fait plus que mijoter. En vingt-cinq minutes,<br />
le brochet est cuit. On le relire, on l'entoure de persil<br />
et on le sert avec une sauce blanche acidulée d'un filet<br />
de vinaigre. — Bravo, Lucie, c'est bien cela. Dites<br />
aussi que si l'on a des restes, on peut les manger<br />
froids le lendemain avec une sauce vinaigrette. ^Iais<br />
avez-vous toujours enlevé votre poisson de la casserole<br />
sans le briser? — Ohl pour ça, non, tout au contraire.<br />
— Eh bien, quand on ne possède pas d'appareil<br />
spécial appelé poissonnière, sorte de casserole<br />
garnie d'un double fond mobile et percé de trous,<br />
grâce auquel on peut retirer le poissou sans l'endommager,<br />
on le dépose, avant de le mettre dans l'eau,<br />
sur une planchette bien rabotée, bien propre, que l'on<br />
garde pour cet usage, et alors, le poisson une fois<br />
cuit, on vide l'eau de la casserole, on sort la planchette,<br />
et l'on fait glisser adroitement toute la bête<br />
sur le plat.<br />
— En fait de poisson, dit Jeanne, on ne mange<br />
guère chez nous que de la petite friture ou des harengs.<br />
Les harengs ne coûtent que 0 fr. tO, et, cuits sur Je<br />
gril, c'est, ma foi, fort bon. — "Vous pourriez aussi,<br />
mon enfant, les mettre au four, dans un plat allant au<br />
feu. On les sale, on dépose par-dessus un peu de<br />
beurre, et, quand ils sont bien dorés, cela fait un mets<br />
savoureux, bavez-vous ce que c'est que des harengs<br />
marinès? — Non, madame. — Eh bien, vous mettez<br />
vos harengs dans un plat long, bien beurré avec des<br />
oignons coupés en rouelles, du thym, du laurier, du<br />
persil, du sel et du poivre, vous les baignez largement<br />
de vin blanc et d'un pi-u de vinaigre, et vous les mettez<br />
au four quarante-cinqminutes;vouslesretirez et vous<br />
les laissez refroidir. Le lendemain et les jours suivants,<br />
si vous avez pris soin qu'ils baignent dans la sauce,<br />
ils sont exquis, — Moi, dit Berthe, j'adore le harengsaur<br />
1 — C'est en effet très bon, répondit Mme Dalbret,<br />
mais il faut le choisir gros et charnu. Ecorchez-le,<br />
séparez les deux filets et mangez-les avec de<br />
l'huile et un oeuf dur haché : c'est ce qu'on appelle<br />
un hors-d'œiivre, joli à l'œil et peu coûteux. Je crois<br />
vous avoir déjà, dit que certaines personnes mettent<br />
des filets de harengs dans la salade de pommes de<br />
terre. D'autres les mangent après les avoir passés au<br />
beurre dans la poêle, peu de temps, sans quoi ils<br />
seraient trop salés.... Mais ce qui est bon aussi, très<br />
bon et peu coûteux, c'est la morue. — Pouah! s'écrièrent<br />
le? fillettes, c'est trop salé. — Que dites-vous<br />
là, mes enfants? Ne savez-vous pas que la morue se<br />
dessale avant que d'être accommodée. Laissez-la tremper<br />
plusieurs heures, faites-la cuire ensuite à grande<br />
eau, sans sel naturellement; après cuisson, recouvrez-la<br />
d'une poignée de persil et d'échalotes hachées<br />
fin, versez dessus un bon morceau de beurre chauffé<br />
à la poêle, acidulez avec une cuillerée de vinaigre<br />
également chautfé, et, croyez-moi, vous vous régalerez<br />
à peu de frais. On procède de même pour la raie-<br />
Ces deux poissons sont d'un prix très abordable, ainsi<br />
que la dorade qui s'accommode comme le brochet-<br />
Le poisson est-il bien nourrissant, madame? — Oui,<br />
mes enfants, il est léger et nourrissant, et l'on en<br />
donne quelquefois aux malades ; l'essentiel est qu'il<br />
soit très frais. Il est vrai que tous les estomacs ne le<br />
tolèrent pas et qu'il occasionne des rougeurs et des<br />
éruptions cutanées, de l'urticaire. En ce cas il faut<br />
s'abstenir. D'ailleurs, mes chères, filles, en matière<br />
d'alimentation, il n'y a pas de règle absolue et générale,<br />
et c'est à chacune de nous qu'il appartient de se<br />
faire son régime. »<br />
JULIK SÉVB,ETTK.<br />
MËTHO<strong>DE</strong> <strong>DE</strong> LECTURE: RÉOIMBEAU, Syllabaîre, lect., écrit, orthogr. tonné*
„ M. 120-Vif et gai<br />
PARTIE SCOLAIRE 335<br />
CHANT<br />
MÉTHO<strong>DE</strong> GALIN-PARIS-CHEVÉ<br />
ALLONS D A N S E R<br />
[Pellls Chcnls. Association galinisto : 8, rue Caplat, Paris.)<br />
J.-.T. ROUSSKA-U.<br />
Ton 3 2 j 1 • 3<br />
ALlonsdan.ser sous les or. meaux, A . ni. mez-vous, jeunes fil.<br />
3 . 2 3 2 3 1 1 . 3 2 _l 2 | 6 7 6 7 1 3 2_l 7 | I il<br />
.let. tes,Allonsdan.ser sous les or. meaux, Amis,pre.nez voscha . lu. meaux.<br />
5 I W 3 5 ^ 3 1 2 . I 5 4 3 1 5 ^4 3 5^4 3 | 2 . 0 0<br />
Lesonché.ri de nos mu.set.tes Faltfe.ten.tir l'écho des bois;<br />
Ré.pétons mil . lechan.son.net-tes.Etpour a . voir leeœur joy.eux.<br />
^ r I 4^2 3 4<br />
.mis, suivons sa dou . ce voix,,<br />
ces accents mé. io . di.eux,<br />
Ton. — Peur prendre le ton de Sol en notation<br />
modale chifl'rée, on descend du la du diapason au soi<br />
et l'on chante ce dernier son en disant do (1). Monter<br />
de ce do (1) au mi (3) pour trouver le son initial du<br />
morceau.<br />
^ 10 ^ ^<br />
Ton 1 2 3 4 5 6 7<br />
bol<br />
3 5 1 5 3<br />
Contrôle : le la du diapason correspond au 2. de<br />
la notation chiffrée (D»" 2).<br />
Division ternaire 1. — La notation sur portée<br />
reconnaît deux sortes de mesures :<br />
Les mesures simples, où la durée de chaque temps<br />
peut êire divisée en deux parties égales {division biiiaire<br />
;<br />
2 H 2 3<br />
mesures a<br />
8 S'<br />
mesures composées où la durée de chaque temps<br />
peut être divisée en trois parties égales (division tero<br />
^ o.<br />
nairc) ; mesures à -1 ^, — ...<br />
0 0 0<br />
,C'DsiiUor Premier enseignement musical basé sur la mé-<br />
'itode modntiie/iiff'réb. par D,i!YCB. 1.80. 3.50
330 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> PRLMAIRE<br />
LA LECTURE DU SAfVIEDI<br />
L'ours et le roitelet.<br />
CONTE PODR LBS PETITS.<br />
Un jour, l'ours et le loup se promsuaient dans le<br />
bois. L'ours entendit le chant d'un oiseau. « Frère<br />
loup, demanda-t-il, quel est ce beau chanteur?<br />
— C'est le roi des oiseaux, répondit le loup; il "faut<br />
le saluer. »<br />
C'était en eSet le roitelet, n S'il en est ainsi, dit<br />
l'ours. Sa ilajesté doit avoir un palais; fais-le moi<br />
Toir.<br />
— Cela n'est pas si facile que tu penses, répliqua<br />
le loup ; il faut attendre que la reine soit rentrée. «<br />
La reine arriva sur ces entrefaites: elle et le roi<br />
tenaient à leur bec des vermisseaux pour nourrir<br />
leurs petits. L|ours les aurait volontiers suivis, mais<br />
le loup le retint par la manche en disant : « Non,<br />
attendons qu'ils soient ressortis. » Ils remarquèrent<br />
seulement l'endroit où se trouvait le nid, et passèrent<br />
leur chemin.<br />
Mais l'ours n'avait pas de cesse qu'il n'eût vu le<br />
palais du roi des oiseaux; il ne tarda pas à y retourner.<br />
Le roi et la reine étalent absents; il risqua un<br />
coup d'œil et vit iinq ou six petit.': couchés dans le<br />
nid. » Est-ce là le palais? s'écria-t-il ; c'est un triste<br />
palais; et pour vous, vous n'êtes pas des fils de roi,<br />
mais d'ignobles petites créatures. »<br />
Les petits roitelets furent très courroucés en entendant<br />
cela, et Us crièrent de leur côté : « Non,<br />
ours, nous ne sommes pas ce que tu dis ; nos parents<br />
sont nobles, tu payeras cher cette injure. » A cette<br />
menace, l'ours et le loup, pris de peur, se réfugièrent<br />
dans leurs trous.<br />
Mais les petits roitelets continuaient à crier et à<br />
faire du bruit ; ils dirent . à leurs parents qui leur<br />
rapportaient à manger ; -« L'ours est venii nous insulter;<br />
nous ne bougerons pas d'ici et nous ne mangerons<br />
pas une miette jusqu'à ce que TOUS ayez rétabli<br />
notre réputation.<br />
— Soyez tranquilles, leur dit le roi, votre honneur<br />
sera réparé. » Et, volant avec la reine jusqu'au trou<br />
de l'ours, il lui cria : « Vieux grognard, pourquoi<br />
as-tu insulté mes enfants? Il t'en cuira, car nous<br />
allons te faire une guerre à mort. »<br />
La guerre était déclarée ; l'ours appela à son secours<br />
l'armée des quadrupèdes; le bœuf, la vache, l'âne, le<br />
cerf, le chevreuil et tous leurs pareils. De son côté,<br />
le roitelet convoqua tout ce qui vole dans les airs,<br />
non seulement les oiseaux grands et petits, mais en<br />
core les insectes ailés, tels que mouches, cousins,<br />
abeilles et frelons.<br />
Comme le jour de la bataille approchait, le roitelet<br />
envoya des espions pour savoir quel était le gériéral<br />
de l'armée ennemie. Le cousin était le plus fin de<br />
tous; il vola dans le bois à l'endroit où l'ennemi se<br />
rassemblait, et se cacha sous une feuille d'un arbre<br />
auprès duquel on délibérait. L'olirs appela le renard<br />
et lui dit : « Compère, tu es le plus rusé de tous les<br />
animaux; c'est toi qui seras notre général.<br />
— Volontiers, dit le renard, mais de quel siçnal<br />
conviendrons-nous? » Personne ne dit mot. " Eh bieni<br />
contlnuu-t-il, j'ai une belle queue longue et toudue<br />
comme un panache rouge : tant que je la tiendrai<br />
levée en l'air, les choses iront bien et vous tnarcherex<br />
en avant; mais si je la baisse par terre, ce sera le<br />
signal de sauve qui peut. »<br />
Le cousin, qui avait bien écouté, revint raconter<br />
tout de point en point au roitelet.<br />
Au lever de l'aurore, les quadrupèdes accoururent<br />
fur le champ de bataille eil galopant si fort que la<br />
terre en tremblait. Le roitelet apparut dans les airs<br />
avec son armée qui bourdonnait, criait, volait de<br />
tous côtés de façon à donner le vertige ; on s'attaqua<br />
avec fureur. Mais le roitelet dépêcha le frelon, avec<br />
ordre de se planter sous la queue du renard et de le<br />
piquer de toutes ses forces. Au premier coup d'aiguiilon,<br />
le renard ne put s'empêcher de faire un bond,<br />
mais en tenant toujours sa queue en l'air; au second,<br />
il fut contraint de la baisser un instant; mais au<br />
troisième, il n'y put plus tenir, et il la serra entre<br />
ses jambes en poussant des cris perçants. Les quadrupèdes,<br />
voyant cela, crurent que tout était perdu,<br />
et commencèrent à s'enfuir chacun dans son trou ;<br />
et ainsi les oiseau.x gagnèrent la bataille.<br />
Le roi et la reine volèrent aussitôt à. leur nid et<br />
s'écrièrent : « Nous sommes vainqueurs, enfants, buvez<br />
et mangez joyeusement.<br />
— Non, dirent les enfants, il faut d'abord que l'onrs<br />
vienne nous faire des excuses et déclarer qu'il reconnaît<br />
notre noblesse. •<br />
Le roitelet vola donc au trou de l'ours et lui dit :<br />
o Vieux grognard, tu vas venir faire des excuses devant<br />
le nid de mes enfants, et leur déclarer que tu<br />
reconnais leur noblesse; autrement, gare à tes côtes! »<br />
L'otirs, effrayé, arriva en rempant et fit les excuses<br />
demandées. Alors, enfin, les petits roitelets furent<br />
apaisés, et Us festinérent gaiement toute la soirée.<br />
GRIMM '.<br />
1. Contes choisis, traduits de rallemand par F. Baudry.<br />
1 vol. de la Bibliothèque rose, broché 2 fr. "25. Hachette et Cie.<br />
Librairie HACHETTE