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Polynésie Arts et Divinités 1760-1860 - musée du quai Branly

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L’expédition britannique con<strong>du</strong>ite par George Vancouver (1791-1795) suivit un schéma<br />

similaire à celle de Cook pour les collectes. Les guerres napoléoniennes mirent un frein<br />

aux expéditions navales européennes <strong>du</strong>rant les deux premières décennies <strong>du</strong> XIX e<br />

siècle, hormis pour les Russes <strong>et</strong> les Américains. Pour ce qui est des expéditions<br />

financées par l’État, les marines française <strong>et</strong> britannique furent les plus actives pendant<br />

la première moitié <strong>du</strong> XIX e siècle, quand se développèrent les premières ambitions<br />

coloniales <strong>et</strong> la rivalité entre les deux pays. Quelques récits illustrés furent publiés à la<br />

suite des expéditions françaises commandées par Freycin<strong>et</strong> (1817-1820), Duperrey (1822-<br />

1825), Dumont d’Urville (1826-1829, 1837-1840) <strong>et</strong> <strong>du</strong> P<strong>et</strong>it-Thouars (1836-1839) <strong>et</strong><br />

quelques collections documentées furent constituées. La cape Maori présentée au<br />

<strong>musée</strong> <strong>du</strong> <strong>quai</strong> <strong>Branly</strong> a été collectée pendant l’expédition de Dumont D’Urville.<br />

Boîte avec couvercle Tonga, Tongatapu<br />

© British Museum, Londres<br />

Les curiosités artificielles (obj<strong>et</strong> fabriqués) acquises au XVIII e<br />

siècle entrèrent dans des<br />

collections européennes, surtout en Grande-Br<strong>et</strong>agne, avant d’être données, ven<strong>du</strong>es ou<br />

échangées <strong>et</strong> de trouver leur lieu de conservation actuel. Elles devinrent des symboles de<br />

prestige social, comme elles l’avaient été en <strong>Polynésie</strong>, avant d’être négligées. Un grand<br />

nombre d’entre elles n’a pas été conservé jusqu’à nos jours ; beaucoup d’autres ont pu<br />

l’être, mais ont été séparées de toute documentation.<br />

Les Européens n’étaient évidemment pas les seuls amateurs d’obj<strong>et</strong>s exotiques. Les<br />

<strong>Polynésie</strong>ns faisaient un choix parmi ce qu’ils avaient à leur offrir. Ils appréciaient<br />

notamment les articles exotiques en métal, les tissus <strong>et</strong> tout ce qu’ils pouvaient<br />

incorporer dans leurs propres systèmes de valeur.<br />

Les curiosités n’étaient pas collectionnées comme des trophées puisque leur acquisition<br />

ne nécessitait pas de conquête ni de subordination intentionnelle. Ce sont davantage les<br />

missionnaires chrétiens qui se préoccupaient de réunir des trophées : à de rares<br />

exceptions près, ils ne s’intéressaient pas à la valeur scientifique des obj<strong>et</strong>s ni à leur<br />

statut de curiosités, mais y voyaient des preuves de leur réussite évangélisatrice,<br />

notamment dans le cas des « idoles ».<br />

Les récits de missionnaires qui ont été publiés rapportent souvent sur un ton triomphant<br />

les victoires sur l’idolâtrie. L’évangéliste John Williams, de la London Missionary Soci<strong>et</strong>y<br />

(LMS), de r<strong>et</strong>our à Ra’iatea après avoir séjourné à Aitutaki en 1823, écrivait : « de même<br />

que d’autres guerriers s’enorgueillissent de présenter les trophées de leurs victoires, nous<br />

accrochâmes les idoles déchues d’Aitutaki aux bras de vergue <strong>et</strong> à d’autres parties <strong>du</strong><br />

navire, pénétrâmes triomphalement dans le port, voguâmes jusqu’à la colonie <strong>et</strong> j<strong>et</strong>âmes<br />

l’ancre, au milieu des cris <strong>et</strong> des acclamations de nos gens ».<br />

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