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La saga Arlette, tome 3 - Je me livre ... Eric Vincent

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<strong>La</strong> <strong>saga</strong> <strong>Arlette</strong>, <strong>to<strong>me</strong></strong> 3<br />

avec une extrê<strong>me</strong> vigilance. Elle voulut partir. Les autres la retinrent de com<strong>me</strong>ttre un<br />

geste qu’elle regretterait sûre<strong>me</strong>nt. Elle les re<strong>me</strong>rcia. Elle voulait seule<strong>me</strong>nt s’isoler,<br />

pleurer Yann sans que les autres ne la voient. Elle ne voulait pas de leur pitié.<br />

Avant de partir, elle vint s’asseoir auprès d’<strong>Arlette</strong>.<br />

- <strong>Je</strong> suis désolée pour lui, lui dit la responsable des résistants.<br />

- Il m’arrive ce qui t’est arrivé. Ce qui nous arrivera à tous.<br />

- Non. On y arrivera, un jour, à remporter la victoire finale. Toutes les fiottes iront se faire<br />

voir ailleurs ! Vigor et Margarine en tête !<br />

Nadine sourit un peu mais le coeur n’y était pas.<br />

- Tu sais, dit-elle, c’était vrai<strong>me</strong>nt <strong>Eric</strong> à la prison.<br />

- Ah ?<br />

- Oui. <strong>Je</strong> ne sais pas com<strong>me</strong>nt. C’est… lui. C’était si… troublant de le voir vivant !<br />

- J’imagine… Oui, j’imagine que j’aurais ressenti ce trouble si j’avais été là.<br />

<strong>Arlette</strong> se perdit dans ses pensées. <strong>Eric</strong>, son amour. L’hom<strong>me</strong> aux mille tours de magie, si<br />

bavard, si prolixe en mots tendres, parfois si silencieux lorsqu’il était sub<strong>me</strong>rgé par<br />

l’émotion. Alors, il devenait un autre. Un petit enfant perdu, sans repère, telle<strong>me</strong>nt<br />

attendrissant et telle<strong>me</strong>nt désarmant. Elle préférait lorsqu’il usait et abusait de l’humour.<br />

Dans ces mo<strong>me</strong>nts, elle le sentait fort, sûr de lui. <strong>La</strong> machine était en route, rien ne<br />

pouvait la stopper. Par contre, dans ses mo<strong>me</strong>nts de silence, elle le sentait faible, sans<br />

défense, paralysé. Il changeait complète<strong>me</strong>nt. Il s’échappait de son univers, devenant<br />

soudaine<strong>me</strong>nt sérieux. Mis à part au combat, elle détestait le voir réagir avec sérieux. Avec<br />

lui, sérieux rimait toujours avec gravité. Il l’avait telle<strong>me</strong>nt habituée à plaisanter de tout.<br />

En fait, il fonctionnait intensé<strong>me</strong>nt au moral. Un rien suffisait pour l’abattre, un rien<br />

suffisait pour le galvaniser. Il était ainsi fait. Fragile et fort, en mê<strong>me</strong> temps. Com<strong>me</strong><br />

lorsqu’il lui faisait l’amour… Com<strong>me</strong>nt était l’autre, le prisonnier ? Le faux <strong>Eric</strong> ?<br />

Nadine était partie depuis longtemps. <strong>La</strong> pauvre ! Elle était bien jeune pour endurer de<br />

telles épreuves. Personne n’était entraîné à endurer la mort des amis, des proches au<br />

combat. Cette saleté de guerre durait depuis cinq ans, presque autant que la seconde<br />

guerre mondiale. C’était une guerre vicieuse, d’un genre nouveau. Il y avait eu des guerres<br />

ethniques, politiques, territoriales, idéologiques, religieuses. Ils vivaient la première guerre<br />

sexuelle. Chacun était persuadé de détenir la clef pour le <strong>me</strong>illeur des mondes. Chacun se<br />

battait avec les mê<strong>me</strong>s ar<strong>me</strong>s, des méthodes identiques. Des méthodes de reconversion !<br />

Elle pensa à l’autre. Qui était-il ? Un imposteur ? Un triplé ? Peut-être un danger, peutêtre<br />

en danger. Elle se dit qu’il fallait le libérer. C’était l’unique moyen de savoir qui il était.<br />

Après tout, il ne pouvait pas lui faire du mal. Si ce n’était au coeur s’il s’avérait décevant<br />

ou si son coeur était pris par une autre. Elle convoqua son état-major et en premier lieu,<br />

son spécialiste de l’observation : Antoine.<br />

*<br />

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