05.07.2013 Views

13. Digestion et absorption des aliments

13. Digestion et absorption des aliments

13. Digestion et absorption des aliments

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>13.</strong> <strong>Digestion</strong> <strong>et</strong> <strong>absorption</strong> <strong>des</strong> <strong>aliments</strong><br />

Introduction<br />

La digestion est le processus par lequel les molécules organiques sont rompues<br />

(réduites) pour être rendues absorbables par le tube digestif.<br />

L'<strong>absorption</strong> est le processus par lequel les produits de la digestion, les vitamines,<br />

les minéraux <strong>et</strong> l'eau traversent la barrière digestive. La figure <strong>13.</strong>1 donne une vue<br />

générale de la digestion pour les gluci<strong>des</strong>, les lipi<strong>des</strong> <strong>et</strong> les protéines.<br />

Fig. <strong>13.</strong>1.: Vue générale de la digestion <strong>des</strong> lipi<strong>des</strong>, protéines <strong>et</strong> gluci<strong>des</strong><br />

Triglycéri<strong>des</strong><br />

Protéines<br />

Gluci<strong>des</strong><br />

ESTOMAC<br />

INTESTIN GRELE<br />

1- <strong>Digestion</strong><br />

Aci<strong>des</strong> gras<br />

β-monoglyceri<strong>des</strong><br />

Pepti<strong>des</strong><br />

Aci<strong>des</strong> aminés<br />

Oligosacchari<strong>des</strong><br />

Disacchari<strong>des</strong><br />

INTESTIN<br />

GRELE<br />

2- solubilisation<br />

micellaire<br />

Micelles mixtes<br />

avec aci<strong>des</strong><br />

biliaires<br />

<strong>13.</strong>1. <strong>Digestion</strong> <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong><br />

Chez les monogastriques, les gluci<strong>des</strong> représentent une part importante de l'apport<br />

énergétique. Chez l'homme, le principal glucide est représenté par l'amidon. Chez<br />

les herbivores, le principal glucide est la cellulose. Il s'y ajoute pour toutes les<br />

espèces quelques oligo-sacchari<strong>des</strong>. Selon la structure chimique de ces différentes<br />

substances, la digestion se fera soit directement par les enzymes de l'individu soit<br />

par fermentation bactérienne (herbivores), c'est-à-dire par <strong>des</strong> enzymes<br />

bactériennes (fig.<strong>13.</strong>2.). Chez les monogastriques, les produits terminaux de la<br />

digestion sont <strong>des</strong> monosacchari<strong>des</strong> (glucose, galactose, fructose) qui sont les<br />

molécules absorbables par le tube digestif.<br />

MUQUEUSE<br />

JEJUNALE<br />

3-Absorption<br />

TG Chylomicrons<br />

Aci<strong>des</strong> aminés<br />

Monosaccharide<br />

CIRCULATION<br />

LYMPHATIQUE<br />

4- Transport<br />

Chylomicrons<br />

SANG<br />

123


Figure <strong>13.</strong>2. <strong>Digestion</strong> <strong>et</strong> <strong>absorption</strong> <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong> chez les ruminants <strong>et</strong> les<br />

non-ruminants. Chez les herbivores, le principal glucide alimentaire est la cellulose<br />

dont la digestion se fera essentiellement dans le réticulo-rumen (ruminants) ou le<br />

gros intestin (caecum colon) avec pour produits terminaux <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> gras volatils<br />

(AGV) qui seront directement absorbés par la paroi du rumen. Chez les<br />

monogastriques de type omnivore, les gluci<strong>des</strong> (essentiellement l'amidon) seront<br />

digérés dans l'intestin pour donner du glucose.<br />

Omnivores<br />

Enzymes<br />

digestives<br />

Glucose dans<br />

l’intestin grêle<br />

Gluci<strong>des</strong><br />

Herbivores<br />

Fermentation<br />

microbienne<br />

Aci<strong>des</strong> gras volatils dans le<br />

rumen ou le caeco-côlon<br />

Absorption dans la<br />

circulation sanguine<br />

<strong>13.</strong>1.1. Rappels sur la structure <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong><br />

L'amidon (du latin amylum, fleur de farine) est un glucide de réserve utilisé par les<br />

végétaux supérieurs pour stocker l'énergie. C'est l'équivalent du glycogène pour les<br />

animaux. L'amidon est un polysaccharide de formule chimique ( ) . Il est<br />

composé de deux fractions polysaccharidiques : l'amylose <strong>et</strong> l'amylopectine.<br />

L'amylose est une molécule formée d'environ 600 molécules de glucose chaînées<br />

linéairement. Pour les chaînes simples, les liaisons sont de type α-(1-4) glucose. En<br />

revanche, l'amylopectine est une molécule avec <strong>des</strong> ramifications pour lesquelles<br />

les chaînes ramifiées sont formées avec <strong>des</strong> liaisons de type α-(1-6) tous les 24-30<br />

glucoses (fig. <strong>13.</strong>3.).<br />

La cellulose est également un polymère du glucose dont l'enchaînement est de type<br />

β-(1-4)-glucose (fig. <strong>13.</strong>4).<br />

124


On r<strong>et</strong>rouve également <strong>des</strong> oligo-sacchari<strong>des</strong> comme le saccharose (glucose +<br />

fructose) qui est une forme de transport <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong> chez les végétaux, le maltose<br />

(glucose + glucose) <strong>et</strong> le lactose (glucose + galactose).<br />

Les quantités de monosacchari<strong>des</strong> ingérées sont négligeables chez les mammifères,<br />

pour qui le seul monosaccharide est le glucose.<br />

Figure <strong>13.</strong>3. Amylose (gauche) <strong>et</strong> amylopectine (droite). L'amylose est une chaîne<br />

linéaire de glucose avec <strong>des</strong> liaisons de type α(1-4) alors que l'amylopectine présent<br />

<strong>des</strong> ramifications avec <strong>des</strong> liaisons α(1-6).<br />

Figure <strong>13.</strong>4. La cellulose. La cellulose est un polymère formé par <strong>des</strong> liaisons de<br />

type – (1-4). La cellulose est une molécule linéaire (sans ramification) formée par<br />

1000 to 10000 résidus de type -D-glucose. Une fibre de cellulose est formée par<br />

environ 500 000 molécules de cellulose.<br />

liaisons -(1,4)<br />

<strong>13.</strong>1.2. Les enzymes digestives<br />

La digestion <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong> implique une hydrolyse c'est-à-dire la capture de l'eau (fig.<br />

<strong>13.</strong>5.). L'hydrolyse est une réaction spontanée très lente qui est accélérée par <strong>des</strong><br />

enzymes. Les enzymes sont toutes <strong>des</strong> protéines <strong>et</strong> elles sont nommées par leur<br />

substrat auquel on ajoute le suffixe "ase". Les mammifères ne possèdent pas<br />

125


d'enzymes capables d'attaquer les liaisons β-(1-4)-glucose de la cellulose c'est-à-dire<br />

de cellulase. La digestion de la cellulose se fera obligatoirement par fermentation<br />

microbienne, les bactéries apportant leur faculté enzymatique pour hydrolyser les<br />

gluci<strong>des</strong>. Cela s'effectue dans <strong>des</strong> portions anatomiques spécialisées chez les<br />

herbivores <strong>et</strong> omnivores :<br />

• Ruminants : réticulo-rumen, caecum<br />

• Lapin : caecum<br />

• Cheval : caecum – gros intestin<br />

• Porc : caecum<br />

Figure <strong>13.</strong>5. Synthèse <strong>et</strong> dégradation <strong>des</strong> polymères. La synthèse correspond à<br />

une réaction de déshydratation alors que la dégradation (digestion) est une<br />

hydrolyse c'est-à-dire l'adjonction d'une molécule d'eau dans la chaîne.<br />

Polymerization Reaction<br />

Condensation or<br />

Dehydration Reaction<br />

Requires energy, biological<br />

catalysts (enzymes)<br />

Digestive enzymes<br />

catalyze hydrolytic<br />

reactions<br />

La digestion bactérienne <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong> n'aboutit pas à la formation d'oligo-sacchari<strong>des</strong><br />

mais à celle d'aci<strong>des</strong> gras volatils (AGV). De même, les enzymes digestives <strong>des</strong><br />

mammifères ne peuvent pas attaquer les liaisons (1-6) <strong>des</strong> pectines.<br />

Les enzymes produites par le tube digestif <strong>et</strong> impliquées dans la digestion <strong>des</strong><br />

gluci<strong>des</strong> sont :<br />

1) l'amylase salivaire ou ptyaline<br />

126


2) l'α-amylase pancréatique<br />

3) les disaccharidases <strong>des</strong> cellules de la muqueuse de l'intestin grêle (maltase,<br />

sucrase <strong>et</strong> lactase).<br />

Le tableau <strong>13.</strong>1. précise les substrats <strong>et</strong> les enzymes.<br />

Tableau <strong>13.</strong>1 : principaux gluci<strong>des</strong> alimentaires <strong>et</strong> enzymes digestives<br />

correspondantes chez les vertébrés.<br />

Substrat de<br />

départ<br />

Amylose<br />

Amylopectine<br />

Glycogène<br />

Disacchari<strong>des</strong><br />

Sucrose (végétaux)<br />

Lactose (lait)<br />

Enzymes extracellulaires Enzymes de la<br />

maltose<br />

α-amylase isomaltose<br />

α-(1-4)-oligosacchari<strong>des</strong><br />

muqueuse intestinale<br />

Maltase<br />

Isomaltase<br />

Sucrase<br />

(saccharase)<br />

Lactase<br />

Produits terminaux<br />

Glucose<br />

Glucose <strong>et</strong> fructose<br />

Glucose <strong>et</strong> galactose<br />

Une amylase est une saccharidase c'est-à-dire une enzyme clivant les<br />

polysacchari<strong>des</strong>.<br />

L'α-amylase salivaire est produite par les glan<strong>des</strong> salivaires ; elle agira sur le bol<br />

alimentaire situé au milieu de l'estomac (le pH optimum d'activité est de 7). Cela<br />

commence la digestion de l'amidon avec une production de maltose <strong>et</strong> de<br />

dextrine (p<strong>et</strong>its polymères du glucose). Le chien ne possède pas d'amylase<br />

salivaire.<br />

L'α-amylase pancréatique est produite par le pancréas ; elle attaque les liaisons<br />

α-(1-4) terminales <strong>et</strong> les α-(1-4) voisines <strong>des</strong> liaisons α-(1-6). Cela transforme les<br />

polysacchari<strong>des</strong> en oligo-sacchari<strong>des</strong> (3 à 10 monosacchari<strong>des</strong>). Chez le chien il<br />

y a une production d'α-amylases par la muqueuse de l'intestin.<br />

La digestion de l'amidon conduit essentiellement à la production de maltose (2<br />

glucoses) <strong>et</strong> de maltotriose (3 glucoses) qui seront repris par les<br />

disaccharidases (fig. <strong>13.</strong>6.).<br />

127


Figure <strong>13.</strong>6. <strong>Digestion</strong> de l'amidon par l'amylase pancréatique<br />

Digère l'amidon en oligosacchari<strong>des</strong><br />

Les oligosacchari<strong>des</strong> sont hydrolysés<br />

par les enzymes de la bordure en<br />

brosse <strong>des</strong> entérocytes<br />

Les disaccharidases (maltase, lactase, saccharase…) sont <strong>des</strong> enzymes<br />

localisées dans les bordures en brosse <strong>des</strong> villosités <strong>des</strong> entérocytes situées à<br />

l'interface avec la lumière digestive (fig.<strong>13.</strong>7). L'interface est constituée par les<br />

filaments du glycocalyx c'est-à-dire <strong>des</strong> chaînes de glycoprotéines formant <strong>des</strong><br />

filaments couvrant les microvillosités intestinales.<br />

Figure <strong>13.</strong>7. <strong>Digestion</strong> <strong>des</strong> gluci<strong>des</strong> au niveau de la bordure en brosse. Les<br />

disaccharidases sont les enzymes (lactase, saccharase…) localisées dans les<br />

bordures en brosse <strong>des</strong> entérocytes qui hydrolysent les disacchari<strong>des</strong> (lactose,<br />

sucrose) en gluci<strong>des</strong> élémentaires (glucose, fructose, galactose…) qui seront<br />

absorbés.<br />

La bordure en brosse <strong>et</strong> le glycocalyx contiennent les enzymes digestives<br />

"terminales" <strong>des</strong> différents types de composés alimentaires glucidiques (fig.<br />

<strong>13.</strong>8) <strong>et</strong> protidiques. Ces enzymes sont <strong>des</strong> glycoprotéines membranaires dont la<br />

chaîne hydrocarbonée est orientée du côté luminal. Les enzymes de la bordure<br />

en brosse sont non seulement les disaccharidases mais aussi les<br />

128


aminopeptidases <strong>et</strong> les phosphatases. Cela veut dire que la dernière étape de<br />

la digestion se fait au voisinage de la surface d'<strong>absorption</strong>.<br />

Figure <strong>13.</strong>8 Enzymes (disaccharidases) de la bordure en brosse pour les<br />

disacchari<strong>des</strong> hydrolysés en monosacchari<strong>des</strong><br />

lactose<br />

GGa Ga<br />

galactose<br />

glucose<br />

Na +<br />

fructose<br />

sucrose<br />

α-limit dextrins<br />

(G5-G9)<br />

G<br />

F G-G-G-G<br />

Lactase Glucose<br />

carrier Fructose<br />

carrier Sucrase α-dextrinase<br />

Glucose<br />

transporter<br />

Starch<br />

glycogen<br />

40% G 2<br />

α−amylase<br />

Malto-oligosacchari<strong>des</strong><br />

25% G3 glucose<br />

Na +<br />

Glucose<br />

carrier<br />

G-G-G<br />

5% G 4 -G 9<br />

Glucoamylase<br />

La saccharase (sucrase) située dans le jéjunum <strong>et</strong> l'iléon, donne du glucose <strong>et</strong><br />

du fructose. La saccharase <strong>et</strong> absente chez les ruminants.<br />

La lactase est une disaccharidase (une b<strong>et</strong>a-galactosidase) située dans le<br />

duodénum <strong>et</strong> le jéjunum; elle agit sur le lactose pour donner du glucose <strong>et</strong> du<br />

galactose. Son déficit créé une intolérance au lactose. Son pH optimum d'activité<br />

est de 6.5.<br />

Les nouveau-nés digèrent facilement le lait (lactose) mais sont inaptes à tirer<br />

profit <strong>des</strong> autres gluci<strong>des</strong>. Chez le veau, la croissance est ralentie si on remplace<br />

le lactose par une autre source de gluci<strong>des</strong>. Avant 30 jours, une ingestion de<br />

maltose, de saccharose ou d'amidon n'augmente pas la glycémie alors qu'une<br />

quantité équimoléculaire de glucose, de galactose ou de lactose augmente la<br />

glycémie. Cela est dû au fait qu'à la naissance, seule la lactase est présente à<br />

haute concentration. Ultérieurement, la lactase diminue très rapidement pendant<br />

le premier mois de vie. En pratique, il est donc inutile de donner ou d'ajouter du<br />

saccharose à un lait de remplacement pour un veau nouveau-né (il sera digéré<br />

par fermentation) <strong>et</strong> le ruminant adulte ne peut pas digérer le lait.<br />

129


Chez l'homme l'activité de la lactase chute de 90% pendant les 4 premières<br />

années de la vie. Dans certaines populations humaines, la lactase ne<br />

disparaît pas à l'age adulte <strong>et</strong> certaines populations humaines peuvent<br />

continuer de digérer normalement le lait frais toute leur vie. C<strong>et</strong>te capacité est liée<br />

à une mutation sur le chromosome 2 (survenu 4000 ans av. J.C.). L'influence<br />

de c<strong>et</strong>te mutation est visible chez la plupart <strong>des</strong> européens (qui peuvent continuer<br />

à ingérer du lait à l'age adulte) alors que certaines populations deviennent<br />

totalement intolérantes au lactose (93% <strong>des</strong> chinois, 100% <strong>des</strong> indiens<br />

d'Amérique…) contre 2% <strong>des</strong> suédois <strong>et</strong> 10% <strong>des</strong> suisses (figure <strong>13.</strong>9).<br />

Figure <strong>13.</strong>9 Evolution de l'activité enzymatique <strong>des</strong> disaccharidases en<br />

fonction de l'âge chez l'homme.<br />

Chez le porc, il n'y a ni maltase ni saccharase à la naissance. Le pic de lactase<br />

est vu à l'age de 10-20 jours <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te enzyme diminue à partir de la 4 ème semaine<br />

d'âge.<br />

En cas de déficit en disaccharidases, il y aura un déficit d'<strong>absorption</strong> dans<br />

l'intestin grêle <strong>et</strong> les gluci<strong>des</strong> atteindront le secteur caeco-colique où ils seront<br />

fermentés. Cela augmente la pression osmotique locale <strong>et</strong> entraîne <strong>des</strong><br />

diarrhées osmotiques avec un risque de déshydratation (syndrome<br />

d'intolérance au lactose observé chez les hommes qui ne produisent pas de<br />

130


lactase à l'age adulte, syndrome à ne pas confondre avec une allergie aux<br />

produits laitiers).<br />

Seuls les monosacchari<strong>des</strong> sont absorbés par la bordure en brosse de<br />

l'intestin. Cela implique <strong>des</strong> mécanismes actifs <strong>et</strong> de diffusion facilitée avec <strong>des</strong><br />

transporteurs spécialisés qui seront présentés dans le chapitre 14 sur l'étude <strong>des</strong><br />

mécanismes d'<strong>absorption</strong>.<br />

<strong>13.</strong>2. <strong>Digestion</strong> <strong>des</strong> protéines<br />

Chez l'homme, la ration en protéines est comprise entre 50 <strong>et</strong> 100 g/24h. Il faut y<br />

ajouter les protéines issues <strong>des</strong> cellules <strong>des</strong>quamées (25 g/j) <strong>et</strong> les protéines<br />

contenues dans les sécrétions digestives (100 g/j). La digestion protéique s'exercera<br />

sur environ 200 g/24h de protéines.<br />

Chez les carnivores (chien), la quantité de protéines assimilées est du même ordre<br />

de grandeur.<br />

Chez les herbivores, la digestion protéique est fondamentalement différente. Chez<br />

les ruminants, toutes les protéines sont dégradées dans le rumen en NH3. Ce ne<br />

sont que les protéines issues de la synthèse bactérienne qui seront digérées dans<br />

l'intestin grêle. Chez le cheval, le principal produit de la digestion protéique est le<br />

NH3 <strong>et</strong> non les aci<strong>des</strong> aminés.<br />

<strong>13.</strong>2.1. Les enzymes de la digestion protéique<br />

Le tableau <strong>13.</strong>2 donne une vue générale de la digestion <strong>des</strong> protéines.<br />

Tableau <strong>13.</strong>2 : <strong>Digestion</strong> <strong>et</strong> <strong>absorption</strong> <strong>des</strong> protéines<br />

Phase de la digestion Localisation Agents Produits formés<br />

1 – Gastrique Estomac Acidité gastrique<br />

Pepsine<br />

2 – Protéase<br />

pancréatique<br />

Lumière<br />

intestinale<br />

3- Bordure en brosse de Epithélium<br />

l'intestin<br />

intestinal<br />

4- Absorption Epithélium<br />

bordure en<br />

brosse<br />

5- Clivage intracellulaire Cellule<br />

<strong>des</strong> di/tripepti<strong>des</strong> épithéliale<br />

Trypsine chymotrypsine<br />

elastase<br />

carboxypeptidase<br />

Endopeptidases <strong>et</strong><br />

Découpage <strong>des</strong><br />

protéines en<br />

polypepti<strong>des</strong><br />

Oligopepti<strong>des</strong> (2 à 8AA)<br />

<strong>et</strong> aci<strong>des</strong> aminés libres<br />

Aci<strong>des</strong> aminés <strong>et</strong><br />

aminopeptidases di/tripepti<strong>des</strong><br />

Transporteur Absorption <strong>des</strong> AA <strong>et</strong><br />

di/tripeptidases<br />

Dipeptidase<br />

Tripeptidase<br />

AA libérés à partir <strong>des</strong><br />

di/tripeptidases<br />

131


Les protéases (ou enzyme protéolytique) assurent la digestion <strong>des</strong> protéines.<br />

Elles sont classées en 2 catégories : les endopeptidases qui attaquent les<br />

liaisons peptidiques situées à l'intérieur <strong>des</strong> protéines <strong>et</strong> les exopeptidases<br />

(carboxypeptidase luminale <strong>et</strong> aminopeptidase de la bordure en brosse) qui<br />

attaquent les liaisons peptidiques terminales c'est-à-dire les pepti<strong>des</strong> possédant<br />

un radical COOH ou NH2 libre. Elles interviennent de façon séquentielle (fig.<br />

<strong>13.</strong>10).<br />

Figure <strong>13.</strong>10. : <strong>Digestion</strong> <strong>des</strong> protéines. La digestion <strong>des</strong> protéines est assurée<br />

par <strong>des</strong> endopeptidases (trypsine, chymotrypsine) <strong>et</strong> <strong>des</strong> exopeptidases<br />

(carboxypeptidases, aminopeptidases). Les endopeptidases d'origine<br />

pancréatique attaquent les liaisons peptidiques situées à l'intérieur <strong>des</strong> protéines<br />

alors que la carboxypeptidase (également intraluminale) n'attaque que les<br />

extrémités libres de type carboxyle.<br />

Carboxypeptidase<br />

Les endopeptidases sont sécrétées comme <strong>des</strong> zymogènes inactives ce qui<br />

protège les parois digestives de l'hôte d'une "auto-digestion". Il s'agit de la<br />

pepsine (estomac) <strong>et</strong> <strong>des</strong> enzymes pancréatiques (trypsine, chymotrypsine,<br />

chymosine (rennine ou encore appelée présure)).<br />

Les exopeptidases de type aminopeptidases sont situées dans la bordure en<br />

brosse <strong>des</strong> entérocytes alors que les carboxypeptidases sont sécrétées par<br />

le pancréas.<br />

Trypsine<br />

Chymotrypsine<br />

La digestion protéique commence dans l'estomac. La pepsine est libérée par les<br />

cellules principales de l'estomac sous la forme d'un précurseur : le pepsinogène<br />

132


(PM: 35 000). Il est activé en pepsine sous l'action de l'acide chlorhydrique <strong>et</strong> son<br />

pH optimal d'activité est compris entre 1 <strong>et</strong> 2. La gastrine stimule la libération<br />

de pepsinogène <strong>et</strong> de HCL. La réaction est autocatalytique. La pepsine est une<br />

endopeptidase qui attaque les liaisons dans lesquelles sont impliquées les<br />

aci<strong>des</strong> aminés aromatiques (phénylalanine, tyrosine). La digestion gastrique est<br />

limitée (10-15% <strong>des</strong> protéines donnent <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> aminés). On r<strong>et</strong>rouve de la<br />

pepsine dans le proventricule <strong>des</strong> oiseaux.<br />

Remarque : La pepsine attaque le collagène ce qui est important pour digérer le<br />

tissu conjonctif <strong>et</strong> prépare l'action <strong>des</strong> autres enzymes.<br />

La chymosine est une endopeptidase du suc gastrique. Détectée dans la caill<strong>et</strong>te<br />

(abomasum) du veau, elle existe aussi chez le chien, le cheval <strong>et</strong> le chat mais pas<br />

chez l'homme. Elle est responsable de la coagulation du lait. Il existe une<br />

chymosine recombinante qui est utilisée en fromagerie. Son action ressemble à celle<br />

de la pepsine qui existe également chez le veau, mais son action est plus faible. Elle<br />

offre l'intérêt de ne pas digérer les immunoglobulines.<br />

Remarque : ne pas confondre la rennine <strong>et</strong> la rénine (du rein) !<br />

La digestion protéique sera poursuivie par la trypsine. Issue du pancréas sous la<br />

forme de trypsinogène, elle est activée par l'entérokinase qui est sécrétée par les<br />

glan<strong>des</strong> de Bruner. Le processus est autocatalytique. C<strong>et</strong>te réaction nécessite la<br />

présence de Ca ++ <strong>et</strong> d'un pH alcalin (obtenu par la stimulation de la sécrétion du suc<br />

pancréatique, sous l'action de la sécrétine).<br />

C'est une endoprotéase qui attaque les liaisons peptidiques dans lesquelles sont<br />

impliquées la lysine <strong>et</strong> l'arginine <strong>et</strong> cela, du côté C-terminal. Pour que la trypsine<br />

agisse de façon optimale, il faut que les protéines aient subi l'action de la pepsine.<br />

La trypsine déclenche la sécrétion <strong>des</strong> autres endopeptidases pancréatiques<br />

(chymotrypsine, elastase, collagenase) <strong>et</strong> <strong>des</strong> exopeptidases (carboxypeptidases)<br />

Sécrétée sous la forme de chymotrypsinogène elle est transformée en<br />

chymotrypsine sous l'action de la pepsine. Elle attaque les liaisons impliquant la<br />

133


tyrosine, la phénylalanine, la tryptophane, la méthionine, <strong>et</strong> la leucine (pH 6.8-7) <strong>et</strong><br />

cela, à leur extrémité terminale.<br />

<strong>13.</strong>2.2. Les exopeptidases<br />

Elles attaquent les extrémités <strong>des</strong> chaînes polypeptidiques. On distingue les<br />

peptidases C-terminales (carboxypeptidases qui attaquent les groupes carboxyl) <strong>et</strong><br />

les N-terminales (aminopeptidases) (fig. <strong>13.</strong>11).<br />

Figure <strong>13.</strong>11. Endo <strong>et</strong> exopeptidases. Les endopeptidases (d'origine pancréatique)<br />

découpent les chaînes polypeptidiques dans la lumière de l'intestin. Les<br />

carboxypeptidases solubles (d'origine pancréatique) enlèvent les aci<strong>des</strong> aminés à<br />

leur groupe carboxyl terminaux (COOH). Les aminopeptidases sont localisées dans<br />

la membrane de la bordure en brosse. Elles enlèvent les AA à leur extrémité Nterminal<br />

(NH2). Les di- <strong>et</strong> tripepti<strong>des</strong> sont absorbés par les entérocytes mais ils<br />

seront hydrolysés dans l'entérocyte par <strong>des</strong> di- <strong>et</strong> tri-peptidases.<br />

Carboxypeptidases<br />

134


Elles sont sécrétées sous la forme de pro-enzymes par le pancréas (zymogènes) <strong>et</strong><br />

elles sont activées par la pepsine.<br />

Elles sont intracellulaires <strong>et</strong> elles sont situées dans les bordures en brosse (<strong>et</strong> le<br />

cytosol). Elles assurent l'étape terminale de l'hydrolyse <strong>des</strong> dipepti<strong>des</strong> <strong>et</strong> de<br />

p<strong>et</strong>its polypepti<strong>des</strong>. La concentration <strong>des</strong> aminopeptidases augmente du duodénum<br />

à l'iléon.<br />

Les protéines <strong>et</strong> les polypepti<strong>des</strong> ne sont pas absorbables par les entérocytes<br />

(sauf chez le nouveau-né qui acquiert une immunité passive via le colostrum).<br />

L'<strong>absorption</strong> porte essentiellement (70%) sur de p<strong>et</strong>its pepti<strong>des</strong> (di- / tri-pepti<strong>des</strong>) qui<br />

seront r<strong>et</strong>rouvés hydrolysés par les peptidases intra-cellulaires <strong>et</strong> les aci<strong>des</strong> aminés<br />

(30%) qui résultent de l'action <strong>des</strong> endopeptidases (di/tripepti<strong>des</strong>) <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

exopeptidases (aci<strong>des</strong> aminés). L'<strong>absorption</strong> <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> aminés implique <strong>des</strong><br />

transporteurs correspondants aux AA, aci<strong>des</strong> basiques, neutres <strong>et</strong> imino (voir<br />

chapitre 16). Il n'y a que les aci<strong>des</strong> aminés qui gagnent le sang.<br />

135

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!