7. L'estomac : anatomie fonctionnelle et motricité
7. L'estomac : anatomie fonctionnelle et motricité
7. L'estomac : anatomie fonctionnelle et motricité
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<strong>7.</strong> <strong>L'estomac</strong> : <strong>anatomie</strong> <strong>fonctionnelle</strong> <strong>et</strong> <strong>motricité</strong><br />
<strong>7.</strong>1. Anatomie <strong>fonctionnelle</strong> de l'estomac<br />
<strong>L'estomac</strong> est un réservoir extensible placé entre 2 sphincters : le cardia (<strong>et</strong> au-<br />
dessus le sphincter oesophagien inférieur ou SOI) <strong>et</strong> le pylore (fig. <strong>7.</strong>1.).<br />
Figure <strong>7.</strong>1. : <strong>L'estomac</strong>. <strong>L'estomac</strong> est la première poche du tube digestif. Il est<br />
délimité par 2 systèmes sphinctériens : à son entrée, le sphincter oesophagien<br />
inférieur (SOI) <strong>et</strong> le cardia <strong>et</strong> à sa sortie, le pylore qui fait la jonction avec l'intestin<br />
grêle.<br />
Il se subdivise en 3 zones anatomiques <strong>et</strong> pour les physiologistes en 2 zones<br />
<strong>fonctionnelle</strong>s (fig. <strong>7.</strong>2.) :<br />
1) la grosse tubérosité ou fundus<br />
<strong>L'estomac</strong><br />
2) le corps (corpus) de l'estomac : avec le fundus, le corpus forme la zone de<br />
réception du mélange des aliments. Le corpus <strong>et</strong> le fundus de l'estomac<br />
55
forment la partie proximale de l'estomac, c'est-à-dire la partie qui va se<br />
déployer (dilater) avec l'arrivée des aliments.<br />
3) L'antrum (distale) qui est la zone de moulinage des aliments <strong>et</strong> d'évacuation<br />
vers le pylore du chyme.<br />
Figure <strong>7.</strong>2 : <strong>L'estomac</strong> : zones anatomiques <strong>et</strong> <strong>fonctionnelle</strong>s. <strong>L'estomac</strong> est un<br />
réservoir extensible entre 2 sphincters : cardia & pylore. 3 zones anatomiques<br />
(fundus ou grosse tubérosité, corps <strong>et</strong> antrum) <strong>et</strong> 2 zones <strong>fonctionnelle</strong>s (fundus +<br />
corps pour la réception des aliments, leur mélange <strong>et</strong> les secrétions, <strong>et</strong> l’antrum pour<br />
le «moulinage» <strong>et</strong> l’évacuation du chyme).<br />
<strong>7.</strong>1.1. Musculature <strong>et</strong> innervation de la paroi de l'estomac<br />
Sur le plan histologique, la paroi de l'estomac est formée de 3 couches de fibres<br />
musculaires (fig. <strong>7.</strong>3.).<br />
1) la couche musculaire longitudinale<br />
2) la couche musculaire circulaire qui sera la principale responsable de<br />
l'activité motrice constrictrice<br />
3) la couche musculaire oblique interne<br />
56
Figure <strong>7.</strong>3. : Les couches musculaires de l'estomac.<br />
Longitudinale<br />
Circulaire=contraction<br />
L'ensemble est innervé par le X (partie crânienne) <strong>et</strong> le système nerveux<br />
sympathique. Il est à noter que c<strong>et</strong>te innervation contrôle les contractions qui sont<br />
d'origine locale (automatisme des cellules situées dans la paroi digestive). C<strong>et</strong><br />
automatisme est coordonné par un système nerveux extrinsèque <strong>et</strong> intrinsèque.<br />
<strong>7.</strong>1.2. Zones muqueuses de l'estomac<br />
L'inspection de la muqueuse stomacale perm<strong>et</strong> une meilleure compréhension de la<br />
séparation <strong>fonctionnelle</strong> des zones de l'estomac.<br />
Après l'ouverture de l'estomac on peut reconnaître macroscopiquement différentes<br />
zones muqueuses dont l'importance respective est différente d'une espèce à l'autre.<br />
<strong>L'estomac</strong> le plus simple est celui de l'homme ou du chien avec 3 zones :<br />
1) Zone cardiale (près du cœur) : c'est la zone de sécrétion du mucus <strong>et</strong> du<br />
bicarbonate<br />
2) Zone gastrique : c'est la zone de sécrétion de HCl <strong>et</strong> du pepsinogène via<br />
les glandes pariétales<br />
3) Zone pylorique : c'est la zone de sécrétion du mucus.<br />
Oblique<br />
57
Chez le porc, la zone cardiale est beaucoup plus développée <strong>et</strong> en plus il y a une<br />
zone d'un épithélium squameux stratifié (non glandulaire) qualifié d'oesophagien<br />
(fig. <strong>7.</strong>4.).<br />
Figure <strong>7.</strong>4. : Les zones muqueuses (M) de l'estomac <strong>et</strong> les principales sécrétions<br />
chez le porc. Il y a 4 zones : oesophagienne, cardiale, fundique <strong>et</strong> antrale.<br />
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<br />
Chez le cheval (fig. <strong>7.</strong>5.), l'épithélium oesophagien est très développé (le tiers de<br />
l'estomac) ainsi que chez le rat. Chez le rat l'estomac peut être considéré comme<br />
étant divisé en 2 parties par un striction (margo plicatus ou ligne suturale) avec<br />
une zone squameuse non glandulaire très développée. C<strong>et</strong>te zone squameuse<br />
perm<strong>et</strong> le développement d'une flore très importante car son pH est élevé. C'est la<br />
raison par laquelle on appelle c<strong>et</strong>te région "rumen" chez le rat. C'est dans c<strong>et</strong>te<br />
zone que l'on r<strong>et</strong>rouve les ulcères chez le cheval alors que ce sera à la jonction des<br />
zones pylorique <strong>et</strong> gastrique que l'on r<strong>et</strong>rouvera les ulcères chez l'homme. La figure<br />
<strong>7.</strong>6. montre les variabilités interspécifiques de la répartition des différents types de<br />
muqueuses chez les mammifères.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Zone oesophagienne<br />
non glandulaire<br />
M. antrale<br />
Mucus & enzymes<br />
58
Figure <strong>7.</strong>5. : Les zones muqueuses chez le cheval<br />
Figure <strong>7.</strong>6. : Distribution des épithéliums gastriques chez les différentes espèces<br />
de mammifères.<br />
Homme chien porc cheval<br />
<strong>7.</strong>2. Rôles de l'estomac<br />
<strong>L'estomac</strong> a 3 rôles essentiels :<br />
rat vache lama<br />
1) recevoir les aliments pour les stocker provisoirement, <strong>et</strong> les mélanger<br />
2) assurer le début de la digestion protéique<br />
M. oesophagienne:<br />
non glandulaire<br />
M. Cardiale &<br />
Ligne suturale<br />
(Margo plicatus)<br />
M. antrale<br />
M. Fundique ou peptique<br />
Stratified sq.<br />
non glandular<br />
Cardiac<br />
Proper gastric<br />
Pyloric<br />
59
3) évacuer les aliments vers l'intestin grêle selon un débit contrôlé qui va<br />
favoriser les phénomènes de digestion <strong>et</strong> d'absorption.<br />
En revanche, l'estomac n'intervient pas de façon significative dans l'absorption<br />
des nutriments. Cependant l'alcool est absorbé à ce niveau.<br />
<strong>7.</strong>3. La réception des aliments<br />
<strong>L'estomac</strong> doit recevoir les aliments de façon appropriée. Après leur ingestion, les<br />
aliments tombent dans le corps de l'estomac. On notera que le volume de l'estomac<br />
peut augmenter de façon importante sans que la pression intraluminale<br />
n'augmente de façon substantielle. Cela est permis grâce à un relâchement actif<br />
du tonus des parois ce qui accroît la compliance de l'estomac.<br />
Le nerf vague assure c<strong>et</strong>te relaxation active de l'estomac (mécanorécepteur).<br />
Chez l'homme, le volume de l'estomac peut atteindre 1L sans que la tension<br />
pariétale n'augmente (l'alcool, les apéritifs de type trous normands "relâchent"<br />
l'estomac). C<strong>et</strong>te augmentation du volume serait encore plus importante chez les<br />
carnivores qui ingèrent rapidement toute leur proie.<br />
<strong>7.</strong>4. L'activité motrice de l'estomac<br />
La description de l'activité motrice de l'estomac, comme celle de l'intestin grêle<br />
nécessite de reconnaître 2 aspects :<br />
1) la contraction élémentaire ou systole digestive de l'estomac (ou de l'intestin<br />
grêle (lG)).<br />
2) son organisation temporelle c'est-à-dire l'occurrence ou non des<br />
contractions <strong>et</strong> l'organisation spatiotemporelle de ces contractions<br />
élémentaires. C<strong>et</strong>te organisation est fondamentalement différente (chez le<br />
chien <strong>et</strong> l'homme) selon que le suj<strong>et</strong> est à jeun ou en phase post-prandiale.<br />
C<strong>et</strong> aspect de la <strong>motricité</strong> sera présenté avec la <strong>motricité</strong> de l'intestin grêle car<br />
l'organisation de la <strong>motricité</strong> de l'estomac est étroitement coordonnée avec<br />
celle de l'intestin grêle.<br />
60
<strong>7.</strong>4.1. La systole digestive<br />
<strong>L'estomac</strong> <strong>et</strong> l'intestin grêle n'ont qu'une seule modalité de contraction : la<br />
contraction péristaltique. Il s'agit d'un anneau de contraction qui se déplace plus<br />
ou moins vite <strong>et</strong> plus ou moins loin. En aval de la zone de contraction se trouve une<br />
zone relâchée de façon à favoriser l'avancée du chyme. C<strong>et</strong>te coordination<br />
spatiotemporelle contraction/relâchement est nommée loi de l'intestin.<br />
Lorsque la contraction péristaltique reste plus ou moins sur place, elle aura plutôt un<br />
rôle de mélange. De même, lorsqu'une contraction péristaltique s'épuise sur un<br />
pylore refermé, elle entraîne un j<strong>et</strong> rétrograde favorisant l'émulsification du<br />
contenu. (fig. <strong>7.</strong><strong>7.</strong>).<br />
Figure <strong>7.</strong><strong>7.</strong> : Motricité de l'estomac <strong>et</strong> conséquence sur les mouvements du<br />
chyme selon que le pylore est fermé (à gauche) ou ouvert (à droite).<br />
J<strong>et</strong> rétograde<br />
émulsificateur<br />
La systole intestinale implique une coordination des activités musculaires<br />
longitudinales <strong>et</strong> circulaires. Cela est rendu possible grâce à l'existence d'un système<br />
nerveux intrinsèque c'est-à-dire des neurones intégralement situés dans la paroi<br />
digestive par opposition au système nerveux extrinsèque dont les corps cellulaires<br />
sont situés en dehors du tube digestif <strong>et</strong> qui seront à l'origine de réflexes longs<br />
gastro-coliques, iléus paralytique <strong>et</strong>c. (iléus = occlusion ; arrêt du transit intestinal dû<br />
à une paralysie du péristaltisme comme dans la péritonite).<br />
Le système nerveux intrinsèque forme des plexus denses, les 2 plus importants<br />
étant le plexus d'Auerbach situé entre la couche longitudinale <strong>et</strong> la couche<br />
61
circulaire <strong>et</strong> le plexus de Meissner situé entre la couche circulaire <strong>et</strong> la muqueuse<br />
(zone sous-muqueuse). Ces plexus sont interconnectés <strong>et</strong> leur intégrité est<br />
nécessaire à la systole intestinale (l'excision de la paroi digestive supprime la<br />
coordination contraction en amont / relâchement en aval). Ces notions seront<br />
reprises <strong>et</strong> illustrées dans le chapitre sur la <strong>motricité</strong> intestinale (voir le chapitre 10).<br />
<strong>7.</strong>5. Où <strong>et</strong> quand surviennent les contractions de l'estomac<br />
Pour répondre à ces questions on fait appel aux techniques d'électromyographie<br />
(enregistrement des activités électriques) <strong>et</strong> de mécanographie (enregistrement des<br />
pressions).<br />
<strong>7.</strong>5.1. Motricité de la grosse tubérosité<br />
A partir des données électromyographiques il est apparu que la grosse tubérosité<br />
était dénuée de toute activité électrique. Cela veut dire que le tiers supérieur de<br />
l'estomac est dénué de toute activité mécanique. Cela semble logique dans la<br />
mesure où c<strong>et</strong>te zone ne contient pas d'aliment mais généralement de l'air. Lorsque<br />
c<strong>et</strong>te zone est remplie d'air, l'air s'évacuera par le rot notamment à la faveur d'une<br />
déglutition (ouverture du SOI) ou de la compression de l'abdomen.<br />
Chez le porc, il y aurait une légère activité de c<strong>et</strong>te zone. Cela pourrait être en<br />
relation avec la particularité de succion du porc (ingestion importante d'air).<br />
<strong>7.</strong>5.2. Motricité du corps de l'estomac <strong>et</strong> de l'antrum<br />
C'est au niveau de l'estomac que s'accumulent les aliments pendant la prise de<br />
nourriture. Par électromyographie on a identifié à ce niveau des ondes lentes (OL)<br />
(fig. <strong>7.</strong>8.) à raison de 3 à 6 par minute d'une durée de 6 à 10 s. Elles forment le<br />
rythme électrique de base (REB) <strong>et</strong> ont pour origine des interactions complexes<br />
entre les fibres musculaires lisses <strong>et</strong> les cellules spécialisées nommées cellules<br />
interstitielles de Cajal (voir chapitre 10 pour plus de détails sur l'électrophysiologie<br />
de la fibre lisse digestive) qui jouent le rôle de pacemaker du tube digestif. Les<br />
cellules de Cajal sont situées entre les 2 couches musculaires (longitudinales <strong>et</strong><br />
circulaires) à la jonction des zones cardiales <strong>et</strong> du corps de l'estomac. A partir de là,<br />
les OL se propagent à l'ensemble du corps de l'estomac pour gagner l'antrum puis le<br />
pylore.<br />
62
Figure <strong>7.</strong>8. : Origine du rythme électrique de base ou REB de l'estomac. Le REB<br />
a pour origine l'activité pacemaker de cellules spécialisées nommées cellules de<br />
Cajal ; elles sont situées dans toutes les parties du tube digestif entre les couches<br />
musculaires lisses longitudinales <strong>et</strong> circulaires. La fréquence de dépolarisation est<br />
plus importante en zone orale qu'aborale ce qui donne à la zone stomacale située à<br />
la jonction entre le corps de l'estomac <strong>et</strong> le fundus, le rôle de pacemaker global au<br />
niveau de l'estomac.<br />
Zone pacemaker de l’estomac<br />
Génère des Ondes Lentes propagées<br />
vers le pylore<br />
3 - 4 Cycles / min<br />
La vitesse de propagation des ondes lentes est de 1 cm/s sur le corps <strong>et</strong> de 4<br />
cm/s sur l'antrum. Chez le chien, une OL m<strong>et</strong> environ 20 sec pour se propager<br />
jusqu'à l'antrum. Les ondes lentes ne sont pas de véritables dépolarisations des<br />
cellules mais des ondulations des potentiels des membranes. Sur ce REB peuvent<br />
se greffer ou non des potentiels de pointe c'est-à-dire de véritables dépolarisations<br />
des cellules lisses, qui traduisent les contractions mécaniques. Les OL modulent<br />
l'aptitude des fibres lisses à déclencher de façon rythmique des potentiels de pointe<br />
(fig. <strong>7.</strong>9). La gastrine, la CKK <strong>et</strong> la motiline augmentent la fréquence des OL alors<br />
que la sécrétine, le glucagon <strong>et</strong> les GIP en diminuent la fréquence.<br />
63
Figure <strong>7.</strong>9 : Ondes lentes (OL), potentiels de pointe <strong>et</strong> activité mécanique de<br />
l'estomac. Les OL peuvent ou non déclencher des potentiels de pointe qui sont à<br />
l'origine de l'activité mécanique.<br />
Enregistrement avec des<br />
électrodes extracellulaires<br />
EMG<br />
Mécanogramme<br />
Chez le chien à jeun, environ 10% des OL sont surchargées de potentiels rapides.<br />
En revanche, dès la prise de nourriture, toutes les OL se trouvent surchargées de<br />
potentiels de pointe. Dans ces conditions, il existe une succession de contractions<br />
péristaltiques à raison de 3-6 min qui "montent à l'assaut" du pylore.<br />
Grâce aux techniques mécanographiques, on a précisé que les contractions au<br />
niveau du corps de l'estomac n'élevaient la pression stomacale que de 1 à 2 mm<br />
de Hg alors qu'elles atteignent 30 mm de Hg dans l'antrum (contractions de type I<br />
<strong>et</strong> II respectivement).<br />
Le rôle de ces contractions est :<br />
- d'assurer le mélange des aliments dans la zone du corps (brassage lent <strong>et</strong> de<br />
faible amplitude)<br />
- d'assurer un vigoureux brassage puis une vidange gastrique via le pylore<br />
pour les contractions antrales (voir plus loin).<br />
<strong>7.</strong>5.3. Les contractions de la faim<br />
Lorsque la période de jeûne devient importante <strong>et</strong> si la glycémie diminue on observe<br />
des contractions gastriques importantes qui sont perçues par l'individu. On parle de<br />
contractions de la faim.<br />
Ondes lentes<br />
Pression intraluminale:<br />
2 à 30 mm de Hg<br />
Potentiels de pointe<br />
64
<strong>7.</strong>6. Contractions gastriques <strong>et</strong> mécanismes d'évacuation<br />
gastrique : le rôle du pylore<br />
La vidange gastrique est un phénomène actif qui implique de façon majeure les<br />
contractions stomacales. Ce sont les contractions antrales (pompe pylorique) qui<br />
peuvent entraîner l'expulsion d'une giclée de chyme de l'ordre de 3 à 4 mL chez<br />
l'homme, vers le duodénum sous réserve que le pylore laisse passer le chyme. A<br />
ce niveau, le pylore joue le rôle d'un sphincter plus ou moins permissif (tamis<br />
sélectif).<br />
Le pylore (fig. <strong>7.</strong>10 <strong>et</strong> <strong>7.</strong>11) est toujours plus ou moins fermé grâce aux contractions<br />
toniques de ses muscles. La ferm<strong>et</strong>ure n'est pas totale <strong>et</strong> l'eau ou encore les liquides<br />
peuvent toujours passer. En revanche, la ferm<strong>et</strong>ure est suffisante pour empêcher le<br />
passage de particules solides dont la taille est supérieure à 2-3 mm chez l'homme.<br />
Ce pouvoir séparateur est contrôlé <strong>et</strong> en certaines circonstances (phase III du<br />
Complexe Moteur Migrant ou CMM), des particules d'une plus grande taille<br />
peuvent passer grâce à un relâchement du pylore (fig. <strong>7.</strong>12).<br />
Figure <strong>7.</strong>10 : Le pylore est une zone sphinctérienne séparant l'antrum de l'intestin<br />
grêle.<br />
Pylore<br />
65
Figure <strong>7.</strong>11 : le pylore<br />
Figure <strong>7.</strong>12 : Le pylore est un tamis sélectif<br />
Le pylore est toujours plus ou moins fermé mais peut laisser passer les<br />
liquides<br />
Les particules de taille > à 2 mm sont bloquées dans l’estomac (pouvoir<br />
séparateur du pylore) chez le chien en phase post-prandiale<br />
Les particules de plus grande taille (jusqu’à 7mm) peuvent passer chez le<br />
chien à jeun pendant les phases 3 d’un complexe moteur migrant (CMM)<br />
(voir la présentation du CMM dans le chapitre 11).<br />
<strong>7.</strong><strong>7.</strong> La vidange gastrique<br />
La vidange gastrique nécessite une présentation spécifique car elle est<br />
particulièrement bien réglée pour délivrer progressivement à l'intestin grêle un chyme<br />
prêt à subir les étapes suivantes de la digestion. On doit reconnaître trois types de<br />
phases dans un estomac rempli (en période post-prandiale) :<br />
- la phase liquide<br />
- la phase solide digestible (réductible en chyme)<br />
- la phase solide indigestible<br />
La phase liquide (eau, liquide nutritif…) est très rapidement éliminée de l'estomac.<br />
66
La vidange des liquides a pour origine le gradient de pression généré par les<br />
contractions de l'estomac proximal. Le processus d'élimination est de type<br />
exponentiel avec un temps de demi-vidange de l'ordre de 30 min (fig. <strong>7.</strong>13).<br />
Figure <strong>7.</strong>13.: Vidange de la phase solide <strong>et</strong> liquide de l'estomac. On notera la<br />
grande rapidité de l'élimination de la phase liquide.<br />
La phase solide digestible sera éliminée beaucoup plus lentement ; ce sont les<br />
contractions antrales qui seront à l'origine de l'évacuation du chyme (solide en<br />
suspension dans les sucs digestifs). Pour c<strong>et</strong>te phase, le pylore joue le rôle de filtre<br />
(tamis). Seules les particules ayant un diamètre inférieur à 2 mm chez un chien,<br />
peuvent passer le pylore. Cela garantit l'arrivée dans l'intestin grêle des seules<br />
particules déjà réduites. Le temps de demi-vidange de la phase solide digestible va<br />
donc dépendre de c<strong>et</strong>te réduction qui sera variable selon le type d'aliments<br />
(composition, texture) ; c'est ainsi que l'évacuation des glucides est plus rapide que<br />
celle des lipides.<br />
Chez le chien, il faut 4 à 7 h pour que l'estomac soit vidé après un repas<br />
constitué d'aliment en boite (riche en viande) alors qu'il faut 15h pour un repas<br />
sec (riche en céréales).<br />
Les fractions indigestibles ne peuvent pas franchir le pylore en période post-<br />
prandiale (ex. os, comprimé gastro-résistants…). Ce pouvoir permissif du pylore est<br />
plus ou moins strict selon les espèces. Il est très important chez le porc <strong>et</strong> les<br />
oiseaux.<br />
<br />
<br />
67
La vidange gastrique des éléments indigestibles localisés dans l'estomac chez le<br />
suj<strong>et</strong> à jeun (sans contenu digestif) est différente. Les particules solides indigestibles<br />
qui n'auraient pas pu franchir le pylore en période post-prandiale peuvent<br />
éventuellement passer le pylore sur un estomac à jeun car pendant la phase III d'un<br />
CMM, le pouvoir permissif du pylore est grandement augmenté (passage de<br />
particules ayant un diamètre de 7 mm chez le chien) (fig. <strong>7.</strong>14). Cela a de<br />
nombreuses applications pour l'élimination des corps étrangers <strong>et</strong> en thérapeutique<br />
pour le transit de certaines formes pharmaceutiques (formes gastrorésistantes) avec<br />
une nécessité de mise à jeun pour favoriser le transit des corps étrangers. Il est à<br />
noter que la régurgitation est la voie naturelle d'élimination des éléments<br />
indigestibles qui ne peuvent pas transiter vers l'intestin (oiseaux, rapaces,<br />
carnivores…).<br />
Figure <strong>7.</strong>14 : La vidange gastrique de la phase solide chez le chien. Vidange<br />
gastrique de cubes de foie (digestibles) de 1 cm <strong>et</strong> de sphères plastiques<br />
(indigestibles) d'un diamètre de 7 mm. C<strong>et</strong> essai montre que le pylore ne laisse<br />
passer que les particules dont la taille a été réduite par la digestion stomacale.<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
% emptied<br />
Liver<br />
Spheres<br />
1 2 3 4 hr<br />
<strong>7.</strong><strong>7.</strong>1. Régulation de la vidange gastrique<br />
La vidange gastrique est régulée pour ne pas excéder les capacités de digestion de<br />
l'intestin grêle. On observe des feed-back inhibiteurs d'origine duodénale lorsqu'il<br />
y a trop de chyme ou une trop grande acidité, un excès de lipides ou des liquides<br />
hyper ou hypotoniques dans le duodénum proximal.<br />
68
La chute du pH duodénal (3.5-4) inhibe immédiatement la vidange gastrique. L'acide<br />
chlorhydrique est le plus efficace. Cela laisse le temps aux sucs pancréatiques<br />
d'assurer la neutralisation du chyme.<br />
La pression osmotique joue également un rôle important, l'intestin grêle ne pouvant<br />
supporter des liquides ni hyper-osmotiques ni hypo-osmotiques. La perméabilité de<br />
l'intestin grêle est très différente de celle de l'estomac dont le suc gastrique peut<br />
atteindre 1000 mOsm/kg. Le duodénum <strong>et</strong> le jéjunum ayant des fonctions<br />
d'absorption, sont très perméables <strong>et</strong> les échanges d'eau sont bilatéraux avec<br />
des possibilités de diarrhées osmotiques. C'est ainsi qu'une infection bactérienne<br />
va entraîner l'hydrolyse des glucides en zone proximale ce qui libère des sucres<br />
osmotiquement actifs qui sont à l'origine d'une diarrhée. A cela s'ajoute un syndrome<br />
de malabsorption de ces glucides.<br />
Les lipides jouent un rôle essentiel dans le rétrocontrôle de la vidange gastrique. Il<br />
s'agit essentiellement des lipides en C12-C18. Cela est dû à la lenteur de la digestion<br />
lipidique. C<strong>et</strong>te réponse est médiée par des hormones comme la cholécystokinine<br />
(CCK), un antagoniste par compétition de la gastrine.<br />
La sécrétine qui est libérée en réponse à l'acidité gastrique par le duodénum décroît<br />
légèrement la motilité intestinale.<br />
Le GIP (gastric inhibitory peptide) est également libéré par les lipides mais aussi par<br />
les glucides <strong>et</strong> il peut inhiber la <strong>motricité</strong> (son rôle principal est de stimuler la<br />
libération d'insuline).<br />
Les glucides <strong>et</strong> les protides peuvent aussi inhiber la vidange gastrique notamment<br />
via les osmorécepteurs.<br />
<strong>7.</strong><strong>7.</strong>2. La gastrine<br />
La gastrine est une hormone libérée par l'antrum en réponse à la distention de la<br />
paroi gastrique <strong>et</strong> à la présence de protéines (viande). La gastrine entraîne une<br />
réponse sécrétoire importante en terme de suc gastrique mais elle a aussi un rôle<br />
modulateur sur la <strong>motricité</strong> gastrique avec :<br />
- Une augmentation des contractions antrales. A ce titre, elle favorise la vidange<br />
gastrique par un relâchement du pylore<br />
- Une augmentation du tonus du SOI en évitant les reflux gastro-oesphagiens<br />
69
<strong>7.</strong><strong>7.</strong>3. La dyspepsie<br />
Chez l'homme on appelle dyspepsie un syndrome chronique de gêne épigastrique<br />
avec une sensation de réplétion douloureuse. L'origine <strong>et</strong> la physiopathologie de ce<br />
phénomène sont mal connues mais on invoque une perturbation de la vidange<br />
gastrique (fig. <strong>7.</strong>15), des troubles du rythme électrique de base ou encore des<br />
troubles de la motilité pyloro-duodénale.<br />
Figure <strong>7.</strong>15.: Vidange gastrique <strong>et</strong> dyspepsie (ou digestion difficile).<br />
% résiduel du repas<br />
100<br />
50<br />
0<br />
Liquids<br />
Solids<br />
Health<br />
Dyspepsia<br />
20 40 60 80 100<br />
Temps min<br />
70