Working Copy en Français La Balance j'm'en balance ou += SEXY ...
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<strong>Working</strong> <strong>Copy</strong> <strong>en</strong> <strong>Français</strong><br />
<strong>La</strong> <strong>Balance</strong> j’m’<strong>en</strong> <strong>balance</strong> <strong>ou</strong> <strong>+=</strong> <strong>SEXY</strong><br />
PRELUDE Flash Back<br />
« Nathalie je t’assure que quand tu auras mis sur le papier ton histoire avec<br />
t<strong>ou</strong>s ses détails cr<strong>ou</strong>stillants, je tr<strong>ou</strong>verai quelqu’un p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong> faire un<br />
scénario, { l’int<strong>en</strong>tion d’un producteur <strong>ou</strong> de t<strong>ou</strong>te autre personne qui sont<br />
nécessaires p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong> faire un film. J’ai des relations dans ce milieu, et je te<br />
promets, qu’avec ce que tu vi<strong>en</strong>s de me raconter, il ya de la matière p<strong>ou</strong>r<br />
faire un film à succès. »<br />
Claudia s’installe sur le tab<strong>ou</strong>ret du bar situé dans la cuisine, laquée d’un<br />
r<strong>ou</strong>ge profond. <strong>La</strong> typique « femme trophée glam<strong>ou</strong>r » aux longs cheveux<br />
blonds, yeux vifs et verts, Frank Cook fut chanceux le j<strong>ou</strong>r où il l’ép<strong>ou</strong>sa.<br />
Femme active, elle était la « dynamo », de sa famille et ses amis.<br />
Claudia croise avec naturel ses bras sur sa poitrine et regarde Natty dans les<br />
yeux, sans dire un mot, <strong>en</strong> donnant fermem<strong>en</strong>t une impression très nette,<br />
très claire que, si Natty ne pr<strong>en</strong>d pas la balle au bond, cela desservirait<br />
l’estime née de leur amitié.<br />
Se tortillant dans t<strong>ou</strong>s les s<strong>en</strong>s sur son tab<strong>ou</strong>ret rond, Natty se s<strong>en</strong>tit<br />
désespérém<strong>en</strong>t inconfortable p<strong>ou</strong>r ajuster ses rondeurs sur le siège d’où<br />
elles débordai<strong>en</strong>t de chaque côté. Aussi de rage, elle se leva et s’assit<br />
constamm<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r aller nerveusem<strong>en</strong>t, au frigidaire, récupérer une<br />
boisson, pr<strong>en</strong>dre un fruit, <strong>ou</strong> se resservir un verre <strong>en</strong> y remettant des<br />
glaçons et ainsi de suite.<br />
C’est p<strong>en</strong>dant t<strong>ou</strong>te cette danse, ce va et vi<strong>en</strong>t, que Claudia simplem<strong>en</strong>t<br />
assise avec un s<strong>ou</strong>rire plaqué sur son visage, observe les agitations de Natty<br />
aut<strong>ou</strong>r de la cuisine <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant comme une personne pleine de sagesse de<br />
savoir ce qu’allait être la réponse de Natty.<br />
1
« C’est OK, je le ferai. »<br />
Concéda finalem<strong>en</strong>t Natty.<br />
« Mais il vaudrait mieux que tu arrives avec le contrat p<strong>ou</strong>r le film comme<br />
promis car avant t<strong>ou</strong>t tu dois savoir que je ne connais personne dans ce<br />
type de business et <strong>en</strong>suite même si je le fais, j’aimerais savoir comm<strong>en</strong>t on<br />
construit un livre, on le diffuse etc. etc. Tu vois <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre je ne serais pas du<br />
t<strong>ou</strong>t heureuse, si je devais faire t<strong>ou</strong>t le travail, car je ne suis pas écrivain, et<br />
je n’ai ri<strong>en</strong> { montrer dans ce domaine. Ainsi je te fais une totale confiance.<br />
Je l’écrirai car tu es si inflexible sur le fait que tu <strong>en</strong> feras un film, je ne peux<br />
qu’abandonner sans résistance. Tu traites avec une fille, je le ferai, mais tu<br />
dois finaliser l’affaire »<br />
Claudia jura sur le t<strong>ou</strong>t et scella l’accord par une forte étreinte.<br />
Assise derrière sa machine à écrire, les yeux dans le vague, se rappelant un<br />
à un t<strong>ou</strong>s les m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>ts de leurs corps dansant s<strong>en</strong>suellem<strong>en</strong>t, Natt était<br />
t<strong>ou</strong>t excitée. Oh que <strong>ou</strong>i, elle se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ait de t<strong>ou</strong>t dans le moindre détail,<br />
s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t prise d’une sueur froide. Mon Dieu ! Comm<strong>en</strong>t vais-je<br />
p<strong>ou</strong>voir décrire mes s<strong>en</strong>sations. Le paradis lui s<strong>ou</strong>fflait l<strong>ou</strong>rdem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> elle<br />
de sortir son inspiration de son aine <strong>en</strong>flammée.<br />
Natty était pétrifiée à la seule idée que quiconque puisse la reconnaître,<br />
cep<strong>en</strong>dant elle p<strong>en</strong>sait rationnellem<strong>en</strong>t que t<strong>ou</strong>t un chacun avait dans sa vie<br />
pratiqué la même chose, voire de façon plus corsée. Une bonne histoire<br />
nécessite de l’honnêteté et cette honnêteté devi<strong>en</strong>t réelle quand le lecteur<br />
s’y reconnait. Et franchem<strong>en</strong>t, chacun plus <strong>ou</strong> moins a les mêmes<br />
impulsions, désirs et peurs, quelques autres suiv<strong>en</strong>t des scénarios<br />
légèrem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts, mais l’émotion est la même p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>te la espèce<br />
humaine.<br />
Quant à Natty la vérité crue, comm<strong>en</strong>ça avec ses perceptions émotionnelles<br />
quotidi<strong>en</strong>nes. Ses amis de l’ex jeunesse dorée semblai<strong>en</strong>t dét<strong>en</strong>ir t<strong>ou</strong>tes les<br />
réponses, m<strong>en</strong>er leur vie dans la bonne direction, sans jamais tomber dans<br />
les pièges d’un d<strong>ou</strong>te <strong>ou</strong> du manque de leur propre estime. Natty observait<br />
comm<strong>en</strong>t ses amis s’exprimai<strong>en</strong>t. Elle était s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t impressionnée et<br />
stupéfaite de constater que, quand un de leurs petits amis ne les appelait<br />
2
pas <strong>ou</strong> arrivait { un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> retard <strong>ou</strong> même n’y v<strong>en</strong>ait pas, de<br />
tr<strong>ou</strong>ver t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs et facilem<strong>en</strong>t une justification à sa défaillance. Dans cette<br />
situation, elle ne donnait pas l’impression que c’était la fin du monde et que<br />
plus ri<strong>en</strong> ne méritait d’être vécu. Ne s<strong>en</strong>tant aucune perte d’excitation <strong>ou</strong> le<br />
terrible vide, elle ress<strong>en</strong>tait que bi<strong>en</strong> que ce soit la fin d’une liaison il <strong>en</strong><br />
sortirait un bi<strong>en</strong>, même si sur le c<strong>ou</strong>p elle pleurait, elle ne tarderait pas à <strong>en</strong><br />
rire. On ne voyait jamais la moindre parcelle de désespoir, or Natty dans des<br />
situations similaires, réagissait comme une femme-<strong>en</strong>fant. Elle était<br />
incapable de ne pas s<strong>en</strong>tir d’excitation { l’arrivée du j<strong>ou</strong>r J <strong>ou</strong> d’un c<strong>ou</strong>p de<br />
fil.<br />
Natty alla se c<strong>ou</strong>cher et se réveilla le matin remplis des rêves et s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ir du<br />
j<strong>ou</strong>r passé. Si elle ne les avait pas eus, elle se tr<strong>ou</strong>vait <strong>en</strong> train d’aborder le<br />
j<strong>ou</strong>r suivant comme vidée et sans moy<strong>en</strong>s. Elle se tr<strong>ou</strong>vait diminuée par<br />
rapport { eux avec son caractère empreint de maturité et d’<strong>en</strong>fantillage.<br />
Natty ress<strong>en</strong>tait que sa façon de vivre sonnait faux.<br />
P<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t résumer, ceux qui la côtoyai<strong>en</strong>t voyai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> elle une femme<br />
capable de diriger son destin. Elle était directe, au point, d’aller au-del{ d’où<br />
il est c<strong>ou</strong>tume de s’arrêter. En réalité aussi longtemps qu’elle n’était pas<br />
assailli par l’émotion, elle se s<strong>en</strong>tait bi<strong>en</strong>. Natty était très rationnelle.<br />
Natty savait que si elle avait été mince avec une silh<strong>ou</strong>ette de V<strong>en</strong>us comme<br />
la plupart de ses amies, elle aurait été t<strong>ou</strong>t comme eux décontractée. Après<br />
t<strong>ou</strong>t, leurs téléphones sonnai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce de la part d’une multitude<br />
d’hommes qui s’étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>quis d’avoir les numéros lors des r<strong>en</strong>contres <strong>ou</strong><br />
mieux <strong>en</strong>core avai<strong>en</strong>t fait des pieds et des mains avec l’aptitude du diable<br />
p<strong>ou</strong>r les posséder. Quelques unes de ses amies avai<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t l’habitude<br />
d’être demandé au téléphone, qu’elles n’hésitai<strong>en</strong>t pas { intervertir des<br />
r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s { la dernière minute avec différ<strong>en</strong>ts s<strong>ou</strong>pirants parce qu’elles<br />
avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie de mettre la dernière toilette dans un lieu adapté.<br />
Jeannie lui revint particulièrem<strong>en</strong>t { l’esprit. Natty se s<strong>ou</strong>vint d’avoir assisté<br />
{ un c<strong>ou</strong>p de fil lors d’un drink dans le salon du Harvard Club où Natty y<br />
était resté une semaine lors de son passage à New York. Jeannie avait<br />
annulé Bob au lieu de Jean Pierre uniquem<strong>en</strong>t parce qu’elle v<strong>ou</strong>lait porter<br />
une robe qui seyait mieux { la soirée de jean Pierre qu’{ celle de Bob<br />
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Jeannie marchait comme <strong>en</strong> apesanteur au milieu de l’élégant hall d’<strong>en</strong>trée<br />
conduisant au majestueux salon sobre dans son élégance d’où des têtes se<br />
ret<strong>ou</strong>rnai<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r suivre sa progression imposante. Elle était haute d’un<br />
mètre soixante dix neuf avec une coiffure c<strong>ou</strong>rte d’un blond platine, et des<br />
yeux verts brillants aux pâles s<strong>ou</strong>rcils. Son manteau de zibeline d’une<br />
légèreté in<strong>ou</strong>ïe de c<strong>ou</strong>leur marron foncé rebondissait gracieusem<strong>en</strong>t sur ses<br />
cuisses, il était plus que probable que certains hommes fantasmai<strong>en</strong>t, car<br />
s<strong>ou</strong>s cette f<strong>ou</strong>rrure qui devait peser une plume ils p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t y deviner un<br />
string <strong>en</strong> d<strong>en</strong>telle agrém<strong>en</strong>tant le pim<strong>en</strong>t de ses cuissardes.<br />
« Ooh Natty que je suis cont<strong>en</strong>te de te voir, cela fait une éternité. Humm il<br />
fait délicieusem<strong>en</strong>t bon ici.»<br />
Tandis que Jeannie déposait sur le plancher son butin de chez B<strong>en</strong>del et<br />
Bloomingdales <strong>en</strong> défaisant la ceinture de sa luxueuse zibeline totalem<strong>en</strong>t<br />
consci<strong>en</strong>te de l’effet produit sur ce gr<strong>ou</strong>pe BCBG dont les hommes d’un<br />
certain âge accompagnai<strong>en</strong>t leurs ép<strong>ou</strong>ses qui s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t une fade et haute<br />
b<strong>ou</strong>rgeoisie provinciale.<br />
« Non mais regardes cette vieille t<strong>ou</strong>pie. »<br />
Faisant un clin d’œil { Natty, elle lui pr<strong>ou</strong>va qu’elle avait bi<strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifié son<br />
public. Une des femmes semblait plus intriguée, par son arrivée chargée de<br />
sex appeal, que son mari.<br />
« Tu devrais baisser le voltage de ton sex appeal »<br />
Natty <strong>en</strong> disant cette phrase esquissa un léger s<strong>ou</strong>rire t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> faisant, d’un<br />
simple regard, le t<strong>ou</strong>r du salon où l’on p<strong>ou</strong>vait s’<strong>en</strong>foncer dans de profonds<br />
fauteuils c<strong>ou</strong>verts de chintz.<br />
« <strong>La</strong> plupart de ces vieux chnoques sont équipés de pace maker qui ne<br />
résisteront pas { l’orage que tu décl<strong>en</strong>ches. »<br />
Jeannie rigola et fit fi du comm<strong>en</strong>taire de Natty <strong>en</strong> <strong>ou</strong>vrant son paquet de<br />
B<strong>en</strong>del p<strong>ou</strong>r étaler sur ses g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x p<strong>ou</strong>r que Natty puisse admirer sa robe<br />
bleue marine <strong>en</strong> vel<strong>ou</strong>rs de soie et plume d’autruche.<br />
« N’est ce pas la pluuuuus beeelle robe que tu ais jamais vu ? »<br />
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Ne laissant pas à Natty le temps de répondre, elle continua :<br />
« J’ai besoin de ma dose de fringue, et j’<strong>en</strong> ai besoin maint<strong>en</strong>ant. Je vais<br />
téléphoner { Jean Pierre p<strong>ou</strong>r ret<strong>en</strong>ir sa date p<strong>ou</strong>r l’inauguration de cette<br />
n<strong>ou</strong>velle galerie. De toi { moi, je m’<strong>en</strong> <strong>balance</strong> de son art, mais j’ai une <strong>en</strong>vie<br />
fooolle de la s<strong>en</strong>tir sur moi. P<strong>ou</strong>rquoi ne vi<strong>en</strong>dras-tu pas aussi ? »<br />
Jeannie était visiblem<strong>en</strong>t emballée par cette n<strong>ou</strong>velle robe. Elle était une<br />
« shopping victim » avec un g<strong>ou</strong>t raffiné. Comme t<strong>ou</strong>te alcoolique<br />
congédiant sa dép<strong>en</strong>dance par le subterfuge d’acheter des crus prestigieux<br />
au lieu d’un pinard { deux francs six s<strong>ou</strong>s.<br />
Jeannie ne tr<strong>ou</strong>vait du bonheur qu’<strong>en</strong> recevant le témoignage de l’effet que<br />
donnait ses vêtem<strong>en</strong>ts auprès des autres.<br />
« Je ne peux att<strong>en</strong>dre, je dois la porter dès ce soir »<br />
Avant d’avoir fini sa phrase Jeannie avait décroché le téléphone de la<br />
d<strong>ou</strong>blure de sa veste et pianoté un numéro :.<br />
« C<strong>ou</strong>c<strong>ou</strong> Jean Pierre, c’est mooi, Jeannie »<br />
Miaulant dans le téléphone, elle fit une mimique à Natty lui <strong>en</strong>joignant de ne<br />
pas piper mot.<br />
« J’ai réussi à éviter ce vol p<strong>ou</strong>r Los Angeles, tu sais ! Je veux absolum<strong>en</strong>t<br />
voir ta n<strong>ou</strong>velle galerie, si tu ne m’as pas déj{ remplacée »<br />
Elle retint sa respiration connaissant déj{ la réponse et expira….<br />
« Ahh bi<strong>en</strong>, je suis tellem<strong>en</strong>t excitée p<strong>ou</strong>r toi, je dois voir absolum<strong>en</strong>t ta<br />
n<strong>ou</strong>velle galerie. T<strong>ou</strong>t le monde <strong>en</strong> parle depuis le week <strong>en</strong>d dernier »<br />
Après tr<strong>en</strong>te secondes de sil<strong>en</strong>ce et de rare conc<strong>en</strong>tration, elle laissa<br />
échapper dans un s<strong>ou</strong>ffle :<br />
« Oui chéri je serai prête à six heures tapantes »<br />
Natty ne put s’empêcher de rire et dès que Jeannie <strong>en</strong> eut fini avec sa<br />
conversation, elle lui dit :<br />
« <strong>La</strong> traduction <strong>en</strong> français de ta conversation, c’est…<br />
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« Jean Pierre, le t<strong>ou</strong>t New York doit m’admirer dans ma dernière toilette et<br />
quand je leur <strong>en</strong> aurai suffisamm<strong>en</strong>t mis plein la vue, je m’esquiverai p<strong>ou</strong>r<br />
pr<strong>en</strong>dre ma place de vedette à la réception informelle où j’étais c<strong>en</strong>sée me<br />
r<strong>en</strong>dre au préalable, ainsi j’aurai la bonne excuse d’arriver avec ma superbe<br />
toilette parce que je serai allée au vernissage le plus huppé de l’année. Ainsi<br />
j’aurai la chance de me faire dévorer des yeux par d’avantage de g<strong>en</strong>s et cela<br />
me boostera le moral. »<br />
Se s<strong>en</strong>tant c<strong>ou</strong>pable, Natty se s<strong>ou</strong>vint avoir n<strong>ou</strong>rri un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de jal<strong>ou</strong>sie<br />
persistant car elle s’était r<strong>en</strong>du compte qu’elle n’aurait jamais une pareille<br />
confiance <strong>en</strong> soi p<strong>ou</strong>r agir ainsi, elle p<strong>en</strong>sait simplem<strong>en</strong>t qu’elle n’avait pas<br />
le physique adapté que t<strong>ou</strong>tes ses amies semblai<strong>en</strong>t avoir. A contrario,<br />
Natty <strong>en</strong> bonne intellectuelle aimait les r<strong>en</strong>contres p<strong>ou</strong>r connaître de<br />
n<strong>ou</strong>velles informations , de n<strong>ou</strong>velles connaissances. Elle dit donc à son<br />
amie :<br />
« Moi tu vois j’absorbe tellem<strong>en</strong>t de connaissances que mon cerveau ne<br />
p<strong>ou</strong>vant emmagasiner t<strong>ou</strong>te cette n<strong>ou</strong>rriture intellectuelle, c’est mon corps<br />
qui se l’accapare et qui s’<strong>en</strong>flamme ; ainsi <strong>en</strong> regardant mes fesses et mon<br />
t<strong>ou</strong>r de taille tu peux mesurer mon intellig<strong>en</strong>ce. »<br />
Chapitre 2<br />
Les chauds rayons du soleil c<strong>ou</strong>chant ondulai<strong>en</strong>t et vibrai<strong>en</strong>t à travers la<br />
baie arg<strong>en</strong>tée sur laquelle des garçons j<strong>ou</strong>ai<strong>en</strong>t à faire vrombir les moteurs<br />
de leurs Rivas rutilants et zodiacs débridés le long de la baie <strong>en</strong>tre<br />
Beauvallon et Saint-Tropez. Au c<strong>ou</strong>rs des j<strong>ou</strong>rnées chaudes de fin mai, la<br />
saison t<strong>ou</strong>ristique n’avait pas comm<strong>en</strong>cé, mais certains membres de la Jet<br />
Set, propriétaires <strong>ou</strong> locataires de villas locales comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t à desc<strong>en</strong>dre<br />
au compte g<strong>ou</strong>tte sur la côte. Une à une, les villas des <strong>en</strong>virons r<strong>en</strong>aissai<strong>en</strong>t<br />
dans ce lieu qui il y a longtemps n’était qu’un simple port de pêche. Les<br />
pâles volets c<strong>ou</strong>leur Eau de Nil, bleu terni par le soleil s’<strong>ou</strong>vrai<strong>en</strong>t un { un<br />
p<strong>ou</strong>r laisser passer les chauds rayons du soleil. Duvets et édredons<br />
reposai<strong>en</strong>t sur les bords des f<strong>en</strong>êtres, les rideaux <strong>en</strong> coton léger étai<strong>en</strong>t<br />
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lavés et repassés avant de réapparaitre aux f<strong>en</strong>êtres. Sur le port des <strong>en</strong>fants<br />
v<strong>en</strong>us p<strong>ou</strong>r le long week <strong>en</strong>d j<strong>ou</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble comme s’ils se<br />
connaissai<strong>en</strong>t depuis t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs, p<strong>en</strong>dant que les beaux équipages, la plupart<br />
néo zélandais <strong>ou</strong> anglais au bronzage naturel perman<strong>en</strong>t, le s<strong>ou</strong>rire Golgate<br />
et les cheveux blonds méchés par le soleil, préparai<strong>en</strong>t leur bateau p<strong>ou</strong>r la<br />
saison.<br />
Ils frottai<strong>en</strong>t et arrosai<strong>en</strong>t les long ponts de teck, vérifiant les moteurs,<br />
faisant de petits va et vi<strong>en</strong>t vers les shipchandlers sur leurs mini motos<br />
p<strong>ou</strong>r rapporter t<strong>ou</strong>t ce dont ils avai<strong>en</strong>t besoin : cordes, vernis marine,<br />
éponges et ainsi de suite. Le p<strong>ou</strong>ls du port était reparti à la hausse.<br />
L’assistante de Nathalie, Dominique, marchait d’un pas déterminé <strong>en</strong>tre<br />
t<strong>ou</strong>s les différ<strong>en</strong>ts étales de la place du marché à Saint-Tropez. Quelque<br />
part, Dominique et Nathalie se ressemblai<strong>en</strong>t. Dominique était t<strong>ou</strong>t aussi<br />
Rub<strong>en</strong>esque que Nathalie mais elle n’avait pas la même assurance. Domi<br />
c‘est ainsi qu’elle était appelée par Natty, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs pressée d’aller au plus<br />
c<strong>ou</strong>rt même p<strong>ou</strong>r les noms. Aussi répondait-elle au nom de Domi mais cela<br />
ne la gênait pas. C’était tellem<strong>en</strong>t amusant de travailler p<strong>ou</strong>r Natty et cela<br />
lui faisait du bi<strong>en</strong> de ne pas être prise au sérieux à chaque instant. Domi<br />
savait ce qu’elle cherchait : l’huile d’Argan, difficile { tr<strong>ou</strong>ver, coûteuse {<br />
acheter, issue d’une graine que l’on ne tr<strong>ou</strong>ve qu’au Maroc mais bi<strong>en</strong><br />
v<strong>en</strong>due <strong>en</strong> France à tel point que les françaises n’hésit<strong>en</strong>t pas { dép<strong>en</strong>ser<br />
des fortunes p<strong>ou</strong>r leur beauté <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r la cuisine. Claudia aimait cette huile,<br />
et comme Nathalie était occupée à mettre au point sa confér<strong>en</strong>ce dans la<br />
villa de Claudia p<strong>ou</strong>r le disc<strong>ou</strong>rs qu’elle devait y faire prochainem<strong>en</strong>t, elle<br />
avait <strong>en</strong>voyé Domi lui chercher une magnifique b<strong>ou</strong>teille de cette<br />
miraculeuse huile d’Argan, afin de la donner { Claudia <strong>en</strong> remerciem<strong>en</strong>ts de<br />
son hospitalité { l’occasion de son exposé sur l’archéologie.<br />
« Bj<strong>ou</strong>r » dit Mam<strong>ou</strong> la jolie petite Africaine aux yeux <strong>en</strong> amande « Quatre<br />
vingt euros » Dominique savait qu’il n’était pas question de marchander ce<br />
prix. C’était un produit de luxe que seuls ceux qui connaiss<strong>en</strong>t le<br />
raffinem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t apprécier. Ce n’était pas p<strong>ou</strong>r les t<strong>ou</strong>ristes de luxe.<br />
C’est un véritable produit ça p<strong>en</strong>sa-t’elle <strong>en</strong> disant « Merci, et s’il v<strong>ou</strong>s plait,<br />
faites-moi un de vos petits paquets cadeaux ; si originaux ».<br />
Assise s<strong>ou</strong>s son parasol protégeant son étal, Mam<strong>ou</strong> était célèbre p<strong>ou</strong>r faire<br />
t<strong>ou</strong>rnicoter et valser ses ciseaux. Des fleurs magiques <strong>en</strong> papier, issues de<br />
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multiples b<strong>ou</strong>ts de papier de t<strong>ou</strong>te sorte, j<strong>ou</strong>rnaux, emballages, magazines<br />
etc., semblai<strong>en</strong>t avoir p<strong>ou</strong>ssé au b<strong>ou</strong>t de ses doigts. Mam<strong>ou</strong> faisait du<br />
recyclage p<strong>ou</strong>r élaborer des fleurs pleines de fantaisie et parfois quand elle<br />
<strong>en</strong> avait l’opportunité, elle les rassemblait p<strong>ou</strong>r créer des b<strong>ou</strong>quets qu’elle<br />
attachait avec des brins de raphia, <strong>ou</strong> rubans de c<strong>ou</strong>leur lesquels étai<strong>en</strong>t<br />
tordus, b<strong>ou</strong>clés p<strong>ou</strong>r finir dans un gros nœud.<br />
T<strong>ou</strong>t le monde à Saint-Tropez gardait les emballages de Mam<strong>ou</strong> dans de<br />
grands paniers parce qu’ils étai<strong>en</strong>t très t<strong>en</strong>dance et <strong>en</strong> conformité avec<br />
l’esprit de recyclage actuel. Deb<strong>ou</strong>t, sur le semblant d’estrade, de l’<strong>en</strong>trée de<br />
la Villa Rond Point, légèrem<strong>en</strong>t surélevée de quelques marches, Nathalie,<br />
délivrant son disc<strong>ou</strong>rs à plein p<strong>ou</strong>mon, vit arriver Dominique avec sa<br />
b<strong>ou</strong>teille <strong>en</strong>veloppée dans la fleur <strong>en</strong> papier de Mam<strong>ou</strong>. Dominique rev<strong>en</strong>ue<br />
à la villa avait empruntée la bicyclette du jardinier car il était impossible de<br />
garer une voiture à Saint-Tropez. Elle fit un clin d’œil { Natty par-dessus la<br />
tête du t<strong>ou</strong>t Saint-Tropez et d’un m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t de lèvres sil<strong>en</strong>cieux lui<br />
exprima « Mission Accomplie » <strong>en</strong> brandissant vers le haut le paquet<br />
typiquem<strong>en</strong>t reconnaissable p<strong>ou</strong>r son emballage cadeau de fleurs <strong>en</strong> papier<br />
recyclé. Le message fut immédiatem<strong>en</strong>t capté par Natty. Le s<strong>ou</strong>rire<br />
lumineux confirma son acquiescem<strong>en</strong>t sans qu’elle perdît le rythme de sa<br />
confér<strong>en</strong>ce.<br />
Nathalie était vêtue de ce que l’on p<strong>ou</strong>rrait décrire comme une bulle de<br />
vêtem<strong>en</strong>ts. Un chemisier blanc style gitane, amidonnée à s<strong>ou</strong>hait tombait de<br />
ses épaules dans un style b<strong>ou</strong>ffant, cintré à la taille sur une jupe vaporeuse<br />
<strong>en</strong> coton beige et rose de Yves Saint-<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t. Avec ses énormes anneaux<br />
d’or susp<strong>en</strong>dus à ses oreilles et un grand chapeau fr<strong>ou</strong>fr<strong>ou</strong>tant posé sur la<br />
table à côté d’elle, elle avait balancé d’un c<strong>ou</strong>p de pied ses sandales <strong>en</strong> liège<br />
à talons hauts. Nathalie faisait ce qu’elle p<strong>ou</strong>vait mais il y avait <strong>en</strong> elle un<br />
véritable paradoxe. Elle adorait s’habiller, mais comme elle était<br />
constamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t, ainsi t<strong>ou</strong>t ce qui la gênait était<br />
systématiquem<strong>en</strong>t méprisé, et dans ce cas ce fut le fr<strong>ou</strong>fr<strong>ou</strong>tant chapeau et<br />
davantage ses sandales de dix c<strong>en</strong>timètres de haut avec t<strong>ou</strong>s ses nœuds<br />
aut<strong>ou</strong>r des chevilles.<br />
<strong>La</strong> voix de baryton s<strong>en</strong>suelle de Nathalie, remplissait t<strong>ou</strong>t le salon. Sa<br />
diction parfaite r<strong>en</strong>dait la compréh<strong>en</strong>sion aisée.<br />
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« Si v<strong>ou</strong>s regardez att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t cette projection, v<strong>ou</strong>s verrez dans l’angle<br />
ce qui peut ressembler { des feuilles, mais ah…ce n’est pas ce que v<strong>ou</strong>s<br />
croyez… ce sont les vestiges d’une toge masculine <strong>en</strong> coton. Et regardez la<br />
corde <strong>en</strong> SISAL utilisée { l’époque p<strong>ou</strong>r attacher les toges. C’est stupéfiant<br />
de le voir. Et c’est justem<strong>en</strong>t cette constatation, mes chers amis qui, donne à<br />
l’archéologie cette t<strong>ou</strong>che tellem<strong>en</strong>t humaine.<br />
Il ya des milliers d’années, cette toge était portée quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t.<br />
Imaginez ce qu’elle a vu. De quoi vos Blue jeans <strong>ou</strong> vos Todds vont-ils<br />
p<strong>ou</strong>voir témoigner d’avoir vu, s’ils parc<strong>ou</strong>r<strong>en</strong>t des milliers de kilomètres<br />
chaque année ? Si quelqu’un tr<strong>ou</strong>ve vos Todds avec votre sac à main dans<br />
mille ans, cela donnerait une autre idée de la façon dont viv<strong>en</strong>t les hommes<br />
auj<strong>ou</strong>rd’hui.<br />
Il est possible que dans deux mille ans, l’homme vive dans des stations<br />
orbitales, vêtu de combinaisons spatiales <strong>en</strong> fibres synthétiques avec des<br />
semelles incorporées, p<strong>ou</strong>r éviter que l’air trop glacial n’y pénètre, et<br />
n’<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> contact avec la peau. Il est donc possible que les déc<strong>ou</strong>vertes de<br />
ces hommes là leur donn<strong>en</strong>t le moy<strong>en</strong> de compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t était la vie<br />
sur la planète Terre. »<br />
Natty se propulsa au côté opposé à celui où elle t<strong>en</strong>ait sa confér<strong>en</strong>ce p<strong>ou</strong>r y<br />
boire une gorgée d’un jus d’ananas frais dans un grand verre givré, <strong>en</strong> effet<br />
sa gorge comm<strong>en</strong>çait { s’assécher. <strong>La</strong>issant échapper un grand s<strong>ou</strong>pir de<br />
satisfaction, Natty reprit la parole à sa vitesse de croisière.<br />
« J’av<strong>ou</strong>e que mon exemple est un peu tiré par les cheveux, mais il est<br />
parfait p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s donner une idée de ce que n<strong>ou</strong>s pr<strong>en</strong>ons p<strong>ou</strong>r acquis<br />
auj<strong>ou</strong>rd’hui et qui p<strong>ou</strong>rra disparaitre totalem<strong>en</strong>t demain. »<br />
Nathalie avait du punch, elle parlait avec verve. Sa chevelure foncée, c<strong>ou</strong>rte<br />
et b<strong>ou</strong>clée b<strong>ou</strong>geait aut<strong>ou</strong>r de sa tête, et de ses yeux vert pâle aux cils épais<br />
jaillissai<strong>en</strong>t des étincelles d’excitation. Elle ressemblait { un kaléidoscope,<br />
avec les multiples coloris de ses vêtem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> vibration; <strong>en</strong> effet, elle portait<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs un haut et une jupe riche <strong>en</strong> multiples tissus car Nathalie avait un<br />
complexe avec sa taille. On ne p<strong>ou</strong>vait nier qu’elle avait des kilos <strong>en</strong> trop.<br />
Elle se comprimait dans une taille quarante huit comme elle se plaisait à le<br />
dire à ses copines, mais <strong>en</strong> réalité sa vraie taille était le cinquante.<br />
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Dehors sur la terrasse dominant la baie, <strong>en</strong>t<strong>ou</strong>rés de ses amis, plus<br />
particulièrem<strong>en</strong>t ceux de sa femme, Frank Cook s’affichait avec son t<strong>ou</strong>t<br />
dernier téléphone portable. <strong>La</strong> blague qui circulait parmi leurs amis<br />
affirmait que son nombril servait de prise p<strong>ou</strong>r recharger son téléphone<br />
portable. Claudia, sa femme lui intima l’ordre d’abandonner son portable<br />
p<strong>ou</strong>r éc<strong>ou</strong>ter son amie Natty. Frank haussa les épaules <strong>en</strong> guise de réponse<br />
et continua de discuter au téléphone. Frank ferait un excell<strong>en</strong>t j<strong>ou</strong>eur de<br />
poker, car il ne laissait jamais déceler un iota de ce qu’il p<strong>ou</strong>vait p<strong>en</strong>ser. En<br />
réalité, nombre de ses amis se demandai<strong>en</strong>t même s’il était capable<br />
d’émotions….il semblait être t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le même. Ainsi Claudia savait qu’il<br />
était inutile de l’observer à la recherche de quelque indice. Mais il est vrai<br />
que Claudia était sans cesse curieuse de t<strong>ou</strong>t et sur t<strong>ou</strong>t le monde. Avec<br />
Frank elle ne devinait jamais ce qui allait arriver, de ce fait elle ne p<strong>ou</strong>vait<br />
jamais prévoir ce qu’il allait faire ni ce qu’il allait dire. Elle savait que sa<br />
discrétion était une des raisons de rester am<strong>ou</strong>reuse de son mari autant<br />
sinon plus que lors de leur première r<strong>en</strong>contre au buffet de la gare de<br />
<strong>La</strong>ndquart, où les voyageurs doiv<strong>en</strong>t changer de train p<strong>ou</strong>r aller de la<br />
montagne à la vallée et vice versa. Ils étai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les deux <strong>en</strong> r<strong>ou</strong>te p<strong>ou</strong>r<br />
rejoindre leurs écoles suisses respectives. Leur r<strong>en</strong>contre fut fortuite mais<br />
p<strong>ou</strong>r Claudia son destin fut scellé. <strong>La</strong> mémoire de Claudia lui fit faire ce flash<br />
back de tr<strong>en</strong>te ans vers ce j<strong>ou</strong>r décisif.<br />
« Ma chérie qu’est ce qu’il te pr<strong>en</strong>d ? Calme-toi, tu débites mille mots à la<br />
minute depuis que n<strong>ou</strong>s sommes r<strong>en</strong>trés dans ce restaurant. Est ce par ce<br />
que tu es nerveuse de ret<strong>ou</strong>rner { l’école ? Je ne t’ai jamais vue ainsi dit la<br />
mère de Claudia à sa fille. »<br />
« Maman regarde cette dame là bas à une autre table, elle n<strong>ou</strong>s regarde<br />
d’une façon étrange. »<br />
<strong>La</strong> mère de Claudia porta son regard { l’autre b<strong>ou</strong>t du restaurant où il y<br />
avait une table ronde avec un banc <strong>en</strong> bois et elle reconnut immédiatem<strong>en</strong>t<br />
son amie Magda Cook. Lui faisant signe de la main, elle lui indiqua qu’elles<br />
bavarderai<strong>en</strong>t une fois le repas terminé.<br />
« Tu as l’œil vif ma p’tite ! Comm<strong>en</strong>t as-tu fait p<strong>ou</strong>r remarquer que Magda<br />
me regardait ? Aah je vois »<br />
10
Elle s<strong>ou</strong>rit quand elle réalisa que c’était le fils de Magda, le beau garçon aux<br />
cheveux blond véniti<strong>en</strong>, qui semblait ne pas avoir plus de 17 ans, qui avait<br />
attiré l’œil de sa fille.<br />
« Cela doit être Frank, il est vraim<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>u un beau jeune homme. Tu vas<br />
le r<strong>en</strong>contrer quand je dirai bonj<strong>ou</strong>r à sa mère. Bizarre que v<strong>ou</strong>s ne v<strong>ou</strong>s<br />
soyez jamais r<strong>en</strong>contrés { l’école de ski ! T<strong>ou</strong>s les deux v<strong>ou</strong>s êtes<br />
d’excell<strong>en</strong>ts skieurs et devrai<strong>en</strong>t être dans le même gr<strong>ou</strong>pe. »<br />
«Oh Claudia, je n’arrive pas { croire que tu r<strong>ou</strong>gisses <strong>en</strong>core quand tu<br />
regardes Frank! »<br />
Dit Cassandre qui sirotait un jus vitaminé dans un verre de Biot.<br />
«Mon vieil homme a eu 60 ans la semaine dernière et il a l’air plus jeune que<br />
certains des fils de nos amis. »<br />
Répondit fièrem<strong>en</strong>t Claudia <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant Cassandre par la main et la m<strong>en</strong>ant<br />
vers l’amoncellem<strong>en</strong>t de c<strong>ou</strong>ssins géants tapissés de f<strong>ou</strong>lards Hermès<br />
qu’elle avait elle-même c<strong>ou</strong>sus et agrém<strong>en</strong>tés de pompons. L’empilem<strong>en</strong>t<br />
des c<strong>ou</strong>ssins bi<strong>en</strong> tapotés dans l’angle du living sur plan <strong>ou</strong>vert invitait<br />
Claudia et Cassandre { s’y <strong>en</strong>foncer p<strong>ou</strong>r éc<strong>ou</strong>ter Nathalie.<br />
Les yeux acérés de Nathalie v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de repérer le bracelet <strong>en</strong> or que<br />
Cassandre portait à son minuscule poignet. P<strong>ou</strong>r la taquiner, elle lui<br />
demanda devant t<strong>ou</strong>t le monde :<br />
«J’espère que tu n’es pas <strong>en</strong>core vierge. »<br />
Des rires et des yeux écarquillés accompagnèr<strong>en</strong>t le comm<strong>en</strong>taire de<br />
Nathalie mais avant que Cassandre puisse y donner une réponse évid<strong>en</strong>te,<br />
Nathalie, qui avait repris l’att<strong>en</strong>tion de son public, alla sur la pointe des<br />
pieds vers Cassandre p<strong>ou</strong>r lui retirer son bracelet qu’elle montra { t<strong>ou</strong>t le<br />
monde.<br />
«Vierges et je s<strong>ou</strong>ligne que seules les vierges étai<strong>en</strong>t sacrifiées au Dieu de la<br />
pluie. <strong>La</strong> magnifique vierge était c<strong>ou</strong>verte de bij<strong>ou</strong>x <strong>en</strong> or dans ce style »<br />
Elle brandit le bracelet p<strong>ou</strong>r que t<strong>ou</strong>t le monde le voit.<br />
«Puis elle était jetée dans un puits très profond. P<strong>ou</strong>r faciliter sa mort, la<br />
vierge sacrifiée était c<strong>ou</strong>verte de t<strong>ou</strong>t l’or qu’il fallait p<strong>ou</strong>r la faire c<strong>ou</strong>ler au<br />
11
plus vite. Ce magnifique bracelet est typiquem<strong>en</strong>t inspiré de l’art Maya.<br />
Maint<strong>en</strong>ant v<strong>ou</strong>s voyez où je v<strong>ou</strong>lais <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir, c'est-à-dire que l’archéologie<br />
fait réellem<strong>en</strong>t partie intégrante de la vie de chacun de n<strong>ou</strong>s. Ce n’est pas un<br />
morceau d’histoire sans âme, <strong>en</strong>terré sans passé ni futur. Les objets, que ce<br />
soit des immeubles <strong>ou</strong> des bij<strong>ou</strong>x mut<strong>en</strong>t. Ils transform<strong>en</strong>t les visions et<br />
offr<strong>en</strong>t de n<strong>ou</strong>velles perceptions. Les objets d’archéologie sont des canons<br />
d’énergie pénétrant dans le futur. »<br />
Nathalie reprit sa respiration p<strong>en</strong>dant un quart de seconde son expression<br />
s’ad<strong>ou</strong>cit et devint sérieuse.<br />
«Ce n’est pas seulem<strong>en</strong>t moi qui le croit. Edward Thomson qui étudia à<br />
fonds la civilisation Maya était un explorateur respecté, Google le relate ».<br />
Natty parlait un langage technique moderne. Elle était tellem<strong>en</strong>t passionnée<br />
quand elle parlait d’archéologie que parmi son public certains<br />
développai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite un intérêt sur les sujets abordés lors de ses disc<strong>ou</strong>rs.<br />
Son ton de voix était contagieux.<br />
«Cassandre, je suis ravie que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s intéressiez à l’archéologie cela me<br />
permet de discuter un peu avec v<strong>ou</strong>s. Est-ce que Nick est avec v<strong>ou</strong>s ? »<br />
Cassandre reconnut la voix chaude d’Anne Carr. Elles n’étai<strong>en</strong>t pas<br />
tellem<strong>en</strong>t proches, Anne était plutôt l’amie de son mari Nick, Anne était une<br />
mère p<strong>ou</strong>le, les deux avai<strong>en</strong>t une passion p<strong>ou</strong>r les voitures de collection.<br />
Nick et Anne se retr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t parfois deux fois par an, dans diverses<br />
expositions mondiales de voitures de collection. Il était rare qu’une femme<br />
soit aussi avisée dans ce domaine. Un j<strong>ou</strong>r, ils prir<strong>en</strong>t chacun une voiture de<br />
collection de l’écurie de Nick et fir<strong>en</strong>t la c<strong>ou</strong>rse du Devon jusqu’{ l’Ecosse.<br />
Nick gagna, mais c’est uniquem<strong>en</strong>t parce qu’Anne avait été capable de<br />
réparer son moteur quand il avait cassé { la frontière, { des kilomètres d’un<br />
garage <strong>ou</strong> d’un mécanici<strong>en</strong>. Nick était le meilleur conducteur, mais<br />
personne ne p<strong>ou</strong>vait réparer un moteur comme Anne savait le faire. Elle<br />
réparait les moteurs comme elle cuisinait. Elle ne faisait jamais ri<strong>en</strong> d’une<br />
manière orthodoxe mais agissait de façon intuitive tant p<strong>ou</strong>r la cuisine que<br />
p<strong>ou</strong>r la mécanique.<br />
En réalité, je suis ici par hasard, dit Cassandre :<br />
12
«J’étais sur le bateau avec les <strong>en</strong>fants et la n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong> mais je dois être de<br />
ret<strong>ou</strong>r à Palm beach lundi p<strong>ou</strong>r superviser t<strong>ou</strong>s les travaux qui vont avoir<br />
lieu dans la villa p<strong>en</strong>dant que n<strong>ou</strong>s serons sur le bateau. Nick veut que le<br />
yacht soit à Porto Cervo cet été. Donc je me suis arrêtée <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>rs de r<strong>ou</strong>te<br />
p<strong>ou</strong>r l’aéroport étant donné que mon vol part plus tard. Je pr<strong>en</strong>ds<br />
l’hélicoptère et donc il me faudra 15 minutes d’ici { l’aéroport de Nice.<br />
« P<strong>ou</strong>r être honnête dit Anne, je suis seulem<strong>en</strong>t ici car il est possible qu’un<br />
ami de Frank vi<strong>en</strong>ne me sponsoriser. Avec un peu de chance après la<br />
confér<strong>en</strong>ce de cette dame j’aurai le temps de voir si je peux décrocher ce<br />
poste de pilote dans le rallye de Pékin-Shanghai de l’an prochain. C’est si<br />
excitant ! T<strong>ou</strong>t ce que je sais c’est que David va faire trois rallyes de voiture<br />
de collections, et il a besoin d’un pilote par voiture. Cela signifie peut être<br />
que s’il me choisit mes efforts vont <strong>en</strong>fin payer ? Le problème vi<strong>en</strong>t que la<br />
plupart des voyageurs sont riches, d’âge moy<strong>en</strong>, ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avec des filles<br />
du XVIIème qui s’<strong>en</strong>nui<strong>en</strong>t et je p<strong>en</strong>se qu’elles préfèreront voir ces voitures<br />
conduites par de beaux hommes qui <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre peuv<strong>en</strong>t apporter du vin et<br />
diner <strong>en</strong> r<strong>ou</strong>te à chaque arrêt ! Bon ! N<strong>ou</strong>s verrons. Qui sait s’il n’y aura pas<br />
une lesbi<strong>en</strong>ne dans la masse, <strong>ou</strong> un homme normal, qui ne connait ri<strong>en</strong> au<br />
problème de mécanique et v<strong>ou</strong>dra un copilote mécanici<strong>en</strong>. Quoi qu’il <strong>en</strong> soit<br />
s<strong>ou</strong>haite-moi bonne chance »<br />
Elle l’embrassa puis se sauva. Cassandre n’était pas particulièrem<strong>en</strong>t<br />
intéressée par l’archéologie, elle bavardait t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> marchant sur le plancher<br />
<strong>en</strong> teck épais qui dominait la baie d’où elle p<strong>ou</strong>vait voir le yacht de ses<br />
par<strong>en</strong>ts. Ses <strong>en</strong>fants et la n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong> devai<strong>en</strong>t probablem<strong>en</strong>t j<strong>ou</strong>er au bord de<br />
la piscine située sur le pont supérieur. Le bateau était trop éloigné p<strong>ou</strong>r<br />
qu’on puisse les voir nettem<strong>en</strong>t. Elle adorait ses deux jeunes <strong>en</strong>fants. Elle<br />
avait mal au v<strong>en</strong>tre quand elle les voyait, sûrem<strong>en</strong>t parce qu’elle les aimait<br />
beauc<strong>ou</strong>p trop.<br />
Frank regarda Cassandre et remarqua qu’elle était seule. Rapidem<strong>en</strong>t il<br />
décida de mettre fin à sa conversation téléphonique p<strong>ou</strong>r aller <strong>en</strong>gager une<br />
conversation avec elle. Frank savait qui était son mari mais il ne le<br />
connaissait pas personnellem<strong>en</strong>t. Nick <strong>La</strong>ssifar était le type même de cli<strong>en</strong>t<br />
que Frank eut aimé avoir dans sa banque. Frank était part<strong>en</strong>aire d’une<br />
vieille banque privée Suisse totalem<strong>en</strong>t dét<strong>en</strong>ue par la famille. Quand bi<strong>en</strong><br />
même il avait cinq ans p<strong>ou</strong>r pr<strong>en</strong>dre sa retraite et se conc<strong>en</strong>trer sur de<br />
13
n<strong>ou</strong>velles activités, sa spécialité était de faire r<strong>en</strong>trer des cli<strong>en</strong>ts de prestige<br />
très actifs dans les affaires et avec des fonds propres importants derrière<br />
eux.<br />
C’était les meilleurs ils v<strong>ou</strong>lai<strong>en</strong>t beauc<strong>ou</strong>p de services même s’ils pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />
des affaires à risque leur action était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs bi<strong>en</strong> réfléchie, cep<strong>en</strong>dant ils<br />
étai<strong>en</strong>t aussi capables d’assumer de l<strong>ou</strong>rdes pertes. Ils n’étai<strong>en</strong>t pas comme<br />
d’autres g<strong>en</strong>s qui j<strong>ou</strong>ai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs avec l’arg<strong>en</strong>t des autres et qui n’avai<strong>en</strong>t<br />
pas à supporter financièrem<strong>en</strong>t d’affaires maladroites, car ils ne j<strong>ou</strong>ai<strong>en</strong>t<br />
jamais avec leur propre arg<strong>en</strong>t.<br />
« Je suppose que l’archéologie n’est pas votre truc ?»<br />
Cassandre se ret<strong>ou</strong>rna et d’un air approbateur regarda Frank qu’<strong>en</strong> un<br />
quart de seconde elle avait jaugé. Frank r<strong>en</strong>trait bi<strong>en</strong> dans son m<strong>ou</strong>le<br />
mondain, ils ne se connaissai<strong>en</strong>t pas, mais avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler l’un de<br />
l’autre. En ce qui concerne Cassandre cela lui allait très bi<strong>en</strong>.<br />
« Bingo v<strong>ou</strong>s avez vu juste ! »<br />
Cassandre débordait d’amitié quand on r<strong>en</strong>trait dans son cercle.<br />
« Je préfère la musique, c’est ma passion ». Mais elle le dit sans passion !<br />
Cassandre semblait perdue dans un univers qui était le si<strong>en</strong>. Ses beaux yeux<br />
étai<strong>en</strong>t cernés, elle avait un tic nerveux sur son s<strong>ou</strong>rcil gauche qui<br />
bizarrem<strong>en</strong>t ne semblait pas influer sur son œil. <strong>La</strong> voix de Cassandre était<br />
dure et cassante. Frank tr<strong>ou</strong>vait cela bizarre car Frank tr<strong>ou</strong>vait qu’elle avait<br />
t<strong>ou</strong>t p<strong>ou</strong>r être heureuse.<br />
« Est-ce ton bateau là bas ?»<br />
Demanda Frank p<strong>ou</strong>r combler le sil<strong>en</strong>ce.<br />
«C’est le bateau de mon père, mais il n’est pas dessus <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t. Mes<br />
<strong>en</strong>fants pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le bateau p<strong>ou</strong>r aller à Puerto Cervo, cela pr<strong>en</strong>dra <strong>en</strong>viron<br />
deux semaines et ils y resteront t<strong>ou</strong>t l’été. Papoche embarque demain, il<br />
naviguera avec les jumeaux ».<br />
Cassandre se ret<strong>ou</strong>rna p<strong>ou</strong>r regarder t<strong>ou</strong>s les invités qui étai<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>us<br />
après la pause où on leur avait servi un jus d’ananas pressé. Certains<br />
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t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t des verres d’une très grande taille, gaiem<strong>en</strong>t peints. Ils v<strong>ou</strong>lai<strong>en</strong>t<br />
éc<strong>ou</strong>ter la confér<strong>en</strong>ce de Nathalie.<br />
Cassandre regarda sa montre Happy Diamonds de Chopard.<br />
«Je p<strong>en</strong>se que je vais faire un saut à St Trop p<strong>ou</strong>r y faire du lèche vitrine<br />
avant de pr<strong>en</strong>dre l’hélicoptère p<strong>ou</strong>r l’aéroport de Nice. V<strong>ou</strong>s avez ici une<br />
villa superbe. Claudia n’arrête pas de me dire combi<strong>en</strong> v<strong>ou</strong>s êtes heureux<br />
quand v<strong>ou</strong>s êtes ici et maint<strong>en</strong>ant je sais p<strong>ou</strong>rquoi. »<br />
« <strong>La</strong>issez moi v<strong>ou</strong>s accompagner jusqu’au portail. »<br />
Et Frank la raccompagna par le chemin du jardin p<strong>ou</strong>r ne pas avoir à<br />
traverser le salon.<br />
« Est-ce que v<strong>ou</strong>s allez rev<strong>en</strong>ir cet été avec votre mari ? »<br />
Un autre voile d’une imperceptible tristesse frissonna sur les yeux de<br />
Cassandre que Frank n’aurait pas remarqué si elle n’avait pas choisi { ce<br />
mom<strong>en</strong>t l{ d’<strong>en</strong>lever ses énormes lunettes de soleil DIOR.<br />
« Je vais peut être rev<strong>en</strong>ir avec Papoche fin août quand il ramène le bateau<br />
p<strong>ou</strong>r l’hiver. Mais je d<strong>ou</strong>te que Nick soit avec n<strong>ou</strong>s. »<br />
« Cassandre es tu <strong>en</strong> train de t’échapper comme un voleur ? »<br />
Claudia l’hôtesse parfaite voyait t<strong>ou</strong>t ce qui se passait chez elle.<br />
« L’archéologie n’est pas ma tasse de thé, je vais faire du shopping car je<br />
n’arrive pas { me conc<strong>en</strong>trer sur ce qu’elle dit. Je serai de ret<strong>ou</strong>r dans deux<br />
heures p<strong>ou</strong>r l’apéritif si tu me le permets ? Tu ne vas pas considérer cela<br />
comme une tricherie ! J’espère ! »<br />
Elle lâcha un petit rire bi<strong>en</strong> travaillé.<br />
« Ai-je droit { ton Ananas Bellini, même si je n’ai pas bi<strong>en</strong> fait att<strong>en</strong>tion {<br />
l’objet excavé de derrière une vieille pierre ? »<br />
Claudia donna à Cassandre une grosse accolade, lui disant :<br />
«Tu es une reine de la mode. Si tu revi<strong>en</strong>s avec une n<strong>ou</strong>velle déc<strong>ou</strong>verte<br />
chic choc dénichée au marché je te donnerai un énorme Ananas Bellini »<br />
15
Et avec cela elle fit un clin d’œil { Cassandre et permit à Frank de lui <strong>ou</strong>vrir<br />
le portail du jardin et de lui indiquer le racc<strong>ou</strong>rci p<strong>ou</strong>r rejoindre le quartier<br />
commercial du village. Puis Frank ferma le portail, chaleureusem<strong>en</strong>t s<strong>ou</strong>rit<br />
{ sa femme <strong>en</strong> l’attirant vers lui, puis s<strong>ou</strong>s un grand pin parasol qui<br />
surplombait le portail arrière du jardin, il l’embrassa profondém<strong>en</strong>t et<br />
t<strong>en</strong>drem<strong>en</strong>t.<br />
« Ce soir, je te ferai l’am<strong>ou</strong>r dans la piscine….Maint<strong>en</strong>ant sauve toi et profite<br />
{ fond de ta fête. Bravo, c’est super bi<strong>en</strong> organisé et tant que tu continues {<br />
avoir des sujets intéressants, continues { les organiser { la maison, j’aime<br />
bi<strong>en</strong>… C’est f<strong>ou</strong>, Natty est <strong>en</strong> train de contaminer t<strong>ou</strong>t le monde avec sa<br />
passion de l’archéologie. P<strong>ou</strong>rquoi ne pr<strong>en</strong>drions n<strong>ou</strong>s pas l’avion jusqu’{<br />
Amman p<strong>ou</strong>r filer sur Petra ? J’ai t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs v<strong>ou</strong>lu visiter cet <strong>en</strong>droit ! »<br />
Claudia n’<strong>en</strong> croyait pas ses oreilles.<br />
«Est-ce que tu pr<strong>en</strong>dras le temps de t’arracher de ton travail et de tes video<br />
confér<strong>en</strong>ces p<strong>ou</strong>r aller monter un âne <strong>ou</strong> un chameau à travers les hauteurs<br />
et les collines de Petra <strong>ou</strong> de la petite Petra ? »<br />
Sans att<strong>en</strong>dre sa réponse, elle aj<strong>ou</strong>ta :<br />
«Si tu peux, je suis prête »<br />
Elle cligna de l’œil, s<strong>ou</strong>rit, gl<strong>ou</strong>ssa et t<strong>ou</strong>rnoya vers le salon.<br />
Ginette était la g<strong>ou</strong>vernante <strong>en</strong> chef chez les Cook. Elle était chez eux depuis<br />
leur mariage, Ginette se déplaçait avec eux dans t<strong>ou</strong>tes leurs maisons. Entre<br />
Claudia et elle, t<strong>ou</strong>t allait sur des r<strong>ou</strong>lettes. Frank était gâté par sa femme et<br />
leur g<strong>ou</strong>vernante. Ginette avec ses cheveux marron et ses yeux vifs était <strong>en</strong><br />
train de mettre au travail Mike et son petit ami qui avai<strong>en</strong>t été <strong>en</strong>gagés p<strong>ou</strong>r<br />
servir aux invités de délicieux canapés. Ils étai<strong>en</strong>t adorables avec leur<br />
bonne mine. T<strong>ou</strong>s les invités comm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t le plaisir d’avoir un personnel<br />
sympathique et efficace, ce qui dev<strong>en</strong>ait une gageure <strong>en</strong> France.<br />
Personne ne v<strong>ou</strong>lait désormais travailler dans des jobs de domestiques et<br />
ces postes avai<strong>en</strong>t été occupés par des R<strong>ou</strong>mains qui se faufilai<strong>en</strong>t à travers<br />
les frontières <strong>en</strong> quête de meilleurs salaires. Ils étai<strong>en</strong>t par leur agressivité<br />
et leur manque de sérénité bi<strong>en</strong> éloignés du personnel que l’on tr<strong>ou</strong>vait lors<br />
16
des réceptions de la haute société. Le fait que t<strong>ou</strong>s les invités dévorai<strong>en</strong>t à<br />
satiété la spécialité culinaire de Ginette r<strong>en</strong>dait les choses faciles p<strong>ou</strong>r la<br />
maitresse de maison. Ginette avait préparé son délicieux artichaut au f<strong>ou</strong>r.<br />
Le jeune amant de Mike portait un plateau de céramique peint à la main où<br />
se tr<strong>ou</strong>vait un gratin d’artichaut, tandis que Mike, le neveu de Ginette,<br />
portait un panier avec des bâtonnets de parmesan fait maison. Les invités<br />
étai<strong>en</strong>t alors informés qu’il fallait les tremper dans le gratin. Des rumeurs<br />
de « uhhhm et ahhhh » accompagnai<strong>en</strong>t les s<strong>ou</strong>rires <strong>en</strong>jolivés des deux<br />
jeunes hommes qui se trém<strong>ou</strong>ssai<strong>en</strong>t d’invité <strong>en</strong> invité. <strong>La</strong> musique était<br />
légère et mélodieuse, la n<strong>ou</strong>rriture sav<strong>ou</strong>reuse et les cocktails de fruit<br />
délicieux. Mais Frank n’avait plus <strong>en</strong>vie de s’éterniser, subrepticem<strong>en</strong>t il<br />
s’était réfugié dans son bureau aménagé dans le cottage de sa propriété.<br />
Nathalie jonglait <strong>en</strong>tre son carnet de note et un énorme verre qui ne<br />
cont<strong>en</strong>ait pas d’eau pure mais son traditionnel jus d’ananas. Ginette savait<br />
que Natty adorait cette boisson invariablem<strong>en</strong>t préparée avec deux ananas<br />
pressés et de la glace pilée. C’était son propre Smoothie. « Merci ma puce »<br />
Un soleil illumina son visage dans un profond s<strong>ou</strong>rire quand elle vit à quel<br />
point Natty était satisfaite de sa boisson. Ginette se p<strong>en</strong>cha vers Natty et lui<br />
dit d’un ton de voix de conspiration, ce qui ne devait pas être <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du par<br />
les chics invités :<br />
« Tu es vraim<strong>en</strong>t intellig<strong>en</strong>te. J’adore ta façon de ficeler tes thèmes. Tu fais<br />
cela si aisém<strong>en</strong>t. C’est si vivant, je ne sais plus si tu parles des vestiges d’un<br />
lointain passé <strong>ou</strong> de nos copains <strong>en</strong>tichés de vêtem<strong>en</strong>ts recyclables à base<br />
de fibre naturelle. »<br />
Le téléphone portable de Natty vibra interrompant le comm<strong>en</strong>taire de<br />
Ginette. Mettant une main dans le bonnet gauche de son s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong> gorge p<strong>ou</strong>r<br />
saisir son téléphone t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> adressant un s<strong>ou</strong>rire à l’adresse des<br />
spectateurs ahuris, elle répondit :<br />
« Maman tu me pr<strong>en</strong>ds <strong>en</strong> plein dans ma confér<strong>en</strong>ce, on se recontacte dans<br />
la matinée Ok ? »<br />
17
Ses amis att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t patiemm<strong>en</strong>t et s<strong>ou</strong>rir<strong>en</strong>t quand elle replaça son<br />
téléphone dans son s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong> gorge.<br />
« Au moins mes seins vont servir à cela ! »<br />
Rigolant d’une façon supersonique de son comm<strong>en</strong>taire interne {<br />
connotation sexuelle, Natty se t<strong>ou</strong>rna p<strong>ou</strong>r faire face { l’écran <strong>en</strong> montrant<br />
une carte de la Méditerranée. Elle p<strong>ou</strong>rsuivit d’une voix animée et<br />
pétillante. Le public était susp<strong>en</strong>du aux lèvres de Natty tant son expression<br />
dégageait l’<strong>en</strong>th<strong>ou</strong>siasme.<br />
« Ok ! Donc si v<strong>ou</strong>s regardez cette carte sur le mur v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez localiser la<br />
ville de Troie, savez v<strong>ou</strong>s ce que Heinrish Schlieman tr<strong>ou</strong>va lors de ses<br />
f<strong>ou</strong>illes archéologiques à Troie ? Il tr<strong>ou</strong>va le Trésor de Priam. <strong>La</strong> célébrité<br />
de cet archéologue <strong>en</strong> fut r<strong>en</strong>forcée. Je rappelle que Troie est m<strong>en</strong>tionnée<br />
dans le texte d’Homère : L’Iliade et l’Odyssée. V<strong>ou</strong>s savez que de nombreux<br />
auteurs ont relaté la vie de Troie et plus particulièrem<strong>en</strong>t Virgile dans<br />
l’Enéide, qui repr<strong>en</strong>ds des faits sur la destruction de cette cité. Le mystère<br />
planant sur Troie subsiste de nos j<strong>ou</strong>rs. P<strong>en</strong>dant des siècles des<br />
générations n’ont pas cru { l’exist<strong>en</strong>ce de Troie, alors que l’on sait que trois<br />
c<strong>en</strong>t ans avant Jésus Christ, la ville de Troie était le c<strong>en</strong>tre culturel le plus<br />
important de la planète. Troie existe depuis quatre mille ans, elle est connue<br />
comme le foyer de l’origine des civilisations anci<strong>en</strong>nes. P<strong>en</strong>dant des années<br />
et des années, les g<strong>en</strong>s et plus particulièrem<strong>en</strong>t le red<strong>ou</strong>table Jacob Bryant<br />
du XVIIIème siècle, antiquaire britannique et de surcroit écrivain, croyai<strong>en</strong>t<br />
que cette cité était un mythe et n’avait jamais existé…jusqu’{ ce que, lors de<br />
f<strong>ou</strong>illes, on <strong>en</strong> déc<strong>ou</strong>vrit les vestiges. Alors elle fut connue s<strong>ou</strong>s le nom<br />
d’Ilium <strong>ou</strong> la n<strong>ou</strong>velle Ilium. Malheureusem<strong>en</strong>t les voleurs les pilleurs n’ont<br />
guère laissés de vestiges. Le plus grand pilleur { ce j<strong>ou</strong>r n’est personne<br />
d’autre que le fameux archéologue Schliemann, lequel au début du dix<br />
neuvième siècle était tant <strong>en</strong>c<strong>en</strong>sé ! Heureusem<strong>en</strong>t une n<strong>ou</strong>velle équipe<br />
allemande procède à des f<strong>ou</strong>illes et surt<strong>ou</strong>t reconstruit les ruines de Troie<br />
<strong>en</strong> utilisant des technologies avancées depuis 1988. Je suis persuadée après<br />
leur étude que Troie va r<strong>en</strong>aitre au grand bonheur des visiteurs. Il faut<br />
s<strong>ou</strong>ligner que sans le sponsor Daimler B<strong>en</strong>z les travaux à ce j<strong>ou</strong>r serai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
panne. A l’âge de bronze, Troie avait une grande influ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> raison de sa<br />
position stratégique <strong>en</strong>tre l’Europe et l’Asie. Après la guerre de Trajan, le<br />
site fut apparemm<strong>en</strong>t abandonné <strong>en</strong>tre l’an 1100 et 700 avant Jésus Christ.<br />
18
Progressivem<strong>en</strong>t, 700 ans avant Jésus Christ les Grecs s’établir<strong>en</strong>t et<br />
occupèr<strong>en</strong>t Troie. Troie fut rebaptisée s<strong>ou</strong>s le nom d’Ilium. Alexandre le<br />
Grand installa son hégémonie sur t<strong>ou</strong>te la contrée avant la fin du VIème<br />
siècle avant JC. Après la conquête de Troie par les Romains <strong>en</strong> 85 avant JC,<br />
elle fut partiellem<strong>en</strong>t restaurée par le général romain Sulla. Après<br />
l’occupation de Constantinople appelée auj<strong>ou</strong>rd’hui Istanbul, Troie perdit sa<br />
pole position. Ilium était p<strong>ou</strong>r le monde athée ce qu’est Jérusalem p<strong>ou</strong>r les<br />
chréti<strong>en</strong>s, une ville sacrée attirant une f<strong>ou</strong>le de pèlerins par la r<strong>en</strong>ommée de<br />
leurs guerres <strong>ou</strong> chagrins et l’ombre d’une sainteté réman<strong>en</strong>te. Sans<br />
exagérer n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vons dire que la voix v<strong>en</strong>ue de la colline, il y a trois c<strong>en</strong>t<br />
ans <strong>en</strong>voie ses ondes sur t<strong>ou</strong>t le monde antique et dont les échos vibr<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>core sur le monde moderne. »<br />
Les yeux verts expressifs de Natty étai<strong>en</strong>t assortis à son s<strong>ou</strong>rire puissant<br />
qui s’étalait au dessus des d<strong>en</strong>ts blanches d’une grande b<strong>ou</strong>che aux lèvres<br />
juteuses. Du c<strong>ou</strong>p, jusqu’<strong>en</strong> haut elle était respl<strong>en</strong>dissante. <strong>La</strong> personnalité<br />
de Natty était empreinte d’un vibrant et explosif s<strong>en</strong>s de l’amitié, attirant<br />
vers elle comme un aimant les g<strong>en</strong>s <strong>en</strong> dépit du fait de s’habiller comme <strong>en</strong><br />
50….A condition que la c<strong>ou</strong>pe soit ample ! Sa façon non conformiste et<br />
passionnée de clamer ses disc<strong>ou</strong>rs rivait son public au sol. Faisant valser sa<br />
jupe aut<strong>ou</strong>r de ses hanches bi<strong>en</strong> arrondies Natty chuchota <strong>en</strong> rigolant<br />
« Les filles et les garçons c’est fini …c’est le mom<strong>en</strong>t de laisser pénétrer ces<br />
histoires dans vos cerveaux imbibés de champagne…mais d’abord… Ah je<br />
vois Dominique qui n<strong>ou</strong>s signale que n<strong>ou</strong>s passons à table, je pr<strong>en</strong>drai les<br />
questions au dessert »<br />
19
CHAPITRE 3<br />
Nick prit son téléphone privé; il appela Anne Carr « Alloo »! Nick aimait<br />
l’acc<strong>en</strong>t bavarois d’Anne. Quand elle parlait, on voyait sur son visage un réel<br />
amusem<strong>en</strong>t. Il reprit : « As-tu les détails sur le rallye de Saint Tropez ? Y a-til<br />
quelque chose d’organisé <strong>ou</strong> faut-il ne compter que sur n<strong>ou</strong>s même ? Nick<br />
s<strong>ou</strong>leva le problème de location p<strong>ou</strong>r loger sur place, elle le vit dormir dans<br />
sa voiture. Elle lui répondit : « T<strong>ou</strong>t ce que tu as à faire c'est conduire et ce<br />
rallye est bi<strong>en</strong> organisé, mais puisqu'on parle de rallye p<strong>ou</strong>rquoi ne<br />
ferions-n<strong>ou</strong>s pas le Paris – Pékin ? Il reste trois mois p<strong>ou</strong>r se décider ! »<br />
Elle était confiante, elle p<strong>en</strong>sait qu’il <strong>en</strong> aurait <strong>en</strong>vie.<br />
Anne savait que, ni lui ni elle, n'<strong>ou</strong>blierait la c<strong>ou</strong>rse " Daevon Glasgow" où<br />
elle avait dû sauter du lit p<strong>ou</strong>r réparer la c<strong>ou</strong>rroie de v<strong>en</strong>tilateur. En effet,<br />
elle c<strong>ou</strong>chait au château d’Ayton Castle dans le Bewershire. Elle avait jailli<br />
de son lit p<strong>ou</strong>r changer cette fameuse c<strong>ou</strong>rroie et le dépanner.<br />
Crissie était une amie de Nick, j<strong>ou</strong>euse de polo qui pratiquait la chasse au<br />
r<strong>en</strong>ard <strong>en</strong> guise de hobby. Nick évita sa secrétaire p<strong>en</strong>dant qu’elle rangeait<br />
papier et ordinateur. Le maître d’hôtel lui préparait son repas. Il reprit au<br />
téléphone la conversation : « Que fait mon Co pilote dans le sud de la<br />
France ? »<br />
Cassandre a ses priorités et la culture ne l’est pas plus p<strong>ou</strong>r elle que la<br />
culture des giroflées. A part la mode ri<strong>en</strong> ne l'intéresse, dit-elle sans<br />
méchanceté. Nick s’<strong>en</strong>nuyait des comm<strong>en</strong>taires d’Anne, il finit par<br />
l’interrompre. « Alors ! Qui est v<strong>en</strong>u à ton dîner ? »<br />
Elle ne répondit pas aussitôt, elle alluma une cigarette. Il perçut l’odeur {<br />
distance. Elle lui répondit :<br />
20
« Oh ! Une très bonne amie, tu l’aurais adorée. Ce n’est pas une névrosée de<br />
Palm Beach »<br />
Nick remercia Gaston qui lui t<strong>en</strong>ait la chaise p<strong>ou</strong>r qu’il s’asseye. Elle<br />
raj<strong>ou</strong>ta : « Elle est différ<strong>en</strong>te des autres femmes, elle est très conc<strong>en</strong>trée<br />
sur son exposé archéologique ».<br />
Nick n'était pas très att<strong>en</strong>tif à sa conversation avec Anne. Il comm<strong>en</strong>ta<br />
d'une b<strong>ou</strong>tade :<br />
« On dirait, que tu parles d’une vieille avec des lunettes et une poitrine<br />
plate ! »<br />
« Ouaf, tu es loin du compte mon pauvre »<br />
Répondit Anne.<br />
« Imagine plutôt une femme deux fois plus forte que ce que tu peux<br />
imaginer et qui porte du 52. Elle a carrém<strong>en</strong>t 30 kg <strong>en</strong> trop, mais elle est si<br />
amusante, captivante que l’on <strong>en</strong> <strong>ou</strong>blie son poids. Elle a hérité d’une villa {<br />
Beaulieu ».<br />
<strong>La</strong> voix de Nick était calme mais son p<strong>ou</strong>ls s’était accéléré….il était<br />
ém<strong>ou</strong>stillé par ce type de femme à la Rub<strong>en</strong>s. Ce surpoids était une aubaine,<br />
sûrem<strong>en</strong>t la femme idéale ! Ce qu’il ne p<strong>ou</strong>vait imaginer qu’avec difficulté<br />
avec une femme maigre. Il avait noté que la villa de Beaulieu devait être<br />
l<strong>ou</strong>ée par cette femme si étonnante décrite par Anne. Une idée lui vint<br />
aussitôt et il lui dit dans le combiné :<br />
« Ti<strong>en</strong>s bizarre car j’ai un copain écrivain qui veut justem<strong>en</strong>t l<strong>ou</strong>er dans cet<br />
<strong>en</strong>droit. Beauc<strong>ou</strong>p d’auteurs v<strong>ou</strong>drai<strong>en</strong>t l<strong>ou</strong>er une maison p<strong>ou</strong>r écrire un<br />
b<strong>ou</strong>quin <strong>en</strong> quittant leur yacht. Moi d’ailleurs, je dois aller faire de la<br />
montgolfière au Liban. Donne-moi son fil et puis non, je n’ai pas le temps,<br />
<strong>en</strong>voie-le moi par mail »<br />
Mais elle le lui donna aussitôt. Il l’a remercia et aj<strong>ou</strong>ta :<br />
« Bonne chance p<strong>ou</strong>r ta prochaine émission radio sur les voitures de<br />
collection ».<br />
Il posa le Herald tribune. Il regarda le papier où était inscrit depuis peu le<br />
numéro de cette femme <strong>en</strong>veloppée. Il aimait se fixer des buts, il mettait des<br />
21
points aux objectifs qu’il avait atteints. Il cotait t<strong>ou</strong>t: il mit la note 8 (rareté<br />
de sa taille) à coté du numéro téléphonique de Natty.<br />
Nick adorait les femmes fortes. L'année de ses 13 ans à Beyr<strong>ou</strong>th il avait eu<br />
une n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong> âgée de 19 ans dont le poids était remarquable. Elle v<strong>en</strong>ait de la<br />
banlieue de Beyr<strong>ou</strong>th. Elle occupait une petite chambre bi<strong>en</strong> chaude sans<br />
air conditionné. Malika avait des marques de transpiration sur sa bl<strong>ou</strong>se,<br />
elle s<strong>en</strong>tait bon. De son corps émanait comme un parfum <strong>en</strong>têtant comme si<br />
elle sortait d'un bain d’ambre. Elle s<strong>ou</strong>riait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t { Nick. En<br />
cette fin d'année scolaire il fut puni à cause de ses piètres résultats<br />
scolaires. Alors qu'il était <strong>en</strong> quarantaine dans sa chambre, Malika vint<br />
poser le plateau sur une table proche d’une grande f<strong>en</strong>être qui donnait sur<br />
le jardin de famille. De la f<strong>en</strong>être on voyait la véranda où ses par<strong>en</strong>ts et amis<br />
pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>ramm<strong>en</strong>t l’apéritif avant le dîner. Malika ce soir l{ se p<strong>en</strong>cha<br />
p<strong>ou</strong>r tirer les volets. Nick <strong>en</strong>trevit le cont<strong>ou</strong>r de ses fesses avec sa taille<br />
petite et élancée et s<strong>en</strong>tit une <strong>en</strong>vie v<strong>en</strong>ant du bas du v<strong>en</strong>tre. Il fut r<strong>en</strong>versé<br />
par ce p<strong>ou</strong>voir s<strong>ou</strong>dain qui le tr<strong>ou</strong>bla. Il se demanda ce qu’il lui arrivait, le<br />
sang galopait dans son corps et son visage fixé sur elle, ses yeux se<br />
tr<strong>ou</strong>blèr<strong>en</strong>t. Il eut peur que Malika se r<strong>en</strong>dit compte de cette explosion des<br />
s<strong>en</strong>s. Elle se déplaça <strong>en</strong>tre la vitre et la table elle le regarda, inquiète, et<br />
remarqua le comportem<strong>en</strong>t de Nick, son aspect bizarre. Nick reprit une<br />
attitude plus normale <strong>en</strong> faisant un effort considérable sur lui-même. Ses<br />
s<strong>ou</strong>rcils noirs vacillai<strong>en</strong>t, il avait <strong>en</strong>core comme quelque chose de déréglé.<br />
Elle lui demanda si t<strong>ou</strong>t allait bi<strong>en</strong>, il lui répondit dans un s<strong>ou</strong>ffle non non<br />
non t<strong>ou</strong>t va bi<strong>en</strong>, p<strong>ou</strong>vez-v<strong>ou</strong>s demander qu’un de mes frères vi<strong>en</strong>ne<br />
m’assister p<strong>ou</strong>r mon problème de calcul. Malika ne lui répondit pas, s<strong>en</strong>tant<br />
que Nick lui cachait quelque chose, mais sa position ne lui permettait pas<br />
d’aller plus avant. C’était un jeune garçon tellem<strong>en</strong>t d<strong>ou</strong>x, plus mûr que ses<br />
jeunes années ne p<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t le laisser p<strong>en</strong>ser. Cette situation avait sans<br />
d<strong>ou</strong>te annihilé ses instincts de garçon dynamique et vif.<br />
22
Natty rangeait les papiers dans sa chambre <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant l’arrivée de ses<br />
par<strong>en</strong>ts à Beaulieu. On y tr<strong>ou</strong>vait un ordi extra-plat et une f<strong>ou</strong>le d’objets de<br />
gosse, de petite fille.<br />
Anne téléphona à Natty : « Nathalie c’est toi? »<br />
« Ah Anne c’est toi je n’avais pas reconnu ta voix, comme d’habitude je suis<br />
<strong>en</strong> train de faire quatre choses <strong>en</strong> même temps, raison p<strong>ou</strong>r laquelle je peux<br />
paraître distraite. En réalité je suis { des années lumière d’ici, <strong>en</strong> t<strong>ou</strong>s cas<br />
sympa d’avoir <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du ta voix, comm<strong>en</strong>t vas-tu ? Quoi de neuf ? Mais Ouh<br />
désolée de ne pas t’avoir <strong>en</strong>core téléphoné p<strong>ou</strong>r te remercier de ton dîner<br />
d’hier soir. C’était une fête géniale, j’ai rigolé p<strong>en</strong>dant des heures, désolée,<br />
par ma faute, de t’avoir mise au lit si tard mais je m’éclatais ».<br />
C’était une salutation typique de Natty: elle ne s’arrêtait même pas p<strong>ou</strong>r<br />
respirer. Ses amis ne savai<strong>en</strong>t jamais { quoi s’att<strong>en</strong>dre quand ils<br />
l’appelai<strong>en</strong>t, parfois elle aboyait, parfois distante, parfois neutre,<br />
lymphatique comme la vieille opératrice d’un standard téléphonique. De<br />
plus on ne savait jamais dans quelle langue ses bonj<strong>ou</strong>rs allai<strong>en</strong>t être émis.<br />
En fait, cela dép<strong>en</strong>dait de la dernière personne avec laquelle elle v<strong>en</strong>ait<br />
d’avoir parlé. Cela p<strong>ou</strong>vait aller du ya au yeah au <strong>ou</strong>i, hol{, ciao et ainsi de<br />
suite.<br />
« Ec<strong>ou</strong>te »<br />
Dit Anne.<br />
« Je v<strong>ou</strong>lais juste te dire qu’un de mes très bons amis vi<strong>en</strong>t de me<br />
téléphoner p<strong>ou</strong>r me parler de mon club de vieilles voitures anci<strong>en</strong>nes. On<br />
évoquait <strong>en</strong>semble la situation de nos belles voitures de collection qui sont<br />
<strong>en</strong> train de cr<strong>ou</strong>pir lam<strong>en</strong>tablem<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>ts box. En t<strong>ou</strong>s cas, je me<br />
suis permis de lui donner ton numéro de téléphone, j’espère que cela ne<br />
t’<strong>en</strong>nuie pas ? Car { ce qu’il <strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>rne, son meilleur ami est un histori<strong>en</strong><br />
très connu qui recherche une maison à l<strong>ou</strong>er dans le midi de la France et<br />
ceci le temps d’écrire son prochain livre. C’est un garçon tellem<strong>en</strong>t g<strong>en</strong>til, il<br />
23
s’appelle Nick. Bon passe moi un c<strong>ou</strong>p de fil plus tard p<strong>ou</strong>r que l’on<br />
convi<strong>en</strong>ne d’un déjeuner le week <strong>en</strong>d prochain. OK ? Ma puce à plus ! »<br />
Au même mom<strong>en</strong>t Natty (son surnom qui décrivait son coté farfelu) alla<br />
<strong>ou</strong>vrir la porte de sa petite maisonnette de pêcheur p<strong>ou</strong>r laisser <strong>en</strong>trer<br />
Simon qui v<strong>en</strong>ait p<strong>ou</strong>r un r<strong>en</strong>dez-v<strong>ou</strong>s d’affaires. En effet, elle avait investi<br />
dans ce n<strong>ou</strong>veau startup du premier low cost transatlantique. Simon v<strong>en</strong>ait<br />
lui exposer la situation, l’évolution de cette affaire.<br />
En fait, Simon vivait dans la vieille vile d’Antibes. Il faut savoir que grâce {<br />
Easy Jet Antibes, et t<strong>ou</strong>t le midi de la France était dev<strong>en</strong>u plus british que<br />
Londres ! Au mètre carré, il y a presque plus d’anglais vivant { Antibes que<br />
dans le c<strong>en</strong>tre de Londres où la plupart d'<strong>en</strong>tre eux ne peuv<strong>en</strong>t plus se<br />
permettre de vivre <strong>en</strong> raison du prix astronomique de l’immobilier.<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r Natty, tu a l’air bi<strong>en</strong> énergique ce matin, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sur les d<strong>en</strong>ts ! »<br />
Simon constata qu’<strong>en</strong> effet une f<strong>ou</strong>le d’artisans œuvrait { leurs occupations<br />
diverses.<br />
« Sur les d<strong>en</strong>ts! Oui! Car si je ne les surveillais pas, ne serait-ce qu’une<br />
seconde, bonj<strong>ou</strong>r les catastrophes! Est-ce que tu peux croire que depuis<br />
mon départ <strong>en</strong> Arg<strong>en</strong>tine, il ya cinq mois ils n’ont pas avancé d’un iota ! »<br />
Ainsi, s'exclama-t-elle <strong>en</strong> levant ses grands yeux verts irlandais au ciel dans<br />
une mimique typiquem<strong>en</strong>t méditerrané<strong>en</strong>ne.<br />
Natty avait passé des étés sans fins et même quelques hivers p<strong>en</strong>dant son<br />
adolesc<strong>en</strong>ce à Saint-Jean Cap Ferrat où son père avait possédé une des plus<br />
belles villas au monde. A cette époque, Nathalie était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs f<strong>ou</strong>rrée avec<br />
les garçons du village, ayant chopé comme un caméléon t<strong>ou</strong>s les travers de<br />
cet acc<strong>en</strong>t du midi qui donnait à son français un caractère typique. En <strong>ou</strong>tre,<br />
elle s’était approprié leur maniérisme ce qui ne faisait qu’aj<strong>ou</strong>ter { son<br />
charme. Sans d<strong>ou</strong>te parce qu’avec elle, ce n’était jamais vulgaire, car sa<br />
classe naturelle ressortait avant t<strong>ou</strong>t.<br />
« Veux-tu un café, j’allais justem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faire p<strong>ou</strong>r les <strong>ou</strong>vriers ? »<br />
Comme Simon était <strong>en</strong> train d’étaler ses dossiers sur le long canapé de<br />
coton blanc il hocha de la tête d’une manière distraite.<br />
24
« Hum, c’est délicieux merci Natty »<br />
Elle lui décocha un s<strong>ou</strong>rire explosant de bonheur <strong>en</strong> répondant<br />
« P<strong>ou</strong>r toi le café est spécial, considère-toi ici, comme un VIP »<br />
dit-elle <strong>en</strong> p<strong>ou</strong>ffant de rire p<strong>en</strong>dant qu’elle lui versait un lait de chèvre dans<br />
sa fine tasse de Limoge blanc de avec son petit pot de lait <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t. Du<br />
sucre de canne r<strong>ou</strong>x, des biscuits à la farine complète, t<strong>ou</strong>t cela participe à<br />
cette quasi cérémonie de la pause café. Comme Nathalie était constamm<strong>en</strong>t<br />
dans l’idée de perdre du poids et de vivre sainem<strong>en</strong>t, elle avait éliminé de<br />
son quotidi<strong>en</strong> t<strong>ou</strong>t ce qui était sucre blanc, farine blanche et depuis un an<br />
elle n’avait plus dans son frigidaire ni Coca et <strong>en</strong>core moins un Coca light !<br />
« OK! On a assez rigolé mettons n<strong>ou</strong>s au b<strong>ou</strong>lot, de quoi ont l’air nos<br />
chiffres ? »<br />
Elle continua.<br />
« J’ai remarqué dans le mail que Tom m’a <strong>en</strong>voyé, que certaines start up <strong>en</strong><br />
aviation avai<strong>en</strong>t levées de sérieux capitaux. Et n<strong>ou</strong>s ? Que faisons-n<strong>ou</strong>s ?<br />
Après t<strong>ou</strong>t v<strong>ou</strong>s avez déjà fait le deuxième t<strong>ou</strong>r de financem<strong>en</strong>t »<br />
Simon regarda Natty d’un regard fort calme, car il savait que tant qu’elle<br />
était t<strong>en</strong>due comme un ressort ri<strong>en</strong> de ce que l’on p<strong>ou</strong>vait lui dire p<strong>ou</strong>rrait<br />
s’incruster dans sa mémoire. Etant psychologue, il comm<strong>en</strong>ça par déballer<br />
des généralités sur les n<strong>ou</strong>veaux développem<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r la remettre au pas.<br />
Car il savait que cette approche était faite p<strong>ou</strong>r Natty. P<strong>ou</strong>r que Natty cible<br />
bi<strong>en</strong> l’objectif il fallait que l’activation de sa pompe { adrénaline fonctionne.<br />
Dès lors, elle dev<strong>en</strong>ait réceptive à son intuition. Celle-ci lui indiquait la voie<br />
{ suivre la complém<strong>en</strong>tarité indisp<strong>en</strong>sable dans la réussite d’une affaire.<br />
Dans ce cadre, elle ne se trompait jamais, ses inspirations étai<strong>en</strong>t justes, sa<br />
compréh<strong>en</strong>sion des affaires était solide, mais sa manière de faire sortant<br />
des s<strong>en</strong>tiers battus, n’était pas conv<strong>en</strong>tionnelle.<br />
P<strong>en</strong>dant cette réunion Natty n’avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs pas dit un mot, elle était assise<br />
dans un grand fauteuil avec ses grandes jambes musclées ét<strong>en</strong>dues, posées<br />
sur la grande table basse signée de Calder.<br />
A bi<strong>en</strong> la considérer, on aurait pu croire qu’elle conversait relax avec une<br />
vieille copine et non pas qu'elle était <strong>en</strong> train de participer conc<strong>en</strong>trée à une<br />
25
éunion importante où les <strong>en</strong>jeux financiers étai<strong>en</strong>t de taille. S<strong>ou</strong>dain, son<br />
téléphone vibra et la fit sursauter.<br />
« Ouais ! » répondit-elle.<br />
« Qui ? Est-ce bi<strong>en</strong> Nathalie Pettla ?»<br />
Répondit une voix tranquille , avec une diction parfaite.<br />
« Je suis Nick <strong>La</strong>ssifar, un ami de Anne Carr »<br />
« Pardon je n’ai pas saisi votre nom ! »<br />
« Nick <strong>La</strong>ssifar ! »<br />
Répéta-t-il g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t avec un s<strong>ou</strong>rire dans la voix.<br />
Il avait sans d<strong>ou</strong>te compris que Natty p<strong>ou</strong>vait être occupée. Mais avant qu’il<br />
ait eu le temps de s’excuser de l’avoir appelée { un mauvais mom<strong>en</strong>t,<br />
Nathalie qui s’était ressaisie lui dit d’une voix plus calme :<br />
« Ah <strong>ou</strong>i Anne m’avait dit que v<strong>ou</strong>s alliez appeler p<strong>ou</strong>r la location de ma<br />
villa, mais je n’avais pas réalisé que v<strong>ou</strong>s alliez m’appeler si vite car elle m’a<br />
prév<strong>en</strong>ue de votre appel il ya seulem<strong>en</strong>t une demi-heure. Ec<strong>ou</strong>tez, je suis<br />
actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réunion. Serait-ce trop v<strong>ou</strong>s demander de me recontacter<br />
dans une heure <strong>en</strong>viron ? Ceci serait génial, à ce mom<strong>en</strong>t-là je verrais ce que<br />
je peux faire p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s. ? »<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr et navré de v<strong>ou</strong>s avoir dérangée………… »<br />
Natty avait déjà décroché sans att<strong>en</strong>dre sa réponse. Elle avait fermé son<br />
portable et raccroché à sa ceinture puis reporta son att<strong>en</strong>tion sur Simon.<br />
« Vas-y Simon ! Désolée p<strong>ou</strong>r cette interruption »<br />
Simon reprit :<br />
« Ainsi que je te le disais, n<strong>ou</strong>s avons signé un contrat avec une Banque<br />
d’investissem<strong>en</strong>t qui est désormais <strong>en</strong> charge des levées de fonds<br />
d’institutionnels, et n<strong>ou</strong>s avons aussi obt<strong>en</strong>u de n<strong>ou</strong>veaux corridors de vol<br />
sur des parc<strong>ou</strong>rs europé<strong>en</strong>s à haut trafic. Par ailleurs, n<strong>ou</strong>s avons obt<strong>en</strong>u<br />
des autorités du Port de Fort Luderdale une ligne de crédit stand bye. Ces<br />
g<strong>en</strong>s là ne veul<strong>en</strong>t pas du capital mais recherch<strong>en</strong>t plutôt à attirer les<br />
26
t<strong>ou</strong>ristes à travers leur port et non celui de Miami qui est leur concurr<strong>en</strong>t<br />
direct. »<br />
Simon raj<strong>ou</strong>ta :<br />
« C’est Tom qui s’<strong>en</strong> est occupé et il faut bi<strong>en</strong> reconnaitre qu’il a fait un<br />
excell<strong>en</strong>t b<strong>ou</strong>lot, bi<strong>en</strong> qu’il n<strong>ou</strong>s manque <strong>en</strong>core cinq c<strong>en</strong>t mille $ de fonds<br />
de r<strong>ou</strong>lem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir assurer le paiem<strong>en</strong>t de certains honoraires et<br />
plus particulièrem<strong>en</strong>t ceux des banques d’Investissem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant<br />
que le financem<strong>en</strong>t majeur soit clos »<br />
Natty le regarda et perçut son inquiétude dissimulée s<strong>ou</strong>s ses propos<br />
optimistes.<br />
« Soit clair, qu’essayes-tu de me dire exactem<strong>en</strong>t ? »<br />
« P<strong>ou</strong>r être honnête, n<strong>ou</strong>s avons eu assez d’arg<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r t<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>viron un an<br />
si notre objectif avait été de rester sur des financem<strong>en</strong>ts privés, mais vue la<br />
situation du marché n<strong>ou</strong>s avons changé notre fusil d’épaule <strong>en</strong> recherchant<br />
par des banques d’investissem<strong>en</strong>t des financem<strong>en</strong>ts publics. <strong>La</strong><br />
conséqu<strong>en</strong>ce de ce changem<strong>en</strong>t est de n<strong>ou</strong>s avoir mis dans une situation où<br />
n<strong>ou</strong>s n’avons plus que quatre mois de liquidité p<strong>ou</strong>r assurer la pér<strong>en</strong>nité de<br />
l’<strong>en</strong>treprise. »<br />
Simon avait l’air embêté.<br />
« Je vais te dire quelque chose Natty, p<strong>ou</strong>rquoi n’écririons-n<strong>ou</strong>s pas à t<strong>ou</strong>s<br />
ces g<strong>en</strong>s que n<strong>ou</strong>s avions contactés au départ, lesquels étai<strong>en</strong>t intéressés au<br />
prime abord, mais rechignai<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre le risque initial d’un start up ?<br />
C’est le bon mom<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r les recontacter, n<strong>ou</strong>s avons fait du chemin,<br />
l’affaire est lancée, n<strong>ou</strong>s avons des fonds propres et n’<strong>ou</strong>blions pas que ce<br />
marché est porteur ! »<br />
Natty répondit :<br />
« Je te propose d’écrire un projet de lettre, tu l’arrangeras p<strong>ou</strong>r le mettre <strong>en</strong><br />
forme, <strong>en</strong> langage professionnel p<strong>ou</strong>r le donner à Tom et autres spécialistes<br />
<strong>ou</strong> juristes. N<strong>ou</strong>s n’avons ri<strong>en</strong> { perdre { miser sur un <strong>ou</strong> deux investisseurs.<br />
D’ailleurs { ce j<strong>ou</strong>r le risque est dev<strong>en</strong>u faible. Il faut s<strong>ou</strong>ligner que si ces<br />
banquiers se sont intéressés à notre dossier c’est qu’ils étai<strong>en</strong>t persuadés<br />
27
des fortes chances de succès. D’ailleurs ne se pay<strong>en</strong>t-ils pas ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
par des commissions de performance ? D’accord ? »<br />
Il se leva, s’étira, p<strong>en</strong>dant qu’il buvait sa tasse de café, ce café explosif que<br />
Natty lui avait concocté. T<strong>ou</strong>t à ses p<strong>en</strong>sées, son regard se perdait par delà<br />
les pel<strong>ou</strong>ses sur la baie azurée et ce depuis les f<strong>en</strong>êtres <strong>en</strong> arc de cercle de la<br />
propriété.<br />
Au fond de lui-même, par honnêteté intellectuelle, il s’av<strong>ou</strong>a que le<br />
changem<strong>en</strong>t de montage p<strong>ou</strong>rrait s’avérer une erreur.<br />
Simon compr<strong>en</strong>ait les hésitations de Natty. Mais, Tom lui payait son salaire<br />
et il était bi<strong>en</strong> payé, bi<strong>en</strong> qu’il soit payé p<strong>ou</strong>r agir et non pas p<strong>ou</strong>r donner<br />
son avis. Tom à tort <strong>ou</strong> à raison était un one man show. Parfois, il éch<strong>ou</strong>ait,<br />
parfois réussissait, mais <strong>en</strong> t<strong>ou</strong>t état de cause, il allait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs de l’avant <strong>en</strong><br />
assumant pleinem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>tes responsabilités sans jamais faire porter le<br />
poids d’un échec { quiconque. Par contre il partageait avec plaisir t<strong>ou</strong>s les<br />
succès avec son équipe. Simon ne v<strong>ou</strong>lait pas cracher dans la s<strong>ou</strong>pe, la place<br />
était bonne et <strong>en</strong> pleine crise, quelle <strong>en</strong>treprise lui aurait donné autant<br />
d’avantages ? : Vivre dans le midi de la France, grâce à la proximité de<br />
Sophia Antipolis, se t<strong>en</strong>ir à j<strong>ou</strong>r des n<strong>ou</strong>velles technologies p<strong>en</strong>dant ses<br />
heures libres. Cela ne lui permettait pas de ne pas obtempérer aux<br />
directives de son patron. Lesquelles visai<strong>en</strong>t à obt<strong>en</strong>ir de Natty une<br />
n<strong>ou</strong>velle arrivée de fonds. C’est la raison p<strong>ou</strong>r laquelle il était chez Natty<br />
mais c’était sa décision et il n’allait pas <strong>en</strong> raj<strong>ou</strong>ter.<br />
Après quelques secondes Nathalie dit :<br />
« Reparlons-<strong>en</strong> dans quelques j<strong>ou</strong>rs, et voyons ce qui va se passer. Bon! J’ai<br />
un service à te demander, je dois tr<strong>ou</strong>ver le moy<strong>en</strong> de projeter sur un mur<br />
<strong>ou</strong> sur un écran des images …p<strong>en</strong>dant que je fais ma confér<strong>en</strong>ce, car tu<br />
compr<strong>en</strong>ds, mon rôle d’orateur consiste { b<strong>ou</strong>ger, { m’intégrer au public, à<br />
être n’importe où mais surt<strong>ou</strong>t pas devant lui , car ils vont porter leur<br />
att<strong>en</strong>tion sur moi plutôt que sur ce que dis <strong>ou</strong> projettes. Je veux donc me<br />
fondre avec mon public, armée de mon petit zappeur. Tu as compris mon<br />
coco ? »<br />
Riant d’elle-même par cette parole issue du langage populaire<br />
Simon dit :<br />
28
« Je p<strong>en</strong>se que la meilleure chose ce serait que je te f<strong>ou</strong>rnisse un bip<br />
suffisamm<strong>en</strong>t petit p<strong>ou</strong>r que tu le ti<strong>en</strong>nes t<strong>ou</strong>t le temps dans la main et<br />
puisses contrôler ainsi l’ avancem<strong>en</strong>t de ta confér<strong>en</strong>ce. Cela te convi<strong>en</strong>t ? »<br />
Natty hocha la tête, ses cheveux longs b<strong>ou</strong>clés rebondissant dans t<strong>ou</strong>s les<br />
s<strong>en</strong>s alors que son att<strong>en</strong>tion dét<strong>ou</strong>rnée par le bruit mat qui v<strong>en</strong>ait du<br />
tailleur de pierre, lui fit perdre le fil de sa conversation. Ce dernier refaisait<br />
la terrasse <strong>en</strong> pierre de Jérusalem.<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r Bunny, v<strong>ou</strong>s êtes radieuse ! »<br />
Natty se dét<strong>ou</strong>rna p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>voyer un baiser d’accueil { sa maman. Celle-ci se<br />
v<strong>ou</strong>lant discrète ne v<strong>ou</strong>lait pas les déranger, elle r<strong>en</strong>voya à distance le<br />
bonj<strong>ou</strong>r { sa fille et s’adressa { Simon :<br />
« Tu vi<strong>en</strong>s ici p<strong>ou</strong>r ton petit-déjeuner ? »<br />
Dit-elle <strong>en</strong> riant et clignant des yeux avant d’aller s’asseoir s<strong>ou</strong>s le palmier<br />
d’où elle p<strong>ou</strong>vait lire son Nice Matin <strong>en</strong> suivant d’un autre œil le travail des<br />
<strong>ou</strong>vriers.<br />
Bonj<strong>ou</strong>r Madame Bunny, dit Pietro l’<strong>ou</strong>vrier. Il aimait bi<strong>en</strong> Bunny Petlah. Il<br />
savait qu’elle compr<strong>en</strong>ait mieux le français que ce qu’elle laissait paraître.<br />
Elle donnait l’impression d’être un peu timide, après t<strong>ou</strong>t qui ne le serait<br />
pas face { une langue étrangère, mais il remarqua qu’elle s<strong>ou</strong>riait et rigolait<br />
quand il parlait à ses <strong>ou</strong>vriers. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, elle p<strong>ou</strong>vait ne saisir que<br />
quelques bribes <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>ant le s<strong>en</strong>s général, mais il <strong>en</strong> d<strong>ou</strong>tait. Bunny<br />
était une femme très chaleureuse qui lui rappelait sa mère <strong>en</strong> Sardaigne,<br />
t<strong>ou</strong>te s<strong>ou</strong>riante et peu bavarde.<br />
Avant même que Simon eut le temps de répondre, Nathalie avait repéré du<br />
coin de l’œil que Pietro avait aligné les pierres d’une façon par trop<br />
symétrique.<br />
Natty d’un c<strong>ou</strong>p ne p<strong>en</strong>sa plus qu’{ sa n<strong>ou</strong>velle tâche qui était maint<strong>en</strong>ant<br />
de convaincre le tailleur de pierre que ce sol n<strong>ou</strong>veau devait paraitre<br />
Moy<strong>en</strong>âgeux. Natty bondit vers Petro: <strong>en</strong> s’accr<strong>ou</strong>pissant auprès de lui, elle<br />
lui dit :<br />
« Non ce n’est pas l{ qu’il faut mettre cette pierre, c’est l{ bas dans l’angle. »<br />
29
Pietro répondit <strong>en</strong> se rebiffant<br />
« Bon ça va, ne v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> faites pas, il suffit de me montrer, pas de<br />
problèmes ! ».<br />
Il la regarda avec respect car il comm<strong>en</strong>çait à réaliser quel chef d’œuvre<br />
elle v<strong>ou</strong>lait réaliser sur ce sol. Sa confiance <strong>en</strong> elle grandissait et ce n’était<br />
pas une femme dont il ne fallait pas t<strong>en</strong>ir compte.<br />
P<strong>en</strong>dant que Pietro parlait, Natty se saisit d’une masse et d’un stylet et<br />
comm<strong>en</strong>ça à écorner les angles de la pierre blanche de Jérusalem qu’il avait<br />
posée sur la terrasse.<br />
« Combi<strong>en</strong> de fois dois-je répéter que ce sol doit respirer la nuit des temps<br />
avec des angles effilochés? Je veux cet aspect vieux, ce vieux ress<strong>en</strong>ti par un<br />
clapissage manuel d’opus romain et non pas avec vos ordinateurs qui<br />
banalis<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t. Capice ! »<br />
Elle se f<strong>en</strong>dit de rire <strong>en</strong> voyant l’expression ébahie qui apparut sur le visage<br />
buriné de ce tailleur de pierre. Elle lui r<strong>en</strong>dit ses <strong>ou</strong>tils <strong>en</strong> lui faisant un clin<br />
d’œil. Quand elle se releva Pietro conclut <strong>en</strong> lui disant d’un s<strong>ou</strong>rire narquois<br />
« De t<strong>ou</strong>te façon j’ai compris qu’il ne fallait pas troooop discuter avec v<strong>ou</strong>s<br />
mademoiselle Nathalie, mais quel beau résultat, je vois où v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez <strong>en</strong><br />
v<strong>en</strong>ir cela comm<strong>en</strong>ce { avoir beauc<strong>ou</strong>p d’âme !, beauc<strong>ou</strong>p d’âme! Et merci<br />
p<strong>ou</strong>r le beauc<strong>ou</strong>p d’arg<strong>en</strong>t ! »<br />
Il s’était s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>u qu’au début, il ya dix huit mois les lieux n’était qu’un<br />
<strong>en</strong>droit vulgaire sans chic et sans charme. On y avait investi beauc<strong>ou</strong>p de<br />
moy<strong>en</strong>s mais c’était zéro atmosphère et maint<strong>en</strong>ant cela dev<strong>en</strong>ait grâce à<br />
Nathalie un lieu imprégné de chaleur et de d<strong>ou</strong>ceur.<br />
Natty devant sa réponse aurait pu mal le pr<strong>en</strong>dre, cep<strong>en</strong>dant elle fut assez<br />
fine p<strong>ou</strong>r compr<strong>en</strong>dre qu’elle avait gagné la partie et qu’il donnait beauc<strong>ou</strong>p<br />
de poids { son jugem<strong>en</strong>t. Si c’était le cas, il fallait sûrem<strong>en</strong>t se l’accaparer<br />
car il faisait partie de ceux qui s’impliqu<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t dans ce qu’ils font,<br />
avec le savoir et le t<strong>ou</strong>r de main indisp<strong>en</strong>sables p<strong>ou</strong>r exécuter un travail<br />
soigné et raffiné.<br />
Quant { lui, il n’<strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ait pas d’avoir vu cette femme { quatre pattes avec<br />
le stylet et le marteau ciselant les bords de la pierre p<strong>ou</strong>r qu’ils ne soi<strong>en</strong>t<br />
30
plus droits, mais qu’ils donn<strong>en</strong>t la s<strong>en</strong>sation d’une vieille pierre. D’habitude,<br />
ses cli<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>ssai<strong>en</strong>t des cris et essayai<strong>en</strong>t d’obt<strong>en</strong>ir des rist<strong>ou</strong>rnes si les<br />
pierres <strong>ou</strong> les carrelages n’étai<strong>en</strong>t pas absolum<strong>en</strong>t rectilignes. Et voici cette<br />
femme qui martèle les angles p<strong>ou</strong>r les casser ! Il p<strong>en</strong>sait, c’est { <strong>en</strong> perdre la<br />
b<strong>ou</strong>le à chaque seconde, mais cette femme est dans le vrai ! Cette femme ne<br />
fait pas fausse r<strong>ou</strong>te mais elle accomplit un chef d’œuvre <strong>en</strong> rénovant cette<br />
maison. Il réalisa, et cela fit apparaitre un s<strong>ou</strong>rire sur son visage battu par le<br />
temps, combi<strong>en</strong> il s’était trompé ! Et c’est joyeusem<strong>en</strong>t qu’il alla placer la<br />
pierre là où Nathalie le lui avait demandé.<br />
« Simon, v<strong>ou</strong>s savez ce que le tailleur p<strong>en</strong>se ? Il p<strong>en</strong>se que j’ai perdu la tête.<br />
<strong>La</strong> plupart de ses cli<strong>en</strong>ts veul<strong>en</strong>t des sols parfaitem<strong>en</strong>t posés avec une<br />
symétrie parfaite. Dans le cas prés<strong>en</strong>t, ils p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que je suis folle car moi,<br />
je les veux asymétriques quitte à me saisir moi même du marteau et du<br />
stylet. »<br />
Son téléphone se mit à sonner de n<strong>ou</strong>veau.<br />
« Att<strong>en</strong>ds une seconde Simon ! Mais où est ce maudit téléphone ?»<br />
Alors Simon se r<strong>en</strong>dit compte qu’il n’était plus d’actualité de rés<strong>ou</strong>dre le<br />
problème de Nathalie : savoir comm<strong>en</strong>t opérer p<strong>ou</strong>r régler ses projections<br />
via une télécommande utilisable <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>rs de confér<strong>en</strong>ce. Nathalie avait<br />
comm<strong>en</strong>cé à chercher par elle-même mais avait buté sur les problèmes<br />
techniques de liaison <strong>en</strong>tre une télévision à plasma et sa visionneuse.<br />
Elle avait de sérieuses difficultés p<strong>ou</strong>r mettre la main sur le téléphone, elle<br />
jeta les c<strong>ou</strong>ssins aux quatre coins de la pièce p<strong>ou</strong>r déc<strong>ou</strong>vrir l’appareil.<br />
« Aah <strong>en</strong>fin le voilà. Allo. Qui parle ? »<br />
Simon comprit que sa conc<strong>en</strong>tration allait s’évan<strong>ou</strong>ir et qu’il serait<br />
impossible de la remettre sur les rails. De t<strong>ou</strong>te façon, il aurait à faire face<br />
au même problème p<strong>ou</strong>r l’affaire de la compagnie aéri<strong>en</strong>ne et réglerait du<br />
même c<strong>ou</strong>p les deux problèmes. Il prit sa veste de lin clair et se sauva <strong>en</strong><br />
déposant un baiser sur sa j<strong>ou</strong>e, tandis qu’elle lui disait au revoir t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong><br />
p<strong>ou</strong>rsuivant sa conversation téléphonique.<br />
31
« Ok Natty j’ai pris ma veste, je me sauve, n’<strong>ou</strong>blie pas le draft p<strong>ou</strong>r les<br />
investisseurs privés, ne m’accompagne pas, je connais le chemin, et merci<br />
<strong>en</strong>core p<strong>ou</strong>r le café! »<br />
« Simon, on s’appelle très bi<strong>en</strong>tôt ! »<br />
Cria–t-elle <strong>en</strong> se ret<strong>ou</strong>rnant, car elle se dirigeait vers son bureau p<strong>ou</strong>r<br />
s’asseoir <strong>en</strong> vue de comm<strong>en</strong>cer la lettre p<strong>ou</strong>r les investisseurs. Nick<br />
téléphona de n<strong>ou</strong>veau. « Hello c’est <strong>en</strong>core Nick au fil, avez-v<strong>ou</strong>s fini votre<br />
réunion ? »<br />
<strong>La</strong> voix qui lui parvint était familière, mais elle ne put réussir à mettre un<br />
nom dessus, il lui fallut une demi seconde p<strong>ou</strong>r saisir à qui elle avait à faire.<br />
« <strong>ou</strong>iiiiiiiiiiiiiiii »<br />
Répondit-elle faisant trainer le <strong>ou</strong>i p<strong>ou</strong>r gagner du temps p<strong>ou</strong>r se<br />
repositionner cérébralem<strong>en</strong>t.<br />
«Timing parfait, ma réunion vi<strong>en</strong>t juste de finir.»<br />
Cet homme avait une voix si calme et si peu agressive ! Elle n’était pas<br />
synchronisée avec la si<strong>en</strong>ne qui faisait mille circonvolutions à la minute.<br />
Elle essaya de se calmer, sachant qu’elle avait la mauvaise habitude de<br />
liquider au plus vite les conversations. Cela p<strong>ou</strong>vait passer si elle s’adressait<br />
à des personnes familières, mais cela p<strong>ou</strong>vait paraitre déplacé vis-à-vis<br />
d’étrangers qui ne se serai<strong>en</strong>t pas s<strong>en</strong>tis { l’aise. Et puis il paraissait<br />
particulièrem<strong>en</strong>t charmant. Natty fit un effort alla s’asseoir; après 3 minutes<br />
elle comprit que la conversation avec Nick allait durer. Elle l’interrompit <strong>en</strong><br />
lui disant :<br />
« Dites moi, cela ne v<strong>ou</strong>s dérangerait pas de me rappeler sur ma ligne fixe<br />
car je crains que la batterie défaille, voici mon numéro. »<br />
«Pas de problème, je v<strong>ou</strong>s rappelle aussitôt »<br />
Alors qu’elle posait son téléphone cellulaire, elle p<strong>en</strong>sa, il est bi<strong>en</strong> élevé et<br />
calme. Ne s’imaginant pas recevoir un rappel immédiat ni dans quelques<br />
minutes elle p<strong>en</strong>sa avoir le temps de faire un saut aux toilettes. Mais le<br />
téléphone résonna aussitôt.<br />
32
« Aah, ceci est mieux je n’ai plus { m’inquiéter p<strong>ou</strong>r mes problèmes de<br />
batterie et je peux me conc<strong>en</strong>trer sur vos questions. Si j’ai bi<strong>en</strong> compris<br />
Anne quand elle m’a appelé il y a une heure et demi, il s’agirait de l’un de<br />
vos meilleurs amis qui serait intéressé p<strong>ou</strong>r l<strong>ou</strong>er la maison de mes par<strong>en</strong>ts.<br />
Savez-v<strong>ou</strong>s où elle se tr<strong>ou</strong>ve ? Car je ne veux pas être fastidieuse et v<strong>ou</strong>s<br />
décrire l’<strong>en</strong>droit si v<strong>ou</strong>s le connaissez déj{. V<strong>ou</strong>s voyez j’y passe de longs<br />
mom<strong>en</strong>ts quand je ne la l<strong>ou</strong>e pas p<strong>ou</strong>r faire quelques r<strong>en</strong>trées<br />
exceptionnelles. Mais je connais fort bi<strong>en</strong> et adore cet <strong>en</strong>droit »<br />
« Oh »<br />
Répondit Nick<br />
« Je croyais que v<strong>ou</strong>s viviez à New York selon les dires d’Anne »<br />
« Bi<strong>en</strong> ! C’est { moitié vrai, mais v<strong>ou</strong>s voyez, ma vraie passion c’est<br />
l’archéologie. ! De ce fait, je cherche part<strong>ou</strong>t, je fais des f<strong>ou</strong>illes. V<strong>ou</strong>s<br />
p<strong>ou</strong>vez compr<strong>en</strong>dre que l’on <strong>en</strong> tr<strong>ou</strong>ve plus <strong>en</strong> France qu’{ Manhattan… »<br />
« On a l’impression que v<strong>ou</strong>s êtes <strong>en</strong>tichée de votre travail et j’ai d’ailleurs<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire que v<strong>ou</strong>s êtes excell<strong>en</strong>te p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>v<strong>ou</strong>ter votre public avec<br />
hum<strong>ou</strong>r. Mais il me semble que v<strong>ou</strong>s êtes très concernée <strong>ou</strong> bi<strong>en</strong> est ce que<br />
je me trompe ? »<br />
Natty répondit<br />
« L’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t est une chose que l’on fait par le s<strong>en</strong>s du devoir, mes<br />
recherches sont une émanation de moi-même, une passion p<strong>ou</strong>r<br />
reconstituer le connu <strong>ou</strong>blié! Une curiosité sans fin.<br />
Nick répliqua :<br />
« Vu s<strong>ou</strong>s cet angle, tu t’éclates { chaque mom<strong>en</strong>t n’est-ce pas ? »<br />
Elle se mit à rire à gorge déployée.et répondit :<br />
« Oui c’est évid<strong>en</strong>t que j’y pr<strong>en</strong>ds beauc<strong>ou</strong>p de plaisir, mais la réalité est<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs là, les f<strong>ou</strong>illes cela demande le nerf de la guerre. Cela p<strong>ou</strong>rrait être<br />
le s<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du de l’année.( ?? ) Mon problème { moi c’est mon travail »<br />
Répondit Natty <strong>en</strong> riant de n<strong>ou</strong>veau.<br />
Natty raj<strong>ou</strong>ta :<br />
33
« Ce n’est pas qu’il faille être un zilionnaire (??) p<strong>ou</strong>r faire des f<strong>ou</strong>illes cela<br />
serait de la bêtise mais cela change t<strong>ou</strong>t d’<strong>en</strong> avoir car cela évite de devoir<br />
emprunter, m<strong>en</strong>dier <strong>ou</strong> voler p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir piocher. Donc soit tu as gagné à<br />
la loterie et tu as zéro problème financier, mais sinon il faut bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> tr<strong>ou</strong>ver<br />
de l'arg<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>rsuivre ton amusem<strong>en</strong>t. Ce g<strong>en</strong>re de job, quand tu l’as<br />
dans la peau, tu ne l’arrêteras peux l'arrêter que si tu fais banquer<strong>ou</strong>te <strong>ou</strong> si<br />
tu fumes les piss<strong>en</strong>lits par la racine. »<br />
<strong>La</strong> voix calme de Nick répondit :<br />
« Qui vivra verra ! »<br />
« Où vis tu ?»<br />
Demanda Natty.<br />
« Palm Beach, mais j’ai aussi une maison dans les Alpes <strong>en</strong> Suisse…. »<br />
Nathalie l’interrompit :<br />
« Est ce près de Martigny où il ya des tonnes de vestiges à fleur de terre ? »<br />
Natty aimait tant l’archéologie qu’elle avait un don p<strong>ou</strong>r, { la moindre<br />
occasion, v<strong>ou</strong>s embarquer dans sa folie <strong>ou</strong> au du moins v<strong>ou</strong>s inciter à<br />
dev<strong>en</strong>ir un appr<strong>en</strong>ti archéologue. Si elle ress<strong>en</strong>tait un coté m’as-tu vu, ? Elle<br />
elle te donnait les at<strong>ou</strong>ts p<strong>ou</strong>r briller <strong>en</strong> public, si elle ress<strong>en</strong>tait un accroc à<br />
l’adrénaline ( ?? ) elle te faisait t<strong>ou</strong>rner le moteur à mille t<strong>ou</strong>rs, si elle<br />
ress<strong>en</strong>tait un esprit de compétition, elle te faisait imaginer que la f<strong>ou</strong>le<br />
t’applaudissait t<strong>en</strong>ant le Saint Graal dans tes deux mains, les bras t<strong>en</strong>dus au<br />
dessus de ta tête.<br />
Nathalie était convaincue que la plupart des g<strong>en</strong>s ayant tr<strong>ou</strong>vé un objet lors<br />
d’une f<strong>ou</strong>ille aurait ress<strong>en</strong>ti ress<strong>en</strong>tirai<strong>en</strong>t l’excitation d’un délire amusant.<br />
P<strong>ou</strong>r Natty ce délire amusant était sa vie et cela devait être<br />
automatiquem<strong>en</strong>t celle des autres.<br />
Natty demanda à Nick :<br />
« Si tu veux, je t’<strong>en</strong>voie la liste de t<strong>ou</strong>tes les f<strong>ou</strong>illes organisées et ainsi tu<br />
n’auras plus qu’{ les contacter. Donne-moi ton mail ! »<br />
« Ok, d’accord, c’est une bonne idée, <strong>en</strong>voie sur Nick.Nick@Nick.com ».<br />
34
Nathalie est heureuse du perçu sur cet homme (??) qui est calme et<br />
approche les sujets <strong>en</strong> d<strong>ou</strong>ceur avec tranquillité. Elle aime son goût p<strong>ou</strong>r les<br />
voyages, le Moy<strong>en</strong> Ori<strong>en</strong>t, Beyr<strong>ou</strong>th, ses déplacem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> montgolfière sa<br />
passion p<strong>ou</strong>r les voitures de collection et le Polo.<br />
« Ah, tu j<strong>ou</strong>es au Polo ? Mon père et ma mère pratiquai<strong>en</strong>t ce sport dans le<br />
temps, j’aurai vraim<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>lu y j<strong>ou</strong>er mais je ne peux pas. »<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi tu ne peux pas ? »<br />
Demanda Nick perplexe.<br />
« Surt<strong>ou</strong>t que tu vi<strong>en</strong>s d’une famille de poloiste ?<br />
« P<strong>ou</strong>r être claire, je suis trop grosse p<strong>ou</strong>r avoir l’agilité que nécessite ce<br />
sport, regardez-les, ils sont t<strong>ou</strong>s minces avec des corps musclés, j’ai d’autres<br />
qualités, mais la minceur n’est pas mon fort ! »<br />
Et elle éclata avec d'un rire guttural profond lui v<strong>en</strong>ant de la gorge. Il était<br />
aussi un collectionneur de voitures anci<strong>en</strong>nes, aussi changea t’il<br />
rapidem<strong>en</strong>t de sujet p<strong>ou</strong>r parler de ses voitures de collection. Il semblait<br />
avoir une manière de p<strong>en</strong>ser modulaire, du moins c’est ce que l’on p<strong>ou</strong>vait<br />
<strong>en</strong>trevoir. Après <strong>en</strong>viron un quart d’heure de cet adorable papotage, ils<br />
p<strong>en</strong>sèr<strong>en</strong>t { contre cœur qu’il fallait raccrocher, cette conversation avait<br />
pris la t<strong>ou</strong>rnure de ses conversations sans tab<strong>ou</strong>, libres et naturelles où les<br />
deux personnes sont <strong>en</strong> parfaite harmonie, ce qui fut p<strong>ou</strong>r les deux, un<br />
agréable interlude p<strong>ou</strong>r la j<strong>ou</strong>rnée.<br />
« Bi<strong>en</strong> il faut que l’on se quitte, on se dit au revoir et bonne chance p<strong>ou</strong>r<br />
votre prochaine confér<strong>en</strong>ce radio! »<br />
Termina Nick <strong>en</strong> raccrochant. Natty reposa le combiné sur son énorme<br />
canapé <strong>en</strong> rotin et sortit par la porte f<strong>en</strong>être qui donnait sur une mer calme<br />
et bleue. Le temps était beau mais <strong>en</strong>core froid, l’eau de la mer, bi<strong>en</strong> que<br />
plate et immobile, avait cette profondeur de bleu acier.<br />
Belle certes, mais je n’ai pas <strong>en</strong>vie d’y plonger mon corps; un s<strong>ou</strong>rire c<strong>ou</strong>rut<br />
sur ses lèvres, elle se délectait de sa chance d’être dans un merveilleux<br />
<strong>en</strong>droit plutôt que de supporter les cieux gris londoni<strong>en</strong>s. Elle respira<br />
profondém<strong>en</strong>t et se leva tel un ressort, excitée de comm<strong>en</strong>cer sa j<strong>ou</strong>rnée.<br />
35
« Un garçon délicieux »<br />
P<strong>en</strong>sa-t-elle.<br />
« Il semble <strong>ou</strong>vert à t<strong>ou</strong>t et il est plaisant »<br />
Il y avait eu un tilt, un flash et elle cessa de p<strong>en</strong>ser à lui.<br />
_________________________________________________________________<br />
Bussana Vechia merveilleux village médiéval, perché sur des rochers qui<br />
surplombai<strong>en</strong>t une Méditerranée itali<strong>en</strong>ne d’un bleu sucré répandu {<br />
l’horizon. <strong>La</strong> Demoiselle de compagnie de la princesse Margareth à la C<strong>ou</strong>r<br />
d’Angleterre l’avait redéc<strong>ou</strong>vert. Une vague déferlante d’intellectualisme<br />
artistique sophistiqué, sans tab<strong>ou</strong> sexuel avait lors des années 60 <strong>en</strong>vahi ce<br />
lieu sauvage. Ce village fantôme détruit par le tremblem<strong>en</strong>t de terre de<br />
1876, abandonné { l’époque par la population, fut réhabilité { la fin du<br />
vingtième siècle.<br />
Nathalie conduisait son véhicule vers ce lieu où l’att<strong>en</strong>dais Dominique.<br />
Celle-ci lui avait organisé un exposé sur l’histoire qui suivit la déc<strong>ou</strong>verte<br />
archéologique d’objets qui avait été exhumés lors de l’arrivée de ces hippies<br />
« People ». Les g<strong>en</strong>s du village, qui avai<strong>en</strong>t subi les conséqu<strong>en</strong>ces du<br />
tremblem<strong>en</strong>t de terre <strong>en</strong> abandonnant t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> un instant, avai<strong>en</strong>t<br />
reconstruit leur maison <strong>en</strong> récupérant le peu qu’il restait. Cette n<strong>ou</strong>velle<br />
implantation devint Bussana Nova.<br />
Son portable lui annonça un SMS. « Zut ! » Dit-elle <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sant :<br />
« Ce n’est pas facile de r<strong>ou</strong>ler le long de ses r<strong>ou</strong>tes sinueuses. <strong>La</strong> sortie de la<br />
plupart de ces virages est aveugle, la majorité des g<strong>en</strong>s qui conduis<strong>en</strong>t sur<br />
ces r<strong>ou</strong>tes sont ces g<strong>en</strong>s du coin qui connaiss<strong>en</strong>t les virages par cœur. Ils ont<br />
aussi la fâcheuse et dangereuse habitude de croire qu’ils sont les seuls {<br />
savoir où et comm<strong>en</strong>t agir sur ses r<strong>ou</strong>tes peu fréqu<strong>en</strong>tées. Les autres<br />
ignor<strong>en</strong>t la spécificité de ses c<strong>ou</strong>rbes. Ils ne saisiss<strong>en</strong>t pas le danger de<br />
conduire au milieu de ces rois du volant. »<br />
Ainsi il était hors de question compte t<strong>en</strong>u de cela de regarder son portable<br />
p<strong>ou</strong>r connaître la t<strong>en</strong>eur du texto reçu. Elle se s<strong>ou</strong>vint quand elle aborda la<br />
ligne r<strong>ou</strong>ge de la Moy<strong>en</strong>ne Corniche que la r<strong>ou</strong>te allait dev<strong>en</strong>ir plus large et<br />
droite. P<strong>ou</strong>r Natty, c’était un exploit d’arriver { conduire prudemm<strong>en</strong>t, car<br />
36
elle était incroyablem<strong>en</strong>t curieuse et ne p<strong>ou</strong>vait résister { l’<strong>en</strong>vie de<br />
décrocher lors d’une sonnerie <strong>ou</strong> de lire un E Mail. Après t<strong>ou</strong>t, elle finit par<br />
conclure qu’elle savait désormais ce qu’était pr<strong>en</strong>dre un virage. C’était une<br />
métaphore. Natty vivait le mom<strong>en</strong>t <strong>en</strong> projetant ses buts, car elle <strong>en</strong> avait à<br />
foison ! Elle se conc<strong>en</strong>tra furieusem<strong>en</strong>t sur ce qu’elle avait mis au point avec<br />
Dominique. Il fallait qu’elle soit claire cette après midi lors de son speech.<br />
Celui-ci avait été commandé par Dominique <strong>en</strong> tant que directeur régional<br />
<strong>en</strong> charge de l’événem<strong>en</strong>tiel. Natty se reposait sur la solidité inébranlable<br />
de Dominique qui était solide comme un roc, comme le pignon de Gibraltar.<br />
Elle possédait à fonds son sujet, cela devait bi<strong>en</strong> se passer, mais il ne<br />
s’agissait pas de gaspiller du temps. En conséqu<strong>en</strong>ce, elle se devait d’avoir<br />
des idées nettes sur la façon dont elle v<strong>ou</strong>lait procéder <strong>en</strong> évitant surt<strong>ou</strong>t le<br />
bla bla. Dominique détestait les g<strong>en</strong>s qui parlai<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r ne ri<strong>en</strong> dire, elle ne<br />
le disait jamais, mais chacun p<strong>ou</strong>vait s<strong>en</strong>tir qu’il valait mieux être direct et<br />
surt<strong>ou</strong>t pas hors sujet. Dominique opérait <strong>en</strong> Mach2 !<br />
Au mom<strong>en</strong>t <strong>ou</strong> Natty arrivait dans l’allée étroite, m<strong>en</strong>ant aux marches d’un<br />
escalier situé au bas du village médiéval, la sonnerie de son téléphone<br />
ret<strong>en</strong>tit annonçant un message. Cette fois ayant pu s’arrêter elle put voir :<br />
« Hum ! 4 messages inconnus ! curieux ! »<br />
Se demandant de qui cela p<strong>ou</strong>vait être. Elle réalisa rapidem<strong>en</strong>t que c’était<br />
une suite du même SMS, le message étant trop long p<strong>ou</strong>r t<strong>en</strong>ir sur une seule<br />
page de l’écran de son appareil.<br />
« Nathalie, merci p<strong>ou</strong>r le temps que tu m’as consacré, je projette de voyager<br />
la dernière semaine de mars vers l’Europe. P<strong>ou</strong>rrions-n<strong>ou</strong>s retr<strong>ou</strong>ver à<br />
Milan <strong>ou</strong> Paris ?<br />
« Il va de soi que je v<strong>ou</strong>s c<strong>ou</strong>vre vos frais de déplacem<strong>en</strong>t et les frais<br />
connexes. Je vais habiller le t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> honoraires de consultation immobilière.<br />
Entre temps, ne perdez pas trop de poids, il ya tant de femmes qui<br />
ressembl<strong>en</strong>t à de petits garçons et les hommes, ceux qui sont de vrais<br />
hommes, préfèr<strong>en</strong>t leurs femmes voluptueuses ! A ceci je dois aj<strong>ou</strong>ter, j’ai<br />
adoré votre passion p<strong>ou</strong>r le sport, ainsi que votre passion p<strong>ou</strong>r le travail,<br />
car je suis un accroc de la passion»<br />
Une perplexité totale apparue sur son visage. Natty par quatre fois appuya<br />
sur le b<strong>ou</strong>ton p<strong>ou</strong>r relire ce texte <strong>en</strong> croyant halluciner. Se r<strong>en</strong>dant compte<br />
37
de t<strong>ou</strong>t l’hum<strong>ou</strong>r que cela comportait, son s<strong>ou</strong>rire muta <strong>en</strong> un esclaffem<strong>en</strong>t<br />
de rire, si bruyant que Dominique l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit { 10 mètres. Mais Dominique<br />
levant son regard, fut étonnée de réaliser que Nathalie n’était pas au<br />
téléphone, mais riait t<strong>ou</strong>te seule.<br />
« Qu’est ce qui est si drôle ? Est-ce drôle à ce point ? Cela doit être<br />
hystériquem<strong>en</strong>t drôle de la manière dont tu rigoles t<strong>ou</strong>te seule ! »<br />
Elle se s<strong>ou</strong>vint de la blague que sa copine Christina lui avait <strong>en</strong>voyé par<br />
SMS, p<strong>ou</strong>r faire bonne figure, elle la lui balança sans réfléchir.<br />
Dominique s’<strong>en</strong> amusa, bi<strong>en</strong> que son instinct lui dictait que Natty lui cachait<br />
quelque chose.<br />
« Bof, Natty avait droit à ses secrets ».<br />
Nathalie éc<strong>ou</strong>ta son sixième s<strong>en</strong>s qui la prév<strong>en</strong>ait d’occulter le message de<br />
Nick.<br />
Le monde <strong>en</strong>tier p<strong>en</strong>sait t<strong>ou</strong>t savoir sur Natty, parce qu’elle s’<strong>ou</strong>vrait<br />
facilem<strong>en</strong>t aux g<strong>en</strong>s sans la moindre ret<strong>en</strong>ue. Elle était la première à rire<br />
d’elle-même. En fait, personne ne l’avait vraim<strong>en</strong>t déc<strong>ou</strong>vert, pas même<br />
elle-même, car elle évitait de « s’introspecter » et plus particulièrem<strong>en</strong>t sur<br />
ce qui t<strong>ou</strong>che aux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts et émotions. En dépit d’une attitude assurée,<br />
elle ne l’était pas. <strong>La</strong> raison profonde v<strong>en</strong>ait de sa taille de baleine, qui <strong>en</strong><br />
dehors des périodes sporadiques de petite (taille 44 !), avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs été<br />
démesurée au c<strong>ou</strong>rs de sa vie. Jamais trop concernée par son surpoids car<br />
cela sortait de ses préoccupations quotidi<strong>en</strong>nes. En effet, jusqu’{ 17 ans elle<br />
était dans les équipes compétitions de natation et de ski. Elle avait<br />
suffisamm<strong>en</strong>t d’av<strong>en</strong>tures p<strong>ou</strong>r la garder pétillante, elle j<strong>ou</strong>ait au t<strong>en</strong>nis,<br />
chassait à c<strong>ou</strong>r, et était une m<strong>en</strong>euse de fêtes sans pareil. Grâce à ses<br />
déc<strong>ou</strong>vertes de c<strong>ou</strong>turières habiles, elle était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs superbem<strong>en</strong>t habillée<br />
donc elle avait ainsi le beurre et l’arg<strong>en</strong>t du beurre ! Mais………….t<strong>ou</strong>t au<br />
moins stupide ! Elle ne l’était pas ! Elle savait très bi<strong>en</strong> qu’elle était aimée <strong>en</strong><br />
principe p<strong>ou</strong>r sa personnalité « relax » et chaleureuse et que grâce à Dieu il<br />
y avait de temps <strong>en</strong> temps des hommes qui flippai<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r la version V<strong>en</strong>us<br />
<strong>en</strong> d<strong>ou</strong>ble XL. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du il fallait aussi qu’ils lui plais<strong>en</strong>t, mais avait-elle<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le choix ? Après une période très exceptionnelle de sa vie <strong>ou</strong> elle<br />
avait pris 39 kilos elle avait explosé la <strong>balance</strong> à 106 kilos terme de sa<br />
38
éunion au sommet. Elle avait complètem<strong>en</strong>t redessiné son abdom<strong>en</strong> avec<br />
une toile de vergetures qui était apparue durant le temps d’un clin d’œil.<br />
« En v’l{ une bonne ! »<br />
Juste au mom<strong>en</strong>t <strong>ou</strong> je décide de maigrir voici la t<strong>en</strong>tation de Dieu un<br />
homme me dit « reste grosse » ! En insinuant que je serais plus sexy grosse<br />
que mince ! Juste { l’instant, <strong>ou</strong> je suis prête { inverser le s<strong>en</strong>s des choses<br />
voici la t<strong>en</strong>tation de plaire <strong>en</strong> restant grosse, voilà la triste vérité ! Rigola-telle.<br />
Mais <strong>en</strong> un c<strong>ou</strong>rs mom<strong>en</strong>t, elle vit passer t<strong>ou</strong>s les gâteaux et fantaisies<br />
culinaires t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant un homme heureux. Elle retomba sur terre, car<br />
son bon s<strong>en</strong>s l’interpellait, vue son âge et son poids c’était maint<strong>en</strong>ant<br />
médical, il fallait qu’elle maigrisse ! De t<strong>ou</strong>te façon elle n’avait aucun risque<br />
d’avoir l’aspect d’une anorexique avec la peau sur les os, car elle s<strong>en</strong>tait<br />
qu’elle serait de t<strong>ou</strong>te façon grass<strong>ou</strong>illette. Armée d’un r<strong>en</strong><strong>ou</strong>veau de<br />
détermination, elle posa son ordinateur sur la table de salle à manger de<br />
Dominique <strong>en</strong> disant fermem<strong>en</strong>t : «au b<strong>ou</strong>lot ! ».<br />
Dans un « balai » parfait avec le technici<strong>en</strong> du son, l’électrici<strong>en</strong>, les ag<strong>en</strong>ts de<br />
sécurité p<strong>ou</strong>r protéger les objets préhistoriques, et Dominique { l’<strong>en</strong>trée<br />
p<strong>ou</strong>r vérifier les billets des participants, elle comm<strong>en</strong>ça son show avec une<br />
synchronisation digne d’un opéra. Cette confér<strong>en</strong>ce se prolongea une bonne<br />
partie de l’après midi. Cinq heures plus tard. L’énergie bi<strong>en</strong> dép<strong>en</strong>sée, Natty<br />
sur le chemin du ret<strong>ou</strong>r, desc<strong>en</strong>dant la r<strong>ou</strong>te incurvée vers la mer.<br />
Tremblante <strong>en</strong>core de l’excitation d’avoir planché <strong>en</strong> public et des<br />
ramifications futures, perdue dans ses p<strong>en</strong>sées, le téléphone sonna,<br />
l’arrachant { ses rêveries.<br />
« Nathalie, Hello ici Nick, j’espère que je v<strong>ou</strong>s dérange pas !<br />
« Heuh, non, non pas du t<strong>ou</strong>t, je suis seulem<strong>en</strong>t surprise de v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
<strong>en</strong>core, c’est bi<strong>en</strong> agréable.»<br />
Répondit-elle.<br />
« Je v<strong>ou</strong>lais savoir si v<strong>ou</strong>s aviez bi<strong>en</strong> reçu mon texto ? »<br />
Demanda Nick d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t.<br />
« Bi<strong>en</strong> ! P<strong>ou</strong>r être t<strong>ou</strong>t à fait honnête, je les ai reçu mais comme ils étai<strong>en</strong>t<br />
étalés sur quatre <strong>en</strong>vois différ<strong>en</strong>ts, j’étais un peu confuse car quand je les<br />
39
place l’un derrière l’autre il ya un manque de logique. J’ai du <strong>en</strong> perdre un<br />
au passage ! »<br />
« Natty, dans ce cas là, je vais te les r<strong>en</strong>voyer »<br />
« Non non ! P<strong>ou</strong>vez-v<strong>ou</strong>s me les transmettre plutôt par mail, je tr<strong>ou</strong>ve<br />
quand même plus aisé de lire les messages sur mon ordinateur plutôt que<br />
de faire sans cesse des pr<strong>ou</strong>esses, avec t<strong>ou</strong>s ces b<strong>ou</strong>tons du téléphone, p<strong>ou</strong>r<br />
réussir à choper quelques phrases ! Est-ce que cela v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>nuie ? demandat-elle.<br />
« Oh non pas du t<strong>ou</strong>t »<br />
Dit Nick<br />
« Je vis avec la technologie Blackberry et p<strong>ou</strong>r moi c’est du « n<strong>ou</strong>gat »! »<br />
Après que Nathalie eut épelé à Nick son adresse E mail et <strong>en</strong>voyé un<br />
s<strong>ou</strong>riant au revoir, elle lui promit de lui rev<strong>en</strong>ir après avoir lu son message<br />
<strong>en</strong> format E mail.<br />
Avant qu’elle ait eu le temps de passer son prochain c<strong>ou</strong>p de fil, elle reçut<br />
sur son ordinateur un avis qu’un n<strong>ou</strong>veau message v<strong>en</strong>ait de lui parv<strong>en</strong>ir.<br />
« Trop de femmes ressembl<strong>en</strong>t à des garçons alors que la plupart des<br />
hommes préfèr<strong>en</strong>t les femmes voluptueuses. Quant à moi le type sportif et<br />
intellectuel m’intrigue. Je tâcherai d’aller dans le Midi et éc<strong>ou</strong>ter une de vos<br />
fameuses confér<strong>en</strong>ces, mais <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant ne perdez pas trop de poids.<br />
Amitiés Nick »<br />
S’<strong>en</strong>fonçant de plus <strong>en</strong> plus dans son canapé, abas<strong>ou</strong>rdie par ce qu’elle<br />
v<strong>en</strong>ait de percevoir, elle s<strong>en</strong>tit monter <strong>en</strong> elle un frémissem<strong>en</strong>t chaud<br />
d’excitation des s<strong>en</strong>s.<br />
« Cela ressemble furieusem<strong>en</strong>t { un test p<strong>ou</strong>r m’empêcher de maigrir »<br />
P<strong>en</strong>sa t’elle, se demandant si elle serait assez forte p<strong>ou</strong>r ne pas céder {<br />
cette invitation du diable. T<strong>ou</strong>te cette situation lui semblait plaisante et<br />
agréable { vivre. Cela l’amusait. En vérité, elle ne savait pas réellem<strong>en</strong>t<br />
p<strong>ou</strong>rquoi, mais il y avait quelque chose qui flottait dans l’air, insaisissable.<br />
<strong>La</strong> j<strong>ou</strong>rnée fila à t<strong>ou</strong>te allure, Natty sautant du téléphone aux <strong>ou</strong>vriers,<br />
40
éc<strong>ou</strong>tant les uns et les autres avec t<strong>ou</strong>s leurs projets, mais gardant <strong>en</strong> tête<br />
que les si<strong>en</strong>s, p<strong>ou</strong>r lesquels il lui manquait déjà du temps.<br />
Elle aimait le parc<strong>ou</strong>rs de l’action, de t<strong>ou</strong>te idée n<strong>ou</strong>velle. En fait, Natty<br />
dev<strong>en</strong>ait t<strong>ou</strong>t aussi excitée p<strong>ou</strong>r les idées de ses amis que p<strong>ou</strong>r les si<strong>en</strong>nes.<br />
Les autres l’utilisai<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r mieux rebondir dans leurs projets. Parfois<br />
efficace, parfois sans solution.<br />
Nathalie assise au soleil c<strong>ou</strong>chant sur sa terrasse, dominant les rochers<br />
baignés par une mer iodée, ress<strong>en</strong>tit dans son être la d<strong>ou</strong>ceur romantique<br />
de la Nature.<br />
<strong>La</strong> vie de Natty était à la fois simple et compliquée à saisir. Elle ne manquait<br />
de ri<strong>en</strong>, ses rev<strong>en</strong>us lui permettai<strong>en</strong>t de satisfaire pleinem<strong>en</strong>t ses <strong>en</strong>vies les<br />
plus s<strong>ou</strong>daines. Ivre de se livrer à mille idées, elle <strong>en</strong> profitait p<strong>ou</strong>r se<br />
déplacer, voyager et r<strong>en</strong>contrer mille personnes p<strong>ou</strong>r creuser, approfondir<br />
ses recherches. Natty était heureuse, elle n’avait pas une minute { elle p<strong>ou</strong>r<br />
se laisser aller. Elle n’avait pas d’homme dans sa vie et cela ne la gênait<br />
nullem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> richesse des mom<strong>en</strong>ts passés ne laissait peu de place aux<br />
plaisirs des s<strong>en</strong>s. Le sexe n’était pas une priorité, mais au fond d’elle-même<br />
n’y avait il pas un plaisir n<strong>ou</strong>veau, indéfini, impalpable { se s<strong>en</strong>tir attirante !<br />
Elle avait un homme dans son cœur. Elle avait pris sur elle-même de<br />
résister depuis longtemps au t<strong>ou</strong>rbillon de l’am<strong>ou</strong>r avec lui, mais avait<br />
finalem<strong>en</strong>t succombé aux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Quelle s<strong>en</strong>sation d’avoir { ses cotés<br />
Hubert, de partager le temps, les rires, la chaleur ! Mais ce n’était pas le cas,<br />
du moins p<strong>ou</strong>r le mom<strong>en</strong>t. Hubert était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs par monts et par vaux.<br />
Nathalie se s<strong>ou</strong>vint de la relation téléphonique qu’elle eut avec lui t<strong>ou</strong>t au<br />
début. Comme Hubert vivait dans un autre pays, ce n’est que par le fil qu’ils<br />
pur<strong>en</strong>t parler, rire et même faire l’am<strong>ou</strong>r. Mais, chaque fois <strong>ou</strong> presque, elle<br />
lui parlait alors qu’il se tr<strong>ou</strong>vait soit dans une autre ville soit dans un autre<br />
pays. Il c<strong>ou</strong>rrait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs. Nathalie avait p<strong>en</strong>sé { l’époque que aussitôt son<br />
projet fini, il finirait bi<strong>en</strong> par ret<strong>ou</strong>rner dans son village natal p<strong>ou</strong>r l’inviter<br />
{ v<strong>en</strong>ir passer un week <strong>en</strong>d, mais cela n’arriva jamais. Hubert voyageait <strong>en</strong><br />
semaine, les week <strong>en</strong>d et p<strong>ou</strong>r les vacances. C’était sa manière de vivre,<br />
c’était sa vie, et il dev<strong>en</strong>ait évid<strong>en</strong>t que Nathalie n’y avait pas sa place<br />
surt<strong>ou</strong>t sur une base d’une durée j<strong>ou</strong>rnalière. Il était difficile de savoir<br />
comm<strong>en</strong>t cette chimie <strong>en</strong>tre deux avait pu se réaliser !<br />
41
Les m<strong>ou</strong>ettes posées sur les rochers <strong>en</strong> face de la terrasse, d’où Natty<br />
admirait la vue, fur<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t quand, de leurs ailes déployées,<br />
elles s’<strong>en</strong>volai<strong>en</strong>t s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t faisant des cercles dans le ciel, p<strong>ou</strong>r<br />
repartir aussitôt dans des plongeons vifs et rapides. <strong>La</strong> plupart du temps, il<br />
était curieux de constater qu’elles v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t se reposer sur le même rocher.<br />
Avec ses pieds sur la balustrade, se basculant <strong>en</strong> arrière dans son<br />
confortable fauteuil directorial elle se laissa planer, sur son rêve avec<br />
Hubert, { se blottir dans ses bras, sachant combi<strong>en</strong> ce qu’elle s<strong>ou</strong>haitait<br />
n’avait que peu de chance de se produire, t<strong>ou</strong>t au moins dans un proche<br />
av<strong>en</strong>ir. Ce fut dans un choc de réalisme qu’elle s<strong>en</strong>tit qu’elle voyait juste<br />
dans sa vision du futur sachant combi<strong>en</strong> il lui fallait vivre le prés<strong>en</strong>t. Elle<br />
p<strong>en</strong>sa :<br />
« Ne tombes pas dans le piège, vis chaque mom<strong>en</strong>t et pr<strong>en</strong>ds maint<strong>en</strong>ant ce<br />
qui passe ! »<br />
<strong>La</strong> p<strong>en</strong>dule faisait son TIC TAC. Au mom<strong>en</strong>t où le soleil fondait { l’horizon, la<br />
lune comm<strong>en</strong>ça à répandre sa lueur sur la baie. Nathalie se leva ferma les<br />
volets p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>trer dans son salon c<strong>ou</strong>c<strong>ou</strong>ne et élégant. Elle aimait chaque<br />
recoin de sa maison, car c’était la première fois de sa vie qu’elle avait<br />
réalisé, <strong>en</strong> partant de zéro, t<strong>ou</strong>te la conception de son refuge. Bi<strong>en</strong> que ce fût<br />
qu’une petite dép<strong>en</strong>dance dans la grande propriété de ses par<strong>en</strong>ts, il n’y<br />
avait pas une pierre <strong>ou</strong> une c<strong>ou</strong>leur de peinture dont elle n’eut pas pesé<br />
chaque détail. Elle y avait passé un temps f<strong>ou</strong> ! T<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs <strong>en</strong> chasse, <strong>ou</strong><br />
f<strong>ou</strong>inant p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver une c<strong>ou</strong>leur, une forme et faute d’avoir eu<br />
satisfaction, elle confiait { un artisan qu’elle avait déniché la réalisation de<br />
sa propre vision des choses. Elle j<strong>ou</strong>issait de chaque <strong>en</strong>droit, de chaque<br />
chaise, canapé <strong>ou</strong> objets d’art lui permettant une complète satisfaction dans<br />
la s<strong>en</strong>sation du bi<strong>en</strong> être.<br />
Elle pointa ses mails <strong>en</strong> répondant aux plus importants. Elle décida de<br />
travailler quelques heures sur ses travaux de porcelaine. Elle s’y exerçait<br />
avec tal<strong>en</strong>t, dans la décoration d’assiettes, d’une façon quelque peu kitsch<br />
au moy<strong>en</strong> de proverbes ludiques peintes <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>leurs gaies qui faisai<strong>en</strong>t<br />
éclater de rire ses invités lors de ses déjeuners <strong>ou</strong> diners. Bi<strong>en</strong> qu’elle fût<br />
bruyante, <strong>ou</strong> papotant chaque instant avec quelqu’un, elle vivait seule, dans<br />
cette villa, où elle pr<strong>en</strong>ait plaisir à éc<strong>ou</strong>ter le sil<strong>en</strong>ce. Elle se rappela<br />
42
combi<strong>en</strong> elle avait changé sur ce point car la musique marchait à tue tête<br />
dans son studio qu’elle occupait jadis { Londres.<br />
« Ceci est <strong>en</strong>core une phase de mon évolution »<br />
P<strong>en</strong>sa t’elle alors que<br />
« J’étais t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sur (GO), maint<strong>en</strong>ant j’opère t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sur (BE),<br />
maint<strong>en</strong>ant je me ress<strong>ou</strong>rce dans le sil<strong>en</strong>ce de mes propres p<strong>en</strong>sées.<br />
Le j<strong>ou</strong>r suivant<br />
Les bruits matinaux la sort d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t de ses rêves. Elle dort la f<strong>en</strong>être<br />
<strong>ou</strong>verte p<strong>ou</strong>r percevoir les vagues léchant les rochers. <strong>La</strong> baie se réveille<br />
avec le son saccadé des bateaux de pécheurs : « les pointues » qui se<br />
déplac<strong>en</strong>t aut<strong>ou</strong>r de la baie relevant leurs filets regorgeant de poissons<br />
p<strong>ou</strong>r les v<strong>en</strong>dre sur le marché situé sur la place du village. Dans ce village<br />
qui est un des plus aromatiques du Midi, le marché est dev<strong>en</strong>u un<br />
évènem<strong>en</strong>t notablem<strong>en</strong>t connu de M<strong>en</strong>ton à Marseille. <strong>La</strong> plupart des<br />
produits figurant aux étalages sont de production locale et on vi<strong>en</strong>t de t<strong>ou</strong>s<br />
les al<strong>en</strong>t<strong>ou</strong>rs p<strong>ou</strong>r y faire les achats dont la fraicheur et la s<strong>en</strong>teur <strong>en</strong>ivr<strong>en</strong>t.<br />
On y tr<strong>ou</strong>ve des fleurs, des épices, des herbes, des cakes fait « maison », des<br />
jambons et surt<strong>ou</strong>t le pain au levain { l’aspect cr<strong>ou</strong>stillant.<br />
C’était un des rares marchés où les produits ont <strong>en</strong>core leur goût, même<br />
après les avoir cuisinés ! Ce marché est d’autant plus un vrai marché dans la<br />
mesure où il opère t<strong>ou</strong>t au long de l’année, chaque j<strong>ou</strong>r, { l’exception des<br />
lundis, et qui plus est, ne ferme pas lorsque la masse des t<strong>ou</strong>ristes t<strong>ou</strong>rne le<br />
dos { la veille de l’hiver. C’est { n’<strong>en</strong> pas d<strong>ou</strong>ter la pulsion motrice de la ville.<br />
Avant d’avoir pris son petit déjeuner, elle pointe chaque matin ses E mails<br />
afin de voir si ri<strong>en</strong> d’important n’était arrivé p<strong>en</strong>dant la nuit. Et il y avait<br />
une adresse qui jusqu’{ maint<strong>en</strong>ant n’était pas familière, mais qui allait s<strong>ou</strong>s<br />
peu le dev<strong>en</strong>ir !<br />
Explosant sur sa messagerie apparut :<br />
43
« Natalia, il ya un vieux dicton : Il n’ ya pas de meilleur médicam<strong>en</strong>t que le<br />
rire, je suis presque d’accord, { mon avis le premier médicam<strong>en</strong>t est plutôt<br />
le sport et le deuxième : la rigolade ! Malheureusem<strong>en</strong>t les lignes<br />
téléphoniques d’auj<strong>ou</strong>rd’hui sont digitales masquant les pulsions, mais ai-je<br />
tort de p<strong>en</strong>ser que dans notre conversation une étincelle a jailli ?...Le temps<br />
n<strong>ou</strong>s le dira ! Nick. »<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi cet homme a-t-il besoin de médicam<strong>en</strong>t ? Est-ce que sa vie est<br />
aussi triste p<strong>ou</strong>r qu’une conversation amicale et débridée puisse justifier ce<br />
type d’E Mail ? P<strong>ou</strong>rtant hier, il semblait bi<strong>en</strong> maître de lui p<strong>en</strong>dant notre<br />
conversation et fort peu celui d’un homme { la recherche d’un réconfort. »<br />
P<strong>en</strong>dant qu’elle était <strong>en</strong> train de visualiser la personnalité de cet homme<br />
charmant, Un autre E mail apparut.<br />
« Juste une idée ! Un ami m’a très g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t prêté son avion p<strong>ou</strong>r la<br />
semaine prochaine, comme je dois régler quelques problèmes dans ma villa<br />
<strong>en</strong> Sardaigne. Mon idée est de v<strong>en</strong>ir v<strong>ou</strong>s chercher samedi, soit { l’aéroport<br />
privé de Cannes <strong>ou</strong> de Nice, est de continuer sur Olbia. En partant vers 15h<br />
on arriverait vers 16h. Je p<strong>ou</strong>rrai v<strong>ou</strong>s réserver soit au Romazzino <strong>ou</strong> au<br />
Cervo selon leurs disponibilités. Moi, je resterai au Yacht Club de Porto<br />
Cervo. Diner samedi soir, déjeuner dimanche, ret<strong>ou</strong>r dimanche après midi.<br />
Prière faire pause avec vos <strong>ou</strong>vriers !<br />
Si tu aimes bi<strong>en</strong> cette idée, fais le moi savoir. Ainsi, on p<strong>ou</strong>rra se r<strong>en</strong>contrer.<br />
S’il te plait ne t<strong>ou</strong>che pas un mot { Anne Carr de cet <strong>ou</strong>trageuse proposition,<br />
car n<strong>ou</strong>s sommes amis de longue date et je ne v<strong>ou</strong>drai pas qu’elle p<strong>en</strong>se que<br />
je suis indiscret avec une personne qu’elle m’a prés<strong>en</strong>té. »<br />
Dire que ce mail laisse Natty indiffér<strong>en</strong>te serait un m<strong>en</strong>songe, cela lui laissa<br />
un titillem<strong>en</strong>t de bonne humeur et un amusant s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t du goût de<br />
l’inconnu. <strong>La</strong> difficulté majeure v<strong>en</strong>ait de r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s qu’elle avait bloqués<br />
p<strong>ou</strong>r le week <strong>en</strong>d. Mais elle réalisa très vite que ces r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t<br />
être annulés <strong>en</strong> y mettant les formes et sans <strong>en</strong> dévoiler les causes. Elle<br />
savait bi<strong>en</strong> que ce qui lui arrivait devait rester top secret. Dans le style de<br />
Shakespeare elle p<strong>ou</strong>vait p<strong>en</strong>ser :<br />
« Y vais-je <strong>ou</strong> n’y vais-je pas ! D’une part mes r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s n’ont pas<br />
d’importance majeure, d’autre part que me veut cet homme ? »<br />
44
Elle livrait bataille contre sa peur d’être mal perçue, dans sa réputation de<br />
femme honnête, cette peur étant alim<strong>en</strong>tée par son éducation catholique<br />
BCBG.<br />
« Eh puis tant pis »<br />
P<strong>en</strong>sa t’elle.<br />
« C’a peut être trop génial. Comme je le prêchais hier soir, il faut saisir<br />
chaque instant p<strong>ou</strong>r j<strong>ou</strong>ir de la vie. Gaspiller une telle opportunité ne<br />
servirait à ri<strong>en</strong>. »<br />
Décision prise, ses doigts fil<strong>en</strong>t sur le clavier p<strong>ou</strong>r taper le message<br />
suivant :<br />
« Ce plan ressemble { quelque chose d’<strong>ou</strong>trageusem<strong>en</strong>t drôle. Ce n’est pas<br />
t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs qu’{ l’aveuglette j’accepte l’invitation p<strong>ou</strong>r un déjeuner et un<br />
diner sur une ile au …soleil (si Dieu le veut !)<br />
S<strong>ou</strong>s réserve que je sois de ret<strong>ou</strong>r dimanche soir, car lundi matin un avion<br />
privé m’amène { Londres où je donne une confér<strong>en</strong>ce { la National<br />
Geography, laquelle sera télévisée sur la plupart des chaines<br />
internationales.<br />
R<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s, donc { l’aéroport de Nice ! »<br />
Jeudi, Natty donne une importante confér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> Italie <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de la<br />
presse internationale, et télévisée par les chaines Britanniques, <strong>Français</strong>es,<br />
Américaine et Itali<strong>en</strong>ne.<br />
DERNIERE SEMAINE DE MARS PREMIERE D’AVRIL<br />
A compter de ce j<strong>ou</strong>r, ils échangèr<strong>en</strong>t des E mails à la vitesse du son avec<br />
t<strong>ou</strong>te l’excitation et l’anticipation qu’un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s impromptu donne.<br />
Je n’ai jamais été { un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s { l’aveuglette se s<strong>ou</strong>vint elle de l’avoir dit<br />
à ses amis, mais Ouh la la ! Ceci allait être un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s hors normes.<br />
45
Même si elle avait att<strong>en</strong>du des années sans trop croire que cela puisse se<br />
passer.<br />
« Il vaut mieux dans un s<strong>en</strong>s que cela arrive à mon âge plutôt que quand<br />
j’étais plus jeune. »<br />
P<strong>en</strong>sa t’elle.<br />
« Au moins maint<strong>en</strong>ant mon s<strong>en</strong>s de l’hum<strong>ou</strong>r me permet d’apprécier ce<br />
qui se passe ! »<br />
Aussitôt jaillit un n<strong>ou</strong>vel E Mail<br />
« P<strong>ou</strong>vez v<strong>ou</strong>s demander { votre passager de contacter { l’aéroport de Nice<br />
la compagnie Swissair au (+ 33493215812) et faite lui savoir qu’elle volera<br />
sur Learjet 60 El-IAW { destination d’Olbia. Ils la mettront sur le bon<br />
avion ».<br />
« J’appellerai le terminal privé d’abord car le parking risque d’être { un<br />
autre <strong>en</strong>droit et je ne veux que tu te fatigues p<strong>ou</strong>r ri<strong>en</strong>…Nick ».<br />
Les choses pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>rnure, comme de t<strong>ou</strong>te façon Natty devait aller à<br />
Nice p<strong>ou</strong>r y faire du shopping, elle décida de faire un saut au service de<br />
l’aviation privée Swissport p<strong>ou</strong>r s’assurer que t<strong>ou</strong>t ceci n’était pas un<br />
canular.<br />
Rapidem<strong>en</strong>t rassurée, l’avion était bel et bi<strong>en</strong> programmé { son att<strong>en</strong>tion<br />
p<strong>ou</strong>r l’am<strong>en</strong>er { Olbia. Cet <strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t était { d<strong>ou</strong>ble s<strong>en</strong>s comme<br />
l’<strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t des Sabines ! Elle rigola quand elle réalisa le d<strong>ou</strong>ble s<strong>en</strong>s du<br />
mot <strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t.<br />
A sa sortie de l’aéroport devant sa démarche dansante et son visage figé<br />
dans un s<strong>ou</strong>rire explosif les passagers stressés et <strong>en</strong>nuyés ne pur<strong>en</strong>t que se<br />
ret<strong>ou</strong>rner vers elle p<strong>ou</strong>r assister { la prés<strong>en</strong>ce d’un tableau vivant d’une<br />
femme pas particulièrem<strong>en</strong>t mince mais irradiant l’excitation. Son aura<br />
était palpable.<br />
Ce qui restait de la j<strong>ou</strong>rnée et de la nuit s’évapora et ce fut aussi vite samedi<br />
matin, le soleil v<strong>en</strong>ait de se lever. Elle sauta du lit <strong>en</strong> réalisant s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t<br />
du risque qu’elle pr<strong>en</strong>ait, après t<strong>ou</strong>t elle était <strong>en</strong>train de partir p<strong>ou</strong>r une<br />
destination inconnue, dans un avion inconnu, avec un homme inconnu.<br />
46
« Et s’il la kidnappait ? »<br />
« Et s’il était un terroriste la pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> otage ? »<br />
« Et si, et si, et si………….. »<br />
Mieux valait au moins prév<strong>en</strong>ir son anci<strong>en</strong> amant Georges <strong>en</strong> le mettant<br />
dans le secret. Quand il décrocha le combiné elle dit : Ec<strong>ou</strong>tes moi Georges,<br />
je suis sûr que t<strong>ou</strong>t ira bi<strong>en</strong>, mais comme n<strong>ou</strong>s avons eu une grande<br />
complicité, il est plus prud<strong>en</strong>t que je te dise que je m’<strong>en</strong>vole demain matin<br />
<strong>en</strong> avion privé p<strong>ou</strong>r la Costa Esmeralda dans une av<strong>en</strong>tureuse imprécise. Au<br />
cas où tu n’aurais pas signe de vie de ma part avant dimanche soir le seul<br />
indice utile à Sherlock Homes sera de contacter Swiss Port. Un avion privé<br />
partant de Londres vers Olbia s’arrête { midi { Nice p<strong>ou</strong>r me pr<strong>en</strong>dre la<br />
veille. En rigolant Natty aj<strong>ou</strong>ta :<br />
« Au moins tu auras une longueur d’avance sur la police. Mais ne te mets<br />
pas la rate au c<strong>ou</strong>rb<strong>ou</strong>illon car ceci n’est qu’une précaution vu que ce<br />
monsieur m’a paru au téléphone absolum<strong>en</strong>t charmant et très d<strong>ou</strong>x ».<br />
Elle aj<strong>ou</strong>ta avec son coté taquin.<br />
« Mais tu sais que t<strong>ou</strong>s les escrocs pratiqu<strong>en</strong>t ce charme sinon il n’y aurait<br />
pas d’escrocs. A demain soir Bye »<br />
En raccrochant, elle réalisa qu’elle avait de la chance d’avoir un anci<strong>en</strong> petit<br />
ami qui était dev<strong>en</strong>u son meilleur ami, un confid<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong> qu’ils fuss<strong>en</strong>t<br />
passionnés, ils étai<strong>en</strong>t très t<strong>en</strong>dres avec une soif de romance et t<strong>ou</strong>t<br />
l’ars<strong>en</strong>al qui va avec. C’était la raison p<strong>ou</strong>r laquelle Georges p<strong>ou</strong>vait<br />
compr<strong>en</strong>dre p<strong>ou</strong>rquoi Natty pr<strong>en</strong>ait ce risque.<br />
Natty ferma sa valise, jeta un c<strong>ou</strong>p d’œil rapide dans le miroir p<strong>ou</strong>r vérifier<br />
que coiffure et maquillage étai<strong>en</strong>t alléchants. Elle sauta dans sa mini et<br />
partit p<strong>ou</strong>r l’aéroport <strong>en</strong> se s<strong>en</strong>tant totalem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> dans ses baskets.<br />
Conduisant le long de la côte vers l’aéroport de Nice, elle se demanda quelle<br />
attitude pr<strong>en</strong>dre si sa personnalité ne lui plaisait pas, mais elle se rassura<br />
que son instinct était tellem<strong>en</strong>t fin que même à travers une conversation<br />
téléphonique son filtre décelait des individus peu fréqu<strong>en</strong>tables.<br />
47
Mais physiquem<strong>en</strong>t ! Peut être t<strong>ou</strong>t petit ! Oh <strong>ou</strong>h, flasque, sans cheveux<br />
pire <strong>en</strong>core d<strong>en</strong>tition abominable, mauvaise haleine, grosses lunettes, bref<br />
la totale…. Berk !<br />
Elle savait d’expéri<strong>en</strong>ce qu’elle se trompait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs <strong>en</strong> imaginant<br />
quelqu’un.<br />
Avant de le déc<strong>ou</strong>vrir, cette fois ci elle préférait ne s’att<strong>en</strong>dre { ri<strong>en</strong> <strong>en</strong><br />
particulier.<br />
« Si ce n’est pas un Adonis vivant je ne serai pas déçu, si il est mignon quelle<br />
belle surprise ! Si c’est le cas je lui dirai : éc<strong>ou</strong>tes n’est ce pas judicieux que<br />
n<strong>ou</strong>s dinions ici à Nice, je suis sûre que v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez compr<strong>en</strong>dre que vu le<br />
fait que je ne v<strong>ou</strong>s connais pas j’ai une petite peur de m’<strong>en</strong>voler avec v<strong>ou</strong>s<br />
dans l’inconnu. V<strong>ou</strong>s êtes un g<strong>en</strong>tleman ! N’est ce pas ? » .<br />
« Non, ce n’est pas juste non plus ».<br />
De t<strong>ou</strong>te façon elle était arrivée { l’aéroport sans avoir tr<strong>ou</strong>vé la moindre<br />
issue de sortie.<br />
« Oh après t<strong>ou</strong>t c’est sans d<strong>ou</strong>te parce que ce sera inutile »<br />
Espéra t’elle.<br />
Après avoir garé sa voiture dans le parking 2 c<strong>ou</strong>rte durée, elle marcha vers<br />
le l<strong>ou</strong>nge de Swiss Port avec des papillons qui virevoltai<strong>en</strong>t dans son v<strong>en</strong>tre.<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r, puis je v<strong>ou</strong>s être utile ? »<br />
« Oui, j’ai un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s avec Monsieur <strong>La</strong>ssifar p<strong>ou</strong>r un déplacem<strong>en</strong>t vers<br />
Olbia <strong>en</strong> avion privé »<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr !, suivez moi, justem<strong>en</strong>t Monsieur <strong>La</strong>ssifar v<strong>ou</strong>s att<strong>en</strong>ds. »<br />
Il se leva aussitôt et de façon très c<strong>ou</strong>rtoise lui baisa la main et la pria de<br />
bi<strong>en</strong> v<strong>ou</strong>loir s’asseoir.<br />
« V<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s boire quelque chose avant le décollage ? Il y <strong>en</strong> a p<strong>ou</strong>r 10<br />
minutes de checking. »<br />
« Il fait si chaud, que je me ferai c<strong>ou</strong>per <strong>en</strong> morceau p<strong>ou</strong>r un verre glacé de<br />
Perrier citron !? »<br />
48
Elle testa ainsi la réputation du l<strong>ou</strong>nge car le Perrier citron n’était pas une<br />
boisson facile à tr<strong>ou</strong>ver.<br />
Elle se comporta comme une habituée de ce g<strong>en</strong>re de situation t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong><br />
faisant att<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> s’asseyant { ce que sa jupe dévoile le moins possible ses<br />
rondeurs de hanche et de cuisse.<br />
Natty se p<strong>en</strong>cha p<strong>ou</strong>r pr<strong>en</strong>dre son éternel verre d’eau minérale, remarquant<br />
incidemm<strong>en</strong>t que le regard de Nick plongeait sur son édifice. Oh Oh ! Cata !<br />
Elle se s<strong>en</strong>tit très inconfortable, voilà que Nick avait jaugé son embonpoint<br />
global. Son moral tomba à zéro, elle le tr<strong>ou</strong>vait mignon et de surcroit bi<strong>en</strong><br />
élevé, très g<strong>en</strong>tleman, cela la mettait dans une situation délicate car même<br />
jugée moche il ne la larguerait pas par éducation et cela la chagrinait car<br />
elle savait qu’elle n’aurait pas eu la même délicatesse de supporter un week<br />
<strong>en</strong>d raté. Elle <strong>en</strong> prit son parti :<br />
« Le week <strong>en</strong>d est dans l’eau ! ».<br />
Avant qu’elle <strong>en</strong> ait fini dans ses p<strong>en</strong>sées de je pars, je ne pars pas, il se leva<br />
et simplem<strong>en</strong>t mais sans hésitation lui dit :<br />
« Si cela v<strong>ou</strong>s convi<strong>en</strong>t, je p<strong>en</strong>se que n<strong>ou</strong>s devons partir dès à prés<strong>en</strong>t, car<br />
notre créneau de décollage est p<strong>ou</strong>r maint<strong>en</strong>ant. »<br />
Ayant dit cela apparut un steward qui se saisit de la superbe valise de Natty,<br />
de sa veste, car il faisait particulièrem<strong>en</strong>t chaud à Nice, et les conduisit à<br />
travers les contrôles jusqu’au mini bus qui <strong>en</strong> un éclair traversa le tarmac<br />
p<strong>ou</strong>r se tr<strong>ou</strong>ver au pied du Lear Jet <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te. Grimpant les quelques<br />
marches ils se tr<strong>ou</strong>vèr<strong>en</strong>t assis face à face dans la cabine somptueusem<strong>en</strong>t<br />
aménagé de fauteuils <strong>en</strong> cuir capitonnés.<br />
Avant même que Natty eut pu attacher sa ceinture le steward apparut avec<br />
une b<strong>ou</strong>teille de Comte de Chambort que Natty déclina <strong>en</strong> demandant un<br />
verre d’eau minérale. Nick fut quelque peu surpris par cette demande. Natty<br />
exprima avant qu’il ne puisse <strong>ou</strong>vrir la b<strong>ou</strong>che :<br />
« Je ne bois jamais d’alcool »<br />
Et aj<strong>ou</strong>ta <strong>en</strong> guise de blague :<br />
49
« Je suis la compagne idéale, je ne bois pas, je c<strong>ou</strong>te ri<strong>en</strong> à sortir et v<strong>ou</strong>s<br />
p<strong>ou</strong>vez boire car je servirai de chauffeur. »<br />
Ne sachant pas si elle blaguait <strong>ou</strong> non, Nick ne v<strong>ou</strong>lant p<strong>ou</strong>rsuivre sur ce<br />
terrain lui asséna par surprise :<br />
« Natty v<strong>ou</strong>s savez que v<strong>ou</strong>s êtes très belle et désirable, j’ai été<br />
agréablem<strong>en</strong>t surpris et v<strong>ou</strong>s ne devriez pas v<strong>ou</strong>s déprécier autant comme<br />
v<strong>ou</strong>s l’avez fait au téléphone. »<br />
« Tu n’es pas grosse ».<br />
« Tu es magnifiquem<strong>en</strong>t arrondie. »<br />
« Tu es ce que j’appellerai une vraie femme »<br />
Voyant son étonnem<strong>en</strong>t ; il continua :<br />
« Je te tr<strong>ou</strong>ve TRES désirable, mais n’ai crainte je confirme mon mail par<br />
lequel je ne te mettrai aucune pression. »<br />
« N<strong>ou</strong>s y sommes »<br />
P<strong>en</strong>sa Natty.<br />
« Hier, c’était une chose avec t<strong>ou</strong>s ces E mails, n<strong>ou</strong>s étions loin de la réalité,<br />
mais à cet instant que puis je répondre ? »<br />
Natty fut pris de panique, p<strong>en</strong>sant aux mille possibilités de réponses, <strong>en</strong><br />
craignant que quoiqu’elle dise cela puisse paraitre stupide et qu’<strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre<br />
elle puisse le regretter p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs dans le futur.<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi Maria n’est pas l{, elle a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le s<strong>en</strong>s de la réplique. »<br />
Nick att<strong>en</strong>dait <strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>r au moins un s<strong>ou</strong>rire mais t<strong>ou</strong>t ce qu’il put <strong>en</strong>trevoir<br />
c’était une vision d’un visage dev<strong>en</strong>ue p<strong>ou</strong>rpre, d’une tête, parsemée de<br />
b<strong>ou</strong>cles blondes, qui plongeait dans son verre d’Evian, semblant contempler<br />
le défilem<strong>en</strong>t des nuages. Nick devina son embarras.<br />
Avec d<strong>ou</strong>ceur il continua la conversation, Nick demanda de but <strong>en</strong> blanc<br />
« Que p<strong>en</strong>ses-tu de moi ? »<br />
Natty s’ét<strong>ou</strong>ffa <strong>en</strong> buvant son Evian, elle <strong>en</strong> éclab<strong>ou</strong>ssa le hublot dont les<br />
g<strong>ou</strong>ttelettes ruisselai<strong>en</strong>t.<br />
50
« Oh mon Dieu ! Aidez-moi ! Que vais-je répondre ? »<br />
Elle se demanda désespéramm<strong>en</strong>t quelle pir<strong>ou</strong>ette allait servir de réponse.<br />
Natty n’<strong>en</strong> avait aucune idée. Il est évid<strong>en</strong>t qu’elle le tr<strong>ou</strong>vait { son goût<br />
mais del{ { le lui dire aussi vite, c’est une chose qu’elle n’avait jamais faite.<br />
« Que diable sec<strong>ou</strong>es toi ! Dans cette situation je dois me comporter comme<br />
une femme mûre et non pas comme cette éternelle vierge romantique sortie<br />
t<strong>ou</strong>t droit d’un c<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t »<br />
« Allez Natty, repr<strong>en</strong>ds toi et réponds lui t<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t ce que tu<br />
p<strong>en</strong>ses »<br />
Face au hublot qu’elle essuie énergiquem<strong>en</strong>t avec sa serviette <strong>en</strong> papier<br />
p<strong>ou</strong>r effacer les traces humides de son ét<strong>ou</strong>ffem<strong>en</strong>t, ses yeux se dét<strong>ou</strong>rn<strong>en</strong>t<br />
l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t vers Nick avec un regard chaleureux, elle lui répondit :<br />
« Triste, g<strong>en</strong>til, beau, l’œil vif et des épaules large et sexy ! »<br />
Clignant de l’œil elle demanda :<br />
« Ai-je bi<strong>en</strong> dit ce que je p<strong>en</strong>se de toi ? »<br />
Elle le fixa jusqu’{ ce qu’il dét<strong>ou</strong>rna les yeux.<br />
« 15 part<strong>ou</strong>t match nul »<br />
Natty se félicita elle-même. Nick comm<strong>en</strong>ça à parler un peu de lui-même,<br />
particulièrem<strong>en</strong>t qu’il aimait son travail, qu’il s’était marié au bon âge trois<br />
ans après <strong>en</strong> avoir fini avec son diplôme d’ Harvard Business School, il avait<br />
{ peine 33 ans. Assez âgé p<strong>ou</strong>r avoir j<strong>ou</strong>i d’avoir essaimé un peu part<strong>ou</strong>t et<br />
assez jeune p<strong>ou</strong>r compr<strong>en</strong>dre qu’il valait mieux mettre un terme { ses<br />
plaisirs p<strong>ou</strong>r apprécier le bonheur de se fixer, de fonder une famille plutôt<br />
que d’être l’éternel play boy au b<strong>ou</strong>lot.<br />
« C’est bi<strong>en</strong> ça ! Quelle était ton idole p<strong>en</strong>dant ton adolesc<strong>en</strong>ce ? »<br />
Demanda Natalia.<br />
« En fait mon père comptait beauc<strong>ou</strong>p p<strong>ou</strong>r moi et Warr<strong>en</strong> Buffet était mon<br />
inspiration. J’aimais sa voix posée et sa façon de j<strong>ou</strong>ir du mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t. Il<br />
ne paraissait jamais stressé, t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> assumant beauc<strong>ou</strong>p ».<br />
51
Nick réalisa que Warr<strong>en</strong> Buffet avait son action et sa manière de p<strong>en</strong>ser<br />
bi<strong>en</strong> cadrés.<br />
Natalia semblait fort intéressée de l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, pas seulem<strong>en</strong>t par c<strong>ou</strong>rtoisie,<br />
il se s<strong>en</strong>tait { l’aise avec elle, même si il v<strong>en</strong>ait de se connaitre dans des<br />
circonstances peu banales.<br />
Il reprit la conversation aj<strong>ou</strong>tant :<br />
« Marié, j’ai beauc<strong>ou</strong>p de respect et de t<strong>en</strong>dresse p<strong>ou</strong>r elle mais <strong>en</strong> dépit<br />
des appar<strong>en</strong>ces je ne suis pas le Casanova dont je p<strong>ou</strong>rrai donner<br />
l’impression. Ma femme n’interfère pas dans mes affaires et donc pas dans<br />
ma vie et je ne veux pas la gêner. »<br />
Il aj<strong>ou</strong>ta rapidem<strong>en</strong>t que c’est p<strong>ou</strong>r cette raison que la réservation des<br />
chambres du club privé avait été faite avec tant de discrétion. Natty<br />
répondit que bi<strong>en</strong> que cela puisse paraitre justifié, il n’y avait pas de quoi<br />
pr<strong>en</strong>dre autant de précaution car il n’y avait ri<strong>en</strong> { cacher. (Elle se dit : <strong>en</strong><br />
effet il n’y a ri<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre n<strong>ou</strong>s à ce mom<strong>en</strong>t mais qui lo sa !) Elle aj<strong>ou</strong>ta :<br />
« Qu’y a-t-il d’inconv<strong>en</strong>ant { s’intéresser { l’archéologie, car ton intérêt<br />
p<strong>ou</strong>r cette matière ne semblait pas feint l’autre j<strong>ou</strong>r au téléphone ! »<br />
P<strong>en</strong>dant son disc<strong>ou</strong>rs elle savait qu’elle ne trompait personne mais au<br />
moins elle avait comblé un vide dev<strong>en</strong>u délicat.<br />
Rapidem<strong>en</strong>t ils se retr<strong>ou</strong>vèr<strong>en</strong>t à dévoiler leurs av<strong>en</strong>tures am<strong>ou</strong>reuses,<br />
comme deux étrangers sa<strong>ou</strong>ls acc<strong>ou</strong>dés au comptoir d’un bar l<strong>ou</strong>che du<br />
quartier chaud d’une ville. Au lieu de cela ils étai<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>t sobres,<br />
mais { l’opposé de l’image précéd<strong>en</strong>te, ils voyageai<strong>en</strong>t dans le luxe le plus<br />
complet. Ils avai<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t des amis communs qui fatalem<strong>en</strong>t les<br />
ferai<strong>en</strong>t réunir.<br />
Cela semblait étrange, mais presque <strong>en</strong> apesanteur p<strong>ou</strong>r des paroles<br />
honnêtes et sans s<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du. Cela était <strong>en</strong> opposition avec les mœurs du<br />
beau monde de leur milieu.<br />
De temps <strong>en</strong> temps, Nick interrompait la conversation p<strong>ou</strong>r lancer des<br />
petits mots comme :<br />
« Tu es belle, comme tu es belle ! »<br />
52
Natty <strong>en</strong> arrivait { l’évid<strong>en</strong>ce que cela devait être vrai, et même si sa beauté<br />
n’était qu’un jeu de l’esprit de son compagnon, il était <strong>en</strong>core plus vrai que<br />
Nick était très plaisant et ces complim<strong>en</strong>ts la transportai<strong>en</strong>t d’aise. Cela<br />
faisait contraste avec certains complim<strong>en</strong>t sur son physique qui ne<br />
manquait pas de se formuler ainsi :<br />
« V<strong>ou</strong>s avez un visage ravissant, p<strong>ou</strong>rquoi ne perdriez v<strong>ou</strong>s pas du<br />
poids ? »<br />
Elle comm<strong>en</strong>çait à se s<strong>en</strong>tir fort belle, car elle ress<strong>en</strong>tait le désir de Nick<br />
p<strong>ou</strong>r sa féminité. Il la tr<strong>ou</strong>vait sexy s<strong>en</strong>suelle et attirante. Il reconnaissait<br />
bi<strong>en</strong> volontiers que son attirance p<strong>ou</strong>r les femmes voluptueuses lui faisait<br />
rejeter les femmes flasques, déformées, et elle savait que cela t<strong>en</strong>ait la r<strong>ou</strong>te<br />
car elle se savait merveilleusem<strong>en</strong>t proportionnée.<br />
Tandis que l’avion comm<strong>en</strong>çait d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t sa desc<strong>en</strong>te vers Olbia, Nick<br />
s’<strong>en</strong>quit du planning et l’informa que le l<strong>en</strong>demain matin il avait une<br />
réunion mais que p<strong>en</strong>dant ce temps il lui avait l<strong>ou</strong>é une voiture avec<br />
chauffeur p<strong>ou</strong>r lui faire visiter la ville et ses c<strong>en</strong>tres d’intérêts.<br />
« Je p<strong>ou</strong>rrai m’habituer vite { ce mode de vie »<br />
P<strong>en</strong>sa t’-elle. Se s<strong>en</strong>tant délicieusem<strong>en</strong>t déifiée et j<strong>ou</strong>issant de t<strong>ou</strong>te<br />
l’att<strong>en</strong>tion qu’il lui déversait dans le but de la r<strong>en</strong>dre pleinem<strong>en</strong>t heureuse.<br />
En dépit, de ses manières d<strong>ou</strong>ces et réservés, Nick était un homme d’action,<br />
un leader. Elle aimait cela dans un homme, mais il fallait se préserver de<br />
t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong>g<strong>ou</strong>em<strong>en</strong>t hâtif et elle se dit :<br />
« il n’est pas libre et s’il se passe quelque chose cela ne sera qu’une<br />
av<strong>en</strong>ture, donc gardes bi<strong>en</strong> tes distances et ne laisse pas aller tes<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r tomber dans un piège. »<br />
Le copilote sortit de la cabine de pilotage p<strong>ou</strong>r leur faire attacher leurs<br />
ceintures et comme Natty et Nick suivai<strong>en</strong>t l’instruction elle regarda par le<br />
hublot avec joie et fascination comme un <strong>en</strong>fant scannant avec<br />
<strong>en</strong>th<strong>ou</strong>siasme t<strong>ou</strong>t ce qu’elle p<strong>ou</strong>vait choper de bi<strong>en</strong> dans cette vue d’une île<br />
parfois dure parfois spl<strong>en</strong>dide. Natty aimait « le début » détestait «la fin »<br />
elle fut t<strong>en</strong>tée de proposer à Nick de demander au pilote de faire un t<strong>ou</strong>r de<br />
l’île <strong>en</strong> basse altitude p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir t<strong>ou</strong>t déc<strong>ou</strong>vrir mais elle se résigna à<br />
53
faire cette demande sachant que cela était non seulem<strong>en</strong>t inconv<strong>en</strong>ant mais<br />
<strong>en</strong>core fort coûteux.<br />
Nick qui connaissait l’ile, pr<strong>en</strong>ait plaisir de constater la joie qu’elle<br />
épr<strong>ou</strong>vait. Il ress<strong>en</strong>tit chez elle quelque chose de jeune, rafraichissant et<br />
naïf et comm<strong>en</strong>ta :<br />
« Tu es comme une b<strong>ou</strong>ffée d’air frais ! ».<br />
Elle se ret<strong>ou</strong>rna, lui fit un clin d’œil. Elle <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait si s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t ce<br />
comm<strong>en</strong>taire, cela v<strong>en</strong>ait du fait quel exprimait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs ses émotions, du<br />
moins celles qui s’éloignai<strong>en</strong>t de sa vulnérabilité. Quand il s’agissait de sa<br />
vulnérabilité elle était d<strong>ou</strong>ée à la cacher même à elle-même. Il est vrai que<br />
bi<strong>en</strong> peu de g<strong>en</strong>s s’<strong>en</strong> apercevait. C’était dev<strong>en</strong>u sa deuxième nature.<br />
Ton <strong>en</strong>g<strong>ou</strong>em<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r l’exotisme de cette île, tu me fais rev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> mémoire<br />
la cause de mon <strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t lors de l’acquisition de la villa.<br />
T<strong>ou</strong>t le monde le pr<strong>en</strong>d p<strong>ou</strong>r acquit. Tu m’as ravivé mon excitation<br />
première p<strong>ou</strong>r la Sardaigne.<br />
En le remerciant du complim<strong>en</strong>t elle lui répondit :<br />
« Mais comm<strong>en</strong>t peux-tu <strong>ou</strong>blier que ce lieu respire tant le romantisme et<br />
l’ess<strong>en</strong>ce même de la terre ? Ta famille et surt<strong>ou</strong>t tes <strong>en</strong>fants doiv<strong>en</strong>t se<br />
régaler à gambader <strong>en</strong> t<strong>ou</strong>te liberté. »<br />
« Oui, c’est vrai, mais p<strong>ou</strong>r des raisons de sécurité je ne leur donne pas carte<br />
blanche. Ce lieu de villégiature et même ces îles ne sont pas aussi sûr<br />
qu’autrefois, mais t<strong>ou</strong>t ceci aj<strong>ou</strong>te au coté mystérieux de cet <strong>en</strong>droit. »<br />
« Bon, préparons n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>r l’atterrissage. Tu verras que le terminal est<br />
minuscule, je vais directem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre la voiture de location que j’avais<br />
réservée. Je suggère une balade aut<strong>ou</strong>r Porto Cervo. Comme n<strong>ou</strong>s sommes<br />
hors saison n<strong>ou</strong>s profiterons du village <strong>en</strong> tête à tête. Est-ce que cela te<br />
t<strong>en</strong>te ? »<br />
Lui demanda t’il avec un s<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dans son regard.<br />
Elle était ravie de cette n<strong>ou</strong>velle destination et le luxe dans lequel cela se<br />
passait.<br />
54
« Ne dis pas que c’est la dernière fois que cela se passera »<br />
P<strong>en</strong>sa-t’elle, mais d’un autre coté profite de cette n<strong>ou</strong>veauté. Nick chargea<br />
de leurs bagages la voiture l<strong>ou</strong>ée et démarra vers le Yacht Club de Porto<br />
Cervo. Il lui expliquait aussi diplomatiquem<strong>en</strong>t que possible que l’hôtel qui<br />
lui était destinée : Le Cale di Volpe avait été l<strong>ou</strong>é <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r un<br />
séminaire d’une grande compagnie. En conséqu<strong>en</strong>ce, il n’avait plus d’autre<br />
alternative que de l’emm<strong>en</strong>er au Yacht Club mais avec certaines<br />
précautions.<br />
En effet tu dois savoir que ma femme est fort bi<strong>en</strong> connue dans ce lieu <strong>en</strong><br />
conséqu<strong>en</strong>ce même si ta chambre n’est pas au même étage que la mi<strong>en</strong>ne il<br />
vaudra mieux y r<strong>en</strong>trer séparém<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r ne pas occasionner le moindre<br />
s<strong>ou</strong>pçon. Natty rigola <strong>en</strong> elle-même. Elle était <strong>en</strong> train de vivre un épisode<br />
des trois m<strong>ou</strong>squetaires. T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> portant sa valise, elle r<strong>en</strong>tra dans le Yacht<br />
Club, impressionnée par la décoration cossue et qui est au premier c<strong>ou</strong>p<br />
d’œil était d’un très bon goût.<br />
Dix minutes plus tard, sa valise défaite, elle se retr<strong>ou</strong>va dans la rue,<br />
att<strong>en</strong>dant Nick p<strong>ou</strong>r faire leur petite balade dans Porto Cervo p<strong>ou</strong>r y<br />
pr<strong>en</strong>dre quelques vues avant qu’il file { la réunion concernant ses deux<br />
villas. Natty raffolait de ce petit village dont elle avait jadis tant <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du<br />
parler, ce qui r<strong>en</strong>dait sa visite plus excitante. Ce village lui faisait p<strong>en</strong>ser à<br />
l’image d’une petite ville itali<strong>en</strong>ne reproduite { Disney World.<br />
Quand Nick la retr<strong>ou</strong>va une heure plus tard, elle se retr<strong>ou</strong>va marchant<br />
derrière lui, faisant du lèche vitrine, il lui dit :<br />
« Je préfèrerai mille fois que tu marches devant moi p<strong>ou</strong>r que je puisse<br />
profiter de la vue….ton corps est si s<strong>en</strong>suel ! »<br />
« Oh mais je croyais être la parfaite petite femme musulmane, trottinant<br />
quelques pas derrière toi »<br />
Elle s<strong>ou</strong>rit taquine, sa mauvaise plaisanterie lui avait permis de digérer un<br />
complim<strong>en</strong>t dont elle n’avait pas l’habitude. Mais visiblem<strong>en</strong>t la plaisanterie<br />
ne l’avait pas amusé car il était t<strong>ou</strong>t à sa conc<strong>en</strong>tration sur son corps. Sans<br />
<strong>en</strong> faire t<strong>ou</strong>t un plat, Natty se plaça devant lui de manière à donner<br />
l’impression que le fait d’avancer était naturel et n’était une manière<br />
d’obéir.<br />
55
Même si le fait de marcher devant lui ne lui posait aucun problème elle ne<br />
mesurait pas s’il avait été sérieux <strong>ou</strong> moqueur, elle craignait d’avoir mal<br />
compris et que son év<strong>en</strong>tuelle crédulité se termine <strong>en</strong> dérision. Natty<br />
comm<strong>en</strong>çait à ress<strong>en</strong>tir le plaisir de se tr<strong>ou</strong>ver belle.<br />
« Quelle est la raison de t<strong>ou</strong>t ceci ? Il est temps que je me resitue »<br />
P<strong>en</strong>sa Natty t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> traversant le square avec sa démarche chal<strong>ou</strong>pée<br />
mettant <strong>en</strong> valeur ses larges hanches.<br />
Elle n’arrivait pas { le capter, donc elle le prit au premier degré et voir si et<br />
comm<strong>en</strong>t quelque chose allait se passer. A priori il paraissait très d<strong>ou</strong>x et<br />
bi<strong>en</strong> élevé. De ret<strong>ou</strong>r à la voiture, Nick suggéra de ret<strong>ou</strong>rner au Club p<strong>ou</strong>r se<br />
préparer p<strong>ou</strong>r le diner. Il lui dit, si elle n’y voyait pas d’inconvéni<strong>en</strong>t, qu’il<br />
avait réservé une table dans un restaurant où il avait été auparavant.<br />
« Tu verras c’est délicieux, tu apprécieras ! »<br />
Tandis que Natty était sur le point de plonger dans son bain, le téléphone<br />
sonna et décrocha sachant que cela ne p<strong>ou</strong>vait être que Nick.<br />
« Oui »<br />
Répondit-elle.<br />
« Natty, qu’est ce que tu fabriques ? »<br />
« J’étais juste <strong>en</strong> train de r<strong>en</strong>trer dans mon bain »<br />
« Qu’est ce que tu dirais si je desc<strong>en</strong>dais p<strong>ou</strong>r t’aider ? »<br />
« Je peux très bi<strong>en</strong> me débr<strong>ou</strong>iller t<strong>ou</strong>te seule »<br />
« Es-tu sûre de ne pas v<strong>ou</strong>loir d’une main charitable ? »<br />
« Evidemm<strong>en</strong>t »<br />
Répondit Natty <strong>en</strong> blaguant, et t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> continuant à parler s<strong>ou</strong>riant il<br />
aj<strong>ou</strong>ta :<br />
« Bon dans ce cas, une fois prête, je te convie à monter les marches vers ma<br />
suite. On y pr<strong>en</strong>dra un verre d’eau minérale avant de sortir diner. J’ai une<br />
admirable vue sur le port ».<br />
56
Natty ne fit pas cas qu’elle avait la même de son étage. P<strong>en</strong>sant { elle-même<br />
qu’elle devrait se comporter comme une adulte et maitriser la situation.<br />
T<strong>ou</strong>t cela n’allait pas se dér<strong>ou</strong>ler selon son scénario de conte de fée.<br />
« Dés que j’aurai l’allure d’un million de $, je monterai mais avec l’inflation<br />
actuelle tu risques d’être déçu ! »<br />
A peine elle avait prononcée ces mots, qu’elle regratta le fait de s’être prise<br />
<strong>en</strong> dérision. Mais elle semblait répondre ainsi de façon automatique dès que<br />
la situation lui échappait.<br />
Bi<strong>en</strong> que se forçant { rester calme, elle n’arrivait pas { flemmarder dans sa<br />
baignoire de luxe. Elle hésitait soit de le faire att<strong>en</strong>dre, soit selon sa propre<br />
nature d’arriver { l’heure pimpante et pleine d’<strong>en</strong>train.<br />
Parfois, elle se s<strong>en</strong>tait mal { l’aise si quelqu’un p<strong>ou</strong>vait deviner qu’elle avait<br />
pris du temps p<strong>ou</strong>r se pomponner. Elle avait presque peur que l’on puisse<br />
p<strong>en</strong>ser :<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi passe t’elle tant de temps { se maquiller puisque de t<strong>ou</strong>te façon<br />
cela ne changera ri<strong>en</strong> <strong>en</strong> sa faveur ? »<br />
Elle ne v<strong>ou</strong>lait pas que de surcroit avoir la réputation de quelqu’un qui se<br />
fasse des illusions sur elle-même.<br />
Bref, un bain et un brushing rapide avec sa t<strong>ou</strong>che de maquillage habituelle<br />
agrém<strong>en</strong>tée d’un élégant <strong>en</strong>semble plissé bleu marine d’Issy Miyake et de<br />
bij<strong>ou</strong>x fantaisies dorés lui donnai<strong>en</strong>t une allure très chic, amusante et<br />
décontractée.<br />
Un quart d’heure plus tard, elle frappa { la porte de Nick. Celui-ci <strong>ou</strong>vrit et<br />
son expression ne laissa aucun d<strong>ou</strong>te { Natty qu’elle avait tapé dans le<br />
mille. Elle <strong>en</strong>tra, s’assit stratégiquem<strong>en</strong>t dans le fauteuil plutôt que dans le<br />
canapé. Il lui versa un verre d’eau. En le lui donnant il aj<strong>ou</strong>ta :<br />
« Tu es si belle et si bi<strong>en</strong> arrangée que je n’ose déranger cette harmonie par<br />
un baiser, mais veux tu m’accorder une faveur ? »<br />
Elle le regarda étonnée de ce qu’il p<strong>ou</strong>vait lui demander. Tandis qu’elle<br />
marquait son accord avec les yeux car elle avait comm<strong>en</strong>cé à boire, la voix<br />
de Nick tomba tel un s<strong>ou</strong>ffle et susurra :<br />
57
« Peux tu te lever que je puisse te t<strong>en</strong>ir un instant d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t dans mes<br />
bras, ne crains ri<strong>en</strong>, je ne veux pas <strong>en</strong> abuser, mais tu es si belle que<br />
vraim<strong>en</strong>t j’ai <strong>en</strong>vie de te s<strong>en</strong>tir contre moi »<br />
Natty réussit, surprise, { ne pas exploser dans son verre d’eau, elle le<br />
regarda <strong>en</strong> levant les yeux sans quitter le verre des lèvres, comme si celui-ci<br />
était une ceinture de chasteté. Elle ne savait pas quoi répondre et pire<br />
<strong>en</strong>core être embrassée maint<strong>en</strong>ant et de cette manière là. Son romantisme<br />
lui avait fait imaginer un baiser sur le sable, au bord de la mer, <strong>ou</strong> dans le<br />
port éc<strong>ou</strong>tant les câbles tapant sur les mats de Tech créant une mélodie<br />
nautique. Peut être aussi, d’une façon plus conv<strong>en</strong>tionnelle, un baiser volé {<br />
l’approche d’un portail, sur une place, où le monde par déc<strong>en</strong>ce ne laisse<br />
pas le temps de se prolonger, ce qui laisse monter le désir durant le diner.<br />
Elle avait visualisé maintes situations propices à un premier baiser, mais<br />
certainem<strong>en</strong>t pas ce scénario d’un baiser réclamé dans une suite certes<br />
élégante mais illuminé comme un hall de gare, bref une situation certes<br />
respectueuse mais peu romantique. Deb<strong>ou</strong>t, Nick la fixait du regard. T<strong>en</strong>ant<br />
son verre de whisky, il att<strong>en</strong>dait calmem<strong>en</strong>t et sûr de lui sa réponse.<br />
Inconsciemm<strong>en</strong>t Natty se tr<strong>ou</strong>va sur pieds. Se retr<strong>ou</strong>vant au milieu de la<br />
pièce après avoir posé son verre sur la table elle se retint de s<strong>ou</strong>rire de peur<br />
d’une mauvaise interprétation, elle se visualisa retr<strong>ou</strong>ssant ses manches<br />
p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>tamer un pugilat. Cep<strong>en</strong>dant ce n’était pas une partie de boxe. Nick<br />
lui intimait de s’approcher. Puis d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t mais fermem<strong>en</strong>t il l’attira<br />
contre ses larges épaules, c<strong>ou</strong>vrant t<strong>ou</strong>t juste le b<strong>ou</strong>t de son nez, ne lui<br />
laissant apercevoir que le creux de son c<strong>ou</strong>. Il était rasé de près, sa c<strong>ou</strong>pe de<br />
cheveu bi<strong>en</strong> nette. Il s<strong>en</strong>tait bon, elle ne put reconnaitre l’odeur de<br />
l’aftershave, dans t<strong>ou</strong>s les cas s’était le séducteur parfait. Natty se mit à<br />
p<strong>en</strong>ser :<br />
« Mes p<strong>en</strong>sées sont curieuses, normalem<strong>en</strong>t je me laisse aller, mais je<br />
regarde cet instant comme si je regardais un film de loin. »<br />
« Uuh où diable dois je mettre mes mains ?<br />
« Uuhm ceci est bon »<br />
« Ooooh profite du mom<strong>en</strong>t, suis le m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t, il sait ce qu’il veut et tant<br />
que je me s<strong>en</strong>s bi<strong>en</strong> laissons c<strong>ou</strong>ler »<br />
58
« Je ne profite pas du mom<strong>en</strong>t, je me fais un film ».<br />
S<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t Nick se détacha d’elle, la regardant avec un d<strong>ou</strong>x s<strong>ou</strong>rire il<br />
lui dit :<br />
« Bon ! Allons diner ».<br />
Natty réalisa :<br />
« Il est évid<strong>en</strong>t que cet homme a un très fort self control, il domine chaque<br />
situation. »<br />
Ils partir<strong>en</strong>t donc diner. Marchant par elle-même devant Nick, elle<br />
desc<strong>en</strong>dit les marches et traversa le lobby non accompagné, bi<strong>en</strong> qu’il soit<br />
évid<strong>en</strong>t que t<strong>ou</strong>t le monde se moquait du tiers comme du quart de savoir<br />
avec qui elle était.<br />
« Mais Nick est si paranos. Finalem<strong>en</strong>t c’est amusant de j<strong>ou</strong>er le jeu »<br />
P<strong>en</strong>sa t’elle.<br />
Déambulant sur la terrasse du club, puis desc<strong>en</strong>dant les marches p<strong>ou</strong>r aller<br />
dans la rue, Natty att<strong>en</strong>dait Nick qui surgit quelques minutes plus tard au<br />
volant de sa voiture qui sortait du parking.<br />
Elle s<strong>ou</strong>rit devant le fait que Nick p<strong>en</strong>sait probablem<strong>en</strong>t qu’il avait déj<strong>ou</strong>é la<br />
surveillance des caméras <strong>en</strong> étant seul, ayant ainsi ram<strong>en</strong>é à zéro le risque<br />
de vivre une av<strong>en</strong>ture illicite.<br />
« Uhmm, p<strong>ou</strong>r une fois c’est superbe d’être complètem<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> charge, il<br />
est évid<strong>en</strong>t qu’il apprécie la n<strong>ou</strong>rriture soignée et les décors romantiques. »<br />
P<strong>en</strong>sa-t’elle.<br />
Ainsi Natty n<strong>ou</strong>s raconte son histoire :<br />
« N<strong>ou</strong>s étions <strong>en</strong>t<strong>ou</strong>ré de g<strong>en</strong>s bavards dont les conversations se perdai<strong>en</strong>t<br />
dans le br<strong>ou</strong>haha de la pièce, notre tête à tête se dér<strong>ou</strong>lait sans <strong>en</strong>combre.<br />
Riant et blaguant, passant de nos opinions politiques aux économiques, la<br />
conversation avait pris un t<strong>ou</strong>r passionnant. Nos paroles restai<strong>en</strong>t éloignées<br />
de nos p<strong>en</strong>sées intimes, comme si <strong>en</strong> restant superficielles n<strong>ou</strong>s avions<br />
v<strong>ou</strong>lu les éviter. N<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s bornions à aborder t<strong>ou</strong>s les autres sujets de<br />
conversation. Suçant sa patte de lang<strong>ou</strong>ste, Nick m’éc<strong>ou</strong>tait att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t<br />
59
quand s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t au milieu d’une phrase, il changea complètem<strong>en</strong>t de<br />
sujet et me dit :<br />
« Si on faisait l’am<strong>ou</strong>r ce soir ? »<br />
S’étranglant et crachotant je l’observais comme s’il m’avait demandé de<br />
marché aut<strong>ou</strong>r du restaurant t<strong>ou</strong>te nue. Il m’avait surpris ! Il remarqua sur<br />
mon visage mon changem<strong>en</strong>t d’expression, Je p<strong>ou</strong>rrai aj<strong>ou</strong>ter qu’il portait<br />
un jugem<strong>en</strong>t sur les g<strong>en</strong>s par leurs seules réactions instinctives. Ce qui selon<br />
moi lui donnait l’aspect d’un manipulateur.<br />
Je p<strong>en</strong>sais :<br />
« Mon Dieu ! Ce n’est pas le mom<strong>en</strong>t de t<strong>ou</strong>rner aut<strong>ou</strong>r du pot Natty<br />
décides toi vite veux tu <strong>ou</strong>i <strong>ou</strong> non faire l’am<strong>ou</strong>r avec lui ce soir ? »<br />
« Non »<br />
Je me surpris { l’avoir dit <strong>en</strong> le regardant droit dans les yeux essayant {<br />
mon t<strong>ou</strong>r de deviner ses émotions. Mais il ne laissa ri<strong>en</strong> transpirer <strong>en</strong><br />
revanche il prononça dans un s<strong>ou</strong>ffle :<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi »?<br />
Sans tergiverser je lui répondis :<br />
« P<strong>ou</strong>r deux raisons, la première je vais te la dire de suite, et la seconde<br />
quand n<strong>ou</strong>s aurons quitté la table »<br />
Il fut décont<strong>en</strong>ancé et je pus voir dans ses yeux son embarras.<br />
« P<strong>ou</strong>r être honnête, je te connais à peine, ce qui ne signifie pas grandchose,<br />
car j’ai par le passé eut l’occasion de céder { un homme<br />
immédiatem<strong>en</strong>t. Mais je le s<strong>en</strong>tais heureux avec moi. Avec toi les d<strong>ou</strong>tes<br />
m’assaill<strong>en</strong>t. Quand cette après midi, j’ai jeté les yeux sur toi p<strong>ou</strong>r la<br />
première fois, j’ai ress<strong>en</strong>ti aut<strong>ou</strong>r de toi une s<strong>en</strong>sation de tristesse. A cet<br />
instant, ai-je tort, je ne dis pas que tu es triste d’être avec moi, je remarque<br />
simplem<strong>en</strong>t que cette tristesse qui émane de toi ne va pas avec l’excitation<br />
main dans la main que je désire d’un homme la première fois. Je ne suis pas<br />
susp<strong>en</strong>du à quelques principes de moralité religieuse, je veux simplem<strong>en</strong>t<br />
exprimer que je perçois que ta tristesse bloque ma capacité à me laisser<br />
aller complètem<strong>en</strong>t »<br />
60
« Bon passons…et la deuxième ? Quelle différ<strong>en</strong>ce y a t’il { me le dire<br />
maint<strong>en</strong>ant <strong>ou</strong> plus tard ? »<br />
Curieux, il était comme un gamin. Prés<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t ses yeux ne reflétai<strong>en</strong>t<br />
aucune tristesse. Il est possible qu’il soit seulem<strong>en</strong>t d<strong>ou</strong>x, et que je n’étais<br />
pas habitué à cette d<strong>ou</strong>ceur. Plongée dans mes p<strong>en</strong>sées, Nick cassa le<br />
sil<strong>en</strong>ce d’une manière banale :<br />
« Je p<strong>en</strong>se t<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t que tu es dans ta période de règles, je ne vois<br />
pas d’autre raison p<strong>ou</strong>r ne pas v<strong>ou</strong>loir me la dire { table »<br />
Je fus prise à revers. Bi<strong>en</strong> sûr il avait raison, mais comm<strong>en</strong>t diable avait-il pu<br />
<strong>en</strong> être aussi sûr ? Cet homme ne manquait pas de perspicacité, il faudra<br />
désormais que je fasse att<strong>en</strong>tion où je mets les pieds.<br />
« Bi<strong>en</strong> vu »<br />
Répondis-je dans un s<strong>ou</strong>rire d’étonnem<strong>en</strong>t et un rire dans les yeux<br />
« Bon si on continuait la conversation <strong>en</strong>tamée au préalable »<br />
Les complim<strong>en</strong>ts c<strong>ou</strong>lai<strong>en</strong>t à flot, et à la fin de la soirée, je me s<strong>en</strong>tais<br />
totalem<strong>en</strong>t { l’aise p<strong>ou</strong>r les recevoir.<br />
« Incroyable, { quelle vitesse je m’y suis adaptée »<br />
Mon s<strong>ou</strong>rire v<strong>en</strong>ait de correspondre à un n<strong>ou</strong>veau complim<strong>en</strong>t qui <strong>en</strong> ces<br />
termes se traduisait par :<br />
« Tu es tellem<strong>en</strong>t femme, OOOOh si féminine »<br />
Alors que n<strong>ou</strong>s r<strong>ou</strong>lions <strong>en</strong> pleine campagne sur la sinueuse r<strong>ou</strong>te proche<br />
de Porto Cervo, Nick se mit à lui caresser la nuque et lui demanda<br />
g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t.<br />
« Peut-on <strong>en</strong>visager à notre ret<strong>ou</strong>r de te t<strong>en</strong>ir dans mes bras, <strong>en</strong> faisant un<br />
petit massage de ton dos ? T’inquiètes pas, je ne vais pas <strong>en</strong> abuser »<br />
Depuis que du b<strong>ou</strong>t des doigts il me caressait le bas de la nuque d’une façon<br />
suggestive, je n’avais qu’un seul désir, et cela donna plus de plaisir, c’était<br />
de s<strong>en</strong>tir ses chaudes mains sur mon dos, et d’une manière amusante cela<br />
suffisait à lui faire confiance.<br />
61
« Oui, ce serait adorable »<br />
Répondis-je dans un état second <strong>en</strong> fixant devant la r<strong>ou</strong>te sinueuse.<br />
<strong>La</strong> t<strong>en</strong>sion sexuelle montait………C’était une excitation si délicieuse !<br />
« De ret<strong>ou</strong>r au camp »<br />
Ainsi les choses vont, Nick me donna les instructions comm<strong>en</strong>t pénétrer<br />
dans le Yacht Club ! <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> condition était globalem<strong>en</strong>t si comique que<br />
je n’osais pas <strong>balance</strong>r une de mes remarques sarcastique. Je ne crois pas<br />
qu’il aurait pu <strong>en</strong>trevoir le moindre coté grotesque de la situation. Son<br />
int<strong>en</strong>tion far<strong>ou</strong>che de pr<strong>en</strong>dre mon corps, sans que le Yacht Club puisse <strong>en</strong><br />
pr<strong>en</strong>dre connaissance le travaillait sans la moindre idée de romance, t<strong>ou</strong>t<br />
simplem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t hum<strong>ou</strong>r lui passait au dessus de la tête.<br />
« Natty, p<strong>ou</strong>rquoi v<strong>ou</strong>s ne sortiriez pas de la voiture ici, p<strong>ou</strong>r monter les<br />
marches et traverser la terrasse p<strong>ou</strong>r franchir la porte d’<strong>en</strong>trée. Une fois à<br />
l’intérieur, n’<strong>ou</strong>blies pas de fermer { d<strong>ou</strong>ble t<strong>ou</strong>r la porte. J’att<strong>en</strong>drai dix<br />
minutes, puis j’irai mettre ma voiture au garage p<strong>ou</strong>r monter { ton étage {<br />
pied, ainsi ils ne peuv<strong>en</strong>t pas voir { quel étage l’asc<strong>en</strong>seur s’arrête. Je sais<br />
qu’il n’y a personne à la réception à cette heure ci, mais le gardi<strong>en</strong> peut<br />
visionner les prises de vue des caméras, il est donc préférable que je ne<br />
pr<strong>en</strong>ne aucun risque. »<br />
Si je n’avais pas vu le coté dingue de la situation, on aurait pu m’<strong>en</strong> v<strong>ou</strong>loir.<br />
Mais mon s<strong>en</strong>s de l’hum<strong>ou</strong>r irlandais m’assaillit lors de la traversée de la<br />
terrasse. <strong>La</strong> force du Sirocco jaillissait de part<strong>ou</strong>t. J’aimais cette s<strong>en</strong>sation<br />
d’un air chaud sur ma figure. Je fis une pause d’une minute sur la terrasse<br />
p<strong>ou</strong>r admirer les mats des bateaux à voile oscillant avec force et la musique<br />
des câbles des voiles s<strong>ou</strong>s le v<strong>en</strong>t. On aurait dit des carillons chinois. Il<br />
faisait si bon sur cette terrasse, je savais que si Nick avait été avec moi il<br />
n’aurait eu aucune chance de me draguer dans une chambre avec<br />
conditionnem<strong>en</strong>t d’air. J’eus mille fois préféré un baiser et une étreinte<br />
<strong>en</strong>veloppés par ce v<strong>en</strong>t chaud que d’affronter p<strong>ou</strong>r la première fois avec<br />
terreur aux visées de Nick sur mes vergetures.<br />
N’y avait il pas une autre issue p<strong>en</strong>sais je p<strong>ou</strong>r éviter ces premiers mom<strong>en</strong>ts<br />
d’une prise de consci<strong>en</strong>ce de ces malheureuses vergetures, et arriver droit<br />
au mom<strong>en</strong>t passionnel. T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> y réfléchissant je traversais le lobby dont la<br />
62
c<strong>ou</strong>leur de chaque objet subtilem<strong>en</strong>t dosé dans un nuage de beiges et or<br />
s<strong>ou</strong>s un éclairage indirect suave <strong>en</strong>veloppé de la d<strong>ou</strong>ce musique qui montait<br />
du s<strong>ou</strong>s sol. Le carrelage du sol était chaud d’aspect comme la bise qui<br />
passait à travers les portes f<strong>en</strong>êtres <strong>ou</strong>vertes.<br />
« Et puis merde, arrête de rêver »<br />
Rigola-t’elle.<br />
« C’est la triste réalité »<br />
Avec mon petit s<strong>en</strong>s de l’hum<strong>ou</strong>r digne des ég<strong>ou</strong>ts New Yorkais, je m’étais<br />
ret<strong>ou</strong>rné p<strong>ou</strong>r jeter un dernier regard { la danse des mats et j’avais franchi<br />
les massives portes vitrées du Yacht Club bordées de bronze. Me battant<br />
avec la poignée et le poids de ses l<strong>ou</strong>rdes portes, je m’étonnais que l’on<br />
puisse gaspiller de l’arg<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r des « door m<strong>en</strong> » p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s t<strong>en</strong>ir les<br />
légères portes intérieures facile à manipuler, tandis que les pauvres diables<br />
de cli<strong>en</strong>ts se bagarr<strong>en</strong>t avec des monstres de portes extérieures ?<br />
Sans perdre plus de temps sur les théories de gestion du Yacht Club, je me<br />
tr<strong>ou</strong>vais s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t marchant à grand pas, sans autre distraction, vers<br />
l’asc<strong>en</strong>seur qui allait me conduire { ma chambre. A peine avais-je posé mon<br />
sac sur la chaise et sans avoir eu le temps de réduire l’int<strong>en</strong>sité de la<br />
lumière que Nick était déjà <strong>en</strong> train de frapper à la porte.<br />
« Ooooooh Ugh ».<br />
Je mugissais, déchirée <strong>en</strong>tre l’urg<strong>en</strong>ce de le faire att<strong>en</strong>dre p<strong>en</strong>dant que je<br />
cherchais les rhéostats p<strong>ou</strong>r atténuer la lumière. Je paniquais de ne pas<br />
réussir à les localiser dans cette luxueuse chambre.<br />
« Zut, ils doiv<strong>en</strong>t être planqués dans un de ces placards ».<br />
Puis dénichant une batterie d’interrupteurs cachée derrière un rideau,<br />
j’écrasais ma main sur eux sans distinction dans l’espoir d’obt<strong>en</strong>ir aussitôt<br />
une pénombre. Manque de chance, la télé et la radio se mir<strong>en</strong>t à vomir<br />
bruyamm<strong>en</strong>t des sons strid<strong>en</strong>ts.<br />
Trop tard, mes pieds m’avai<strong>en</strong>t conduit vers la porte et je savais qu’il<br />
m’avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du avant le déluge d’ondes de la télé et de la radio. Il n’était<br />
plus l’heure de chercher ces damnés rhéostats. Le visage dét<strong>en</strong>du de Nick<br />
63
au regard ad<strong>ou</strong>cit m’apparut { l’<strong>ou</strong>verture de la porte. C’était { peu près<br />
comme si c’était lui qui m’att<strong>en</strong>dait, l’ayant moi-même quitté.<br />
Me pr<strong>en</strong>ant par la main, il me conduisit tranquillem<strong>en</strong>t à travers cette<br />
imm<strong>en</strong>se chambre qui n’aurait pas choqué par la taille bi<strong>en</strong> des salons, mon<br />
regard continua de chercher désespérém<strong>en</strong>t les interrupteurs, mais sans<br />
succès. Nick ne se dirigea même pas vers la f<strong>en</strong>être p<strong>ou</strong>r regarder la vue, ni<br />
même vers le frigo p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s verser un verre. Il fit demi-t<strong>ou</strong>r avec<br />
détermination p<strong>ou</strong>r me pr<strong>en</strong>dre dans ses bras…juste <strong>en</strong> dess<strong>ou</strong>s du lustre<br />
ébl<strong>ou</strong>issant<br />
« Oh oh, je ne vais quand même pas lui laisser voir mes vergetures, pas<br />
maint<strong>en</strong>ant, pas de cette façon. »<br />
« Trop tard »<br />
D’une main, il m’agrippait par la nuque, de l’autre me serrait contre lui par<br />
une pression au dessus de ma cuisse. Le d<strong>ou</strong>te n’était plus permis, par ce<br />
que je ress<strong>en</strong>tais dans mon <strong>en</strong>trejambe. Conquise je me laissais aller dans<br />
ma propre <strong>en</strong>vie s<strong>en</strong>suelle. Dans une délicieuse s<strong>en</strong>sation d’apesanteur, ma<br />
tête chavirait, mes paupières se fermai<strong>en</strong>t comme si elles n’avai<strong>en</strong>t pu<br />
résister à la gravité terrestre, plongeant dans un long baiser passionné et<br />
fort. Ses mains restèr<strong>en</strong>t immobiles p<strong>en</strong>dant une éternité,<br />
harmonieusem<strong>en</strong>t, nos corps se balançai<strong>en</strong>t comme des vagues. Submergée<br />
par l’int<strong>en</strong>sité grandissante du baiser, j’avais, même, mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t<br />
<strong>ou</strong>blié l’éclairage ébl<strong>ou</strong>issant au dessus de nos têtes, quand s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t<br />
la pression de ses mains se relâcha, il me déshabilla du regard. M’<strong>en</strong>levant<br />
le bandeau de mes cheveux il visa le fauteuil situé derrière lui p<strong>ou</strong>r y<br />
<strong>balance</strong>r mes affaires. Puis il détacha l’une après l’autre mes b<strong>ou</strong>cles<br />
d’oreilles, se ret<strong>ou</strong>rna p<strong>ou</strong>r les y déposer tandis que je restais deb<strong>ou</strong>t<br />
pétrifiée { l’idée qu’il puisse <strong>en</strong>trevoir mon estomac. En moins de cinq<br />
secondes il aurait <strong>en</strong>levé ma tunique, l’obstacle { la vision de mes<br />
vergetures allait disparaitre, il n’y avait plus d’échappatoire. Préférant ne<br />
pas voir le désastre je fermais les yeux p<strong>en</strong>dant qu’il me leva les bras p<strong>ou</strong>r<br />
<strong>en</strong>lever le haut.<br />
Raide comme un poteau, dans un dernier sursaut de c<strong>ou</strong>rage j’<strong>en</strong>tr<strong>ou</strong>vris un<br />
œil pétrifié { l’idée d’une m<strong>en</strong>ace, exprimée par une pir<strong>ou</strong>ette polie, de<br />
comm<strong>en</strong>cer une probable retraite.<br />
64
Bi<strong>en</strong> au contraire les yeux de Nick étai<strong>en</strong>t illuminés de désir. Grand <strong>ou</strong>verts<br />
avec un léger regard désespéré vers eux, je voyais sa b<strong>ou</strong>che légèrem<strong>en</strong>t<br />
<strong>ou</strong>verte habillée d’un s<strong>ou</strong>pçon de s<strong>ou</strong>rire. Me regardant <strong>en</strong> transe et<br />
pratiquem<strong>en</strong>t sans me t<strong>ou</strong>cher Nick avec délicatesse et expéri<strong>en</strong>ce défit<br />
mon s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong> gorge, laissant mes seins b<strong>ou</strong>ger librem<strong>en</strong>t, il laissa tomber sur<br />
le sol mon s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong> gorge, avec avidité il saisit à pleine mains mes seins.<br />
Faisant émettre de légers grognem<strong>en</strong>ts et gémissem<strong>en</strong>ts, Nick se répandait<br />
avec luxure dans mon corps. D’un m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t vif il prit possession de mon<br />
cul et le caressa. Qui peut deviner comm<strong>en</strong>t il procéda p<strong>ou</strong>r demeurer<br />
respectueux t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> me suppliant de v<strong>ou</strong>loir r<strong>en</strong>trer dans mes dessus sans<br />
t<strong>ou</strong>cher à mes dess<strong>ou</strong>s. Il v<strong>ou</strong>lait t<strong>ou</strong>t de moi, l’expéri<strong>en</strong>ce dev<strong>en</strong>ait torride,<br />
« Arrêtes tes conneries, vis le mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t. <strong>La</strong>isses-toi aller, tu ne<br />
p<strong>ou</strong>rras pas <strong>ou</strong>blier la moindre seconde de ce qui t’arrive »<br />
M’embrassant, me caressant, Nick me répéta comme un disque rayé d’une<br />
voix rauque au milieu de gémissem<strong>en</strong>ts :<br />
« Ohh tu es si belle, ooh tu es si sexy »<br />
« Pas très original….cela ne v<strong>en</strong>ait pas du cœur mais de la b…… »<br />
Ceci <strong>en</strong> lui-même était p<strong>ou</strong>r moi un élixir tonifiant.<br />
« Ma chérie veux tu me faire plaisir… marches vers le fond de la pièce et<br />
revi<strong>en</strong>s vers moi, je désire voir t<strong>ou</strong>t ton corps, je veux me rappeler comm<strong>en</strong>t<br />
tu b<strong>ou</strong>ges. J’adore ta démarche chal<strong>ou</strong>pée. »<br />
« Oh oh <strong>en</strong>core une position paniquant, comm<strong>en</strong>t vais-je m’<strong>en</strong> sortir ? Oh<br />
mon Dieu il va voir mes seins <strong>en</strong> chute libre. Mais je ne peux pas refuser, je<br />
passerai aussitôt p<strong>ou</strong>r une jeunette et faussem<strong>en</strong>t prude, et si je dis <strong>ou</strong> fais<br />
quelque chose, il verra d’autant plus mes vergetures. On verra s’il est vrai ce<br />
que l’on dit { savoir que t<strong>ou</strong>t homme qui est aveuglé par le désir et la<br />
passion ne décèle pas ainsi les défauts. On vérifie ces dires que par soi<br />
même »<br />
Je faisais le pari que c’était vrai. J’avais s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t lu dans les livres destinés {<br />
proposer maintes aides.<br />
Ceci allait être maint<strong>en</strong>ant le test définitif.<br />
65
Marchant <strong>en</strong> swinguant que je s<strong>ou</strong>haitais assimilable à une allure<br />
naturellem<strong>en</strong>t sexy et suggestive sans lui faire deviner que, si ma main<br />
droite était posé sur mes cheveux c’était p<strong>ou</strong>r relever mes seins, si ma main<br />
gauche avait la paume bi<strong>en</strong> placée sur mon estomac c’était p<strong>ou</strong>r c<strong>ou</strong>vrir<br />
mes vergetures. T<strong>ou</strong>s ces m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>ts qui p<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t sembler farfelues<br />
dev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t naturels car je masquais ces m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>en</strong>tamant une<br />
Macar<strong>en</strong>a <strong>en</strong>diablée qui acc<strong>en</strong>tuait par ses virevoltes mes pressions de<br />
mains sur le bas de ma panse.<br />
Pr<strong>en</strong>ant à dessein la diagonale de la pièce, la plus longue à traverser, je<br />
m’éloignais de Nick lui laissant la liberté d’avoir une vision parfaite p<strong>en</strong>dant<br />
un bon mom<strong>en</strong>t de ma cr<strong>ou</strong>pe. Mais le b<strong>ou</strong>t de la pièce arriva vite à<br />
proximité de mon nez, avec le fol espoir de passer à travers le mur, mais<br />
peut-on y p<strong>en</strong>ser ! Le mom<strong>en</strong>t était arrivé où je devais me ret<strong>ou</strong>rner face à<br />
lui. Demi t<strong>ou</strong>r gauche je lui faisais face, je p<strong>en</strong>sais aussitôt comm<strong>en</strong>t<br />
dét<strong>ou</strong>rner son regard de mes vergetures <strong>en</strong> le fixant du regard dans les<br />
yeux. P<strong>ou</strong>r hypnotiser ses yeux vers mon visage je j<strong>ou</strong>ais à faire danser ma<br />
langue sur mes lèvres. P<strong>en</strong>dant t<strong>ou</strong>tes ces simagrées, je me retr<strong>ou</strong>vais <strong>en</strong>fin<br />
s<strong>ou</strong>lagé par la s<strong>en</strong>sation de s<strong>en</strong>tir mon estomac collé contre sa poitrine, il<br />
me fit t<strong>ou</strong>rnoyer et m’<strong>en</strong>voya sans ménagem<strong>en</strong>t face { l’imm<strong>en</strong>se glace<br />
éclairée, située { l’<strong>en</strong>trée du c<strong>ou</strong>loir de la suite. Maint<strong>en</strong>ant, il était<br />
certainem<strong>en</strong>t au paradis. Non seulem<strong>en</strong>t il avait une vue pleine et <strong>en</strong>tière de<br />
mon corps, mais <strong>en</strong>core son spectacle était <strong>en</strong>flammé par l’amp<strong>ou</strong>le de 200<br />
watt du lustre <strong>en</strong> cristal de Murano du c<strong>ou</strong>loir, il fit c<strong>ou</strong>rir ses mains sur<br />
mon v<strong>en</strong>tre, l’une y resta, l’autre ép<strong>ou</strong>sait mon sein, ainsi il p<strong>ou</strong>vait<br />
aisém<strong>en</strong>t voir chaque imperfection de ma peau plissée <strong>ou</strong> les vergetures<br />
roses et blanches qui sillonnai<strong>en</strong>t mon pauvre abdom<strong>en</strong>. Cela aurait pu être<br />
une situation rêvée, si je ne m’étais pas s<strong>en</strong>tie si vulnérable. Le br<strong>ou</strong>haha de<br />
mon subconsci<strong>en</strong>t me disait :<br />
« Allez Natty, sort de ton embarras, tu dois réaliser que tu as eu dans la vie<br />
des évènem<strong>en</strong>ts bi<strong>en</strong> pire que celui là. Simule s’il le faut »<br />
Peu { peu j’arrivais { me convaincre de profiter du mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t,<br />
pr<strong>en</strong>dre le bon coté de chaque chose. Il est amusant de constater qu’au b<strong>ou</strong>t<br />
de dix minutes, je m’étais dét<strong>en</strong>due et r<strong>en</strong>trait dans le jeu. Au mom<strong>en</strong>t où je<br />
comm<strong>en</strong>çais à j<strong>ou</strong>ir d’une chaleur dans mon aine. Nick me ret<strong>ou</strong>rna face {<br />
lui et dit le plus sérieusem<strong>en</strong>t du monde :<br />
66
« Où n<strong>ou</strong>s arrêtons là où je ne peux plus me contrôler ! »<br />
Constatant qu’il avait raison, je filais vers le refuge du grand lit et de la plus<br />
belle façon que je puisse imaginer, je me mettais à plat v<strong>en</strong>tre. Une fois<br />
<strong>en</strong>core mis { l’abri des regards, je me s<strong>en</strong>tis <strong>en</strong> pleine sécurité <strong>en</strong> me<br />
ret<strong>ou</strong>rnant et utilisant le dessus de lit p<strong>ou</strong>r draper la cartographie de mes<br />
vergetures comme une statue Grecque.<br />
Nick s’assit sur le bord du lit. Il comm<strong>en</strong>ça mon massage conformém<strong>en</strong>t à<br />
ses dires dans la voiture.<br />
« OOOOOhmmm c’est si bon ! ».<br />
Pas de crainte, ni de supplication, mais un sympathique titillem<strong>en</strong>t qui v<strong>ou</strong>s<br />
sec<strong>ou</strong>e jusqu’au b<strong>ou</strong>t des orteils. Nick murmurait, tandis que je plongeais<br />
dans de chaudes s<strong>en</strong>sations p<strong>en</strong>dant sa « séance de caresses du dos ».<br />
« Je dois me sauver »<br />
me susurra Nick.<br />
« L’alarme ne va pas tarder { être remise <strong>en</strong> fonction, elle contrôlera t<strong>ou</strong>s<br />
les c<strong>ou</strong>loirs du Club H<strong>ou</strong>se et je serai fatalem<strong>en</strong>t détecté. N’<strong>ou</strong>blies pas<br />
qu’ici ma femme fait parti des murs. Que vont-ils imaginer s’il me voit<br />
déambuler à 2 heures du matin dans le club alors que suis s<strong>en</strong>sé être v<strong>en</strong>u<br />
p<strong>ou</strong>r une réunion de travail avec mon architecte dès 9 heures du matin ? »<br />
Se p<strong>en</strong>chant vers moi, il déposa sur ma nuque un baiser et me dit :<br />
« Dors bi<strong>en</strong>, j’ai prévu qu’une voiture avec chauffeur soit { ta disposition<br />
dès 9 heurs du matin. Il te conduira part<strong>ou</strong>t où il ya un site à voir et même<br />
te laisser faire du shopping si tu le désires. Il pr<strong>en</strong>dra soin de toi jusqu’{ nos<br />
retr<strong>ou</strong>vailles après ma réunion, donc si cela te va il te reconduira là où je<br />
serai, n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrons ainsi avoir un merveilleux déjeuner « <strong>en</strong> tête à tête »<br />
avant notre vol de ret<strong>ou</strong>r. Aimes-tu mon plan ? »<br />
Il était si d<strong>ou</strong>x et prév<strong>en</strong>ant que je pris sur moi de laisser de coté mes<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts.<br />
« Merci beauc<strong>ou</strong>p, je vois qu’il n’y a pas eu le moindre détail d’<strong>ou</strong>blié ».<br />
67
Le ton de ma voix détonait avec ma remarque piquante. N<strong>ou</strong>s savions t<strong>ou</strong>s<br />
les deux que je luttais contre l’émotion, mais n<strong>ou</strong>s avions décidé de ne pas<br />
<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir compte.<br />
Nick m’avait bi<strong>en</strong> clairem<strong>en</strong>t avisé p<strong>en</strong>dant le vol. Je savais fort bi<strong>en</strong> que la<br />
balle était dans mon camp p<strong>ou</strong>r déterminer et décider si et comm<strong>en</strong>t cet<br />
interlude devait <strong>en</strong>trer dans ma vie. Mon seul problème v<strong>en</strong>ait de mon<br />
incurable romantisme. J’avais cette manie de v<strong>ou</strong>loir t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs donner aux<br />
moindres av<strong>en</strong>tures le goût d’un conte de fée. <strong>La</strong> mi<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce ne<br />
pr<strong>en</strong>ait nullem<strong>en</strong>t le chemin d’une histoire { l’eau de rose, mais je priais le<br />
ciel qu’elle ne devi<strong>en</strong>ne pas un déchirem<strong>en</strong>t du cœur, voire plus tard un<br />
cauchemar. Je devais appr<strong>en</strong>dre à vivre tel le Sphinx. Tranquillem<strong>en</strong>t<br />
ét<strong>en</strong>due sur mes hanches je concluais, avant d’aller plus avant, que j’avais la<br />
fâcheuse habitude de me jeter la tête la première dans des situations<br />
attirantes par le coté amical <strong>ou</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tal.<br />
Après un dernier baiser et un regard lang<strong>ou</strong>reux par-dessus ses larges<br />
épaules, Nick sortit de ma suite me laissant seule avec mes n<strong>ou</strong>veaux<br />
pincem<strong>en</strong>ts de cœur.<br />
« Basta »<br />
P<strong>en</strong>sais-je.<br />
« T<strong>ou</strong>t ce qui m’arrive devrait être <strong>en</strong> réalité que de l’amusem<strong>en</strong>t et des<br />
jeux. Après t<strong>ou</strong>t, petite idiote, ne t<strong>ou</strong>rne pas aut<strong>ou</strong>r du pot, ne cède pas à<br />
t<strong>ou</strong>s les caprices de tes p<strong>en</strong>sées après avoir j<strong>ou</strong>é à une agréable partie de<br />
backgammon, t<strong>ou</strong>t ceci est quasim<strong>en</strong>t du même ordre. »<br />
Avec cette image gravée dans mon esprit, je me forçais à me ret<strong>ou</strong>rner p<strong>ou</strong>r<br />
regarder, par la f<strong>en</strong>être qui donnait sur le port du yacht Club, les mats des<br />
bateaux. Ils remuai<strong>en</strong>t comme le métronome d’un piano, ce m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t<br />
hypnotique des mats me fit tomber comme une masse.<br />
Le soleil comm<strong>en</strong>çait à percer à travers les persi<strong>en</strong>nes, juste comme il faut<br />
comme si elle avait dosé l’<strong>ou</strong>verture. Elle était une lève tôt, se régalant des<br />
vibrations matinales de chaque j<strong>ou</strong>r. Elle aimait saisir la j<strong>ou</strong>rnée tôt p<strong>ou</strong>r<br />
essorer chaque seconde de la j<strong>ou</strong>rnée. Le monde apparti<strong>en</strong>t à celui qui se<br />
lève tôt !<br />
68
Je savais que l’excitation que je ress<strong>en</strong>tais serait de c<strong>ou</strong>rte durée. Après t<strong>ou</strong>t<br />
dans quelques heures l’<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t sera tombé comme un s<strong>ou</strong>fflet, et une<br />
fois de plus je serai seule luttant contre la solitude ce qui parfois me<br />
p<strong>ou</strong>ssait aux extrêmes. Mais à prés<strong>en</strong>t, je v<strong>ou</strong>lais f<strong>ou</strong>iller p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver le<br />
moindre atome de passion que je v<strong>ou</strong>lais <strong>en</strong>g<strong>ou</strong>ffrer avidem<strong>en</strong>t.<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi me plaindre ! N’avais je pas une belle chambre d’un style itali<strong>en</strong>,<br />
moderne avec des meubles qui sans prét<strong>en</strong>tion étai<strong>en</strong>t malgré t<strong>ou</strong>t fait à la<br />
main, un chauffeur et sa voiture à ma disposition au moindre appel, le<br />
frisson d’anticiper la déc<strong>ou</strong>verte d’un paradis jamais vu. Un amant beau et<br />
att<strong>en</strong>tionné { l’horizon même si l’horizon était proche et de c<strong>ou</strong>rte durée »<br />
Natty prit son sac Kelly, glissa dans ses sandales très mode, posa sur le haut<br />
de son nez ses lunettes Cartier, lunettes de vue adaptée p<strong>ou</strong>r le soleil et d’un<br />
pas léger se sauva p<strong>ou</strong>r profiter de la j<strong>ou</strong>rnée.<br />
N<strong>ou</strong>s r<strong>ou</strong>lions aut<strong>ou</strong>r de l’ile sur des r<strong>ou</strong>tes comme des montagnes russe,<br />
traversant des villages stériles, des collines verdoyantes et rocheuses, et<br />
quelques r<strong>ou</strong>tes traitresses.<br />
Ce j<strong>ou</strong>r chaud et <strong>en</strong>soleillé cam<strong>ou</strong>flait l’atmosphère pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
dangereuse et agressive. C’était un réel plaisir de déc<strong>ou</strong>vrir une n<strong>ou</strong>velle<br />
atmosphère, un n<strong>ou</strong>veau paysage. Il est évid<strong>en</strong>t qu’elle profitait d’autant<br />
plus de ces n<strong>ou</strong>veaux paysages qu’elle se tr<strong>ou</strong>vait dans une situation bi<strong>en</strong><br />
n<strong>ou</strong>velle. Elle profitait d’être autant gâtée et traitée comme une princesse.<br />
Elle avait s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du de ses copines qui avai<strong>en</strong>t été traitées ainsi, mais<br />
<strong>en</strong> les éc<strong>ou</strong>tant, elle n’avait pu imaginer que cela puisse lui arriver.<br />
Certaines de ces histoires semblai<strong>en</strong>t { des contes de fée. Elle n’<strong>en</strong> avait<br />
jamais tiré la moindre jal<strong>ou</strong>sie, bi<strong>en</strong> au contraire, elle adorait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les<br />
lieux magiques où les amants, fiancés plus rarem<strong>en</strong>t les maris les<br />
emm<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t. Certains de ces hommes montrai<strong>en</strong>t leur romantisme <strong>en</strong> leur<br />
faisant d’extraordinaires surprises p<strong>ou</strong>r les ravir.<br />
Bref…. Cela était inatt<strong>en</strong>du mais cela lui arrivait.<br />
Le chauffeur avait été payé grassem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r la conduire vers chaque petit<br />
recoin de la cote et quelques villages de montagne. Il l’emm<strong>en</strong>a même { une<br />
fiesta villageoise où chaque individu, qui se faisait remarquer <strong>en</strong> dansant<br />
dans le cortège, était plus <strong>ou</strong> moins lié familialem<strong>en</strong>t avec lui. Natalia<br />
profita des produits locaux p<strong>ou</strong>r boire du vin <strong>ou</strong> diner. Un c<strong>ou</strong>sin du<br />
69
chauffeur lui porta des fleurs, un autre du miel, un c<strong>ou</strong>sin plus éloigné lui<br />
offrit des savons et des serviettes, puis ils posèr<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s sur une photo où<br />
figurait la tr<strong>ou</strong>pe folklorique au milieu desquels s’étai<strong>en</strong>t intégrés 3 nièces<br />
<strong>ou</strong> neveu de son m<strong>en</strong>tor. Ce dernier la conduisit sur des plages sableuses où<br />
Natty se déchaussa p<strong>ou</strong>r déambuler pieds nus. Pataugeant dans cette eau<br />
turquoise printanière mais frisquette. <strong>La</strong> petite calanque protégeait<br />
l’<strong>en</strong>droit des embruns.<br />
P<strong>en</strong>dant sa diversion aquatique, Natty se remémora la nuit précéd<strong>en</strong>te.<br />
Uhhmm, combi<strong>en</strong> son corps avait vibré s<strong>ou</strong>s les fermes doigts de Nick qui<br />
avai<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>ru le long de son dos. Quel gâchis de s’être obnubilé sur ces<br />
satanés vergetures. « Zut, comm<strong>en</strong>t me débarrasser de ces inhibitions sur<br />
mon v<strong>en</strong>tre au lieu de profiter totalem<strong>en</strong>t de ces mom<strong>en</strong>ts de s<strong>en</strong>sualité,<br />
j’<strong>en</strong> ai marre de perdre t<strong>ou</strong>tes les « frissonnades » épidermiques. Je dois<br />
comm<strong>en</strong>cer à me tr<strong>ou</strong>ver belle, et à croire mes amis quand ils dis<strong>en</strong>t que<br />
mon poids n’a pas d’importance et que je suis géniale.<br />
Elle comm<strong>en</strong>çait à se poser des questions « P<strong>ou</strong>rquoi suis-je aussi<br />
décontracté et me comporte dans une voie aussi féminine qui attire tant<br />
d’hommes dont je me moque, mais p<strong>ou</strong>r le seul qui t<strong>ou</strong>rne aut<strong>ou</strong>r de moi,<br />
j’agis sans raison comme une bombe { retardem<strong>en</strong>t.<br />
« Ce n’est pas juste » p<strong>en</strong>sa Natty. « Le problème dans ce cas, je suis cool, je<br />
ne suis pas attirée et si je ne suis pas attirée s’il me fait des avances c’a<br />
m’énerve. T<strong>ou</strong>s les scénarios virevoltai<strong>en</strong>t dans ses p<strong>en</strong>sées. Elle ne fit pas<br />
cas du temps qui passe, ni de son éloignem<strong>en</strong>t avec le chauffeur.<br />
S<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t elle s<strong>en</strong>tit une chaleur accablante <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant consci<strong>en</strong>ce <strong>en</strong><br />
se ret<strong>ou</strong>rnant qu’elle ne voyait plus la voiture. Mais elle se retr<strong>ou</strong>ve sereine<br />
et sécurisé, car elle savait qu’elle ne p<strong>ou</strong>vait être perdue. C’était incroyable<br />
à quel point elle avait confiance dans son intuition p<strong>ou</strong>r se s<strong>en</strong>tir bi<strong>en</strong> et<br />
sécurisée. « Ceci doit v<strong>en</strong>ir de ma t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>fance. Peut être que Papa <strong>ou</strong> ses<br />
employés, la n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong>, le chauffeur <strong>ou</strong> quiconque avai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs pris soin<br />
de moi. P<strong>ou</strong>rquoi, mais p<strong>ou</strong>rquoi suis-je incapable d’avoir dans mes tripes<br />
la même croyance <strong>en</strong> ma beauté et mon sex appeal ? Elle le savait, mais elle<br />
ne l’expliquait pas. De temps { autre certains de ses amants avait fait<br />
ressurgir cette croyance <strong>en</strong> elle, mais cela n’était que de c<strong>ou</strong>rte durée.<br />
Dans sa façon imbattable de regarder les choses, elle se raisonna : « Il vaut<br />
mieux être joli et ne pas y croire que moche et se croire jolie ! » Puis avec un<br />
70
imperceptible s<strong>ou</strong>rire <strong>en</strong> coin elle caressa de la semelle des pieds le sable<br />
chaud qui n’était pas <strong>en</strong>core brulant et fit demi-t<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r ret<strong>ou</strong>rner à la<br />
voiture où le chauffeur l’att<strong>en</strong>dait.<br />
Salvatore écrasa sa cigarette afin de lui <strong>ou</strong>vrir la porte du passager. S<strong>ou</strong>riant<br />
à Natty comme il le faisait à la vie il cont<strong>ou</strong>rna la voiture p<strong>ou</strong>r donner sur le<br />
capot un petit c<strong>ou</strong>p de chiffon. Puis au volant Salvatore la conduisit<br />
retr<strong>ou</strong>ver Nick { l’aéroport d’Olbia où leur avion privé les att<strong>en</strong>dait.<br />
Réalisant que Nick n’avait pas eu le temps de déjeuner comme cela avait été<br />
planifié au préalable, Natty demanda { Salvatore de s’arrêter un mom<strong>en</strong>t {<br />
la salumeria locale où elle acheta 3 kilos de jambon de Parme ainsi que du<br />
Parmesan. C’était l’avantage de voyager <strong>en</strong> avion privé où il n’y avait pas les<br />
restrictions de poids et autres tracasseries sur les vols de low cost.<br />
Nick <strong>ou</strong>vrit les yeux d’étonnem<strong>en</strong>t quand il vit sortir de la voiture les<br />
imm<strong>en</strong>ses branches de ce qui devait être du mimosa. « Oh Nick, elles étai<strong>en</strong>t<br />
si belles sur l’arbre ! » Nick rétorqua : « Elles n’avai<strong>en</strong>t qu’{ y rester ! »<br />
« C’était si amusant de voir Salvatore grimpant p<strong>ou</strong>r me casser ses<br />
branches, juste parce que je lui avais dit que je les tr<strong>ou</strong>vais jolies, ramènes<br />
les moi ! S’il te plait »<br />
Nick interrogea du regard le steward, qui s<strong>ou</strong>riant répondit qu’il ne voyait<br />
pas de problème de les monter à bord. Ceci réglé, ils donnèr<strong>en</strong>t une<br />
chaleureuse poignée de main { Salvatore p<strong>ou</strong>r le remercier d’avoir fait le<br />
guide et pénétrèr<strong>en</strong>t dans l’habitacle.<br />
Assis de n<strong>ou</strong>veau l’un face { l’autre, tristes que ces 24 heures magiques<br />
ai<strong>en</strong>t pris fin, Natty n’exprima pas ses s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Cela faisait parti du deal<br />
tacite, qui se traduisait par des s<strong>ou</strong>rires, des mom<strong>en</strong>ts agréables, sans<br />
obligations et certainem<strong>en</strong>t pas jonché de contraintes <strong>ou</strong> questions.<br />
« Pr<strong>en</strong>ds-le comme un bon plat. Profites <strong>en</strong>, mais ne pleures pas quand tu<br />
quittes le restaurant. Bon cela met les choses <strong>en</strong> place. Ha ! »<br />
« Natty, j’avais l’int<strong>en</strong>tion de te faire un petit cadeau sur l’ile, mais le temps<br />
m’a manqué avec t<strong>ou</strong>tes mes réunions matinales. P<strong>ou</strong>rquoi ne pr<strong>en</strong>drais tu<br />
pas ce mètre ruban ? Natty jeta un œil sur cet objet et éclata de rire…<br />
« Non ! Mais es-tu f<strong>ou</strong> ? C’est un objet d’architecture, je sais que je suis hors<br />
normes p<strong>ou</strong>r le poids, et tu aimes les femmes voluptueuses, mais<br />
71
nécessites-tu vraim<strong>en</strong>t d’un mètre r<strong>ou</strong>lant de 5 mètres p<strong>ou</strong>r faire le t<strong>ou</strong>r de<br />
mes hanches. N’est ce pas ? »<br />
Elle était tellem<strong>en</strong>t prise par son rire qu’elle ne fit pas att<strong>en</strong>tion dans un<br />
premier temps de son embarras. Rapidem<strong>en</strong>t il se r<strong>en</strong>dit compte qu’il était<br />
témoin d’une Natalia <strong>en</strong> pleine exubérance. Voil{ une sacré bonne femme<br />
qui p<strong>ou</strong>vait rire d’elle-même…et cela était rare. De fil <strong>en</strong> aiguille, il la<br />
rejoignit dans son f<strong>ou</strong> rire, il eut <strong>en</strong>vie de l’étreindre et l’embrasser mais il<br />
ne p<strong>ou</strong>vait montrer de l’intimité devant l’équipage. Après t<strong>ou</strong>t il était marié<br />
et il ne v<strong>ou</strong>lait pas pr<strong>en</strong>dre le risque d’un impair.<br />
En vain, elle essaya de combattre les vagues de tristesse qui la submergeait.<br />
Ce magnifique interlude qui était arrivé dans sa vie s’achevait et avait fort<br />
peu de chance de perdurer. Au mom<strong>en</strong>t de l’atterrissage { Nice, Nick lui dit<br />
dans l’oreille de son haleine chaude : « Quand tu partiras je t’embrasserai<br />
simplem<strong>en</strong>t sur la j<strong>ou</strong>e. L’équipage doit se d<strong>ou</strong>ter de ri<strong>en</strong> »<br />
Natty eut la confirmation du coté paranoïaque sur sa petite incartade. Il<br />
avait <strong>en</strong>core assez de s<strong>en</strong>sibilité p<strong>ou</strong>r saisir qu’une bataille <strong>en</strong> lui se<br />
dér<strong>ou</strong>lait p<strong>ou</strong>r assurer sa sécurité d’éviter t<strong>ou</strong>te émotion <strong>ou</strong> la saisir {<br />
chaque adieu <strong>ou</strong> au revoir !<br />
Elle s<strong>ou</strong>rit hocha la tête, et nonchalamm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>fila sa veste, se t<strong>ou</strong>rna p<strong>ou</strong>r<br />
pr<strong>en</strong>dre son sac, traça son chemin vers le devant de l’avion, puis se dirigea<br />
vers la sortie <strong>en</strong> esquissant un s<strong>ou</strong>rire qui illumina son visage et ses yeux.<br />
Elle l’embrassa d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t sur les deux j<strong>ou</strong>es, fit un clin d’œil et s<strong>ou</strong>ffla :<br />
« Merci ».<br />
<strong>La</strong>nçant de la main des bye bye, elle desc<strong>en</strong>dit les quatre marches de<br />
l’escalier de l’avion avec du chi<strong>en</strong> et élégance sans se ret<strong>ou</strong>rner p<strong>ou</strong>r voir<br />
s’il s’était arrêté { la porte p<strong>ou</strong>r l’observer. Elle ne jeta pas le moindre<br />
regard vers l’avion tant qu’elle ne s<strong>en</strong>tait pas { l’abri dans la voiture VIP qui<br />
devait lui faire traverser le tarmac.<br />
Tandis que le personnel au sol p<strong>ou</strong>ssait dans un chariot sa valise et<br />
l’imm<strong>en</strong>se b<strong>ou</strong>quet de branches fleuries, elle sut qu’elle était r<strong>en</strong>trée p<strong>ou</strong>r<br />
de bon.<br />
« Nice Matin, madame, juste une photo s’il v<strong>ou</strong>s plait…V<strong>ou</strong>s êtes bi<strong>en</strong><br />
Natalia Pellah ? Quelle coïncid<strong>en</strong>ce » Le jeune homme lui prés<strong>en</strong>ta <strong>en</strong> un<br />
72
éclair sa carte de presse. Il était de t<strong>ou</strong>te évid<strong>en</strong>ce le reporter feu follet local<br />
du Sud de la France.<br />
Natty surprise réalisa que sa photographie dans Nice Matin p<strong>ou</strong>vait être<br />
bonne p<strong>ou</strong>r sa publicité. En conséqu<strong>en</strong>ce elle posa de manière charmante et<br />
répondit donc à deux trois questions dont la première étant :<br />
« D’où est ce que v<strong>en</strong>ez avec t<strong>ou</strong>tes ces branches de mimosa on dirait que<br />
v<strong>ou</strong>s transportez un arbre de fleurs ! »<br />
« Sardaigne » répondit Natty « Juste un petit break avant ma prochaine<br />
confér<strong>en</strong>ce, donnez moi votre nom, que je v<strong>ou</strong>s invite au cocktail après la<br />
confér<strong>en</strong>ce » et <strong>en</strong> s<strong>ou</strong>riant elle écrivit le nom du j<strong>ou</strong>rnaliste. Lui jetant un<br />
dernier grand s<strong>ou</strong>rire, elle virevolta avec son chariot chargé de Mimosa vers<br />
le parking. Puis Natty conduisit sa voiture vers sa jolie maisonnette du bord<br />
de mer.<br />
Les heures <strong>en</strong> s’éc<strong>ou</strong>lant lui semblèr<strong>en</strong>t vides. Sa vie était pleine de projets<br />
au milieu de ses merveilleux amis. Natalia était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs <strong>en</strong> m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t,<br />
skiant, montant à cheval, travaillant sur son archéologie voire même<br />
dansant avec ses amis. P<strong>ou</strong>rquoi donc ress<strong>en</strong>tait-elle ce vide ? l’excitation ?<br />
Oui l’excitation avait p<strong>ou</strong>ssé chaque chose sur le bord de la r<strong>ou</strong>te et quand<br />
Nick s’était <strong>en</strong>volé, il s’était <strong>en</strong>volé avec sa dose d’excitation.<br />
Natalia réalisa qu’elle réagissait comme ceux qui ont pris des drogues et<br />
que la déprime arrive quand l’excitation tombe. Mais maint<strong>en</strong>ant elle ne<br />
voyait pas d’issue p<strong>ou</strong>r se procurer une autre excitation { sa demande, car<br />
celle-ci était n<strong>ou</strong>rrie par sa communication avec les autres. Elle aurait bi<strong>en</strong><br />
aimé se donner le conseil sur la façon de recréer l’excitation.<br />
Le téléphone sonna, et sa meilleure amie, Claudia Cook se mit à jacasser<br />
p<strong>ou</strong>r expliquer qu’elle arrivait { Saint-Tropez p<strong>ou</strong>r la semaine et lui<br />
proposa de v<strong>en</strong>ir p<strong>ou</strong>r un diner et p<strong>ou</strong>rquoi ne pas y passer deux j<strong>ou</strong>rs avec<br />
eux.<br />
Le coté illégitime de sa n<strong>ou</strong>velle relation am<strong>ou</strong>reuse obligea Natty à rester<br />
discrète, elle répondit à sa meilleure amie, sans tomber dans le détail :<br />
« Génial, mais je ne serai de ret<strong>ou</strong>r de mon voyage que V<strong>en</strong>dredi matin »<br />
73
« Parfait, à V<strong>en</strong>dredi, amène ta valise de week-<strong>en</strong>d et amuse-toi où que tu<br />
ailles. Bye »<br />
N<strong>ou</strong>veau chapitre<br />
Au même mom<strong>en</strong>t de l’autre coté de l’Océan.<br />
« Madame <strong>La</strong>ssifar, { quelle heure v<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s que j’habille les <strong>en</strong>fants p<strong>ou</strong>r<br />
cette après midi ?<br />
« Br<strong>en</strong>da vers 3 heures ce serait parfait. <strong>La</strong> voiture passe n<strong>ou</strong>s pr<strong>en</strong>dre à<br />
3h15 et le g<strong>ou</strong>ter d’anniversaire démarre { 16heures. Ooh au fait ! Avezv<strong>ou</strong>s<br />
bi<strong>en</strong> fait les paquets cadeaux ?<br />
« Oui Madame »<br />
« Je p<strong>en</strong>se que ce serait g<strong>en</strong>til que les <strong>en</strong>fants sign<strong>en</strong>t les cartes de vœux eux<br />
même. S’il v<strong>ou</strong>s plait faite les asseoir { leur petits bureaux avant le déjeuner<br />
et leur sieste et aider les à le faire.<br />
« Très bi<strong>en</strong> Madame ! »<br />
En quittant la chambre de Cassandre <strong>La</strong>ssifar, Br<strong>en</strong>da la vit pr<strong>en</strong>dre le<br />
téléphone situé sur la table de nuit. Elle perçut la conversation de sa<br />
patronne avec son pharmaci<strong>en</strong> p<strong>ou</strong>r lui confirmer une commande de pilules<br />
c<strong>ou</strong>pe faim. Le temps que Br<strong>en</strong>da arriva à la cuisine la conversation avait<br />
virée, avec Claudia Cook, au sujet d’une recette d’un gâteau sans sucre.<br />
« Hum » p<strong>en</strong>sa t’elle t<strong>ou</strong>tes ces pilules et ces gâteaux sans sucre ne val<strong>en</strong>t<br />
pas pipette si elle continue à ingurgiter du champagne à ce rythme ! Mais <strong>en</strong><br />
bonne professionnelle elle garda p<strong>ou</strong>r elle son opinion. Elle savait très bi<strong>en</strong>,<br />
qu’<strong>en</strong> dépit de sa formation formelle passée dans l’école mondialem<strong>en</strong>t<br />
r<strong>en</strong>ommée Norland Nannies, laquelle formait les instituteurs et<br />
g<strong>ou</strong>vernantes d’<strong>en</strong>fants de famille très privilégiée, il y avait peu de postes<br />
avec de pareils émolum<strong>en</strong>ts dans le monde occid<strong>en</strong>tal. Le monde avait<br />
changé considérablem<strong>en</strong>t depuis dix ans, 90% des familles susceptibles de<br />
p<strong>ou</strong>voir financièrem<strong>en</strong>t assumer l’usage { plein temps d’une g<strong>ou</strong>vernante<br />
privée p<strong>ou</strong>r les <strong>en</strong>fants v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de population dont les cultures étai<strong>en</strong>t fort<br />
74
éloignées de celle de Brinda qui était imprégnée de la culture anglosaxonne.<br />
Chez les <strong>La</strong>ssifar, elle j<strong>ou</strong>issait d’un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
particulièrem<strong>en</strong>t luxueux t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> restant dans une culture europé<strong>en</strong>ne dans<br />
laquelle elle était { l’aise et dès lors lui donnait t<strong>ou</strong>tes facultés p<strong>ou</strong>r m<strong>en</strong>er {<br />
bi<strong>en</strong> sa tâche d’éducatrice auprès des deux petits <strong>en</strong>fants Nico 5 ans et sa<br />
sœur Charlotte de 4 ans. C’est dans ce contexte particulièrem<strong>en</strong>t difficile<br />
qu’il s’agissait d’élever des <strong>en</strong>fants d’une classe sociale très privilégiée et<br />
raffinée.<br />
Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du Madame <strong>La</strong>ssifar avait ses sautes d’humeur, mais Br<strong>en</strong>da<br />
arrivait { éviter ses éclats et ce qui est plus important d’éviter { Nico et<br />
Charlotte d’<strong>en</strong> s<strong>ou</strong>ffrir quand leur mère s’emportait de temps { autres. Elle<br />
savait que Madame <strong>La</strong>ssifar était s<strong>ou</strong>s pression. Après t<strong>ou</strong>t, sa vie mondaine<br />
dans la haute société, sans la prés<strong>en</strong>ce de son mari était une excuse.<br />
Monsieur <strong>La</strong>ssifar n’était pas s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t chez lui comme un mari se doit de<br />
l’être. Mais il faut reconnaitre que quand il daignait passer, il s’occupait très<br />
étroitem<strong>en</strong>t de ses <strong>en</strong>fants qu’il adorait.<br />
Br<strong>en</strong>da qui avait du charme savait que Monsieur <strong>La</strong>ssifar n’était pas un<br />
satyre.<br />
Elle se s<strong>ou</strong>vint qu’un soir, incapable de dormir il se glissa sur le tab<strong>ou</strong>ret de<br />
la cuisine p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>cas de minuit. Monsieur <strong>La</strong>ssifar arriva { l’improviste d’un<br />
voyage d’affaires. Affamé il se dirigea directem<strong>en</strong>t vers la cuisine et très<br />
surpris ils se retr<strong>ou</strong>vèr<strong>en</strong>t nez à nez. Il resta très c<strong>ou</strong>rtois et respectueux<br />
quand il constata qu’elle était dans une chemise de nuit transpar<strong>en</strong>te, lui,<br />
laissant l’opportunité de se retirer élégamm<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r se revêtir d’une robe<br />
de chambre p<strong>ou</strong>r rev<strong>en</strong>ir et partager leur dinette de minuit. L’atmosphère<br />
resta décontractée sans jamais tomber dans une intimité <strong>ou</strong> geste inélégant<br />
de sa part. Nick dét<strong>en</strong>dit sa cravate Hermès et <strong>en</strong>leva son blaser <strong>en</strong><br />
cachemire bleue de chez Savill Row aux b<strong>ou</strong>tons <strong>en</strong> or de Bulgari. On aurait<br />
cru qu’il sortait d’un conc<strong>ou</strong>rs d’élégance mais on aurait cru qu’il sortait<br />
d’un conc<strong>ou</strong>rs d’élégance mais c’était son naturel. Br<strong>en</strong>da <strong>en</strong> était très<br />
impressionnée car elle savait oh combi<strong>en</strong> c’était rare qu’un homme ne la<br />
draguait pas surt<strong>ou</strong>t comme elle était vêtue. Elle se rappela comm<strong>en</strong>t s’était<br />
dér<strong>ou</strong>lé ce casse cr<strong>ou</strong>te impromptu.<br />
75
« Bi<strong>en</strong> Br<strong>en</strong>da, comm<strong>en</strong>t se comporte mes deux petits monstres ? »<br />
demanda t’il d’un œil pétillant laissant apparaitre l’am<strong>ou</strong>r et la fierté p<strong>ou</strong>r<br />
ses deux <strong>en</strong>fants qui possédai<strong>en</strong>t un caractère fortem<strong>en</strong>t trempés.<br />
« En fait, Monsieur <strong>La</strong>ssifar ce sont deux petits <strong>en</strong>fants fantastiques.<br />
Diables… peut être mais ceci ne fait qu’aj<strong>ou</strong>ter { leur caractère. Si je puis me<br />
permettre sans être impertin<strong>en</strong>te mais c’est plutôt un complim<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r<br />
v<strong>ou</strong>s et votre femme vue je constate que t<strong>ou</strong>s les deux v<strong>ou</strong>s avez des<br />
personnalités très marqués mais bi<strong>en</strong> sûr dans des styles différ<strong>en</strong>ts.<br />
Ils continuèr<strong>en</strong>t à bavarder g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partageant la salade de thon que<br />
Br<strong>en</strong>da v<strong>en</strong>ait de concocter.<br />
« Voil{ la meilleure salade de thon que j’ai eu l’occasion de manger<br />
dernièrem<strong>en</strong>t et ce que j’exprime a beauc<strong>ou</strong>p de valeur, je suis un expert<br />
car <strong>en</strong> effet il est c<strong>ou</strong>tumier lors de mes déplacem<strong>en</strong>ts que ce soit t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
la salade de thon que l’on me serve » T<strong>ou</strong>s les deux se mir<strong>en</strong>t à rire<br />
profitant de ce mom<strong>en</strong>t de dét<strong>en</strong>te.<br />
« Br<strong>en</strong>da, Ya t’il une chance que v<strong>ou</strong>s me tr<strong>ou</strong>viez un dessert, je ress<strong>en</strong>s<br />
int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t un besoin de sucreries avant de m’écr<strong>ou</strong>ler de sommeil.<br />
Il y avait un choix énorme, dans le magnifique frigo et dans le congélateur,<br />
plus spécialem<strong>en</strong>t { l’instant car Madame <strong>La</strong>ssifar semblait avoir eu comme<br />
mission d’acheter t<strong>ou</strong>te sorte de dessert qui p<strong>ou</strong>vait exister de part le<br />
monde et qu’elle stockait dans un frigidaire conçu uniquem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r les<br />
desserts.<br />
Pas de problème je peux satisfaire le moindre de vos désirs, choisissez :<br />
gâteau struddle, cakes, glaces. Se p<strong>en</strong>chant rapidem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r inspecter les<br />
étagères inférieures elle laissa suggérer { Nick des p<strong>en</strong>sées coquines qu’il<br />
réprimât immédiatem<strong>en</strong>t. Il n’aurait jamais t<strong>ou</strong>ché { une de ses employés.<br />
« Oh, que p<strong>en</strong>sez v<strong>ou</strong>s d’une glace au caramel <strong>ou</strong> au chocolat mais sans<br />
sucre ? » demanda Br<strong>en</strong>da.<br />
« Génial, c’est parfait » Entretemps, Nick avait allumé la télévision et de<br />
concert ils regardèr<strong>en</strong>t l’écran t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> finissant les pots de glace.<br />
76
« Bon je vais me c<strong>ou</strong>cher maint<strong>en</strong>ant. Je v<strong>ou</strong>s remercie et à demain »<br />
« Bonne nuit Monsieur, je vais t<strong>ou</strong>t nettoyer » dit elle avec un s<strong>ou</strong>rire amical<br />
et chaleureux.<br />
Br<strong>en</strong>da savait parfaitem<strong>en</strong>t que ce qui v<strong>en</strong>ait de se passer n’aurait jamais pu<br />
arriver dans une famille du show business <strong>ou</strong> d’une du Moy<strong>en</strong> Ori<strong>en</strong>t. Le<br />
mari aurait certainem<strong>en</strong>t fait des avances p<strong>ou</strong>r profiter de la situation qui<br />
aurait pu être ambiguë et mettre <strong>en</strong> danger son poste au sein de la famille. Il<br />
y avait vraim<strong>en</strong>t beauc<strong>ou</strong>p d’avantages de travailler p<strong>ou</strong>r une famille<br />
partageant sa propre culture.<br />
Elle revint à la réalité <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant les cris de joie de Nico et Charlotte qui<br />
sur leur bâtons de Pogo rebondissai<strong>en</strong>t comme de petits bambis sur la<br />
terrasse.<br />
Mazelle (la petite Charlotte ne savait appeler la g<strong>ou</strong>vernante Mademoiselle),<br />
qui saute le plus haut ? C’est moi n’est ce pas ? rigola Charlotte. A l’instant<br />
même Nico perdant l’équilibre s’écrasa du haut de son saut dans le lit de<br />
tulipes que sa mère v<strong>en</strong>ait de planter. « Ouh » dit Charlotte « Maman va<br />
<strong>en</strong>core se fâcher »<br />
« Allez v<strong>en</strong>ez les <strong>en</strong>fants posez vos Pogo et v<strong>en</strong>ez m’aider { replanter les<br />
tulipes. Je suis sûr que l’on peut cam<strong>ou</strong>fler le désastre. Nico peux tu aller<br />
jusqu’au cabanon p<strong>ou</strong>r me rapporter la caisse { <strong>ou</strong>til de jardin. Et toi<br />
Charlotte va pr<strong>en</strong>dre la brosse et les sacs de p<strong>ou</strong>belle. N<strong>ou</strong>s allons ratisser<br />
la terre, jeter les tiges cassées des tulipes et replanter celles qui sont<br />
intactes.<br />
A l’instant Cassandra <strong>La</strong>ssifar sortit sur la terrasse et demanda : « Mais<br />
qu’est ce que v<strong>ou</strong>s manigancer ?<br />
« Oh Maman, Nico c’est écrasé sur les tulipes »<br />
« Comm<strong>en</strong>t vas mon petit cornichon ? demanda-t-elle à Nico, lequel tirait<br />
derrière lui la boite à <strong>ou</strong>tils.<br />
« Est-ce que Maman doit te donner un baiser <strong>ou</strong> à la tulipe qui a été<br />
blessé ? »<br />
77
Nico c<strong>ou</strong>rut vers elle une tulipe à la main disant « Maman, donne un baiser à<br />
la tulipe, elle a une jambe cassée »<br />
Cassandra, g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t attrapa la tulipe et embrassa les deux <strong>en</strong>fants et la<br />
tulipe. « Bon maint<strong>en</strong>ant v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez replanter la tulipe. Le baiser la r<strong>en</strong>dra<br />
plus forte et les pétales auront une c<strong>ou</strong>leur plus éclatante.<br />
Charlotte était t<strong>ou</strong>t excitée et c<strong>ou</strong>rut vers le champ de tulipe p<strong>ou</strong>r creuser<br />
un tr<strong>ou</strong> avec l’aide de Nico tandis que Brandy supervisait l’opération <strong>en</strong> leur<br />
indiquant comm<strong>en</strong>t replanter la tulipe solitaire.<br />
« V<strong>en</strong>ez aidez moi à porter les pots de peinture » leur dit Cassandre dès<br />
qu’ils eur<strong>en</strong>t replanté la tulipe. N<strong>ou</strong>s allons célébrer la plantation de la<br />
tulipe par une cérémonie »<br />
Nico demanda fort sérieusem<strong>en</strong>t « Puis vêtir mon uniforme de général ainsi<br />
que le fit grand papa l’été dernier p<strong>ou</strong>r le soldat »<br />
« Mais c’était une cérémonie de guerre, n<strong>ou</strong>s c’est une cérémonie de tulipe.<br />
V<strong>ou</strong>s devez v<strong>ou</strong>s habiller comme une fleur »<br />
« Comme tu n’as pas de costume de fleur, la mascarade est { l’eau » répliqua<br />
Charlotte.<br />
Ec<strong>ou</strong>tez bi<strong>en</strong> les <strong>en</strong>fants p<strong>ou</strong>rquoi ne peindrions n<strong>ou</strong>s pas t<strong>ou</strong>te<br />
l’information sur le grand panneau que l’on plantera { coté du champ de<br />
tulipe. Après cela on ira dans le gr<strong>en</strong>ier de grand père et grand-mère p<strong>ou</strong>r y<br />
chercher de vrais uniformes. N<strong>ou</strong>s allons t<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s habiller p<strong>ou</strong>r la<br />
cérémonie et quand papa arrivera, il p<strong>ou</strong>rra n<strong>ou</strong>s regarder faire la<br />
cérémonie, il p<strong>ou</strong>rra s’assoir dans la grande chaise comme invité d’honneur.<br />
Mademoiselle pr<strong>en</strong>dra les photos. D’accord ?<br />
Recevant un acquiescem<strong>en</strong>t énergique des <strong>en</strong>fants par des hochem<strong>en</strong>ts de<br />
tête, qui la regardai<strong>en</strong>t dans l’att<strong>en</strong>te de davantage excitantes informations<br />
sur la cérémonie. Cassandra p<strong>ou</strong>rsuivit avec une liste d’activités p<strong>ou</strong>r les<br />
garder occupés.<br />
« Avant t<strong>ou</strong>t, n<strong>ou</strong>s allons peindre la date et l’heure { laquelle v<strong>ou</strong>s avez<br />
replanté la tulipe, et d’ailleurs, n<strong>ou</strong>s devons p<strong>en</strong>ser à lui donner un nom à<br />
cette fleur. Comm<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s l’appeler ? »<br />
78
« Lollilop » dit Charlotte « Non c’est bête je veux l’appeler « Wappy » comme<br />
mon p’tit chiot.<br />
Br<strong>en</strong>da et Cassandra s’<strong>en</strong> amusèr<strong>en</strong>t et suggérèr<strong>en</strong>t d’att<strong>en</strong>dre papa p<strong>ou</strong>r<br />
donner le nom du fait qu’il allait être l’invité d’honneur. A ce mom<strong>en</strong>t l{<br />
n<strong>ou</strong>s peindrons le nom de la tulipe sur le panneau. Cela v<strong>ou</strong>s va ?<br />
Les <strong>en</strong>fants t<strong>ou</strong>t excité sautillai<strong>en</strong>t de joie <strong>en</strong> jappant « <strong>ou</strong>i <strong>ou</strong>i papa va<br />
donner un nom à notre fleur »<br />
L’activité de peinture les m<strong>en</strong>a jusqu’{ l’heure du déjeuner.<br />
« Maman, maman » demanda Charlotte excitée, « est ce que je peux mettre<br />
mon costume de « super fée » p<strong>ou</strong>r la fête de cette après-midi ?<br />
« Non chérie, tu vas à un récital de musique p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> faveur de la<br />
Croix R<strong>ou</strong>ge et v<strong>ou</strong>s serez t<strong>ou</strong>s très bi<strong>en</strong> habillés.<br />
« Mais mon costume est très joli » b<strong>ou</strong>da Charlotte restant dans ses rêves.<br />
« Certes répondit Cassandra mais c’est un déguisem<strong>en</strong>t, et cette fête n’est<br />
pas une fête déguisée. Ton frère il va porter son beau blazer bleu, ses shorts<br />
<strong>en</strong> flanelle grise et son petit col r<strong>ou</strong>lé r<strong>ou</strong>ge. Je p<strong>en</strong>se que ce serait très joli si<br />
tu mettais ta petite robe <strong>en</strong> vel<strong>ou</strong>rs côtelé r<strong>ou</strong>ge avec le petit cardigan bleu<br />
marine et r<strong>ou</strong>ge assorti.<br />
Jeudi p<strong>en</strong>dant que les <strong>en</strong>fants étai<strong>en</strong>t occupés avec les tulipes Cassandra<br />
appela Nick.<br />
« Oui ma chérie répondit Nick dès qu’il aperçut le nom de sa femme sur<br />
l’id<strong>en</strong>tifiant.<br />
« Est-ce que c’est important <strong>ou</strong> est ce que cela peut att<strong>en</strong>dre ce soir si<br />
j’arrive { pr<strong>en</strong>dre l’avion { temps ? Je suis juste <strong>en</strong> train de r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong><br />
meeting.<br />
« Pas de problème, je v<strong>ou</strong>lais savoir seulem<strong>en</strong>t la position de ton conseil<br />
d’administration ton OPA p<strong>ou</strong>r être nommé CEO? Car j’ai l’impression que<br />
papa va s’y opposer. On <strong>en</strong> discutera plus tard, je t’aime mon chéri, je serai à<br />
l’aéroport. J’emmène les <strong>en</strong>fants au concert, au Breakers Hotel au bénéfice<br />
de la Croix R<strong>ou</strong>ge ».<br />
79
Nick répondit : « Tu me montreras les photos, je vais essayer d’être { la<br />
maison par le dernier vol, sinon je serai là v<strong>en</strong>dredi après-midi p<strong>ou</strong>r ton<br />
cocktail OK ? Je t’aime Chao ».<br />
Cassandra se retr<strong>ou</strong>ve avec le combiné à la main sans avoir eu la chance de<br />
lui dire au revoir, sa b<strong>ou</strong>che se crispe, ses lèvres s’aminciss<strong>en</strong>t, elle suppute<br />
qu’il ne sera pas l{ ce soir. Ce d<strong>ou</strong>te amer jaillit <strong>en</strong> elle. Mais il est vrai p<strong>en</strong>sa<br />
t’elle : qu’il travaille durem<strong>en</strong>t sur cette n<strong>ou</strong>velle ligne de chocolat sans<br />
sucre et après t<strong>ou</strong>t c’est quand même moi-même qui l’ait p<strong>ou</strong>ssé vers ce<br />
projet.<br />
L e l<strong>en</strong>demain matin Nick s’excusa de ne pas l’avoir appelé la veille au soir.<br />
C’est <strong>en</strong> ces termes qui lui dit : « Sandy, pardon mais ma réunion c’est<br />
terminée si tard, que je ne t’appelle que ce matin, je suis confus mais je ne<br />
peux pas non plus pr<strong>en</strong>dre l’avion de Londres-Miami de 3 heures, je vi<strong>en</strong>s<br />
de me r<strong>en</strong>dre compte qu’il y a un problème sur le permis de construire à<br />
Porto Ercole, je dois filer voir l’architecte p<strong>ou</strong>r arranger t<strong>ou</strong>t cela.»<br />
Cassandra ayant déj{ capté où il v<strong>ou</strong>lait <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir l’interrompit<br />
agressivem<strong>en</strong>t « Ok, Nick et cette fois ci quelle excuse dois je donner aux<br />
<strong>en</strong>fants cette fois ci ? Ils prépar<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r toi une cérémonie p<strong>ou</strong>r la<br />
plantation d’une tulipe… » J<strong>ou</strong>ant ainsi sans succès sur son s<strong>en</strong>s de<br />
culpabiliser.<br />
« Ec<strong>ou</strong>tes, tu dois compr<strong>en</strong>dre que ne peux v<strong>en</strong>ir à Palm beach ce week <strong>en</strong>d,<br />
être de ret<strong>ou</strong>r { Londres lundi, m’occuper des problèmes de construction<br />
p<strong>ou</strong>r que n<strong>ou</strong>s puissions profiter de notre maison <strong>en</strong> Sardaigne cet été et<br />
participer { la cérémonie des <strong>en</strong>fants. J’ai r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s avec l’architecte et<br />
l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur demain et dimanche matin je n’ai pas le choix, je préfèrerai<br />
de loin être <strong>en</strong> train de me reposer avec v<strong>ou</strong>s. Pitié, tâche de compr<strong>en</strong>dre et<br />
ne me mets pas plus de pression, je me bats p<strong>ou</strong>r arranger t<strong>ou</strong>t.<br />
P<strong>en</strong>se aux merveilleux mom<strong>en</strong>ts que n<strong>ou</strong>s avons. Allez, ma d<strong>ou</strong>ce. Peut être<br />
la semaine prochaine vu que ce sont des vacances scolaires v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rriez<br />
faire un saut { Londres p<strong>ou</strong>r un long week <strong>en</strong>d….On va voir comm<strong>en</strong>t on va<br />
arranger t<strong>ou</strong>t cela. OK ? »<br />
80
A peine laissant à Cassandre le temps de répondre, il était déjà à son<br />
prochain c<strong>ou</strong>p de fil.<br />
T<strong>ou</strong>t compte fait Cassandra se demande ce que Nick lui mijotait.<br />
Quand il l’avait appelé ce matin sa voix était naturelle avec sa<br />
chaleur habituelle, mais quelque part <strong>en</strong> elle Cassandra ress<strong>en</strong>t<br />
que cet appel était : « je dois appeler ma famille, c’est l’heure de<br />
les appeler », ce n’était pas un appel v<strong>en</strong>ant du cœur. Elle ne<br />
reprochait pas { Nick qu’il ne se préoccupe pas d’elle, elle avait ce<br />
pincem<strong>en</strong>t, ce press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’il avait fait son devoir plutôt que<br />
de chercher à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa voix. Etait-ce une vision justifiée <strong>ou</strong> une<br />
crise de paranoïa ? Il fallait qu’elle sorte de cette spirale de<br />
p<strong>en</strong>sées négatives qui l’<strong>en</strong>vahissait chaque j<strong>ou</strong>r davantage. Ou<br />
était passé ce positivisme, ses p<strong>en</strong>sées dynamiques qu’elle n’avait<br />
jamais cessé de générer. Cassandra avait la fâcheuse habitude de<br />
manquer de confiance <strong>en</strong> elle-même d’une façon émotive. Ce<br />
besoin exagéré d’être rassuré sur ses propres s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts ne<br />
transpirait pas quand elle était <strong>en</strong> société. Elle masquait fort bi<strong>en</strong><br />
sa défaillance. Cassandra coincid<strong>en</strong>tly that same week had already<br />
a strange feeling and got obsessed with the suspicion that Nick<br />
has other wom<strong>en</strong> because she felt something in the air she is not<br />
sure what c<strong>ou</strong>ld be. Premonition. She sees clairvoyants etc<br />
She had her favorite ones but was always finding addresses of<br />
new fortune tellers. It was her drug of choice. Nick’s secretary one<br />
day got a phone call at the office from one of Cassandra’s fortune<br />
tellers, confirming an appointm<strong>en</strong>t. Nick was furi<strong>ou</strong>s at his wife<br />
for using his office for such silly things and since th<strong>en</strong>, Islee, who<br />
was Nick’s PA, had nicknamed her bosses wife as FTA… ‘Fortune<br />
Telling Anonym<strong>ou</strong>s!’<br />
81
<strong>La</strong> déception des <strong>en</strong>fants de ne pas voir arriver leur père après t<strong>ou</strong>te la<br />
préparation psychologique que leur mère avait mise au point fut un déclic<br />
p<strong>ou</strong>r Cassandra. Nico ne disait plus un mot, quant à Charlotte elle ne cessait<br />
d’harasser sa mère sur cette cérémonie qui semblait s’évan<strong>ou</strong>ir dans les<br />
brumes Londoni<strong>en</strong>nes. Cassandra ne p<strong>en</strong>sait désormais qu’aux paroles de<br />
Nick p<strong>ou</strong>r y desceller les prémices d’une tromperie. Il n’était pas naturel<br />
qu’il s’<strong>en</strong>vola vers la Sardaigne sans <strong>en</strong> avoir parlé, au préalable, les j<strong>ou</strong>rs<br />
précéd<strong>en</strong>ts. Ce s<strong>ou</strong>dain <strong>en</strong>g<strong>ou</strong>em<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r la future maison était bizarre car<br />
n’avait pas t’il montré une certaine indiffér<strong>en</strong>ce sur l’évolution de ce dossier<br />
immobilier qu’il lui laissait { ses bons soins ! Plus les heures passai<strong>en</strong>t plus<br />
l’intuition féminine lui laissait p<strong>en</strong>ser que sa voyante avait raison, qu’il y<br />
avait peut être une autre femme dans le sillage de son mari. Cela dev<strong>en</strong>ait<br />
une obsession qu’elle ne p<strong>ou</strong>vait plus éliminer de son esprit. Un matin<br />
sautant du lit n’<strong>en</strong> p<strong>ou</strong>vant plus elle se parla { elle-même : Je n’<strong>en</strong> peux plus<br />
quitte à faire une bêtise je veux savoir si <strong>ou</strong>i <strong>ou</strong> non il me m<strong>en</strong>t. Je dois<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération p<strong>ou</strong>r avoir l’esprit tranquille que Nick gère mon<br />
arg<strong>en</strong>t et qu’il ne faudrait pas que p<strong>ou</strong>r des pulsions, il se fasse embobiner<br />
par une intrigante.<br />
Je vais pr<strong>en</strong>dre un détective. Un détective <strong>ou</strong>i mais où ? Those<br />
suspicions got stronger before the fact Nick has decided to go to<br />
Sardinia to talk with their arquitect since he never got interested<br />
in being informed ab<strong>ou</strong>t the stage of evolution of any<br />
construction of their h<strong>ou</strong>ses and much less that one which gets<br />
<strong>ou</strong>t of the way of his daily r<strong>ou</strong>tine and it was always Cassandra<br />
which took the responsibility and supervision of that h<strong>ou</strong>se to the<br />
point of choosing by herself all the materials necessary to build it;<br />
Nick has other things to care ab<strong>ou</strong>t and trusts absolutely<br />
Cassandra’s taste of which she has already gave proofs wh<strong>en</strong><br />
showing the excell<strong>en</strong>t results of her decors and interior design<br />
conceptions; NEW ( incorporated above parag)<br />
Before this sudd<strong>en</strong> interest of Nick which made him to give<br />
himself the tr<strong>ou</strong>ble to fly to Sardinia in the low season with the<br />
useless purpose of meeting an arquitect he only saw once,<br />
Cassandra decided with<strong>ou</strong>t any d<strong>ou</strong>bts to jump <strong>ou</strong>t in the field<br />
and find a way to get him under surveillance as soon as possible<br />
82
not only for reasons of suspicion but also for precaution since he<br />
is managing her money. NEW<br />
Sur les collines donnant sur le pittoresque village de Gstaad, là haut dans les<br />
Alpes Suisse Frank Cook faisait sa prom<strong>en</strong>ade matinale. Frank adorait la<br />
Suisse, il était suisse jusqu’{ la moelle des os et il <strong>en</strong> était fier. Claudia, sa<br />
femme épicée et sud américaine avait l’habitude de blaguer sur le fait que<br />
simplem<strong>en</strong>t un homme aussi « suisse » que Frank p<strong>ou</strong>vait <strong>en</strong> être fier,<br />
comm<strong>en</strong>taire qui laissait le monde b<strong>ou</strong>che bée. Car il ne savait jamais si elle<br />
le disait <strong>en</strong> blaguant <strong>ou</strong> sérieusem<strong>en</strong>t. En dépit du fait qu’il donnait<br />
l’appar<strong>en</strong>ce d’être détaché de t<strong>ou</strong>t et de t<strong>ou</strong>t le monde, car cela c’était son<br />
coté suisse, Frank appréciait la poésie de la vie qui p<strong>ou</strong>r lui se résumait par<br />
l’odeur de l’herbe fraichem<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>pée <strong>ou</strong> des parfums féminins. Il aurait<br />
presque pu être un nez dans l’industrie du parfum. Il aimait se prom<strong>en</strong>er<br />
sur le chemin sinueux qui m<strong>en</strong>ait à leur chalet lequel était situé juste <strong>en</strong> face<br />
de l’hôtel Palace façon Disney World ! Ses quatre t<strong>ou</strong>rs cylindriques<br />
percutant le ciel se voyai<strong>en</strong>t de t<strong>ou</strong>te la vallée. Il avait l’habitude de<br />
cheminer g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> direction de la « bahnhoff » p<strong>ou</strong>r aller t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs<br />
y acheter ses j<strong>ou</strong>rnaux. Puis sa c<strong>ou</strong>rse faite, il repr<strong>en</strong>ait la r<strong>ou</strong>te du ret<strong>ou</strong>r<br />
<strong>en</strong> n’<strong>ou</strong>bliant pas de temps { autre de s’arrêter p<strong>ou</strong>r manger une Bratwurst<br />
au petit rev<strong>en</strong>deur du coin avec lequel il bavardait de la vie du village,<br />
surt<strong>ou</strong>t à la fin de la saison quand les g<strong>en</strong>s du coin cancanai<strong>en</strong>t.<br />
« Gruezi » lui lança le v<strong>en</strong>deur de Bratwurst tandis que Frank passait « Vos<br />
saucisses galop<strong>en</strong>t t’elles bi<strong>en</strong> { cette époque de l’année ? » En réalité Frank<br />
était particulièrem<strong>en</strong>t intéressé. Il désirait savoir comm<strong>en</strong>t une affaire se<br />
comportait hors saison <strong>en</strong> opposition avec la pleine saison. Frank avait une<br />
discrétion particulière <strong>en</strong> ce qui concerne sa richesse. Il n’<strong>en</strong> avait pas<br />
besoin, sa famille était particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> établie. Il se s<strong>ou</strong>vint quand on<br />
lui avait offert un chapeau avec sur son sommet <strong>en</strong> guise de j<strong>ou</strong>et une<br />
pomme r<strong>ou</strong>ge laquelle était un clin d’œil { l’histoire de Guillaume Tell.<br />
Le Burgermeister l’avait surpris lors de la fête du village avec cet objet<br />
honorable. C’était le printemps, de ce fait la r<strong>ou</strong>te qui montait du village<br />
83
vers le Palace Hotel était parsemée sur ses bas cotés d’une multitude de<br />
petites fleurs sauvages. Les chalets aux balcons fleuris laissai<strong>en</strong>t place à des<br />
pots alignés qui donnai<strong>en</strong>t leur chance à de r<strong>ou</strong>ges bébés géranium. Le<br />
village est typique, et quiconque, s’y prom<strong>en</strong>ant p<strong>ou</strong>r la première fois, ne<br />
peut pas <strong>ou</strong>blier l’impression d’avoir t<strong>ou</strong>rné dans un film. Les pavés de<br />
granit c<strong>ou</strong>rant le long de la principale rue piétonnière brillai<strong>en</strong>t s<strong>ou</strong>s la<br />
lumière du soleil c<strong>ou</strong>chant <strong>ou</strong> du clair de lune. Chaque chose dans le village<br />
respirait la richesse <strong>ou</strong> y faisait p<strong>en</strong>ser.<br />
De l’autre coté de l’océan { Miami, Cassandra était allongée sur le canapé<br />
qui donnait sur l’imm<strong>en</strong>se piscine du manoir, mais elle ne la voyait plus. Ses<br />
yeux étai<strong>en</strong>t hagards, nerveuse, elle avait annulée son cocktail qu’elle avait<br />
supposé organisé cette après midi <strong>en</strong> faveur de certaines de ses relations<br />
mondaines. Elle plongea de façon machinale la cuillère <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t dans le<br />
gros pot de glace au chocolat qu’elle avait acheté p<strong>ou</strong>r les <strong>en</strong>fants. Tandis<br />
qu’elle t<strong>en</strong>dit le bras, vers la table j<strong>ou</strong>xtant le canapé, p<strong>ou</strong>r pr<strong>en</strong>dre son coca<br />
light noyant une larme de whisky, elle arriva { la conclusion qu’elle ne<br />
p<strong>ou</strong>vait continuer à j<strong>ou</strong>er aux devinettes sur les m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>ts de Nick et<br />
qu’elle devait <strong>en</strong> arriver { le faire suivre. Cassandra cherchait donc c<strong>ou</strong>te<br />
que c<strong>ou</strong>te une solution. <strong>La</strong> question était de savoir par qui et comm<strong>en</strong>t ? Qui<br />
dans ses connaissances utilisai<strong>en</strong>t des détectives ? Mais s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t, il lui<br />
revint <strong>en</strong> mémoire celui qu’il fallait interroger. Elle v<strong>en</strong>ait de p<strong>en</strong>ser {<br />
Frank, le banquier marié avec son amie Claudia, car lors d’une conversation<br />
anodine il ya quelques temps il avait abordé ce sujet à propos d’un détective<br />
de sa connaissance. Après m<strong>ou</strong>lt recherches elle fini par le tr<strong>ou</strong>ver à Gstaad.<br />
Bi<strong>en</strong> qu’elle fût proche de son ép<strong>ou</strong>se Claudia qu’elle fréqu<strong>en</strong>tait<br />
socialem<strong>en</strong>t, elle connaissait assez mal Frank. Mais elle connaissait sa<br />
position dans la banque privée familiale. Il saurait bi<strong>en</strong> { qui s’adresser.<br />
Frank décrocha le téléphone <strong>en</strong> l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant sonner et se plongea<br />
voluptueusem<strong>en</strong>t dans un des deux canapés d’où l’on p<strong>ou</strong>vait admirer une<br />
vue dominante sur le village de Gstaad. A cette période de l’année les<br />
maintes collines étai<strong>en</strong>t vertes.<br />
« Frank c’est Cassandra au fil, je v<strong>ou</strong>s chasse depuis un mom<strong>en</strong>t { travers<br />
t<strong>ou</strong>s les contin<strong>en</strong>ts. J’espère que je ne v<strong>ou</strong>s dérange pas <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t ? »<br />
84
Elle att<strong>en</strong>dit à peine sa réponse et jeta ses paroles avec vivacité. Frank crut<br />
percevoir une nervosité inhabituelle.<br />
« Cassie, calmes toi, peut importe ce qui te chiffonne, si tu veux aller mieux,<br />
pr<strong>en</strong>ds le contrôle de toi-même »<br />
Il lui parlait comme son propre père. C’était un rôle qui lui allait { merveille<br />
tant c’était naturel.<br />
« Respire un bon c<strong>ou</strong>p et ne pr<strong>en</strong>d pas la moindre gorgée quelque soit le<br />
p<strong>ou</strong>rc<strong>en</strong>tage d’alcool dans le verre <strong>en</strong> cristal que tu dois avoir s<strong>ou</strong>s la main »<br />
Son s<strong>ou</strong>rire ad<strong>ou</strong>cit sa voix ce qui réduisit d’autant la t<strong>en</strong>sion de Cassie.<br />
Nerveusem<strong>en</strong>t, j<strong>ou</strong>ant avec la cuillère coincée dans le pot de glace au<br />
chocolat de B<strong>en</strong>&Jerri’s, Cassandra prit d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t le contrôle d’elle-même.<br />
Essuyant sa b<strong>ou</strong>che et éclaircissant sa voix elle prit son c<strong>ou</strong>rage à deux<br />
mains et lui dit :<br />
« J’ai une question délicate { v<strong>ou</strong>s poser. Je compte sur votre totale<br />
discrétion même <strong>en</strong>vers Claudia que je n’ai volontairem<strong>en</strong>t pas informée.<br />
Ma meilleure amie doit faire suivre quelqu’un, qui me conseillez-v<strong>ou</strong>s ?<br />
Mettez v<strong>ou</strong>s à sa place <strong>en</strong> tant que par<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>s auriez pris les mêmes<br />
dispositions. Elle est persuadée que son fils ainé non seulem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>d de la<br />
drogue mais qu’il est égalem<strong>en</strong>t dealer. <strong>La</strong> famille est bi<strong>en</strong> connue { Miami<br />
et elle ne veut pas pr<strong>en</strong>dre le risque de consulter différ<strong>en</strong>tes ag<strong>en</strong>ces de<br />
détective avant de tr<strong>ou</strong>ver la bonne. Ce n’est pas sa tasse de thé ni la mi<strong>en</strong>ne<br />
d’évaluer les qualités pot<strong>en</strong>tielles d’un privé.<br />
Cassandra était loin d’être sûr que Frank allait gober sa version, mais de<br />
t<strong>ou</strong>te façon c’était un g<strong>en</strong>tleman et il ne se serait pas permis d’émettre le<br />
moindre d<strong>ou</strong>te <strong>ou</strong> surprise.<br />
En fait, il j<strong>ou</strong>ait son jeu, ce qui ne p<strong>ou</strong>vait lui porter aucun tort, bi<strong>en</strong> au<br />
contraire car si elle était satisfaite, il aurait peut être plus qu’une<br />
opportunité de décrocher comme cli<strong>en</strong>t son mari.<br />
« Cassie, permettez moi de v<strong>ou</strong>s donner mon s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Et p<strong>ou</strong>r être<br />
totalem<strong>en</strong>t honnête avec v<strong>ou</strong>s, j’ai du au fil des ans contacter différ<strong>en</strong>tes<br />
ag<strong>en</strong>ces de détective p<strong>ou</strong>r de nombreuses <strong>en</strong>quêtes mais j’ai t<strong>ou</strong>s les<br />
dossiers { mon bureau. Quand j’ y serai la semaine prochaine j’y jetterai un<br />
85
œil et je v<strong>ou</strong>s proposerai un <strong>ou</strong> deux que je considère comme bon p<strong>ou</strong>r ce<br />
job particulier et non pas p<strong>ou</strong>r des filatures commerciales.<br />
« Cela est parfait, comme je ne sais pas où je serai la semaine prochaine,<br />
permettez moi de v<strong>ou</strong>s laisser mon numéro de portable qui est le : 001 212<br />
8888 2424 qui v<strong>ou</strong>s le voyez est assez facile à ret<strong>en</strong>ir.<br />
« Ne quittez pas, dit il <strong>en</strong>core car je dois l’<strong>en</strong>registrer sur mon téléphone » et<br />
p<strong>en</strong>dant qu’il le faisait il aperçut Ginette qui était monté { Gstaad avec lui<br />
p<strong>ou</strong>r s’occuper de l’int<strong>en</strong>dance. Il n’aurait jamais v<strong>ou</strong>lu confier cette tâche {<br />
une fille de ferme du coin.<br />
« B’j<strong>ou</strong>r Frank »<br />
Elle s<strong>ou</strong>riait t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> <strong>ou</strong>vrant t<strong>ou</strong>s les volets de la salle à manger. Ginette<br />
était au service des Cook depuis si longtemps qu’elle les appelait par leur<br />
prénom.<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r Ginette, je suis { v<strong>ou</strong>s dans un instant. Merci d’être monté p<strong>ou</strong>r<br />
<strong>ou</strong>vrir le chalet »<br />
Et il s’assit sur la banquette <strong>en</strong> bois qui se tr<strong>ou</strong>vait sur le balcon où se<br />
tr<strong>ou</strong>vait le traditionnel géranium r<strong>ou</strong>ge. Il put se conc<strong>en</strong>trer et <strong>en</strong>registre le<br />
numéro de Cassandra.<br />
« Ec<strong>ou</strong>tez Cassandra, si je tr<strong>ou</strong>ve la bonne personne v<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s que je<br />
l’appelle d’abord p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s introduire <strong>ou</strong> préférez v<strong>ou</strong>s le faire<br />
directem<strong>en</strong>t ?<br />
« Hum, je ne sais pas, qu’est ce qui est le mieux { votre avis ? Je n’ai jamais<br />
eu ce problème à traiter. Peut être je ne ferai que donner le nom et le<br />
numéro à mon amie et elle se débr<strong>ou</strong>illera directem<strong>en</strong>t avec lui. Si elle se<br />
recommande de v<strong>ou</strong>s cela ne devrait pas poser de problèmes, n’est ce<br />
pas ? »<br />
Frank essaya de lire <strong>en</strong>tre les lignes. Cassandra v<strong>ou</strong>lait elle vraim<strong>en</strong>t ce<br />
numéro p<strong>ou</strong>r son amie ? <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r elle-même ? Mais plus il y p<strong>en</strong>sait moins<br />
cela avait d’intérêt p<strong>ou</strong>r lui. <strong>La</strong> seule chose dont il était certain, c’est que le<br />
fait de lui donner le nom d’un détective le ferait valoir { ses yeux. Ainsi<br />
p<strong>en</strong>sa t-il !<br />
86
« Il est bi<strong>en</strong> clair que ceci reste <strong>en</strong>tre n<strong>ou</strong>s, ok, je préfère vraim<strong>en</strong>t que<br />
Claudia reste ignorante de la faveur que v<strong>ou</strong>s me cons<strong>en</strong>tez »<br />
« Je respecte votre s<strong>ou</strong>hait, mais puis je me permettre de v<strong>ou</strong>s demander<br />
p<strong>ou</strong>rquoi ? Parce qu’<strong>en</strong> fait, { prime abord, v<strong>ou</strong>s êtes de bonnes amies. De<br />
quoi tu t’inquiètes ? »<br />
Cassandre avala une meringue et fit passer le t<strong>ou</strong>t avec un Cuba Libre light<br />
avant de répondre.<br />
« Frank, n<strong>ou</strong>s vivons dans une société tellem<strong>en</strong>t superficielle que je me<br />
s<strong>en</strong>tirai inconfortable avec l’idée que Claudia puisse dét<strong>en</strong>ir cette<br />
information, bi<strong>en</strong> qu’elle soit très discrète, elle p<strong>ou</strong>rrait par inadvertance<br />
laisser transpirer cette information. Imagines toi à quel point mon amie<br />
serait mortifiée sans parler du fait qu’elle m’<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>drait responsable car je<br />
p<strong>en</strong>se que je suis la seule personne avec laquelle elle <strong>en</strong> a discuté. »<br />
Ginette r<strong>en</strong>tra dans la pièce et servit Frank d’un plateau de légumes bio<br />
assaisonnée avec de l’huile d’olive première pression aromatisée { la truffe<br />
d’Albe et d’un pain aux raisins fait maison.<br />
Frank s<strong>ou</strong>pira de cont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> j<strong>ou</strong>issant de son <strong>en</strong>t<strong>ou</strong>rage, du soleil qui<br />
brillait sur les Edelweiss, de son pichet de vin Œil de Perdrix glacé, de sa<br />
délicieuse salade étalée au soleil qui n’att<strong>en</strong>dait que d’être dégustée.<br />
Répondant à Cassie Frank dit :<br />
« Je suis d’accord et je compatie, la pauvre je suis heureux de ne pas être<br />
dans sa situation. Je ne le s<strong>ou</strong>haite à personne, à aucun par<strong>en</strong>t. Il semblerait<br />
que malgré la discipline, am<strong>ou</strong>r et support que certains par<strong>en</strong>ts donn<strong>en</strong>t il<br />
ya quand même des <strong>en</strong>fants qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le mauvais chemin. Le problème<br />
n<strong>ou</strong>s retombe plus tard p<strong>ou</strong>r les remettre dans le bon chemin, sans parler<br />
de t<strong>ou</strong>te l’anxiété qui <strong>en</strong> résulte. Je sympathise. »<br />
Cassandre n’avait plus <strong>en</strong>vie que Frank développe ses réflexions sur la<br />
situation, car elle ne savait plus quoi dire. « Frank, je te suis très<br />
reconnaissante, et j’espère t’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre prochainem<strong>en</strong>t, excuses moi <strong>en</strong>core<br />
de t’avoir déranger p<strong>en</strong>dant le déjeuner, on se reparle dans quelques j<strong>ou</strong>rs<br />
Ok ? et elle lui <strong>en</strong>voya un baiser avant de décrocher.<br />
87
Elle resta assise regardant à travers les portes f<strong>en</strong>êtres surplombant Key<br />
<strong>La</strong>rgo et elle réprima une autre attaque d’anxiété. Cassandra réalisa que<br />
plus sa jal<strong>ou</strong>sie prospérait plus son appétit s’amplifiait. Elle tombait dans un<br />
tsunami de p<strong>en</strong>sées négatives dont elle n’arrivait plus { sortir.<br />
En voyant t<strong>ou</strong>s les sandwichs à la gelée de groseille et au beurre de<br />
cacah<strong>ou</strong>ète que la cuisinière avait mis sur la table p<strong>ou</strong>r les <strong>en</strong>fants, avant<br />
qu’ils aill<strong>en</strong>t j<strong>ou</strong>er { l’extérieur, elle décida que s’ils étai<strong>en</strong>t bons p<strong>ou</strong>r les<br />
<strong>en</strong>fants, ils l’étai<strong>en</strong>t aussi p<strong>ou</strong>r elle et d’un pas bi<strong>en</strong> déterminé elle alla<br />
jusqu’{ la table de la salle { manger prête { t<strong>ou</strong>t dévorer comme le requin<br />
déchirant sa proie. Au mom<strong>en</strong>t de saisir le premier des 4 sandwichs, elle<br />
perçut dans la glace son visage déformée par la voracité. <strong>La</strong> réaction ne fut<br />
pas d’abandonner l’idée d’avaler ce sandwich mais ce fut avec la plus<br />
grande délicatesse que, telle une s<strong>ou</strong>ris déguisée <strong>en</strong> lady, elle grignota avec<br />
les d<strong>en</strong>ts de devant pr<strong>en</strong>ant ainsi de petits morceaux, se donnant ainsi<br />
bonne consci<strong>en</strong>ce p<strong>ou</strong>r satisfaire cette b<strong>ou</strong>limie naissante. S’essuyant la<br />
b<strong>ou</strong>che de temps { autre avec des serviettes <strong>en</strong> papier décorées d’images de<br />
dessin animée de ses <strong>en</strong>fants. Elle montrait d’elle-même une image<br />
pathétique.<br />
Frank ayant très <strong>en</strong>vie que la famille <strong>La</strong>ssifar <strong>ou</strong>vre un compte à sa banque,<br />
accède au s<strong>ou</strong>hait de Cassandre et vingt minutes plus tard l’appelle p<strong>ou</strong>r<br />
cette raison. Il lui dit :<br />
« Bi<strong>en</strong> que n’ayant que peu d’expéri<strong>en</strong>ce dans ce g<strong>en</strong>re de situation, je me<br />
s<strong>ou</strong>vi<strong>en</strong>s de celui qui a une expéri<strong>en</strong>ce dans ce domaine, et du fait que ce<br />
monsieur est une de mes très bonne relation, j’ai son numéro sur moi. Tu<br />
vois Cassandre p<strong>ou</strong>r des raisons de blanchim<strong>en</strong>t d’arg<strong>en</strong>t, les banques<br />
doiv<strong>en</strong>t désormais se s<strong>ou</strong>mettre { des contrôles très p<strong>ou</strong>ssés sur l’origine<br />
des fonds. Comme je veux être irréprochable, j’ai mis <strong>en</strong> œuvre les moy<strong>en</strong>s<br />
nécessaires p<strong>ou</strong>r répondre à ce g<strong>en</strong>re de questions. <strong>La</strong> fraude fiscale cela<br />
m’est bi<strong>en</strong> égal car comme on le sait c’est dans ce pays un sport national, <strong>en</strong><br />
revanche le trafic de drogue <strong>ou</strong> la prostitution sont inacceptables. Comme<br />
quelques uns de ces n<strong>ou</strong>veaux cli<strong>en</strong>ts un peu d<strong>ou</strong>teux ont t<strong>en</strong>dance à<br />
prov<strong>en</strong>ir des pays de l’EST, j’ai <strong>en</strong>gagé Boris non pas parce qu’il ressemble {<br />
Mel Gibson bi<strong>en</strong> que cela aide, mais parce qu’il est Russe. »<br />
Quand elle eut fini de se gaver, elle prit calmem<strong>en</strong>t le combiné dans son<br />
b<strong>ou</strong>doir et appela Manhattan, « Belay Inc comm<strong>en</strong>t puis v<strong>ou</strong>s aider » ?<br />
88
Cassandra grimaça, oh combi<strong>en</strong> elle détestait ce typique et glauque acc<strong>en</strong>t<br />
New Yorkais. Elle aurait pu décrire la réceptionniste, blonde platine, qui lui<br />
répondait au téléphone, certainem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train de réajustait ses bas d’une<br />
main et sa chevelure d’une autre. « Stop ! Arrête d’être négatif se r<strong>en</strong>dant<br />
compte qu’elle s’<strong>en</strong>gageait sur une piste négative. Allez repr<strong>en</strong>ds toi ! Se ditelle<br />
p<strong>en</strong>dant qu’elle força un s<strong>ou</strong>rire dans sa voix.<br />
« Monsieur Bailey est il l{, s’il v<strong>ou</strong>s plait ? Je v<strong>ou</strong>drai lui parler<br />
personnellem<strong>en</strong>t, j’appelle de la part de Frank Cook ».<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr, ne quitter pas je vais voir si Mr Bailey <strong>en</strong> a fini avec sa réunion. »<br />
Mais Cassandra avait s<strong>en</strong>ti que l’importance de la recommandation de<br />
Frank avait sonné comme une cloche aux oreilles de la blonde platine.<br />
P<strong>en</strong>dant qu’elle s’obligeait { rester calme et d’éviter cette s<strong>en</strong>sation de<br />
panique montante qui comm<strong>en</strong>çait { l’agripper sur t<strong>ou</strong>t son abdom<strong>en</strong>, elle<br />
réalisa que chaque fois qu’elle imaginait les infidélités de son mari cette<br />
d<strong>ou</strong>leur abdominale la t<strong>en</strong>aillait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs. Son calmant consistait à tripoter<br />
son collier de perles.<br />
Allo questionna une voix d<strong>ou</strong>ce mais forte. Cassandra devinait<br />
l’interrogatoire avant même qu’il soit verbalisé.<br />
« Monsieur Bailey, bonne après midi, je m’appelle Cassandra <strong>La</strong>ssifar. Frank<br />
Cook v<strong>ou</strong>s a fortem<strong>en</strong>t recommandé. »<br />
Elle fit une pause p<strong>ou</strong>r jauger sa réaction.<br />
« Il est bon, aucun indice d’émotion <strong>ou</strong> de p<strong>en</strong>sée »<br />
Constata t’elle simplem<strong>en</strong>t un<br />
« Comm<strong>en</strong>t va Frank ? T<strong>ou</strong>t va p<strong>ou</strong>r le mieux j’espère ! »<br />
« Absolum<strong>en</strong>t, c’est lui qui g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t m’a dirigé vers v<strong>ou</strong>s, et p<strong>ou</strong>r être<br />
honnête je n’ai jamais eu l’occasion de traiter avec une ag<strong>en</strong>ce de<br />
d’investigation. Je dois reconnaitre, que grâce { lui je me suis un brin<br />
c<strong>ou</strong>verte bi<strong>en</strong> qu’il m’ait quelque peu mis { j<strong>ou</strong>r malgré mon m<strong>en</strong>songe. Je<br />
lui ai dit que je cherchais, p<strong>ou</strong>r aider une amie, d’un détective de grande<br />
classe. Mais une fois <strong>en</strong>core, je suis sûr que v<strong>ou</strong>s êtes habitué à ce g<strong>en</strong>re de<br />
procédé. N’est ce pas ? »<br />
89
Cassandra s<strong>en</strong>tait que Boris savait comm<strong>en</strong>t s’y pr<strong>en</strong>dre, et <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce<br />
cela l’a dét<strong>en</strong>dis.<br />
« Mr Bailey, je p<strong>en</strong>se qu’il serait bon que n<strong>ou</strong>s r<strong>en</strong>contrions, je me s<strong>en</strong>tirai<br />
plus { l’aise, car je voyage beauc<strong>ou</strong>p et je présume qu’il <strong>en</strong> est de même<br />
p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s, notre <strong>en</strong>trevue faite cela ne posera plus de problèmes de<br />
communiquer au téléphone. »<br />
« P<strong>ou</strong>vez-v<strong>ou</strong>s v<strong>en</strong>ir à mon bureau à Manhattan madame <strong>La</strong>ssifar ? »<br />
« Oui cela ne devrait pas poser de problème, si v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez me recevoir<br />
demain, je pr<strong>en</strong>drais un vol de Miami le matin et on p<strong>ou</strong>rra se retr<strong>ou</strong>ver<br />
dans l’après midi si v<strong>ou</strong>s avez un créneau disponible ? »<br />
Cassandra posait la question par politesse, mais s’att<strong>en</strong>dant<br />
automatiquem<strong>en</strong>t à une réponse affirmative. Boris avait capté son<br />
arrogance et dès lors lui répondit :<br />
« Mon dernier r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s se terminera vers 18h 30 et je p<strong>ou</strong>rrai faire une<br />
<strong>en</strong>torse <strong>en</strong> gardant mon personnel p<strong>ou</strong>r notre réunion dans le cas où des<br />
docum<strong>en</strong>ts serai<strong>en</strong>t à taper. »<br />
Le jeu m<strong>en</strong>tal de garder le cli<strong>en</strong>t <strong>en</strong> haleine avait comm<strong>en</strong>cé. Boris était<br />
c<strong>ou</strong>tumier de fréqu<strong>en</strong>ter ce g<strong>en</strong>re de personne qui s’estimait t<strong>ou</strong>t du et pire<br />
avait t<strong>en</strong>dance { dev<strong>en</strong>ir odieux quand leurs s<strong>ou</strong>haits n’étai<strong>en</strong>t pas exaucés<br />
sur le champ.<br />
Il lui préparait le terrain que son bureau assurait un service de qualité mais<br />
de ne pas s’étonner de la note salée qu’elle ne manquerait pas de recevoir.<br />
« Madame <strong>La</strong>ssifar avant de pr<strong>en</strong>dre l’avion p<strong>ou</strong>r Manhattan, je ti<strong>en</strong>s { v<strong>ou</strong>s<br />
prév<strong>en</strong>ir que mes honoraires sont de conséqu<strong>en</strong>ce.<br />
« Je ne sais pas combi<strong>en</strong> v<strong>ou</strong>s faites payer, on verra t<strong>ou</strong>t cela demain mais je<br />
me r<strong>en</strong>ds bi<strong>en</strong> compte que introduit par Frank Cook la qualité se paye.<br />
Comme dit le proverbe payez des cacahuètes……..v<strong>ou</strong>s recevrez des<br />
singes !!!!! Est-ce que cela réponds bi<strong>en</strong> à votre question Monsieur Bailey. »<br />
« Absolum<strong>en</strong>t, Madame <strong>La</strong>ssifar, je ne v<strong>ou</strong>lais simplem<strong>en</strong>t que ne fassiez<br />
pas un voyage p<strong>ou</strong>r ri<strong>en</strong> au cas où v<strong>ou</strong>s seriez <strong>en</strong> désaccord avec mes<br />
90
honoraires. Notre temps est précieux chère Madame ! Je me réj<strong>ou</strong>is à v<strong>ou</strong>s<br />
r<strong>en</strong>contrer demain. Faites un bon voyage.<br />
« Merci donc et à demain, au revoir »<br />
Alors que Boris raccrocha, il repassa dans sa tête la conversation afin de<br />
classer les impressions perçues. Il faisait cela systématiquem<strong>en</strong>t avec<br />
chaque n<strong>ou</strong>veau cli<strong>en</strong>t <strong>ou</strong> collaborateur de son officine.<br />
Sachant d’expéri<strong>en</strong>ce que ses premières impressions étai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs les<br />
meilleures. Il gagnait bi<strong>en</strong> son arg<strong>en</strong>t. Il travaillait dur ayant fait ses classes<br />
dans l’anci<strong>en</strong>ne Union Soviétique. Le travail pénible il savait de quoi il <strong>en</strong><br />
ret<strong>ou</strong>rnait, et il avait évidemm<strong>en</strong>t compris qu’il fallait facturer la notion de<br />
service. Il avait juste 17 ans quand son oncle s’était éteint le laissant une<br />
seconde fois orphelin avec sa vieille tante bi<strong>en</strong> trop malade p<strong>ou</strong>r travailler.<br />
Ses par<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t péris dans une explosion de gaz de leur immeuble où ils<br />
se tr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t quand il était t<strong>ou</strong>t gamin. Il avait un vague s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ir de sa<br />
t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>fance. Il n’avait que quatre ans lors de cet ép<strong>ou</strong>vantable accid<strong>en</strong>t.<br />
Il se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ait néanmoins qu’il avait été expulsé depuis le rebord de la<br />
f<strong>en</strong>être sur lequel il était assis p<strong>ou</strong>r regarder sa mère faisant la cuisine, il<br />
avait été miraculeusem<strong>en</strong>t sauvé <strong>en</strong> atterrissant dans un buisson.<br />
Heureusem<strong>en</strong>t, Il avait recueilli par Yuri son oncle le frère ainé de son père,<br />
sinon il aurait fini dans un orphelinat d’état qui ne valait pas mieux que<br />
d’être incarcéré dans un camp de travaux forcés <strong>en</strong> Sibérie. Même<br />
auj<strong>ou</strong>rd’hui le système social <strong>en</strong> Russie est moins que zéro, on peut<br />
s’imaginer ce qu’il p<strong>ou</strong>vait être durant la guerre froide.<br />
Il avait quitté l’école avant d’avoir eu son diplôme p<strong>ou</strong>r aller travailler<br />
comme portier { l’Hotel Rassia de Mosc<strong>ou</strong>. Chaque après midi il travaillait<br />
dans un départem<strong>en</strong>t de produits électrique du magnifique et célèbre grand<br />
magasin : Gum. Boris était <strong>en</strong>th<strong>ou</strong>siasmé d’aller { pied p<strong>ou</strong>r travailler. T<strong>ou</strong>t<br />
<strong>en</strong> cheminant, il regardait ce massif immeuble t<strong>ou</strong>t décoré qui le toisait de<br />
haut. <strong>La</strong> façade de ce magasin relatait différ<strong>en</strong>tes régions de la Russie par<br />
ses <strong>ou</strong>vrages <strong>en</strong> treillis. L’édifice avait p<strong>ou</strong>ssé et muté au fil des ans. Par<br />
ailleurs, il aurait pu être destiné { la vocation d’une gare semblable { la gare<br />
d’Orsay { Paris, laquelle est auj<strong>ou</strong>rd’hui un musée prestigieux. Quiconque<br />
aurait pu p<strong>en</strong>ser égalem<strong>en</strong>t aux vestiges d’une cathédrale avec ses méga<br />
91
arcs b<strong>ou</strong>tant, ses vitraux incrustés dans des supports de plomb, son toit <strong>en</strong><br />
carreaux d’ardoise surplombant la Place R<strong>ou</strong>ge. T<strong>ou</strong>t cela donnait { Boris<br />
l’impression qu’il faisait partie de cette histoire dont p<strong>ou</strong>r sa petite part il<br />
<strong>en</strong> aurait tracé le chemin.<br />
Boris savait qu’il avait été chanceux d’avoir été exposé { certaines<br />
situations et que c’était { lui de forger son propre chemin il ne savait pas<br />
vers où ni comm<strong>en</strong>t. Il n’avait pas de tal<strong>en</strong>ts spéciaux par lesquels il aurait<br />
pu s’id<strong>en</strong>tifier. Il savait qu’il p<strong>ou</strong>vait réussir s’il s’accrochait sérieusem<strong>en</strong>t,<br />
<strong>en</strong> gardant les yeux et les oreilles grands <strong>ou</strong>verts p<strong>ou</strong>r saisir t<strong>ou</strong>tes<br />
opportunités lui permettant de bi<strong>en</strong> gagner sa cr<strong>ou</strong>te.<br />
Bi<strong>en</strong> que jeune il avait déjà consci<strong>en</strong>ce de ses instincts perspicaces et de son<br />
coté chanceux. Ceci lui donnait une confiance que n’avai<strong>en</strong>t pas les gamins<br />
de sa génération. Il était trop jeune p<strong>ou</strong>r appliquer le fameux plan à 5 ans de<br />
Staline, mais il savait pr<strong>en</strong>dre au bond t<strong>ou</strong>t ce qui comm<strong>en</strong>ce.<br />
Ouvrant une canette de bière et vautré sur son canapé, bi<strong>en</strong> conc<strong>en</strong>tré sur<br />
son travail il se mit à transcrire les premières impressions de t<strong>ou</strong>t ceux<br />
qu’il r<strong>en</strong>contrait p<strong>ou</strong>r la première fois. A savoir dans ce cas : Cassandra<br />
<strong>La</strong>ssifar : Parler soigné /Molle, ton atone/ N’att<strong>en</strong>ds pas les<br />
réponses/Névrosée/ Riche T<strong>ou</strong>t lui est dû/ .<br />
Ne s’étant jamais remarié après le décès tragique de sa femme et de son<br />
<strong>en</strong>fant dans un bombardem<strong>en</strong>t terroriste, Boris consumait sa vie par un<br />
travail omniprés<strong>en</strong>t. Cela ne surpr<strong>en</strong>d pas que depuis six ans, lors de son<br />
installation { Manhattan, il n’eut jamais perdu un dossier <strong>ou</strong> un cli<strong>en</strong>t. Il ne<br />
faisait pas grand cas de ses cli<strong>en</strong>ts mais avait par contre une attitude hyper<br />
pointue dans l’étude de ses dossiers. Il p<strong>ou</strong>vait se payer le luxe de<br />
n’accepter que les dossiers qui l’intéressait car son ag<strong>en</strong>ce de détective était<br />
classée dans le gotha de cette profession par la dixième place mondiale.<br />
Cassandra avait décompressé, c’était trop tard p<strong>ou</strong>r faire marche arrière.<br />
Elle savait que ce qu’elle avait fait n’était pas joli-joli mais qu’elle avait pris<br />
la bonne décision. Elle avait peur du risque pris, d’avoir { faire face { la<br />
triste vérité d’un mari volage, mais cela valait mieux que de subir les affres<br />
de suspicions démoniaques chaque fois que celui-ci aurait manqué de<br />
chaleur <strong>en</strong>vers elle.<br />
92
<strong>La</strong> maison était remplie du rire des <strong>en</strong>fants, tandis que la n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong> traversait<br />
la cuisine avec des tasses fumantes d’un chocolat chaud. Elle ress<strong>en</strong>tit<br />
l’odeur des lys qui émanait d’un imm<strong>en</strong>se vase <strong>en</strong> <strong>La</strong>lique. « Oui » se dit<br />
t’elle « j’ai vraim<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t p<strong>ou</strong>r être heureuse, mais p<strong>ou</strong>r quoi je me s<strong>en</strong>s si<br />
nerveuse et dépressive ! ». Cassandra avait une consci<strong>en</strong>ce aigue de ses<br />
p<strong>en</strong>sées pleines de jal<strong>ou</strong>sie, parallèlem<strong>en</strong>t elle savait que son mari p<strong>ou</strong>vait<br />
n’être préoccupé que par son travail, qu’il n’y avait aucune compétition. En<br />
dépit d’un mom<strong>en</strong>t fugitif de bons s<strong>en</strong>s, sa jal<strong>ou</strong>sie viscérale aiguisait ses<br />
s<strong>en</strong>s dans une d<strong>ou</strong>leur abdominale insupportable.<br />
<strong>La</strong> conséqu<strong>en</strong>ce de ses réunions à MIAMI « des B<strong>ou</strong>limiques Anonymes » fut<br />
de bannir le sucre dans son régime alim<strong>en</strong>taire. Elle refusa de se r<strong>en</strong>dre aux<br />
réunions de sa région car elle craignait de r<strong>en</strong>contrer des g<strong>en</strong>s de sa<br />
connaissance, <strong>ou</strong> qui connaissai<strong>en</strong>t les amis des amis. En t<strong>ou</strong>t état de cause<br />
elle savait qu’elle n’était pas une célébrité mais elle était reconnaissable car<br />
elle avait été maintes fois prise <strong>en</strong> photographie dans le Shiny Sheet à Palm<br />
Beach qui était le j<strong>ou</strong>rnal quotidi<strong>en</strong> mondain. Et à Palm Beach elle était une<br />
bonne cible p<strong>ou</strong>r les articles mondains car elle était très bi<strong>en</strong> habillée et à<br />
remarquer malgré ses t<strong>en</strong>dances réc<strong>en</strong>tes à pr<strong>en</strong>dre des ampleurs.<br />
« Mon nom est Cassandra et je suis une b<strong>ou</strong>limique impulsive » Il était 14h<br />
et Cassandra était deux fois par semaine à sa réunion « 12 marches p<strong>ou</strong>r<br />
réussir ». Elle était assise sur un des abominables fauteuils <strong>en</strong> plastic<br />
blanchâtre, lesquels était ag<strong>en</strong>cés <strong>en</strong> arc de cercle. Cassandra éc<strong>ou</strong>tait avec<br />
att<strong>en</strong>tion, des titillem<strong>en</strong>ts et même de l’anxiété l’assaillait <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant les<br />
histoires classiques de celui qui cède au moindre piège conduisant à se<br />
« bâfrer » comme elle. Elle leva la main dès que la femme placée <strong>en</strong> face<br />
d’elle eut fini sa confession. Elle savait qu’{ son t<strong>ou</strong>r elle allait avoir la gêne<br />
de se dévoiler bi<strong>en</strong> qu’elle <strong>en</strong> ait le c<strong>ou</strong>rage. Cassandra comm<strong>en</strong>ça { parler,<br />
profitant d’un mom<strong>en</strong>t de sil<strong>en</strong>ce qui indiquait que le gr<strong>ou</strong>pe l’y autorisait.<br />
« J’ai un mal f<strong>ou</strong> { m’éloigner du frigo <strong>en</strong> dehors des heures de repas. Je sais<br />
que je me m<strong>en</strong>s à moi-même quand je saisis un énorme cornet d’ice-cream<br />
sans sucre, je n’arrive pas { le poser tant que je ne l’ai pas fini <strong>ou</strong> tant que je<br />
ne suis pas tombée malade. Je pr<strong>en</strong>ds sans cesse du poids et pire <strong>en</strong>core, je<br />
pr<strong>en</strong>ds bonne consci<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> faisant la politique de l’autruche plutôt que<br />
d’affronter les problèmes de face. Je ne peux pas imaginer qu’il y ait<br />
quelqu’un qui puisse p<strong>en</strong>ser que je suis { l’aise <strong>en</strong> déballant <strong>en</strong> public mes<br />
93
peurs et mes anxiétés. Mais je suis ici car à qui parler ? Je serai la risée de<br />
notre gr<strong>ou</strong>pe, et cela p<strong>ou</strong>rrait faire du tort à Nick. Je ne veux même pas<br />
p<strong>en</strong>ser à la fureur de Nick s’il déc<strong>ou</strong>vrait que dans le cadre d’une réunion<br />
sociale, je suis <strong>en</strong> train de laver notre linge sale <strong>en</strong> public. Il serait mortifié<br />
ce qui lui donnerait un prétexte de plus p<strong>ou</strong>r pr<strong>en</strong>dre du recul voire<br />
s’éloigner de moi. Nick ne rate pas la moindre opportunité p<strong>ou</strong>r me faire<br />
compr<strong>en</strong>dre que je ne dois être concerné que par mes <strong>en</strong>fants et la<br />
responsabilité de t<strong>en</strong>ir nos demeures. Il dit cela comme s’il me faisait une<br />
faveur. Il se confie de moins <strong>en</strong> moins. Je s<strong>en</strong>s tellem<strong>en</strong>t qu’il va me quitter.<br />
J’aime tellem<strong>en</strong>t cet homme, et je me s<strong>en</strong>s que comme une femme qui ne<br />
convi<strong>en</strong>t plus. Je suis trop s<strong>en</strong>sible sur chaque chose, et je pr<strong>en</strong>ds sur moimême<br />
que de p<strong>en</strong>ser négativem<strong>en</strong>t je ne peux que m’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre qu’{ moimême.<br />
T<strong>ou</strong>t semble t<strong>ou</strong>rner <strong>en</strong> cercles. Je n’ai pas le moindre indice p<strong>ou</strong>r<br />
confirmer ce que je dis, ceci est le pire, car <strong>en</strong> regardant les choses bi<strong>en</strong> <strong>en</strong><br />
face, Nick fait un parc<strong>ou</strong>rs sans faute. Il travaille dur, il est le plus s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t<br />
possible avec les <strong>en</strong>fants. Il les accompagne les week-<strong>en</strong>ds p<strong>ou</strong>r leurs<br />
activités sportives. Il est clair que ma perception sur la façon dont il gère sa<br />
vie privée est plus sur la base de l’application du guide: « COMMENT FAIRE<br />
UN BON MARIAGE» que sur celle v<strong>en</strong>ant du cœur ». Tandis que du regard<br />
elle faisait le t<strong>ou</strong>r du gr<strong>ou</strong>pe, elle déc<strong>ou</strong>vrit différ<strong>en</strong>tes expressions et<br />
réactions sur les visages. Quelques femmes se désintéressai<strong>en</strong>t<br />
complètem<strong>en</strong>t de son histoire, mais elle p<strong>ou</strong>vait percevoir une certaine<br />
compassion de la part d’une de la cinquantaine montrant sa beauté de<br />
profil, balançant son mollet gainé d’un bas filé mais le pied chaussé des plus<br />
fameuses chaussures L<strong>ou</strong>b<strong>ou</strong>tin « Fuck me Shoes ». Il était onze heures du<br />
matin. Cassandra fit un effort surhumain p<strong>ou</strong>r ne pas éclater de rire devant<br />
le coté incongru de sa vision. Jetant un n<strong>ou</strong>veau regard vers cette femme,<br />
elle reconnut une d<strong>ou</strong>leur reflétant la si<strong>en</strong>ne. Cassandra lança un regard de<br />
sympathie { la femme quand elle s’assit après s’être dévoilée. Elle jeta un vif<br />
regard sur sa montre Cartier Tank, et reçut un vif choc <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>ant qu’il<br />
ne lui restait que quinze minutes p<strong>ou</strong>r être chez elle, se changer <strong>en</strong> <strong>en</strong>filant<br />
son <strong>en</strong>semble bon chic bon g<strong>en</strong>re de chez Chanel, et être fin prête p<strong>ou</strong>r<br />
conduire les <strong>en</strong>fants à leur fête. Discrètem<strong>en</strong>t avec un excusez-moi sur son<br />
visage elle s’éclipsa avant la fin de la réunion, c<strong>ou</strong>rut p<strong>ou</strong>r traverser le<br />
parking et sauta dans sa décapotable, une mini Cooper blanche qu’elle<br />
conduisit sur plus de deux kilomètres p<strong>ou</strong>r atteindre son domicile.<br />
94
Dimanche soir à New York<br />
« Nick où es tu ? Impossible de te joindre depuis plus de six heures ? »<br />
« Chérie, mon portable était fermé, je vi<strong>en</strong>s juste d’arriver au Waldorf,<br />
j’étais dans l’avion. Je t’avais dit que demain je devais être { mon<br />
bureau de New York. J’ai pris la correspondance à Londres p<strong>ou</strong>r<br />
K<strong>en</strong>nedy. Je suis mort de fatigue, voilà 12 heures que je voyage non<br />
stop qu’est ce qui se passe ? »<br />
« Ri<strong>en</strong> ne se passe ! Quelque chose doit se passer p<strong>ou</strong>r que je<br />
t’appelle ! »<br />
Nick s<strong>en</strong>tait la t<strong>en</strong>sion monter dans la voix de Cassandra mais il ne<br />
tomba pas dans le piège. Cassandra alertée par son timbre « chiant »<br />
changea aussitôt de registre <strong>en</strong> lui disant :<br />
« Je v<strong>ou</strong>lais simplem<strong>en</strong>t te dire que je vi<strong>en</strong>s à New York demain. Je<br />
dois changer de décorateurs p<strong>ou</strong>r l’Italie. Ceux de Miami cherch<strong>en</strong>t<br />
vraim<strong>en</strong>t à n<strong>ou</strong>s arnaquer, je dois r<strong>en</strong>contrer une n<strong>ou</strong>velle équipe de<br />
décorateurs ayant déjà réalisé beauc<strong>ou</strong>p de décoration à Porto<br />
Ercole. Espérons qu’ils feront l’affaire. <strong>La</strong> maison a besoin d’une<br />
t<strong>ou</strong>che de modernité. Entre les rideaux, les c<strong>ou</strong>vre lits et les<br />
moquettes je p<strong>en</strong>se que je p<strong>ou</strong>rrai économiser <strong>en</strong>viron d<strong>ou</strong>ze mille $<br />
sur le n<strong>ou</strong>veau devis de ces g<strong>en</strong>s. Donc cela mérite le voyage p<strong>ou</strong>r les<br />
voir à leur bureau.<br />
« Tu n’es pas d’accord Chéri ? »<br />
Demanda Cassandra avant d’aj<strong>ou</strong>ter :<br />
« Si on termine tôt demain t<strong>ou</strong>s les deux on p<strong>ou</strong>rrait aller au<br />
théâtre ? »<br />
« <strong>La</strong>isse-moi voir ce qui me reste à faire au bureau demain. Islee peut<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs n<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>ver deux billets à la dernière minute sur le site <strong>La</strong>st<br />
minute.com Ha haha ! Bon soyons sérieux une seconde! Mon conseil<br />
serait de « l<strong>ou</strong>rder » ceux de Miami et d’<strong>en</strong> tr<strong>ou</strong>ver sur l’ile, allez {<br />
Manhattan me semble une perte de temps ».<br />
Cassandra ne savait pas vraim<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t réagir à t<strong>ou</strong>t cela, elle<br />
devina qu’il n’était pas très heureux de la voir arriver demain à<br />
Manhattan, p<strong>ou</strong>r elle s’était une excuse aussi rapidem<strong>en</strong>t elle<br />
rétorqua :<br />
95
« Tu n’as pas tort, mais c’est trop tard maint<strong>en</strong>ant puisque j’ai un<br />
r<strong>en</strong>dez-v<strong>ou</strong>s, je vais y aller t<strong>ou</strong>t de même et j’<strong>en</strong> profiterai p<strong>ou</strong>r<br />
tr<strong>ou</strong>ver une adresse <strong>ou</strong> deux sur l’ile. <strong>La</strong>isse-moi arranger t<strong>ou</strong>t cela et<br />
après on verra ! Dors bi<strong>en</strong> chéri ! Oh, je p<strong>en</strong>se que si je termine à<br />
temps je ferai un saut à S<strong>ou</strong>thampton p<strong>ou</strong>r y passer la nuit avec<br />
Porter et ses <strong>en</strong>fants. »<br />
« Ok dis leur bi<strong>en</strong> le bonj<strong>ou</strong>r de ma part mais je ne vi<strong>en</strong>drai pas car je<br />
reste au Waldorf. Peut être que l’on peut desc<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>semble sur<br />
Miami mardi soir ? Ok ?<br />
FIRST WEEK OF APRIL<br />
Avec des œillères quand cela l’arrangeait elle brula la queue des taxis<br />
<strong>en</strong> faisant miroiter au premier chauffeur un billet de c<strong>en</strong>t dollars <strong>en</strong> lui<br />
criant à sa f<strong>en</strong>être « Gardez la monnaie ! Je n’ai que tr<strong>en</strong>te minutes p<strong>ou</strong>r être<br />
au St Regis Hotel, puis elle r<strong>en</strong>tra dans le taxi et continua à lui dire : « V<strong>ou</strong>s<br />
m’y att<strong>en</strong>drez deux secondes et après on file { la 48th sur la 5 ième »<br />
Le vol avait eu du retard, elle avait peur d’être tard { son r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s. Elle<br />
devait déposer sa valise et rafraichir son maquillage. Elle v<strong>ou</strong>lait faire une<br />
bonne impression { Boris Bailey. P<strong>ou</strong>r la première impression n<strong>ou</strong>s n’<strong>en</strong><br />
avons qu’une ! Le parc<strong>ou</strong>rs ne dura que vingt huit minutes ce qui lui laissa<br />
le loisir à Cassandre de se repr<strong>en</strong>dre avant sa réunion avec le détective. Elle<br />
était <strong>en</strong>core plus nerveuse qu’{ l’acc<strong>ou</strong>tumée et elle ne v<strong>ou</strong>lait pas le<br />
montrer.<br />
Arrivant au ST Regis, Cassandra jaillit du taxi, laissant le voiturier c<strong>ou</strong>rir<br />
derrière elle avec sa valise, tandis que le chauffeur resta immuable, ravi. Il<br />
<strong>en</strong> avait vu des femmes pressées et névrosées, mais il avait <strong>en</strong> vue un<br />
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p<strong>ou</strong>rboire de $60 grâce auquel le m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t browni<strong>en</strong> de sa cli<strong>en</strong>te ne<br />
p<strong>ou</strong>vait tr<strong>ou</strong>bler la quiétude de l’anticipation d’un pareil émolum<strong>en</strong>t.<br />
Un quart d’heure plus tard, { midi 45 pile, Cassandra <strong>La</strong>ssifar p<strong>ou</strong>ssa la<br />
porte des bureaux de Boris Bailey, la façade de l’immeuble lui laissa une<br />
mauvaise impression, elle se mit { espérer que l’effici<strong>en</strong>ce et la qualité ne<br />
serai<strong>en</strong>t pas de la même aune. Mais une fois { l’intérieur….cet immeuble et<br />
ses locataires donnèr<strong>en</strong>t une t<strong>ou</strong>te autre impression. Un asc<strong>en</strong>seur privé et<br />
anonyme l’aspira vers le dernier étage, où sur une discrète plaque placée au<br />
dessus de la sonnette on p<strong>ou</strong>vait lire : « BAILEY AND ASSOCIATES »<br />
<strong>La</strong> porte s’<strong>ou</strong>vrit aussitôt, Cassandra alla vers la réception avec un tic<br />
nerveux dans son s<strong>ou</strong>rire arrogant p<strong>ou</strong>r dire : «Bonj<strong>ou</strong>r, je suis madame<br />
<strong>La</strong>ssifar, Monsieur Bailey m’att<strong>en</strong>ds.»<br />
« Oui bi<strong>en</strong> sûr, pr<strong>en</strong>ez un siège, Monsieur Bailey ne va pas tarder. V<strong>ou</strong>lez<br />
v<strong>ou</strong>s boire quelque chose <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant ? »<br />
Cassandra choisit un fauteuil Reg<strong>en</strong>cy rec<strong>ou</strong>vert d’un vel<strong>ou</strong>rs vert<br />
émeraude. Elle regarda la salle d’att<strong>en</strong>te et apprécia son élégance mesurée.<br />
Elle fut agréablem<strong>en</strong>t surprise par rapport { ce qu’elle avait <strong>en</strong>visagé <strong>en</strong><br />
arrivant devant l’immeuble. Cette salle d’att<strong>en</strong>te était plus conforme { celle<br />
d’une banque privée Suisse.<br />
<strong>La</strong> réceptionniste lui t<strong>en</strong>dit son Nespresso <strong>en</strong> lui disant taquine « What<br />
else ! »<br />
Presque aussitôt, elle fut conduite dans le bureau de monsieur Bailey. Un<br />
bureau dont la décoration était fort masculine avec <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre ses portes<br />
laquées. Boris ne se leva pas de son siège, il observait sa démarche vers son<br />
bureau avant de lui indiquer d’un m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t de la tête la chaise sur<br />
laquelle il l’invitait { s’asseoir. Cette manière si peu g<strong>en</strong>tleman lui<br />
permettait de jauger, sans b<strong>ou</strong>ger le moindre cil p<strong>en</strong>dant au moins deux<br />
minutes, sa visiteuse <strong>en</strong> lui faisant passer un test sur ses réactions devant<br />
un accueil aussi peu c<strong>ou</strong>rtois. Mais l’éducation de Cassandra lui permit de<br />
dissimuler son inconfort <strong>en</strong> observant négligemm<strong>en</strong>t les peintures russes<br />
exposées sur le mur et la table qui v<strong>ou</strong>lait faire office d’une de confér<strong>en</strong>ce<br />
mais <strong>en</strong>combrée de dossier empilé les uns sur les autres.<br />
Reculant son fauteuil Boris se leva et tranquillem<strong>en</strong>t fit les c<strong>en</strong>t pas dans<br />
son bureau, arrangeant des dossiers, redressant les tableaux et sans jeter<br />
un œil { Cassandra il lui dit :<br />
97
« Madame <strong>La</strong>ssifar, Il faut qu’il y ait quelque chose de très clair <strong>en</strong>tre n<strong>ou</strong>s.<br />
Le g<strong>en</strong>re de cas qui semble être le votre n’est pas dans mon domaine. Je ne<br />
pr<strong>en</strong>ds que des dossiers d’<strong>en</strong>treprises. Quoiqu’il advi<strong>en</strong>ne mes honoraires<br />
sont les même... Ceci veut dire que je suis très cher quant il s’agit d’un<br />
particulier. P<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s donner une idée, il faut tabler sur une somme de plus<br />
de cinq mille dollars par j<strong>ou</strong>r, plus mes frais, même si la filature émane d’un<br />
de mes employés. Si cela ne v<strong>ou</strong>s convi<strong>en</strong>s pas je ne serai pas off<strong>en</strong>sé.<br />
Mon ami Frank m’a dit <strong>en</strong> paraphrasant L’Oréal que « v<strong>ou</strong>s le valez bi<strong>en</strong> », je<br />
paierai donc….mais il vaudrait mieux Monsieur Bailey que n<strong>ou</strong>s ayons des<br />
résultats.<br />
Il fut agréablem<strong>en</strong>t surpris de voir qu’elle avait du mordant, mais il ne se<br />
ret<strong>ou</strong>rna pas ni la regarda pas davantage. Par contre il continua :<br />
« Je dois v<strong>ou</strong>s aviser que le patron c’est moi et qu’il est hors de question que<br />
v<strong>ou</strong>s interfériez <strong>en</strong> quoique ce soit v<strong>ou</strong>s pr<strong>en</strong>ant p<strong>ou</strong>r mon détective<br />
adjoint, une pareille attitude p<strong>ou</strong>rrait faire capoter une filature. Je pr<strong>en</strong>ds<br />
l’affaire p<strong>ou</strong>r un mois. Si je n’ai pas de résultats { la fin du mois, je v<strong>ou</strong>s<br />
conseillerai d’interrompre l’<strong>en</strong>quête { moins que v<strong>ou</strong>s s<strong>ou</strong>haitiez faire appel<br />
{ quelqu’un d’autre.<br />
Incapable de rester muette, Cassandra répliqua :<br />
« J’accepte vos conditions mais maint<strong>en</strong>ant, s’il v<strong>ou</strong>s plait, je v<strong>ou</strong>s prie de<br />
m’éc<strong>ou</strong>ter.<br />
Sans quitter des yeux Cassandra, il alla vers son bureau et lui lança à la<br />
volée :<br />
« Dites ».<br />
Un flot de paroles à moitié contrôlées tombèr<strong>en</strong>t des lèvres de Cassandra<br />
laquelle avait été « sonné un tantinet » p<strong>ou</strong>r lâcher ses griefs. Avant t<strong>ou</strong>t je<br />
dois v<strong>ou</strong>s dire, que bi<strong>en</strong> sûr je ne peux avancer aucune preuve, t<strong>ou</strong>t vi<strong>en</strong>t de<br />
mon intuition féminine. Cep<strong>en</strong>dant si Nick officiellem<strong>en</strong>t j<strong>ou</strong>e le mari<br />
parfait, il m’offre des fleurs quand il faut, il est bon père et sincèrem<strong>en</strong>t il<br />
s’occupe des <strong>en</strong>fants avec am<strong>ou</strong>r, quand il lui arrive d’être { la maison, je<br />
peux dire { quel point il est décontracté quand il est avec eux mais dès qu’il<br />
est dans la chambre maritale, un rideau invisible semble tomber aut<strong>ou</strong>r de<br />
lui. Il desc<strong>en</strong>d s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t à Palm Beach quand il a un match de Polo <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r<br />
accompagner les <strong>en</strong>fants p<strong>ou</strong>r leurs activités scolaires <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r voir ce qu’il<br />
se passe à son bureau de Miami.<br />
Il est le plus s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t à New York et depuis peu au bureau de Londres.<br />
98
Comm<strong>en</strong>t puis-je l’accuser p<strong>ou</strong>r le travail ! Mais voyez-v<strong>ou</strong>s il y a un an<br />
<strong>en</strong>viron, son bureau principal était à Miami, mais maint<strong>en</strong>ant p<strong>ou</strong>r une<br />
f<strong>ou</strong>le de raisons il est { New York. Bi<strong>en</strong> que n<strong>ou</strong>s n’y ayons pas un<br />
appartem<strong>en</strong>t, ce qui à mon avis ne devrait pas tarder. Et p<strong>ou</strong>r anticiper<br />
votre demande, je ne l’ai pas vu avec quelqu’un d’autre ni eut des échos { ce<br />
sujet. Mais je subsiste dans mes s<strong>ou</strong>pçons v<strong>en</strong>ant de mes <strong>en</strong>trailles. Le<br />
dernier indice fut hier quand je lui ai dit au fil que je montais à New York<br />
p<strong>ou</strong>r mon r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s avec le décorateur. Il parut fâché de me savoir à<br />
Manhattan. P<strong>ou</strong>r être honnête je fus déçue qu’il n’ait même pas <strong>en</strong>visagé<br />
que n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s retr<strong>ou</strong>vions le soir au Waldorf p<strong>ou</strong>r y dormir, ri<strong>en</strong> que ceci<br />
aj<strong>ou</strong>te { mes craintes….Suis-je dev<strong>en</strong>ue une femme névrosée ? L’émotion<br />
pr<strong>en</strong>ait le dessus. Mais rapidem<strong>en</strong>t elle se ressaisit quand Boris lui t<strong>en</strong>dit<br />
une boite de Kle<strong>en</strong>ex <strong>en</strong> lui disant :<br />
« Allons, allons, calmez v<strong>ou</strong>s, pleurer ne v<strong>ou</strong>s sera d’aucun sec<strong>ou</strong>rs ! »<br />
Repr<strong>en</strong>ant son allure hautaine, elle regarda froidem<strong>en</strong>t Boris avant de<br />
railler :<br />
« Monsieur Bailey, j’ai une idée bi<strong>en</strong> précise de ce que v<strong>ou</strong>s p<strong>en</strong>sez de moi,<br />
mais je veux v<strong>ou</strong>s avertir que je ne suis pas celle que v<strong>ou</strong>s croyez. Je peux<br />
v<strong>ou</strong>s dire que j’aime mon mari et ma famille. Et même si je tombais sur les<br />
g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x de désespoir <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>ant que mes d<strong>ou</strong>tes sont fondés, je resterais<br />
<strong>en</strong>core l’héritière légitime de Schoko Chocks. Je me ferai damner plutôt que<br />
de voir tomber notre affaire dans les mains d’une « p<strong>ou</strong>fiasse ». Mais t<strong>ou</strong>t<br />
est bi<strong>en</strong> b<strong>ou</strong>clé et sauvegardé dans l’intérêt de notre fils. En conséqu<strong>en</strong>ce<br />
mettez un bémol à votre petit jeu p<strong>ou</strong>r me déstabiliser <strong>ou</strong> me mettre dans<br />
une position inconfortable. Plus vite v<strong>ou</strong>s me donnerez des résultats sur<br />
votre <strong>en</strong>quête et filature, plus vite mon esprit se calmera car je serai où j’<strong>en</strong><br />
suis et ce que je dois <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre. Je fais appel à v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>r une raison bi<strong>en</strong><br />
spécifique avec des honoraires qui ne sont pas une bagatelle. Je compte sur<br />
v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>r me montrer votre efficacité avec la c<strong>ou</strong>rtoisie qui s’impose dans<br />
notre affaire.<br />
« Madame <strong>La</strong>ssifar, je partage t<strong>ou</strong>t à fait votre point de vue. N<strong>ou</strong>s sortons<br />
ainsi d’un possible faux départ ; <strong>La</strong>issez-moi v<strong>ou</strong>s poser quelques questions<br />
susceptibles de me faciliter la tâche dans ma filature.<br />
« Par hasard votre mari aurait-il un autre portable que celui qui figure sur<br />
sa carte de visite ? »<br />
99
« A ce que je sache il n’<strong>en</strong> est ri<strong>en</strong> ! » répondit-elle.<br />
« Monsieur <strong>La</strong>ssifar a-t-il l’habitude de payer <strong>en</strong> liquide, <strong>ou</strong> a-t’il le plaisir de<br />
régler sa facture au moy<strong>en</strong> de sa carte de crédit ? »<br />
« Il utilise les deux méthodes »<br />
« Bi<strong>en</strong> que cela soit hautem<strong>en</strong>t improbable, excusez-moi <strong>en</strong>core de v<strong>ou</strong>s<br />
poser la question p<strong>ou</strong>r savoir si votre mari p<strong>ou</strong>rrait avoir une seule raison<br />
d’être jal<strong>ou</strong>x { cause de v<strong>ou</strong>s ? » Boris v<strong>ou</strong>lait s’assurer que sa cli<strong>en</strong>te disait<br />
la vérité même si elle paraissait l’off<strong>en</strong>sée. Après avoir reçu un « Non »<br />
catégorique il reprit :<br />
« Votre mari était-il très <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ant sur le plan sexuel avant qu’il se<br />
refroidisse à vos coté, ce qui justifierait vos d<strong>ou</strong>tes sur sa fidélité ? »<br />
Croisant à n<strong>ou</strong>veau ses fines jambes, Cassandra répondit <strong>en</strong> baissant les<br />
yeux :<br />
« Je ne peux pas dire qu’il était porté sur le sexe, mais il exprimait beauc<strong>ou</strong>p<br />
d’attrait chaleureux et d’am<strong>ou</strong>r, ce qui n’est plus le cas auj<strong>ou</strong>rd’hui. »<br />
« Ceci est <strong>en</strong>core plus intime, mais avec les réponses cela me fera gagner du<br />
temps dans mon <strong>en</strong>quête. Votre mari a-t’il des fantaisies sexuelles<br />
auxquelles v<strong>ou</strong>s n’avez pas le goût de céder ? »<br />
« Non, à ce que je sache ! Mais p<strong>ou</strong>rquoi cette question ? »<br />
« P<strong>en</strong>sez v<strong>ou</strong>s qu’il utilise les services de prostituées ? Madame <strong>La</strong>ssifar<br />
dans le monde où n<strong>ou</strong>s vivons, il ya maintes possibilités et maintes<br />
situations qui se pratiqu<strong>en</strong>t. Je suis simplem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train d’<strong>en</strong>visager<br />
certaines possibilités qui p<strong>ou</strong>rrai<strong>en</strong>t m’aider { déc<strong>ou</strong>vrir plus vite une<br />
information inconnue. Il faut pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération que v<strong>ou</strong>s v<strong>en</strong>ez me<br />
solliciter p<strong>ou</strong>r une filature basée sur une infidélité sexuelle. Aussi, s’il v<strong>ou</strong>s<br />
plait ne j<strong>ou</strong>ez pas la pucelle effar<strong>ou</strong>chée ! J’aborde seulem<strong>en</strong>t la partie la<br />
plus délicate de mon métier. V<strong>ou</strong>s êtes une femme très fortem<strong>en</strong>t raffinée et<br />
intellig<strong>en</strong>te. Maint<strong>en</strong>ant il est temps p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s de bi<strong>en</strong> raisonner. Même si<br />
je compr<strong>en</strong>ds bi<strong>en</strong> combi<strong>en</strong> la situation prés<strong>en</strong>te v<strong>ou</strong>s r<strong>en</strong>d vulnérable,<br />
v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez compter sur moi, et ce dans un temps raisonnable, p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s<br />
faire connaitre d’une voie <strong>ou</strong> d’une autre ce qu’il <strong>en</strong> est. Ainsi v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrez<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong> connaissance de cause, t<strong>ou</strong>te décision. Madame <strong>La</strong>ssifar,<br />
100
un mot <strong>en</strong>core avant que v<strong>ou</strong>s partiez, quelque soit la bonne raison qui v<strong>ou</strong>s<br />
t<strong>en</strong>te, je v<strong>ou</strong>s intime de ne pas lui multiplier les confirmations de vos d<strong>ou</strong>tes<br />
et pire <strong>en</strong>core d’essayer de tr<strong>ou</strong>ver par v<strong>ou</strong>s-même ce qui se trame <strong>en</strong><br />
cachette. Ce changem<strong>en</strong>t d’attitude peut alerter votre mari ce qui r<strong>en</strong>dra<br />
d’autant plus difficile mon travail.<br />
« Monsieur Bailey, j’ai bi<strong>en</strong> compris votre message. Merci de m’avoir<br />
consacré autant de temps. V<strong>ou</strong>s avez mes coordonnées. Combi<strong>en</strong> de temps<br />
p<strong>en</strong>sez v<strong>ou</strong>s qu’il sera nécessaire avant de me rappeler ? »<br />
« A moins d’une surprise, v<strong>ou</strong>s devriez m’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dans quinze j<strong>ou</strong>rs<br />
<strong>en</strong>viron »<br />
Derrière l’aspect BCBG et l’allure élancée de Cassandra, se cachait<br />
secrètem<strong>en</strong>t les folles fantaisies d’une femme torride et amusante.<br />
Cep<strong>en</strong>dant elle n’avait jamais ress<strong>en</strong>ti de la part de Nick le moindre<br />
s<strong>ou</strong>pçon de chaleur humaine <strong>ou</strong> d’hum<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r lui permettre de s’exprimer<br />
librem<strong>en</strong>t, de se laisser aller dans les rares occasions où Nick aurait pu se<br />
montrer passionné lors d’hâtives façons p<strong>ou</strong>r lui faire l’am<strong>ou</strong>r.<br />
Au fond d’elle-même elle aurait v<strong>ou</strong>lu être traitée parfois comme une vierge<br />
innoc<strong>en</strong>te, d’autre fois elle fantasmait d’être la call girl de luxe se faisant<br />
payer p<strong>ou</strong>r faire un streep tease devant quatre hommes du Conseil<br />
d’Administration. De blonde { brunette de coquine { g<strong>en</strong>tille, cela<br />
correspondait parfaitem<strong>en</strong>t { Cassandra plutôt que ce que l’on p<strong>ou</strong>vait<br />
croire au premier c<strong>ou</strong>p d’œil.<br />
Combattant <strong>en</strong> vain sa rage de manger <strong>en</strong> mordant dans son hot dog, elle<br />
allait au v<strong>en</strong>deur du coin t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> grignotant sa saucisse de Frankfort, p<strong>ou</strong>r<br />
<strong>en</strong> commander une autre. T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> payant les deux elle se s<strong>en</strong>tit c<strong>ou</strong>pable<br />
d’<strong>en</strong> commander un troisième. En conséqu<strong>en</strong>ce, elle desc<strong>en</strong>dit Madison<br />
Av<strong>en</strong>ue p<strong>ou</strong>r retr<strong>ou</strong>ver quatre blocs plus bas l’autre v<strong>en</strong>deur de Hot dog.<br />
De délicieuses odeurs se répandant à vingt mètres à la ronde, depuis la<br />
br<strong>ou</strong>ette arg<strong>en</strong>tée d’où regorgeait des hot dog, elles <strong>en</strong>v<strong>ou</strong>tai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t<br />
b<strong>ou</strong>limique de passage.<br />
101
« Mon Dieu, je parie un contre mille que je vais me lâcher et rassasier cette<br />
folle <strong>en</strong>vie incontrôlable de me gaver. » Six hotdogs plus tard,<br />
léthargiquem<strong>en</strong>t Cassandra comm<strong>en</strong>ça la prom<strong>en</strong>ade de 1 km p<strong>ou</strong>r la<br />
ram<strong>en</strong>er à son hôtel.<br />
T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> jetant l’emballage de son dernier hot dog dans la p<strong>ou</strong>belle, elle leva<br />
la tête et tomba sur la porte d’<strong>en</strong>trée de son salon de coiffure.<br />
Les perruques mise <strong>en</strong> valeur par mille lumières scintillantes remplissai<strong>en</strong>t<br />
l’une de leurs vitrines sur la Cinquième Av<strong>en</strong>ue.<br />
Succombant à la t<strong>en</strong>tation de changer son aspect et voir si par hasard elle<br />
ne p<strong>ou</strong>rrait pas ainsi embobiner Nick, elle p<strong>ou</strong>ssa la l<strong>ou</strong>rde porte laquée<br />
qu’elle <strong>ou</strong>vrit facilem<strong>en</strong>t grâce { son mécanisme.<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r madame <strong>La</strong>ssifar ! Comm<strong>en</strong>t allez-v<strong>ou</strong>s ? »<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r » lui répondit-elle sans même jeter un œil { la petite<br />
réceptionniste.<br />
Remarquant Fred Fekkai qui était <strong>en</strong> train de coiffer une cli<strong>en</strong>te, Cassandra<br />
tr<strong>ou</strong>va commode d’ignorer ce fait et marcha droit vers lui, p<strong>ou</strong>r lui adresser<br />
la parole : « Fred, j’ai une urg<strong>en</strong>ce, j’ai besoin immédiatem<strong>en</strong>t de votre<br />
att<strong>en</strong>tion. V<strong>en</strong>ez avec moi une minute, j’ai besoin d’une perruque blonde,<br />
montrez moi ce que v<strong>ou</strong>s avez mon chéri ! »<br />
« Bi<strong>en</strong>, très bi<strong>en</strong>, je vais demander à Hélène de v<strong>ou</strong>s montrer nos différ<strong>en</strong>ts<br />
modèles et <strong>en</strong>suite je vi<strong>en</strong>drai v<strong>ou</strong>s aider à <strong>en</strong> choisir une. »<br />
« Non, non, non, je veux que v<strong>ou</strong>s v<strong>en</strong>iez de suite, je n’ai confiance qu’<strong>en</strong><br />
v<strong>ou</strong>s, v<strong>en</strong>ez, v<strong>en</strong>ez, v<strong>en</strong>ez »<br />
« Comme v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez ma chère, donnez-moi une seconde. Hélène p<strong>ou</strong>vez<br />
v<strong>ou</strong>s achever le brushing de madame Stillweel ! »<br />
« Bi<strong>en</strong> ! Elles sont l{, qu’avez-v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> tête ? Long, mi long <strong>ou</strong> une coiffure<br />
c<strong>ou</strong>rte ? » Lui demanda t’il.<br />
« Mon s<strong>ou</strong>hait porterait plutôt sur une mi-longue avec de grandes b<strong>ou</strong>cles »<br />
Ainsi répliqua Cassandra se focalisant fermem<strong>en</strong>t sur son sujet<br />
favori…. « Elle-même ! »<br />
102
« Essayez donc celle la ma chère, qu’<strong>en</strong> p<strong>en</strong>sez-v<strong>ou</strong>s ? Elle v<strong>ou</strong>s va à<br />
merveille ! »<br />
« Non, non je cherche quelque chose de plus sexy, v<strong>ou</strong>s savez quelque chose<br />
qui me donnerait une allure à mi chemin <strong>en</strong>tre la p<strong>ou</strong>pée Barbie et celle<br />
d’une pinup »<br />
« Ahhahh je vois ! En v<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s une qui soit explosive ? V<strong>ou</strong>s allez adorer.<br />
Fermez vos yeux, je vais v<strong>ou</strong>s la poser. Ne v<strong>ou</strong>s regardez pas dans la glace<br />
avant mon signal. V<strong>ou</strong>s ne v<strong>ou</strong>s reconnaitrez pas. Wow elle est vraim<strong>en</strong>t<br />
explosive ! V<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez regardez maint<strong>en</strong>ant. Alors….. ? » Prononça-t’il <strong>en</strong><br />
ret<strong>en</strong>ant son s<strong>ou</strong>ffle. Fred Fekkai était le coiffeur de Manhattan le plus<br />
efféminé, le plus chic, le plus tal<strong>en</strong>tueux.<br />
« Ep<strong>ou</strong>st<strong>ou</strong>flant, v<strong>ou</strong>s êtes parfait mon cher, j’adore, je savais que je p<strong>ou</strong>vais<br />
compter sur v<strong>ou</strong>s. Cela ne p<strong>ou</strong>vait aller mieux. Je la pr<strong>en</strong>ds. Ajuster la moi<br />
s’il v<strong>ou</strong>s plait car je vais partir avec. Je suis pressée !» répondit-elle.<br />
« Dans quel but cet achat ? »<br />
« T<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r faire une blague à un ami, et ne me demandez pas<br />
qui est-ce. Car je ne dirai plus ri<strong>en</strong> ! »<br />
Fred Fekkai s<strong>en</strong>tit qu’elle lui cachait quelque chose mais il avait bi<strong>en</strong> j<strong>ou</strong>é le<br />
jeu et diplomatiquem<strong>en</strong>t, après t<strong>ou</strong>t « p<strong>ou</strong>rquoi se poser des questions ? » Il<br />
lui avait t<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>du une perruque p<strong>ou</strong>r $ 850.00 et le service<br />
p<strong>ou</strong>r $120.00, et le t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> moins de vingt minutes. Je gagne le d<strong>ou</strong>ble du<br />
tarif horaire de mon avocat marron ! Puis avec un s<strong>ou</strong>rire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du il dit :<br />
« Dites moi quand t<strong>ou</strong>t sera fini. N<strong>ou</strong>s avons besoin ici de bonnes tranches<br />
de rigolade ! »<br />
« Au revoir chérie et « merci » v<strong>ou</strong>s savez que p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s, on se met t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
<strong>en</strong> quatre ! A bi<strong>en</strong>tôt » Elle quitta au pas de c<strong>ou</strong>rse ce salon, le plus cher de<br />
t<strong>ou</strong>t Manhattan, <strong>en</strong> ayant payé ce que beauc<strong>ou</strong>p gagnait <strong>en</strong> un mois.<br />
« Maint<strong>en</strong>ant, je veux me relooker de A à Z ». Entrant dans un surplus de<br />
l’armée elle s’y déguisa avec un T shirt de cam<strong>ou</strong>flage super m<strong>ou</strong>lant.<br />
Tr<strong>ou</strong>vant une paire de pantalons kaki, de randonnée d’une allure crasseuse<br />
elle se débr<strong>ou</strong>illa p<strong>ou</strong>r leur donner un look designer négligé <strong>en</strong> remplaçant<br />
la l<strong>ou</strong>rde ceinture marron par sa ceinture <strong>en</strong> cuir blanc de Christian <strong>La</strong>croix<br />
103
parsemée de strass. Dans un panier elle tr<strong>ou</strong>va une paire de Doc Martins<br />
marron et remplaça les ternes lacets par deux cordes de soie vertes qu’elle<br />
retira de son collier.<br />
P<strong>ou</strong>r une fois Cassandra s’amusait. Vraim<strong>en</strong>t elle se régalait. Cela la<br />
changeait de s’affubler comme p<strong>ou</strong>r un bal masqué. Même le concierge du<br />
St Régis ne put la reconnaitre quand elle lui demanda sa clef.<br />
Cinq minutes plus tard se regardant dans la glace de sa chambre, elle<br />
comprit p<strong>ou</strong>rquoi le concierge du Saint-Régis n’avait pu l’id<strong>en</strong>tifier. Elle eut<br />
l’évid<strong>en</strong>ce qu’elle n’arrivait pas elle-même { se reconnaitre. C’est f<strong>ou</strong> ce que<br />
ces épaisses b<strong>ou</strong>cles blondes de sa perruque p<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t la transformer !<br />
Les chaussures Doc Martins et les vêtem<strong>en</strong>ts militaires lui faisait paraître 5<br />
Kilos de plus. Elle n’avait même jamais osée p<strong>en</strong>ser qu’un j<strong>ou</strong>r elle<br />
s’affublerait de la sorte. Une petite idée des plus av<strong>en</strong>tureuses lui trotta<br />
dans la tête. S<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t harassée à la seule idée de son audace,<br />
Cassandra se laissa tomber dans le fauteuil situé dans la diagonale du long<br />
miroir qui d<strong>ou</strong>blait la pièce et la décorait par son allure antique.<br />
« Non, tu ne vas pas j<strong>ou</strong>er ce jeu, tu ne vas céder à la moindre pulsion de ton<br />
esprit. Surt<strong>ou</strong>t celle là » En se regardant dans la glace, elle se comm<strong>en</strong>tait<br />
son idée saugr<strong>en</strong>ue. « Je v<strong>ou</strong>s promets Mr Bailey que t<strong>ou</strong>t ceci ne vi<strong>en</strong>dra<br />
pas tr<strong>ou</strong>bler votre <strong>en</strong>quête »<br />
Mais son <strong>en</strong>vie pr<strong>en</strong>ait forme plus rapidem<strong>en</strong>t que sa capacité de la ref<strong>ou</strong>ler<br />
de son esprit.<br />
Son ego gagna la bataille. Jaillissant de son siège elle se refit les yeux et les<br />
lèvres avec un r<strong>ou</strong>ge c<strong>ou</strong>leur taupe, maquillage qu’elle n’avait jamais<br />
pratiquée. Cassandra remonta Madison Av<strong>en</strong>ue s’arrêtant <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>rs de r<strong>ou</strong>te<br />
au magasin Duane Reade où elle s’offrit une paire de lunettes de soleil <strong>en</strong><br />
écaille noire dont le grossissem<strong>en</strong>t était nul. Les ayant posé sur le nez, elle<br />
se regarda et <strong>en</strong> conclue qu’elle avait de façon magistrale fait disparaitre sa<br />
personnalité et dev<strong>en</strong>ue totalem<strong>en</strong>t non reconnaissable. Prise à son propre<br />
jeu elle s’était convaincue que son s<strong>ou</strong>hait inconsidéré était rationnel si elle<br />
arrivait { faire croire { Nick qu’elle était une autre femme. Par où<br />
comm<strong>en</strong>cer… ? Bon le bar lui semblait l’<strong>en</strong>droit idéal, sachant que Nick<br />
pr<strong>en</strong>ait plaisir { y boire un scotch de 18 ans d’âge quand il r<strong>en</strong>trait de son<br />
104
travail, <strong>en</strong> fin de j<strong>ou</strong>rnée. Peut être aurait elle l’occasion de l’y retr<strong>ou</strong>ver<br />
avec quelqu’un d’autre.<br />
« Peggy…<strong>ou</strong>i Peggy Dubois, je m’appellerai ainsi s’il me le demande » p<strong>en</strong>sat’elle.<br />
S’<strong>en</strong>fonçant de plus <strong>en</strong> plus dans sa n<strong>ou</strong>velle personnalité elle ne put<br />
résister { l’<strong>en</strong>vie de regarder les passants dans les yeux p<strong>ou</strong>r voir s’ils<br />
allai<strong>en</strong>t montrer un s<strong>ou</strong>pçon d’intérêt { son <strong>en</strong>contre. Mais elle ne décela<br />
pas la moindre curiosité <strong>ou</strong> réaction sur les visages des piétons anonymes<br />
de Manhattan qui marchai<strong>en</strong>t dans le s<strong>en</strong>s opposé au si<strong>en</strong>.<br />
Le portier <strong>en</strong> uniforme fut hésitant p<strong>en</strong>dant deux secondes p<strong>ou</strong>r savoir s’il<br />
allait lui c<strong>ou</strong>per la r<strong>ou</strong>te <strong>ou</strong> s’il allait lui faciliter les choses. Mais Cassandra<br />
ne lui <strong>en</strong> laissa pas le loisir. Elle était déjà dans le hall.<br />
Le nez du concierge marchait comme un radar p<strong>ou</strong>r déceler les importuns,<br />
il fut alerté par l’allure de Cassandra jusqu’au mom<strong>en</strong>t <strong>ou</strong> elle lui dit<br />
discrètem<strong>en</strong>t :<br />
« P<strong>ou</strong>vez-v<strong>ou</strong>s joindre Monsieur <strong>La</strong>ssifar dans sa chambre, je v<strong>ou</strong>drai lui<br />
parler ». Il réalisa qu’elle était une « Barbie des quartiers chics » qui<br />
s’adonnait { suivre la mode. De nos j<strong>ou</strong>rs il dev<strong>en</strong>ait si difficile de savoir qui<br />
était le cli<strong>en</strong>t classique digne d’un pareil établissem<strong>en</strong>t et qui p<strong>ou</strong>vait être le<br />
tr<strong>ou</strong>blions dans cette atmosphère élégante du Wasdorf ! Après qu’elle eut<br />
pu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre que personne ne répondait, elle remercia le concierge et se<br />
dirigea vers le bar qui donnait sur la réception de l’hôtel, celle qui donne sur<br />
Park Av<strong>en</strong>ue. Sa t<strong>en</strong>ue totalem<strong>en</strong>t originale mais t<strong>ou</strong>tefois élégante avait<br />
attiré quelques regards incrédules et indiscrets, mais cette population <strong>en</strong><br />
avait vu d’autres et parfois plus étranges aussi ils ne perdir<strong>en</strong>t pas plus de<br />
temps sur Cassandra et ce à son grand s<strong>ou</strong>lagem<strong>en</strong>t. Commandant un<br />
cocktail Bellini { un jeune et vif garçon au visage affable et poli, elle s’assit<br />
dans le seul fauteuil disponible att<strong>en</strong>ant à la dernière table vide. Elle avait<br />
une vue plutôt bonne sur l’<strong>en</strong>trée du hall de Park Av<strong>en</strong>ue. Il était 19h30, le<br />
bar cossu était relativem<strong>en</strong>t bruyant compte t<strong>en</strong>u des bavardages<br />
incessants des t<strong>en</strong>ants de ce lieu prestigieux de Manhattan. Elle rata l’<strong>en</strong>trée<br />
de Nick p<strong>ou</strong>r avoir commandé au même instant un troisième cocktail Bellini<br />
avec p<strong>ou</strong>r accompagnem<strong>en</strong>t de petits toasts style Tapas. Elle faillit<br />
s’ét<strong>ou</strong>ffer <strong>en</strong> se r<strong>en</strong>dant compte que Nick était derrière elle, se t<strong>en</strong>ant bi<strong>en</strong><br />
droit sur sa droite.<br />
105
« Excusez moi, cela ne v<strong>ou</strong>s dérange pas que je partage votre table, car il est<br />
clair qu’il n’ya pas une place de libre au bar ? » Se p<strong>en</strong>chant p<strong>ou</strong>r retirer sa<br />
veste de la chaise, elle murmura « Faites donc ! » Ce m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t lui permit<br />
de rev<strong>en</strong>ir de sa surprise. Elle avait néanmoins constaté qu’il ne l’avait pas<br />
reconnu, et grâce { Dieu il n’avait jamais vu son sac et sa veste. Att<strong>en</strong>dant<br />
que Cassandra lui fasse une place, Nick hocha polim<strong>en</strong>t de sa tête aux<br />
cheveux noirs brillants et parfaitem<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>pés, inconsci<strong>en</strong>t de son élégante<br />
attitude et de son remerciem<strong>en</strong>t ainsi avéré, il s’assit <strong>en</strong> croisant sa jambe<br />
gauche sur son g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x droit p<strong>ou</strong>r y ét<strong>en</strong>dre le New York Times. Presqu’au<br />
même mom<strong>en</strong>t le serveur prit sa commande t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> apportant celle de<br />
Cassandra sans <strong>ou</strong>blier les Tapas. Immergeant sa tête dans l’imm<strong>en</strong>se<br />
feuille de ch<strong>ou</strong> intitulée « Wom<strong>en</strong>’s Wear Daily » Ce j<strong>ou</strong>rnal destiné aux<br />
accrocs de fringue féminine branchée formait un magnifique parav<strong>en</strong>t<br />
derrière lequel un éléphant aurait pu se cacher. Cassandra put percevoir la<br />
sonnerie du téléphone de son mari et cela fut un avertissem<strong>en</strong>t suffisant<br />
p<strong>ou</strong>r éteindre le si<strong>en</strong>, car au cas où il aurait sonné Nick n’aurait pas manqué<br />
d’<strong>en</strong> reconnaitre l’appart<strong>en</strong>ance. Nick avait laissé <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, { sa femme<br />
méconnaissable car <strong>en</strong> pleine mascarade, son r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s pris p<strong>ou</strong>r le<br />
l<strong>en</strong>demain à son bureau. Rev<strong>en</strong>ant à son j<strong>ou</strong>rnal, Nick reprit sa lecture<br />
ignorant complètem<strong>en</strong>t la prés<strong>en</strong>ce de Cassandra ce qui ne la fâcha pas.<br />
<strong>La</strong> poche de Nick se mit à vibrer, il saisit son mobile, sa circulation sanguine<br />
sauta d’un cran quand il reconnut la voix de Natty.<br />
« Hola ! Comm<strong>en</strong>t vont les choses p<strong>ou</strong>r toi ? Des mots inoff<strong>en</strong>sifs, lesquels<br />
perçus légèrem<strong>en</strong>t par sa femme lui faisai<strong>en</strong>t saisir rapidem<strong>en</strong>t<br />
l’atmosphère. Elle remarqua aussi que Nick baissait les yeux ce qui<br />
normalem<strong>en</strong>t était le signe d’une émotion. Instinctivem<strong>en</strong>t Nick se leva et<br />
marcha quelques pas p<strong>ou</strong>r s’éloigner. S’appuyant de biais sur le mur Nick ne<br />
prit pas garde { la fraiche figure du jeune serveur qui donnait l’impression<br />
d’accomplir un job d’été. Il était occupé { retirer les mégots du sable d’un<br />
c<strong>en</strong>drier qui se tr<strong>ou</strong>vait { moins d’un mètre de Nick.<br />
Cassandra avait lancé un billet de $50,00 au jeune homme <strong>en</strong> lui promettant<br />
d’<strong>en</strong> raj<strong>ou</strong>ter s’il p<strong>ou</strong>vait lui r<strong>en</strong>dre compte de ce que Nick disait au<br />
téléphone. Elle avait eu la chance qu’il fut jeune dans le métier et qu’il ne<br />
puisse attribuer { Nick le privilège d’être « un habitué ». De plus, elle était<br />
quasim<strong>en</strong>t sûre qu’il n’aurait pas risqué de perdre son emploi p<strong>ou</strong>r un<br />
106
p<strong>ou</strong>rboire, mais ce jeunot affable était peu s<strong>ou</strong>pçonneux et avide de<br />
recevoir ce bonus. Après t<strong>ou</strong>t elle ne lui avait ri<strong>en</strong> demandé d’illégal.<br />
De n<strong>ou</strong>veau assise sur son siège, les yeux collés sur le serveur et le dos de<br />
Nick, elle se s<strong>en</strong>tit un peu mal { l’aise sachant que d’une manière flagrante<br />
elle avait désobéi aux instructions de Monsieur Boris Bailey qui lui<br />
interdisait formellem<strong>en</strong>t d’interférer dans son <strong>en</strong>quête au risque de la<br />
compromettre au point qu’il laisserait tomber la filature sur le champ. Elle<br />
réalisa que sa démarche était stupide car quand bi<strong>en</strong> même aurait-elle eu<br />
un semblant de preuve de la part du serveur, Nick l’aurait réfuté sans<br />
l’ombre d’un d<strong>ou</strong>te.<br />
Sa jal<strong>ou</strong>sie la consumait à petit feu, elle donnait à ses raisons une priorité<br />
sur t<strong>ou</strong>t autre analyse. Elle avait une <strong>en</strong>vie folle de savoir à qui il parlait. Six<br />
<strong>ou</strong> sept minutes plus tard quand il revint à leur table commune. Cassandra<br />
ne put garder son sang-froid, changeant sa voix comme elle savait le faire<br />
aisém<strong>en</strong>t, elle lui fit un s<strong>ou</strong>rire plein de séduction et de complicité. « C’était<br />
votre petite amie ? » demanda t’elle dans un s<strong>ou</strong>ffle { peine audible.<br />
« J’eusse aimé ! Mais je suis un mari qui se laisse m<strong>en</strong>er par le b<strong>ou</strong>t du nez<br />
par sa femme » Il se mit { rire de sa réponse débonnaire. Réalisant qu’il la<br />
regardait fixem<strong>en</strong>t, il dét<strong>ou</strong>rna son regard et reprit son j<strong>ou</strong>rnal.<br />
Cassandra n’osa pas se lever p<strong>ou</strong>r rechercher le serveur, craignant que son<br />
mari puisse déceler sa démarche. Ainsi, elle se borna <strong>en</strong> lisant à att<strong>en</strong>dre 20<br />
minutes quand Nick signa son addition p<strong>ou</strong>r quitter le bar vers 20h45 après<br />
lui avoir s<strong>ou</strong>haité une bonne nuit et remercier « sa femme » p<strong>ou</strong>r lui avoir<br />
laissé partager sa table.<br />
Cassandra lui s<strong>ou</strong>rit depuis sa lecture et lui fit valser le plus naturellem<strong>en</strong>t<br />
ses b<strong>ou</strong>cles blondes.<br />
Tandis que Nick s’éloignait calmem<strong>en</strong>t vers la batterie d’asc<strong>en</strong>seurs, le hall<br />
d’<strong>en</strong>trée <strong>ou</strong> la petite porte qui sur le coté donnait sur la rue, les yeux de<br />
Cassandra virai<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>rt comme dans une c<strong>ou</strong>rse de Formule 1 <strong>en</strong> pleine<br />
activité. Son regard faisait des cercles p<strong>ou</strong>r passer de Nick au bar où elle<br />
cherchait désespérém<strong>en</strong>t son jeune espion serveur. Mais dans l’espace<br />
d’une mini seconde elle se r<strong>en</strong>dit compte que Nick avait disparu.<br />
107
« Zut alors ! se dit elle a-t-il pris un asc<strong>en</strong>seur où s’est il <strong>en</strong>volé vers la<br />
rue ? » Elle ress<strong>en</strong>tit ce pincem<strong>en</strong>t traditionnel d’anxiété. Ne p<strong>ou</strong>vant suivre<br />
son mari elle reporta <strong>en</strong> vain sa chasse sur le serveur dont on finit par lui<br />
signaler qu’il avait quitté son service depuis dix minutes.<br />
Ceci étant dit, Nick de son coté avait plus besoin d’une bonne nuit de<br />
sommeil que d’une collation relaxante et il monta de suite dans sa suite<br />
décorée de panneaux <strong>en</strong> bois. On lui donnait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs donné cette<br />
masculine junior suite, élégante avec naturel. Cette commodité lui seyait<br />
parfaitem<strong>en</strong>t quand il se r<strong>en</strong>dait à New York. <strong>La</strong> Waldorf Towers, était<br />
parfaitem<strong>en</strong>t adaptée à cette cli<strong>en</strong>tèle huppée où il desc<strong>en</strong>dait, sachant que<br />
l’on mettait { sa disposition un gardage sur r<strong>ou</strong>lettes de ses vêtem<strong>en</strong>ts.<br />
Ainsi, il n’avait nul besoin de s’embarrasser d’une valise p<strong>ou</strong>r voyager.<br />
Quittant ses chaussures et dén<strong>ou</strong>ant sa cravate, il s’assit face { l’imm<strong>en</strong>se<br />
écran de la télévision et choisit le très vieux film comique « Trading<br />
Places » qu’il avait sélectionné « à voir » sur la liste peu mise à j<strong>ou</strong>r depuis<br />
les cal<strong>en</strong>des grecques.<br />
Il passa commande au room service d’un exceptionnel steak T Bone<br />
accompagné d’un petit verre de r<strong>ou</strong>ge. Juste au mom<strong>en</strong>t où il s’apprêtait {<br />
déconnecter son téléphone portable et { mettre sur celui de l’hôtel : « A ne<br />
pas déranger » il remarqua que la n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong> avait cherché à le joindre.<br />
L’appel avait du être émis lors de son transit dans l’asc<strong>en</strong>seur.<br />
« Br<strong>en</strong>da ya t’il un problème ? Je vi<strong>en</strong>s juste de noter votre nom sur la liste<br />
des appels manqués ! »<br />
« Pas particulièrem<strong>en</strong>t Monsieur <strong>La</strong>sssifar, mais je n’arrive pas { t<strong>ou</strong>cher au<br />
téléphone votre ép<strong>ou</strong>se, mais les <strong>en</strong>fants v<strong>ou</strong>lai<strong>en</strong>t lui dire bonsoir, avant<br />
que je sonne le c<strong>ou</strong>vre feu. Mais n<strong>ou</strong>s avons t<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>tonné une chanson, et ils<br />
sont bi<strong>en</strong> bordés dans leur lit p<strong>ou</strong>r s’<strong>en</strong>dormir. Donc surt<strong>ou</strong>t maint<strong>en</strong>ant ne<br />
la déranger plus. »<br />
R<strong>en</strong>frogné, Nick la remercia et lui adressa un : « bonne nuit » amical. Un<br />
énervem<strong>en</strong>t interne le gagna. Nick s’étonnait que sa femme fût injoignable.<br />
Il lui vint { l’esprit que ce fait était fort étrange puisqu’elle était c<strong>en</strong>sée être<br />
<strong>en</strong> réunion à Manhattan avec le designer p<strong>ou</strong>r leur villa <strong>en</strong> Sardaigne. Sans<br />
108
plus se t<strong>ou</strong>rm<strong>en</strong>ter il préféra plutôt s’assoir et se relâcher. Il fut bi<strong>en</strong>tôt pris<br />
d’hilarité <strong>en</strong> regardant le film t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> attaquant son steak saignant.<br />
P<strong>en</strong>dant ce temps dans la région du bar, Cassandra maugréait d’avoir raté le<br />
serveur et de n’avoir même pas eu l’idée de mémoriser le nom qui figurait<br />
au revers de sa veste. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine.<br />
Comm<strong>en</strong>t allait-elle procéder p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>rsuivre son <strong>en</strong>quête ? Le chef du bar<br />
resta évasif p<strong>en</strong>sant que sa cli<strong>en</strong>te avait flashé sur le physique de son<br />
employé, et qu’il ne devait <strong>en</strong> aucune façon donner des informations sur son<br />
jeune serveur. Il y avait tant de femmes effrontées celles dont les carrières<br />
avai<strong>en</strong>t été frustrantes et écornées. Il était c<strong>ou</strong>tumier de les voir distribuer<br />
de larges p<strong>ou</strong>rboires à ses petits mignons. Bi<strong>en</strong> que cela fût totalem<strong>en</strong>t<br />
proscrit par le règlem<strong>en</strong>t intérieur de l’hôtel, on se demandait ce que<br />
p<strong>ou</strong>vait faire les responsables face à cette <strong>en</strong>torse. Ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait t<strong>ou</strong>s<br />
majeurs et vaccinés !<br />
Sa frustration grandissante provoqua une abondante transpiration, son<br />
maquillage se mit à c<strong>ou</strong>ler et son crane se mit à la gratter s<strong>ou</strong>s sa perruque.<br />
Ses t<strong>en</strong>tatives p<strong>ou</strong>r gratter son crane n’eut que p<strong>ou</strong>r effet de déstabiliser sa<br />
perruque laquelle déc<strong>en</strong>trée lui donna aussitôt un aspect échevelé.<br />
Avachie dans un fauteuil situé dans un coin du lobby, elle restait<br />
indiffér<strong>en</strong>te aux regards curieux mais discrets des quelques invités qui<br />
passai<strong>en</strong>t par l{. Cassandra se heurtait { un mur dès qu’elle pr<strong>en</strong>ait la<br />
moindre initiative p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver une issue à son objectif.<br />
Elle ne p<strong>ou</strong>vait appeler sa chambre car il aurait aussitôt reconnu sa voix.<br />
Elle ne p<strong>ou</strong>vait, ni même y p<strong>en</strong>ser, demander { quelqu’un de l’appeler p<strong>ou</strong>r<br />
savoir s’il était dans sa chambre et seul.<br />
M<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t et émotionnellem<strong>en</strong>t vidée et déconfite elle réalisa qu’il était<br />
maint<strong>en</strong>ant grand temps de suivre le conseil de : « <strong>La</strong>isses-toi<br />
vivre….<strong>La</strong>isses agir la Bonté divine » t<strong>ou</strong>t ceci la p<strong>ou</strong>ssant { s’<strong>en</strong> sortir le<br />
mieux du possible. Elle donnait l’image d’une pauvre femme anéantie quand<br />
elle se décida { quitter l’hôtel <strong>en</strong> desc<strong>en</strong>dant les marches du majestueux<br />
escalier.<br />
Le mercredi après midi, Cassandra était ravagée par sa nature<br />
obsessionnelle qui l’empêchait de cont<strong>en</strong>ir son <strong>en</strong>vie folle de retr<strong>ou</strong>ver le<br />
serveur p<strong>ou</strong>r savoir ce qu’il avait pu capter lors de la mission qu’elle lui<br />
109
avait confié. Mais 25 minutes plus tard elle était résignée devant le fait que<br />
malgré son insistance effrontée <strong>en</strong>vers le t<strong>en</strong>eur du bar, elle avait gaspillé<br />
ce p<strong>ou</strong>rboire de $ 50,00. Elle avait donc besoin de ret<strong>ou</strong>rner<br />
personnellem<strong>en</strong>t au bar et déc<strong>ou</strong>vrir si elle avait un peu plus de chance de<br />
dénicher ce jeune garçon p<strong>en</strong>dant son service. Il était plus facile de pénétrer<br />
dans un c<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t que d’accéder aux employés « Chipp<strong>en</strong>dale » du bar.<br />
Elle dérapait complètem<strong>en</strong>t et son <strong>en</strong>vie se propageait dans ses veines à la<br />
vue d’une boite de cookies <strong>en</strong> chocolat extra fins lesquels se tr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t<br />
justem<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t là sur le mini bar. Le diable sur son épaule gauche<br />
lui chuchotait « Ton stress t’autorise { te jeter dessus » Sachant fort bi<strong>en</strong><br />
qu’elle se donnait une bonne raison, elle succomba. Vulnérable, angoissée,<br />
isolée, elle ne p<strong>ou</strong>vait même pas appeler Boris Bailey p<strong>ou</strong>r un s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong><br />
verbal, car il v<strong>en</strong>ait t<strong>ou</strong>t juste de placer Nick s<strong>ou</strong>s surveillance et de ce fait<br />
n’avait ri<strong>en</strong> { lui dire. Ne désirant pas donner un n<strong>ou</strong>veau bâton p<strong>ou</strong>r se<br />
faire battre à ce diable de détective qui avait déjà que trop de dédain <strong>en</strong>vers<br />
elle.<br />
Cassandra n’eut plus qu’{ appeler <strong>en</strong> Suisse Frank Cook. Sa voix pacifique la<br />
calmerait, son ton soporifique d’un anglais prononcé avec la nonchalance<br />
du lac Léman l’hypnotiserait { c<strong>ou</strong>p sûr dans l’<strong>ou</strong>bli. En fait ce fut Claudia<br />
mille volts qui répondit. « Ha Cassie, d’où appelles-tu ? »<br />
« Palm Beach. Ri<strong>en</strong> de spécial, Nick est <strong>en</strong>core à New York, il r<strong>en</strong>tre ce soir<br />
par avion, mais je risque de ne pas le voir beauc<strong>ou</strong>p vu qu’il est pris par une<br />
finale de Polo et qu’<strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre il a promis aux <strong>en</strong>fants de les emm<strong>en</strong>er<br />
camper à la campagne. Et comme demain il est de réunions, il est probable<br />
que ne le verrai pas davantage. Il m’a quand même laissé <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre qu’il<br />
m’emmènerait au Bal du Polo, voil{ une petite chose à laquelle je peux<br />
m’accrocher. Claudia détecta chez Cassandra des ondes dépressives, mais<br />
elle ne tira ri<strong>en</strong> de l’avoir aiguillonné. Cassandra était fermée comme une<br />
huitre. Plus tard au diner, Claudia fit confid<strong>en</strong>ce à Frank de son analyse.<br />
« Tu sais la voix de cassie semblait bi<strong>en</strong> mystérieuse au téléphone. Je ne<br />
p<strong>en</strong>se pas qu’elle soit dans son état normal. Elle m’a appelé sans raison,<br />
n<strong>ou</strong>s n’avons presque ri<strong>en</strong> dit, mais j’ai décelé quelque chose dans sa<br />
relation avec Nick qui n’est pas pur fruit pur sucre »<br />
110
Bi<strong>en</strong> que Cassandra se soit évertuée à demander à Frank de garder le<br />
sil<strong>en</strong>ce et surt<strong>ou</strong>t vis-à-vis de sa femme sur cette demande de détective<br />
p<strong>ou</strong>r satisfaire l’appel de son amie….Le mariage de Frank et Claudia était si<br />
fort qu’il ne lui cachait ri<strong>en</strong>.<br />
« Bizarre, car il y a quelque j<strong>ou</strong>rs, elle m’a appelé p<strong>ou</strong>r me demander de lui<br />
tr<strong>ou</strong>ver un détective réputé. Son histoire consistait à dépanner une amie qui<br />
devait faire suivre son fils car cette mère s<strong>ou</strong>pçonnait son fils de s’adonner<br />
{ la drogue… » Je ne fus pas convaincu de la véracité de ses dires, mais ce<br />
petit service est susceptible de m’aider { attirer son mari { me confier ses<br />
affaires, ce qui serait excell<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r la Banque. J’ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire par le<br />
téléphone arabe qu’il projetait de faire coter <strong>en</strong> b<strong>ou</strong>rse l’affaire de chocolat<br />
de son beau père. »<br />
Claudia fronça des s<strong>ou</strong>rcils, expression qu’elle ne faisait guère.<br />
« Te fais pas d’illusion Frank, mon instinct me dit qu’elle m<strong>en</strong>tait. Elle n’est<br />
pas heureuse dans son mariage. C’est sûr. Je donne ma tête { c<strong>ou</strong>per qu’elle<br />
veut faire suivre Nick. J’<strong>en</strong> suis persuadée »<br />
Franck capta les craintes de sa femme réalisant du même c<strong>ou</strong>p le champ de<br />
mines auquel il devrait faire face. Il n’y avait pas p<strong>en</strong>sé avant.<br />
199-219<br />
Chacun de n<strong>ou</strong>s a ses petits secrets. Quant aux Cook, la naissance se Claudia<br />
était le squelette dans le placard. Voil{ qu’allait surgir cet horrible crâne<br />
blanc sans diamant à la « Dami<strong>en</strong> Hirst »….Se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ant de l’anniversaire<br />
de ses 18 ans, et quand sa mère la fit s’assoir après avoir s<strong>ou</strong>fflé ses 19<br />
b<strong>ou</strong>gies…la 19 ième était grande de 40 cm belle et si décorée…Sa mère faisait<br />
t<strong>ou</strong>te une histoire de son gâteau. Ainsi la grande et grosse b<strong>ou</strong>gie devait<br />
apporter chance et bonheur p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>te l’année suivante. A coté du gâteau se<br />
tr<strong>ou</strong>vait la belle boite r<strong>ou</strong>ge et or de chez Cartier, qui cont<strong>en</strong>ait la montre<br />
pacha p<strong>ou</strong>r son anniversaire. Après avoir <strong>en</strong>filé cette superbe montre sur<br />
son frêle poignet, elle se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ait avoir <strong>ou</strong>vert l’<strong>en</strong>veloppe que sa jeune,<br />
élégante et ravissante mère lui t<strong>en</strong>dait.<br />
111
A l’intérieur se tr<strong>ou</strong>vait une simple carte d’anniversaire accompagné d’un<br />
chèque à son ordre p<strong>ou</strong>r un million de $. Elle savait de qui la carte et le<br />
chèque v<strong>en</strong>ait, mais la signature était p<strong>ou</strong>r elle un mystère. Ceci n’était pas<br />
surpr<strong>en</strong>ant. Elle n’avait jamais eu auparavant de son père la moindre lettre<br />
écrite de sa main.<br />
Se remémorant dix ans <strong>en</strong> arrière quand elle était t<strong>ou</strong>te petite fille, sa mère<br />
était v<strong>en</strong>ue la chercher { l’école et ils avai<strong>en</strong>t r<strong>ou</strong>lé au loin dans la<br />
campagne. Elle avait un vague s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ir de son père, un homme de grande<br />
taille. Il était charmant avec elle, et lui parlait d’une manière adulte. Elle<br />
n’avait pas l’habitude qu’on lui parle ainsi. Le petit ami de sa mère était<br />
beauc<strong>ou</strong>p plus amusant quand il la faisait rebondir aut<strong>ou</strong>r de ses épaules.<br />
Son père se p<strong>en</strong>chait p<strong>ou</strong>r déposer un baiser sol<strong>en</strong>nel sur son front, puis la<br />
regardait profondém<strong>en</strong>t dans les yeux. Ses yeux étai<strong>en</strong>t humides. <strong>La</strong> petite<br />
poitrine de Claudia était sec<strong>ou</strong>ée d’émotion. Elle se s<strong>en</strong>tit s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t<br />
attristée. Quelque chose lui était arraché du corps mais elle ne p<strong>ou</strong>vait pas<br />
compr<strong>en</strong>dre p<strong>ou</strong>rquoi. Même les mots de son père n’étai<strong>en</strong>t pas clairs. Et si<br />
sa mère ne les lui avait pas répétés de temps à autre et ceci p<strong>en</strong>dant des<br />
années, ils se serai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t évan<strong>ou</strong>is dans l’<strong>ou</strong>bli.<br />
Mais voilà que le danger pr<strong>en</strong>ait corps sur l’instigation de l’action de Boris<br />
Bailey creusant de part<strong>ou</strong>t et p<strong>ou</strong>vant dévoiler le secret que seul sa mère et<br />
Frank dét<strong>en</strong>ait ; ils s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble la peur instinctive leur sortant des<br />
tripes. L’arg<strong>en</strong>t était <strong>en</strong> jeu. Du gros arg<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong> qu’ils soi<strong>en</strong>t des témoins<br />
innoc<strong>en</strong>ts ils avai<strong>en</strong>t beauc<strong>ou</strong>p à perdre si jamais le secret v<strong>en</strong>ait à percer.<br />
Elle et sa mère avai<strong>en</strong>t signé un pacte avec le diable. En contrepartie de leur<br />
sil<strong>en</strong>ce, de ne pas révéler { quiconque d’être la fille illégitime de<br />
Papoche…le père de Cassandra, leurs arrières avai<strong>en</strong>t été totalem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong><br />
assurées. <strong>La</strong> mère de Claudia avait rappelés maintes fois à sa fille, comm<strong>en</strong>t<br />
chaque année ils allai<strong>en</strong>t recevoir de sa part un demi million de $ aussi<br />
longtemps que sa femme et sa fille resterai<strong>en</strong>t ignorants de son secret. Bi<strong>en</strong><br />
que Papoche soit extrêmem<strong>en</strong>t riche, il devait t<strong>ou</strong>t { l’arg<strong>en</strong>t de sa femme {<br />
ses débuts. Ceci étai<strong>en</strong>t les mots qui comme une épée de Damoclès l’avait<br />
hanté depuis la seule réunion qu’elle avait eu avec son père voici à peu près<br />
40 ans.<br />
Le synchronisme provoque la chute des dominos. <strong>La</strong> Jet Set a acquis son<br />
nom p<strong>ou</strong>r la même raison. Pr<strong>en</strong>dre des vols de part le monde prés<strong>en</strong>tait<br />
112
moins de difficultés p<strong>ou</strong>r Claudia et Cassandra que d’obt<strong>en</strong>ir une baguette<br />
de pain p<strong>ou</strong>r une personne normale de la classe moy<strong>en</strong>ne. <strong>La</strong> récession<br />
mondiale peut avoir perturbé des millionnaires <strong>ou</strong> des milliardaires, mais<br />
ils auront t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs assez p<strong>ou</strong>r apprécier un voyage international comme<br />
une banale note de taxi. Ils ont perdu quelques possibilités mais ils ne sont<br />
pas détrônés. En conséqu<strong>en</strong>ce nos deux ladies se retr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t dans la<br />
même solidarité sociale. Claudia gardait avec elle une distance polie si cela<br />
était possible. Mais Frank obnubilé par sa hâte d’accrocher la cli<strong>en</strong>tèle de<br />
Nick comme trophée marquait moins de ret<strong>en</strong>ue.<br />
Claudia savait égalem<strong>en</strong>t qu’il était écrit <strong>en</strong>tre ses deux par<strong>en</strong>ts que le<br />
secret de sa naissance ne p<strong>ou</strong>rrait être divulgué avant la mort de Papoche.<br />
Si ce n’était pas le cas, elle et Frank savai<strong>en</strong>t que ce n’était pas seulem<strong>en</strong>t<br />
l’héritage qui s’<strong>en</strong>volait mais aussi l’allocation annuelle. Frank et son futur<br />
beau père avait eu une réunion avant son mariage avec Claudia. Papoche<br />
acheta la discrétion absolue de Frank. A la seule condition que Frank ne<br />
révèle jamais la connaissance de l’illégitimité de Claudia, Papoche avait<br />
cautionné la création de la banque Privée <strong>en</strong> Suisse de Frank Cook.<br />
Il avait aj<strong>ou</strong>té sur un ton qui ne permettait aucune objection que bi<strong>en</strong> sûr<br />
« Claudia sera l’actionnaire majoritaire de la Banque. »<br />
Ce qui laissait la garantie que son mari garderait le bénéfice d’être le PDG<br />
avec t<strong>ou</strong>s les avantages sociaux et financiers à condition bi<strong>en</strong> sûr que le<br />
secret de la naissance de sa femme restât un secret. Frank dev<strong>en</strong>u raide se<br />
ret<strong>ou</strong>rna vers Claudia. Froide s’occupant d’elle-même elle se dit<br />
« L’am<strong>ou</strong>r c’est l’am<strong>ou</strong>r…mais mon père regarde mes intérêts et je ne dis<br />
ri<strong>en</strong> car je dois m’aimer d’abord. »<br />
Elle ignora son fiancé qui accepta dès lors les conditions de son futur beau<br />
père.<br />
De l’autre coté de l’océan Claudia et Frank devait pr<strong>en</strong>dre des dispositions.<br />
Claudia allait utiliser sa nature d’inquisition p<strong>ou</strong>r appeler le l<strong>en</strong>demain<br />
Cassandra.<br />
261 – 338 FR<br />
113
Natty explosait de bonheur à la seule p<strong>en</strong>sée de l’invitation faite par Nick.<br />
Elle savait qu’avec ce type d’homme t<strong>ou</strong>t allait être organisé à la perfection<br />
<strong>La</strong> meilleure preuve c’est cet <strong>en</strong>voi d’un billet de première lui permettant de<br />
faire un Nice Zurich New York ret<strong>ou</strong>r dans des conditions de luxe que seule<br />
une femme choyée était <strong>en</strong> droit d’espérer.<br />
Elle se targuait désormais de faire partie de cette élite de femme. ‘Je fais ma<br />
mutation’ p<strong>en</strong>sa t’elle. Elle se s<strong>en</strong>tait des ailes, une confiance féminine<br />
dopée par le traitem<strong>en</strong>t de Nick. Du fond de son fauteuil hyper remb<strong>ou</strong>rré<br />
Natty se relaxait <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sant à son planning. Distraite par l’offrande<br />
gigantesque de caviar prés<strong>en</strong>tée par l’hôtesse { t<strong>ou</strong>s ses passagers VIP, elle<br />
avala cette c<strong>ou</strong>pelle non seulem<strong>en</strong>t avec la cuillère <strong>en</strong> os mais égalem<strong>en</strong>t<br />
avec des yeux voraces et g<strong>ou</strong>rmands. Après t<strong>ou</strong>t manger avec les yeux ça ne<br />
compte pas vraim<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r une portion !<br />
Sa faculté m<strong>en</strong>tale p<strong>ou</strong>r planifier repartit de plus belle :<br />
16.00 H j’atterris…<br />
16.30 H J’ai passée la d<strong>ou</strong>ane et je pr<strong>en</strong>ds la lim<strong>ou</strong>sine qui m’att<strong>en</strong>ds<br />
17.30 H Je suis chez Kurt. Je pr<strong>en</strong>ds mon bain. J’étale ma robe p<strong>ou</strong>r ce soir.<br />
Heureusem<strong>en</strong>t que j’ai mon séchoir avec moi. Et je me fais mon brushing.<br />
Un petit c<strong>ou</strong>p de maquillage sans <strong>ou</strong>blier mon R<strong>ou</strong>ge Absolue de chez<br />
<strong>La</strong>ncôme.<br />
19.30 H Je vais impressionner Nick par autant de sérénité de décontraction<br />
après un vol de 10 heures…..<br />
Mais t<strong>ou</strong>t dans la vie ne se dér<strong>ou</strong>le pas comme prévu…..<br />
114
A peine l’avion atterri, le destin comm<strong>en</strong>ça { lui <strong>en</strong>voyer des messages<br />
codés.<br />
Sa lim<strong>ou</strong>sine n’était pas l{… « Bon » se fit elle une raison « Je vais pr<strong>en</strong>dre<br />
un taxi. ‘Oh damned ! Une heure de queue ! Pas question. Je vais pr<strong>en</strong>dre un<br />
taxi collectif’. Finalem<strong>en</strong>t la chance lui s<strong>ou</strong>rit … le dernier taxi collectif <strong>en</strong><br />
file put la pr<strong>en</strong>dre... Mais une heure et demie plus tard, b<strong>ou</strong>chons, jurons et<br />
syncopes digérés elle accepta d’être larguée { deux blocs de l’appartem<strong>en</strong>t<br />
ce qui <strong>en</strong>core était une aubaine, car le chauffeur comptait la déposer sur le<br />
ret<strong>ou</strong>r. C’était 40 minutes de perdu <strong>en</strong> plus car les autres passagers allai<strong>en</strong>t<br />
à C<strong>en</strong>tral Park West.<br />
Ereintée, énervée et contrariée elle pénétra dans l’<strong>en</strong>trée de l’immeuble de<br />
Kurt p<strong>ou</strong>r s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dire, « Désolé Madame. L’appartem<strong>en</strong>t n’est pas libre<br />
car les peintres n’avai<strong>en</strong>t pas fini comme prévu p<strong>ou</strong>r ce matin, donc Uta, la<br />
secrétaire de Kurt s’est permis de v<strong>ou</strong>s réserverez une chambre au<br />
Westbury Hôtel a 10 blocs d’ici »<br />
Natty effondrée regarda avec horreur sa montre Hermès. Le temps passait<br />
vraim<strong>en</strong>t trop vite. Il était déjà 18. 40 H. Il était hors de question de passer à<br />
l’hôtel.<br />
Pr<strong>en</strong>ant la main du concierge et le regardant bi<strong>en</strong> dans les yeux elle lui<br />
glissa $20.00 <strong>en</strong> le suppliant avec force et persuasion de lui tr<strong>ou</strong>ver un<br />
recoin où elle p<strong>ou</strong>vait se laver, se préparer p<strong>ou</strong>r aussitôt repartir car de<br />
t<strong>ou</strong>te façon elle devait être au plus tard au Waldorf dans moins d’une heure.<br />
Elle profita d’un appartem<strong>en</strong>t vide, <strong>en</strong> réfection, que les <strong>ou</strong>vriers avai<strong>en</strong>t<br />
abandonné p<strong>ou</strong>r la nuit, il y fit donc sa remise <strong>en</strong> forme.<br />
Ses ablutions faites, elle réapparut devant le concierge méconnaissable.<br />
Elégante, belle <strong>en</strong> dépit de sa taille 54, parfumée et maitresse d’elle-même<br />
elle lui t<strong>en</strong>dit royalem<strong>en</strong>t son baise <strong>en</strong> ville. « Je passerai le repr<strong>en</strong>dre plus<br />
tard ce soir, p<strong>ou</strong>vez- v<strong>ou</strong>s m’appeler de suite un taxi svp »<br />
Le concierge sifflant de son coté sans succès et elle gesticulant comme la<br />
Statue de la Liberté tel un m<strong>ou</strong>lin à v<strong>en</strong>t, réussir<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t au b<strong>ou</strong>t de<br />
10 minutes à <strong>en</strong> choper un qui la déposa à 19.H 30 pétantes au Waldorf !<br />
115
Le chorégraphe universel a une manière bi<strong>en</strong> précieuse de taquiner le<br />
destin…<br />
Le défaut professionnel prédominant de Boris lui fit automatiquem<strong>en</strong>t<br />
s’installer { la table la plus stratégiquem<strong>en</strong>t placée d’où il voyait le lobby,<br />
l’<strong>en</strong>trée du restaurant et la plus grande partie du bar.<br />
Boris discrètem<strong>en</strong>t élégant, dans son costume bleu { rayures d’un bon prêt<br />
à porter plutôt que de son tailleur Londoni<strong>en</strong> de Sawil Row, consci<strong>en</strong>t du<br />
fait qu’il aurait trop attiré les regards sur son physique déj{ remarquable,<br />
se félicita d’avoir choisi une table stratégique. Il y att<strong>en</strong>dait Frank. Il v<strong>en</strong>ait<br />
de tirer les divid<strong>en</strong>des de cet emplacem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ayant vu Nick traverser le<br />
Lobby. Il appela aussitôt son bureau et expliqua à Linda de mettre <strong>en</strong><br />
susp<strong>en</strong>s le rapport vide de preuves de culpabilité destiné à Cassandra. En<br />
effet, aj<strong>ou</strong>ta t’il : « Il parait innoc<strong>en</strong>t comme un <strong>en</strong>fant de cœur, car la fille<br />
que je lui ai mis dans les pattes était une bombe de s<strong>en</strong>sualité, mais le<br />
larron n’a même pas s<strong>ou</strong>rciller. Je ne sais pas où il dép<strong>en</strong>se sa testostérone,<br />
mais certainem<strong>en</strong>t pas avec les filles qui le dragu<strong>en</strong>t. Boris était donc<br />
perplexe car Nick semblait particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> cacher son jeu avec<br />
habilité. L’av<strong>en</strong>ir allait certainem<strong>en</strong>t porter des informations qui<br />
infirmerai<strong>en</strong>t <strong>ou</strong> confirmerai<strong>en</strong>t son analyse. Les chances que l’arrivée de<br />
Nick apporte plus d’informations que sa filature étai<strong>en</strong>t très faibles. Car il<br />
savait par Cassandra que Nick desc<strong>en</strong>dait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs au Waldorf. Au mom<strong>en</strong>t<br />
où il était dans ses réflexions il vit arriver Frank, ponctuel comme<br />
d’habitude { 19.00 h précises.<br />
« Désolé mon vieux p<strong>ou</strong>r ce retard »<br />
« Tu rigoles, t’es vraim<strong>en</strong>t Suisse jusqu’au b<strong>ou</strong>t de ton C<strong>ou</strong>c<strong>ou</strong>. Même pas 60<br />
secondes de retard! De t<strong>ou</strong>te façon, tu paieras les boissons » Et ils<br />
s’esclaffèr<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les deux. Assis de dos au Lobby Frank passa la<br />
commande au barman, un tohubohu s<strong>en</strong>suellem<strong>en</strong>t éléphantesque explosa<br />
116
devant le concierge. Même un aveugle et un s<strong>ou</strong>rd n’aurai<strong>en</strong>t pas pu ne pas<br />
remarquer cette prés<strong>en</strong>ce. Dans la seconde suivante Boris fit<br />
instantaném<strong>en</strong>t le rapprochem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la première page du FT édition<br />
Week<strong>en</strong>d et Natalia la fameuse archéologue qui se tr<strong>ou</strong>vait <strong>en</strong> chaire et <strong>en</strong><br />
os à 40 mètres de lui.<br />
Les r<strong>en</strong>trées et sorties de Natty par la porte principal intriguèr<strong>en</strong>t<br />
sérieusem<strong>en</strong>t Boris.<br />
L’indiscrétion totale de l’arrivée de Natty avait égalem<strong>en</strong>t aiguisée<br />
l’att<strong>en</strong>tion de Frank qui néanmoins resta sur la réserve vis-à-vis de Boris.<br />
Wow p<strong>en</strong>sa Natty <strong>en</strong> voyant Nick sortir de l’asc<strong>en</strong>seur, vêtu d’un costume<br />
bleu marine <strong>en</strong> tissus de chez Dormeuil visiblem<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>pé par un tailleur<br />
de Huntsman. Il était un modèle d’élégance avec sa chemise <strong>en</strong> coton<br />
Egypti<strong>en</strong> bleu pale, sa cravate Ferragamo, et ses chaussures noires<br />
reluisantes de chez Loeb. Nick était l’ess<strong>en</strong>ce même de l’élégance. Il ne<br />
laissait ni homme ni femme indiffér<strong>en</strong>ts.<br />
Parmi l’assistance certains dont nos amis fur<strong>en</strong>t surpris de voir que Nick et<br />
Natty se dirigeai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble vers le restaurant.<br />
Frank ébahi, Boris n’<strong>en</strong> parlons pas. Frank remarqua aussitôt le manège<br />
oculaire de Boris qui ne décrochait pas son regard de la table au c<strong>en</strong>tre du<br />
restaurant Peacock Alley où Nick et Natty avai<strong>en</strong>t pris place.<br />
« Merci p<strong>ou</strong>r l’aumône du concierge p<strong>ou</strong>r mon taxi. Je suis très gênée. Je me<br />
suis trompée de porte monnaie, et j’ai pris celui Euros et non celui <strong>en</strong><br />
dollars. En fait c’est ta faute tu me r<strong>en</strong>ds trop distraite ! »<br />
Nick ne répondit que par un s<strong>ou</strong>rire complice, exagéré par d’épais s<strong>ou</strong>rcils<br />
noirs sur lesquels reposai<strong>en</strong>t des paupières d’épagneuls. Son regard<br />
intellig<strong>en</strong>t semblait perpétuellem<strong>en</strong>t interrogatif.<br />
117
Boris réfléchissait { mille { l’heure, le rapport sur Nick était bi<strong>en</strong> clair, il<br />
n’avait jamais relaté un déjeuner de Nick <strong>en</strong> tête { tête avec une femme. Or<br />
ce qu’il avait s<strong>ou</strong>s les yeux étai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> une situation ambigüe, qu’il<br />
conv<strong>en</strong>ait d’éclaircir.<br />
Boris tant bi<strong>en</strong> que mal maint<strong>en</strong>ait la conversation avec Frank alors que son<br />
esprit était t<strong>ou</strong>t ailleurs.<br />
Boris v<strong>ou</strong>lait att<strong>en</strong>dre que Nick ait fini de diner p<strong>ou</strong>r voir la suite des<br />
événem<strong>en</strong>ts.<br />
Frank agissait de la même façon que Boris car il était pris dans un dilemme<br />
d’où il ne savait pas comm<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> sortir. Sa seule inquiétude était que<br />
Boris déc<strong>ou</strong>vre le secret de naissance de Claudia. Malheureusem<strong>en</strong>t, le fait<br />
de voir Nick diner avec Natty exacerbait cette crainte d’une filature<br />
justifiée par Cassandre qui risquait de leur être fatal.<br />
« Une c<strong>ou</strong>pe de champagne ??? »<br />
« Non pas p<strong>ou</strong>r moi... Un jus de tomate svp »<br />
« Tu ne bois pas ? »<br />
« T’as déj{ <strong>ou</strong>blié…Ai-je tant bu que cela <strong>en</strong> Italie ?<br />
« Ok, ne bois donc pas ! Mais je veux te gaver ma petite oie…Caresser tes<br />
plumes, s<strong>en</strong>tir tes cheveux d<strong>ou</strong>x sur mes j<strong>ou</strong>es, voilà ma soif !<br />
« Humm t<strong>ou</strong>t { l`heure…Pati<strong>en</strong>ce, la pati<strong>en</strong>ce est la vertu des rois ! »<br />
« Oooh, cela ne m’est jamais arrivé que l’on me fasse t<strong>ou</strong>rner la tête { ce<br />
point ! »<br />
« Arrêtes… Tu me fais r<strong>ou</strong>gir…Mais tu sais que l`on est c<strong>en</strong>sé parler<br />
affaires ! Le financem<strong>en</strong>t de mes f<strong>ou</strong>illes tu as <strong>ou</strong>blié ? Ne me p<strong>ou</strong>sse à b<strong>ou</strong>t<br />
maint<strong>en</strong>ant ».<br />
« Faire des f<strong>ou</strong>illes avec toi tu sais que c`est ma seule ambition ! »<br />
118
« Tu sais quoi. J`ai plutôt à te raconter le merdier que j`ai eu depuis mon<br />
atterrissage. Je n’ai même pas vue ma chambre d’hôtel où parait-il je dors ce<br />
soir ! »<br />
« Pardon ! Je p<strong>en</strong>sais que tu restais chez des amis… »<br />
« Oui, mais la peinture n’étant pas finie, on m’a soit disant réservé une<br />
chambre d’hôtel quelque part au diable veau vert. Je la déc<strong>ou</strong>vrirais après le<br />
dessert. »<br />
« Ah non… Après le dessert...Tu vas te déc<strong>ou</strong>vrir dans ma chambre…Je vais<br />
redéc<strong>ou</strong>vrir tes charmes s<strong>en</strong>tant la Sardaigne. »<br />
S<strong>en</strong>tant qu’elle était plus maitresse d’elle-même qu`<strong>en</strong> Italie il aj<strong>ou</strong>ta<br />
« Tu es capable de te relâcher ? Tu sais, tu es exceptionnellem<strong>en</strong>t belle. Ne<br />
baisse pas tes beaux yeux quand je te dis ça. »<br />
Qu`est ce que je dois dire now ? Ayuto ! …Téléchargez-moi ma réponse !<br />
<strong>La</strong> regardant, il la j<strong>ou</strong>ait comme une marionnette<br />
Elle finit par lui sortir :<br />
« P<strong>ou</strong>r être honnête…Tes complim<strong>en</strong>ts me font très très plaisir, mais je n’ai<br />
pas l’habitude d’<strong>en</strong> recevoir ailleurs que dans mon travail. »<br />
« P<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t te dire cela me gêne nullem<strong>en</strong>t...Bi<strong>en</strong> au contraire…Mais<br />
parallèlem<strong>en</strong>t ça ne t<strong>ou</strong>che pas ma vulnérabilité s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale… ce qui n’est<br />
plus le cas depuis peu ! »<br />
Business is business. L{ je maitrise. D’ailleurs tu compr<strong>en</strong>ds ça. Depuis que<br />
je te connais, j’ai lu pas mal de tes interviews dans le FT et le Wall Street<br />
J<strong>ou</strong>rnal. Tu vas au fond des questions, je l’ai remarqué. Est-ce que tu es<br />
aussi pointilleux dans ta vie privée ? »<br />
Pris de c<strong>ou</strong>rt, Nick ne répondit pas.<br />
Finalem<strong>en</strong>t un point p<strong>ou</strong>r moi, réalisa- t’elle avant de continuer...<br />
119
« Mais mes feelings... honnêtem<strong>en</strong>t c’est mon talon d’Achille… Je suis très<br />
fragile. Je n`arrive pas { croire que je suis <strong>en</strong> train de t’av<strong>ou</strong>er t<strong>ou</strong>t ça... Je ne<br />
le savais pas moi même ! Mais avec toi je s<strong>en</strong>s que je dois répondre<br />
honnêtem<strong>en</strong>t. C’est dingue... T’es un petit moteur p<strong>ou</strong>r moi. C’est vrai ce<br />
qu’on dit. Que la seule manière de vaincre la peur est de l’affronter. »<br />
« Tu n’as pas une carapace… Peut être que ca te r<strong>en</strong>d aussi très attirante. »<br />
‘ Et maint<strong>en</strong>ant qu’est ce que je réponds ?… Allez c’est reparti. Je dois<br />
<strong>en</strong>core tr<strong>ou</strong>ver une réponse aguichante…{ l’aide, { l’aide !<br />
« Et qu’appelles-tu 38 DD ? ... Ce n’est pas une carapace ! »<br />
Rigola-t’elle.<br />
« Te moques pas de toi Natty... Tu ne sais pas à quel point tu es désirable.<br />
Depuis que je suis mariée voilà 10 ans je peux compter sur les doigts de la<br />
main le nombre de mes escapades nocturnes... Mais toi tu es,<br />
irrésistiblem<strong>en</strong>t, profondém<strong>en</strong>t, globalem<strong>en</strong>t désirable… Capisco ? »<br />
Disant sa fin de phrase hachée de quintes de t<strong>ou</strong>x qui cam<strong>ou</strong>flai<strong>en</strong>t une<br />
gêne peu c<strong>ou</strong>tumière.<br />
« Heu <strong>ou</strong>i...Faudrait-il que je sois s<strong>ou</strong>rde avec 50 de QI p<strong>ou</strong>r ne pas<br />
compr<strong>en</strong>dre.. ! »<br />
30 minutes plus tard, le mutisme de Boris confirme malheureusem<strong>en</strong>t à<br />
Frank sa crainte. Il <strong>en</strong> déduisit cette certitude par le fait, que si Boris ne<br />
suivait pas Nick, il lui <strong>en</strong> aurait déjà t<strong>ou</strong>ché un mot, ne serait ce que p<strong>ou</strong>r le<br />
remercier de son introduction auprès de Cassandre.<br />
Dans cette partie d’Echecs, ce n’était pas Frank qui avait gagné mais Boris<br />
qui avait perdu. Sa discrétion professionnelle lui avait j<strong>ou</strong>é un mauvais t<strong>ou</strong>r.<br />
Frank avait bi<strong>en</strong> remarqué que Natty dinait avec quelqu`un qui lui semblait<br />
être Nick <strong>La</strong>ssifar.<br />
« Ti<strong>en</strong>s le monde est petit… »<br />
120
Sans y donner la moindre importance. En revanche, il p<strong>en</strong>sa que comme<br />
Natty connaissait Nick elle p<strong>ou</strong>rrait le lui prés<strong>en</strong>ter à un mom<strong>en</strong>t opportun.<br />
Frank était donc moins s<strong>ou</strong>pçonneux que Boris, il ne voyait que le fait d`un<br />
passage à New York où les deux visiblem<strong>en</strong>t se connaissai<strong>en</strong>t et dinai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>semble. Il était temps de se sauver. Il alla payer les consommations et<br />
remercia Boris d`être v<strong>en</strong>u, lui demandant quand il ferait un dét<strong>ou</strong>r par<br />
G<strong>en</strong>ève p<strong>ou</strong>r regarder des dossiers.<br />
« Tu as visiblem<strong>en</strong>t la tête ailleurs mon cher Boris »<br />
« Je p<strong>en</strong>se y aller dans trois semaines p<strong>ou</strong>r te r<strong>en</strong>dre compte de notre avant<br />
dernier dossier qui c`est un peu éternisé. »<br />
Frank lui serra la main et se sauva.<br />
Natalia savait très bi<strong>en</strong> sur quel terrain elle j<strong>ou</strong>ait. Nick était marié. C`est<br />
p<strong>ou</strong>r cette raison que Nick lui glissa p<strong>en</strong>dant le diner les clefs de sa chambre<br />
et lui recommanda de quitter la table avant lui.<br />
« Ti<strong>en</strong>s voila la clef codée chambre et asc<strong>en</strong>seur. Tu connais ça ? »<br />
« Tu crois que je ne suis jamais desc<strong>en</strong>du dans un hôtel ? »<br />
« Sois sérieuse ! » Il se crispa légèrem<strong>en</strong>t.<br />
« Ohhoh. Qui a quelque chose sur la consci<strong>en</strong>ce ? »<br />
« <strong>La</strong> prud<strong>en</strong>ce n`empêche pas le plaisir »<br />
« Prud<strong>en</strong>ce, prud<strong>en</strong>ce, tu n`as que ses mots à la b<strong>ou</strong>che »<br />
En lui montrant une capote sortie de son sac…<br />
« Folle ! Caches moi ça t<strong>ou</strong>t de suite »<br />
121
Dit-il la mâchoire serrée avec une expression impénétrable de j<strong>ou</strong>eur de<br />
Poker.<br />
« P<strong>en</strong>ses bi<strong>en</strong> m`att<strong>en</strong>dre dans la chambre au moins dix minutes, afin que<br />
personne ne se d<strong>ou</strong>te que n<strong>ou</strong>s allons n<strong>ou</strong>s retr<strong>ou</strong>ver »<br />
C`est donc de la façon la plus naturelle que, l`heure v<strong>en</strong>ue, Natty se leva, prit<br />
son sac et lui t<strong>en</strong>dit la main p<strong>ou</strong>r marquer leur départ réciproque. <strong>La</strong><br />
supercherie consistait à faire passer ce repas p<strong>ou</strong>r un diner d`affaires.<br />
Quelques minutes plus tard Boris observa que Natty avait quitté la salle à<br />
manger p<strong>ou</strong>r se diriger non pas vers la sortie de l`hôtel mais vers<br />
l`asc<strong>en</strong>seur réservé à la cli<strong>en</strong>tèle. Boris <strong>en</strong> bon détective tr<strong>ou</strong>va ce<br />
m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t plutôt curieux d’autant qu`il savait que Nick y avait une<br />
chambre mais il n`avait nullem<strong>en</strong>t remarqué qu`elle ait procédé au moindre<br />
<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t auprès de la réception. T<strong>ou</strong>t ceci v<strong>en</strong>ait se raj<strong>ou</strong>ter à sa<br />
déc<strong>ou</strong>verte d`une prés<strong>en</strong>ce commune <strong>en</strong> Sardaigne à une époque peu<br />
t<strong>ou</strong>ristique. Boris reste seul v<strong>ou</strong>lant observer le prochain m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t de<br />
Nick. Il remarqua qu’au b<strong>ou</strong>t de dix minutes ce dernier allait vers l’autre<br />
asc<strong>en</strong>seur.<br />
<strong>La</strong> conviction intime de Frank avait été r<strong>en</strong>forcée largem<strong>en</strong>t par le danger<br />
immin<strong>en</strong>t, p<strong>ou</strong>r les Cooks, d’une déc<strong>ou</strong>verte par Boris dans son <strong>en</strong>quête sur<br />
les <strong>La</strong>ssifar.<br />
Une heure après leur <strong>en</strong>trevue au bar, la discrétion irréprochable de Boris<br />
avait n<strong>ou</strong>rri la frustration de Frank. Celle-ci lui mettait les nerfs à dures<br />
épreuves.<br />
Il avait besoin d’un bain chaud. Claudia lui apporta son whisky dans le bain.<br />
« T’as un s<strong>ou</strong>ci ? »<br />
« Devine qui j’ai vu ? »<br />
« Un fantôme à te voir ! »<br />
« Non sois sérieuse 2 secondes… » En la voyant dev<strong>en</strong>ir att<strong>en</strong>tive.<br />
« Natty !»<br />
122
« Et alors, p<strong>ou</strong>rquoi cette tête ? Ti<strong>en</strong>s c’est bizarre elle ne m’a pas dit quand<br />
elle était chez n<strong>ou</strong>s, le week<strong>en</strong>d dernier, qu’elle serait ici cette semaine. Oh<br />
la garce, elle aurait pu m’appeler. Bof. Je l’appellerai demain p<strong>ou</strong>r voir ce<br />
qu’elle fait de beau ici »<br />
« Je p<strong>en</strong>se qu’elle dinait avec Nick <strong>La</strong>ssifar »<br />
Claudia de surprise perdit l’équilibre et se retr<strong>ou</strong>va les fesses dans la<br />
baignoire !<br />
« Tu crois que son histoire de flirt <strong>en</strong> Sardaigne p<strong>ou</strong>rrait avoir un li<strong>en</strong> avec<br />
ce diner ?»<br />
Demanda Claudia.<br />
« T<strong>ou</strong>t est possible ma vieille. Mais je suis épuisé, et je ne veux plus y p<strong>en</strong>ser<br />
ce soir »<br />
« De quoi il a l’air ce Nick ? Je ne l’ai jamais vu car Cassie vit sa vie mondaine<br />
presque sans son mari. Et comm<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ses-tu qu’ils se connaiss<strong>en</strong>t ?<br />
Bizarre qu’elle ne m’<strong>en</strong> ait jamais parlé. »<br />
« Tu lui demanderas demain »<br />
« Seulem<strong>en</strong>t si elle m’appelle. D’ailleurs je veux voir si elle va m’appeler et<br />
m’<strong>en</strong> parler elle-même. Ou, si je vais devoir lui tirer les vers du nez. Ce que<br />
je ne veux pas faire »<br />
« Désolé Monsieur »<br />
Disait le concierge du Waldorf à Boris.<br />
« Mais personne s<strong>ou</strong>s le nom de Petlah est <strong>en</strong>registré { l’hôtel ».<br />
Le remerciant Boris s’éloigna et s’asseyant { la petite table d’appoint<br />
décrocha le téléphone interne et demanda d’être mis <strong>en</strong> relation avec la<br />
chambre de Nick <strong>La</strong>ssifar.<br />
« Oui...allo? »<br />
Mais Boris avait déjà raccroché. Il décida de se positionner dans le lobby le<br />
temps nécessaire p<strong>ou</strong>r constater si l’un <strong>ou</strong> l’autre et qui sait peut-être les<br />
deux allai<strong>en</strong>t sortir de leur tanière par le biais des asc<strong>en</strong>seurs.<br />
123
Il <strong>en</strong> profita p<strong>ou</strong>r c<strong>ou</strong>cher sur le papier les n<strong>ou</strong>veaux élém<strong>en</strong>ts concernant<br />
la filature de Nick.<br />
1- Le week<strong>en</strong>d dernier hors saison les deux <strong>en</strong> Sardaigne.<br />
2- Tr<strong>ou</strong>ver où ils ont séj<strong>ou</strong>rné sur place.<br />
3- Nick a une raison valide p<strong>ou</strong>r être là hors saison vue qu`il avait un<br />
r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s de chantier.<br />
4- Natty... interview Financial Times qui était repris du Nice Matin disait<br />
qu’elle était l{ <strong>en</strong> vacances... Bizarre hors saison<br />
5- Natty dine avec Nick au Waldorf. (je ne crois pas aux coïncid<strong>en</strong>ces)<br />
6- J’ai appelé la chambre de Nick 10 minutes après qu`il soit monté et il a<br />
répondu. et 20 minutes après que Natty soit monté Nick avait<br />
décroché à n<strong>ou</strong>veau. Il est donc près du téléphone et att<strong>en</strong>d un appel.<br />
7- Or les asc<strong>en</strong>seurs que Nick et Natty ont pris accèd<strong>en</strong>t simplem<strong>en</strong>t aux<br />
étages des chambres. Pas au business c<strong>en</strong>ter <strong>ou</strong> autres possibilités.<br />
Boris avait des tas de points qui maint<strong>en</strong>ant appelai<strong>en</strong>t des réponses.<br />
Natty allait donc vers un des asc<strong>en</strong>seurs, elle avançait comme si elle<br />
marchait sur des œufs. Elle passa discrètem<strong>en</strong>t devant la réception.<br />
« Ouf ! J`ai passé le premier obstacle : Concierge… »<br />
« IIème obstacle <strong>en</strong> vue : <strong>La</strong>rbin avec b<strong>ou</strong>cle d’oreille éc<strong>ou</strong>tante ! Ouf passé<br />
aussi. »<br />
« Bon il arrive cet asc<strong>en</strong>seur ! »<br />
Utilisant la façade <strong>en</strong> cuivre poli par l`huile de c<strong>ou</strong>des d`une armée de<br />
maint<strong>en</strong>ance de ce Palace New Yorkais, elle plongeait du regard sur le<br />
lobby.<br />
Espérant que personne ne la regardât !<br />
« Ouf ! P<strong>ou</strong>r une fois ça me sert de passer incognito. »<br />
« Mais il vi<strong>en</strong>t du ciel cet asc<strong>en</strong>seur. »<br />
124
Se demanda t elle.<br />
« Ah! Le voilà qui arrive ! »<br />
<strong>La</strong> grand porte de l’asc<strong>en</strong>seur s`<strong>ou</strong>vrit p<strong>ou</strong>r l’accueillir, lui donnant le temps<br />
de pénétrer cet élégant cubique <strong>en</strong> balayant son regard de faisceaux<br />
lumineux sur le garde de sécurité et le concierge avant de suivre les<br />
instructions que Nick lui avait donné p<strong>ou</strong>r activer l’asc<strong>en</strong>seur au bon étage.<br />
Avec ces histoires de terrorisme et de meurtre dans les grands hôtels au<br />
moy<strong>en</strong> de pièces d`id<strong>en</strong>tités volées aux frontières, les hôtels ne savai<strong>en</strong>t<br />
plus quoi faire p<strong>ou</strong>r protéger leurs cli<strong>en</strong>ts.<br />
« Donc, voyons un peu ! OK ! Voici le code… 24562 Zut… faut que je mette<br />
mes lunettes ! Qu`est ce que j’ai <strong>en</strong>registré ! Ah c’est un 8 pas un 5 !<br />
Bon.246682 non ! »<br />
« Merde où est ce papier ? »<br />
Le sortant de n<strong>ou</strong>veau du fond de son sac, elle essaya de lire le numéro de<br />
n<strong>ou</strong>veau mais même la 3ieme fois elle se g<strong>ou</strong>ra. Puis, ce cri passablem<strong>en</strong>t<br />
strid<strong>en</strong>t, suivit de la voix pénétrante par l’interphone de l’asc<strong>en</strong>seur<br />
annonça :<br />
« SVP restez calme ! Notre personnel va réactiver l’asc<strong>en</strong>seur dans quelques<br />
minutes ! »<br />
« Quelle And<strong>ou</strong>ille ! Qu`est ce que je ne dois pas supporter p<strong>ou</strong>r faire partie<br />
de la race humaine ! Je vois mal des c<strong>ou</strong>rtisanes dans ma situation ! Humm<br />
ça m’étonnerait que l’équival<strong>en</strong>te de Madame de Maint<strong>en</strong>on d’auj<strong>ou</strong>rd’hui<br />
accepte de passer son temps libre dans un asc<strong>en</strong>seur <strong>en</strong> tremblant de peur<br />
qu’un larbin avec une b<strong>ou</strong>cle d’oreille la toise de haut, d<strong>ou</strong>tant que l`on<br />
puisse y dormir ! »<br />
<strong>La</strong> curiosité d’une f<strong>ou</strong>le de curieux était palpable. Qui est ce ? Que c’est il<br />
passé ? P<strong>ou</strong>rquoi ? Sont-ils blessés ? Comm<strong>en</strong>t vont-ils <strong>en</strong> sortir ? Le pauvre<br />
chef de la sécurité de l’Hôtel ne savait plus où donner de la tête tant la<br />
125
curiosité était grandissante au fil des minutes. <strong>La</strong> seule façon efficace<br />
d’éloigner ces voyeurs fut d’installer un cordon <strong>en</strong> vel<strong>ou</strong>rs r<strong>ou</strong>ge devant la<br />
porte de l’asc<strong>en</strong>seur. Ri<strong>en</strong> n’échappa au regard inquisiteur de Boris.<br />
L’équipe de beaux pompiers bi<strong>en</strong> charp<strong>en</strong>tés dans leur uniforme noir et<br />
leur chapeau effilé tâchait tant bi<strong>en</strong> que mal d’<strong>ou</strong>vrir la l<strong>ou</strong>rde porte de<br />
l’asc<strong>en</strong>seur. Ils avai<strong>en</strong>t décidé d’utiliser la grosse artillerie, et malgré ces<br />
gros moy<strong>en</strong>s ils ne pur<strong>en</strong>t dégager le passager qu’au b<strong>ou</strong>t de 25 minutes. A<br />
la grande surprise de Boris ce fut Natty qui émergea écarlate et<br />
embarrassée. Une fois calmée, elle minauda devant les excuses du service<br />
de sécurité sachant qu’elle avait été plus maladroite que victime, elle fit la<br />
bise au plus mignon qui devint comme une pivoine.<br />
Suivant son intuition sur l’interprétation des faits exposés par Natty et des<br />
conclusions tirés par les hommes de la sécurité qui conduisai<strong>en</strong>t à lui<br />
laisser le choix <strong>en</strong>tre l’escalier <strong>ou</strong> l’autre asc<strong>en</strong>seur, il anticipa le<br />
m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> se plaçant d’emblée face { la porte du second asc<strong>en</strong>seur avec<br />
la chance dans le timing de le voir arriver au mom<strong>en</strong>t où Natty allait<br />
égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> franchir le seuil. Boris et Natty réunis seuls dans l’asc<strong>en</strong>seur :<br />
peut être le présage du destin ?! Ses s<strong>en</strong>s fur<strong>en</strong>t immédiatem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong><br />
éveil à peine fur<strong>en</strong>t ils confiné dans ce petit espace. Son parfum embrasait<br />
son cerveau, subitem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t son corps pris de volupté fit monter un désir<br />
qui le p<strong>ou</strong>ssait vers un vif m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r la saisir, et embrasser<br />
fortem<strong>en</strong>t et profondém<strong>en</strong>t ses lèvres moites et attirantes. Il n’avait jamais<br />
eu aussi totalem<strong>en</strong>t et aussi s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>vie le dominant autant. Il<br />
se tr<strong>ou</strong>va sans ressort. P<strong>en</strong>dant que, indiffér<strong>en</strong>te aux effets qu’elle procurait<br />
{ son compagnon d’asc<strong>en</strong>seur, Natty pressa nerveusem<strong>en</strong>t le b<strong>ou</strong>ton du<br />
d<strong>ou</strong>zième étage.<br />
Natty était à cran, le film de ses tracas <strong>en</strong> aurait fait craquer plus d’un.<br />
Nerveuse, elle sortit de l’asc<strong>en</strong>seur telle une furie, elle avait remarqué<br />
l’homme qui l’accompagnait sans y avoir apporté d’att<strong>en</strong>tion. Boris par<br />
contre au c<strong>ou</strong>rs de cette ultime montée au d<strong>ou</strong>zième ress<strong>en</strong>tit un f<strong>ou</strong> désir<br />
de l’embrasser. <strong>La</strong> vivacité de la sortie de Natty lui permit de se ressaisir et<br />
de la suivre sans qu’elle s’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>de compte. Petite la tête <strong>en</strong> l’air tel un avion<br />
r<strong>en</strong>ifleur, elle cherchait le numéro de la satanique chambre. Visiblem<strong>en</strong>t sa<br />
recherche montrait qu’elle n’y était jamais allée. Elle avait tr<strong>ou</strong>vé son<br />
objectif car elle stoppa nette devant une porte, <strong>ou</strong>vrit son sac p<strong>ou</strong>r sans<br />
d<strong>ou</strong>te y rechercher la clef qu’elle avait utilisée dans l’asc<strong>en</strong>seur, puis se<br />
126
avisa et tapa discrètem<strong>en</strong>t à la porte. Après un bref mom<strong>en</strong>t celle-ci<br />
s’<strong>ou</strong>vrit et Boris perçut même de loin la voix d’un homme qui semblait<br />
surpris de la voir arriver si tardivem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> porte se referma aussitôt. Boris<br />
n’eut pas la preuve de l’id<strong>en</strong>tité de cet homme mais un d<strong>ou</strong>te ne l’effleura<br />
même pas tant il était persuadé qu’il s’agissait du mari de sa cli<strong>en</strong>te. Comme<br />
un adolesc<strong>en</strong>t am<strong>ou</strong>reux, il resta planté p<strong>ou</strong>r espérer une ressortie rapide<br />
qui montrerait que ce contact n’avait pas ab<strong>ou</strong>ti sur une liaison, mais il <strong>en</strong><br />
fut p<strong>ou</strong>r ses frais. Déçu, il reprit le chemin du lobby après avoir noté le<br />
numéro de la chambre : le 1234. Une fois dans le lobby saisissant son<br />
portable il appela l’hôtel et demanda que l’on lui passe la chambre 1234<br />
celle de Mr <strong>La</strong>ssifar. On lui confirma après un petit mom<strong>en</strong>t :<br />
« On v<strong>ou</strong>s passe monsieur <strong>La</strong>ssifar. »<br />
Il reconnut la voix qu’il avait appelée plus avant dans la j<strong>ou</strong>rnée. Il c<strong>ou</strong>pa la<br />
ligne. Le d<strong>ou</strong>te n’était plus permis la liaison Natty–Nick dev<strong>en</strong>ait plus<br />
qu’une forte probabilité. Mais notre Boris <strong>en</strong> pinçait tellem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r Natty<br />
qu’il essaya de s’<strong>en</strong> dissuader lui-même. Comm<strong>en</strong>t un si bel homme, si<br />
« successful » dans les affaires ayant mille opportunités de séduire de belles<br />
femmes p<strong>ou</strong>vait il s’<strong>en</strong>ticher de cette femme certes intéressante mais si peu<br />
glam<strong>ou</strong>r par son embonpoint ? Une liaison Nick-Natty lui semblait une<br />
gageure tant il aurait troqué avec plaisir sa place contre celle de Nick.<br />
P<strong>ou</strong>ssé par cette évid<strong>en</strong>ce il décida de faire suivre Natty dès le j<strong>ou</strong>r suivant.<br />
Immobile dans sa voiture il att<strong>en</strong>dit la sortie de Natty de l’hôtel et vers 8<br />
heures du matin après une nuit blanche il joignit son assistante p<strong>ou</strong>r qu’elle<br />
déchire la lettre prête p<strong>ou</strong>r Cassandra et <strong>ou</strong>vre une filature p<strong>ou</strong>ssée sur<br />
Natty. Dès la fin de la j<strong>ou</strong>rnée il avait déjà son adresse <strong>en</strong> France, le planning<br />
de ses confér<strong>en</strong>ces de part le monde et il allait p<strong>ou</strong>voir ainsi mettre au point<br />
la stratégie la mieux adaptée p<strong>ou</strong>r ne pas la quitter des fesses un seul<br />
instant. Le matin il avait vu sortir Nick, avec la valise de son ordinateur sur<br />
r<strong>ou</strong>lettes, pr<strong>en</strong>ant un taxi qui l’avait conduit { l’aéroport à destination de<br />
Palm Beach. Les acolytes de Boris l’<strong>en</strong> avait informé aussitôt.<br />
127
Ahhh que se passe t’il dans la chambre 1234 ?…Accroches toi au bastingage<br />
et suis moi. « Qu’es ce que tu as fricoté ? Une heure p<strong>ou</strong>r aller du restaurant<br />
à la chambre ! »<br />
« Oh non ! Ce n’est pas le mom<strong>en</strong>t. J’étais t<strong>ou</strong>t bêtem<strong>en</strong>t, p<strong>en</strong>dant t<strong>ou</strong>t ce<br />
temps, coincée dans l’asc<strong>en</strong>seur où dans ce f<strong>ou</strong>tu appareil je suffoquais !<br />
« Pardon ! Tu blagues ! Je t’ai supplié d’être discrète. C’est réussi ! Tu ne<br />
peux même pas pr<strong>en</strong>dre un asc<strong>en</strong>seur sans que cela devi<strong>en</strong>ne<br />
événem<strong>en</strong>tiel !»<br />
« Mais, je me suis plantée avec cette horrible clef codée ne p<strong>ou</strong>vant lire tes<br />
chiffres et l’appareil c’est bloqué. J’ai cru dev<strong>en</strong>ir folle… »<br />
« Mon Dieu, mais c’est f<strong>ou</strong>, t<strong>ou</strong>t le monde est donc au c<strong>ou</strong>rant, c’est comme<br />
si tu avais donné une confér<strong>en</strong>ce impromptue ? Il manque la presse…et<br />
évidemm<strong>en</strong>t, le service de sécurité sait parfaitem<strong>en</strong>t que tu es dans ma<br />
chambre. »<br />
Voyant l’expression de Natty il perçut qu’il avait dépassé les bornes et<br />
cherchant un sparadrap verbal il aj<strong>ou</strong>ta « Quoi qu’il <strong>en</strong> soit, celui qui<br />
consultera le téléchargem<strong>en</strong>t de la camera de surveillance sera très<br />
jal<strong>ou</strong>x. »<br />
« Tu crois que je me suis amusé ? J’ai failli me sauver tellem<strong>en</strong>t j’étais<br />
énervée, et r<strong>en</strong>due paranoïaque par tes craintes incessantes, mais je suis là,<br />
j’avais une <strong>en</strong>vie folle de te voir »<br />
Et elle se mit { pleurer…<br />
<strong>La</strong> colère de Nick <strong>en</strong>flammée par le dérapage des évènem<strong>en</strong>ts s’apaisa. Il<br />
n’aurait pas dû lui mettre t<strong>ou</strong>t le poids de ses craintes d’être pris <strong>en</strong> plein<br />
adultère. Il la fit asseoir délicatem<strong>en</strong>t sur le bas coté de l’imm<strong>en</strong>se lit où l’on<br />
s’<strong>en</strong>fonçait dans les plumes. Sa chaude respiration lui s<strong>ou</strong>ffla { travers les<br />
b<strong>ou</strong>cles de ses cheveux :<br />
« Bon, bon calmes toi. Ici tu ne vas plus suffoquer, regardes t<strong>ou</strong>s mes<br />
miroirs qui vont reproduire { l’infini les vagues de nos corps s’écrasant<br />
dans la tempête de nos désirs »<br />
128
Et il l’embrassa sans ambages, sans ret<strong>en</strong>ue respirant l’arôme musqué de<br />
cette féminité débordante...<br />
« Oh la la la la Sardaigne t’as donné des idées »<br />
« Non, c’est par ton charme que mon imagination masculine s’anime. Ahhh »<br />
« T<strong>ou</strong>rnes-toi que je dégrafe ta robe, je dois tr<strong>ou</strong>ver le chemin qui conduit à<br />
déc<strong>ou</strong>vrir ton merveilleux mystère. »<br />
Natty, par sa corpul<strong>en</strong>ce, n’était pas une femme facile { manipuler elle<br />
n’att<strong>en</strong>dit pas, que Nick puisse t<strong>en</strong>ter un m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t, p<strong>ou</strong>r se mettre avec<br />
volupté sur le v<strong>en</strong>tre. Elle continuait par reflexe à v<strong>ou</strong>loir cacher ses<br />
vergetures. <strong>La</strong> voyant de dos, comme <strong>en</strong> Sardaigne, il ne savait pas<br />
comm<strong>en</strong>t interpréter cette position favorite. Faisant fi de ses p<strong>en</strong>sées, il<br />
passa des paroles aux gestes. <strong>La</strong> fermeture éclaire s’<strong>ou</strong>vrit du haut vers le<br />
bas, la robe valsa vers le haut dénudant les parties intimes.<br />
<strong>La</strong> situation étant des plus chaudes il se r<strong>en</strong>dit compte qu’<strong>en</strong> ayant cette<br />
av<strong>en</strong>ture il arrivait à éloigner temporairem<strong>en</strong>t sa peur paranoïaque.<br />
Natty se retr<strong>ou</strong>va caressée de haut <strong>en</strong> bas et frissonna de t<strong>ou</strong>t son corps.<br />
Elle n’avait pas connu une pareille s<strong>en</strong>sation depuis longtemps. Son désir<br />
partait comme une fusée et irradiait sa colonne vertébrale. Natty était si<br />
peu sûre d’elle et particulièrem<strong>en</strong>t peureuse de montrer son corps qu’elle<br />
allait vers les extrêmes p<strong>ou</strong>r chasser sa peur féminine. Leurs psychoses<br />
réciproques les m<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t vers le même but.<br />
« Au fait chérie, est ce toi qui a essayé par trois fois de me joindre au<br />
téléphone ? »<br />
« Non comm<strong>en</strong>t aurais je pu le faire ? Il ya même à cet effet une indication<br />
d’impossibilité dans l’asc<strong>en</strong>seur »<br />
« Ti<strong>en</strong>s bizarre, c’est mauvais signe, le coq chanta trois fois…. quelle tuile va<br />
me tomber sur le dos ? J’espère que Cassandra n’était pas { l’hôtel ! »<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi cette idée m’assaille, ne p<strong>en</strong>se qu’au prés<strong>en</strong>t, les p<strong>en</strong>sées<br />
négatives <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t les mom<strong>en</strong>ts pénibles, Profites du mom<strong>en</strong>t escalade<br />
cette Himalaya de féminité ? »<br />
« Oublions t<strong>ou</strong>t et lâchons n<strong>ou</strong>s »<br />
129
P<strong>en</strong>sa t’elle p<strong>ou</strong>r se donner du c<strong>ou</strong>rage.<br />
« Aimes-tu mes caresses ? »<br />
Le frisson qu’il s<strong>en</strong>tit s<strong>ou</strong>s ses caresses fut une réponse.<br />
« J’aime ta peau satinée qui m’<strong>en</strong>flamme »<br />
« Tu vas me faire l’am<strong>ou</strong>r ?<br />
« Non je vais te faire att<strong>en</strong>dre comme tu me l’as fais p<strong>ou</strong>r sortir de<br />
l’asc<strong>en</strong>seur »<br />
« Bravo, tu arriveras à résister t<strong>ou</strong>t ce temps ! »<br />
Mais, ses cuisses <strong>en</strong>cadrai<strong>en</strong>t ses hanches. Ce m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t était une<br />
invitation p<strong>ou</strong>r Nick.<br />
Elle p<strong>ou</strong>ssa un s<strong>ou</strong>pir de plaisir <strong>ou</strong> de s<strong>ou</strong>lagem<strong>en</strong>t de p<strong>ou</strong>voir partager<br />
quelque chose avec cet homme!<br />
« Ooh ! Tu m’<strong>en</strong>chantes, c’est merveilleux !»<br />
« Ne dis plus ri<strong>en</strong> tu m’<strong>en</strong>lèves mes inspirations. »<br />
Ses yeux s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t larges <strong>ou</strong>verts ne cherchai<strong>en</strong>t même pas à observer<br />
ce qu’elle p<strong>ou</strong>vait voir<br />
« Je n’arrive pas { croire ce que je dis, ce que je fais, Wow, suis-je cette<br />
femme libérée <strong>en</strong>fin avec un homme qui me désire ?<br />
« J’adore tes seins » Il y plongea la tête.<br />
« Ils sont gros, pas trop gros ? » Elle v<strong>en</strong>ait d’<strong>en</strong> voir un dans la glace du<br />
mur opposé.<br />
Sur ce fait il se leva et la m<strong>en</strong>a vers la salle de bain et recomm<strong>en</strong>ça son petit<br />
jeu sur l’estrade marbré séparant le jacuzzi de la baignoire. <strong>La</strong> salle de bain<br />
au sol de marbre c<strong>ou</strong>leur de n<strong>ou</strong>gat de Montélimar était <strong>en</strong>t<strong>ou</strong>rée de glaces<br />
biseautées.<br />
« Quelle horreur ce miroir où je me vois dans le plus simple appareil ! »<br />
p<strong>en</strong>sa t’elle. Elle <strong>ou</strong>vrit le robinet d’eau chaude du jacuzzi de la main gauche<br />
<strong>en</strong>core disponible.<br />
130
« Que fais-tu ? »<br />
« Je me réchauffe ! »<br />
« Moi je transpire, et j’avais l’impression que tu <strong>en</strong> faisais autant ! »<br />
« Il compr<strong>en</strong>ds pas. Mais la buée monte » se dit-elle. Puis :<br />
« Ces miroirs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se tr<strong>ou</strong>bler avec la buée que n<strong>ou</strong>s dégageons,<br />
c’est génial »<br />
Nick, <strong>ou</strong>vrit la b<strong>ou</strong>teille de champagne et lui proposa une c<strong>ou</strong>pe de Cristal<br />
Roederer légèrem<strong>en</strong>t pétillante et glacée. Ils trinquèr<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les deux <strong>en</strong><br />
riant. Le glacé du champagne faisait contraste avec la vapeur du jacuzzi.<br />
Après l’avoir caressé comme p<strong>ou</strong>r lui faire passer les crampes provoquées<br />
par sa pénible att<strong>en</strong>te d’une montée asc<strong>en</strong>sionnelle vers la chambre 1234, il<br />
lui dit :<br />
« Vi<strong>en</strong>s dormir un peu avec moi ! »<br />
« J’arrive donnes moi deux secondes »<br />
Il alla se c<strong>ou</strong>cher <strong>en</strong> l’att<strong>en</strong>dant. Ass<strong>ou</strong>pi sur la c<strong>ou</strong>ette de plumes sur<br />
laquelle il s’<strong>en</strong>fonçait, il partit dans les bras de Morphée. Réveillé<br />
brutalem<strong>en</strong>t, il eut un choc, un rêve.<br />
« J’hallucine ! »<br />
Jaillissant telle une pinup des années 50, drapée dans une serviette de bain<br />
immaculée, pinçant de la main droite une serviette chaude et parfumée, la<br />
main gauche sur les hanches, les orteils laqués r<strong>ou</strong>ge vif s<strong>ou</strong>t<strong>en</strong>ant la jambe<br />
gauche pliée vers l’avant qui déhanchait son corps, Natty délirante se mit à<br />
chanter :<br />
« <strong>La</strong>isses tes mains sur mes hanches, ne fais pas ces yeux furibonds … ! »<br />
En faisant sa pitrerie elle se disait : Me voilà complètem<strong>en</strong>t débridée, je suis<br />
la top des c<strong>ou</strong>rtisanes : Sexe et spectacle ! ? Aooh peut être pas top du t<strong>ou</strong>t<br />
<strong>en</strong> voyant son regard affolé. Abas<strong>ou</strong>rdi, il saisit la serviette qu’elle lui lança<br />
au vol.<br />
131
338 à 360<br />
Nick arriva comme prévu ce v<strong>en</strong>dredi à Palm Beach ayant laissé Natty qui<br />
était déjà loin dans son esprit à New York. Il récupéra sa voiture au parking<br />
de l’aéroport. Il se dirigea vers le Palm Beach Wellington Polo après avoir<br />
déposé à son bureau ses affaires où il <strong>en</strong> profita p<strong>ou</strong>r passer une demi<br />
d’heure. Il laissa { sa secrétaire ses instructions et lui remit <strong>en</strong> main propre<br />
ce qu’il avait <strong>en</strong>registré p<strong>en</strong>dant le vol. <strong>La</strong> secrétaire t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs s<strong>ou</strong>riante le<br />
remercia et sans perdre de temps <strong>en</strong>fila l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t dans son<br />
ordinateur, sachant que comme Nick utilisait la technologie Dragon Speak<br />
qui permettait d’imprimer aussitôt les dites instructions ce qui lui laissait<br />
du loisir p<strong>ou</strong>r faire d’autres travaux. Son patron était moderne et efficace.<br />
339<br />
Lors de son parc<strong>ou</strong>rs vers Wellington, le téléphone ne cessa pas d’être<br />
occupé avec Melinda son palefr<strong>en</strong>ier <strong>en</strong> chef qui le briffait sur l’état des<br />
chevaux qu’il allait j<strong>ou</strong>é dans le match { v<strong>en</strong>ir. Quand il arriva au club, et<br />
directem<strong>en</strong>t au terrain numéro trois, t<strong>ou</strong>s les problèmes avai<strong>en</strong>t été réglés<br />
et ses chevaux arg<strong>en</strong>tins étai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s scellés et fin prêt p<strong>ou</strong>r son match de<br />
20 goal.<br />
340-<br />
P<strong>en</strong>dant ce temps Cassandra demeurait à New York, compte t<strong>en</strong>u de son<br />
diner v<strong>en</strong>dredi soir chez Claudia et de son int<strong>en</strong>tion de ret<strong>ou</strong>rner au<br />
Waldorf Astoria, elle ne r<strong>en</strong>trerait à Palm Beach que dans la matinée de<br />
Dimanche.<br />
Cette obligation de son amie l’arrangeait <strong>en</strong> effet p<strong>ou</strong>r finaliser ses plans de<br />
se r<strong>en</strong>dre à n<strong>ou</strong>veau au Waldorf p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>fin retr<strong>ou</strong>ver ce diable de jeune<br />
serveur.<br />
341<br />
Quand vers 15h elle r<strong>en</strong>tra dans l’hôtel et qu’elle t<strong>ou</strong>rna la tête vers le bar,<br />
elle allait savoir si elle ne devait plus croire <strong>en</strong> sa chance.<br />
132
342<br />
Mais il y avait un problème non négligeable….car elle n’était plus blonde,<br />
elle n’avait plus ri<strong>en</strong> { voir avec une pinup Barbie, elle était une brunette<br />
habillée comme une lady et le garçon fatalem<strong>en</strong>t ne la reconnut pas.<br />
343<br />
Elle se permit quand même de lui dire : « J’aimerai si v<strong>ou</strong>s n’y voyez pas<br />
d’inconvéni<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>s t<strong>ou</strong>chez un mot »<br />
« Oui madame, je v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> prie » répondit-il.<br />
« V<strong>ou</strong>s rappelez-v<strong>ou</strong>s ce que je v<strong>ou</strong>s ai demandé de faire il ya quelques<br />
semaines ? V<strong>ou</strong>s savez, au sujet d’éc<strong>ou</strong>ter une conversation<br />
téléphonique… »<br />
« Non madame, je ne v<strong>ou</strong>s ai jamais vu précédemm<strong>en</strong>t, j’<strong>en</strong> suis navré »<br />
« Rappelez-v<strong>ou</strong>s d’une fille blonde habillée <strong>en</strong> rose qui v<strong>ou</strong>s versa un<br />
p<strong>ou</strong>rboire p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s rapprochez d’un g<strong>en</strong>tleman p<strong>ou</strong>r éc<strong>ou</strong>ter ce qu’il<br />
disait ?<br />
« Non, madame je n’ai jamais accepter de p<strong>ou</strong>rboire p<strong>ou</strong>r une telle raison,<br />
j’<strong>en</strong> suis navré <strong>en</strong>core. V<strong>ou</strong>s devez savoir qu’il n<strong>ou</strong>s est formellem<strong>en</strong>t<br />
interdit d’éc<strong>ou</strong>ter les conversations des cli<strong>en</strong>ts. Ok ?<br />
Ok laissez moi v<strong>ou</strong>s expliquer depuis le début, v<strong>ou</strong>s devez surem<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>s<br />
rappelez d’avoir nettoyé une table où se tr<strong>ou</strong>vait ce g<strong>en</strong>tleman et…<br />
« Des tables, Madame j’<strong>en</strong> nettoie chaque j<strong>ou</strong>r des c<strong>en</strong>taines et l’on ne m’a<br />
jamais payé p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong> nettoyer une spécialem<strong>en</strong>t »<br />
Cassandra perdit pati<strong>en</strong>ce et se mit à vociférer :<br />
« A quoi v<strong>ou</strong>s j<strong>ou</strong>er ? Faire l’idiot jeune homme ne v<strong>ou</strong>s avancera { ri<strong>en</strong> car<br />
j’ai le bras long et je suis <strong>en</strong> mesure de v<strong>ou</strong>s faire éjecter d’ici sans c<strong>ou</strong>p<br />
férir. Sachez que j’ai pris l’avion depuis Miami p<strong>ou</strong>r v<strong>en</strong>ir v<strong>ou</strong>s voir,<br />
compr<strong>en</strong>ez v<strong>ou</strong>s <strong>ou</strong> êtes v<strong>ou</strong>s imbécile ? »<br />
Gardant son calme il lui répondit imperturbable :<br />
133
« Je suis désolé madame, mais je n’ai aucune idée sur le sujet que v<strong>ou</strong>s<br />
abordez et j’ai autre chose { faire dans le cadre de mes fonctions et je ne<br />
peux continuer à bavarder avec v<strong>ou</strong>s sur un sujet qui ne me concerne pas, je<br />
v<strong>ou</strong>s r<strong>en</strong><strong>ou</strong>vèle mes excuses p<strong>ou</strong>r ce problème, mais je p<strong>en</strong>se que v<strong>ou</strong>s<br />
faites surem<strong>en</strong>t une erreur. » il s’éloigna vers le bar la laissant furieuse au<br />
milieu de la salle.<br />
344<br />
Cassandra ne décoléra pas tellem<strong>en</strong>t la stupidité de ce type dont elle était<br />
persuadée, était pat<strong>en</strong>te, il avait j<strong>ou</strong>é avec elle les naïfs p<strong>ou</strong>r se protéger dès<br />
qu’il l’avait vu sans forcém<strong>en</strong>t la reconnaitre. Du fait qu’elle n’avait aucune<br />
<strong>en</strong>vie de montrer sa déception, elle sortit du bar <strong>en</strong> maugréant avec une<br />
<strong>en</strong>vie non dissimulée de lui rompre le c<strong>ou</strong>. Bon ! L’idée était remarquable<br />
mais t<strong>ou</strong>s ses plans se terminai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> désastre, une vraie calamité d’avoir<br />
v<strong>ou</strong>lu j<strong>ou</strong>er les détectives au lieu de laisser faire Boris un vrai professionnel<br />
dans ce domaine. Il valait mieux mettre fin { ce g<strong>en</strong>re d’initiative p<strong>ou</strong>r<br />
éviter de ruiner les efforts de son détective. T<strong>ou</strong>t cela lui passa par la tête <strong>en</strong><br />
un éclair mais la t<strong>ou</strong>cha s<strong>ou</strong>rdem<strong>en</strong>t au moral.<br />
345<br />
Cassandra devait elle se plaindre car qui l’att<strong>en</strong>dait dimanche { l’aéroport ?<br />
Nick avec les <strong>en</strong>fants qui lui fir<strong>en</strong>t une fête { la desc<strong>en</strong>te de l’avion, elle<br />
n’avait pas vu son mari depuis cette fameuse semaine où il était allé <strong>en</strong><br />
Sardaigne p<strong>ou</strong>r voir l’avancem<strong>en</strong>t des travaux (et une certaine Natty qui<br />
l’accompagna il ya trois semaines).<br />
346<br />
Nick lui fit une bise sans passion mais t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> lui annonçant qu’il avait<br />
décidé d’inviter t<strong>ou</strong>te sa petite famille { ce restaurant que ses <strong>en</strong>fants<br />
adorai<strong>en</strong>t autant. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas passé <strong>en</strong>semble un<br />
mom<strong>en</strong>t agréable avec ses petits. Ils partir<strong>en</strong>t donc t<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> riant bras<br />
dessus bras dess<strong>ou</strong>s. Charlotte comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t déjà à prévoir avec Nico ce<br />
qu’il allait choisir. Cassandra revivait le passé et comm<strong>en</strong>ça { tr<strong>ou</strong>ver une<br />
certaine quiétude. Les bons réflexes recomm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t à j<strong>ou</strong>er.<br />
134
347<br />
Elle répondai<strong>en</strong>t avec <strong>en</strong>train à un nombre incalculable de c<strong>ou</strong>ps de fils, au<br />
sujet de telle invitation, de telle réunion de charité, de tel <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t futile<br />
de la soit disant haute société. Ces appels agaçait non seulem<strong>en</strong>t Nick mais<br />
les <strong>en</strong>fants tr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t que leur mère se dispersait un peu trop dans ses<br />
habitudes b<strong>ou</strong>rgeoises.<br />
348<br />
Quant à Cassandra elle tr<strong>ou</strong>vait son Nick t<strong>ou</strong>t à fait normal, décontracté et<br />
heureux avec ses <strong>en</strong>fants. Son adrénaline semblait au plus haut et donc<br />
favorable à satisfaire son goût bi<strong>en</strong> connu p<strong>ou</strong>r réussir à la perfection sa<br />
prochaine partie de Polo. Elle savait qu’il était accroc { ce jeu et elle avait<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs été heureuse de le voir satisfait par cette activité sportive.<br />
349<br />
Nick très observateur remarqua que sa femme était un peu négligée. Ses<br />
ongles n’étai<strong>en</strong>t plus manucurés { la perfection, les racines de ses cheveux<br />
laissai<strong>en</strong>t apparaitre du blanc, l’air bloqué de son ép<strong>ou</strong>se s<strong>ou</strong>lignait ce<br />
laisser aller. Mais diplomate il ne lui <strong>en</strong> fit aucune remarque bi<strong>en</strong> qu’il<br />
tr<strong>ou</strong>va cela anormal et hors de la vie classique de sa femme.<br />
350<br />
Les <strong>en</strong>fants ravis d’être <strong>en</strong>fin avec papa et maman sans la g<strong>ou</strong>vernante<br />
jacassai<strong>en</strong>t de bonheur. Au c<strong>ou</strong>rs du repas, Nick fut abas<strong>ou</strong>rdi de constater<br />
que Cassandra partageait de façon g<strong>ou</strong>lue les divers cakes et ice cream<br />
destinés aux <strong>en</strong>fants. Le fait de piquer sans arrêt dans leurs assiettes<br />
provoqua quelques tollés et réactions g<strong>en</strong>tilles mais étonnées de constater<br />
que leur maman s’empiffrait { leur dép<strong>en</strong>d.<br />
351<br />
Boris avait vu partir du Waldorf le v<strong>en</strong>dredi <strong>en</strong> fin de matinée Nick avec son<br />
trolley, resté p<strong>ou</strong>r observer la sortie de Natty il ne fut pas déçu quant il l’a<br />
vit { la sortie de l’hôtel t<strong>ou</strong>rnant la tête { droite et { gauche comme si elle<br />
cherchait son chemin.<br />
135
352<br />
Il n’eut pas l’audace de l’aborder p<strong>ou</strong>r lui remémorer leur r<strong>en</strong>contre de la<br />
veille dans l’asc<strong>en</strong>seur.<br />
353<br />
Boris la suivit t<strong>ou</strong>te la j<strong>ou</strong>rnée, elle avait repris un gros sac qu’elle avait<br />
laissé à la réception du Waldorf, elle était allée à un autre hôtel où<br />
visiblem<strong>en</strong>t elle y avait une chambre déjà réservée, elle avait fait des<br />
c<strong>ou</strong>rses t<strong>ou</strong>te l’après midi dans ce quartier. <strong>La</strong> suivant de très près il <strong>en</strong><br />
arriva { la conclusion qu’elle était seule que Nick s’était évaporé et qu’aucun<br />
c<strong>ou</strong>p de fil plus <strong>ou</strong> moins romantique { son int<strong>en</strong>tion n’avait eu lieu.<br />
354<br />
Il remarqua que le seul c<strong>ou</strong>p de fil passé par Natty fut celui qu’elle fit, dans<br />
un bar <strong>en</strong> buvant un café, { Claudia p<strong>ou</strong>r lui dire <strong>en</strong>fin qu’elle était<br />
égalem<strong>en</strong>t à New York. Elle proposa à Claudia ayant la soirée libre de<br />
l’inviter { diner car elle devait repartir <strong>en</strong> France le l<strong>en</strong>demain matin. Elle<br />
n’était pas libre de ce fait le samedi. Claudia ravie de recevoir ce c<strong>ou</strong>p de fil<br />
<strong>ou</strong>blia sa rancœur qu’elle ne lui ait pas fait signe plus tôt. Elles avai<strong>en</strong>t passé<br />
à Saint-Tropez de si bons mom<strong>en</strong>ts ! Bref Claudia l’arrêta aussitôt dans sa<br />
proposition <strong>en</strong> lui disant qu’elle avait organisé le soir même un diner chez<br />
elle avec beauc<strong>ou</strong>p d’amis et qu’elle comptait bi<strong>en</strong> l’y voir.<br />
« Vi<strong>en</strong>s vers 18h 30 un peu avant le diner que l’on bavarde <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant un<br />
verre avant le diner »<br />
355<br />
Boris n’avait pas perdu une miette de la conversation et <strong>en</strong> avait conclu que<br />
non seulem<strong>en</strong>t Natty r<strong>en</strong>trait samedi <strong>en</strong> France mais que sa relation avec<br />
Claudia était plus étroite qu’il ne l’avait imaginé. L’introduction par Frank<br />
p<strong>ou</strong>r Cassandre et la v<strong>en</strong>ue de la présumée c<strong>ou</strong>pable chez lui laissait<br />
<strong>en</strong>trevoir une énigme assez cocasse. Il p<strong>en</strong>sa : « Comme cela est cocasse et<br />
bizarre je dois approfondir sérieusem<strong>en</strong>t mon <strong>en</strong>quête dans cette voie ! »<br />
136
356<br />
Boris était aussi dans une situation peu banale. Il m<strong>en</strong>ait une <strong>en</strong>quête et <strong>en</strong><br />
pinçait sérieusem<strong>en</strong>t sur la maitresse du mari de sa cli<strong>en</strong>te. Il n’avait jamais<br />
vécu auparavant une pareille mésav<strong>en</strong>ture, mais cela lui donnait des ailes<br />
p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>rsuivre sa filature dans les rues personnellem<strong>en</strong>t au lieu de<br />
flanquer ses collaborateurs { cette tâche subalterne qu’il ne v<strong>ou</strong>lait plus<br />
faire.<br />
357<br />
Un vrai casse tête p<strong>ou</strong>r Boris, un cauchemar. Il cherchait des raisons p<strong>ou</strong>r<br />
que Nick ne puisse raisonnablem<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>ticher de Natty, sa position son<br />
allure et l’embonpoint de Natty mais parallèlem<strong>en</strong>t n’est il pas pris lui aussi<br />
par le charme de Natty. Sa logique était prise <strong>en</strong> défaut, son s<strong>en</strong>s<br />
professionnel de déductions rationnelles ne collait plus avec ses p<strong>en</strong>sées<br />
perman<strong>en</strong>tes.<br />
358<br />
Les scénarios les plus dangereux <strong>ou</strong> périlleux qui avai<strong>en</strong>t longés sa vie<br />
professionnelles lui paraissai<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>fantillage eu égard { la situation qu’il<br />
avait à affronter à ce j<strong>ou</strong>r. Sa règle de ne jamais mélanger sa vie privée avec<br />
sa vie professionnelle était désormais brisée au point qu’il se s<strong>en</strong>tait<br />
vulnérable dans ses objectifs à t<strong>en</strong>ir p<strong>ou</strong>r m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> son travail.<br />
137
359<br />
Il avait vécu jusqu’ici que p<strong>ou</strong>r sa vie professionnelle et p<strong>en</strong>dant des années<br />
ri<strong>en</strong> n’avait pu le distraire de sa passion p<strong>ou</strong>r son métier. Il était marié avec<br />
son <strong>en</strong>treprise et son am<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r son travail n’avait jamais été supplanté<br />
par un am<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>r une femme depuis le terrible et fatal att<strong>en</strong>tat qui tua à<br />
Mosc<strong>ou</strong> sa femme et son fils. N’y t<strong>en</strong>ant plus il v<strong>ou</strong>lut faire la c<strong>ou</strong>r { Natty et<br />
une pulsion incontrôlable le p<strong>ou</strong>ssa même à <strong>en</strong>voyer <strong>en</strong> France un énorme<br />
b<strong>ou</strong>quet de roses r<strong>ou</strong>ge { l’adresse de Natty { livrer p<strong>ou</strong>r le dimanche<br />
même. Il omit volontairem<strong>en</strong>t d’y joindre un carton p<strong>ou</strong>r parachever son<br />
complim<strong>en</strong>t am<strong>ou</strong>reux.<br />
360 à 363<br />
A 18h30 pétante, le doorman <strong>ou</strong>vrit à Natty la porte du 800 Fifth Av<strong>en</strong>ue.<br />
L’asc<strong>en</strong>seur <strong>en</strong> chrome brillant la télétransporta vers le magnifique<br />
p<strong>en</strong>th<strong>ou</strong>se de Frank et Claudia qui dominait C<strong>en</strong>tral Park. Natty se<br />
réj<strong>ou</strong>issait de cette reprise de contact avec son amie, mais elle savait que<br />
Claudia était une habile interrogatrice, qu’elle devait rester sur ses gardes,<br />
être d’une prud<strong>en</strong>ce de serp<strong>en</strong>t et ne pas éplucher les petits pois sur Nick.<br />
« Ha Natty tu es spl<strong>en</strong>dide » et Claudia aj<strong>ou</strong>ta <strong>en</strong> riant « Aurais-tu franchi le<br />
Rubicon p<strong>ou</strong>r un mini lifting ? »<br />
« Ne soit pas stupide. J’ai eu p<strong>ou</strong>r mon travail une réunion fort importante.<br />
Je présume avoir mis dans ma poche un sponsor p<strong>ou</strong>r mes prochaines<br />
f<strong>ou</strong>illes »<br />
« Mais c’est génial Natty. Il n’y a que toi p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver un bailleur de fonds <strong>en</strong><br />
plein milieu d’une crise financière dont on ne tr<strong>ou</strong>ve comparaison qu’avec<br />
celle de nos arrière grands par<strong>en</strong>ts. Quelqu’un que je connais ? »<br />
138
Gagnant du temps, Natty s’effondra dans un canapé aux dim<strong>en</strong>sions<br />
démesurées <strong>en</strong> y balançant sur l’acc<strong>ou</strong>doir son écharpe et son sac. Elle était<br />
nerveuse mais vannée. Le décalage horaire, une nuit folle et les nerfs <strong>en</strong> se<br />
relâchant l’avait cassée.<br />
« Gardes t<strong>ou</strong>tes tes questions jusqu’au mom<strong>en</strong>t où tu m’aura versé ton<br />
merveilleux jus d’ananas pressé. Tu es la seule personne au monde {<br />
laquelle j’ose demander pareil service car tu as une telle domesticité ! Je<br />
p<strong>en</strong>se que même je te r<strong>en</strong>ds un petit service <strong>en</strong> les mettant <strong>en</strong> activité !<br />
hihihi<br />
Claudia s’empressa d’appeler son maitre d’hôtel qui arriva aussitôt et<br />
reconnaissant Natty lui dit : « Mademoiselle Natty, ravi de v<strong>ou</strong>s revoir je<br />
v<strong>ou</strong>s sers donc comme d’habitude ? »<br />
« Ooh <strong>ou</strong>i Charles, j’apprécierai beauc<strong>ou</strong>p. »<br />
Claudia se déplaça adroitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faisant le t<strong>ou</strong>r de l’imm<strong>en</strong>se living room<br />
p<strong>ou</strong>r allumer les grosses b<strong>ou</strong>gies colonnes parfumées qu’elle avait fabriqué<br />
elle-même. Elle était tellem<strong>en</strong>t d<strong>ou</strong>ée artistiquem<strong>en</strong>t que chaque chose chez<br />
elle exaltait son s<strong>en</strong>s du design <strong>ou</strong> son habileté à les créer. Ce soir là elle<br />
prés<strong>en</strong>tait la plus grande élégance.<br />
« Qui as-tu invité ? Je me s<strong>en</strong>s nue devant toi, et puis t<strong>ou</strong>s tes bij<strong>ou</strong>x. Y a t’il<br />
un invité de marque ?<br />
« Pas spécialem<strong>en</strong>t, mais tu connais Frank, je dois t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs faire à t<strong>ou</strong>s ceux<br />
qui sont des cli<strong>en</strong>ts pot<strong>en</strong>tiels. Cela l’excite davantage qu’une jolie fille ! Cela<br />
le fait carburer. Ainsi, le chanteur Big Daddy, ce fameux rapper, va v<strong>en</strong>ir<br />
…Ooh cela me rappelle que je dois prév<strong>en</strong>ir le doorman car sinon il risque<br />
de ne jamais r<strong>en</strong>trer. En <strong>ou</strong>tre n<strong>ou</strong>s avons le laquais de Abramowitz. Il est<br />
partiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge de ses comptes… ainsi Frank se lèche les babines<br />
ri<strong>en</strong> qu’{ l’idée de s’<strong>en</strong> faire un cli<strong>en</strong>t. Je n’arrive pas { me s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ir son<br />
prénom, mais sa femme s’appelle Lyudmila. Tu verras quelque part au<br />
dessus de ses jambes, si tu fais suffisamm<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>tion, quelque chose. Tu<br />
tr<strong>ou</strong>veras je le p<strong>en</strong>se un certain corps et peut être une tête qui p<strong>en</strong>se. Elle<br />
semble faite à 90% par des jambes ! Maint<strong>en</strong>ant racontes moi t<strong>ou</strong>t sur ton<br />
n<strong>ou</strong>vel am<strong>ou</strong>reux ? L’as-tu vu depuis Saint-Tropez ? »<br />
139
« Claudia tu es trop…mais ma réponse est <strong>ou</strong>i. N<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s sommes vus {<br />
Londres il y a quelques j<strong>ou</strong>rs. Hum délicieux.<br />
« Tes yeux sembl<strong>en</strong>t rêveurs quand tu parles de lui ; je parie que tu vas au<br />
septième ciel »<br />
« J’y suis, C’est si n<strong>ou</strong>veau p<strong>ou</strong>r moi. Il adore mon corps, ma façon de<br />
b<strong>ou</strong>ger » répondit Natty « Mais je suis aussi fatiguée. Je p<strong>en</strong>se que c’est dû<br />
aux nerfs qui se relâch<strong>en</strong>t. »<br />
« Où êtes v<strong>ou</strong>s desc<strong>en</strong>du à Londres ? » Natty hésita un quart de seconde<br />
avant de répondre « Au Ritz » Claudia fit simplem<strong>en</strong>t le comm<strong>en</strong>taire «<br />
Hôtel prestigieux ! » Mais elle ne croyais <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> aux dires de son amie,<br />
s<strong>en</strong>tant bi<strong>en</strong> qu’elle lui cachait quelque chose.<br />
« Tu es bi<strong>en</strong> de la Jet Set, un j<strong>ou</strong>r à Nice puis Londres et maint<strong>en</strong>ant New<br />
York . Comm<strong>en</strong>t cela est il arrivé ? »<br />
« Mon bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>u sponsor ne p<strong>ou</strong>vait me r<strong>en</strong>contrer <strong>en</strong> France, aussi comme<br />
il s’agissait de mon intérêt j’ai accepté de v<strong>en</strong>ir sur le champ à New York car<br />
cela semblait sérieux avec lui. Malheureusem<strong>en</strong>t mon avion a eu du retard,<br />
et n<strong>ou</strong>s n’eur<strong>en</strong>t d’autres alternatives que de diner <strong>en</strong>semble ce qui me fit<br />
r<strong>en</strong>trer à mon hôtel fort tard. Je dois désormais pr<strong>en</strong>dre un vol p<strong>ou</strong>r Nice<br />
demain après midi. Je dois lui transmettre avant mardi un devis bi<strong>en</strong><br />
docum<strong>en</strong>té. Tu peux deviner que je n’ai pas { chômer.<br />
« Est-ce un si grand mystère de me dire qui va te sponsoriser ? »<br />
« Non, pas du t<strong>ou</strong>t mais je ne préfère pas le dire tant que le contrat n’est pas<br />
signé. Appelles cela une superstition si tu veux et restons <strong>en</strong> là. Je suis trop<br />
fatigué p<strong>ou</strong>r continuer { m’escrimer avec toi ce soir.<br />
Natty constata que son amie était légèrem<strong>en</strong>t vexée de son refus de<br />
l’informer. Mais Claudia avec son caractère procéda à une attaque s<strong>ou</strong>s un<br />
autre angle.<br />
« Ok, gardes ce nom secret, mais tu peux me dire comm<strong>en</strong>t tu l’as tr<strong>ou</strong>vé ?<br />
<strong>ou</strong> comm<strong>en</strong>t t’a-t-il tr<strong>ou</strong>vé ? »<br />
Natty r<strong>ou</strong>git légèrem<strong>en</strong>t et Claudia savait qu’elle avait tapé dans le mille<br />
mais ne lui montra pas.<br />
140
« Il est égalem<strong>en</strong>t féru d’archéologie et { la suite de mes exposés qu’il m’a<br />
repéré. Il n’y a ri<strong>en</strong> d’exceptionnel »<br />
Depuis que Claudia eut pris connaissance par Frank que Natty avait diné<br />
avec Nick au Waldorf, elle <strong>en</strong> avait conclu qu’il était impossible que le mari<br />
de son amie Cassandre puisse avoir le moindre intérêt p<strong>ou</strong>r l’archéologie.<br />
D’ailleurs Cassandre n’y portait pas plus d’att<strong>en</strong>tion, ce qui n’aurait pas été<br />
le cas si son mari avait ce type de hobby. « Bizarre, il ya quelque chose de<br />
l<strong>ou</strong>che dans cette histoire » p<strong>en</strong>sa Claudia.<br />
Mais les invités étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train d’arriver et Claudia mit fin { ses questions<br />
avant de lui s<strong>ou</strong>ffler <strong>en</strong>core et pesamm<strong>en</strong>t « Je suis ta meilleure amie, et il<br />
faudra bi<strong>en</strong> un j<strong>ou</strong>r que tu me dises de qui il s’agit….tu sais que je sais<br />
garder un secret » Mais heureusem<strong>en</strong>t Frank <strong>en</strong>tra à ce mom<strong>en</strong>t là dans le<br />
salon <strong>en</strong> lui disant bonj<strong>ou</strong>r. Le blanc s<strong>ou</strong>rire plissé de Frank était aussi<br />
immaculé que son âme. Mais il était étrange p<strong>ou</strong>r un Suisse de faire montre<br />
d’autant d’hum<strong>ou</strong>r ce qui constamm<strong>en</strong>t marquait sa façon d’être.<br />
« Natty tu es l{ p<strong>ou</strong>r t’amuser <strong>ou</strong> vas-tu <strong>en</strong>core n<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir avec<br />
quelques unes de tes av<strong>en</strong>tures ? »<br />
« Ce soir, c’est plutôt v<strong>ou</strong>s qui allez me distraire, car sinon je vais chavirer et<br />
m’ass<strong>ou</strong>pir, je suis épuisée. Claudia m’ a pris au dép<strong>ou</strong>rvu avec ce diner. Je<br />
n’avais prévu qu’une heure { travailler sur des chiffres et après<br />
m’effondrer. J’ai <strong>en</strong> plus demain matin une autre réunion au Musée et puis<br />
je file <strong>en</strong> début d’après midi { l’aéroport p<strong>ou</strong>r ret<strong>ou</strong>rner <strong>en</strong> France.<br />
Le ballet du monde du service r<strong>en</strong>tra <strong>en</strong> action. Le majordome <strong>ou</strong>vrait la<br />
porte, la servante habillée d’un uniforme amidonné blanc et bleu se<br />
chargeait de pr<strong>en</strong>dre les manteaux aux invités. P<strong>en</strong>dant ce temps Frank et<br />
Claudia v<strong>en</strong>ait accueillir avec grâce les invités. Natty observait la scène.<br />
C’était du beau monde. Du solide et pas du clinquant. Une classe { laquelle<br />
v<strong>ou</strong>s appart<strong>en</strong>ez depuis la naissance et que l’on ne peut copier. Quelques<br />
temps plus tard après l’arrivée du premier invité apparur<strong>en</strong>t le gr<strong>ou</strong>pe<br />
Russe de la liste A qui s’éparpilla dans le salon. Natty ress<strong>en</strong>tit leur mom<strong>en</strong>t<br />
où ces russes perdai<strong>en</strong>t leur superbe. Il étai<strong>en</strong>t dans un <strong>en</strong>droit où l’arg<strong>en</strong>t<br />
est dép<strong>en</strong>sé selon des règles qu’ils ne connaiss<strong>en</strong>t point. Natty s<strong>ou</strong>rit <strong>en</strong><br />
voyant leur malaise. Claudia était vraim<strong>en</strong>t une femme très intellig<strong>en</strong>te<br />
dans la psychologie du monde de salon ! Sans prononcer un mot, elle avait<br />
141
epris largem<strong>en</strong>t le dessus malgré leurs milliards innombrables. Deux<br />
autres serveurs dans leur uniforme classique proposai<strong>en</strong>t aux invités de<br />
multiples canapés fait maison ainsi qu’une c<strong>ou</strong>pe de cristal pleine d’un<br />
caviar impérial doré. Ri<strong>en</strong> n’avait été l<strong>ou</strong>é. De surcroit, l’assistance p<strong>ou</strong>vait<br />
observer que l’arg<strong>en</strong>terie était aux armes de la famille. T<strong>ou</strong>t ceci est un<br />
euphémisme.<br />
<strong>La</strong> soirée battait son plein. C’est { ce mom<strong>en</strong>t que Natty remarqua Frank <strong>en</strong><br />
train d’accueillir une n<strong>ou</strong>velle v<strong>en</strong>ue. Ti<strong>en</strong>s un visage familier…elle<br />
ressemble curieusem<strong>en</strong>t à Claudia. Mais son att<strong>en</strong>tion fut distraite par Black<br />
Sugar Daddy <strong>en</strong> train de parler à la femme du pasteur de l’église<br />
presbytéri<strong>en</strong>ne de Manhattan, quant à Ludmilla aux grandes jambes elle<br />
était { g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x au pied d’une invitée âgée de 90 ans, une vieille dame,<br />
laquelle avait t<strong>ou</strong>tes ses facultés et qui n’était ri<strong>en</strong> d’autre que la doy<strong>en</strong>ne<br />
de la plus anci<strong>en</strong>ne famille de Boston. T<strong>ou</strong>tes les deux vociférai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> riant.<br />
S<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t Claudia apparut à proximité t<strong>en</strong>ant Cassandra par la main<br />
« Natty, je p<strong>en</strong>se que tu te s<strong>ou</strong>vi<strong>en</strong>s de Cassie qui a éc<strong>ou</strong>té ta confér<strong>en</strong>ce à<br />
Saint-Tropez ? »<br />
Cassandra s<strong>ou</strong>rit { Natty, p<strong>en</strong>dant qu’elle balayant quelques miettes de sa<br />
manche, car elle parlait avec <strong>en</strong>core quelques bribes d’un mini croissant<br />
dans la b<strong>ou</strong>che qu’elle arrivait { placer au mieux p<strong>ou</strong>r dire « Votre disc<strong>ou</strong>rs<br />
était remarquable, j’admire votre savoir »<br />
Claudia interrompit Cassandra sur ces mots »P<strong>ou</strong>rquoi n’es tu pas v<strong>en</strong>ue<br />
avec ton mari ? »<br />
« Oh il est à Palm Beach ; il j<strong>ou</strong>e <strong>en</strong> finale demain »<br />
Natty s<strong>en</strong>tit que sang ne faisait qu’un t<strong>ou</strong>r. Serait-il possible ? Jetant un<br />
regard plus affuté sur cette femme elle p<strong>en</strong>sa de suite, comm<strong>en</strong>t peut aimer<br />
elle et moi ? N<strong>ou</strong>s sommes le j<strong>ou</strong>r et la nuit. A moins que ce soit une<br />
coïncid<strong>en</strong>ce, je dois tr<strong>ou</strong>ver quel est son nom de famille. Bi<strong>en</strong> que <strong>en</strong> ai-je<br />
vraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie ?<br />
Claudia remarqua la chute d’énergie de son amie. Mais <strong>en</strong> réalité, elle ne<br />
détecta ri<strong>en</strong> d’étrange.<br />
142
Natty ayant cote à cote les visages de Claudia et Cassandra, p<strong>en</strong>sa un instant<br />
que leur ressemblance se tr<strong>ou</strong>vait particulièrem<strong>en</strong>t dans le bas du visage,<br />
plus particulièrem<strong>en</strong>t la b<strong>ou</strong>che et l’ovale de leurs m<strong>en</strong>tons.<br />
« Savez v<strong>ou</strong>s que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s ressemblez ? » Cassandra s<strong>ou</strong>rit et remercia<br />
Natty p<strong>ou</strong>r le complim<strong>en</strong>t, mais Claudia blanchit et <strong>en</strong> blaguant p<strong>ou</strong>ssa un :<br />
« Je serai si heureuse d’avoir sa ligne. »<br />
S’éloignant s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t vers d’autres invités, elle aj<strong>ou</strong>ta avec charme pardessus<br />
son épaule : « Votre copie conforme part accueillir d’autres invités.<br />
Profitez bi<strong>en</strong>. A t<strong>ou</strong>t { l’heure. »<br />
Natty laissée seule avec Cassandra eut s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t une petite fringale.<br />
Elle dit aussitôt à Cassandra, « Je ne sais pas p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s mais moi j’ai<br />
quelques <strong>en</strong>vies de g<strong>ou</strong>rmandise. A plus tard »<br />
Cassandra abandonnée, p<strong>en</strong>sa qu’il était temps de ravager ces mini éclairs<br />
qu’elle avait aperçu sur un des plateaux.<br />
Dos à Dos, sans avoir à faire plus de trois pas p<strong>ou</strong>r tomber net sur deux<br />
serveurs l’un v<strong>en</strong>ant de l’Est de la pièce l’autre de l’Ouest portant l’un et<br />
l’autre des plateaux remplis de ce que l’on peut désigner comme les<br />
« délices du péché ».<br />
Fesses contre fesses ins<strong>ou</strong>ciant de l’autre et des autres invités, les deux<br />
femmes avait pris possession totalem<strong>en</strong>t du terrain. Les serveurs discrets et<br />
polis n’<strong>en</strong> croyai<strong>en</strong>t pas leurs yeux de voir ces deux femmes élégantes aux<br />
bonnes manières dévorant sans la moindre pause morceau après morceau.<br />
Devant ce tableau vivant de Magritte dupliquant la face laide de l’image de<br />
la b<strong>ou</strong>limie, on ress<strong>en</strong>tait l’<strong>en</strong>vie de rire <strong>ou</strong> de vomir suivant l’idée que l’on<br />
se fait de ce vice. Mais cette t<strong>ou</strong>che forte et colorée donna à Frank une idée.<br />
Pr<strong>en</strong>ant sa femme à part il lui dit : « Regardes ces deux affamés, elles sont<br />
<strong>en</strong> train d’<strong>en</strong>f<strong>ou</strong>ir leurs anxiétés ; il n’ ya pas d’autres explications p<strong>ou</strong>r se<br />
comporter ainsi comme des cochons. P<strong>ou</strong>rquoi ne prés<strong>en</strong>terais tu pas<br />
Cassandra à Julie qui est <strong>en</strong> train de vivre un divorce difficile, je demanderai<br />
à Charles de pr<strong>en</strong>dre soin de ne jamais laisser vide le verre de Cassandra.<br />
Par chance elle devi<strong>en</strong>dra complètem<strong>en</strong>t pompette, n<strong>ou</strong>s aurons une<br />
occasion qu’elle vide son sac. Julie adore f<strong>ou</strong>iller dans la vie des autres et de<br />
lui s<strong>ou</strong>tirer t<strong>ou</strong>t ce qu’elle n’a pas <strong>en</strong>vie de dire. Ainsi je suis presque sûre<br />
143
qu’elle va parler. Si n<strong>ou</strong>s avons quelque chose à éc<strong>ou</strong>ter, on ne se gênera<br />
pas. »<br />
« Parfait regardes moi. Je vais les installer dans un canapé dos à dos là bas<br />
dans le coin près des plantes et tu p<strong>ou</strong>rras te t<strong>en</strong>ir { l’<strong>en</strong>droit opposé du<br />
canapé. Pr<strong>en</strong>ds ton portable et fais semblant de rechercher tes messages,<br />
pr<strong>en</strong>ds un stylo et un bloc note. Tu peux ainsi justifier ton attitude <strong>en</strong><br />
prétextant que tu notes tes messages, ainsi tu peux éc<strong>ou</strong>ter aux portes<br />
discrètem<strong>en</strong>t. Ok ?<br />
364 à 370<br />
Boris avait la pati<strong>en</strong>ce des Troy<strong>en</strong>s. Quand jusqu’<strong>en</strong> 1992, il vivait <strong>en</strong><br />
Russie, son travail, n’était ri<strong>en</strong> d’autre que de remplir les fonctions d’un<br />
employé de sécurité d’un hôtel { Mosc<strong>ou</strong>, il consistait ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t {<br />
rester assis dans un c<strong>ou</strong>loir sur une chaise <strong>en</strong> bois fort raide p<strong>ou</strong>r observer<br />
aisém<strong>en</strong>t dans l’escalier les allées et v<strong>en</strong>ues des cli<strong>en</strong>ts. Sa j<strong>ou</strong>rnée p<strong>ou</strong>vait<br />
s’éc<strong>ou</strong>ler de façon plus vivante, car il p<strong>ou</strong>vait profiter d’épisodiques<br />
conversations avec certains de ces cli<strong>en</strong>ts. Bi<strong>en</strong> s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t c’était les <strong>en</strong>fants<br />
qui s’arrêtai<strong>en</strong>t dans leur c<strong>ou</strong>rse p<strong>ou</strong>r lui parler. Mais p<strong>en</strong>dant ses longues<br />
périodes d’équipe de nuit qui durai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> 8 heures, il avait pris l’habitude<br />
de méditer, et de visualiser ses rêves. Pas de télévision et guère de lumière,<br />
l’amp<strong>ou</strong>le de 30 watts p<strong>en</strong>d<strong>ou</strong>illant du plafond ne dégageait qu’un faible<br />
éclairage lui interdisant la lecture, même s’il déplaçait sa chaise au milieu<br />
du c<strong>ou</strong>loir directem<strong>en</strong>t s<strong>ou</strong>s cette lueur.<br />
Ainsi, c’est <strong>en</strong> faisant travailler ses méninges qu’il passait agréablem<strong>en</strong>t ce<br />
temps qui aurait pu paraître infini. En fait, il allait beauc<strong>ou</strong>p plus loin, il<br />
avait un don d’intuition. P<strong>en</strong>sait-il { quelque m<strong>en</strong>u événem<strong>en</strong>t qu’il se<br />
matérialisait aussitôt. Aussi il cultivait ce don par des expéri<strong>en</strong>ces<br />
perman<strong>en</strong>tes sur des milliers de petites choses auxquelles il p<strong>en</strong>sait, p<strong>ou</strong>r<br />
voir si ce qu’il avait prévu se réalisait. Par exemple quand le pain se faisait<br />
rare <strong>ou</strong> difficile { tr<strong>ou</strong>ver, il s’imaginait posant sur la table de la cuisine un<br />
magnifique pain <strong>en</strong>core t<strong>ou</strong>t fumant. Et sa femme, son fils et lui-même plein<br />
de plaisir c<strong>ou</strong>pai<strong>en</strong>t de belles tranches de ce pain frais p<strong>ou</strong>r les tremper<br />
dans une s<strong>ou</strong>pe chaude de légume. En général, il ne se passait pas un j<strong>ou</strong>r<br />
<strong>ou</strong> deux sans qu’il se débr<strong>ou</strong>ille p<strong>ou</strong>r rev<strong>en</strong>ir un soir avec un joli morceau<br />
de pain cr<strong>ou</strong>stillant. Irina p<strong>ou</strong>vait dire à son fils : Andrei, papa est comme<br />
144
un magici<strong>en</strong>. Je n’arrive jamais { tr<strong>ou</strong>ver du pain et lui se décarcasse p<strong>ou</strong>r<br />
<strong>en</strong> déc<strong>ou</strong>vrir régulièrem<strong>en</strong>t.<br />
Boris était persuadé qu’il était capable de faire arriver exactem<strong>en</strong>t ce qu’il<br />
avait imaginé. Ainsi il p<strong>en</strong>sait qu’il devait essayer quelque chose de plus<br />
audacieux. Il t<strong>en</strong>ta cette fois-ci d’imaginer qu’ils allai<strong>en</strong>t vivre dans un<br />
appartem<strong>en</strong>t de deux pièces évitant ainsi de partager salon et cuisine avec<br />
les Grumch<strong>en</strong>kos et leur vieux père. Deux semaines plus tard le vieux<br />
trépassa et les <strong>en</strong>fants avec armes et bagages partir<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r Saint-<br />
Pétersb<strong>ou</strong>rg. P<strong>ou</strong>r des raisons imp<strong>en</strong>sables de la bureaucratie, aucune<br />
famille ne se prés<strong>en</strong>ta p<strong>ou</strong>r remplacer les Grumch<strong>en</strong>kos. Boris, Irina et leur<br />
progéniture pur<strong>en</strong>t vivre <strong>en</strong> paix dans leur foyer dev<strong>en</strong>u un refuge que p<strong>ou</strong>r<br />
eux.<br />
Assis dans sa voiture, il vit s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t les yeux heureux et fauves de sa<br />
défunte ép<strong>ou</strong>se le regardant avec am<strong>ou</strong>r et admiration. Se sec<strong>ou</strong>ant de sa<br />
rêverie, Irina semblait tellem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te. Il avait pris l’habitude d’imaginer<br />
ce qu’il v<strong>ou</strong>lait et peu { peu il réalisait qu’il avait un p<strong>ou</strong>voir très particulier<br />
de réaliser ce qu’il désirait. Son American Dream avait pris corps dans le<br />
c<strong>ou</strong>loir obscure de l’hôtel. Il avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du que la vie aux USA avait quelque<br />
chose de magique. Chaque individu possédait une télévision. Les étagères<br />
dans les magasins d’alim<strong>en</strong>tation regorgeai<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs de produits. Les<br />
vêtem<strong>en</strong>ts y étai<strong>en</strong>t chauds et on ne lésinait pas sur les dép<strong>en</strong>ses de<br />
chauffage <strong>en</strong> plein hiver. Boris s’étai<strong>en</strong>t débr<strong>ou</strong>illé p<strong>ou</strong>r récupérer le<br />
Magazine du National Géographique qu’un cli<strong>en</strong>t avait abandonné <strong>en</strong><br />
quittant sa chambre. En regardant les photographies de New York et de la<br />
Statue de la Liberté, il s’imaginait arrivant dans Manhattan <strong>en</strong> saluant la<br />
grande lady au mom<strong>en</strong>t où son bateau passait à ses pieds. Il se voyait là bas<br />
avec sa propre voiture. Tristem<strong>en</strong>t, il réalisa avec un pincem<strong>en</strong>t de cœur<br />
que les circonstances qui le conduisir<strong>en</strong>t aux States lui avait c<strong>ou</strong>té ce qui lui<br />
était le plus cher au monde. Andrei serait actuellem<strong>en</strong>t dans un collège<br />
américain, voire dans une équipe de football, car Boris se remémorait le<br />
plaisir qu’il pr<strong>en</strong>ait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs { taper du pied dans un ballon p<strong>ou</strong>r l’<strong>en</strong>voyer {<br />
son père. Ce jeu se dér<strong>ou</strong>lait sur les quais de la Moscowa <strong>ou</strong> sur les<br />
pel<strong>ou</strong>ses. Et Irina ? Que dire du d<strong>ou</strong>x s<strong>ou</strong>rire d’Irina ? Jusqu’{ ce mom<strong>en</strong>t, il<br />
ya à peine 48 heures, où il avait fixé les yeux de Natty, il avait balayé sa<br />
promesse de ne jamais plus avoir le béguin p<strong>ou</strong>r une femme. Mais<br />
curieusem<strong>en</strong>t Natty avait réveillé quelque chose <strong>en</strong> lui.<br />
145
Celle ci explosa dans sa vision. Notant l’heure sur son calepin, une heure du<br />
matin, Boris att<strong>en</strong>dit que le doorman arrête un taxi p<strong>ou</strong>r Natty et dès lors il<br />
la suivit <strong>en</strong> desc<strong>en</strong>dant Fifth av<strong>en</strong>ue puis { travers la ville jusqu’{ son hôtel.<br />
Il nota qu’elle desc<strong>en</strong>dait { cette adresse. Il réalisa qu’elle avait opté p<strong>ou</strong>r un<br />
établissem<strong>en</strong>t hors classe. Il fallait même être particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong><br />
introduit p<strong>ou</strong>r y séj<strong>ou</strong>rner. Elégant et d’un grand confort il savait que c’était<br />
le lieu la forteresse p<strong>ou</strong>r la haute société <strong>en</strong> recherche d’efficacité, d’un très<br />
bon service et discret.<br />
Boris ne quitta pas des yeux Natty au mom<strong>en</strong>t où elle franchissait la porte<br />
d’<strong>en</strong>trée de l’hôtel. Le m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t ondul<strong>en</strong>t d’une jupe disparut dans la<br />
grande porte d’<strong>en</strong>trée et Boris s’<strong>en</strong> plus s’attarder r<strong>en</strong>tra chez lui p<strong>ou</strong>r un<br />
petit somme avant d’y ret<strong>ou</strong>rner vers 6h30 du matin sur sa moto. Il<br />
préférait ne pas pr<strong>en</strong>dre le risque qu’elle s’<strong>en</strong>vola de l’hôtel aux premières<br />
heures. Il gara donc sa moto juste <strong>en</strong> face de l’<strong>en</strong>trée de l’hôtel. Habillé de<br />
cuir noir qui p<strong>ou</strong>vait le remarquer ? Il portait d’ailleurs une veste du même<br />
cuir mais portant une inscription : Xpress C<strong>ou</strong>riers qui s’harmonisait<br />
parfaitem<strong>en</strong>t parmi la faune de Manhattan.<br />
Ouvrant un œil <strong>en</strong>core <strong>en</strong>dormi, Natty déj{ de ne pas p<strong>ou</strong>voir réveiller Nick<br />
comme elle l’avait fait le matin précéd<strong>en</strong>t. Ne laissant pas le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de<br />
solitude la gagner, elle sauta du lit <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sant à sa réunion de 8h30 avec le<br />
patron de la section archéologique de l’Université de Columbia. Dès 7h15,<br />
une vague énergique et magnétique la propulsa, vêtue d’un manteau de<br />
laine au jabot de c<strong>ou</strong>leur r<strong>ou</strong>x, tirant d’une main une valise { r<strong>ou</strong>lettes, de<br />
l’autre ce qui semblait cont<strong>en</strong>ir un ordinateur, portant un sac brun de chez<br />
Loewe susp<strong>en</strong>du à son épaule, p<strong>ou</strong>r héler un taxi.<br />
Boris d’un c<strong>ou</strong>p de pieds fit démarrer sa moto et calmem<strong>en</strong>t la suivit,<br />
<strong>en</strong>core étonné de la voir <strong>en</strong> action si tôt. Il <strong>en</strong> avait conclu qu’elle était<br />
imprévisible. Boris de l’arrière p<strong>ou</strong>vait observer son calme, disposée {<br />
profiter de la tiédeur de l’air printanier de Manhattan. <strong>La</strong> f<strong>en</strong>être <strong>ou</strong>verte,<br />
elle regardait les arbres remplis de b<strong>ou</strong>rgeons prêts { éclore. C’était la<br />
saison ! Son taxi la déposa le long de la prom<strong>en</strong>ade du 1200 Amsterdam<br />
Av<strong>en</strong>ue, Boris comprit qu’elle allait se diriger vers l’Université de Columbia.<br />
Il gara donc sa voiture, y mit l’antivol et suivit Natty <strong>en</strong> gardant une distance<br />
respectable p<strong>ou</strong>r assurer la discrétion. Il la vit <strong>en</strong>trer dans l’immeuble<br />
146
destinée { l’archéologie. Tranquillem<strong>en</strong>t avec un regard sur la porte<br />
d’<strong>en</strong>trée il se prépara { l’att<strong>en</strong>dre p<strong>ou</strong>r la voir sortir.<br />
Le campus était déj{ gr<strong>ou</strong>illant d’étudiants et de professeurs occupés dans<br />
des lectures diverses. P<strong>ou</strong>r passer le temps Boris <strong>en</strong>treprit de faire<br />
quelques exercices de sci<strong>en</strong>ce Noétique. Mais depuis que Natty avait franchi<br />
son champ de vision, elle semblait de plus <strong>en</strong> plus occuper ses vues.<br />
A 12h45 les grandes portes de verre s’<strong>ou</strong>vrir<strong>en</strong>t, et Natty apparut<br />
accompagné d’un être { l’aspect d’un hippy vieillissant « Ah » p<strong>en</strong>sa t’il « Ce<br />
doit être un spécim<strong>en</strong> féminin du professeur T<strong>ou</strong>rnesol » Il regardait ébahi<br />
cette femme, à la chevelure frisée, portant une robe imprimée de fleurs des<br />
années 60, avec un pashmina <strong>en</strong>veloppant ses épaules, qui trimbalait, p<strong>ou</strong>r<br />
aider Natty, t<strong>ou</strong>s ses dossiers et docum<strong>en</strong>ts. T<strong>ou</strong>tes les deux, elles trottèr<strong>en</strong>t<br />
vers le principal rond point où Natty s’<strong>en</strong>g<strong>ou</strong>ffra dans un taxi après avoir<br />
fait jaillir un effluve de « Good Bye ».<br />
Boris p<strong>ou</strong>rsuivit sa filature qui le conduisit à K<strong>en</strong>nedy Airport. T<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
discret il la vit <strong>en</strong>registrer sa valise sur le trottoir au « Kerb Side Check In »<br />
p<strong>ou</strong>r le vol de Swissair vers Zurich.<br />
45 minutes plus tard. Il était à son bureau, conc<strong>en</strong>tré sur le rapport de ses<br />
services sur ce qui avait été déc<strong>ou</strong>vert sur Cassandra et sa famille. Il<br />
apparaissait { l’évid<strong>en</strong>ce que les s<strong>ou</strong>pçons de sa cli<strong>en</strong>te étai<strong>en</strong>t fondés.<br />
Maint<strong>en</strong>ant il devait porter ses efforts p<strong>ou</strong>r appr<strong>en</strong>dre t<strong>ou</strong>t ce qui t<strong>ou</strong>rnait<br />
aut<strong>ou</strong>r de Natty et Nick. Mais il comm<strong>en</strong>ça à inv<strong>en</strong>torier t<strong>ou</strong>s les cadavres<br />
dans les placards de ses cli<strong>en</strong>ts.<br />
147
370 à 372<br />
Réveillé quarante minutes avant d’atterrir à Klot<strong>en</strong> Airport, Natty se s<strong>en</strong>tit<br />
revivre et avoir totalem<strong>en</strong>t rechargé son énergie. Elle avait dormi comme une<br />
marmotte durant t<strong>ou</strong>t le trajet p<strong>ou</strong>r la traversée de l’Atlantique dans un des<br />
lits hyper confortable de la première classe de Swiss. Le Stewart lui servit un<br />
remarquable petit déjeuner avec des fruits frais et un jus d’orange pressée.<br />
Natty ne buvait jamais de café, non seulem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r éviter la caféine mais<br />
surt<strong>ou</strong>t parce qu’elle n’aimait pas le goût du café. Elle avait été crée que trop<br />
dans le sein de sa mère dans la caféine. Se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ant de sa folle nuit passée<br />
avec Nick, non pas seulem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r les titillem<strong>en</strong>ts dans son aine, mais p<strong>ou</strong>r sa<br />
mise <strong>en</strong> confiance d’avoir été une femme désirée, elle était heureuse.<br />
Assise dans le l<strong>ou</strong>nge de première de la compagnie à Klot<strong>en</strong> elle devait<br />
att<strong>en</strong>dre 90 minutes sa correspondance p<strong>ou</strong>r Nice, elle <strong>en</strong> profita p<strong>ou</strong>r titrer<br />
ses projections qu’elle devait utiliser s<strong>ou</strong>s peu p<strong>ou</strong>r sa confér<strong>en</strong>ce à Bussana<br />
Vechia, qui devait être <strong>en</strong>registrée et achetée par History Channel. Avant<br />
qu’elle ait pu dire <strong>ou</strong>f, elle était déjà dans l’avion p<strong>ou</strong>r Nice dans le plus petit<br />
avion, petit comme un j<strong>ou</strong>et, que Swiss puisse mettre <strong>en</strong> lice.<br />
Voyager <strong>en</strong> première et sans avoir à <strong>en</strong>registrer des bagages est vraim<strong>en</strong>t une<br />
aubaine. Depuis l’instant où l’avion t<strong>ou</strong>cha le sol de Nice et l’<strong>ou</strong>verture de<br />
l’imm<strong>en</strong>se porte <strong>en</strong> bois du 18 ième de sa villa il ne s’était éc<strong>ou</strong>lé pas plus de 40<br />
minutes. Cela avait été vraim<strong>en</strong>t g<strong>en</strong>til que Dominique vi<strong>en</strong>ne la chercher à<br />
l’aéroport. A t<strong>ou</strong>t point de vue, s<strong>ou</strong>rit <strong>en</strong> elle-même Natty, ce voyage avait été<br />
génial.<br />
Au mom<strong>en</strong>t où Natty éc<strong>ou</strong>tait les messages laissés sur sa ligne fixe la sonnette<br />
de la porte d’<strong>en</strong>trée ret<strong>en</strong>tit, regardant Dominique avec étonnem<strong>en</strong>t, ce<br />
dernier alla <strong>ou</strong>vrir la porte et revint quelques instants plus tard les bras chargés<br />
d’un imm<strong>en</strong>se b<strong>ou</strong>quet de roses r<strong>ou</strong>ges qui déjà embaumai<strong>en</strong>t la pièce. Pas de<br />
carte, pas de messages ? Bizarre….Mais cela inspirait le mystère, l’excitation et<br />
la séduction. Elle était exaltée.<br />
« Cela vi<strong>en</strong>t de qui ? » demanda Dominique.<br />
« J’<strong>en</strong> ai pas la moindre idée »<br />
148
373 à 382<br />
Quel t<strong>ou</strong>r de magie c’était abattu sur lui ? Boris ne p<strong>ou</strong>vait plus sortir Natty<br />
de sa tête. De plus chaque fois au bureau, qu’il jetait un œil sur le dossier de<br />
Cassandra <strong>La</strong>ssifar, décl<strong>en</strong>chait le ret<strong>ou</strong>r de Natty dans son esprit.<br />
« Ravissante ? » ce n’était pas le mot approprié p<strong>ou</strong>r la décrire. Il est vrai<br />
qu’il ne la connaissait <strong>en</strong>core…il n’aurait pas pu garantir qu’elle était<br />
ravissante. « Charismatique » Oui…c’était vraim<strong>en</strong>t sa façon d’être et ce que<br />
peu de g<strong>en</strong>s montr<strong>en</strong>t. Elle avait une vibrante aura au dessus d’elle. Il prit<br />
<strong>en</strong> compte que cela p<strong>ou</strong>vait dev<strong>en</strong>ir une r<strong>ou</strong>te glissante. Du c<strong>ou</strong>p il p<strong>en</strong>sa<br />
qu’il valait mieux porter ses efforts que sur les points techniques de la<br />
mission de sa cli<strong>en</strong>te. Il téléphona { son chef d’équipe de filature, et lui<br />
ordonna de resserrer la surveillance sur Nick <strong>La</strong>ssifar : « Faites moi un<br />
rapport <strong>en</strong>registré sur le moindre détail ». Il s’attacherait { éc<strong>ou</strong>ter et lire le<br />
rapport <strong>en</strong> 3 j<strong>ou</strong>rs. Boris savait que son intuition passait au crible les détails<br />
les plus insignifiants même dans des rapports énorme et très l<strong>ou</strong>rds. Ainsi<br />
les détails qu’ils avai<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> exergue lui apportai<strong>en</strong>t { chaque fois des<br />
révélations fondam<strong>en</strong>tales. Dès lors il demanda à sa secrétaire de<br />
rassembler t<strong>ou</strong>tes les élém<strong>en</strong>ts d’état civil tant <strong>en</strong> Suisse qu’aux Etats Unis<br />
sur Bruno Lusconi, alias Papoche ! Il aj<strong>ou</strong>ta à Linda « Quand je dis t<strong>ou</strong>s les<br />
élém<strong>en</strong>ts cela signifie que je veux jusqu’{ chaque ticket de parking depuis<br />
40 ans. Je r<strong>en</strong>ifle que cet homme va n<strong>ou</strong>s appr<strong>en</strong>dre plus que ce qu’il<br />
apparait »<br />
P<strong>en</strong>dant ce temps de ret<strong>ou</strong>r à Miami, Cassandra était <strong>en</strong> train de visionner<br />
Sex in the City. Elle <strong>en</strong> avait acheté la collection complète de DVD, et elle ne<br />
sortit de son sofa que p<strong>ou</strong>r aller à la cuisine p<strong>ou</strong>r se goinfrer. Quand sa<br />
bonne lui proposait { l’heure des repas une salade, Cassandra la congédiait<br />
<strong>en</strong> disant : « Ca va, t<strong>ou</strong>t va bi<strong>en</strong> ! » Mais sa bonne voyait bi<strong>en</strong> qu’elle n’allait<br />
pas bi<strong>en</strong>. Elle portait le même <strong>en</strong>semble depuis trois j<strong>ou</strong>rs lequel était<br />
maculé de tâches de chocolat. Sa patronne n’avait même pas coiffé sa<br />
chevelure et avait juste ram<strong>en</strong>é ses cheveux <strong>en</strong> arrière p<strong>ou</strong>r les faire<br />
maint<strong>en</strong>ir avec un vieux ch<strong>ou</strong>ch<strong>ou</strong> décoloré.<br />
Le temps passait, déjà mardi, Cassandra se rappela de téléphoner à Claudia<br />
et de la remercier p<strong>ou</strong>r la soirée du v<strong>en</strong>dredi dernier.<br />
149
« Claudia, c’est Cassie. Je v<strong>ou</strong>lais t’appeler plus tôt, mais Nick était l{ p<strong>ou</strong>r le<br />
week <strong>en</strong>d, aussi je n’ai eu guère de loisirs, mais tu sais tu as vraim<strong>en</strong>t un<br />
don p<strong>ou</strong>r organiser des soirées ! »<br />
« Quand mes amis pass<strong>en</strong>t un bon mom<strong>en</strong>t, cela m’inspire <strong>en</strong>core plus. Mais<br />
merci p<strong>ou</strong>r le complim<strong>en</strong>t »<br />
Claudia prolongea la conversation s<strong>en</strong>tant qu’elle avait l{ une autre<br />
opportunité d’obt<strong>en</strong>ir de Cassandra, avec un peu de chance, une<br />
confid<strong>en</strong>ce….Cep<strong>en</strong>dant dire seulem<strong>en</strong>t un p<strong>ou</strong>rquoi semblait une<br />
inquisition. Mais après quelques t<strong>en</strong>tatives Claudia abandonna, p<strong>en</strong>sant à la<br />
rigueur que Cassandra ait pu vraim<strong>en</strong>t convoquer le détective p<strong>ou</strong>r une<br />
amie, comme elle l’avait suggéré jadis { Frank mais plutôt qu’elle était sur le<br />
qui vive et qu’il était impossible de lui s<strong>ou</strong>tirer la moindre confession.<br />
Cassandra , qui n’était pas sotte avait perçu ce questionnaire <strong>en</strong> veille, mais<br />
ma foi peu appar<strong>en</strong>t, de t<strong>ou</strong>te façon elle ne désirait pas laver son linge sale<br />
<strong>en</strong> public. Dans son esprit Claudia était une femme agréable mais elle ne la<br />
connaissait vraim<strong>en</strong>t qu’ { travers les péripéties d’une vie mondaine. Elle ne<br />
p<strong>ou</strong>vait la considérer comme une copine, une confid<strong>en</strong>te. De ce fait, il n’y<br />
avait aucune issue qui puisse permettre de se déb<strong>ou</strong>tonner auprès de<br />
Claudia.<br />
Cela n’empêcha pas le j<strong>ou</strong>r suivant que son anxiété monte <strong>en</strong> éruption au<br />
point que son mode operating fut d’appeler Boris dans l’espoir d’obt<strong>en</strong>ir<br />
des faits précis sur l’<strong>en</strong>quête.<br />
« Madame <strong>La</strong>ssifar, n<strong>ou</strong>s ne sommes que mercredi, je n’ai pas <strong>en</strong>core t<strong>ou</strong>tes<br />
les réponses p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s faire le point, je ne manquerai pas de v<strong>ou</strong>s appeler à<br />
la fin de la semaine prochaine p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s transmettre les premiers résultats<br />
de mon rapport. Sachez que je suis { fonds sur votre dossier, j’ai t<strong>ou</strong>te mon<br />
équipe qui est sur le dos de votre mari et s’il ya quelque chose { tr<strong>ou</strong>ver<br />
n<strong>ou</strong>s le tr<strong>ou</strong>verons et je v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> informerai personnellem<strong>en</strong>t. J’<strong>en</strong> profite<br />
Madame <strong>La</strong>ssifar p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s s<strong>ou</strong>haiter une bonne j<strong>ou</strong>rnée. »<br />
Après avoir raccroché, Cassandra se s<strong>en</strong>tit un peu bête d’avoir passé ce<br />
c<strong>ou</strong>p de fil à son détective. Parfois elle ne p<strong>ou</strong>vait plus se contrôler, même si<br />
elle ress<strong>en</strong>tait que sa réaction p<strong>ou</strong>vait ne pas lui être favorable. Si elle<br />
passait de, réponses acides faites du tac au tac { Nick, { s’empiffrer sans<br />
contrôle, son esprit lui chuchotait « Cassandra ne fait pas cela » mais son<br />
150
corps pr<strong>en</strong>ait le dessus sur son m<strong>en</strong>tal p<strong>ou</strong>r succomber au désir du<br />
mom<strong>en</strong>t. Elle se s<strong>en</strong>tait plutôt ma que bi<strong>en</strong> après ce dérapage, qui ne<br />
semblait pas arranger ses affaires.<br />
378 & 379<br />
Le jeudi { l’heure du déjeuner, Boris <strong>en</strong> avait fini avec t<strong>ou</strong>s les dossiers <strong>en</strong><br />
susp<strong>en</strong>s sur son bureau et il demanda à Linda si elle avait terminé la fiche<br />
de données sur madame <strong>La</strong>ssifar.<br />
« Non Boris, je p<strong>en</strong>se avoir fini p<strong>ou</strong>r le week <strong>en</strong>d. J’ai eu confirmations de la<br />
part de cinq ag<strong>en</strong>ces g<strong>ou</strong>vernem<strong>en</strong>tales comme quoi, elles doiv<strong>en</strong>t<br />
m’<strong>en</strong>voyer ce qu’elles ont dans leur système. Mais ne v<strong>ou</strong>s faites pas trop<br />
d’illusions. D’après ce que j’<strong>en</strong> ai compris il semblerait que t<strong>ou</strong>t soit nets et<br />
tant p<strong>ou</strong>r le nom Lusconi que <strong>La</strong>ssifar ri<strong>en</strong> n’a fait surface sur les premières<br />
recherches effectuées.<br />
Ce n’était pas son caractère, mais Boris ce matin avait la b<strong>ou</strong>geotte mais <strong>en</strong><br />
même temps cela ne l’<strong>en</strong>chantait plus de passer un week <strong>en</strong>d tranquille {<br />
prom<strong>en</strong>er son chi<strong>en</strong> Bubbles dans C<strong>en</strong>tral Park, ni guère plus de terminer la<br />
lecture de livres déj{ comm<strong>en</strong>cés. Essayant ce qu’il p<strong>ou</strong>vait, il ne réussit pas<br />
{ effacer l’image de Natty de son esprit.<br />
« Linda je dois pr<strong>en</strong>dre ce soir un vol p<strong>ou</strong>r Nice. P<strong>ou</strong>vez v<strong>ou</strong>s s’il v<strong>ou</strong>s plait<br />
me transmettre le rapport complet avant que v<strong>ou</strong>s quittiez le bureau p<strong>ou</strong>r<br />
le week <strong>en</strong>d ?Ok ? Même si s’il v<strong>ou</strong>s manque des élém<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>voyez moi par<br />
mail ce que v<strong>ou</strong>s avez déjà. Je ne sais pas combi<strong>en</strong> de temps je vais rester <strong>en</strong><br />
Europe.<br />
« Boris v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez partir, je ti<strong>en</strong>drai la b<strong>ou</strong>tique »<br />
Linda p<strong>ou</strong>vait saisir l’amical s<strong>ou</strong>rire de son patron dans le ton où il lui dit au<br />
revoir.<br />
380 à 381<br />
Boris aimait bi<strong>en</strong> desc<strong>en</strong>dre { Beaulieu { l’hôtel Royal Riviera. Les<br />
communications étai<strong>en</strong>t faciles p<strong>ou</strong>r aller à Monaco <strong>ou</strong> à Nice, quant à<br />
l’assistante polonaise du concierge, elle était { ses petits soins, elle avait par<br />
151
habitude accompli l’impossible dans l’espoir de recevoir de lui un de ses<br />
s<strong>ou</strong>rires et ces gros p<strong>ou</strong>rboires. Il l’appela et lui demanda de lui l<strong>ou</strong>er une<br />
Vespa 125 CV p<strong>ou</strong>r le l<strong>en</strong>demain vers neuf heures du matin. Le vol Delta de<br />
K<strong>en</strong>nedy Airport à Nice était la navette p<strong>ou</strong>r beauc<strong>ou</strong>p d’hommes d’affaires<br />
américains. Mais à cette époque où le $ montrait des faiblesses, les visages<br />
des habitués se faisai<strong>en</strong>t plus rares à bord. Quand Boris se réveilla au<br />
mom<strong>en</strong>t de l’atterrissage il mesura { quel point il n’avait que p<strong>ou</strong>r objectif<br />
de dénicher l’<strong>en</strong>droit exact de la résid<strong>en</strong>ce de Natty et de capter un regard<br />
d’elle. Il héla un taxi { l’aéroport et 25 minutes plus tard { 9h15 du matin, il<br />
s’<strong>en</strong>registra comme d’habitude, prit une d<strong>ou</strong>che rapide et <strong>en</strong>f<strong>ou</strong>rcha son<br />
scooter vers Saint-Jean Cap Ferrat où il allait p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>registrer la zone du<br />
domicile de Natty dans ces quartiers plutôt fermés. Il gara sa Vespa au<br />
début de la Pinède, ce bois qui localem<strong>en</strong>t sert de prom<strong>en</strong>ade p<strong>ou</strong>r aller à la<br />
plage Paloma, il chercherai ainsi aisém<strong>en</strong>t sa villa qui d’après sa recherche<br />
sur Google devait se tr<strong>ou</strong>ver à <strong>en</strong>viron 100 mètres après la plage. Il avait<br />
connaissance de sa villa avant même de l’avoir vu !<br />
<strong>La</strong> musique des Mariachi rugissait par-dessus le sommet des lauriers qui<br />
<strong>en</strong>t<strong>ou</strong>rai<strong>en</strong>t le jardin. Il p<strong>ou</strong>vait voir de la rue le toit c<strong>ou</strong>vert de tuiles ocres.<br />
Quelques camionnettes commerciales étai<strong>en</strong>t garées dehors. Il essaya sans<br />
succès d’<strong>en</strong>trevoir le jardin { travers le portail, comme aurait pu le faire des<br />
<strong>ou</strong>vriers y apportant des matériaux. Boris ne v<strong>ou</strong>lant pas pr<strong>en</strong>dre plus de<br />
risque p<strong>en</strong>sa qu’il n’y avait pas matière p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver la façon de satisfaire<br />
l’urg<strong>en</strong>ce de la voir sur son territoire.<br />
Les baigneurs et personnel de plage y arrivèr<strong>en</strong>t tôt car les activités de<br />
Palm Beach comm<strong>en</strong>çai<strong>en</strong>t tôt le matin. Boris avait assez de lectures p<strong>ou</strong>r<br />
rester occupé p<strong>en</strong>dant son att<strong>en</strong>te de la voir passer. C’était la seule rue qui<br />
m<strong>en</strong>ait { sa villa car elle demeurait vers le haut de la péninsule. Boris s’assit<br />
sur le petit mur <strong>en</strong> pierre de c<strong>ou</strong>leur gris <strong>en</strong> léger recul par rapport à la rue.<br />
Quiconque aurait pris le temps de l’observer <strong>en</strong> aurait simplem<strong>en</strong>t conclu<br />
qu’il att<strong>en</strong>dait quelqu’un p<strong>ou</strong>r franchir les marches raides qui m<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de<br />
la rue { la plage. C’était un lieu habituel de r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s.<br />
Maint<strong>en</strong>ant qu’il avait vu sa villa t<strong>ou</strong>t du moins de l’extérieur, il décida de<br />
ret<strong>ou</strong>rner { l’hôtel, p<strong>ou</strong>r y achever quelques travaux. Après t<strong>ou</strong>t, il avait<br />
plus qu’<strong>en</strong> aurait pu exiger sa cli<strong>en</strong>te madame <strong>La</strong>ssifar. Il avait facturé fort<br />
mais il donnait forte satisfaction. Il était bi<strong>en</strong> dans ses chaussettes.<br />
152
Le l<strong>en</strong>demain matin, Boris fit une <strong>en</strong>torse au c<strong>ou</strong>rs du superbe petit<br />
déjeuner proposé par l’hôtel, ainsi il p<strong>ou</strong>rrait sauter le déjeuner. Vers 9<br />
heures il était de n<strong>ou</strong>veau assis sur le petit mur le long de la rue et<br />
dominant la plage. Il était complètem<strong>en</strong>t noyé dans la masse des t<strong>ou</strong>ristes.<br />
Quarante minutes plus tard, Boris perçut la prés<strong>en</strong>ce de Natty avant même<br />
de l’avoir vu traverser le carref<strong>ou</strong>r face { lui dans une démarche puissante.<br />
Ses cheveux jaillissait de sa tête à chaque pas. Elle semblait sautiller plutôt<br />
que de marcher. Il était fort probable qu’elle était dans le rythme de la<br />
musique qu’elle éc<strong>ou</strong>tait via son IPod. Il haussa l’International Herald<br />
Tribune au niveau de son visage et continua { l’observer de derrière dans sa<br />
marche, ses yeux protégés par ses lunettes de soleil.<br />
384<br />
Son Blackberry se mit à vibrer lui annonçant un n<strong>ou</strong>veau message :<br />
« <strong>La</strong> famille <strong>La</strong>ssifar semble totalem<strong>en</strong>t hors de t<strong>ou</strong>t s<strong>ou</strong>pçon. Mais j’att<strong>en</strong>ds<br />
d’une ag<strong>en</strong>ce de presse faisant état d’un rel<strong>en</strong>t de scandale dans lequel ce<br />
vieux monsieur Lusconi est m<strong>en</strong>tionné. Cela va pr<strong>en</strong>dre quelque temps<br />
p<strong>ou</strong>r extraire des archives qui dat<strong>en</strong>t sembl<strong>en</strong>t t’il de plus de 30 ans. Je v<strong>ou</strong>s<br />
scanne ce docum<strong>en</strong>t aussitôt que j’<strong>en</strong> aurai possession. Par la même<br />
occasion manger un croissant p<strong>ou</strong>r moi ! Linda »<br />
Boris prit de suite son scooter et fila au loin, mais juste au croisem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />
le port de pèche et le village. Natty reconnut le visage de Boris mais sans<br />
p<strong>ou</strong>voir définir où elle avait vu précédemm<strong>en</strong>t l’homme au scooter. Cela ne<br />
lui fit pas plus d’effet que de se dire que l’on voit s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t dans la vie un<br />
visage v<strong>ou</strong>s paraissant familier. Combi<strong>en</strong> de fois v<strong>ou</strong>s remarquez dans la<br />
rue quelqu’un lequel plus tard dans la j<strong>ou</strong>rnée réapparait. Elle p<strong>ou</strong>rsuivit sa<br />
marche sans même une p<strong>en</strong>sée.<br />
385<br />
Le téléphone de Natty se mit à vibrer à sa ceinture, <strong>en</strong> détachant celui-ci elle<br />
vit un appel de Claudia.<br />
« Quoi de neuf ? »<br />
« Tu sembles hors d’haleine ; est ce que je te pr<strong>en</strong>ds dans un mom<strong>en</strong>t<br />
délicat ? »<br />
153
Claudia se mit à rire.<br />
« Je ne vais pas m’arrêter p<strong>ou</strong>r ton appel si c’est cela que tu insinues. Ah, je<br />
marche vivem<strong>en</strong>t vers chez moi. Dès lors n’escompte pas une longue<br />
conversation »<br />
« Relax, je pr<strong>en</strong>ds un vol demain p<strong>ou</strong>r un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s avec mon<br />
<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur. P<strong>ou</strong>rquoi ne vi<strong>en</strong>drez tu pas v<strong>en</strong>ir me chercher { l’aéroport<br />
car ainsi on irait après déjeuner à <strong>La</strong> Petite Maison avant de filer à Saint-<br />
Tropez. On y mange les meilleurs farcis niçois. Je suis fatigué de la cuisine<br />
américaine »<br />
Message capté, je p<strong>en</strong>se que tu vole sur le Swiss comme d’habitude. Donc on<br />
se retr<strong>ou</strong>ve <strong>en</strong> dehors du terminal 1. Je serai au Baiser et Vol. A demain !<br />
383 à394<br />
P<strong>en</strong>dant la desc<strong>en</strong>te vers Nice, l’esprit analytique de Claudia travaillait <strong>en</strong><br />
heures supplém<strong>en</strong>taires. Elle se dit à elle-même elle se fit une check-list.<br />
.Frank est persuadé que l’homme avec lequel a diné Natty au Waldorf est<br />
Nick .<br />
.Frank <strong>en</strong> déduit qu’il s’agissait de Nick grâce { une photographie parue<br />
dans le FT<br />
. Est-ce une coïncid<strong>en</strong>ce que Cassandra demande un privé ?<br />
. Cassandra m’a dit elle-même, qu’<strong>en</strong> dehors de ses <strong>en</strong>fants et de son polo il<br />
n’avait pas d’autres intérêts. Que ce soit artistique, sportif <strong>ou</strong> autre. De plus<br />
ses g<strong>ou</strong>ts sont p<strong>ou</strong>r les meubles modernes ce qui exclue l’archéologie.<br />
. Dans t<strong>ou</strong>s les cas, que <strong>ou</strong>i <strong>ou</strong> non Nick soit son am<strong>ou</strong>reux secret, une chose<br />
est sure c’est que Frank l’ a vu diner avec Nick dans la salle { manger du<br />
Waldorf. Je dois <strong>en</strong> savoir plus sur Nick d’autant que Frank veut l’avoir p<strong>ou</strong>r<br />
cli<strong>en</strong>t. Donc il vaut mieux obt<strong>en</strong>ir de Cassandra de me parler de Nick.<br />
. Natty normalem<strong>en</strong>t me raconte t<strong>ou</strong>t sur t<strong>ou</strong>t et cette fois ci s<strong>ou</strong>s un<br />
prétexte de superstition, elle refuse de me dire avec qui elle a diné.<br />
. J’ai une forte s<strong>en</strong>sation qu’elle me m<strong>en</strong>t quant { son diner au Ritz {<br />
Londres.<br />
. Donc p<strong>ou</strong>rquoi m<strong>en</strong>te t’elle ?<br />
. Elle reconnait que son amant est marié et par conséqu<strong>en</strong>t se doit d’être<br />
discrète.<br />
. Mais jadis elle me racontait beauc<strong>ou</strong>p, même plus, de détails intimes.<br />
154
« Je ne peux mettre mon doigt sur ce que je cherche, mais Natty me cache<br />
quelque chose. Je dois tr<strong>ou</strong>ver p<strong>en</strong>dant mon déjeuner. Natty est une telle<br />
accroc à la b<strong>ou</strong>ffe et au pinard que la Petite Maison est l’<strong>en</strong>droit idéal p<strong>ou</strong>r<br />
lui faire baisser sa garde.<br />
Claudia n’arrivait pas { effacer l’idée de sa tête qu’<strong>en</strong> dépit de la logique,<br />
Natty et Nick étai<strong>en</strong>t amants. Cela semblait une p<strong>en</strong>sée aberrante mais dans<br />
l’esprit f<strong>ou</strong> de Claudia le scénario pr<strong>en</strong>ait du consistant. Et si Natty se<br />
mettait { nier qu’elle avait diné avec Nick cela pr<strong>ou</strong>verait davantage qu’ils<br />
sont r<strong>en</strong>contrés p<strong>ou</strong>r quelque chose.<br />
Claudia croyait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs ce qu’elle avait c<strong>ou</strong>ché sur le papier.<br />
391<br />
« C’est mon restaurant favori à Nice. Connais tu le propriétaire ? Je vais te<br />
prés<strong>en</strong>ter Nicole. Ti<strong>en</strong>s elle est là ! Parfois elle m’invite p<strong>ou</strong>r déjeuner n<strong>ou</strong>s<br />
n<strong>ou</strong>s goinfrons t<strong>ou</strong>tes les deux <strong>en</strong> discutant des recettes p<strong>ou</strong>r maigrir. Bi<strong>en</strong><br />
que n<strong>ou</strong>s mangions comme des petits cochons, n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s s<strong>en</strong>tons bi<strong>en</strong> car<br />
n<strong>ou</strong>s parlons régime t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> partageant nos calories ! Ah…n<strong>ou</strong>s avons ri<br />
maintes fois <strong>en</strong> n<strong>ou</strong>s taquinant sur ce sujet. Mais t<strong>ou</strong>tes les deux n<strong>ou</strong>s<br />
sommes fan de la cuisine du chef. Elle est si <strong>en</strong>j<strong>ou</strong>ée et je peux te dire qu’elle<br />
s’y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d p<strong>ou</strong>r t<strong>en</strong>ir son restaurant »<br />
Les yeux de Natty flippait à la lecture du m<strong>en</strong>u. Claudia devait s<strong>ou</strong>rire. Il<br />
était trop visible que son amie était passionnée par la n<strong>ou</strong>rriture. Elle<br />
j<strong>ou</strong>issait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs du mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t.<br />
Natty pris le s<strong>ou</strong>rire de son amie comme une g<strong>en</strong>tillesse et lui dit :<br />
Claudia, je suis béni du ciel de t’avoir comme une de mes meilleures amies »<br />
et t<strong>en</strong>drem<strong>en</strong>t elle posa main sur celle de son amie.<br />
« P<strong>ou</strong>r être claire une fois p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>te, je sais que tu vas s<strong>ou</strong>s peu me<br />
demander qui est mon am<strong>ou</strong>reux. Ne le pr<strong>en</strong>ds pas personnellem<strong>en</strong>t, mais<br />
je veux simplem<strong>en</strong>t te dire que je ne dirai ri<strong>en</strong>. Je ne te donnerai même pas<br />
un indice, je ne peux pas. D’ailleurs il est une personnalité tellem<strong>en</strong>t public<br />
que cela nuirait à sa situation si je disais quoi que ce soit. <strong>La</strong> seule chose que<br />
je puis te dire c’est que ce n’est pas un homme { femmes. Bi<strong>en</strong> loin de l{, il<br />
n’est jamais t<strong>en</strong>té. Il est s<strong>en</strong>sible aux « mannequin p<strong>ou</strong>r Olida » ! Une chance<br />
155
p<strong>ou</strong>r moi, p<strong>ou</strong>r une fois je ne fais pas la diète, on peut dire qu’il est presque<br />
l’homme idéal, sauf qu’il est solidem<strong>en</strong>t marié. Il adore mon corps. Et moi,<br />
j’adore ce mom<strong>en</strong>t où comme dans un rêve cet homme me désire !<br />
« Mais où l’as-tu r<strong>en</strong>contré ? Tu peux bi<strong>en</strong> à la limite me le dire. Est-ce dans<br />
une situation des plus romantiques <strong>ou</strong> faites v<strong>ou</strong>s cela s<strong>ou</strong>s le nez de sa<br />
femme. ? Claudia continua à creuser. « Habites il à Saint-Jean par exemple ?<br />
Wa<strong>ou</strong>h ce serait une telle coïncid<strong>en</strong>ce ! »<br />
Avalant un petit farci aussi vite que possible car elle v<strong>ou</strong>lait stopper net<br />
Claudia dans son interrogatoire.<br />
« Tu me taquines, cela parait difficile de tr<strong>ou</strong>ver quelqu’un qui vit t<strong>ou</strong>te<br />
l’année { Saint-Jean, mais arrêtes cette inquisition car vraim<strong>en</strong>t je garderai<br />
le sil<strong>en</strong>ce. Que le ciel m’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ne { témoin ! Je ne me marierai pas avec lui,<br />
mais <strong>en</strong> revanche je peux te donner quelques détails coquins. »<br />
Les yeux malicieux de Claudia regardai<strong>en</strong>t son amie, t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> essayant de<br />
prévoir ce que celle-ci allait lui sortir.<br />
« Ce type est une véritable dynamo. J’ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire se vanter quelques<br />
individus de faire monter au ciel leur part<strong>en</strong>aire n fois dans une nuit et j’ai<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs interprété ces disc<strong>ou</strong>rs comme ceux de machos, mais Mr Mac<br />
Dream m’ a honoré quatre fois la semaine dernière <strong>en</strong> une nuit ! »<br />
« Si tu as le p<strong>ou</strong>voir d’allumer l’inc<strong>en</strong>die et si lui a le p<strong>ou</strong>voir de l’éteindre<br />
alors prolonge l’expéri<strong>en</strong>ce tant que tu peux avec ta boite d’allumette.<br />
Natty faillit s’étrangler avec son verre d’eau <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant la plaisanterie de<br />
Claudia. Celle-ci changea d’elle-même de sujet. Natty t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> mangeant<br />
éc<strong>ou</strong>tait Claudia lui expliquer avec fierté que Christie’s organisait la<br />
première de t<strong>ou</strong>s les temps une mise aux <strong>en</strong>chères internationales sur une<br />
œuvre que l’on considère comme la plus longue peinture jamais crée.<br />
Symon de Pury, aimait mes « Fri<strong>en</strong>ds » et la maison de v<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>chères<br />
organisa une soirée habillée à Londres et vidéo confér<strong>en</strong>ce aut<strong>ou</strong>r du<br />
monde et simultaném<strong>en</strong>t dans t<strong>ou</strong>tes leurs succursales. Le sujet <strong>en</strong> vaut la<br />
peine. Il est { s<strong>ou</strong>ligner qu’ils invit<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t des propriétaires de<br />
maison <strong>ou</strong> d’édifices dont au moins un mur mesure 100 mètres de long, car<br />
il faut bi<strong>en</strong> accrocher cette peinture ! Il est vrai que ce g<strong>en</strong>re de personnes<br />
ne sont pas c<strong>ou</strong>rante aut<strong>ou</strong>r du monde.<br />
« Cela semble extraordinaire. J’espère que tu peux m’inviter. Cela vaudra le<br />
c<strong>ou</strong>p d’être vu.<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr je te note sur mes tablettes, après t<strong>ou</strong>t tu es ma meilleure<br />
amie….même si tu continues { me cacher qui est ton am<strong>ou</strong>reux »<br />
156
« Claudia arrête de me p<strong>ou</strong>rsuivre avec cela, cela suffit. Tu vois désormais je<br />
ne vais même pas te dire mes déplacem<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r les prochaines semaines<br />
car je ne veux plus que tu m’interroges <strong>en</strong>core. C’est clair ? Natty s<strong>ou</strong>riait<br />
mais Claudia se r<strong>en</strong>dit compte qu’elle était sérieuse.<br />
393 -394<br />
Plus tard dans l’après midi, après ses r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s , satisfaite des progrès du<br />
travail des <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs dans sa villa, elle se versa un verre de champagne,<br />
et s’assit sur sa terrasse qui dominait la baie dont l’eau calme r<strong>en</strong>voyait la<br />
faible lueur d’un soleil presque c<strong>ou</strong>chant. Il était dix huit heures, elle se<br />
décida à appeler Frank.<br />
« Mein Leibling, je me suis planté. Natty est fort claire sur le fait qu’elle ne<br />
dévoilera ri<strong>en</strong> sur sa n<strong>ou</strong>velle av<strong>en</strong>ture qui se passe dans la pure illégitimité<br />
avec cet homme marié. Elle ne m’a donné pas même un indice qui me puisse<br />
tr<strong>ou</strong>ver la moindre voie. J’aimerai avoir ton point de vue. »<br />
157
« Je tai dit, bi<strong>en</strong> que je ne connais pas ce diable de Nick, il me parait difficile<br />
de croire qu’<strong>en</strong> dépit des merveilleuses qualités de Natty il puisse avoir des<br />
visés sur elle. On croit rêver. Je ne vois pas ce que n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vons faire.<br />
Att<strong>en</strong>dons et voyons. Dors bi<strong>en</strong> mon cœur. Je te rappelle dans la matinée. »<br />
398 à405<br />
Remontant cette fameuse r<strong>ou</strong>te qui m<strong>en</strong>ait à Bussana Vechia, Natty aperçut<br />
son assistante qui l’att<strong>en</strong>dait { l’<strong>en</strong>trée du village médiéval. Ils trimbalèr<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>semble l’ordinateur portable et une qui riel de brochures et docum<strong>en</strong>ts.<br />
Sur les cartons d’invitation Natty et Dominique avait écrit « T<strong>en</strong>ue : ce qui<br />
v<strong>ou</strong>s passe par la tête p<strong>ou</strong>r le haut ! En revanche p<strong>ou</strong>r le bas des chaussures<br />
plates qui ne gliss<strong>en</strong>t pas ! L’hum<strong>ou</strong>r de Natty n’était pas du plus profond.<br />
Après une grimpette de 5 minutes sur un chemin étroit, traversant le<br />
village, c<strong>ou</strong>vert de pierres inégales et glissantes car rec<strong>ou</strong>vertes de m<strong>ou</strong>sse,<br />
ils arrivèr<strong>en</strong>t aux ruines de la vieille chapelle. De magnifiques vestiges, sans<br />
plafond ni toit, et quand même…<strong>en</strong> dépit de colonnes <strong>en</strong> pierre fragm<strong>en</strong>té<br />
par le temps, d’une herbe p<strong>ou</strong>ssant anarchiquem<strong>en</strong>t sur des tuiles du sol<br />
<strong>en</strong>core existantes, insufflai<strong>en</strong>t les restes d’une magique petite église avec<br />
une puissante aura de paix. L’atmosphère pleine de spiritualité j<strong>ou</strong>ait<br />
égalem<strong>en</strong>t sur les j<strong>ou</strong>rnalistes. Natty constatai<strong>en</strong>t à quel point ils restai<strong>en</strong>t<br />
sil<strong>en</strong>cieux, respectueux quand il relatai<strong>en</strong>t ses évènem<strong>en</strong>ts dans la chapelle<br />
<strong>en</strong> plein air, <strong>en</strong> revanche quand il faisai<strong>en</strong>t leur travail dans d’autres<br />
<strong>en</strong>droits, on devait les rappeler { l’ordre car ils étai<strong>en</strong>t fort bruyants.<br />
Natty était <strong>en</strong> liaison <strong>en</strong>tre l’équipe d’History Channel avec t<strong>ou</strong>tes les<br />
conting<strong>en</strong>ces de ce dont ils avai<strong>en</strong>t besoin et les désirs de son public p<strong>ou</strong>r<br />
voir clairem<strong>en</strong>t la vue de l’écran. Il fallait dès lors faire quelques<br />
modifications à sa prés<strong>en</strong>tation classique car cette fois ci elle était filmée <strong>en</strong><br />
direct par la chaine History Channel . Dominique montrait aux invités de<br />
petits objets tr<strong>ou</strong>vés <strong>en</strong> f<strong>ou</strong>ille sur lesquels Natty allai<strong>en</strong>t donner des<br />
explications <strong>en</strong> les montrant p<strong>en</strong>dant sa confér<strong>en</strong>ce : Ces objets précieux<br />
étai<strong>en</strong>t étalés sur une table c<strong>ou</strong>verte d’un lin blanc, s<strong>ou</strong>s le contrôle d’un<br />
ag<strong>en</strong>t de sécurité.<br />
158
<strong>La</strong> famille Giordan : Antoine, Joséphine et leur neveu Yvon, qui était du<br />
village aimait beauc<strong>ou</strong>p v<strong>en</strong>ir servir les invités. Joséphine était une très<br />
bonne cuisinière, elle préparait <strong>en</strong> général sa propre Tap<strong>en</strong>ade avec son<br />
pain fait à domicile. Yvon passait les plateaux avec leurs canapés de<br />
Tap<strong>en</strong>ade et son mari Antoine d’un certain âge faisait office de barman. Son<br />
p<strong>ou</strong>rc<strong>en</strong>tage était simplem<strong>en</strong>t un petit c<strong>ou</strong>p de champagne p<strong>ou</strong>r lui-même à<br />
chaque b<strong>ou</strong>teille <strong>ou</strong>verte. Antoine raffolait de cette boisson mais avait guère<br />
les moy<strong>en</strong> de s’<strong>en</strong> offrir. C’était son petit bonus.<br />
Une bâche noire était t<strong>en</strong>due d’un mur { l’autre, obscurcissant la surface<br />
occupée par la confér<strong>en</strong>ce, et Natty comm<strong>en</strong>ça son one man show. T<strong>en</strong>ant<br />
son public dans ses mains, image après image défilai<strong>en</strong>t sur l’imm<strong>en</strong>se<br />
écran p<strong>en</strong>dant qu’elle faisait une chorégraphie avec son curseur p<strong>ou</strong>r<br />
s<strong>ou</strong>ligner les titres des images sur lesquels elle diffusait maintes<br />
explications ; le public restait rivé par ses comm<strong>en</strong>taires. Elle était<br />
informative, aéri<strong>en</strong>ne et le Monsieur le maire de Bussana se plaisait à dire :<br />
Natty Petlah flirte avec l’histoire.<br />
400<br />
Natty était <strong>en</strong> train de dire au revoir au dernier invité lorsque Dominique<br />
lui fit signe avec l’air embêté. Natty jetait un œil. C’est sérieux. Elle s’excusa<br />
et aussitôt t<strong>ou</strong>rna l’att<strong>en</strong>tion vers son assistante.<br />
« L’objet numéro 4 a disparu »<br />
« Il s’agit d’une bretelle de cuir. Ok appeler la police de suite et donner leur<br />
le CCTV <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t. Cela ne devrait pas être sorcier d’id<strong>en</strong>tifier le<br />
c<strong>ou</strong>pable. N<strong>ou</strong>s n’avons v<strong>en</strong>du que 350 billets, comptons <strong>en</strong> plus l’équipe<br />
qui a travaillé p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s soit <strong>en</strong>core 28 personnes et n’<strong>ou</strong>blions pas les 8<br />
qui participai<strong>en</strong>t { la prise de film d’History Channel. L’homme de sécurité<br />
avait des instructions bi<strong>en</strong> précises de ne laisser aucune personne du<br />
village franchir le cordon de sécurité. <strong>La</strong> police devrait donc id<strong>en</strong>tifier le<br />
voleur rapidem<strong>en</strong>t »<br />
Ok Natty, mais seulem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r être c<strong>ou</strong>vert je suis obligé d’informer de<br />
suite l’assurance Hiscox par mail, j’ai le numéro de la police sur mon<br />
ordinateur. L’article n’a aucune valeur financière mais n<strong>ou</strong>s devons éviter<br />
que notre collection soit incomplète.<br />
159
« Dominique, je v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> prie appeler la police je veux être prés<strong>en</strong>te quand<br />
ils consulteront la cassette. Merci mille fois p<strong>ou</strong>r votre aide, v<strong>ou</strong>s savez que<br />
je ne p<strong>ou</strong>rrai pas me passer de v<strong>ou</strong>s. V<strong>ou</strong>s êtes si précieuse. Je dois r<strong>en</strong>trer<br />
chez moi, je v<strong>ou</strong>s conseille d’<strong>en</strong> faire autant. J’espère que demain sera un<br />
j<strong>ou</strong>r glorieux quand n<strong>ou</strong>s aurons visionné <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t le film CCTV.<br />
Il était neuf heures du soir. Natty marchait dans son salon et sa b<strong>ou</strong>che<br />
marquait un s<strong>ou</strong>rire « Citr<strong>ou</strong>ille o <strong>La</strong>ntern » ! Elle remarqua avec évid<strong>en</strong>ce<br />
que sa servante avait déjà mis le b<strong>ou</strong>quet de roses r<strong>ou</strong>ge dans un vase. Ne<br />
voyant aucune carte à la base du vase, Natty alla vérifier dans la p<strong>ou</strong>belle,<br />
mais elle ne fit que déc<strong>ou</strong>vrir le papier cellophane chiffonné et surt<strong>ou</strong>t<br />
l’abs<strong>en</strong>ce d’une étiquette collée indiquant le nom du fleuriste. Un petit c<strong>ou</strong>p<br />
de l’interphone { sa bonne lui confirma malheureusem<strong>en</strong>t qu’elle se<br />
tr<strong>ou</strong>vait dans le même scénario du dernier <strong>en</strong>voi. Mais au moins cette fois ci<br />
elle était certaine qu’il ne s’agissait pas de Nick, mais de qui ?<br />
Comme elle ne v<strong>ou</strong>lait pas se faire blackb<strong>ou</strong>ler une n<strong>ou</strong>velle fois suite à son<br />
premier appel p<strong>ou</strong>r le remercier, elle décida cette fois ci de ne pas se r<strong>en</strong>dre<br />
plus vulnérable <strong>en</strong> se bornant à <strong>en</strong>voyer un sms informel. Ils avai<strong>en</strong>t<br />
conv<strong>en</strong>u <strong>en</strong>tre eux par discrétion de faire état au sponsoring dev<strong>en</strong>u<br />
quasim<strong>en</strong>t une blague et par une signature de sa part NP fort symbolique.<br />
Le texte du sms fut le suivant :<br />
« J’ai eu des n<strong>ou</strong>velles p<strong>ou</strong>r mon sponsoring. S’il v<strong>ou</strong>s plait appelez-moi dès<br />
que possible. NP».<br />
T<strong>en</strong>ant compte du décalage horaire de 6 heures <strong>en</strong>tre Palm Beach et la<br />
France, Natty assise dans son sofa regarda les n<strong>ou</strong>velles de 22 heures prête<br />
{ recevoir l’appel de Nick dans la soirée.<br />
Son esprit se mit à vagabonder dans le chemin sinueux de ses s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>irs.<br />
N’avait pas t’ils eu <strong>en</strong>semble des mom<strong>en</strong>ts d’exaltation sexuelle. Les<br />
quelques heures passées dans d’autres distractions avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t été<br />
riches <strong>en</strong> intérêt et <strong>en</strong> motivation. Natty se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ait que Nick lui avait<br />
av<strong>ou</strong>é que sa galante approche initiale était aussi empreinte de moy<strong>en</strong>s pas<br />
très orthodoxes.<br />
160
« J’ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler de toi dans une réunion mondaine, de plus j’ai eu le<br />
plaisir de te voir une fois à la télévision, mais sans Anne Carr qui te<br />
connaissais personnellem<strong>en</strong>t, je n’aurai jamais eu le li<strong>en</strong> p<strong>ou</strong>r te contacter.<br />
C’est la raison p<strong>ou</strong>r laquelle j’ai inv<strong>en</strong>té t<strong>ou</strong>te cette histoire d’un ami qui<br />
v<strong>ou</strong>lait l<strong>ou</strong>er une maison. Peux-tu me pardonner de t’avoir déçue <strong>en</strong> te<br />
faisant croire que j’avais de l’intérêt p<strong>ou</strong>r l’archéologie. ? S’il te plait chérie<br />
dis <strong>ou</strong>i ».<br />
Son corps flottait dans la sérotonine { l’idée visualisée dans sa mémoire de<br />
ses yeux s<strong>en</strong>suels d’épagneuls la suppliant plongeant dans les si<strong>en</strong>s, qui lui<br />
donnai<strong>en</strong>t des frissons { l’époque et maint<strong>en</strong>ant. Il avait réveillé un diable<br />
<strong>en</strong> elle. Le diable qu’elle p<strong>en</strong>sait <strong>en</strong>dormi depuis longtemps.<br />
Son téléphone vibra dans sa poche la sortant de sa demi-consci<strong>en</strong>ce<br />
rêveuse. L’ID de l’appelant indiquait : « NL ». Elle avait p<strong>en</strong>sé qu’ainsi il était<br />
plus discret et moins risqué que d’écrire complètem<strong>en</strong>t le nom, on ne sait<br />
jamais, il valait mieux être sauf qu’<strong>en</strong>nuyé.<br />
406<br />
Se réveillant dans sa chambre à c<strong>ou</strong>cher inondée de soleil, un d<strong>ou</strong>x s<strong>ou</strong>rire<br />
frappa ses yeux lorsqu’elle s’étira lang<strong>ou</strong>reusem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> remémorant<br />
son rêve <strong>en</strong>core très vif dans sa mémoire : Nick l’att<strong>en</strong>dait au b<strong>ou</strong>t de l’allée<br />
du jardin t<strong>en</strong>ant une rose dans chaque main. Le téléphone la surprit dans sa<br />
rêverie revécue. C’était la police de la brigade de San Remo, qui lui<br />
demandait de passer au commissariat à onze heures p<strong>ou</strong>r visionner le film<br />
du CCTV. Il avait été rebâti, et t<strong>ou</strong>tes les scènes avait été positionnées dans<br />
le film final <strong>en</strong> fonction d’un classem<strong>en</strong>t chronologique r<strong>en</strong>dant ainsi la<br />
consultation plus aisée ainsi que les m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>ts de chaque personne à<br />
l’heure exacte de leur passage.<br />
Après Monte Carlo elle conduisit sur l’autor<strong>ou</strong>te p<strong>ou</strong>r pr<strong>en</strong>dre la sortie de<br />
San Remo vers le commissariat de la police. Elle eut une s<strong>ou</strong>daine <strong>en</strong>vie<br />
d’aller faire du shopping p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver une t<strong>en</strong>ue sympa. Elle se v<strong>ou</strong>lait<br />
ébl<strong>ou</strong>issante p<strong>ou</strong>r retr<strong>ou</strong>ver Nick la semaine suivante, p<strong>ou</strong>r se motiver elle<br />
avait décidé que ses placards ne cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> d’élégant et sexy.<br />
Une fois la séance { la police achevée, elle eut <strong>en</strong> tête d’aller se payer ses<br />
spaghettis favoris à Pasta&Basta à Vintimille, puis de passer par Monaco<br />
161
p<strong>ou</strong>r y faire du shopping t<strong>ou</strong>te l’après midi. Je dois <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre changer la page<br />
d’accueil de mon ordinateur p<strong>en</strong>sa t’elle égalem<strong>en</strong>t.<br />
Mais son urg<strong>en</strong>ce allait être bi<strong>en</strong>tôt de faire une id<strong>en</strong>tification. Dans le film<br />
elle reconnut rapidem<strong>en</strong>t une physionomie.<br />
« J’ai déj{ vu cet homme…mais où ? Elle n’arrivait pas non plus { lui mettre<br />
un nom. Saisissant la liste des invités elle ne put pas plus reconnaitre un<br />
nom particulier. Ri<strong>en</strong> ne lui sonna { l’esprit, Une s<strong>ou</strong>daine angoisse lui<br />
t<strong>en</strong>ailla le v<strong>en</strong>tre devant son incapacité à lever ce voile.<br />
Il est évid<strong>en</strong>t que cet homme avait acheté un billet d’<strong>en</strong>trée comme l’avait<br />
fait 70% du public prés<strong>en</strong>t Elle essaya de raisonner sainem<strong>en</strong>t, il fallait<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte que chaque participant n’était pas sur sa liste<br />
informatique. En revanche quiconque v<strong>en</strong>ait à la confér<strong>en</strong>ce devait laisser<br />
son nom et ses coordonnées personnelles. C’est ainsi qu’elle actualisait sa<br />
liste initiale.<br />
« Donnez moi la liste de prés<strong>en</strong>ce complète, celle où le dernier arrivant<br />
figure. Cette expéri<strong>en</strong>ce fut vaine <strong>en</strong> parc<strong>ou</strong>rant de b<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> b<strong>ou</strong>t le tableau,<br />
car elle ne reconnut aucun nom. Elle revint à la figure de cet homme qui lui<br />
était familier et qu’elle avait vu précédemm<strong>en</strong>t sans se rappeler où .<br />
L’inspecteur de la police auquel elle adressait son abs<strong>en</strong>ce de mémoire lui<br />
répondit avec beauc<strong>ou</strong>p de logique qu’elle avait eu plus de chance de le<br />
remarquer lors de ces précéd<strong>en</strong>ts évènem<strong>en</strong>ts. Elle se s<strong>en</strong>tit m<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t<br />
pris au piège. Elle était sur quelque chose et la police était démotivée car la<br />
raison était que trop circonstancielle. <strong>La</strong> police qui était de nature laxiste, ils<br />
aurai<strong>en</strong>t collaboré avec elle et fait des recherches p<strong>ou</strong>ssées si elle avai<strong>en</strong>t<br />
servi { tr<strong>ou</strong>ver des réponses et des résultats s’il s’agissait d’un plat <strong>en</strong><br />
arg<strong>en</strong>t. Le sang de Natty b<strong>ou</strong>illait, mais elle resta calme et polis. Elle n’avait<br />
ri<strong>en</strong> de concret sinon son intuition que ce visage bi<strong>en</strong> qu’inconnu était déj{<br />
familier.<br />
« Arrivederci Signora » Le policier itali<strong>en</strong> était grocièrem<strong>en</strong>t poli. Elle<br />
n’insista pas s<strong>en</strong>tant une certaine animosité { son égard. « Ils ont<br />
certainem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>quêtes plus importantes à traiter que de rechercher un<br />
vieux b<strong>ou</strong>t de cuir » Elle se mettait à la place du carabinier, elle compr<strong>en</strong>ait<br />
son impati<strong>en</strong>ce. En conduisant le long de la côte vers Vintimille, elle pressait<br />
son cerveau sans succès. A mi chemin avant le déjeuner elle eut un flash.<br />
162
« Mon Dieu, mais <strong>ou</strong>i...c’est le type que j’ai vu { new York et sur le scooter<br />
près de chez moi l’autre j<strong>ou</strong>r. Le cerveau plus actif elle se s<strong>ou</strong>vint de l’avoir<br />
croisé { l’aéroport de Nice quand elle était allé chercher Claudia.<br />
407<br />
Elle se tr<strong>ou</strong>vait dans un état extrême de nervosité et n’avait plus aucune<br />
<strong>en</strong>vie de faire du shopping. De plus sa déc<strong>ou</strong>verte était si importante qu’elle<br />
justifiait d’appeler Nick, mais elle réalisa qu’il était 6 h du matin { New York<br />
ce qu’il la fit rev<strong>en</strong>ir sur son idée première et la p<strong>ou</strong>ssa { plutôt { lui<br />
<strong>en</strong>voyer un SMS : « J’ai reconnu un visage sur le film CCTV quand n<strong>ou</strong>s<br />
l’avons regardé { la police dans l’<strong>en</strong>quête sur la disparition d’une pièce<br />
archéologique. Je dois te parler NP »<br />
L’estomac serré par l’anxiété lui c<strong>ou</strong>pa définitivem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>te <strong>en</strong>vie de faire<br />
du shopping. Le fait d’avoir reconnu d’une façon inatt<strong>en</strong>due cet homme<br />
l’effrayait. Logiquem<strong>en</strong>t elle devait <strong>en</strong> déduire que celui qu’elle avait<br />
reconnu l’avait traqué dans le but de voler son objet.<br />
Mais elle marquait une hésitation, car elle avait dit { la police que l’objet<br />
manquant n’avait absolum<strong>en</strong>t aucune valeur financière, donc p<strong>ou</strong>rquoi<br />
quelqu’un s’embêterait autant, p<strong>ou</strong>r aller la suivre avec t<strong>ou</strong>s les <strong>en</strong>nuis que<br />
cela comporte p<strong>ou</strong>r aller voler un objet sans valeur ? Cela n’avait aucun<br />
s<strong>en</strong>s.<br />
Natalia faisait confiance aux intuition v<strong>en</strong>ant de ses tripes. Il y avait un hic<br />
quelque part. Raclant une n<strong>ou</strong>velle fois son cerveau, elle ne pu ab<strong>ou</strong>tir à<br />
tr<strong>ou</strong>ver la moindre explication, mais elle avait besoin de partager son<br />
inquiétude avec Nick, espérant qu’il serait <strong>en</strong> mesure de la rassurer. C’était<br />
dans ces mom<strong>en</strong>ts l{ qu’elle s’épanchait avec Hubert. Il était sage et solide<br />
et <strong>en</strong> général lui tr<strong>ou</strong>vait la solution. Mais c’était une pure fantaisie de<br />
p<strong>en</strong>ser qu’elle puisse faire appel { lui p<strong>ou</strong>r se faire réconforter. Aussi elle<br />
décida d’utiliser Nick cette fois. Après t<strong>ou</strong>t, ayant c<strong>ou</strong>ché avec lui cela lui<br />
donnait le droit qu’il partage ce problème, et la remonter moralem<strong>en</strong>t.<br />
408<br />
Au mom<strong>en</strong>t où elle <strong>en</strong>trait dans son jardin, le nom de Nick appelant<br />
apparut sur son téléphone.<br />
163
« Merci de m’avoir rappelé. Peux tu parler ? »<br />
« Oui, qu’est-ce que c’est que cette histoire de film CCTV ? Qu’as-tu inv<strong>en</strong>té<br />
<strong>en</strong>core cette fois ci ? Et p<strong>ou</strong>rquoi la police est elle impliquée ?<br />
« Nick la nuit dernière après ma confér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> Italie, on a remarqué qu’un<br />
de mes vestiges manquait ce qui a conduit { faire appel { la police et c’est<br />
chez eux que j’ai visionné le film de la sécurité ce matin. Mais ce qui m’a le<br />
plus étonné c’est que j’ai reconnu un homme que je ne connais pas, mais je<br />
les <strong>en</strong>tre aperçu <strong>en</strong> maintes reprises il ya peu. Je p<strong>en</strong>se même l’avoir vu {<br />
New York il ya quelques j<strong>ou</strong>rs. J’ai chopé une réelle impression glaciale. S’il<br />
te plait dis moi que je n’ai ri<strong>en</strong> { craindre. Ne crois pas que je sois bête mais<br />
ta voix me calme. Je sais qu’il y a peu de choses que tu puisses faires, et qu’il<br />
n’y a probablem<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> de bi<strong>en</strong> méchant, mais je ne peux garder cette<br />
anxiété <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>s.<br />
« Es tu sure de l’avoir reconnu ? Décris le moi »<br />
« Il a <strong>en</strong>viron 55 à 60 ans. Des cheveux noirs grisonnant. A mon avis il<br />
mesure pas loin de 1 m90. Il semble t<strong>ou</strong>t à fait normal. Mais comme il est<br />
plus haut que la moy<strong>en</strong>ne il sort de l’ordinaire »<br />
409 & 410<br />
« Bi<strong>en</strong> est ce que ma jeune lady vos yeux sexy observ<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>te chose aut<strong>ou</strong>r<br />
de v<strong>ou</strong>s dans le moindre détail, <strong>ou</strong> simplem<strong>en</strong>t que v<strong>ou</strong>s regardez les<br />
hommes de bel aspect ? Vue la description de cet individu que tu vi<strong>en</strong>s de<br />
me donner, je suis moins surpris que tu l’ais remarqué. Il parait fort bel<br />
homme »<br />
Natty nota dans la voix de Nick un léger persiflage <strong>en</strong> ne sachant pas s’il<br />
v<strong>en</strong>ait du fait d’avoir dit que ce type était remarquable par sa hauteur et<br />
qu’ainsi elle l’avait agacé du fait de son complexe d’infériorité qu’elle avait<br />
déjà cru percevoir <strong>en</strong> lui. Nick ne semblait pas très satisfait de ses<br />
1mètre78. Ou peut être était-il <strong>en</strong>nuyé de ses stupides anxiétés. Il parut<br />
presque désintéressé. Hier il était si t<strong>en</strong>du quand ils avai<strong>en</strong>t parlé. Il la<br />
déstabilisait avec ses sautes d’humeur si imprévisibles.<br />
164
« Nick, je ne veux pas de pr<strong>en</strong>dre plus de temps. T<strong>ou</strong>t ira bi<strong>en</strong>. Le soleil<br />
brille et j’ai l’objectif de n<strong>ou</strong>s voir la semaine prochaine. P<strong>ou</strong>r maint<strong>en</strong>ant au<br />
revoir »<br />
Et elle raccrocha sans att<strong>en</strong>dre sa réponse. Natty prit une feuille de papier<br />
et traça deux colonnes.<br />
Relation avec Nick<br />
Le p<strong>ou</strong>r le contre<br />
Le p<strong>ou</strong>r Le contre<br />
- Je me s<strong>en</strong>s plus jeune de 10 ans - Il est marié<br />
- Grâce à lui je ress<strong>en</strong>s p<strong>ou</strong>r la première - Je ne peux pas lui parler<br />
que je suis désirable. quand je veux<br />
- Il me traite comme une reine. - Il veut la lumière<br />
Première classe, Hôtels fabuleux quand on fait l’am<strong>ou</strong>r<br />
- Il me pr<strong>en</strong>ds comme un étalon - J’ai besoin de savoir sans cesse<br />
qu’il m’aime p<strong>ou</strong>r moi-même.<br />
- Je dois reconnaitre qu’il me dit<br />
sans cesse aimer mon corps.<br />
- Je dois m’y habituer, mon esprit doit<br />
Muter.<br />
« 5 p<strong>ou</strong>r 3 contre….cela p<strong>ou</strong>rrait être pire. Je suis t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs <strong>en</strong> piste !<br />
Mais avant t<strong>ou</strong>t je dois mettre quelques choses au point. Il vaut mieux<br />
battre le fer p<strong>en</strong>dant qu’il est chaud »<br />
Les doigts de Natty volèr<strong>en</strong>t au dessus du clavier.<br />
N,<br />
J’ai pris un mom<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r faire le point sur moi-même. Tu as fait<br />
preuve d’une grande franchise { mon égard et je te dois la pareille.<br />
165
Je t’aime beauc<strong>ou</strong>p, plus même que je ne v<strong>ou</strong>drai, ce qui me surpr<strong>en</strong>d.<br />
Je n’ai nullem<strong>en</strong>t l’int<strong>en</strong>tion de r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> compétition avec ta femme,<br />
ta famille <strong>ou</strong> tes <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts professionnels <strong>ou</strong> mondains.<br />
Cep<strong>en</strong>dant je ne veux pas avoir l’impression que tu vi<strong>en</strong>s ass<strong>ou</strong>vir un<br />
besoin dans une futaie et puis tu t’<strong>en</strong>voles.<br />
Si tu veux passer <strong>en</strong>core de merveilleux mom<strong>en</strong>ts avec moi pr<strong>en</strong>ds <strong>en</strong><br />
compte ma manière de voir ! Donc j’aimerai que tu soignes davantage<br />
le service après v<strong>en</strong>te, ce qui p<strong>ou</strong>r le moins nécessite de passer au<br />
moins 24 heures <strong>en</strong>semble, p<strong>ou</strong>r des repas, du sport, faire des choses<br />
<strong>en</strong>semble, n’importe quoi , n’importe comm<strong>en</strong>t, n’importe où. Mais<br />
pas seulem<strong>en</strong>t <strong>La</strong> Galerie des Glaces du Palais de Versailles.<br />
Je sais que notre relation n’a pas un grand « av<strong>en</strong>ir », mais p<strong>ou</strong>r moi il<br />
doit avoir un grand «prés<strong>en</strong>t » , je ne veux pas être traitée comme<br />
une femme de mauvaise vie, merci maman, et que tu sautes dans ta<br />
voiture de sport p<strong>ou</strong>r filer { l’horizon. C’est peut être sympa p<strong>ou</strong>r toi,<br />
mais je ne suis pas du bois dont on fait des flutes. Il ya des femmes qui<br />
accept<strong>en</strong>t cette manière mais je n’<strong>en</strong> suis pas.<br />
Je prés<strong>en</strong>te ce préalable et je serai heureuse que cela ne porte à de<br />
fâcheuses conséqu<strong>en</strong>ces. N<strong>ou</strong>s devons n<strong>ou</strong>s respecter l’un l’autre<br />
dans notre façon d’être et dans nos s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts.<br />
Je sais que tu as des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r moi, tu as été très clair la<br />
dessus, et { cet instant je n’ai ri<strong>en</strong> d’autre { exprimer, <strong>en</strong>suite,<br />
advi<strong>en</strong>ne que p<strong>ou</strong>rra.<br />
Quand tu as posé les règles du jeu avant le décollage, tu pr<strong>en</strong>ez soin<br />
de toi-même. J’ai besoin moi aussi de me protéger, je te demande<br />
donc de me pardonner d’avoir poser les mi<strong>en</strong>nes aussi franchem<strong>en</strong>t,<br />
mais je peu s<strong>en</strong>tir autant que toi le désir et ne pas v<strong>ou</strong>loir j<strong>ou</strong>er un jeu<br />
{ ce … <strong>ou</strong> { un stade. Oui je dois me protéger p<strong>ou</strong>r éviter une émotion<br />
pénible inutile.<br />
<strong>La</strong> balle est dans ton camps<br />
Je ne veux pas être ta chose, mais simplem<strong>en</strong>t ta maitresse.<br />
N.<br />
166
411 à 424<br />
Le lundi matin Boris pr<strong>en</strong>ait l’avion de 8h 20 { destination de Zurich.<br />
Gerhard, était redevable <strong>en</strong>vers Boris d’une grande faveur et il allait être <strong>en</strong><br />
mesure de régler sa dette. Il y a 15 ans, ils étai<strong>en</strong>t assis t<strong>ou</strong>s les deux l’un {<br />
coté de l’autre dans un avion, quand le voisin de Boris se mit s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t<br />
{ craquer et fut pris d’ une crise de larmes. Dans un premier temps Boris<br />
s’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>u { la plus grande discrétion, ignorant les sanglots ét<strong>ou</strong>ffés de son<br />
voisin, mais rapidem<strong>en</strong>t se s<strong>en</strong>tit au point de s’excuser et essaya de<br />
l’apaiser. Son compagnon de vol finit par épancher son cœur auprès de<br />
Boris. Son histoire peut se résumer ainsi. Les évènem<strong>en</strong>ts t<strong>ou</strong>rnèr<strong>en</strong>t au<br />
désastre { l’époque où <strong>en</strong> tant que présid<strong>en</strong>t d’un club Gerhard avait<br />
merveilleusem<strong>en</strong>t équilibré les finances de l’équipe de football de la ville<br />
dont le but était d’intégrer la première division. Son trésorier n’était ri<strong>en</strong><br />
d’autre que son amant, am<strong>ou</strong>r inav<strong>ou</strong>é homosexuel de Gerhard. Ce trésorier<br />
s’<strong>en</strong> prit { voler un peu plus de 100 000 CHF puis s’<strong>en</strong>vola au V<strong>en</strong>ezuela <strong>en</strong><br />
Amérique du sud. (Il y retr<strong>ou</strong>va Nick le trader qui avait dét<strong>ou</strong>rné le cash<br />
d’une multinationale cf les $ de la mort). L’homosexualité et le<br />
dét<strong>ou</strong>rnem<strong>en</strong>t de l’arg<strong>en</strong>t du club étai<strong>en</strong>t deux ingrédi<strong>en</strong>ts qui n’allai<strong>en</strong>t pas<br />
du t<strong>ou</strong>t dans un pays Calviniste avec ses valeurs morales et une prop<strong>en</strong>sion<br />
juive { aimer l’arg<strong>en</strong>t. Gerhard de ce fait s’était tr<strong>ou</strong>vé d’un j<strong>ou</strong>r { l’autre<br />
rejeter dans l’ostracisme communautaire. N’ayant plus aucun <strong>en</strong>droit où<br />
aller, sans famille <strong>ou</strong> relations auprès desquels il aurait pu se ret<strong>ou</strong>rner, il<br />
était prêt { sombrer dans les bas fonds. A l’éc<strong>ou</strong>te de son histoire, Boris<br />
n’avait pas hésité { lui offrir un poste dans son affaire New Yorkaise, avec<br />
permis de travail à la clef qui t<strong>en</strong>ait compte de ses capacités de traducteur.<br />
Etant Suisse Gerhard parlait l’allemand avec un acc<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> germanique et<br />
non pas avec l’horrible acc<strong>en</strong>t Suisse-allemand ; il parlait égalem<strong>en</strong>t de<br />
façon c<strong>ou</strong>rante le français, l’anglais, l’itali<strong>en</strong> et l’espagnol.<br />
Gerhard, reconnaissant, répétait sans fin :<br />
« Quand une porte se ferme une autre s’<strong>ou</strong>vre » Il est certain que Boris lui<br />
avait <strong>ou</strong>vert une porte. Il avait désormais un futur et un travail, dans une<br />
ville où son p<strong>en</strong>chant sexuel ne posait pas de problème particulier. En 1995,<br />
New York avait quelques années lumière d’avance sur une hypocrisie<br />
Bernoise guindée.<br />
167
Il s’avère qu’<strong>en</strong> 2008 Gerhard avait tr<strong>ou</strong>vé un n<strong>ou</strong>vel amant, et s’<strong>en</strong> était<br />
ret<strong>ou</strong>rné <strong>en</strong> Suisse. Il avait eu l’opportunité de pr<strong>en</strong>dre un poste { l’<br />
« International Loan Bank of Europe » au départem<strong>en</strong>t des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
commerciaux et investigations.<br />
Boris avait programmé de donner, après le déjeuner, <strong>en</strong> main propre à<br />
Gerhard une <strong>en</strong>veloppe compr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> son sein un memo lui demandant de<br />
tr<strong>ou</strong>ver si possible t<strong>ou</strong>t détail <strong>ou</strong> information sur les personnes citées <strong>en</strong><br />
annexe. Il était l’heure p<strong>ou</strong>r Gerhard de r<strong>en</strong>voyer l’asc<strong>en</strong>seur.<br />
Annexe :<br />
- Bruno Lusconi/âge 82/ Veuf/ Nationalité Suisse/ Présid<strong>en</strong>t Directeur<br />
Général de SCHOKO STAR( Usine de chocolats)<br />
- Rel<strong>en</strong>t d’un scandale financier datant de 1970 classé sans faits précis.<br />
L’<strong>en</strong>quête avait éch<strong>ou</strong>é, mais l’objet portait sur une accusation calomnieuse<br />
d’une fraude de 1 million de $ { l’<strong>en</strong>contre de la compagnie. Je p<strong>en</strong>se que<br />
l’accusation prov<strong>en</strong>ait des actionnaires minoritaires spoliés donc<br />
mécont<strong>en</strong>ts.<br />
-S’il v<strong>ou</strong>s plait il serait bon de parc<strong>ou</strong>rir les notes et memos concernant la<br />
société <strong>ou</strong> Bruno Lusconi lui-même. Aucune information si petite soit-elle<br />
n’est à négliger.<br />
411<br />
Le jeudi de la semaine suivante, Boris assis, sur le balcon de sa chambre qui<br />
dominait la baie de Beaulieu et la superbe Villa Kerylos située<br />
orgueilleusem<strong>en</strong>t { l’opposé de la fin de la plage, digérait la lecture de deux<br />
importants rapports ainsi que ses propres notes.<br />
413<br />
Il avait suivit Natty t<strong>ou</strong>te la semaine comme d’habitude avec beauc<strong>ou</strong>p de<br />
précautions, et il n’ y avait ri<strong>en</strong> de spécial { noter particulièrem<strong>en</strong>t. Boris<br />
avait appris t<strong>ou</strong>t seul les techniques de lire sur les lèvres quand il était plus<br />
jeune et il se régalait { continuer { s’y exercer. Il testait sa capacité <strong>en</strong><br />
regardant des films <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>pant le son et <strong>en</strong> lisant les s<strong>ou</strong>s titres. Son taux<br />
168
d’acuité était particulièrem<strong>en</strong>t impressionnant. Il estimait atteindre un<br />
p<strong>ou</strong>rc<strong>en</strong>tage de l’ordre de 85% ce qui l’<strong>en</strong>chantait. Le point crucial depuis<br />
quelques j<strong>ou</strong>rs v<strong>en</strong>ait d’avoir approché Natty p<strong>ou</strong>r l’observer s<strong>ou</strong>s divers<br />
déguisem<strong>en</strong>ts et postiches, il avait <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre été capable de lire sur ses lèvres<br />
la plupart des conversations téléphoniques. Ainsi il était certain que ce<br />
p<strong>ou</strong>r lequel il témoignerait volontiers c’est que ses conversations n’avai<strong>en</strong>t<br />
ri<strong>en</strong> de romantique et qu’elle n’avait jamais eu Nick.<br />
414<br />
En lisant le rapport de son investigateur, Boris se demandait s’il n’avait pas<br />
imaginé Natty r<strong>en</strong>trant dans la chambre de l’hôtel de Nick <strong>La</strong>ssifar au<br />
Waldorf.<br />
Si 2 plus 2 faisait 4, et bi<strong>en</strong> alors on constatait qu’il n’y avait ni<br />
correspondance ni communications <strong>en</strong>tre eux. T<strong>ou</strong>t cela ne r<strong>en</strong>trait pas<br />
dans une équation adultérine. Boris pondérait cette observation avec les<br />
faits qu’il avait <strong>en</strong> main.<br />
Le rapport établissait les élém<strong>en</strong>ts suivants :<br />
. Samedi et Dimanche dernier notre objectif est resté chez lui jusqu’{ 14h<br />
30. Puis, lui, sa femme, la n<strong>ou</strong>n<strong>ou</strong> et deux <strong>en</strong>fants partir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> voiture<br />
directem<strong>en</strong>t au polo <strong>ou</strong> notre cible j<strong>ou</strong>a un match étalé sur deux j<strong>ou</strong>rs.<br />
L’objectif n’a semble t’il pas lier connaissance avec quiconque même après<br />
ce match { l’exception de ses compagnons de jeu. Les j<strong>ou</strong>eurs trainèr<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>viron une heure <strong>en</strong> buvant une bière tandis que t<strong>ou</strong>s leurs <strong>en</strong>fants<br />
j<strong>ou</strong>ai<strong>en</strong>t à proximité. T<strong>ou</strong>t ce petit monde, notre cible incluse ret<strong>ou</strong>rnèr<strong>en</strong>t<br />
directem<strong>en</strong>t à leur domicile.<br />
- Chaque j<strong>ou</strong>r de la semaine il quitte son domicile à 8h30 p<strong>ou</strong>r aller à son<br />
bureau. Le repas est livré chaque j<strong>ou</strong>r par le restaurant local p<strong>ou</strong>r 3<br />
personnes. A l’évid<strong>en</strong>ce ces 3 repas sont p<strong>ou</strong>r lui et ses deux secrétaires.<br />
- Notre homme quitte son bureau chaque j<strong>ou</strong>r vers 16h30 et se dirige t<strong>ou</strong>t<br />
droit vers ses écuries où il s’<strong>en</strong>traine p<strong>en</strong>dant une heure { taper des balles.<br />
169
- Le mardi soir avec sa femme, il participe { un bal p<strong>ou</strong>r une œuvre de<br />
charité branchée. Ils part<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble, ils s’assoi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble, ils dans<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>semble et r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t chez eux <strong>en</strong>semble. Bref, ri<strong>en</strong> de suspect.<br />
- Veuillez tr<strong>ou</strong>ver ci-joint deux photos sur lesquels on le voit avec sa femme.<br />
415<br />
Boris fut frappé par l’image de sa cli<strong>en</strong>te. Il put t<strong>ou</strong>t juste la reconnaitre. Sur<br />
la photo sa chevelure paraissait <strong>en</strong> désordre. Depuis son passage à son<br />
bureau elle avait pris au moins 10 kilos. En regardant la photo, Boris<br />
méditait sur le fait que sa cli<strong>en</strong>te avait un physique qui s’était détérioré<br />
s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t qui n’était { son avis que la conséqu<strong>en</strong>ce de ce quelle lui avait<br />
exposé et qui j<strong>ou</strong>ait <strong>en</strong> faveur de sa thèse. Il admit qu’elle semblait au b<strong>ou</strong>t<br />
du r<strong>ou</strong>leau sur les deux photographies.<br />
Puis il <strong>ou</strong>vrit le pli que Gerhard lui avait adressé cette nuit par Fedex. Boris<br />
examina le cont<strong>en</strong>u qui était vide de t<strong>ou</strong>te annotation écrite à la main. Boris<br />
s<strong>ou</strong>rit <strong>en</strong> voyant que Gerhard avait beauc<strong>ou</strong>p appris avec lui sur la façon de<br />
travailler. Après exam<strong>en</strong> approfondi, les photocopies étai<strong>en</strong>t explosives.<br />
. On y voyait des transferts trimestriels réguliers depuis le compte<br />
d’épargne de B. Lusconi vers un compte { numéro chez la <strong>La</strong>usanne<br />
Cantonal Bank p<strong>ou</strong>r 40 000 CHF.<br />
. L’arg<strong>en</strong>t ne restait pas sur le compte à <strong>La</strong>usanne mais avait été retiré <strong>en</strong><br />
espèces.<br />
. Ces m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t duré 20 ans. <strong>La</strong> vingtième année il y eut un crédit<br />
additionnel de 300 000 CHF. Il apparaissait que cette somme avait été<br />
déposé <strong>en</strong> cash au comptoir de la banque.<br />
. les virem<strong>en</strong>ts réguliers repartir<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r 8 ans de plus mais que p<strong>ou</strong>r une<br />
somme de 30 000 CHF et aussi depuis un autre, celui d’avocats du cli<strong>en</strong>t {<br />
Jersey.<br />
170
« Bon j’ai du pain sur la planche. Un petit saut { Jersey me parait<br />
indisp<strong>en</strong>sable p<strong>ou</strong>r savoir de quel cli<strong>en</strong>t il s’agit. Bi<strong>en</strong> que je puisse parier<br />
de qui il <strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>rne ! »<br />
Boris était si méticuleux qu’il n’aurait jamais parié contre lui-même avant<br />
d’avoir eu t<strong>ou</strong>tes les cartes <strong>en</strong> main.<br />
416<br />
Ce samedi, le naturel optimisme de Natty l’avait requinquée comme<br />
d’habitude et sa d<strong>ou</strong>leur qu’elle avait <strong>ou</strong>bliée après le rude ton de la voix de<br />
Nick quelques j<strong>ou</strong>rs plus tôt. Elle était davantage excitée à la seule p<strong>en</strong>sée<br />
de la prochaine escapade la semaine suivante à Manhattan où elle serai une<br />
autre femme « Femme de Luxe, femme quasim<strong>en</strong>t pute… ».<br />
« N<strong>ou</strong>velle vie, n<strong>ou</strong>velle coiffure » Boris l’a suivi t<strong>ou</strong>te la j<strong>ou</strong>rnée. Il att<strong>en</strong>dait<br />
patiemm<strong>en</strong>t qu’elle apparaisse. Elle méritait une telle att<strong>en</strong>te. Elle respirait<br />
le bonheur et ses cheveux étai<strong>en</strong>t coiffés plus dans la s<strong>ou</strong>plesse que dans<br />
une c<strong>ou</strong>pe stylisée.<br />
Il avait remarqué que la c<strong>ou</strong>leur tirait sur le doré, ce qui lui allait bi<strong>en</strong>. Elle<br />
dev<strong>en</strong>ait une femme dans le v<strong>en</strong>t. R<strong>en</strong>trant et sortant des b<strong>ou</strong>tiques,<br />
amassant de plus <strong>en</strong> plus de sacs des b<strong>ou</strong>tiques, s’arrêtant <strong>en</strong> r<strong>ou</strong>te p<strong>ou</strong>r<br />
déguster <strong>en</strong> terrasse une glace du café de Häag<strong>en</strong> Daz près du Sporting<br />
d’Hiver, elle n’arrêtait pas de s’agiter. Vers 17 heures Boris comptait pas<br />
moins de 15 sacs aux <strong>en</strong>seignes de belles b<strong>ou</strong>tiques flottant au dessus de<br />
ses épaules, t<strong>en</strong>us fermem<strong>en</strong>t des deux mains. Chaussures, lingerie, robes,<br />
et autres, on aurait dit qu’elle avait décidé de refaire <strong>en</strong> <strong>en</strong>tier sa garderobes.<br />
De loin il p<strong>ou</strong>vait la voir dégustant sa glace avec une frim<strong>ou</strong>sse<br />
expressive p<strong>en</strong>dant qu’elle dégustait <strong>en</strong> suçant son énorme cornet <strong>en</strong> tuile<br />
amandée . Essuyant sa b<strong>ou</strong>che comme un chat <strong>en</strong> léchant ses babines elle<br />
abandonna sa fantaisie glaciale p<strong>ou</strong>r marcher 50 mètres vers l’<strong>en</strong>droit où<br />
elle avait garé sa voiture. A l’instant où Natty allait arriver { sa voiture,<br />
Claudia et Frank remontai<strong>en</strong>t la rue. Boris instinctivem<strong>en</strong>t se cacha dans<br />
une porte cochère car il ne v<strong>ou</strong>lait pas pr<strong>en</strong>dre le risque d’être déc<strong>ou</strong>vert<br />
par Frank <strong>en</strong> train de pister Natty.<br />
171
417<br />
Claudia et Frank lui faisait signe avec effusion, du trottoir opposé où se<br />
tr<strong>ou</strong>vait Natty, p<strong>ou</strong>r attirer son att<strong>en</strong>tion avant qu’elle soit dans sa voiture.<br />
Frank se mit à hausser des épaules, Claudia piqua un sprint <strong>en</strong> traversant le<br />
B<strong>ou</strong>levard des M<strong>ou</strong>lins <strong>en</strong> zigzagant au milieu des voitures p<strong>ou</strong>r atteindre<br />
Natty avant qu’elle ait eu le temps de fermer sa porte et d’appuyer sur<br />
l’accélérateur p<strong>ou</strong>r partir au loin.<br />
« Oh Claudia, mais qu’est ce que tu fais l{ ? » demanda Natty. <strong>La</strong> question<br />
v<strong>en</strong>ait plus de la c<strong>ou</strong>rbure de ses s<strong>ou</strong>rcils que du ton de sa voix<br />
« Frank v<strong>ou</strong>lait que Riva vérifie le moteur de son bateau, ainsi n<strong>ou</strong>s avons<br />
fait ici un saut p<strong>ou</strong>r la j<strong>ou</strong>rnée. N<strong>ou</strong>s étions à cet instant <strong>en</strong> train de<br />
ret<strong>ou</strong>rner au port avant que le chantier naval ferme p<strong>ou</strong>r la nuit. Taquine<br />
Claudia aj<strong>ou</strong>ta tandis que Frank se joignait aux deux filles : « Veux que l’on<br />
te pr<strong>en</strong>ne quelques paquets dans notre bateau ? Car il est possible que ta<br />
voiture ne puisse les cont<strong>en</strong>ir t<strong>ou</strong>s. Aurais-tu gagné au Loto ? Je ne t’ai<br />
jamais vu acheter autant. Que se passe t’il ? Quelque chose de spécial ?<br />
Claudia vit que ses paroles fir<strong>en</strong>t apparaitre une r<strong>ou</strong>geur sur le visage de<br />
Natty ? Mais elle ne broncha pas.<br />
« Je sais que tu fais des emplettes que dans les grandes occasions…Bon<br />
j’att<strong>en</strong>ds ! Vas-tu me le dire <strong>en</strong>fin ? »<br />
Claudia taquinait et Natty ne savait pas comm<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> sortir. Gagnant du<br />
temps elle fit semblant que son portable vibrait p<strong>ou</strong>r un message.<br />
Prétextant qu’elle n’avait pas s<strong>ou</strong>s la main du papier et un crayon, elle<br />
p<strong>ou</strong>ssa un profond s<strong>ou</strong>pir le temps de préparer une réponse plausible.<br />
Refaisant surface moins d’une minute plus tard, sans regarder son amie<br />
dans les yeux continuant { farf<strong>ou</strong>iller dans ses achats { l’arrière de sa<br />
voiture, elle balança par-dessus ses épaules :<br />
418<br />
« P<strong>ou</strong>r mon passage { la télévision, j’ai dû faire peau neuve, c’est la semaine<br />
prochaine que je passe sur Discovery Channel. De plus je suis filmé à<br />
Londres v<strong>en</strong>dredi prochain à la « Royal Geographic Society »<br />
172
« Qui est ton Public Relation ? En ce mom<strong>en</strong>t on te vois part<strong>ou</strong>t !<br />
« Claudia, je n’ai pas d’attaché de presse, mais tu me connais assez depuis<br />
longtemps p<strong>ou</strong>r savoir que je travaille au-delà du raisonnable ! Et<br />
subitem<strong>en</strong>t depuis <strong>en</strong>viron 18 mois il semblerait que cela comm<strong>en</strong>ce à<br />
payer »<br />
Innocemm<strong>en</strong>t mais avec un petit rire dans la voix, Claudia demanda :<br />
« Desc<strong>en</strong>dras-tu au Ritz ? »<br />
Natty fit volte face et la regardant bi<strong>en</strong> dans les yeux, elle lui dit avec<br />
détermination d’une voix g<strong>en</strong>tille mais sérieuse : « Claudia, te rappelles-tu<br />
notre déjeuner à <strong>La</strong> Petite Maison ? cela fait seulem<strong>en</strong>t que quelques j<strong>ou</strong>rs ?<br />
« Oui mais qu’est ce que cela { voir avec ton séj<strong>ou</strong>r { Londres ? Gaussa<br />
Claudia.<br />
OK, Claudia, je te concède ce point, mais maint<strong>en</strong>ant pr<strong>en</strong>ds bi<strong>en</strong> soin de ce<br />
que je vais te dire.<br />
« Ne me demandes plus ri<strong>en</strong> sur mes déplacem<strong>en</strong>ts et cela p<strong>ou</strong>r les t<strong>ou</strong>s<br />
prochains mois à v<strong>en</strong>ir. Je suis dans les affres avec un homme marié, et je ne<br />
veux pas devoir te m<strong>en</strong>tir <strong>ou</strong> répondre à coté à tes questions p<strong>ou</strong>r me<br />
protéger, tandis que je m’amuse. Donc soit ma copine et laisse tomber. OK ?<br />
« Et que va-t-il se passer dans peu de mois ? Tu vas r<strong>en</strong>dre t<strong>ou</strong>t cela public ?<br />
« Que non, Mais normalem<strong>en</strong>t si j’<strong>en</strong> crois les romans que je lis et les<br />
statistiques sur un moteur de recherches, les av<strong>en</strong>tures extra marital ne<br />
dur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne que 4 mois. Soit ils devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sérieux, ce que n<strong>ou</strong>s ne<br />
v<strong>ou</strong>lons pas non plus. Ou ils fich<strong>en</strong>t la pagaille, ce que n<strong>ou</strong>s ne v<strong>ou</strong>lons pas<br />
plus. Maint<strong>en</strong>ant il est temps de clore le chapitre…<strong>ou</strong>blies moi…s’il te<br />
plait. «<br />
Sur ce fait où la température comm<strong>en</strong>çait à monter de trop, Frank arriva et<br />
dét<strong>en</strong>dit l’atmosphère <strong>en</strong> lui pinçant la j<strong>ou</strong>e p<strong>ou</strong>r lui dire « Aimerai tu que<br />
je vi<strong>en</strong>ne te chercher lundi avec mon bateau après avoir mis { l’aéroport<br />
Her Indoors. On p<strong>ou</strong>rrait faire du ski. Je p<strong>ou</strong>rrai te « tirer » et<br />
réciproquem<strong>en</strong>t. » Frank et Claudia s’esclaffèr<strong>en</strong>t devant ce choix de mots.<br />
« Her Indoors » qu’est que cela veut dire ? demanda Natty.<br />
Frank avec fierté expliqua que ce parler était de l’argot Cockney qu’il avait<br />
piqué lors de ses déplacem<strong>en</strong>ts quand il travaillait chez Julius Baer à<br />
Londres.<br />
« Her Indoors veut dire : femme <strong>en</strong> Cockney.<br />
Se joignant à eux dans cet amusem<strong>en</strong>t linguistique, Natty leur fit une<br />
173
évér<strong>en</strong>ce jusqu’au sol la tête p<strong>en</strong>ché <strong>en</strong> avant et elle demanda « Et puis je<br />
savoir auprès de votre seigneurie vers où vole « Her Indoors » ?<br />
« New York »<br />
Surprise releva la tête comme dans un déclic d’automate.<br />
« Trop tard il ont du noté ma déconv<strong>en</strong>ue » p<strong>en</strong>sa t’elle.<br />
« Mais ‘Y<strong>ou</strong>r Indoors » vi<strong>en</strong>t juste de rev<strong>en</strong>ir de New York ? »<br />
Frank <strong>en</strong>tra dans son jeu et galamm<strong>en</strong>t lui t<strong>en</strong>dit la main p<strong>ou</strong>r l’aider { se<br />
relever, ce qu’elle fit gracieusem<strong>en</strong>t. En dépit de sa taille la révér<strong>en</strong>ce se<br />
termina élégamm<strong>en</strong>t.<br />
« Y<strong>ou</strong>t Indoors » dit Natty taquine « Y a-t-il une façon <strong>en</strong> Cockney de dire<br />
mari ? »<br />
« Bonne question….mais je ne p<strong>en</strong>se pas. Cep<strong>en</strong>dant je vais me r<strong>en</strong>seigner,<br />
je suis curieux moi aussi de le savoir » conclue Frank.<br />
« Ec<strong>ou</strong>te, merci p<strong>ou</strong>r la proposition de ski nautique mais je ne peux pas.<br />
Cep<strong>en</strong>dant peut-on remettre cela p<strong>ou</strong>r lundi prochain si tu es <strong>en</strong>core là ?<br />
J’<strong>en</strong> aurai fini avec la prise de vue que dois me fair la Royal Géographique.<br />
J’aurai l’esprit plus libre p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s distraire. »<br />
Les embrassant rapidem<strong>en</strong>t sur les deux j<strong>ou</strong>es, elle sauta dans sa voiture et<br />
démarra, laissant Frank et Claudia qui la suivait des yeux, mais perplexe<br />
devant la visible inquiétude de savoir Claudia de ret<strong>ou</strong>r à New York.<br />
419 à 422<br />
« Mon cœur, cela semble fort juste. Elle est <strong>en</strong> plein dans son av<strong>en</strong>ture et il<br />
est clair qu’elle ne n<strong>ou</strong>s dira ri<strong>en</strong> { ce sujet. Elle est visiblem<strong>en</strong>t mal { l’aise<br />
sur ce point, car <strong>en</strong> temps normal elle partage avec n<strong>ou</strong>s t<strong>ou</strong>tes ses<br />
préoccupations. J’<strong>en</strong> suis un peu froissé, mais je compr<strong>en</strong>ds »<br />
Frank regarda Claudia p<strong>en</strong>sivem<strong>en</strong>t sachant que quand il faisait cette<br />
« tronche » il valait mieux ne pas l’interrompre.<br />
« Ma d<strong>ou</strong>ce, je p<strong>en</strong>se à quelque chose. Même si Boris déc<strong>ou</strong>vre que toi et<br />
Cassandre êtes demi sœur, je ne vois pas l’intérêt qu’il a { le dire. Je suis son<br />
plus gros cli<strong>en</strong>t. Ri<strong>en</strong> que l’an dernier il m’a facturé $ 980 000. Il n’y a<br />
aucune chance qu’il pr<strong>en</strong>ne le risque de perdre ma cli<strong>en</strong>tèle. »<br />
« Chérie, je suis d’accord avec toi, mais il est vrai que je serai plus tranquille<br />
si ce secret si sauvagem<strong>en</strong>t gardé p<strong>ou</strong>vait ne pas transpirer { l’extérieur.<br />
Mais qu’advi<strong>en</strong>dra t’il si ce type devi<strong>en</strong>t avide d’arg<strong>en</strong>t et va voir<br />
Papoche ? »<br />
« Il n’<strong>en</strong> fera ri<strong>en</strong>, soit cool »<br />
174
« Papoche n<strong>ou</strong>s c<strong>ou</strong>perait les vivres { l’instant, même s’il <strong>en</strong>voie Boris au<br />
diable. Je ne me m<strong>ou</strong>illerai sur ce qu’il advi<strong>en</strong>dra de Boris si Papoche pr<strong>en</strong>d<br />
la m<strong>ou</strong>che, mais il n<strong>ou</strong>s a bi<strong>en</strong> averti que si quiconque pr<strong>en</strong>ait connaissance<br />
que je suis sa sœur il n<strong>ou</strong>s c<strong>ou</strong>vrirait plus du t<strong>ou</strong>t. Cela est horrible { dire,<br />
mais il vaut nettem<strong>en</strong>t mieux que Mammy ne soit plus là. Imagine comm<strong>en</strong>t<br />
cela aurait t<strong>ou</strong>rné si elle était <strong>en</strong>core <strong>en</strong> vie, il l’aurai aussi malm<strong>en</strong>é »<br />
« Du calme, ton esprit divague, tu es <strong>en</strong> plein fantasme. Si tu continues à y<br />
p<strong>en</strong>ser cela risque d’arriver p<strong>ou</strong>r de bon, ne soit pas le paratonnerre qui<br />
attire la f<strong>ou</strong>dre ! Donc ma petite chérie ne t<strong>en</strong>te pas le diable. Desc<strong>en</strong>dons<br />
vite chez Riva avant que n<strong>ou</strong>s soyons obligés de r<strong>en</strong>trer à la nage » frank<br />
prit am<strong>ou</strong>reusem<strong>en</strong>t la main de sa femme et ils desc<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t la rue<br />
presqu’<strong>en</strong> c<strong>ou</strong>rant, juste { temps ils arrivèr<strong>en</strong>t au chantier naval p<strong>ou</strong>r<br />
récupérer leur bateau.<br />
423<br />
Boris rattrapa Natty { l’intersection de Saint Jean. Il la dépassa monté sur sa<br />
Vespa, il <strong>en</strong>trevit d’elle son malaise. Car Natty l’avait vraim<strong>en</strong>t. Elle n’avait<br />
aucune idée sur ce qu’elle devait faire dans le cas où Claudia se serait<br />
tr<strong>ou</strong>vée dans le même avion qu’elle. Claudia, comme elle, voyageait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
<strong>en</strong> première.<br />
<strong>La</strong> solution lui sauta t<strong>ou</strong>t d’un c<strong>ou</strong>p aux yeux. Elle s’arrêta p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>voyer un<br />
texto à Nick qui <strong>en</strong> ces termes disait : « S’il te plait appelle moi le plus vite<br />
possible. <strong>La</strong> confér<strong>en</strong>ce doit être reportée NP »<br />
Elle était cont<strong>en</strong>te d’elle-même. Nick apprécierait de voir à quel point sa<br />
discrétion pr<strong>en</strong>ait le pas sur ses <strong>en</strong>vies, avec t<strong>ou</strong>te la frustration<br />
qu’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drait le codage des messages. Il ne fallut pas une minute p<strong>ou</strong>r que<br />
Nick appelle.<br />
« Nick ! Chéri !, Je suis désolée car il est possible que je r<strong>en</strong>contre une amie<br />
sur le vol Delta p<strong>ou</strong>r New York lundi matin, et je ne veux pr<strong>en</strong>dre aucun<br />
risque et rester prud<strong>en</strong>te et tranquille. Elle risque sans tarder de me<br />
demander p<strong>ou</strong>rquoi je vais { New York, <strong>en</strong> plus elle va de surcroît m’inviter<br />
{ diner quasim<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les soirs. Dans ces conditions tu peux imaginer qu’il<br />
vaut mieux annuler mon vol sur Delta et le troquer contre un sur Swiss via<br />
Zurich. Je sais qu’elle ne sera pas sur celui là.<br />
« Mon cœur, tu as eu la bonne réaction et je t’<strong>en</strong> remercie réellem<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong><br />
sûr je te réserve ce vol. Je te rappelle demain p<strong>ou</strong>r te donner t<strong>ou</strong>s les détails.<br />
175
Plus que deux j<strong>ou</strong>rs ! Je ne peux plus att<strong>en</strong>dre de te voir marcher nue dans<br />
mes bras. Je te vois tellem<strong>en</strong>t …aah. Natty je n’<strong>en</strong> peux plus, j’aimerai<br />
tellem<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t on soit l’un { l’autre ». Dans la voiture { l’arrêt,<br />
la culotte m<strong>ou</strong>illée par le son de sa voix rauque, sexy <strong>en</strong> diable et ses mots si<br />
suggestifs.<br />
« Nick, stop, je suis trop remuée et je suis sur la r<strong>ou</strong>te principale, on peut me<br />
voir. »<br />
« Je te rappelle dans vingt minutes, quand tu seras arrivée chez toi. Vas<br />
directem<strong>en</strong>t au lit et att<strong>en</strong>ds mon appel.<br />
425 à 427<br />
425<br />
Natty aimait le mot premier et ce j<strong>ou</strong>r se révélait un bon présage. N<strong>ou</strong>s<br />
étions lundi le premier j<strong>ou</strong>r de la semaine, c’était aussi le premier Mai et ce<br />
serait la première fois qu’elle portait les vêtem<strong>en</strong>ts t<strong>ou</strong>t neuf sortis des<br />
magasins. Sifflotant et murmurant elle jeta sa petite valise dans le coffre et<br />
sortit par son allée. Dès que Boris nota le clignotem<strong>en</strong>t jaune de l’<strong>ou</strong>verture<br />
du portail, il t<strong>ou</strong>rna la clef de son scooter lança le moteur d’un vif t<strong>ou</strong>r de<br />
main après avoir baissé la visière noire de son casque, ce qui le r<strong>en</strong>dait<br />
discret et apte à une n<strong>ou</strong>velle filature là où Natty allait le balader t<strong>ou</strong>t le<br />
j<strong>ou</strong>r. Le scooter était l’<strong>en</strong>gin idéal p<strong>ou</strong>r assumer cette sinécure. Il p<strong>ou</strong>vait se<br />
faufiler part<strong>ou</strong>t dans le trafic, le plus s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t sur une voie parallèle p<strong>ou</strong>r ne<br />
jamais perdre l’objectif. Une 125 CC va facilem<strong>en</strong>t aussi vite qu’une voiture<br />
quant à une obligation de suivre sur un autor<strong>ou</strong>te. Mais Natty ne le prit pas.<br />
Boris la suivait depuis un mom<strong>en</strong>t à travers Villefranche, puis la<br />
prom<strong>en</strong>ade des Anglais, il ne se faisait pas de s<strong>ou</strong>ci car son réservoir<br />
d’ess<strong>en</strong>ce était plein et qu’il avait deviné qu’elle se dirigeait vers l’aéroport<br />
de Nice.<br />
Son téléphone sonna mais il ignora l’appel. Certes il l<strong>ou</strong>ait ses motos et<br />
scooter mais il ne se séparait jamais de son casque, un véritable <strong>ou</strong>til de<br />
176
travail équipé de téléphones incorporés, pas un téléphone mais deux lignes<br />
avec option de passer de l’un { l’autre <strong>en</strong> appuyant sur un simple b<strong>ou</strong>ton.<br />
En effet Natalia t<strong>ou</strong>rna après la prom<strong>en</strong>ade des Anglais p<strong>ou</strong>r ab<strong>ou</strong>tir à<br />
l’aéroport. Boris avait tapé dans le mille avec son s<strong>en</strong>s inné de prévoir les<br />
évènem<strong>en</strong>ts. Il avait deviné le chemin comme jadis il devinait à Mosc<strong>ou</strong><br />
l’<strong>en</strong>droit où se tr<strong>ou</strong>vait le pain. Ce qui ne le prit pas aussi au dép<strong>ou</strong>rvu c’est<br />
qu’elle allait pr<strong>en</strong>dre un vol. Il avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs son passeport dans la poche de<br />
son veston. Et il était libre comme l’air p<strong>ou</strong>r s’<strong>en</strong>voler aussi. Il la suivit donc<br />
jusqu’au mom<strong>en</strong>t où elle mit sa voiture au parking longue durée. Il fit de<br />
même et la suivit { pied alors qu’elle trainait sa valise { r<strong>ou</strong>lettes.<br />
« Ti<strong>en</strong>s madame j<strong>ou</strong>e les filles de l’air ! »<br />
426<br />
Il arriva derrière elle au comptoir de Swiss, méconnaissable s<strong>ou</strong>s son<br />
postiche blond et ses lunettes de soleil obscures. Elle prit son billet p<strong>ou</strong>r<br />
Zurich et se dirigea vers la «gate » appropriée.<br />
427<br />
Il prit son billet p<strong>ou</strong>r Zurich, il utilisa sa carte de paiem<strong>en</strong>t sénateur au<br />
même comptoir. Le bip arriva quand l’avion atterrit { Klot<strong>en</strong>. En effet Natty<br />
se r<strong>en</strong>dit { la zone de transit. Il n’y avait plus aucun moy<strong>en</strong> de savoir où elle<br />
allait. <strong>La</strong> suivant du regard jusqu’{ la dernière minute, il l’a vit heureuse<br />
passer les portes vitrées et disparut dans la zone de transit, il se demandait<br />
dans quelle partie du monde elle allait. Il aurait du se rappeler qu’elle était<br />
totalem<strong>en</strong>t imprévisible.<br />
« Linda ? Faites moi une faveur, je vi<strong>en</strong>s de perdre la piste de Natalia Petlah<br />
dans la zone de transit de Zurich. Donc il faudrait que v<strong>ou</strong>s disiez à John de<br />
suivre étroitem<strong>en</strong>t Nick <strong>La</strong>ssifar. Je pr<strong>en</strong>drai le prochain vol p<strong>ou</strong>r Nice et<br />
payer ma note { l’hôtel. Je serai de ret<strong>ou</strong>r { New York demain <strong>ou</strong> après<br />
demain. Y a t’il une urg<strong>en</strong>ce { traiter ?<br />
T<strong>ou</strong>t va bi<strong>en</strong> patron. Votre chi<strong>en</strong> Bubbles se porte à merveille, Il est au<br />
bureau avec moi. Au plaisir de v<strong>ou</strong>s voir à votre ret<strong>ou</strong>r. Au revoir »<br />
177
429 à 433<br />
Ri<strong>en</strong> ne p<strong>ou</strong>vait mettre Natty de mauvaise humeur. Même faire la queue au<br />
contrôle de l’immigration Us n’avait pas de prise sur elle. Remettant sa<br />
montre { l’heure américaine, elle <strong>ou</strong>vrit son portable plus par habitude que<br />
par nécessité. Son emploi du temps était plus que clair et bi<strong>en</strong> rempli<br />
jusqu’{ jeudi date de son ret<strong>ou</strong>r à Saint-Jean.<br />
Quelques secondes après avoir <strong>ou</strong>vert son portable, celui-ci lui annonça<br />
l’arrivée d’un message.<br />
« Changem<strong>en</strong>t de programme. T’ai réservé chambre au Waldorf Towers et<br />
NON au Trump Towers. N »<br />
« Ouf juste à temps ! » <strong>en</strong> s<strong>ou</strong>riant p<strong>ou</strong>r elle-même. J’espère qu’il a ses<br />
raisons p<strong>ou</strong>r me transférer dans celui là. Je ne peux appeler cela une baisse<br />
de standing, <strong>La</strong> femme derrière dans la ligne d’att<strong>en</strong>te lui donna une<br />
étrange impression au mom<strong>en</strong>t où elle riait p<strong>ou</strong>r elle-même.<br />
Le s<strong>ou</strong>riant doorman lui <strong>ou</strong>vrit la porte du taxi et s’empara de sa valise.<br />
Natty apprécia d’avoir déj{ un service d’un hôtel de cinq étoiles.<br />
« Madame Petlah .. Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>u, je p<strong>en</strong>se que c’est la première fois que v<strong>ou</strong>s<br />
desc<strong>en</strong>dez chez n<strong>ou</strong>s, p<strong>ou</strong>vez v<strong>ou</strong>s avoir l’amabilité de remplir notre petite<br />
fiche. T<strong>en</strong>ez je v<strong>ou</strong>s donne de quoi écrire et sachez que n<strong>ou</strong>s sommes à<br />
chaque instant à votre service p<strong>ou</strong>r votre meilleur confort. On v<strong>ou</strong>s a<br />
attribué la suite 111 »<br />
Natty demanda « Suite <strong>ou</strong> chambre ? »<br />
« Suite, et d’ailleurs c’est sans d<strong>ou</strong>te la plus belle. Je suis sûre que v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong><br />
serez cont<strong>en</strong>te. » Elle ne put qu’être estomaquée devant la suite, où fleurs et<br />
fruits se manifestai<strong>en</strong>t de t<strong>ou</strong>te part. Comme une petite fille elle <strong>ou</strong>vrait<br />
tiroir et placards et se régalait des yeux de déc<strong>ou</strong>vrir maints petits cadeaux<br />
réservés à la cli<strong>en</strong>tèle VIP.<br />
« Ouah …génial ! Je peux me servir de t<strong>ou</strong>tes ses merveilleuses crèmes de<br />
soin, et de t<strong>ou</strong>s ces ravissants objets de toilette. »<br />
178
Natty remarqua la carte épinglée au b<strong>ou</strong>quet de fleurs. Curieusem<strong>en</strong>t elle<br />
ne v<strong>en</strong>ait que de l’hôtel et pas un mot de Nick.<br />
Une fois assise dans le superbe salon de la suite, elle se mit à regarder à<br />
travers l’imm<strong>en</strong>se f<strong>en</strong>être la vue prodigieuse sur Manhattan. C’était un des<br />
j<strong>ou</strong>rs où le ciel pr<strong>en</strong>d ce bleu craquant que l’on ne voit que rarem<strong>en</strong>t dans<br />
cette cité..<br />
« Il doit avoir autre chose dans sa manche, car je ne vois ni miroirs ni glaces<br />
à proximité du lit. Je désire être traitée comme une princesse et je le suis.<br />
Enfin mon rêve se réalise. Il est dommage que mon s<strong>ou</strong>hait ne se soit pas<br />
formulé plus tôt, voil{ p<strong>ou</strong>rquoi ce n’est pas arrivé. Peut être est ce la raison<br />
p<strong>ou</strong>r laquelle il ne m’a pas <strong>en</strong>voyé des fleurs. »<br />
En p<strong>en</strong>sant aux fleurs, elle se r<strong>en</strong>frogna <strong>en</strong> se demandant à n<strong>ou</strong>veau qui<br />
avait pu lui <strong>en</strong>voyé ces deux b<strong>ou</strong>quets de roses <strong>en</strong> France…Cela la rongeait,<br />
pas p<strong>ou</strong>r une raison de crainte mais plus p<strong>ou</strong>r le mystère. Il est vrai qu’elle<br />
n’avait, <strong>en</strong> fait, aucune inquiétude. Car cela paraissait être de la même veine<br />
que ce qu’elle avait vécu il y a quelques années. A l’époque elle avait reçu<br />
des cartes non signées au mom<strong>en</strong>t de la Saint-Val<strong>en</strong>tin et s’était t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
demandée qui avait pu les lui <strong>en</strong>voyer. Nombreuses sont les femmes dont<br />
t<strong>ou</strong>s les amis pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la carte de Saint-Val<strong>en</strong>tin comme un moy<strong>en</strong> p<strong>ou</strong>r<br />
faire une blague., <strong>ou</strong> parfois p<strong>ou</strong>r faire une c<strong>ou</strong>r vite <strong>ou</strong>bliée. Mais non<br />
seulem<strong>en</strong>t Natalia était excessivem<strong>en</strong>t romantique mais même au dessus du<br />
tas dans ce domaine, car elle n’avait pas eu l’habitude de recevoir des cartes<br />
de Saint-Val<strong>en</strong>tin qu’elle chérissait car elle les voyait comme un message de<br />
quelqu’un qui p<strong>en</strong>sait assez { elle p<strong>ou</strong>r lui mettre dans le cœur une petite<br />
flèche remplie de t<strong>en</strong>dresse.<br />
Regardant sa montre, elle se r<strong>en</strong>dit compte qu’il était déj{ 17 h 45.<br />
« Il vaudrait mieux que je défasse ma valise, p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir me vautrer dans<br />
la baignoire » Elle se mit { rire t<strong>ou</strong>te seule ri<strong>en</strong> qu’{ l’idée de faire un<br />
cocktail dans sa baignoire <strong>en</strong> vidant tube par tube les différ<strong>en</strong>ts produits<br />
cosmétiques mis { sa disposition. A l’exam<strong>en</strong> faramineux des produits<br />
décoratifs p<strong>ou</strong>r le corps, le visage et les cheveux, elle <strong>en</strong> avait au moins p<strong>ou</strong>r<br />
une demi heure p<strong>ou</strong>r les faire m<strong>ou</strong>sser de concert. Elle allait être beurrée et<br />
m<strong>ou</strong>ssante avec une peau dev<strong>en</strong>ue d<strong>ou</strong>ce et onctueuse comme un sein<br />
donnant le lait.<br />
179
430<br />
Natty était sur le point d’avoir ass<strong>ou</strong>vi son désir d’être sexy, baisable p<strong>ou</strong>r<br />
mon aspect, quand la sonnette ret<strong>en</strong>tit. Jetant un œil p<strong>ou</strong>r voir si elle<br />
appr<strong>ou</strong>vait sa n<strong>ou</strong>velle robe sexy et ses sandales, elle bondit p<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong>vrir la<br />
porte { Nick. Natty fut projetée au paradis <strong>en</strong> voyant ce qu’il y avait sur le<br />
chariot et l’odeur qui <strong>en</strong> émanait.<br />
« Bonsoir madame, dois je poser t<strong>ou</strong>t cela près du canapé <strong>ou</strong> dans la<br />
chambre ?? »<br />
« Heuh, mais qu’est ce que cela ? » demanda Natty dont les yeux passai<strong>en</strong>t<br />
d’une b<strong>ou</strong>teille d’eau minéral { l’énorme pot qui semblait cont<strong>en</strong>ir un jus<br />
d’ananas frais v<strong>en</strong>ant d’être pressé. Le reste sur le chariot était c<strong>ou</strong>vert d’un<br />
linge blanc.<br />
Natty prit l’<strong>en</strong>veloppe blanche et le serveur att<strong>en</strong>dit ses instructions après<br />
qu’elle eut fini la lecture de la missive qu’elle <strong>en</strong> avait sorti.<br />
« Mon cœur, je serai avec toi vers 19h 15 au plus tard. J’espère que cela<br />
t’iras, j’ai commandé des amuses gueule et le diner <strong>en</strong> chambre. Je ne désire<br />
pas te partager avec d’autres »<br />
« S’il v<strong>ou</strong>s plait p<strong>ou</strong>vez v<strong>ou</strong>s disposer le repas face { la f<strong>en</strong>être<br />
panoramique, et mettre aut<strong>ou</strong>r de la table les deux fauteuils » Qu’elle<br />
montra du doigt.<br />
Elle fit un s<strong>ou</strong>rire au maitre d’hôtel p<strong>ou</strong>r le remercier, avant de s’<strong>en</strong><br />
ret<strong>ou</strong>rner rapidem<strong>en</strong>t vers la chambre à c<strong>ou</strong>cher.<br />
« Quand on est à Rome on doit se comporter comme les romains...Ainsi je<br />
dois bi<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir mon rôle » Au même mom<strong>en</strong>t elle se rep<strong>en</strong>tit d’avoir<br />
l’<strong>en</strong>semble qu’elle portait, logiquem<strong>en</strong>t cela aurait mieux valu de le mettre<br />
le l<strong>en</strong>demain. D’une façon <strong>ou</strong> d’une autre, elle v<strong>ou</strong>lait parader auprès de<br />
Nick avec sa n<strong>ou</strong>velle garde-robe. Elle avait hâte d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ses<br />
complim<strong>en</strong>ts.<br />
Natty r<strong>en</strong>dit grâce au ciel que la n<strong>ou</strong>velle mode <strong>en</strong> lingerie ne fut plus<br />
basée sur des sandales avec lanières de cuir et des strings mais des petites<br />
180
culottes qui maint<strong>en</strong>ant à la mode et millésimée lui offrait la possibilité d’ y<br />
<strong>en</strong>filer son v<strong>en</strong>tre bombé et ses vergetures derrière l’étiquette de la mode et<br />
non pas derrière celle des complexes !<br />
Après avoir accroché un s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong> gorge vert pâle avec bretelles beiges, elle<br />
glissa dans un pantalon ajusté et se recula p<strong>ou</strong>r se critiquer dans le miroir.<br />
Acc<strong>ou</strong>tumée aux g<strong>ou</strong>ts de Nick p<strong>ou</strong>r une forte luminosité et p<strong>ou</strong>r les murs<br />
c<strong>ou</strong>verts de glaces elle s’était habillée fin prête p<strong>ou</strong>r la mise { mort sans<br />
avoir { exposer sa poche de girafe. Elle savait qu’elle ne p<strong>ou</strong>vait plus se<br />
cacher…..sauf son v<strong>en</strong>tre et ses vergetures. Eh <strong>ou</strong>i ! Elle était grass<strong>ou</strong>illette,<br />
mais elle n’était pas flasque. Miracle <strong>ou</strong> belle destinée, elle était<br />
particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> proportionnée. Les plis et ballonnem<strong>en</strong>ts de Natty<br />
sortai<strong>en</strong>t de leur logem<strong>en</strong>t sans disgrâce et bi<strong>en</strong> répartis, même si le<br />
package global était accablant p<strong>ou</strong>r la plupart des hommes !<br />
Elle allait <strong>en</strong>core assumer l’épreuve. A mi chemin <strong>en</strong>tre le ciel et la terre,<br />
situé au onzième étage du Towers, avec sa f<strong>en</strong>être offrant une vue à 180°<br />
sur Manhattan la suite de Natty était <strong>en</strong> plein organisation. Natty demanda<br />
au serveur p<strong>en</strong>dant qu’il installait la table de bi<strong>en</strong> v<strong>ou</strong>loir éclairer le salon<br />
avec t<strong>ou</strong>s les chandeliers qu’il p<strong>ou</strong>rrait dégoter. S’ imaginant qu’avec un peu<br />
de chance Nick p<strong>ou</strong>vait préférer la lumière int<strong>en</strong>se d’une b<strong>ou</strong>gie, au lieu de<br />
l’éclairage d’un stade avec ses projecteurs de plusieurs c<strong>en</strong>taines de<br />
mégawatt v<strong>ou</strong>s aveuglant v<strong>en</strong>ant de ces éternels chandeliers <strong>en</strong> cristal, elle<br />
suivit son intuition. En levant la tête elle se demandait :<br />
« Mais p<strong>ou</strong>rquoi donc t<strong>ou</strong>s ces chandeliers <strong>en</strong> cristal ? On dirait que chaque<br />
fois que Nick réserve un <strong>en</strong>droit c’est p<strong>ou</strong>r me distiller t<strong>ou</strong>s ces mégawatt<br />
qui éclair<strong>en</strong>t mille fois trop la pièce. » Levant les bras au ciel <strong>en</strong> croisant les<br />
doigts elle invoqua les détestables chandeliers <strong>en</strong> prononçant comme une<br />
m<strong>en</strong>ace « Ne v<strong>en</strong>ez pas gâcher mon plaisir ! »<br />
« Bon, ce n’est pas t<strong>ou</strong>t…quel parfum ? Humm » dans un premier temps elle<br />
se massa le p<strong>ou</strong>ce du pied avec la crème p<strong>ou</strong>r le corps, la crème Absolu de<br />
chez <strong>La</strong>ncôme, on lui avait mis de grandes marques prestigieuses d’Institut,<br />
cela lui donna une bonne base p<strong>ou</strong>r t<strong>en</strong>ir le parfum le plus adapté qu’elle<br />
tamponnerait ingénieusem<strong>en</strong>t sur t<strong>ou</strong>tes les replis palpitant de son corps.<br />
Ayant laissé sa peau mordorée et d<strong>ou</strong>ce absorber ces produits hydratants,<br />
elle p<strong>ou</strong>vait maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>filer son élégant et séduisant cardigan si d<strong>ou</strong>x au<br />
181
t<strong>ou</strong>cher lequel lui arrivait jusqu’aux g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x. Bordé magnifiquem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>t<br />
aut<strong>ou</strong>r du tissu d’ une d<strong>ou</strong>ble épaisseur de volants plissés <strong>en</strong> soie, elle<br />
b<strong>ou</strong>tonna le devant quand à mi c<strong>ou</strong>rse elle ress<strong>en</strong>tit une caresse s<strong>ou</strong>fflée à<br />
la base de sa nuque légèrem<strong>en</strong>t c<strong>ou</strong>rbée. Les paupières al<strong>ou</strong>rdies, les<br />
g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x flageolant, elle s<strong>en</strong>tait Nick sans l’avoir <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du. Nick avait traversé<br />
le salon comme un léopard prêt à bondir sur sa proie. Il avait traversé le<br />
salon, la chambre p<strong>ou</strong>r ab<strong>ou</strong>tir dans un dressing, grand comme une étable,<br />
avec des boiseries <strong>en</strong> noyer, où il la tr<strong>ou</strong>va <strong>en</strong> train de s’habiller.<br />
Il la p<strong>ou</strong>ssa <strong>en</strong> avant une main sur sa poitrine et les lèvres posées avec<br />
avidité sur sa nuque. Elle savait parfaitem<strong>en</strong>t ce que faisait son autre main.<br />
Elle s<strong>en</strong>tit { travers son pantalon les s<strong>en</strong>sations qu’il épr<strong>ou</strong>vait. Bloquant<br />
ses g<strong>en</strong><strong>ou</strong>x p<strong>ou</strong>r redresser ses jambes, elle lui offrit sa vision favorite. <strong>La</strong><br />
silh<strong>ou</strong>ette de ses hanches arrondies et plus particulièrem<strong>en</strong>t dans cette<br />
position, faisait apparaitre sa taille plus fine.<br />
Elle s<strong>en</strong>tit { n<strong>ou</strong>veau que son désir ne s’était pas évan<strong>ou</strong>i au frottem<strong>en</strong>t<br />
contre ses fesses. Il la taquinait. Aucun d’eux n’avait prononcé une parole,<br />
cela n’était pas nécessaire. Les doigts puissant de Nick effleura le cont<strong>ou</strong>r de<br />
sa n<strong>ou</strong>velle petite culotte, p<strong>en</strong>sant ainsi accélérer chez elle l’effet du désir.<br />
Du même c<strong>ou</strong>p, à proximité de son « castor » il eut sa main imprégnée et<br />
parfumée d’un liquide ambré et tiède.<br />
Avec habitude, il baissa ses pantalons moites par-dessus ses mules <strong>en</strong> satin<br />
vert et à talons hauts.<br />
Une de ses mains fit une ferme pression sur son imposante soyeuse cr<strong>ou</strong>pe,<br />
tandis que l’autre sur son bas dos, confirmait son désir de la voir garder<br />
cette position. Il était le maitre et elle vivait l’un de ses fantasmes.<br />
« Aah ! Tu es belle »<br />
« Comm<strong>en</strong>t peux tu dire cela, l{ d’où tu es placé ? »<br />
Natty aurait pu se donner un c<strong>ou</strong>p de pied p<strong>ou</strong>r avoir lâcher ces paroles.<br />
Mais ses jambes étai<strong>en</strong>t autrem<strong>en</strong>t occupées, Dieu soit l<strong>ou</strong>é !<br />
« Oh mon Dieu…Oh mon Dieu »<br />
182
Cette fois ci Natty se disp<strong>en</strong>sa de parler mais ne cessait pas de s<strong>ou</strong>rire <strong>en</strong><br />
p<strong>en</strong>sant …<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi s<strong>en</strong>t il l’obligation de se répéter. Je suis sûre que le bon Dieu l’<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du la première fois. »<br />
T<strong>ou</strong>t à son plaisir, Nick s’acc<strong>ou</strong>pla avec vigueur, dureté et profondém<strong>en</strong>t<br />
jusqu’{ ce qu’ils s’évan<strong>ou</strong>iss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trelacés sur le sol.<br />
Quelques minutes plus tard Natty comm<strong>en</strong>ça à émerger, le v<strong>en</strong>tre <strong>en</strong>f<strong>ou</strong>i<br />
dans la profonde et d<strong>ou</strong>ce moquette de laine, la tête t<strong>ou</strong>rnée sur le coté dont<br />
les lèvres et le m<strong>en</strong>ton se reposai<strong>en</strong>t dans la paume de la main de Nick.<br />
« Tu sais n<strong>ou</strong>s sommes dans un dressing….pas p<strong>ou</strong>r dresser nos corps dans<br />
le dressing »<br />
Tandis que Nick ress<strong>en</strong>tit son s<strong>ou</strong>rire dans la paume de sa main il rétorqua<br />
sur ses jeux de mots.<br />
« Dans ce cas, mets toi deb<strong>ou</strong>t sur le canapé lit »<br />
« Je veux bi<strong>en</strong> mais p<strong>ou</strong>rquoi me mettre deb<strong>ou</strong>t sur le sofa ? »<br />
P<strong>ou</strong>r voir ton c lit torride…Je veux le voir de la dess<strong>ou</strong>s p<strong>en</strong>dant que tu es<br />
sur scène et que tu ti<strong>en</strong>s la position comique ! »<br />
Elle réalisa avec délice qu’il utilisait seulem<strong>en</strong>t des phrases p<strong>ou</strong>r faire des<br />
calemb<strong>ou</strong>rs…Il utilisait le langage comme une plaisanterie. Cela diffusait<br />
l’int<strong>en</strong>sité des vibrations sexuelles qui émanait de lui.<br />
Ce n’était pas <strong>en</strong>core l’heure p<strong>ou</strong>r diner. En t<strong>ou</strong>t cas, pas { table !<br />
Natty prit la pose d’un guerrier <strong>en</strong> Amazone. Les jambes de coté, les mains<br />
sur les hanches, le m<strong>en</strong>ton <strong>en</strong> avant donnant l’impression d’une grande<br />
détermination far<strong>ou</strong>che, Nick du sol regardait vers le ciel cette appar<strong>en</strong>ce<br />
guerrière <strong>en</strong> petite t<strong>en</strong>ue. Il proclama :<br />
« Ta férocité est furieusem<strong>en</strong>t excitante ! Et ils éclatèr<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les deux de<br />
rire.<br />
A cet instant son téléphone se mit à sonner et à la sonnerie il savait que<br />
c’était son beau père qui l’appelait.<br />
183
T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> aidant Natty à desc<strong>en</strong>dre de son perchoir, il lui intima, après l’avoir<br />
c<strong>ou</strong>verte de sa chemise, d’aller s’ét<strong>en</strong>dre sur l’autre canapé le temps qu’il <strong>en</strong><br />
finisse avec son appel. <strong>La</strong>issée à elle-même p<strong>en</strong>dant au moins vingt minutes<br />
p<strong>en</strong>dant que son amant parti au fin fonds de la suite pr<strong>en</strong>ait<br />
consci<strong>en</strong>cieusem<strong>en</strong>t des notes. Natty mémorisait les évènem<strong>en</strong>ts qui selon<br />
elle allai<strong>en</strong>t arriver. Elle se passait son propre film « Les deux j<strong>ou</strong>rs les plus<br />
beaux » p<strong>ou</strong>r rester dans cette torpeur rêveuse, quand son oreille saisit des<br />
mots qui lui étai<strong>en</strong>t adressés :<br />
« Ma pétale de rose….tes vœux sont des ordres. Dis moi ce que tu veux<br />
manger, p<strong>en</strong>dant que tu te prélasseras dans le bain…p<strong>ou</strong>r moi ce sera te<br />
dévorer, te posséder, t’admirer et plonger mes yeux au plus profond des<br />
ti<strong>en</strong>s. »<br />
« Stop p<strong>en</strong>dant que tu y es » dit elle <strong>en</strong> riant « Commande moi des huitres,<br />
je les pr<strong>en</strong>drai dans le bain…Elle sont étanches au cas <strong>ou</strong> il <strong>en</strong> échapperait<br />
une de ta pogne…par malchance !! »<br />
Une soirée à être aux anges, heureuse et complète sur la plan sexuel qui se<br />
dér<strong>ou</strong>lait dans l’alternance <strong>en</strong>tre des désirs r<strong>en</strong><strong>ou</strong>velés, <strong>en</strong>trec<strong>ou</strong>pés<br />
d’interludes <strong>en</strong>sommeillés.<br />
431<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi donc je ne peux profiter du bonheur du mom<strong>en</strong>t ? » Natty était<br />
maint<strong>en</strong>ant déçue car la position de s’<strong>en</strong>dormir loin d’être les bras dans les<br />
autres se résumai<strong>en</strong>t à un dos à dos. Cela ne collait pas avec l’<strong>en</strong>vie de<br />
Natty d’un mode idéal de dormir avec un amant, et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />
avec un n<strong>ou</strong>vel amant. Ceci était p<strong>ou</strong>r elle un signe défavorable qui flottait<br />
dans son esprit, mais le sommeil la gagna sans p<strong>ou</strong>rsuivre cette p<strong>en</strong>sée<br />
négative ;<br />
432<br />
A 6h 30 Natty ress<strong>en</strong>tit un vide. Ouvrant les yeux, au lieu de voir la tête avec<br />
de beaux cheveux noirs sur un c<strong>ou</strong>ssin elle déc<strong>ou</strong>vrit une note stabilisée par<br />
une huitre.<br />
« Ma première réunion comm<strong>en</strong>ce à 7h. Je te rejoindrai p<strong>ou</strong>r le petit<br />
déjeuner vers 10 heures.<br />
184
P<strong>en</strong>sant qu’il était évid<strong>en</strong>t qu’il volait du temps { son travail p<strong>ou</strong>r être avec<br />
elle, elle ress<strong>en</strong>ti du plaisir d’avoir eu ainsi l’accord sur son SMS demandant<br />
plus de temps <strong>en</strong>tre eux.<br />
432 à 439<br />
Trop excitée par les évènem<strong>en</strong>ts qu’elle v<strong>en</strong>ait de vivre, Natty prit son bloc<br />
note, s’installa <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant 6 c<strong>ou</strong>ssins <strong>ou</strong> oreillers qui trainai<strong>en</strong>t sur le lit <strong>ou</strong><br />
à proximité, et se mit à lister t<strong>ou</strong>tes ses émotions. Elle aimait faire cela car<br />
elle revivait chaque instant, elle se congratulait de p<strong>ou</strong>voir ainsi se<br />
remémorer, revivre, ce qu’elle avait vécu <strong>en</strong> l’écrivant. Elle adorait utiliser<br />
les techniques de la Loi de l’Attraction. Elle dev<strong>en</strong>ait son propre génie.<br />
Natty était <strong>en</strong> chaleur. Il n’ y avait pas d’autre mot p<strong>ou</strong>r décrire ses pulsions<br />
internes. Nick avait réveillé ses nerfs <strong>en</strong>dormis au sein de son mont de<br />
Vénus. Dès qu’elle voyait une photographie d’un c<strong>ou</strong>ple dans un position<br />
non équivoque elle montait au zénith. Cela faisait plus d’un an qu’elle<br />
n’avait pas vit une vie aussi sexuelle. Son dernier amant n’avait pas usé de<br />
mines anti personnelles, il était donc facile p<strong>ou</strong>r elle d’avoir mis <strong>en</strong> stand by<br />
ses valvules. Mais depuis son dernier séj<strong>ou</strong>r de vingt quatre heures à New<br />
York, les attributs <strong>en</strong> confiance de Nick avait sublimé ses s<strong>en</strong>sations dans de<br />
multiples orgasmes. Elle <strong>en</strong> avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler mais n’avait jamais vécu<br />
une telle expéri<strong>en</strong>ce. « T<strong>ou</strong>t est si différ<strong>en</strong>t après… Il ne faut pas s’étonner<br />
que des femmes devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t folle p<strong>ou</strong>r un homme responsable de ce plaisir<br />
qui devi<strong>en</strong>t comme une drogue »<br />
Sans faire d’efforts particuliers ils tombèr<strong>en</strong>t dans l’épicurisme<br />
hédonistique au c<strong>ou</strong>rs de leur r<strong>ou</strong>tine am<strong>ou</strong>reuse digne d’un marathon.<br />
Nick du faire un saut au bureau p<strong>en</strong>dant deux heures, le temps qu’elle<br />
s’éveillât. Vers 9h 45 il prétexta auprès de sa secrétaire de devoir aller faire<br />
des exercices et des massages <strong>en</strong> prévision des futures semaines où les<br />
matches devai<strong>en</strong>t se succéder régulièrem<strong>en</strong>t.<br />
« Je serai de ret<strong>ou</strong>r après le déjeuner, v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez me joindre sur mon<br />
portable si c’est important. »<br />
« Les exercices physiques avec Natty r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t ma capacité cardiovasculaire…<br />
» S’esclaffa Nick avec satisfaction !<br />
185
Prisonniers l’un l’autre par leur complicité sexuelle, ils allai<strong>en</strong>t accélérer<br />
leurs jeux p<strong>en</strong>dant les 4 heures à v<strong>en</strong>ir. <strong>La</strong> suite de Nick avait t<strong>ou</strong>s miroirs<br />
qu’il fallait ! Mais cette fois ci…Aah !! Natty avait fait feu de t<strong>ou</strong>s ses at<strong>ou</strong>rs<br />
vestim<strong>en</strong>taires. Un bustier corseté beige élégant <strong>en</strong> soie verte, attaché d’un<br />
ruban de soie blanc dans le dos et devant, m<strong>ou</strong>lant son torse à la manière<br />
de Rub<strong>en</strong>s. Ses l<strong>ou</strong>rds seins laiteux étai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> s<strong>ou</strong>t<strong>en</strong>us tandis qu’un<br />
volant de d<strong>en</strong>telle s<strong>ou</strong>lignait de façon soignée son mont de V<strong>en</strong>us. Nick ne<br />
p<strong>ou</strong>vait résister { balader sa main du haut de son bas jusqu’au plus profond<br />
de sa féminité. Deb<strong>ou</strong>t les yeux dans les yeux, leur langue n’était que le seul<br />
li<strong>en</strong> qui les connectait. Celles-ci œuvrai<strong>en</strong>t passionném<strong>en</strong>t du fin fond de<br />
leur gorge jusqu’{ l’intérieur des lèvres. Les petites morsures sur les lèvres<br />
provoquai<strong>en</strong>t de petits gémissem<strong>en</strong>ts qui étai<strong>en</strong>t le seul indice de l’effet<br />
produit par leurs baisers. Natalia ne fut pas surprise de s<strong>en</strong>tir son sexe<br />
rebondir vers le si<strong>en</strong>.<br />
Elle avait appris rapidem<strong>en</strong>t l’art de « s’habiller p<strong>ou</strong>r le petit déjeuner » au<br />
lieu de « s’habiller p<strong>ou</strong>r le diner ».<br />
Il était plus compliqué de paraitre une beauté naturelle que de se faire un<br />
maquillage, p<strong>en</strong>sa t’elle. Elle s’était préparée dans le rituel de « <strong>La</strong> femme<br />
offerte et possédée ». Ne v<strong>ou</strong>lant pas être dérangé par le service d’étage le<br />
déjeuner consista { utiliser les restes du petit déjeuner… Natty offrit sa<br />
cr<strong>ou</strong>pe blanche <strong>en</strong> guise d’un plat du service <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t … !<br />
« Etale la confiture sur une j<strong>ou</strong>e et pose les tranches de kiwi sur l’autre<br />
j<strong>ou</strong>e ». Elle s’étonnait de son propre dévergondage ! Elle savait qu’elle avait<br />
émerveillé son amant dans son petit jeu. Nick n’avait pas besoin d’être<br />
supplié….<br />
433<br />
« Pétale, j’ai dévoré ton joli petit cul, mais comme depuis tu n’as ri<strong>en</strong> eu { te<br />
mettre s<strong>ou</strong>s la d<strong>en</strong>t, je vais te laisser un peu d’arg<strong>en</strong>t sur la table afin que tu<br />
puisses te tr<strong>ou</strong>ver un petit quelque chose à manger. Je suis sûr que tu<br />
choisiras de délicieux amuse gueule bi<strong>en</strong> grossissant. Je te veux t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
bi<strong>en</strong> ronde p<strong>ou</strong>r moi ! »<br />
186
P<strong>en</strong>dant ce temps Nick arriva { proximité d’une petite table près de la<br />
f<strong>en</strong>être et aj<strong>ou</strong>ta : « Et comme tu as quelques heures de liberté p<strong>ou</strong>rquoi<br />
n’irais tu pas faire un peu de shopping histoire de me faire une surprise ce<br />
soir <strong>en</strong> me montrant des am<strong>ou</strong>rs de petites fringues. Voilà ma seule<br />
condition… Il faudra t<strong>ou</strong>t porter. Il n’ ya pas le moindre millimètre de ta<br />
peau voluptueuse qui ne soit mi<strong>en</strong>ne. » Lui s<strong>ou</strong>fflant de la main un énorme<br />
baiser dont le bruit traversa le salon puis la chambre, Nick s’<strong>en</strong>vola, fermant<br />
la porte derrière lui.<br />
Se vautrant dans les draps blancs amidonnés, elle sav<strong>ou</strong>rait par un ret<strong>ou</strong>r<br />
<strong>en</strong> arrière les dernières heures éc<strong>ou</strong>lées, avant de jaillir du lit. Vingt<br />
minutes plus tard, maquillée et habillée elle balança son sac sur ses épaules<br />
et fit un dét<strong>ou</strong>r vers la table p<strong>ou</strong>r ramasser l’arg<strong>en</strong>t laissé par Nick p<strong>ou</strong>r son<br />
déjeuner.<br />
Elle resta b<strong>ou</strong>che bée et sans att<strong>en</strong>dre elle appela Nick. « Plaisante-tu ? Estce<br />
de la fausse monnaie ?<br />
Le ton de Nick était celui des affaires… « Je croyais avoir été assez explicite<br />
après tes tapas tu devais acheter t<strong>ou</strong>t ce qu’il faut p<strong>ou</strong>r c<strong>ou</strong>vrir la statue. J’ai<br />
totalem<strong>en</strong>t confiance dans ton goût alors vas y. OK ? » Sans att<strong>en</strong>dre la<br />
réponse de Natty, Nick avait dit au revoir et avait raccroché. Il eut été<br />
impossible que sa secrétaire puisse deviner qu’il avait parlé { une femme<br />
avec laquelle il v<strong>en</strong>ait de c<strong>ou</strong>cher.<br />
Natty s’affaissa dans le fauteuil, et fixa sa poignée pleine de billets de<br />
banque avant de compr<strong>en</strong>dre qu’elle comptait avec des billets de 500 et<br />
mille dollars.<br />
« 18-19-20…Vingt mille dollars ! Et il veut que je dép<strong>en</strong>se t<strong>ou</strong>t cela. » Elle<br />
leva la jambe aussi haute qu’elle p<strong>ou</strong>vait, d’une voix profonde, mais <strong>en</strong> plein<br />
dans son excitation elle se mit à chanter la chanson « Hey Big Sp<strong>en</strong>der »<br />
dans Sweet Charity de Shirley Bassey.<br />
« J’ai besoin de faire le plein avant de p<strong>en</strong>ser { quoique ce soit. Je vais me<br />
faire le restaurant bio qui se tr<strong>ou</strong>ve au s<strong>ou</strong>s sol de l’immeuble de Columbus<br />
Circle ». L’étalage de condim<strong>en</strong>ts de t<strong>ou</strong>te nature ne laissait plus { la<br />
cli<strong>en</strong>tèle que de suivre la devise : Choisi, Pr<strong>en</strong>ds et Mange, dans ce temple<br />
d’Ali Baba. Assise ayant déposé son plateau débordant de maints canapés,<br />
elle tripota son IPhone p<strong>ou</strong>r dégoter quelques idées sur les <strong>en</strong>droits où elle<br />
187
p<strong>ou</strong>rrait passer les trois pauvres heures qui lui restai<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r dép<strong>en</strong>ser ses<br />
20 000 $. Alors qu’elle naviguait sur le net dans ce but, elle s<strong>en</strong>tit une<br />
prés<strong>en</strong>ce l’observant. Elle leva d’un c<strong>ou</strong>p ses yeux de l’écran p<strong>ou</strong>r jeter un<br />
regard circulaire sur les tables voisines de la si<strong>en</strong>ne. Ne remarquant<br />
personne de connu elle haussa les épaules et repris sa recherche sur le net.<br />
« Je ferai mieux de me cont<strong>en</strong>ter à une seule b<strong>ou</strong>tique. »<br />
Elle avait follem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie d’aller { B<strong>en</strong>dels, mais elle n’était pas certaine<br />
qu’il y avait un comptoir adapté aux femmes nécessitant des vêtem<strong>en</strong>ts de<br />
large taille et elle ne v<strong>ou</strong>lait pas pr<strong>en</strong>dre le risque de gâcher son temps, de<br />
ce fait elle décida d’honorer Macy’s avec le cash de Nick. Natty déambulant<br />
<strong>en</strong>tre le secteur de la lingerie p<strong>ou</strong>r femme forte et celui des designers de<br />
bij<strong>ou</strong>x marquait une satisfaction éclatante de bonheur.<br />
Nick lui avait donné t<strong>ou</strong>t cet arg<strong>en</strong>t d’une manière si légère et amusante<br />
qu’il lui avait évité une attaque de culpabilité judéo-chréti<strong>en</strong>ne ! Cela<br />
l’autorisait { sa folie dép<strong>en</strong>sière hédoniste, une grande indulg<strong>en</strong>ce lui<br />
comblait son bonheur. Vers 18h 00, elle s’était offerte deux spl<strong>en</strong>dides<br />
t<strong>en</strong>ues de soirée, un joli manteau d’été et la dernière bague de chez Dior.<br />
Elle eu la chance de tr<strong>ou</strong>ver un <strong>en</strong>semble de lingerie de la Perla<br />
ét<strong>ou</strong>rdissante avec un s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong> gorge suffisamm<strong>en</strong>t grand vv p<strong>ou</strong>r loger sa<br />
poitrine. Elle acheta cet <strong>en</strong>semble <strong>en</strong> quatre c<strong>ou</strong>leurs ! En se dirigeant vers<br />
la sortie de chez Macy’s ses yeux tombèr<strong>en</strong>t sur un magnifique jersey de<br />
soie noire { longues manches f<strong>en</strong>due devant et derrière jusqu’{ mi cuisse.<br />
Succombant { son caprice elle <strong>en</strong> fit l’acquisition. Cette simili chemise de<br />
nuit allait dev<strong>en</strong>ir sa « Pièce de Résistance ». Son goût irréfrénable p<strong>ou</strong>r la<br />
guignolade lui fit mordre { l’hameçon. Natty eut s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>vie<br />
d’appeler sa mère. Elle posa t<strong>ou</strong>s ses paquets sur le comptoir de la Caisse puis<br />
composa le numéro de sa maman. Elle devait déjà être au lit, car <strong>en</strong> France il<br />
était déjà minuit. Mais la voix de sa mère fut audible.<br />
« Maman, je t’aime, je vi<strong>en</strong>s juste de t’acheter la plus belle sortie de bain de<br />
chez Hermès. Je te la donnerai dès mon ret<strong>ou</strong>r qui est très proche. Disons dans<br />
quelques j<strong>ou</strong>rs. Je dois quitter. Je vais bi<strong>en</strong>. Je t’embrasse, je t’aime. Bye »<br />
T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> faisant la queue à la Caisse elle cru revivre à ce mom<strong>en</strong>t là du –déjà<br />
vu-. Glacée sur le c<strong>ou</strong>p elle essaya d’<strong>en</strong>visager ce qui allait se passer dans le<br />
proche futur. Mais s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t un visage familier attira son att<strong>en</strong>tion. Elle<br />
se fit viol<strong>en</strong>ce p<strong>ou</strong>r mettre un nom sur son visage, au mom<strong>en</strong>t où il était <strong>en</strong><br />
188
train d’aider une femme assez âgée { passer la porte principale du magasin,<br />
quand la caissière déplaça son att<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> lui demandant quelle carte elle<br />
allait utilisé p<strong>ou</strong>r régler ses achats.<br />
De ret<strong>ou</strong>r dans sa suite, Natty avait s<strong>ou</strong>ligné le s<strong>en</strong>s d’une chemise de nuit<br />
v<strong>ou</strong>ée à la sexualité !!! Natty et la femme de chambre s’amusai<strong>en</strong>t follem<strong>en</strong>t<br />
de la bêtise de c<strong>ou</strong>dre 30 différ<strong>en</strong>ts préservatifs éparpillés comme des<br />
cadeaux sur un arbre de Noël sur sa n<strong>ou</strong>velle nuisette. Les 30 « cadeaux »<br />
<strong>en</strong>veloppés par du papier cellophane transpar<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t attachés par des<br />
rubans de c<strong>ou</strong>leur vive. <strong>La</strong> femme de chambre n’était même pas surprise<br />
par sa demande tant elle avait déjà vu dans cet hôtel des demandes aussi<br />
farfelues. Plus les g<strong>en</strong>s sont riches plus ils ont des goûts un peu spécieux.<br />
Mais cette femme avait le s<strong>en</strong>s de la rigolade. Elle tr<strong>ou</strong>vait l’idée de Natty<br />
assez géniale. Elle s’était même un peu confié { Natty <strong>en</strong> lui demandant ce<br />
qu’elle p<strong>ou</strong>rrait offrir { son petit ami p<strong>ou</strong>r son anniversaire.<br />
Sans marquer d’hésitation Natty eut une idée qui lui vint de nulle part.<br />
P<strong>ou</strong>rsuivant l’ idée qui lui arrivait par flots dans son imagination elle dit { la<br />
femme de chambre dans une voix pianissimo :<br />
« Habillez v<strong>ou</strong>s avec vos dess<strong>ou</strong>s de la façon la plus sexiste et faites appel à<br />
une société d’emballage p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s mettre dans un de leur gros carton qu’ils<br />
utilis<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r expédier des statues. Une fois dans la boite n’<strong>ou</strong>bliez pas de<br />
faire des tr<strong>ou</strong>s dans le carton d’emballage p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir respirer ! N’<strong>ou</strong>bliez<br />
pas de donner { cette compagnie d’emballage 4 <strong>ou</strong> 5 gros nœuds <strong>en</strong> ruban<br />
et demandez leur de décorer l’extérieur du paquet cadeau avec cela, une<br />
fois que v<strong>ou</strong>s y serez. Et si j’étais v<strong>ou</strong>s, remplissez, là où v<strong>ou</strong>s êtes avant de<br />
fermer avec des c<strong>en</strong>taines de mini ballons multicolores <strong>en</strong> latex et <strong>en</strong> y<br />
aj<strong>ou</strong>tant un gros sac de confetti. Donc, une fois livré au domicile de votre<br />
chéri au mom<strong>en</strong>t du petit déjeuner…Remplissez votre main d’une grosse<br />
poignée de confetti à lui jeter au visage au mom<strong>en</strong>t où il va <strong>ou</strong>vrir votre<br />
boite !<br />
<strong>La</strong> femme de chambre éberluée cessa immédiatem<strong>en</strong>t de c<strong>ou</strong>dre. Quand<br />
Natty eut fini, la petite employée de l’hôtel sauta de joie <strong>en</strong> s’exclamant :<br />
« Je ne peux att<strong>en</strong>dre de voir sa réaction….Ce sera l’anniversaire qu’il ne<br />
p<strong>ou</strong>rra jamais <strong>ou</strong>blier »<br />
189
Est-ce le mot « visage » <strong>ou</strong> le mot « s<strong>ou</strong>vi<strong>en</strong>s-toi » qui ont foré jusqu’au<br />
b<strong>ou</strong>ton de son disque dur de sa mémoire du subconsci<strong>en</strong>t ? En t<strong>ou</strong>t cas la<br />
lumière incandesc<strong>en</strong>te de sa mémoire s’alluma aussitôt. C’était bi<strong>en</strong><br />
l’homme qu’elle avait vu sur l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t visionné { la police !<br />
Il était 19h10 quand Natty et sa complice avait achevé la c<strong>ou</strong>ture des<br />
préservatifs sur sa t<strong>en</strong>ue de nuit. Ce n’était pas de la « Haute C<strong>ou</strong>ture » mais<br />
de la « Haute Rigolade » Elle avait <strong>en</strong>visagé de faire l’impasse sur le diner <strong>en</strong><br />
s’excusant et de glisser dans sa t<strong>en</strong>ue de nuit négligée et curieusem<strong>en</strong>t<br />
personnalisée. Mais comme Nick lui avait fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre qu’il ne serait pas de<br />
ret<strong>ou</strong>r dans la suite avant 20 heures, elle s’habilla dans un de ses jogging et<br />
partit p<strong>ou</strong>r une c<strong>ou</strong>rte prom<strong>en</strong>ade dans C<strong>en</strong>tral Park. Elle atteignit le zoo<br />
p<strong>ou</strong>r <strong>en</strong>fants. Elle avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs pris plaisir à se balader au milieu de cet<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t adorable. De plus ces visages nickel des <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> pleine<br />
extase lui avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs réchauffé le cœur par une puissante résurg<strong>en</strong>ce de<br />
t<strong>en</strong>dresse.<br />
A l’instant où elle jetait un œil contre la vitre d’une cage destiné de façon<br />
paradisiaque à des serp<strong>en</strong>ts, son sang se glaça. Non pas à cause des<br />
serp<strong>en</strong>ts…mais par l’image réfléchie qui apparut dans la vitre où elle<br />
reconnut l’homme qu’elle avait déj{ repéré chez Macy’s.<br />
« Il n’ y a pas de coïncid<strong>en</strong>ce possible » T<strong>ou</strong>rnant aussitôt les talons <strong>en</strong><br />
évitant de croiser son regard, elle prit la p<strong>ou</strong>dre d’escampette <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>rant<br />
vers sa suite p<strong>ou</strong>r y tr<strong>ou</strong>ver la sécurité.<br />
« Trop tard » Boris avait comprit qu’elle l’avait repéré. Seule une biche<br />
effar<strong>ou</strong>chée p<strong>ou</strong>vait c<strong>ou</strong>rir ainsi ! Il lutta dans une guerre dichotomique de<br />
ses s<strong>en</strong>s. Une partie de lui v<strong>en</strong>ait de pr<strong>en</strong>dre la dose p<strong>ou</strong>r satisfaire le fait<br />
d’être accroc d’elle. Il avait approché si près de sa sirène ! Mais son coté<br />
professionnel froid dev<strong>en</strong>u furieux le t<strong>en</strong>aillait de s’être fait pr<strong>en</strong>dre aussi<br />
facilem<strong>en</strong>t et bêtem<strong>en</strong>t. Il réalisa la nécessité de se repr<strong>en</strong>dre, et qu’il n’était<br />
pas le mom<strong>en</strong>t de sombrer dans ses rêves am<strong>ou</strong>reux.<br />
Il était convaincu { 100% que Nick <strong>La</strong>ssifar était l’amant de Natalia Petlah.<br />
Il <strong>en</strong> aurait la preuve indubitable dès ce soir. En effet, il avait au moins<br />
réussi à lui placer un micro dans son sac au mom<strong>en</strong>t où elle s’empiffrait de<br />
ses achats vestim<strong>en</strong>taires. Il marcha derrière elle dans une allée gr<strong>ou</strong>illant<br />
de femmes acheteuses , il fixa fermem<strong>en</strong>t grâce { la base adhésive d’une<br />
190
puce micro dont la durée de vie n’excédait pas d<strong>ou</strong>ze heures, sachant que<br />
l’on p<strong>ou</strong>vait l’activer au moins p<strong>en</strong>dant deux semaines. Ce dispositif p<strong>ou</strong>vait<br />
émettre jusqu’{ une distance de 20 mètres. Son prix de $ 2000,00 était fort<br />
peu cher eu égard à ses performances. Quant à Nick, il était suivi 24 h sur<br />
24.<br />
« Nick, je suis particulièrem<strong>en</strong>t apeurée. S<strong>ou</strong>vi<strong>en</strong>s toi je t’ai parlé il y a<br />
quelques j<strong>ou</strong>rs que j’avais vu un visage non inconnu sur l’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t<br />
visionné { la police. Il s’avère, je te le jure que je l’ai vu deux fois<br />
auj<strong>ou</strong>rd’hui. <strong>La</strong> première fois quand j’étais chez Macy’s et sur le mom<strong>en</strong>t je<br />
n’avais pas réalisé qui c’était, mais je l’ai revu <strong>en</strong>core au zoo »<br />
« Au zoo mais qu’est ce que tu f<strong>ou</strong>tais au zoo ? »<br />
« Nick ne t’occupes pas de savoir ce que je faisais au zoo…car ce qui est<br />
important c’est de l’avoir vu deux fois ce j<strong>ou</strong>r et égalem<strong>en</strong>t de l’autre coté de<br />
l’océan. Cela dépasse t<strong>ou</strong>t probabilité de coïncid<strong>en</strong>ce <strong>ou</strong> de synchronisme. »<br />
Pr<strong>en</strong>ant Natty dans ses bras et tapotant sa tête g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t il réussit à la<br />
calmer. Elle était dans un tel état de nerfs ! Il p<strong>ou</strong>vait juger à quel point elle<br />
était effrayé. Sur le c<strong>ou</strong>p, il fut <strong>en</strong>vahi par son s<strong>en</strong>s protectionniste, <strong>en</strong><br />
voyant cette femme paraissant si invincible et optimiste réduite à pleurer et<br />
trembler. Il perdit rapidem<strong>en</strong>t ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Il était l{ p<strong>ou</strong>r s’amuser et faire<br />
des jeux à deux et non pas p<strong>ou</strong>r céder au moindre processus émotionnel<br />
quelque soit la cause. Mais néanmoins ses ant<strong>en</strong>nes avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>registré un<br />
danger pot<strong>en</strong>tiel si Natty avait bi<strong>en</strong> été traqué <strong>ou</strong> suivi.<br />
Natty mon petit agneau, j’ai déj{ mis quelqu’un sur ce problème. J’ai pris de<br />
suite ton problème au sérieux dés que tu as comm<strong>en</strong>cé à flipper la dessus<br />
l’autre j<strong>ou</strong>r quand tu m’as appelé <strong>en</strong> pleine panique.<br />
Natty fut complètem<strong>en</strong>t ret<strong>ou</strong>rnée. Elle n’avait pas imaginé qu’il puisse lui<br />
porter att<strong>en</strong>tion. Elle n’était pas sur le point de dire quoi que ce soit, mais<br />
elle se p<strong>en</strong>sa <strong>en</strong> elle même, qu’elle j<strong>ou</strong>ait admirablem<strong>en</strong>t son rôle de<br />
maitresse. Et qu’elle allait lui donner une panoplie d’explosion sexuelle de<br />
biche p<strong>ou</strong>r son chevreuil !<br />
Elle n’avait pas été capricieuse au point de l’<strong>en</strong>nuyer, elle ne l’avait jamais<br />
dérangé { l’exception du mom<strong>en</strong>t où elle fut prise de peur au sujet de cette<br />
filature. Mais Nick avait mis le Hola sur ses craintes puis qu’il avait pris son<br />
191
problème { bras le corps, jusqu’au mom<strong>en</strong>t où il aj<strong>ou</strong>ta : Je ne veux pas te<br />
mettre mal { l’aise sans nécessité, ce qui explique que j’ai réagi sans t’<strong>en</strong><br />
causer. Mais je dois av<strong>ou</strong>er que je suis suivi égalem<strong>en</strong>t. Je suis prêt à jurer<br />
que c’est quelqu’un de ma société qui a des visés sur mon poste. Je saurai<br />
bi<strong>en</strong>tôt de qui il s’agit. J’ai un détective qui n<strong>ou</strong>s suit t<strong>ou</strong>s les deux. Il est <strong>en</strong><br />
charge de savoir qui n<strong>ou</strong>s suit p<strong>ou</strong>r de bon ! Tu vois un carr<strong>ou</strong>sel…<br />
Es tu d’accord ? et lui fit un clin d’œil p<strong>ou</strong>r la rassurer ! Au lieu de cela il<br />
avait seulem<strong>en</strong>t réussi à <strong>ou</strong>vrir un rideau devant ses yeux. Elle voyait<br />
clairem<strong>en</strong>t qu’il était <strong>en</strong> fait préoccupé que par lui-même. Il ne cherchait pas<br />
du t<strong>ou</strong>t à la protéger, il visait seulem<strong>en</strong>t à régler ses propres affaires.<br />
436<br />
Glacial, égoc<strong>en</strong>trique, égoïste bref fils de pute p<strong>en</strong>sa t’elle une seconde<br />
avant de se dire qu’elle était peut être un peu dur <strong>en</strong>vers lui. Et même s’il<br />
était ce qu’elle avait p<strong>en</strong>sé, elle devait se s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>ir qu’elle n’était l{ que p<strong>ou</strong>r<br />
la prom<strong>en</strong>ade, une prom<strong>en</strong>ade dans le luxe. Elle s’éclatait avec un homme<br />
qui il faut le reconnaitre adorait totalem<strong>en</strong>t son corps. <strong>La</strong> capacité p<strong>ou</strong>r la<br />
première fois dans sa vie d’user de son p<strong>ou</strong>voir corporel et féminin comme<br />
d’un <strong>ou</strong>til. « Ok…OK Je ne suis peut-être pas Madame de Maint<strong>en</strong>on, mais je<br />
profite un maximum de ce que beauc<strong>ou</strong>p d’autres femmes ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t quand<br />
elle use de leur corps et de leur esprit comme un aimant sexuel.<br />
439<br />
Vers huit heures Boris assis dans son fauteuil alluma l’<strong>en</strong>registreur avant<br />
d’<strong>en</strong>cl<strong>en</strong>cher la mise <strong>en</strong> r<strong>ou</strong>te du micro placé dans le sac de Natty. Il fut<br />
t<strong>ou</strong>ché au cœur dès qu’il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit la voix de Natty infiltrant ses s<strong>en</strong>s. Il<br />
réalisa <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre qu’il était malade d’épr<strong>ou</strong>ver une telle horrible jal<strong>ou</strong>sie<br />
alors qu’elle ne connaissait même pas son nom et avec un peu de chance<br />
<strong>en</strong>core moins son exist<strong>en</strong>ce, il prit consci<strong>en</strong>ce du danger que cela<br />
représ<strong>en</strong>tait à v<strong>ou</strong>loir faire perdurer cette affinité p<strong>ou</strong>r elle.<br />
« Oh mon Dieu…Oh mon Dieu. Tu es irrésistible. Vi<strong>en</strong>s, montre moi plus »<br />
« A un petit b<strong>ou</strong>t peu { peu…tire sur ce ruban… »<br />
« Oh …laisse moi porter ton sein…Ohh il est si l<strong>ou</strong>rd…Ooh montre moi les<br />
deux <strong>en</strong>semble…Oh mon Dieu…Oh mon Dieu ».<br />
192
Boris était ahuri de voir comm<strong>en</strong>t des hommes p<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ir aussi<br />
tarte quand il avait un peu d’excitation sexuel. Il avait l{, un homme très<br />
sophistiqué, un homme d’affaires international, qui faisait des disc<strong>ou</strong>rs lors<br />
de confér<strong>en</strong>ce et même des interviews sur CNN et stations de radio. Mais il<br />
ne p<strong>ou</strong>vait même pas tirer une phrase cohér<strong>en</strong>te face à sa drôle de<br />
maitresse.<br />
441 à 445<br />
441-442-443<br />
« Hola Patron » Linda clignait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs des yeux. C’était même plutôt un tic<br />
qu’elle avait. Mais c’était si prometteur. Ses clin d’œil lui faisait s<strong>ou</strong>rire le<br />
cœur.<br />
« Voil{ le rapport que v<strong>ou</strong>s m’avez demandé de rassembler sur Madame<br />
<strong>La</strong>ssifar. Il n’est pas passionnant mais il y a t<strong>ou</strong>t dedans. Et l’écran est <strong>en</strong><br />
place ur le mur dans la salle des Opérations. Votre café est servi sur le bord<br />
de votre bureau…Je v<strong>ou</strong>s vois { midi. Si v<strong>ou</strong>s avez besoin de moi sifflez moi,<br />
si v<strong>ou</strong>s ne savez pas siffler s<strong>ou</strong>ffler sur vos doigts joints et cela devrait<br />
marcher ! »<br />
<strong>La</strong> regardant rapidem<strong>en</strong>t, la remerciant <strong>en</strong> adonnant de la tête il <strong>ou</strong>vrit le<br />
docum<strong>en</strong>t et comm<strong>en</strong>ça { lire t<strong>ou</strong>tes les statistiques habituelles…Puis<br />
s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t Boris p<strong>ou</strong>ssa sa chaise plus près de son bureau et avança<br />
dans sa lecture. Relisant une seconde fois le dossier il prit quelques notes.<br />
1-Pas de problème d’impôts<br />
2-Affaires claires( { l’exception d’un incid<strong>en</strong>t ét<strong>ou</strong>ffé il y a quelques années,<br />
qui ne transpira jamais { l’extérieur si ce n’est que de vagues rumeurs {<br />
l’époque)<br />
3-Père, Mr Bruno Lusconi qui eut un batard avec sa secrétaire. Cet <strong>en</strong>fant<br />
illégitime est né un mois avant sa propre fille.<br />
4-Le nom de la secrétaire était Carla Howtoo. Décédée depuis.<br />
5-On dirait que le vieux avait l’int<strong>en</strong>tion de s<strong>ou</strong>t<strong>en</strong>ir ses deux familles. *A<br />
vérifier.<br />
6-*Chercher où est cet <strong>en</strong>fant à ce j<strong>ou</strong>r<br />
193
7-*Chercher ce que fais cet <strong>en</strong>fant à ce j<strong>ou</strong>r.<br />
8-Cassandra <strong>La</strong>ssifar continue à percevoir un versem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>suel de son<br />
père tant bi<strong>en</strong> même qu’elle ait ép<strong>ou</strong>sé un homme fort riche.<br />
9-*Déc<strong>ou</strong>vrir approximativem<strong>en</strong>t son budget m<strong>en</strong>suel.<br />
10-Kroll/facture/rapport sur Nick <strong>La</strong>ssifar. G<strong>en</strong>dre.<br />
Linda avait t<strong>ou</strong>t mis <strong>en</strong> œuvre p<strong>ou</strong>r obt<strong>en</strong>ir un rapport de la part de la plus<br />
grande ag<strong>en</strong>ce d’investigation. (Kroll). Il p<strong>en</strong>sait que le vieux ne laissait ri<strong>en</strong><br />
au hasard et qu’il avait d’ailleurs fait suivre son g<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> 2008 et 2009.<br />
Mais le rapport était d’une virginité ébl<strong>ou</strong>issante. Pas d’affaires extra<br />
maritales. Aucune perversion sexuelle bi<strong>en</strong> <strong>ou</strong> mal cachée. Mais visiblem<strong>en</strong>t<br />
sa fille s’était déj{ plainte auprès de son père <strong>en</strong> lui faisant part de ses peurs<br />
et de ses crises de jal<strong>ou</strong>sie.<br />
<strong>La</strong> dernière page du dossier .. ;lui sauta aux yeux. Boris fit marche arrière<br />
immédiatem<strong>en</strong>t vers ses points 6&7 de sa liste de chose à faire.<br />
Linda avait écrit une note à la main à destination de Boris et p<strong>ou</strong>r marquer<br />
sa marque elle avait dessiné un visage rond et jaune s<strong>ou</strong>riant et clignant des<br />
yeux.<br />
(Patron l’illégitime <strong>en</strong>fant est la femme de votre gagne pain…Frank Cook !)<br />
444 & 445<br />
Boris s’assit sur son bête { p<strong>en</strong>ser. Il s’agissait d’une réplique d’un tank<br />
Challanger II qu’il avait disposé dans son bureau. Il avait rec<strong>ou</strong>vert d’un<br />
épais cuir le plafond de cet <strong>en</strong>gin ce qui lui avait donné la fonction d’un<br />
tab<strong>ou</strong>ret plutôt confortable. Il chevauchait le tank comme un <strong>en</strong>fant, et<br />
j<strong>ou</strong>ait sans y p<strong>en</strong>ser avec t<strong>ou</strong>s les b<strong>ou</strong>tons l’esprit dans le vague. Ainsi il<br />
réussissait à rés<strong>ou</strong>dre maints problèmes juché sur ce tank.<br />
Il savait qu’il était assis désormais sur une p<strong>ou</strong>drière. Mais dubitatif de<br />
savoir ce qu’il allait faire avec ce moy<strong>en</strong> de pression. S’il dévoilait le t<strong>ou</strong>t il<br />
allait f<strong>ou</strong>tre la merde. Et qui <strong>en</strong> profiterai ? D’un autre coté ne devait il pas<br />
<strong>en</strong> informer sa cli<strong>en</strong>te ? Après t<strong>ou</strong>t cela la concernait.<br />
194
Mais ceci n’allait il pas affecté Natalia ? Et Nick <strong>La</strong>ssifar ne serait il pas aussi<br />
affecté ? et puis après mais ce n’est pas fini…Comm<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>vait il tirer de<br />
cette information un avantage p<strong>ou</strong>r lui-même ?<br />
Boris mit <strong>en</strong> marche son jeu de bateaux de guerre. Il adorait j<strong>ou</strong>er avec son<br />
WII FIT jeu de guerre. P<strong>en</strong>dant les vingt minutes qui suivir<strong>en</strong>t il s’amusa {<br />
j<strong>ou</strong>er contre lui-même…et bingo ! il téléchargea sa r<strong>ou</strong>te v<strong>en</strong>ant de<br />
l’univers.<br />
Il allait faire chanter Nick afin de lui faire briser sa relation avec Natalia. Et<br />
afin de donner de l’effet de levier , au cas <strong>ou</strong> Nick y mettrait obstacle il<br />
<strong>en</strong>visageait de lui accorder le sil<strong>en</strong>ce sur ses frasques auprès de sa femme<br />
laquelle ne manquerait de s<strong>ou</strong>ffler p<strong>ou</strong>r lui fermer la porte de son rêve<br />
d’être le futur PDG, sans compter le fait de lui donner <strong>en</strong> plus un p<strong>ou</strong>voir<br />
incroyable sur son beau père Papoche qui ne p<strong>ou</strong>rrait plus lui refuser la<br />
moindre demande de sa part.<br />
446 à 450<br />
« Natty je p<strong>en</strong>se que le directeur de Discovery Channel fera une juste<br />
sélection des objets d’archéologique dont il a besoin. Vi<strong>en</strong>s on fera le point<br />
avec notre Power Point » lui expliqua Dominique.<br />
De ret<strong>ou</strong>r dans le sud de la France le mercredi matin via la ligne Delta qui<br />
vola t<strong>ou</strong>te la nuit, Natty avait déjà mis derrière elle sa période sexuelle de<br />
Manhattan et ses c<strong>ou</strong>rses Bacchanales. C’était pas plus mal ainsi. <strong>La</strong> vie est<br />
constituée d’une myriade d’agissem<strong>en</strong>ts { des mom<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts. <strong>La</strong> rareté<br />
du mom<strong>en</strong>t s<strong>ou</strong>ligne l’int<strong>en</strong>sité du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Nick n’était plus sa<br />
préoccupation ess<strong>en</strong>tielle…du moins jusqu’{ leur prochaine célébration<br />
sexuelle.<br />
« Si et quand »<br />
P<strong>en</strong>sa-t’elle.<br />
447<br />
Boris n’avait lus de raison d’être dans le sud de la France. Il avait { cette<br />
heure la preuve irréfutable de la liaison de Nathalie avec Nick <strong>La</strong>ssifar. Mais<br />
195
il v<strong>ou</strong>lait la voir…il avait besoin de la voir. Boris ne p<strong>ou</strong>vait s’<strong>en</strong>lever de la<br />
tête sa p<strong>en</strong>sée sur Natty. En conséqu<strong>en</strong>ce il réorganisa intelligemm<strong>en</strong>t son<br />
ag<strong>en</strong>da de travail.<br />
T<strong>ou</strong>t d’abord il prépara un rapport truqué du travail de ses propres ag<strong>en</strong>ts<br />
sur la personne de Nick. Il le construit dans le but de montrer que Nick<br />
passait sa vie que de réunions <strong>en</strong> réunions, avec un s<strong>ou</strong>pçon de valeur<br />
familiale au milieu de ses activités de polo.<br />
T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> faisant ce rapport fictif il luttait <strong>en</strong> lui-même avec sa déontologie et<br />
son éthique professionnelle. En fait ce qu’il cherchait { faire valoir n’était<br />
ri<strong>en</strong> d’autre que de préparer une r<strong>en</strong>contre avec Nick p<strong>ou</strong>r lui faire une<br />
proposition qui allait complètem<strong>en</strong>t à rebr<strong>ou</strong>sse poil de ses concepts. Mais<br />
p<strong>ou</strong>r la première fois de sa vie, la satisfaction de ses plaisirs personnels<br />
pr<strong>en</strong>ait le dessus sur sa manière de p<strong>en</strong>ser.<br />
Ainsi il retira { son adjoint le dossier concernant la filature d’un suspect<br />
impliqué dans le blanchim<strong>en</strong>t d’arg<strong>en</strong>t. Il prétexta de v<strong>ou</strong>loir<br />
personnellem<strong>en</strong>t, faire ce travail pedestrian, ce qui devait le conduire<br />
comme par hasard à Monaco p<strong>ou</strong>r m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> ces recherches locales.<br />
Ainsi le v<strong>en</strong>dredi à 16h30 il susp<strong>en</strong>dit à son épaule son sac de voyage<br />
compact. Ceci allait largem<strong>en</strong>t suffire p<strong>ou</strong>r passer que quelques j<strong>ou</strong>rs <strong>en</strong><br />
France, au soleil. Muni simplem<strong>en</strong>t d’un blazer, d’une cravate noire et<br />
d’effets p<strong>ou</strong>r la baignade mais ri<strong>en</strong> { voir avec un maillot de chez<br />
Vilebrequin qui aurait <strong>en</strong>levé son besoin de passe muraille. Il avait <strong>en</strong> <strong>ou</strong>tre<br />
son bloc note et son disque dur de 2 Tetra Bytes lequel cont<strong>en</strong>ait t<strong>ou</strong>s ses<br />
programmes et dossiers. Il n’avait plus qu’{ le connecter { n’importe quel<br />
ordinateur p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir travailler comme s’il était { son bureau de<br />
Manhattan.<br />
« Au revoir Linda, veillez bi<strong>en</strong> comme d’habitude { Bubbles. Je serai de<br />
ret<strong>ou</strong>r la semaine prochaine. J’attrape le vol directe de Delta p<strong>ou</strong>r Nice. »<br />
Bubbles arriva bondissant et sauta sur ses pattes arrière p<strong>ou</strong>r donner à son<br />
maître un au revoir bi<strong>en</strong> léché !<br />
196
448<br />
Vers 9h30, une heure après avoir atterri à Nice le samedi matin, Boris avait<br />
déjà <strong>en</strong>f<strong>ou</strong>rché un scooter de location, et par chance avait déjà pu se mettre<br />
sur la piste de Natty au mom<strong>en</strong>t où celle-ci quittait la péninsule de Saint<br />
Jean Cap Ferrat. Il s’était r<strong>en</strong>du la tâche plus aisée dans sa filature <strong>en</strong><br />
portant une perruque blonde, une m<strong>ou</strong>stache et une fausse barbe.<br />
« Elle doit avoir dans le corps des piles Duracel » Rigola <strong>en</strong> lui-même Boris<br />
vers 22 heures. Il l’avait suivi t<strong>ou</strong>te la j<strong>ou</strong>rnée jusqu’{ San Remo, où elle<br />
semblait v<strong>ou</strong>loir m<strong>en</strong>er une folle séance de shopping au marché c<strong>ou</strong>vert<br />
d’alim<strong>en</strong>tation. Fromages, fruits, jambon de Parme, Panneton, voil{ ce qui<br />
faisait déborder son chariot avec lequel elle p<strong>ou</strong>rsuivit dans le dédale des<br />
rues p<strong>ou</strong>r y aj<strong>ou</strong>ter : sacs à main, tee shirt, et même une nappe. On p<strong>ou</strong>vait<br />
la voir rire et blaguer avec les commerçants de chaque stand où elle<br />
achetait. Boris n’avait jamais ri<strong>en</strong> vu de pareil, de captivant <strong>en</strong> l’observant.<br />
Elle était une V<strong>en</strong>us de Botero <strong>en</strong> pleine spl<strong>en</strong>deur.<br />
Après son marché elle se dirigea vers les Thermes de Monaco. Boris avec<br />
t<strong>ou</strong>te la discrétion nécessaire avait compris qu’elle avait réservé p<strong>ou</strong>r 4<br />
soins. De ce fait, cela lui conv<strong>en</strong>ait parfaitem<strong>en</strong>t d’avoir <strong>en</strong>viron 3 heures de<br />
libre p<strong>ou</strong>r comm<strong>en</strong>cer son travail sur le terrain au sujet de ce gaillard qui<br />
blanchissait de l’arg<strong>en</strong>t. Le dimanche soir Nathalie avait lassé sans le savoir<br />
le pauvre Boris <strong>en</strong> faisant : l’Italie, Monaco, Eze, du cyclisme, du ski nautique<br />
et <strong>en</strong>fin et ce n’est pas t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> faisant peu de kilomètres avant de s’arrêter {<br />
chaque fois soit telle une puce sautillant de magasins <strong>en</strong> magasins, de<br />
bureaux <strong>en</strong> b<strong>ou</strong>tiques sans pr<strong>en</strong>dre garde au temps passé p<strong>ou</strong>r faire t<strong>ou</strong>t<br />
cela. Il remarqua que même le dimanche elle semblait savoir quel sonnette<br />
presser et les portes t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs prêtes { s’<strong>ou</strong>vrir p<strong>ou</strong>r elle.<br />
449<br />
Quand le dimanche soir Nathalie parut v<strong>ou</strong>loir <strong>en</strong>fin r<strong>en</strong>trer chez elle, Boris<br />
<strong>en</strong>jamba furtivem<strong>en</strong>t la clôture du jardin atteint la porte principale avec des<br />
pattes de vel<strong>ou</strong>rs où il déposa une superbe rose à longue tige avec une carte<br />
qui disait ….<br />
197
« Tu es plus semblable que le r<strong>ou</strong>ge de cette pétale et tes yeux sont plus<br />
vel<strong>ou</strong>tés que la peau d’une pêche. »<br />
450<br />
Lundi matin le cœur de Nathalie faillit se rompre quand elle faillit marcher<br />
sur cette extraordinaire rose r<strong>ou</strong>ge. Son cœur fondit <strong>en</strong> lisant la missive.<br />
Son s<strong>en</strong>s de l’exaltation avait peu vécu, quand un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de peur <strong>en</strong>vahit<br />
sa poitrine <strong>en</strong> craignant d’avoir été traqué par un dangereux malade<br />
m<strong>en</strong>tal.<br />
451 à 460<br />
451<br />
<strong>La</strong> seconde semaine de Mai<br />
Ce j<strong>ou</strong>r là, le ciel était d’un bleu immaculé, et le soleil Méditerrané<strong>en</strong> laissait<br />
passer ses rayons lumineux à travers les imm<strong>en</strong>ses pins parasols. Les lauriers<br />
roses et blancs diffusai<strong>en</strong>t leur léger parfum aromatique à quiconque passait à<br />
proximité de ces plantes. Vêtue d’un jogging bleu et blanc du Racing Club de<br />
France, la serviette de bain blanche aut<strong>ou</strong>r du c<strong>ou</strong>, elle v<strong>en</strong>ait à peine<br />
d’achever sa gymnastique. Nathalie accéléra le pas <strong>en</strong> approchant de sa Vespa.<br />
Elle crut voir de loin qu’il y avait un b<strong>ou</strong>quet de fleurs. En effet elle constata<br />
qu’elle ne s’était pas trompée. Pr<strong>en</strong>ant le joli et coloré b<strong>ou</strong>quet placé dans la<br />
sacoche de son scooter elle remarqua la carte…<br />
« Ahh, il ya un changem<strong>en</strong>t, maint<strong>en</strong>ant mon admirateur est décidé à me<br />
laisser un message.<br />
« L’am<strong>ou</strong>r est fleurs, parfois comme une rose ! avec un chaud s<strong>ou</strong>rire p<strong>ou</strong>r<br />
l’accueillir »<br />
« Grand Dieu »<br />
198
Dit-elle à voix haute. Elle se fit la réflexion que p<strong>ou</strong>r une fois qu’elle recevait<br />
des fleurs d’un galant, elle n’avait pas la liberté d’<strong>en</strong> j<strong>ou</strong>ir <strong>en</strong> paix <strong>en</strong> raison de<br />
la vulnérabilité attaché au fait qu’elle ignorait qui p<strong>ou</strong>vait les lui avoir <strong>en</strong>voyé. Il<br />
y avait de quoi avoir la chair de p<strong>ou</strong>le à ne pas p<strong>ou</strong>voir id<strong>en</strong>tifier l’admirateur<br />
florale.<br />
452<br />
Récapitulant les divers aspects du caractère de Nick, Natty dut se r<strong>en</strong>dre à<br />
l’évid<strong>en</strong>ce qu’il n’avait pas réussi à la convaincre d’être l’homme idéal.<br />
453& 454<br />
Elle était convaincu que son inquiétude avait agacé Nick. Ce n’était bi<strong>en</strong> que<br />
seulem<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t il avait été persuadé qu’il avait pu être id<strong>en</strong>tifié et vu<br />
trop près de Natty, avec l’implication d’une vie adultérine, qu’il se préoccupa et<br />
se résolut à <strong>en</strong>gager un détective p<strong>ou</strong>r suivre Natty. Ce n’était que la seule<br />
issue p<strong>ou</strong>r savoir <strong>en</strong>semble ce qu’il risquait de se passer.<br />
455<br />
Le chi<strong>en</strong> chasseur privé de Nick était basé à Cannes. Nick avait opté p<strong>ou</strong>r une<br />
chi<strong>en</strong>ne chasseresse. Elle était l’ag<strong>en</strong>t <strong>en</strong> free lance de la société d’investigation<br />
Kroll et elle avait suivi Nathalie depuis son atterrissage à Nice le mercredi<br />
matin. Nick avait fait ce choix p<strong>ou</strong>r éviter d’attirer l’att<strong>en</strong>tion des ant<strong>en</strong>nes de<br />
Natty qui n’observait que les hommes dans cette tâche. Nick avait tr<strong>ou</strong>vé plus<br />
sage de faire appel à une femme p<strong>ou</strong>r mieux assurer la discrétion lors de la<br />
filature de Natty.<br />
Assurant elle-même une position zoomé de la sortie de la gym, elle prit 10<br />
clichés bi<strong>en</strong> clairs de l’homme qui discrètem<strong>en</strong>t déposa un b<strong>ou</strong>quet de fleurs<br />
dans la sacoche de son objectif qui n’était que la Vespa r<strong>ou</strong>ge. Elle alla<br />
subrepticem<strong>en</strong>t lire la carte épinglée au fleurs, se repositionna et prit 50<br />
minutes plus tard un film sur Natty depuis le mom<strong>en</strong>t où elle marchait vers son<br />
scooter jusqu’au mom<strong>en</strong>t où elle la vit perplexe saisir les fleurs. Sur son film on<br />
p<strong>ou</strong>vait observer que Natty eut un s<strong>ou</strong>rire <strong>en</strong> les voyant, avant de les jeter pardessus<br />
une clôture assez basse. Finalem<strong>en</strong>t elle se ravisa ramassa les fleurs de<br />
l’<strong>en</strong>droit où elle les avait jeté puis s’asseyant sur son scooter les regarda les<br />
yeux dans le vide.<br />
199
Quelques minutes plus tard la détective c<strong>ou</strong>pa la prise de vue qui était<br />
largem<strong>en</strong>t suffisante du fait que le film était t<strong>ou</strong>t compte fait assez long. De<br />
t<strong>ou</strong>te façon son objectif avait visiblem<strong>en</strong>t montré une confusion dans ses<br />
p<strong>en</strong>sées.<br />
T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> continuant d’observer sa cible, elle <strong>en</strong>voya par mail, t<strong>ou</strong>tes les photos<br />
et plus particulièrem<strong>en</strong>t la photographie de l’homme qui avait fleuri le scooter,<br />
au siège social de Kroll avec la demande de mettre un nom et une adresse sur<br />
ce visage ainsi que t<strong>ou</strong>t autre information utile p<strong>ou</strong>r id<strong>en</strong>tifier ce mystérieux<br />
prét<strong>en</strong>dant.<br />
« Mr <strong>La</strong>ssifar ? »<br />
« Lui-même. »<br />
« N<strong>ou</strong>s avons le plaisir de v<strong>ou</strong>s dire que n<strong>ou</strong>s avons id<strong>en</strong>tifié celui qui suit ms<br />
Nathalie Petlah. Malheureusem<strong>en</strong>t, votre crainte était fondée car elle a bi<strong>en</strong><br />
été suivi. Mais soyez parfaitem<strong>en</strong>t rassuré car elle ne risque absolum<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>,<br />
et surt<strong>ou</strong>t pas de danger. Son p<strong>ou</strong>rsuivant est un détective du même acabit que<br />
celle que v<strong>ou</strong>s avez choisi dans votre intérêt p<strong>ou</strong>r suivre Madame. Cet homme<br />
est un détective ayant fort bonne réputation et une grande expéri<strong>en</strong>ce<br />
professionnelle. Son nom est Mr Boris Bailey de Boris Bayley Inc à Manhattan. Il<br />
s’avère que ses filatures concerne madame Petlah et v<strong>ou</strong>s-même !<br />
« Pardon ? Ai-je bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du ? V<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s dire que je suis égalem<strong>en</strong>t s<strong>ou</strong>s<br />
surveillance ? »<br />
« Oui, monsieur. »<br />
Il était évid<strong>en</strong>t que le cli<strong>en</strong>t avait prit un grand c<strong>ou</strong>p sur la tête devant<br />
l’explosion de la n<strong>ou</strong>velle. Mais ne v<strong>ou</strong>lant ri<strong>en</strong> laisser au hasard Miss<br />
Eurodollar la chef comptable p<strong>ou</strong>rsuivit :<br />
« Monsieur, comme n<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s avons r<strong>en</strong>du compte de l’ess<strong>en</strong>tiel, v<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s<br />
que je v<strong>ou</strong>s s<strong>ou</strong>mette par c<strong>ou</strong>rrier le cont<strong>en</strong>u de nos recherches <strong>ou</strong> préférez<br />
v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>r des raisons de sécurité de les garder verbales. »<br />
« S’il v<strong>ou</strong>s plait adressez moi votre rapport intégral et t<strong>ou</strong>s les détails ainsi que<br />
les photos par mail. »<br />
200
« Bi<strong>en</strong> sûr, il n’y a aucun obstacle et par la même occasion n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s<br />
permettrons de v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>voyer nos honoraires dont le montant global s’élève<br />
comme conv<strong>en</strong>u à $2500,00. »<br />
« Bi<strong>en</strong> mais n’est ce pas un peu élevé….car après t<strong>ou</strong>t la filature a duré guère<br />
une semaine »<br />
« C’est exact, mais ainsi que je v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> ai parlé quand v<strong>ou</strong>s avez fait appel à<br />
n<strong>ou</strong>s, n<strong>ou</strong>s facturons un honoraire fixe p<strong>ou</strong>r ce g<strong>en</strong>re de mission si la durée<br />
n’excède pas une semaine. Ensuite n<strong>ou</strong>s appliquons un tarif j<strong>ou</strong>rnalier de $300<br />
plus nos frais. Parfois les cli<strong>en</strong>ts font une bonne affaire… parfois non ! C’est<br />
correct, v<strong>ou</strong>s n’êtes pas d’accord ?<br />
Nick ayant repéré un petit s<strong>ou</strong>rire dans sa voix et ayant surmonté son choc<br />
d’avoir été lui-même suivi, tel un g<strong>en</strong>tleman avec une conduite légèrem<strong>en</strong>t<br />
affectée il aj<strong>ou</strong>ta :<br />
« Madame je serai votre obligé <strong>en</strong> réglant votre facture dès réception, car v<strong>ou</strong>s<br />
avez un travail superbe et plus qu’efficace. Je me permettrai de v<strong>ou</strong>s<br />
recommander si cela se prés<strong>en</strong>te. Au revoir. »<br />
Il n’avait ri<strong>en</strong> risquer à essayer. Jules Kroll avait v<strong>en</strong>du son importante affaire<br />
de détectives récemm<strong>en</strong>t. Et cette affaire était maint<strong>en</strong>ant s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t plus<br />
puissante, mais fatalem<strong>en</strong>t moins humaine.<br />
« Fais att<strong>en</strong>tion aux sociétés qui compress<strong>en</strong>t les hommes comme on peut<br />
compresser des chiffres ! »<br />
456<br />
Nick alluma l’interphone <strong>en</strong>tre lui et sa secrétaire il le fit avec tellem<strong>en</strong>t de<br />
brutalité qu’il faillit briser l’interrupteur dans ses doigts.<br />
« Islee, »<br />
« Oui, Nick ? »<br />
Elle devina dans la voix de son patron une franche colère b<strong>ou</strong>illante. Cela ne lui<br />
était presque jamais arrivé. Il était un homme qui gardait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs son sang<br />
froid et elle ne l’avait que très rarem<strong>en</strong>t vu <strong>en</strong> colère depuis 5 ans, depuis<br />
201
qu’elle travaillait avec lui. Elle se demandait même s’il ne pr<strong>en</strong>ait pas du Prozac<br />
compte t<strong>en</strong>u de sa bonne humeur qui ne le quittait jamais.<br />
« Appelle le bureau de Boris Bailey Inc à Manhattan et demande que Monsieur<br />
Bailey vi<strong>en</strong>ne me voir ici v<strong>en</strong>dredi dans l’après midi p<strong>ou</strong>r un r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong><br />
tête à tête. »<br />
Il c<strong>ou</strong>pa la liaison sans dire le moindre mot de politesse.<br />
Assis <strong>en</strong> arrière dans son fauteuil de direction amovible dans t<strong>ou</strong>s les s<strong>en</strong>s, il<br />
pati<strong>en</strong>tait devant l’écran p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver sur son serveur personnel le mom<strong>en</strong>t<br />
d’<strong>ou</strong>vrir le rapport de Kroll sur le rapport de la détective de Cannes. Avant de<br />
lire son rapport et de regarder les multiples photographies et faits notés par<br />
celle-ci, il refreina son <strong>en</strong>vie de s’autoriser à sauter directem<strong>en</strong>t aux<br />
conclusions. Ceci demandait un grand p<strong>ou</strong>voir de maitrise de soi ce dont Nick<br />
n’était pas dép<strong>ou</strong>rvu.<br />
457<br />
Nick, excusez moi de v<strong>ou</strong>s déranger mais le seul r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s que j’ai pu obt<strong>en</strong>ir<br />
était p<strong>ou</strong>r jeudi prochain et à son bureau. Il ne peut <strong>ou</strong> ne veut pas v<strong>en</strong>ir ici.<br />
Comme j’avais compris que ce r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s avait un caractère d’urg<strong>en</strong>ce, j’ai<br />
bloqué la date. Ai-je bi<strong>en</strong> fait ? Votre j<strong>ou</strong>rnée est quasim<strong>en</strong>t vide le jeudi matin<br />
jusqu’à 11 heures.<br />
Nick exaspéré, mais philosophe p<strong>en</strong>sa qu’il y avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs du bi<strong>en</strong> dans le mal.<br />
En conséqu<strong>en</strong>ce devant le fait de devoir att<strong>en</strong>dre p<strong>ou</strong>r savoir qui avait mandaté<br />
Mr Bailey p<strong>ou</strong>r le suivre ainsi que Nathalie, il décida de pr<strong>en</strong>dre son mal <strong>en</strong><br />
pati<strong>en</strong>ce. Une bonne série de partie de polo allait vite rejeté au loin t<strong>ou</strong>tes ses<br />
t<strong>en</strong>sions.<br />
458<br />
« Hey pat, v<strong>ou</strong>s feriez bi<strong>en</strong> de v<strong>ou</strong>s excusez bêtem<strong>en</strong>t de n’être de ret<strong>ou</strong>r au<br />
bureau que lundi. Aussi curieux que cela puisse paraître, vos autres cli<strong>en</strong>ts<br />
comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à s’énerver p<strong>ou</strong>r obt<strong>en</strong>ir de v<strong>ou</strong>s des résultats. P<strong>ou</strong>r être plus<br />
précis sachez qu’il y a le petit vieux qui est sur la sellette de son conseil<br />
d’administration p<strong>ou</strong>r se faire virer. Il a besoin absolum<strong>en</strong>t au plus tard lundi à<br />
17h30 de son <strong>ou</strong>til de chantage. Il a son Assemblée Générale annuelle mardi. Il<br />
202
veut avec v<strong>ou</strong>s faire le point des détails secrets bi<strong>en</strong> cachés sur chaque<br />
membre du Conseil d’Administration lundi après midi. Heypat! Ne perdons pas<br />
ce contrat qui me paye mon bonus de Noël ! Et Linda la joyeuse rigola <strong>en</strong><br />
raccrochant.<br />
Boris s<strong>ou</strong>rit, Linda était une championne p<strong>ou</strong>r tr<strong>ou</strong>ver des solutions et de la<br />
productivité. Mais elle était totalem<strong>en</strong>t irrévér<strong>en</strong>cieuse.<br />
« Heypat au lieu de Hey patron ».<br />
459 & 460<br />
Tandis que dimanche Boris volait au dessus de l’Atlantique vers K<strong>en</strong>nedy<br />
Airport, Nathalie mettait une dernière t<strong>ou</strong>che à son prochain interview avec<br />
Discovery Channel qui allait être filmé à Bussana Vecchia. <strong>La</strong> pr<strong>ou</strong>esse<br />
logistique dans un contexte difficile p<strong>ou</strong>r que : lumière, camera et autres<br />
matériels p<strong>ou</strong>r satisfaire l’équipe de Discovery Channel qui avait l’habitude<br />
d’arriver sur un tapis r<strong>ou</strong>ge, n’était pas une sinécure. Ils allai<strong>en</strong>t avoir<br />
l’impression de se retr<strong>ou</strong>ver dans temps anci<strong>en</strong>s, ceux des pionniers faisant des<br />
prises de vue sur le site, et non dans un studio avec t<strong>ou</strong>tes les facilités qu’offre<br />
notre époque.<br />
461 à 480<br />
Lundi soir, la j<strong>ou</strong>rnée de labeur finie Boris se vers un scotch et s’assit p<strong>ou</strong>r j<strong>ou</strong>er<br />
virtuellem<strong>en</strong>t aux soldats sur tank tab<strong>ou</strong>ret qui lui servait de c<strong>en</strong>tre de<br />
méditation. 10 minutes plus tard il exposa son rapport sur son logiciel « Dragon<br />
Speak » qui sur sa voix sortait automatiquem<strong>en</strong>t l’écriture <strong>en</strong> word sur son<br />
ordinateur, il suffisait de décl<strong>en</strong>cher l’imprimante p<strong>ou</strong>r passer d’une diction<br />
verbale à un dossier finalisé. Ce tank tab<strong>ou</strong>ret était un merveilleux poste p<strong>ou</strong>r<br />
que ses idées se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place. Boris était capable de sombrer dans une<br />
203
profonde réflexion et quelques minutes suivantes il avait l’esprit net, voyant<br />
clairem<strong>en</strong>t ce qu’il devait faire.<br />
A cette heure il savait qu’<strong>en</strong> dépit de ses s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts personnels la seule à faire<br />
était de communiquer à Madame <strong>La</strong>ssifar le rapport complet qu’elle att<strong>en</strong>dait.<br />
Rapport p<strong>ou</strong>r madame <strong>La</strong>ssifar sur Monsieur <strong>La</strong>ssifar.<br />
J’ai le désagrém<strong>en</strong>t de v<strong>ou</strong>s informer que vos s<strong>ou</strong>pçons étai<strong>en</strong>t fondés. T<strong>ou</strong>tes<br />
les <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts des voix et des photographies cruciales sont à votre<br />
disposition <strong>en</strong> nos murs.<br />
Ceci conclut notre affaire.<br />
Veuillez tr<strong>ou</strong>vez ci-joint notre décompte final.<br />
Il était 22 heurs et il s<strong>en</strong>tit la fatigue le gagner subitem<strong>en</strong>t. Boris s’<strong>en</strong>quit<br />
d’éteindre t<strong>ou</strong>tes les lumières, Bubbles ne manqua pas de lui faire un beau<br />
léchage avant qu’ils part<strong>en</strong>t de concert vers leur domicile qui se tr<strong>ou</strong>vait à<br />
quelques blocs après avoir traversé le parc.<br />
Il se demanda s’il n’aurait pas mieux fait de rester au bureau compte t<strong>en</strong>u de<br />
l’énorme travail qui l’att<strong>en</strong>dait dès le l<strong>en</strong>demain matin à 6 h 30. Mais Bubbles<br />
avait besoin d’exercices bi<strong>en</strong> plus que lui-même bi<strong>en</strong> que p<strong>ou</strong>r sa santé cette<br />
discipline fut nécessaire. Comme de c<strong>ou</strong>tume Linda avait collé sur le dos de sa<br />
porte un memo avec le r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s du l<strong>en</strong>demain, ainsi il était obligé de voir<br />
avant de quitter le bureau ses <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r le l<strong>en</strong>demain.<br />
Le nom du premier r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s lui sautait aux yeux comme un diable dans une<br />
boite jaillissant par un ressort avec une expression de taquinerie.<br />
462<br />
11 heures : Mr Nick <strong>La</strong>ssifar ( cli<strong>en</strong>t qui a appelé lors de votre séj<strong>ou</strong>r <strong>en</strong> France.<br />
Il n’a pas précisé le sujet dont il v<strong>ou</strong>lait v<strong>ou</strong>s parler. Ce r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s a été pris<br />
par son assistant <strong>ou</strong> son secrétaire)<br />
<strong>La</strong> curiosité de Boris fut piquée au vif.<br />
463<br />
204
Après quelques heures matinales, et avant même qu’il le sache, Nick <strong>La</strong>ssifar,<br />
<strong>en</strong> dépit de sa taille plutôt modeste de 1 m 70 avait <strong>en</strong>vahi son vaste bureau. Le<br />
p<strong>ou</strong>voir qu’il émanait était irrésistible. En r<strong>en</strong>trant dans le bureau de Boris il ne<br />
lui t<strong>en</strong>dit pas la main p<strong>ou</strong>r concrétiser une réunion cordiale, mais se plaça<br />
d’emblée au milieu de la pièce et demanda fermem<strong>en</strong>t :<br />
« Puis je m’asseoir ? »<br />
Mais sa c<strong>ou</strong>rtoisie était suffisante p<strong>ou</strong>r att<strong>en</strong>dre la réponse de Boris.<br />
464<br />
Monsieur <strong>La</strong>ssifar, asseyez v<strong>ou</strong>s plutôt là v<strong>ou</strong>s y serez plus à l’aise. Sans même<br />
regarder Boris, Nick <strong>La</strong>ssifar s’assit et aussitôt fixa Boris droit dans les yeux<br />
int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t. Le regard de Boris ne fléchit pas, mais il avait face à lui quelqu’un<br />
qui agissait comme lui même <strong>en</strong> investigateur p<strong>ou</strong>r déstabiliser et éviter d’être<br />
<strong>en</strong> position de faiblesse.<br />
465<br />
Monsieur Bailey, je v<strong>ou</strong>s demande une explication bi<strong>en</strong> claire de la raison p<strong>ou</strong>r<br />
laquelle v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s êtes permis de me suivre ainsi que Nathalie Petlah ? Avant<br />
d’aller plus loin je ti<strong>en</strong>s à v<strong>ou</strong>s signaler que j’ai un rapport sur votre agissem<strong>en</strong>t<br />
inapproprié qui est prête à être dirigé à la police aussitôt que notre réunion<br />
sera finie si je ne suis pas satisfait de vos réponses. Qu’avez-v<strong>ou</strong>s à dire p<strong>ou</strong>r<br />
v<strong>ou</strong>s justifier ?<br />
« Très drôle ! mais j’ai sur v<strong>ou</strong>s un même rapport mais bi<strong>en</strong> pire. Si v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez<br />
j<strong>ou</strong>er à ce petit jeu, n<strong>ou</strong>s serons deux. V<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s que je continue <strong>ou</strong> êtes<br />
v<strong>ou</strong>s déjà un peu calmé ? »<br />
Nick reçut le c<strong>ou</strong>p à l’estomac. Cela n’était pas du t<strong>ou</strong>t ce qu’il att<strong>en</strong>dait<br />
comme réponse.<br />
« N<strong>ou</strong>s ne sommes pas dans une partie de poker Mr Bailey, et je v<strong>ou</strong>s conseille<br />
Que v<strong>ou</strong>s me pr<strong>en</strong>iez au sérieux. J’ai la preuve de votre curieuse attitude et de<br />
votre conduite totalem<strong>en</strong>t déplacée vis-à-vis de mon amie. J’ai le bras assez<br />
long p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s causer du tort dans le cadre de votre activité »<br />
205
« Puisque v<strong>ou</strong>s le pr<strong>en</strong>ez ainsi Mr <strong>La</strong>ssifar. Je vais m’empresser de v<strong>ou</strong>s lire le<br />
rapport qui est prêt à partir à ma cli<strong>en</strong>te Madame Cassandra <strong>La</strong>ssifar… »<br />
P<strong>en</strong>chant sa tête de coté, il s’octroya un s<strong>ou</strong>rire légèrem<strong>en</strong>t sarcastique qui<br />
p<strong>ou</strong>vait être interprété vu la profondeur sombre de ses yeux comme une<br />
m<strong>en</strong>ace.<br />
« Au fait, connaissez v<strong>ou</strong>s cette personne ? »<br />
Captant le danger de la bombinette de Boris Bailey il contrattaqua <strong>en</strong> lui<br />
disant :<br />
« P<strong>ou</strong>r répondre à votre m<strong>en</strong>ace non voilée, v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez aussi jeter un œil sur<br />
mon dossier dont les conclusions et les photographies que j’ai sur v<strong>ou</strong>s…me<br />
font croire que v<strong>ou</strong>s seriez un petit poète frustré ? »<br />
« V<strong>ou</strong>s êtes plus chatoyante que le r<strong>ou</strong>ge de cette pétale et vos yeux sont plus<br />
vel<strong>ou</strong>tés que la peau d’une pêche. »<br />
« Etes v<strong>ou</strong>s mandaté par l’Oral p<strong>ou</strong>r faire des <strong>en</strong>quêtes sur la qualité de sa<br />
peau semblable à celui d’une pêche ? »<br />
Nick avait lancé un regard qui forait au plus profond des <strong>en</strong>trailles de Boris. Il<br />
remarqua la t<strong>en</strong>sion imperceptible de son muscle d’expression s<strong>ou</strong>s la surface<br />
de la peau du visage.<br />
« Je l’ai eu »<br />
Nick p<strong>en</strong>sa avoir réussi sa mise à mort. Il <strong>en</strong> dégusta t<strong>ou</strong>te la saveur.<br />
466<br />
Boris et Nick était donc dans une bataille sans merci. Chacun des deux<br />
part<strong>en</strong>aires était de fin négociateurs et ils savai<strong>en</strong>t instinctivem<strong>en</strong>t ce qu’il<br />
fallait faire p<strong>ou</strong>r faire mal. Le principe est de ne ri<strong>en</strong> laisser apparaître et de<br />
saisir à chaque opportunité un élém<strong>en</strong>t qui va surpr<strong>en</strong>dre et déstabiliser le<br />
part<strong>en</strong>aire. Bref une partie de sumo p<strong>ou</strong>r résumer.<br />
Boris savait parfaitem<strong>en</strong>t que Mr <strong>La</strong>ssifar avait perçu l’imperceptible<br />
m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t nerveux sec de sa lèvre, qui s’était manifesté au mom<strong>en</strong>t où il se<br />
s<strong>en</strong>tait au pied du mur.<br />
206
467<br />
Ce type a du nerf… j’ai tr<strong>ou</strong>vé un maître… Il se fit cette idée car Boris resta de<br />
marbre.<br />
468<br />
« Mr <strong>La</strong>ssifar, je constate que v<strong>ou</strong>s êtes un homme qui va droit p<strong>ou</strong>r sortir les<br />
griffes t<strong>ou</strong>tes dehors. P<strong>ou</strong>rquoi pas ! Fort occupé comme v<strong>ou</strong>s l’êtes j’ai pu<br />
avoir des résultats car n<strong>ou</strong>s sommes allés directem<strong>en</strong>t au sujet qui n<strong>ou</strong>s<br />
concerne. Et comme le temps c’est de l’arg<strong>en</strong>t ! N’est ce pas ? »<br />
Boris continua sachant qu’au moins sur ce point ils étai<strong>en</strong>t d’accord.<br />
469<br />
« Donc si je résume, je possède une preuve irréfutable que v<strong>ou</strong>s êtes <strong>en</strong>gagés<br />
dans une relation très intime avec Natalia Petlah. En ce qui la concerne il n’y a<br />
aucune conséqu<strong>en</strong>ce du fait qu’elle soit célibataire et donc un électron libre. Je<br />
n’<strong>en</strong> dirai pas autant p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s. V<strong>ou</strong>s êtes marié avec beauc<strong>ou</strong>p d’implications.<br />
De plus, je me suis procuré d’une information qui me permet de v<strong>ou</strong>s assurer<br />
que si par malheur elle dev<strong>en</strong>ait public, v<strong>ou</strong>s seriez susceptible de perdre t<strong>ou</strong>t<br />
ce p<strong>ou</strong>rquoi v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s êtes battu depuis tant d’années. Et je ne parle pas<br />
seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne vos <strong>en</strong>fants »<br />
Nick n’avait pas b<strong>ou</strong>gé un cil. Il resta froid comme un concombre. Mais Boris<br />
n’<strong>en</strong> fut pas dupe. Il était de notoriété public que les ambitions financières de<br />
Nick n’était pas un leurre.<br />
470<br />
« Mr Bailey, avant de v<strong>ou</strong>s faire une proposition, êtes v<strong>ou</strong>s intéressé de voir ce<br />
que j’ai sur v<strong>ou</strong>s, »<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr, et sachez que v<strong>ou</strong>s avez ici aussi la preuve prête p<strong>ou</strong>r ma cli<strong>en</strong>te,<br />
votre ép<strong>ou</strong>se ! »<br />
Boris continua : Il est totalem<strong>en</strong>t évid<strong>en</strong>t que t<strong>ou</strong>s les deux et cela du à nos<br />
positions réciproques que n<strong>ou</strong>s n’avons ni l’un ni l’autre aucun intérêt à laisser<br />
transpirer la moindre indiscrétion. Mais seulem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r être consci<strong>en</strong>cieux et<br />
207
sortir de ce mom<strong>en</strong>t désagréable examinons l’un et l’autre le fruit de nos<br />
recherches et de nos conclusions »<br />
Même une caméra focalisée sur la scène n’aurait pu déceler la moindre<br />
expression facial sur chacun d’eux. Même un élève indiscipliné n’aurait pu les<br />
distraire.<br />
471<br />
Qui bluffait l’autre ? Dans quel but bluffai<strong>en</strong>t ils l’un l’autre ? L’instinct acéré de<br />
Nick lui disait qu’il négociait t<strong>ou</strong>s les deux à un même niveau de puissance. Sur<br />
leurs gardes, Nick percevait que Boris avait une position plus confortable que<br />
celle qu’il avait sur Boris Bailey.<br />
N’avait il pas comme seul grief valable p<strong>ou</strong>r Boris que les mots d’am<strong>ou</strong>r laissés<br />
par celui-ci <strong>en</strong> accompagnem<strong>en</strong>t de dépôt de fleurs. Il n’y avait ri<strong>en</strong> de<br />
répréh<strong>en</strong>sible <strong>en</strong>core mois de criminel d’avoir v<strong>ou</strong>lu séduire une jeune femme.<br />
Même si cette femme était d’évid<strong>en</strong>ce la cible d’une cli<strong>en</strong>te.<br />
472<br />
« Mr Bailey ! Si v<strong>ou</strong>s êtes d’accord p<strong>ou</strong>r déchirer votre dossier, je p<strong>en</strong>se que<br />
v<strong>ou</strong>s serez heureux de savoir que j’<strong>en</strong> ferai autant sur celui qui v<strong>ou</strong>s<br />
concerne. »<br />
Nick att<strong>en</strong>dit l’acquiescem<strong>en</strong>t de Boris.<br />
473<br />
<strong>La</strong>issant de coté l’offre de Nick, Boris continua sans y faire référ<strong>en</strong>ce :<br />
« J’ai une autre munition à v<strong>ou</strong>s indiquer, cela n’est un secret p<strong>ou</strong>r personne<br />
que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s situez dans la hiérarchie juste derrière Monsieur Lusconi.<br />
474<br />
Si v<strong>ou</strong>s me permettez de v<strong>ou</strong>s conseiller d’agir comme je v<strong>ou</strong>s le dirai v<strong>ou</strong>s<br />
serez lors de la prochaine Assemblée Générale de votre compagnie le prochain<br />
PDG »<br />
L’att<strong>en</strong>tion de Nick fut surmultipliée. C’était t<strong>ou</strong>t p<strong>ou</strong>rquoi il avait mit feu et à<br />
sang sa vie.<br />
208
475<br />
Nick regarda Boris de coté. Il essayait de tr<strong>ou</strong>ver un biais qu’il aurait omis<br />
jusqu’ici. Mais ri<strong>en</strong> ne lui v<strong>en</strong>ait à l’esprit. Nick préféra garder le sil<strong>en</strong>ce. Se<br />
reculant largem<strong>en</strong>t dans son siège il croisa les jambes dans un s<strong>en</strong>s puis dans<br />
l’autre. Puis calmem<strong>en</strong>t s’adressant à Boris Bailey, il imprima un s<strong>ou</strong>rire dans<br />
ses yeux p<strong>ou</strong>r parfaire son image.<br />
« A quel jeu j<strong>ou</strong>ons n<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t Mr Bailey ? A la Matriochka ? »<br />
« Je ne j<strong>ou</strong>e pas un jeu. Je cherche t<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t à v<strong>ou</strong>s dire, qu’il n’y a pas<br />
un iota qui me manque sur v<strong>ou</strong>s. A titre d’exemple je peux v<strong>ou</strong>s dire que vos<br />
désirs de richesse personnelle vis<strong>en</strong>t le chiffre de : $ 1.111.111.111,00 »<br />
Nick, cette fois ci, fut désarçonné. Personne n’avait connaissance de ce chiffre.<br />
Ce montant était consigné sur un petit b<strong>ou</strong>t de papier adhésif scotché à<br />
l’intérieur de l’étui de sa carte de crédit. Nick croyait fermem<strong>en</strong>t que chaque<br />
fois que ses yeux tombai<strong>en</strong>t sur ce chiffre, le message de son objectif majeur<br />
montait t<strong>ou</strong>t droit dans son subconsci<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r mieux <strong>en</strong> faciliter la réussite.<br />
Nick tait un ferv<strong>en</strong>t adepte des Sci<strong>en</strong>ces Noétiques. Il s’intéressait de près à la<br />
Métaphysique mais n’<strong>en</strong> discutait avec personne. Il n’aurait jamais v<strong>ou</strong>lu<br />
admettre qu’il croyait dans cette doctrine. Cela ne collait pas avec son image<br />
d’homme raisonnant avec une logique implacable, image forgée à l’int<strong>en</strong>tion<br />
du monde extérieur.<br />
Monsieur <strong>La</strong>ssifar quelle est votre réponse ? »<br />
Au c<strong>ou</strong>rs de la réunion ni l’un ni l’autre n’avait du att<strong>en</strong>dre une réponse.<br />
« Etes v<strong>ou</strong>s intéressé sur ce que je vi<strong>en</strong>s de v<strong>ou</strong>s dire <strong>ou</strong> devons n<strong>ou</strong>s l’<strong>ou</strong>blier ?<br />
V<strong>ou</strong>s dégainez ? »<br />
« Croyez moi quand j’affirme que j’ai t<strong>ou</strong>s les élém<strong>en</strong>ts dont v<strong>ou</strong>s avez besoin<br />
p<strong>ou</strong>r contrer sans appel votre beau père s’il lui passait l’<strong>en</strong>vie de refuser<br />
quelque demande de votre part, désir <strong>ou</strong> idée qui v<strong>ou</strong>s serez utile.<br />
V<strong>ou</strong>s devez pr<strong>en</strong>dre mes dires p<strong>ou</strong>r ce qu’ils sont. <strong>La</strong> condition p<strong>ou</strong>r dévoiler<br />
cet at<strong>ou</strong>t passe par votre accord de joindre Nathalie Petlah p<strong>ou</strong>r rompre<br />
définitivem<strong>en</strong>t avec elle votre relation intime. Je v<strong>ou</strong>s donnerai l’info après que<br />
209
cela soit concrétiser. C’est simple donnant donnant la femme contre le p<strong>ou</strong>voir.<br />
Ri<strong>en</strong> de plus »<br />
476<br />
Boris comm<strong>en</strong>çait à perdre pati<strong>en</strong>ce ;<br />
« Mr <strong>La</strong>ssifar, puis je une dernière fois d’accepter t<strong>ou</strong>tes mes offres, qui par<br />
chance compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un bonus, si v<strong>ou</strong>s suivez mes instructions, non seulem<strong>en</strong>t<br />
je convi<strong>en</strong>s de détruire le rapport qui v<strong>ou</strong>s concernait p<strong>ou</strong>r votre femme, que<br />
je dois <strong>en</strong>voyer dès demain par mail, et si v<strong>ou</strong>s j<strong>ou</strong>er franc jeu v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez<br />
dev<strong>en</strong>ir le PDG de votre <strong>en</strong>treprise avant la fin de l’année.<br />
Nick était au pied du mur, mais il ne v<strong>ou</strong>lait pas laisser échapper l’opportunité<br />
de pr<strong>en</strong>dre les rênes de l’<strong>en</strong>treprise même si cela semblait une év<strong>en</strong>tualité<br />
d<strong>ou</strong>teuse. Il savait que le vieux était solide comme le roc et qu’il p<strong>ou</strong>vait<br />
facilem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dre dix ans avant de passer la main.<br />
« Quelles sont vos conditions Mr Bailey ? P<strong>ou</strong>vez v<strong>ou</strong>s me les préciser. »<br />
« Cela c<strong>ou</strong>le de s<strong>ou</strong>rce comme je v<strong>ou</strong>s l’ai déjà dit, il suffit de v<strong>ou</strong>s r<strong>en</strong>contrer<br />
t<strong>ou</strong>s les deux avec madame Petlah p<strong>ou</strong>r l’informer que désormais votre<br />
relation s’achève et qu’elle ne repr<strong>en</strong>ne plus désormais contact avec v<strong>ou</strong>s.<br />
V<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez lui donner n’importe quelle explication que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez. Mais<br />
cette rupture doit v<strong>en</strong>ir de v<strong>ou</strong>s et v<strong>ou</strong>s devez v<strong>ou</strong>s assurer qu’elle ne<br />
cherchera pas à v<strong>ou</strong>s revoir désormais »<br />
Il fit une pause à sa diatribe p<strong>ou</strong>r juger la réaction de Nick <strong>La</strong>ssifar, puis il<br />
continua.<br />
« je v<strong>ou</strong>s surveillerai . Je saurai exactem<strong>en</strong>t de quoi il <strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>rne dans votre<br />
disc<strong>ou</strong>rs de séparation. Je compte sur une certaine célérité p<strong>ou</strong>r accomplir ce<br />
délicat r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s. Je compte sur v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>r m’indiquer quand et où aura lieu<br />
ce face à face. Bref il est simple de choisir dans ce mom<strong>en</strong>t crucial p<strong>ou</strong>r votre<br />
vie. En fonction de votre choix v<strong>ou</strong>s serez soit un brillant PDG et un mari<br />
heureux avec sa femme soit v<strong>ou</strong>s serez à la rue à réfléchir comm<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>s allez<br />
reconstruire une vie professionnelle et de façon plus probable par vos propres<br />
moy<strong>en</strong>s.<br />
479<br />
210
Dès que j’airai eu l’assurance que je suis satisfait de l’exécution de mes<br />
conseils, je v<strong>ou</strong>s donnerai la preuve v<strong>ou</strong>s permettant, dès ce j<strong>ou</strong>r là, de pr<strong>en</strong>dre<br />
le contrôle de votre société, au détrim<strong>en</strong>t de votre beau père évincé.<br />
478<br />
Il ne fallut pas tr<strong>en</strong>te secondes p<strong>ou</strong>r que Nick compr<strong>en</strong>ne qu’ils avai<strong>en</strong>t<br />
désormais partie liée.<br />
480<br />
Les deux hommes pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t trop de risques dans leurs réciproques activités<br />
p<strong>ou</strong>r ne pas s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Nick savait que Boris c<strong>ou</strong>rait un très gros risque, <strong>en</strong><br />
évitant de dire la vérité à sa cli<strong>en</strong>te, ayant témoignage de sa défection. « C'està-dire<br />
moi-même »<br />
P<strong>en</strong>sa Nick. Et il savait par ailleurs qu’il ne p<strong>ou</strong>vait plus qualifier les dires de<br />
Boris comme du bluff puisqu’il disait la vérité. Et de ce fait il aurait pu le jurer<br />
sans se tromper à 99,99%, dès lors L’esprit de Nick ne d<strong>ou</strong>tait pas une seconde<br />
qu’après des scènes de jal<strong>ou</strong>sies <strong>ou</strong> des hurlem<strong>en</strong>ts de Cassandra, elle v<strong>ou</strong>drait<br />
être certaine que son père se débarrasse de lui au point qu’il quitta<br />
définitivem<strong>en</strong>t la Compagnie. Dans cette av<strong>en</strong>ture il perdrait t<strong>ou</strong>s ses warrants<br />
et stock options. Il ne lui resterait que son cash et autre placem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> c<strong>ou</strong>rs à<br />
ce j<strong>ou</strong>r. Les immeubles irai<strong>en</strong>t fatalem<strong>en</strong>t à son ép<strong>ou</strong>se. Un rapide calcul fit<br />
monter la note, la facture à <strong>en</strong>viron $ dix millions. Mais le pire c’est le pot<strong>en</strong>tiel<br />
perdu qui lui apporterai tôt <strong>ou</strong> tard quelques millions supplém<strong>en</strong>taires à<br />
savoir : 400 millions. C’tait si vrai…. Ce gros arg<strong>en</strong>t parlait de lui seul, ce n’était<br />
pas des f<strong>ou</strong>taises !<br />
« Une dernière chose Mr Bailey. Il v<strong>ou</strong>s suffit de m’assurer que quoiqu’il arrive<br />
et dans n’importe quelque circonstance et de près <strong>ou</strong> de loin p<strong>ou</strong>r n’importe<br />
quelques raisons v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>gagiez à ne jamais divulguer à Nathalie Petlah,<br />
que la fin de notre relation fut motivée p<strong>ou</strong>r des raisons d’affaires et<br />
financières. »<br />
211
Nick n’att<strong>en</strong>dit même pas une demi seconde p<strong>ou</strong>r voir l’acquiescem<strong>en</strong>t de<br />
Boris par un hochem<strong>en</strong>t de tête non contestable marque d’un pacte sil<strong>en</strong>cieux.<br />
481<br />
« Dans ce cas Mr Bailey, notre pacte est scellé »<br />
<strong>La</strong> poignée de main qui s’<strong>en</strong> suivit symbolisa ce qui avait achevé un combat de<br />
Titans.<br />
482 à<br />
Elle se réveilla <strong>en</strong> sueur, Natty ne savait pas si c’était les conséqu<strong>en</strong>ces de sa<br />
ménopause <strong>ou</strong> ce lancinant press<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de ce qu’elle avait vécu depuis<br />
quelques j<strong>ou</strong>rs et qu’elle percevait comme le grand virage de sa relation<br />
intime… si <strong>en</strong>core elle p<strong>ou</strong>vait l’appeler ainsi !<br />
C<strong>ou</strong>chée de coté elle admirait par la f<strong>en</strong>être la sombre baie de Beaulieu, elle<br />
essaya de mettre de l’ordre dans ses p<strong>en</strong>sées et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts qui bombardai<strong>en</strong>t<br />
incessamm<strong>en</strong>t sa structure émotionnelle.<br />
Elle se livra à sa propre analyse, sachant qu’il y avait quelque chose qui ne<br />
t<strong>ou</strong>rnait pas rond <strong>en</strong>tre elle et Nick. <strong>La</strong> conséqu<strong>en</strong>ce immédiate de cette<br />
agitation émotionnelle lui avait fait perdre depuis quelques j<strong>ou</strong>rs l’appétit. Elle<br />
bondit hors du lit et alluma la lumière de la salle de bains. Malgré le soleil<br />
levant à l’horizon la pièce était <strong>en</strong>core sombre. Natty se mit s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t à<br />
s<strong>ou</strong>haiter voir les bons résultats sur la <strong>balance</strong>. « Wow ! »<br />
Quelle surprise. L’aiguille s’était arrêtée à 89 kilos. Elle v<strong>en</strong>ait de perdre pas<br />
moins de cinq kilos <strong>en</strong> l’espace de cinq j<strong>ou</strong>rs.<br />
Elle s’occupa non pas à ruminer les p<strong>en</strong>sées négatives qui <strong>en</strong> l’habitant la<br />
r<strong>en</strong>dait irascible, mais à f<strong>ou</strong>rrager dans ses placards p<strong>ou</strong>r voir les t<strong>en</strong>ues qui<br />
p<strong>ou</strong>rrai<strong>en</strong>t lui aller p<strong>ou</strong>r sa prés<strong>en</strong>tation lors de son prochain interview du<br />
N<strong>ou</strong>vel Observateur à Paris. Dans le domaine professionnelle elle avait la<br />
faculté du Roi de Midas. En effet t<strong>ou</strong>t ce qu’elle t<strong>ou</strong>chait se transformait <strong>en</strong> or.<br />
212
A cinq heures tr<strong>en</strong>te du matin, elle savait qu’elle avait quelque chose à faire, <strong>ou</strong><br />
plutôt pr<strong>en</strong>dre une décision. En effet depuis les derniers j<strong>ou</strong>rs elle n’avait pas<br />
réussi à dormir plus de 4 heures par nuit. Cela infusait. Elle le s<strong>en</strong>tait dans<br />
l’air…<strong>ou</strong> cela lui v<strong>en</strong>ait des <strong>en</strong>trailles ? Allez savoir précisém<strong>en</strong>t ce qui faisait ce<br />
grabuge, mais à l’évid<strong>en</strong>ce cela prov<strong>en</strong>ait d’une déception générale de sa<br />
relation avec Nick.<br />
Le charme s’était évan<strong>ou</strong>i et elle n’était pas satisfaite de ce qu’elle percevait<br />
comme ses fondam<strong>en</strong>taux. Il était clair p<strong>ou</strong>r elle qu’humainem<strong>en</strong>t et<br />
émotionnellem<strong>en</strong>t elle n’arriverait plus à cesser de pleurer si elle continuait<br />
cette av<strong>en</strong>ture avec lui. Nick ne dégageait pas la chaleur humaine qu’elle<br />
s<strong>ou</strong>haitait. Même si elle le considérait comme « un toy boy » elle avait visé<br />
d’avoir ce petit minimum de t<strong>en</strong>dresse <strong>ou</strong> de considération humaine. Ils étai<strong>en</strong>t<br />
il est vrai aux antipodes et leurs ag<strong>en</strong>das ne coïncidai<strong>en</strong>t que rarem<strong>en</strong>t. Certes<br />
elle adorait le sexe et plus particulièrem<strong>en</strong>t l’excitation d’être traitée comme<br />
une reine p<strong>en</strong>dant les rares mom<strong>en</strong>ts où ils se tr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. Elle avait<br />
bi<strong>en</strong> saisi qu’il lui avait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs dit et ce dès le départ qu’il devait vivre qu’une<br />
fantaisie. Elle avait bi<strong>en</strong> vu qu’il la testait, qu’il j<strong>ou</strong>ait à manipuler son<br />
psychisme. Voilà la deuxième analyse de sa relation. Natty avait assez de<br />
connaissances sur la psychologie humaine p<strong>ou</strong>r savoir qu’à force de j<strong>ou</strong>er dans<br />
les c<strong>ou</strong>ples à ces jeux intellectuels on tombe s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t dans des situations<br />
regrettables.<br />
<strong>La</strong> rationalité de Natty était d’actualité. Elle avait vraim<strong>en</strong>t vécu l’un de ses<br />
désirs informels de se voir c<strong>ou</strong>rtiser, à boire du vin et déguster de superbes<br />
repas et t<strong>ou</strong>t cela l’avait conduit à se s<strong>en</strong>tir comme l’icône de la femme<br />
désirée. Bi<strong>en</strong> cela était arrivée. Ce fut amusant, mais désormais un certain goût<br />
amer t<strong>ou</strong>rnait dans sa b<strong>ou</strong>che. Il était temps de c<strong>ou</strong>per et c<strong>ou</strong>rir au loin.<br />
Quoiqu’il <strong>en</strong> soit l’av<strong>en</strong>ture avait été plaisante. Mais à t<strong>ou</strong>t pr<strong>en</strong>dre elle était<br />
certaine au plus profond d’elle-même que de la p<strong>ou</strong>rsuivre aurait vite t<strong>ou</strong>rné à<br />
une débâcle fort déplaisante.<br />
487<br />
P<strong>en</strong>dant ce temps les choses allai<strong>en</strong>t guère mieux du coté de Cassandre.<br />
Malgré ses efforts quelques fois par semaines aux B<strong>ou</strong>limiques Anonymes, elle<br />
213
prospérait comme un bébé baleine. En deux mois Cassie avait pris 14 kilos et<br />
avait surt<strong>ou</strong>t pris deux tailles p<strong>ou</strong>r ses pantalons et trois p<strong>ou</strong>r ses s<strong>ou</strong>ti<strong>en</strong><br />
gorges. P<strong>ou</strong>r ne ri<strong>en</strong> arranger elle avait déjà quelques chaussures qui étai<strong>en</strong>t<br />
visiblem<strong>en</strong>t trop serrées.<br />
Avachie sur le sol de sa salle de bain blanche et immaculée, elle offrait une<br />
vision pitoyable. Un paquet vide de cookies sablé trainant à ses cotés, sa main<br />
t<strong>en</strong>ant un cornet de glace à la framboise, elle mangeait et pleurait par<br />
intermitt<strong>en</strong>ces à la seule vue d’un cimetière de c<strong>ou</strong>ture au rebut et de<br />
vêtem<strong>en</strong>ts de marque qui ne lui allai<strong>en</strong>t plus.<br />
« Allo ? »<br />
Dit Natty reconnaissant la prés<strong>en</strong>ce de Nick sur son téléphone.<br />
« J’ai des n<strong>ou</strong>velles p<strong>ou</strong>r toi… »<br />
« Ah bon…De quoi s’agit il ? Est-ce les n<strong>ou</strong>velles casseuses d’émission <strong>ou</strong> dois je<br />
te casser p<strong>ou</strong>r les connaitre ? »<br />
Elle eut un petit rire sur sa plaisanterie.<br />
« Natty, après demain, jeudi serais tu libre ? P<strong>ou</strong>vons n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s r<strong>en</strong>contrer à<br />
Paris ? »<br />
« Pas de problème p<strong>ou</strong>r jeudi, je compr<strong>en</strong>ds au ton de ta voix que p<strong>ou</strong>r la<br />
n<strong>ou</strong>velle, je dois att<strong>en</strong>dre. Est-ce bi<strong>en</strong> cela ? Tu me r<strong>en</strong>ds curieuse. »<br />
« <strong>La</strong> curiosité est un vilain défaut ! Ok Tu auras un billet d’avion à Nice au<br />
bureau d’Air France. Permets moi de t’inviter p<strong>ou</strong>r le déjeuner au Bristol. Je<br />
réserve une table. Disons p<strong>ou</strong>r 13 heures ? »<br />
« Tu sembles à la b<strong>ou</strong>rre…Pas de problème, j’y serai. Tu m’appelles d’où à<br />
l’instant ?<br />
« New York. J’ai plusieurs choses à traiter avant de pr<strong>en</strong>dre mon vol de nuit<br />
p<strong>ou</strong>r Paris. Quand ton vol arrive à Charles de Gaulle, appelle moi car si n<strong>ou</strong>s<br />
arrivons au même mom<strong>en</strong>t n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrons r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong>semble <strong>en</strong> voiture sur<br />
Paris OK ? »<br />
« Cela semble parfait. Au revoir, au revoir chéri »<br />
214
Chacun d’eux avait perçu les s<strong>ou</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du de la conversation. Aucun d’eux<br />
n’aurait pu donner une explication précise sur le fait qu’il avait ress<strong>en</strong>ti un<br />
certain malaise chez l’autre. Nick avait une fois de plus été l’égoïste parfait<br />
n’éc<strong>ou</strong>tant que ce qu’il avait à dire et sans faire cas de savoir ce qu’elle p<strong>ou</strong>vait<br />
lui dire à savoir de son interview au N<strong>ou</strong>vel Observateur ce jeudi même.<br />
R<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s fixé à 17 heures ce qui lui laissait largem<strong>en</strong>t le temps p<strong>ou</strong>r le<br />
déjeuner et la fantaisie sexuelle qu’il avait certainem<strong>en</strong>t anticipée. Mais était<br />
elle bi<strong>en</strong> sûr de v<strong>ou</strong>loir faire le pas cette fois ci ? Cette fois ci Natty avait pris la<br />
décision d’utiliser Nick. Elle avait économisé un billet d’avion p<strong>ou</strong>r Paris.<br />
Jeudi<br />
« Nick ? L’aigle a-t-il atterri, où es tu ? »<br />
« Chérie, je suis arrivé fort tôt ce matin, j’ai une réunion impromptue, puis je te<br />
retr<strong>ou</strong>ve au Bristol. OK ? Tu devrais y être d’ici une heure. Je t’att<strong>en</strong>drai dans la<br />
salle à manger ; Et att<strong>en</strong>tion Pétale, pr<strong>en</strong>ds la bonne devise p<strong>ou</strong>r le taxi cette<br />
fois ci. Je dois y aller, à de suite »<br />
Natty se retr<strong>ou</strong>va avec l’écran vide de son téléphone dans la main. Ce fils de<br />
pute avait déjà raccroché sans même, par politesse, lui demander si elle allait<br />
bi<strong>en</strong> !<br />
Elle avait l’esprit partagé <strong>en</strong> deux voies. Aussi quand elle prit l’avion elle c<strong>ou</strong>cha<br />
sur le papier la liste du p<strong>ou</strong>r et du contre. Elle savait dans sa relation que le<br />
mauvais ne passerait jamais au bon et que le bon resterait plus que stable au<br />
mieux.<br />
P<strong>ou</strong>r Contre<br />
20/20 p<strong>ou</strong>r le sex Haine d’action s<strong>ou</strong>s ses<br />
lumières et ses miroirs<br />
Peu relax devant mes vergetures visibles.<br />
Impossible dormir dans ses bras Un perroquet qui dit<br />
Oh mon Dieu Oh mon Dieu<br />
Paranoïa d’être pris <strong>en</strong> adultère.<br />
215
Orgasmes assurés<br />
Grande résistance<br />
J’aime sa voix, intéressant<br />
Bi<strong>en</strong> que peu s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t hors du lit.<br />
Me traite comme une Reine<br />
Vols <strong>en</strong> First<br />
Et !!les 20K$ <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>ses folles<br />
Je suis pleinem<strong>en</strong>t payé d’être<br />
une c<strong>ou</strong>rtisane à succès !<br />
Fils de pute qui ne m’<strong>en</strong>lèv<strong>en</strong>t mes craintes que quand<br />
il <strong>en</strong> a p<strong>ou</strong>r lui. Egoïste.<br />
Aucun futur, ne veux pas être cause casser son<br />
ménage.<br />
L’am<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs <strong>en</strong>tre deux portes<br />
Elle eut un sursaut quand le portier lui <strong>ou</strong>vrit la porte du Bristol. Elle était<br />
complètem<strong>en</strong>t immergée dans sa liste du p<strong>ou</strong>r et du contre. Elle avait une<br />
mémoire précises de t<strong>ou</strong>s les instants. A part le fait de v<strong>ou</strong>loir par mom<strong>en</strong>ts<br />
maint<strong>en</strong>ir le statu quo, une voix intérieure lui disait de se libérer.<br />
13h 15 Nick devait l’att<strong>en</strong>dre au restaurant. Elle avait besoin de se faire<br />
rapidem<strong>en</strong>t une beauté chez les « Dames ». Traversant le hall de l’hôtel elle fut<br />
étonnée du monde.<br />
Nick s<strong>ou</strong>rit et se leva quand elle approcha de la table. Curieusem<strong>en</strong>t il<br />
l’embrassa sur les deux j<strong>ou</strong>es au lieu et place de la traditionnelle poignée de<br />
main impersonnelle. Cela sortait de ses habitudes.<br />
« Que se passe t’il chérie tu ne sembles pas dans ton état naturel ? »<br />
216
Il ress<strong>en</strong>tait sa nervosité…elle n’était plus la femme joyeuse et <strong>en</strong>j<strong>ou</strong>ée qu’il<br />
avait connu.<br />
« Nick…où… »<br />
Et comme par hasard et c’est du classique, p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t ils t<strong>ou</strong>s les deux que le<br />
serveur emphatique mais bi<strong>en</strong> formé les interrompit p<strong>ou</strong>r leur prés<strong>en</strong>ter un<br />
docum<strong>en</strong>t plus proche d’un diplôme que d’un m<strong>en</strong>u <strong>en</strong> accompagnant ce geste<br />
d’une demande p<strong>ou</strong>r leur offrir év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t un apéritif.<br />
Natty laissa éclater…<br />
« De l’Ars<strong>en</strong>ic avec des glaçons s’il v<strong>ou</strong>s plait »<br />
Elle s<strong>ou</strong>rit d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t au garçon att<strong>en</strong>dant sa réaction.<br />
« Oh la la ! »<br />
P<strong>en</strong>sa Nick, il déc<strong>ou</strong>vrait <strong>en</strong> elle une réaction inhabituelle.<br />
« As t’elle deviné ce que j’ai à lui dire ? Peut être que l’intuition féminine est<br />
une réalité ! »<br />
Le serveur de cet hôtel à cinq étoiles avait du sortir de Sci<strong>en</strong>ce Po, car<br />
diplomatiquem<strong>en</strong>t il se ret<strong>ou</strong>rna vers l’homme sans b<strong>ou</strong>ger le moindre s<strong>ou</strong>rcil<br />
et demanda confirmation de l’étrange demande de Madame. Après t<strong>ou</strong>t c’était<br />
lui le g<strong>en</strong>tleman. Il était naturel de mettre la balle dans son camps.<br />
Nick fort d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t répliqua.<br />
« Peut être v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rriez n<strong>ou</strong>s apporter deux Virgin Mary’s »<br />
Puis t<strong>ou</strong>rnant sa tête vers Natty il lui fit un clin d’œil <strong>en</strong> aj<strong>ou</strong>tant :<br />
« N<strong>ou</strong>s les épicerons n<strong>ou</strong>s-mêmes »<br />
« Qu’est-ce qui t’<strong>en</strong>nuie Pétale ? Je crois j’<strong>en</strong> connais la raison. Une fois que je<br />
t’aurai fait part de ma petite <strong>en</strong>quête que j’ai dilig<strong>en</strong>té <strong>en</strong> raison de tes craintes<br />
alarmistes, tu verras que t<strong>ou</strong>tes tes peurs vont s’évan<strong>ou</strong>ir.<br />
217
Nathalie reprit sa respiration. Maint<strong>en</strong>ant qu’elle savait à qui elle avait à faire,<br />
elle était capable de lire <strong>en</strong>tre les lignes. Elle n’aimait pas du t<strong>ou</strong>t son procédé<br />
d’occulter les choses <strong>en</strong> s’exprimant. Il avait l’habitude de t<strong>ou</strong>rner les choses<br />
d’une façon à se mettre <strong>en</strong> valeur. Elle savait maint<strong>en</strong>ant clairem<strong>en</strong>t que Nick<br />
s’était approprié la version de la Sainte Trinité…<br />
« Moi, Moi seul et Je ! »<br />
« Woa !!!Quelle clairvoyance auj<strong>ou</strong>rd’hui ! Tu as compris que j’étais embêtée !<br />
Quelle chance extraordinaire ! »<br />
Pr<strong>en</strong>ant sa main d<strong>ou</strong>ce, avec ses longs ongles bi<strong>en</strong> manucurés, il t<strong>en</strong>ta<br />
d’apaiser son inhabituelle humeur acerbe, les paupières de Nick s<strong>ou</strong>lignés de<br />
long cils relevés tombai<strong>en</strong>t sur sa peu olivâtre et sa voix de vel<strong>ou</strong>rs ronronnait<br />
s<strong>ou</strong>s la force cont<strong>en</strong>ue d’un moteur de B<strong>en</strong>tley.<br />
« Natty, tu sembles <strong>en</strong> colère, ne le soit pas. J’ai été on ne peux plus clair<br />
depuis le début et quelque soit mes s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r toi, je dois affirmer que je<br />
suis marié et solidem<strong>en</strong>t marié. Je t’ai bi<strong>en</strong> expliqué que je ne p<strong>ou</strong>rrai pas<br />
supporter et p<strong>ou</strong>r de nombreuses raisons que mon infidélité avec toi puisse<br />
transpirer un tant soit peu auprès de ma femme <strong>ou</strong> de quiconque. »<br />
« Absolum<strong>en</strong>t, et c’est la raison p<strong>ou</strong>r laquelle je me suis astreinte à supporter<br />
ta paranoïa exagérée. Mais je ne peux j<strong>ou</strong>er le canard qui sort la tête et la<br />
replonge vis-à-vis de mes amis. Mon amie la plus anci<strong>en</strong>ne et la plus proche est<br />
fâchée contre moi. N<strong>ou</strong>s avons t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs partagé nos petites av<strong>en</strong>tures et à<br />
cause de ta paranoïa je suis obligée de me taire auprès de Claudia et elle est<br />
visiblem<strong>en</strong>t vexée. »<br />
« J’apprécie hautem<strong>en</strong>t ta discrétion et ta compréh<strong>en</strong>sion de ma situation »<br />
Lui laissant la main ? Nick se p<strong>en</strong>cha vers le sol et remonta dans sa main ce que<br />
l’on reconnait dans le monde <strong>en</strong>tier d’où vi<strong>en</strong>t cette belle boite qui conti<strong>en</strong>t un<br />
cadeau quand elle est r<strong>ou</strong>ge et or. Natty avait repéré, <strong>en</strong> sursautant admirative,<br />
la boite de Cartier. C’était- elle trompé sur lui ? Mais elle ne p<strong>ou</strong>vait, dans le<br />
contexte de ce mom<strong>en</strong>t, accepter ce cadeau s’il s’avérait que la valeur<br />
dépassait les normes.<br />
« Allez <strong>ou</strong>vre le. Je l’ai fait faire p<strong>ou</strong>r toi. Cela va t’être très utile »<br />
218
Nick observait sa réaction au mom<strong>en</strong>t de déc<strong>ou</strong>vrir le prés<strong>en</strong>t. Ne s<strong>ou</strong>pçonnant<br />
pas que sa réaction allait être observée et analysée par Nick, ses iris<br />
nuancèr<strong>en</strong>t leurs éclats tandis que son s<strong>ou</strong>rire gagna l’Ouest <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant de l’Est<br />
laissant apparaitre la blancheur d’une d<strong>en</strong>tition d’une nature saine et joyeuse.<br />
Nick eut le temps d’un éclair la vision de cette b<strong>ou</strong>che lors de leurs ébats déjà<br />
du passé. Eut il l’<strong>en</strong>vie s<strong>ou</strong>daine d’y replonger cela est moins sûr !<br />
Une b<strong>ou</strong>rse <strong>en</strong> cuir bordeaux de haute qualité montrait ses initiales p<strong>ou</strong>r<br />
élégamm<strong>en</strong>t agrém<strong>en</strong>ter le coté droit <strong>en</strong> bas. Le t<strong>ou</strong>t était <strong>en</strong>veloppé d’une<br />
multitude de feuilles <strong>en</strong> papier de soie blanche transpar<strong>en</strong>t et délicat.<br />
<strong>La</strong> b<strong>ou</strong>rse était décomposée <strong>en</strong> quatre s<strong>ou</strong>s poche où les symboles des<br />
principales devises figurai<strong>en</strong>t : l’Euro le Dollar le Franc Suisse et le Sterling<br />
britannique. Elle le regarda avec conniv<strong>en</strong>ce, ils ne pur<strong>en</strong>t s’empêcher t<strong>ou</strong>s les<br />
deux de s’esclaffer <strong>en</strong> se remémorant le désarroi quand elle arriva au Waldorf<br />
p<strong>ou</strong>r leur premier diner.<br />
« Nat, tu n’as aucune raison de t’inquiéter au sujet de l’homme qui t’ a suivi. Je<br />
l’ai débusqué »<br />
« Comm<strong>en</strong>t t’y es tu pris ? »<br />
« J’ai t<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t l<strong>ou</strong>é les services d’un détective comme je te l’ai déjà<br />
dit. »<br />
« Et ? »<br />
« Tu avais raison, il y avait bi<strong>en</strong> un homme qui te suivait, mais il ne prés<strong>en</strong>te<br />
aucun danger…p<strong>ou</strong>r toi… car c’est »<br />
« Arrêtes de parler d’une façon cryptée »<br />
Natty fit de n<strong>ou</strong>veau un effort sur elle-même. Nick perçut nettem<strong>en</strong>t que<br />
quelque chose la chiffonnait. Son cadeau n’avait dét<strong>en</strong>du l’atmosphère que<br />
quelques minutes. Mais elle était vite retombée dans son humeur chagrine.<br />
« Je suis quasim<strong>en</strong>t certain que la cible réelle n’était que moi et moi seul, je<br />
p<strong>en</strong>se qu’il ne t’ a suivi que p<strong>ou</strong>r confirmer une évid<strong>en</strong>ce. C’est ma femme qui<br />
l’a mandaté. »<br />
219
Natty regarda Nick. Elle était abas<strong>ou</strong>rdie. Son calme marquait un net contraste<br />
avec sa paranoïa antérieure. Il s’était passé quelque chose mais elle ne p<strong>ou</strong>vait<br />
l’imaginer. Nick la fit sortir de sa rêverie avec sa diatribe à c<strong>ou</strong>per le s<strong>ou</strong>ffle.<br />
« Il n’y a ri<strong>en</strong> que tu puisses red<strong>ou</strong>ter, bi<strong>en</strong> au contraire tu p<strong>ou</strong>rrais <strong>en</strong> être<br />
flattée ! »<br />
« Nick, p<strong>ou</strong>r l’am<strong>ou</strong>r de Dieu, peux tu arrêter de parler <strong>en</strong> Mors <strong>ou</strong> de façon<br />
sibylline. Soit cohér<strong>en</strong>t ; p<strong>ou</strong>rquoi dois je être flattée ? Bi<strong>en</strong> au contraire je ne<br />
veux pas être impliqué dans un quelconque divorce sordide et être passible de<br />
la justice p<strong>ou</strong>r avoir été la cause de la cassure de ton f<strong>ou</strong>tu mariage. »<br />
« Pétale ne soit pas inquiète, je peux t’assurer qu’il n’arrivera ri<strong>en</strong> de fâcheux »<br />
Il semblait bi<strong>en</strong> sûr de lui.<br />
« Mais j’<strong>en</strong> avait déjà vu d’autres avec lui ! » Elle laissa donc sa question <strong>en</strong><br />
susp<strong>en</strong>s. Elle était sérieusem<strong>en</strong>t impliquée à son sujet, et la dernière chose<br />
qu’elle v<strong>ou</strong>lait eut été d’être « L’autre femme » comme il est de r<strong>ou</strong>tine de<br />
l’appeler ainsi.<br />
« Je crois bi<strong>en</strong> que j’ai l’affaire <strong>en</strong> main »<br />
‘Comm<strong>en</strong>t pauvre terri<strong>en</strong> peux tu dire que tu contrôles t<strong>ou</strong>t ? (Il est <strong>en</strong> train de<br />
reporter ses questions sur toi)<br />
Natty avait fait le check up de ses p<strong>en</strong>sées.<br />
<strong>ou</strong> as tu <strong>en</strong>core quelque chose dans la manche ? »<br />
« Oublies ce que je peux avoir dans la manche. Es tu t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs intéressé de<br />
savoir, ce qui est la cerise sur le gâteau, le cont<strong>en</strong>u du rapport de mes<br />
détectives ? »<br />
Il la regarda avec un air taquin et att<strong>en</strong>dit son tacite acquiescem<strong>en</strong>t. Là <strong>en</strong>core<br />
il ne p<strong>ou</strong>vait pas s’empêcher de négocier son p<strong>ou</strong>voir sur elle. Natty s<strong>en</strong>tit bi<strong>en</strong><br />
qu’il contrôla son petit jeu qu’elle n’avait d’autre choix que de satisfaire sa<br />
curiosité.<br />
« Mimant le fait d’appuyer sur la gâchette d’un pistolet, les yeux remplis de<br />
m<strong>en</strong>ace, elle p<strong>ou</strong>ssa sans question…<br />
220
« Tires »<br />
« Natty, tu ne le croiras jamais, mais c’est un détective qui t’a déposé des fleurs<br />
dans ta sacoche. J’ai un concurr<strong>en</strong>t. »<br />
488<br />
Un kaléidoscope d’expressions miroita <strong>en</strong> traversant son visage. Puis<br />
banalem<strong>en</strong>t elle demeura immobile p<strong>en</strong>dant <strong>en</strong>viron deux minutes, observant,<br />
l’esprit abs<strong>en</strong>t, t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> j<strong>ou</strong>ant avec ses doigts.<br />
« Nick, je ne veux plus continuer notre relation. Il n’ ya jamais eu de façon<br />
agréable et sympathique p<strong>ou</strong>r annoncer une telle n<strong>ou</strong>velle. Mais bi<strong>en</strong> qu’il<br />
faille conv<strong>en</strong>ir que n<strong>ou</strong>s avons passé de bons mom<strong>en</strong>ts quand n<strong>ou</strong>s étions<br />
<strong>en</strong>semble, je dois dire que je n’ai pas aimé la façon dont cela à évoluer ».<br />
Quittant son regard de l’arrière de ses doigts, elle posa ses yeux sur Nick p<strong>ou</strong>r<br />
appréh<strong>en</strong>der la surprise qu’elle v<strong>en</strong>ait de lui s<strong>ou</strong>ffler. Elle aurait pu jurer qu’il<br />
semblait s<strong>ou</strong>lager. Elle eut été étonnée qu’il puisse p<strong>en</strong>ser la même chose<br />
qu’elle <strong>ou</strong> plus simplem<strong>en</strong>t qu’il s’était mis d’office sur la réserve à l’instant <strong>ou</strong><br />
il savait que son av<strong>en</strong>ture avait été déc<strong>ou</strong>verte. P<strong>en</strong>sant que c’était plutôt cette<br />
hypothèse qu’il fallait ret<strong>en</strong>ir, car elle connaissait son style, celui d’une femme<br />
difficilem<strong>en</strong>t remplaçable. N’y avait il pas dans la société peu de femmes dont<br />
la rondeur dépassait les normes ? Fort peu, et la plupart qui l’étai<strong>en</strong>t, étai<strong>en</strong>t<br />
mariés et bi<strong>en</strong> éloignées de susciter des désirs sexuelles comme Natty avait pu<br />
le faire.<br />
Elle se surprit à s<strong>ou</strong>rire ce qui à son avis ne collait pas avec l’instant prés<strong>en</strong>t <strong>ou</strong><br />
la plaisanterie n’était plus de mise. Mais dans son for intérieur elle <strong>en</strong>trevoyait<br />
le coté comique de la situation, quand elle s’affublait de l’expression : « Je suis<br />
unique parmi t<strong>ou</strong>s et t<strong>ou</strong>tes! »<br />
Loin d’eux mais dans le hall de l’hôtel, l’homme au cheveux gris, au dos v<strong>ou</strong>té,<br />
fut saisi d’euphorie quand il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit sans le moindre d<strong>ou</strong>te que c’était<br />
Nathalie qui avait rompu la relation. Il n’<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dait pas plus. Maint<strong>en</strong>ant il<br />
était convaincu que si il se mettait avec elle, il n’aurait plus le spectre de Nick<br />
qui vi<strong>en</strong>drait tr<strong>ou</strong>bler leur passion. Si Boris n’était pas <strong>en</strong> une situation<br />
clandestine, il aurait décrété les gagnants de la Formule I sur le terrain des<br />
221
Grands Masturbateurs ! mais le Lobby de l’Hôtel de Bristol n’était pas l’<strong>en</strong>droit<br />
idéal p<strong>ou</strong>r une pareille manifestation.<br />
« Ma chère Natty, s’il ya au moins une certitude, c’est que v<strong>ou</strong>s n’avez jamais<br />
cessé de me surpr<strong>en</strong>dre. <strong>La</strong>isse moi me conc<strong>en</strong>trer une seconde p<strong>en</strong>dant que je<br />
repr<strong>en</strong>ds mes esprits »<br />
Perdus dans leurs p<strong>en</strong>sées réciproques, ils tinr<strong>en</strong>t le rôle de la nostalgie<br />
p<strong>en</strong>dant quelques instants.<br />
« Natty, n<strong>ou</strong>s avons dépassé tes premières t<strong>en</strong>sions sexuelles, que j’avais<br />
profondém<strong>en</strong>t ress<strong>en</strong>tie dès le début. Puis n<strong>ou</strong>s avons développé <strong>en</strong>semble<br />
une réelle symbiose orgasmique qui fut incroyable, or ceci n’arrive que<br />
rarem<strong>en</strong>t et je respecte ta décision. Cep<strong>en</strong>dant je vœux que tu saches p<strong>ou</strong>r le<br />
reste de ta vie que tes <strong>ou</strong>vertures s<strong>en</strong>suelles à mes avances m’ont emballé.<br />
Durant nos trop c<strong>ou</strong>rts mom<strong>en</strong>ts de complicité, j’ai porté au zénith ma<br />
j<strong>ou</strong>issance à un tel point qu’aucune autre femme n’ a pu jamais le faire.<br />
Natty <strong>en</strong> fut surprise, non seulem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r sa candeur mais aussi p<strong>ou</strong>r sa<br />
g<strong>en</strong>tillesse. Avant qu’elle change d’avis, Nick réalisait combi<strong>en</strong> il avait été<br />
chanceux que ce soit elle qui donna le signal de la rupture, car elle avait fermé<br />
ainsi et rapidem<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>tes les portes qui lui aurait permis de rev<strong>en</strong>ir sur cette<br />
décision.<br />
Pr<strong>en</strong>ant sa main dans la si<strong>en</strong>ne, il dit d’une voix qui se v<strong>ou</strong>lait t<strong>en</strong>dre et émue :<br />
« Pétale merci p<strong>ou</strong>r le parc<strong>ou</strong>rs »<br />
Puis se p<strong>en</strong>chant p<strong>ou</strong>r un baiser affectueux sur la j<strong>ou</strong>e, il se leva et laissa un<br />
billet de 500,00 Euros sur la table p<strong>ou</strong>r c<strong>ou</strong>vrir les frais d’un déjeuner non<br />
comm<strong>en</strong>cé et déjà achevé. Il marcha vers la fin de leur histoire sans avoir perdu<br />
la moindre plume. Natty le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue.<br />
Il ne s’était jamais ret<strong>ou</strong>rné. Ce que Natty n’avait pu voir c’était le grand s<strong>ou</strong>pir<br />
de s<strong>ou</strong>lagem<strong>en</strong>t qu’il p<strong>ou</strong>ssa avant de saisir son portable p<strong>ou</strong>r joindre Boris.<br />
222
488 à 490<br />
Le garçon v<strong>en</strong>ait de r<strong>en</strong>dre la monnaie sur les 500 euros que Nick avait laissé <strong>en</strong><br />
paiem<strong>en</strong>t de la note. Il apparaissait clairem<strong>en</strong>t que Nick n’avait aucune idée de<br />
ce que p<strong>ou</strong>vait c<strong>ou</strong>ter deux boissons…ils n’avai<strong>en</strong>t jamais ri<strong>en</strong> fait p<strong>ou</strong>r passer<br />
commande p<strong>ou</strong>r le déjeuner ! <strong>La</strong> bombe avait explosé avant qu’ils n’ai<strong>en</strong>t pu<br />
lire la carte. Son téléphone sonna dans son sac et par bonheur elle vit que<br />
Claudia l’appelait.<br />
« Oh Claudia, tu vi<strong>en</strong>s au bon mom<strong>en</strong>t. Je me s<strong>en</strong> si mal. »<br />
« Que t’arrive t’il ? Un problème avec ta prés<strong>en</strong>tation à la télévision ? »<br />
« Non, je vi<strong>en</strong>s juste de rompre avec Mr Mystérieux, bi<strong>en</strong> que ce soit moi<br />
l’initiatrice de la rupture, je me s<strong>en</strong>s mal. Il n’ a fait aucun effort p<strong>ou</strong>r me<br />
garder. P<strong>ou</strong>rquoi ne m’a-t-il pas au moins demandé de revoir ma position ? je<br />
l’aurai fait. Je suis complètem<strong>en</strong>t dér<strong>ou</strong>tée…Mon Dieu qu’ai-je fait p<strong>ou</strong>r que<br />
cela m’arrive ?<br />
« Où es tu <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t ? »<br />
« A Paris »<br />
« OK, pr<strong>en</strong>ds le premier volet ramène ton p’tit cul à G<strong>en</strong>ève. Fait moi un sms<br />
p<strong>ou</strong>r me donner ton heure d’arrivée, je vi<strong>en</strong>drai te chercher à l’aéroport. »<br />
« je ne peux pas. J’ai un véritable et important interview à 5 heurs au N<strong>ou</strong>vel<br />
Obs. Et j’avais escompté une petite partie de jambes <strong>en</strong> l’air p<strong>ou</strong>r remplir mon<br />
après midi. Bon je blague…<strong>en</strong>fin je blague qu’à moitié Oh je suis tellem<strong>en</strong>t dans<br />
le g<strong>ou</strong>ffre. Il m’a laissé 400 euros de monnaie p<strong>ou</strong>r ce repas raté donc je vais<br />
me livrer à une petite thérapie de shopping au Faub<strong>ou</strong>rg de Saint Honoré. Je<br />
fais même l’économie d’un trajet <strong>en</strong> taxi puisque je suis assis au Bristol comme<br />
un canard blessé »<br />
« Tu peux attraper le vol de 20h 35 à Charles de Gaulle. Je serai là à l’arrivée à<br />
G<strong>en</strong>ève à 21h 45. Tu ferai bi<strong>en</strong> d’être dans ce vol si tu ne veux pas que je<br />
t’<strong>en</strong>voie des cowboys avec un lasso p<strong>ou</strong>r te ram<strong>en</strong>er. »<br />
« Tu es la meilleure. J’apprécie tellem<strong>en</strong>t ton amitié »<br />
Et Natty raccrocha <strong>en</strong> p<strong>ou</strong>ssant un s<strong>ou</strong>pir.<br />
223
Miraculeusem<strong>en</strong>t Natty se ressaisit et traversa l’obstacle de l’interview sans<br />
c<strong>ou</strong>p férir. Comme quoi il n’est pas inutile d’avoir une éduction racée p<strong>en</strong>sa<br />
t’elle <strong>en</strong> s’asseyant quelques heures plus tard dans l’avion.<br />
483-484-485<br />
Natty s’assit les jambes croisées dans le profond sofa de ses amis. Cette<br />
extraordinaire maison était part<strong>ou</strong>t parsemée de nombreuses œuvres<br />
artistiques crées par Claudia elle-même. Sa motivation p<strong>ou</strong>r l’art était si grande<br />
que t<strong>ou</strong>tes ses peintures <strong>ou</strong> sculpture naissai<strong>en</strong>t d’une inspiration v<strong>en</strong>ant des<br />
<strong>en</strong>trailles. <strong>La</strong> conviction de Natty avait été r<strong>en</strong>forcée par la perception des<br />
émotions de l’art de Claudia qui marquait une compassion p<strong>ou</strong>r les problèmes<br />
de quelqu’un.<br />
Natty lui <strong>ou</strong>vrit donc t<strong>ou</strong>tes les vannes.<br />
Claudia <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit donc t<strong>ou</strong>t depuis le début jusqu’à la fin, sans perdre le<br />
moindre détail de l’information. Mais elle n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dit jamais le nom de son<br />
amant.<br />
A trois heures du matin, Claudia ét<strong>en</strong>dit une c<strong>ou</strong>verture <strong>en</strong> cashmere sur son<br />
amie laquelle abandonnée de t<strong>ou</strong>te son énergie avait plongé dans la torpeur.<br />
486<br />
Le temps éc<strong>ou</strong>lé Natty se réveilla, fit sa toilette et prit son petit déjeuner,<br />
Claudia était stupéfié devant l’attitude « Demain est un autre j<strong>ou</strong>r » de son<br />
amie.<br />
« Je me s<strong>en</strong>s beauc<strong>ou</strong>p mieux. Merci de m’avoir laissé me confié à toi sur t<strong>ou</strong>t<br />
la nuit dernière l »<br />
Blaguant Natty, Claudia dit :<br />
« Non pas t<strong>ou</strong>t ! Tu ne m’as t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs pas donné le nom. Maint<strong>en</strong>ant que c’est<br />
du passé tu peux. Allez dis moi ! »<br />
« Pas question, lâches moi la dessus OK »<br />
224
Serrant fortem<strong>en</strong>t son amie dans ses bras elle lui dit :<br />
« Chapeau p<strong>ou</strong>r la discrétion »<br />
« Tu sais quel est le coté positif de cette rupture ? J’étais <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<br />
t<strong>en</strong>tée de rev<strong>en</strong>ir à mes erreurs passées de manger à t<strong>ou</strong>t b<strong>ou</strong>t de champ car il<br />
adorait t<strong>ou</strong>s mes kilos <strong>en</strong> trop. J’<strong>en</strong> étais arrivé à s<strong>ou</strong>haiter qu’il me dise<br />
comm<strong>en</strong>t il me tr<strong>ou</strong>vait hier, depuis que j’ai fait ma chute de poids p<strong>ou</strong>r raison<br />
nerveuse, ce qui a débuté depuis notre dernière r<strong>en</strong>contre. Hah, je comm<strong>en</strong>ce<br />
à y p<strong>en</strong>ser peut être est ce la raison à laquelle je p<strong>en</strong>sais quand je le vis avoir un<br />
regard de s<strong>ou</strong>lagem<strong>en</strong>t quand je lui ai dit que c’était fini. J’ai du probablem<strong>en</strong>t<br />
perdre t<strong>ou</strong>t attrait p<strong>ou</strong>r lui. Crois-tu la chose possible ? »<br />
489<br />
« Peut-être, mais quel intérêt de s’<strong>en</strong> préoccuper désormais ? Tu es bi<strong>en</strong> plus<br />
mignonne et je désire te voir continuer à perdre du poids OK ? Tu as déjà perdu<br />
trois tailles. »<br />
« Que non, p<strong>ou</strong>r le mom<strong>en</strong>t j’<strong>en</strong> suis qu’à deux, mais je vise d’<strong>en</strong> perdre cinq.<br />
Ainsi je p<strong>ou</strong>rrai te voler des vêtem<strong>en</strong>ts ha ha !<br />
« Quelle est déjà ta taille ? »<br />
« 14 »<br />
Claudia siffla avec complicité :<br />
« Qui sait quand tu r<strong>en</strong>contras chaussure à ton pied. Cela arrive t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs au<br />
mom<strong>en</strong>t où on ne s’y att<strong>en</strong>d le moins. »<br />
486<br />
« Je suis t<strong>ou</strong>t le temps avec des mecs. D’ici <strong>ou</strong> de là, je dép<strong>en</strong>se t<strong>ou</strong>tes mes<br />
énergies dans mes projets archéologiques. En général je peux résumer qu’ils<br />
m’<strong>en</strong>nui<strong>en</strong>t. Ils sembl<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s pareils, si prévisibles et insipides. J’aime les<br />
hommes qui ont du charisme riches <strong>en</strong> énergie, avec beauc<strong>ou</strong>p de cellules<br />
grises dans le cerveau. D’ailleurs il sembl<strong>en</strong>t plus occupés avec une barbette <strong>en</strong><br />
guise de trophée <strong>ou</strong> à s’impliquer que trop dans leur travail. En conséqu<strong>en</strong>ce je<br />
vais <strong>en</strong> faire de même et m’immerger totalem<strong>en</strong>t dans mon propre projet. Tu<br />
sais Claudia après l’interview d’hier et ma prochaine apparition à la Télé, je vise<br />
225
d’animer mon propre exposé architectural hebdomadaire. J’ai donc t<strong>ou</strong>s ces<br />
projets. Et je m’attaquerais à eux aussi tôt que possible et mes fêtes à v<strong>en</strong>ir<br />
terminées. Au fait j’espère que tu y seras prés<strong>en</strong>te. N’est ce pas ? »<br />
490<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr. Projettes-tu faire la fête à la villa <strong>ou</strong> ailleurs ? »<br />
« Tu sais cela va être un très gros cocktail, et cette manifestation se dér<strong>ou</strong>lera<br />
dans t<strong>ou</strong>t le village, qui se résum<strong>en</strong>t à une simple allée piétonnière aux pavés<br />
de pierre bombés. Il y aura de la musique de quoi boire et manger un peu<br />
part<strong>ou</strong>t. J’ai commandé deux énormes écrans p<strong>ou</strong>r que chacun puisse suivre <strong>en</strong><br />
directe la diffusion de Discovery Channel. T<strong>ou</strong>t cela est programmé à 17h 30 »<br />
« Combi<strong>en</strong> de temps cela va-t-il durer ? »<br />
« J’ai organisé le traiteur de 17h à 20h, comme le programme dure tr<strong>en</strong>te<br />
minutes il y aura assez de temps p<strong>ou</strong>r boire et manger aux frais de la<br />
princesse »<br />
490 535<br />
Nick laissa le message suivant sur le portable de Boris « Mission accomplie », il<br />
se dirigea tranquillem<strong>en</strong>t du faub<strong>ou</strong>rg Saint Honoré vers la rue Royale. Il prit<br />
t<strong>ou</strong>t son temps car p<strong>ou</strong>r la première fois de sa vie il n’avait ri<strong>en</strong> de particulier à<br />
faire, ni d’<strong>en</strong>droit particulier où aller. Il reconnut devant le passage cl<strong>ou</strong>té qu’il<br />
se tr<strong>ou</strong>vait pratiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> face de la b<strong>ou</strong>tique de chez <strong>La</strong>durée. <strong>La</strong> vitrine<br />
pleine d’une multitude de mini macarons colorés occupa son esprit. Il s<strong>en</strong>tit<br />
subitem<strong>en</strong>t l’appétit le t<strong>en</strong>ailler ainsi qu’une folle <strong>en</strong>vie de d<strong>ou</strong>ceur. Délicieux,<br />
cela faisait mille années lumière qu’il n’avait pas eu cette <strong>en</strong>vie urg<strong>en</strong>te de<br />
sucre. Il ria fort <strong>en</strong> traversant cette rue <strong>en</strong>vahit de passant et impossible à<br />
traverser si le feu n’est pas r<strong>ou</strong>ge car il comparait la corrélation <strong>en</strong>tre une voix<br />
sexuelle et une <strong>en</strong>vie de sucre suave ! Il regarda sa montre, il était 14h30. Il<br />
avait plus que le droit d’être affamé et p<strong>ou</strong>r cette fois exceptionnelle il p<strong>en</strong>sait<br />
avec certitude que son corps n’<strong>en</strong> s<strong>ou</strong>ffrirait pas. Il avait quelques matchs<br />
226
importants qui allai<strong>en</strong>t se préciser bi<strong>en</strong>tôt et il v<strong>ou</strong>lait être prêt physiquem<strong>en</strong>t<br />
au top p<strong>ou</strong>r les gagner.<br />
S’asseyant dans ce chaleureux salon de thé très à la mode décoré au milieu du<br />
19 ième siècle avec de petits anges sur les fresques du plafond et les panneaux<br />
<strong>en</strong> bois verts sur les murs, Nick s’autorisa de se laisser aller par cette<br />
atmosphère auth<strong>en</strong>tique où la vie était caractérisée par une humanité<br />
pacifique.<br />
Au comptoir il fit son choix. Il prit une b<strong>ou</strong>teille d’Evian fraiche p<strong>ou</strong>r<br />
accompagner deux mini macarons de chaque c<strong>ou</strong>leur. Nick ne ress<strong>en</strong>tait jamais<br />
de culpabilité pas plus au travail qu’<strong>en</strong> am<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r manger. Ainsi il profita<br />
largem<strong>en</strong>t de chaque b<strong>ou</strong>chée de ce repas Gargantuel de 24 pièces <strong>en</strong> guise de<br />
déjeuner ! <strong>La</strong> cassure avec Natty s’était avérée incroyablem<strong>en</strong>t calme et il <strong>en</strong><br />
remercia sa bonne étoile.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, il n’arrivait pas à croire que c’était elle qui avait l’initiative de cette<br />
rupture. Qui s’intéresserait à ses raisons, c’était la dernière chose à laquelle il<br />
allez se préoccuper. Nick appréh<strong>en</strong>dait la réaction de Natty avec une<br />
manifestation coléreuse voire de se comporter comme une peau de vache.<br />
Aussi absurde que cela puisse paraître, Natty avait été la première maitresse de<br />
Nick. En dépit de t<strong>ou</strong>te de son appar<strong>en</strong>ce d’homme sûr de lui et capable de<br />
t<strong>ou</strong>t, il était <strong>en</strong> fait un puceau <strong>en</strong> matière d’av<strong>en</strong>ture extra maritale. Il avait lu<br />
et <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire tant d’horribles histoires soit par la presse <strong>ou</strong> amis relatant de<br />
sordides séparations dans des relations adultérines qu’il s’att<strong>en</strong>dait peu <strong>ou</strong><br />
pr<strong>ou</strong> à un chantage. Il s’était imaginé t<strong>en</strong>ant des gr<strong>en</strong>ades avant de savoir s’il<br />
devait les faire exploser et quand.<br />
« Mais, j’ai eu de la chance »<br />
P<strong>en</strong>sa Nick.<br />
« Natty a fait montre de b<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> b<strong>ou</strong>t d’un tempéram<strong>en</strong>t de <strong>La</strong>dy. »<br />
Observant les autres cli<strong>en</strong>ts qui tantôt mâchonnai<strong>en</strong>t tantôt sirotai<strong>en</strong>t, Nick<br />
p<strong>en</strong>sa qu’il serait une bonne idée de demander à sa femme de le rejoindre<br />
p<strong>ou</strong>r le diner du Polo Awards de samedi soir au Grosv<strong>en</strong>or H<strong>ou</strong>se Hôtel de<br />
Londres. Il n’ y avait ri<strong>en</strong> de plus officiel et incont<strong>ou</strong>rnable que ce diner parmi<br />
227
ceux qui jalonnai<strong>en</strong>t le cal<strong>en</strong>drier annuel du polo. Il était de bon ton d’y être<br />
avec son ép<strong>ou</strong>se.<br />
528<br />
Nick savait qu’il n’avait pas à lui faire la conversation compte t<strong>en</strong>u de la<br />
nombreuse participation ce soir là. Il apparaitrait ainsi le marié heureux, le chef<br />
de famille stable.<br />
529<br />
« Cassie, cela fait un mom<strong>en</strong>t que n<strong>ou</strong>s n’avons pas vécu un mom<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble<br />
et comme je dois aller <strong>en</strong> Chine la semaine prochaine, p<strong>ou</strong>rquoi ne pr<strong>en</strong>drez tu<br />
pas le vol de cette nuit <strong>ou</strong> de demain p<strong>ou</strong>r Londres, ainsi n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrions aller<br />
au diner dansant du Polo Awards au Grosv<strong>en</strong>or H<strong>ou</strong>se. Valides tu cette idée ? »<br />
Avec c<strong>ou</strong>rtoisie, il att<strong>en</strong>dit sa réponse. Si elle refusait, il avait t<strong>ou</strong>s les<br />
argum<strong>en</strong>ts p<strong>ou</strong>r la faire b<strong>ou</strong>ger. Mais il savait que le mieux p<strong>ou</strong>r attirer les<br />
m<strong>ou</strong>ches c’était le miel. Et elle devait se s<strong>en</strong>tir comme une m<strong>ou</strong>che puante de<br />
l’<strong>en</strong>fer depuis qu’elle l’avait mis s<strong>ou</strong>s surveillance.<br />
« Nick je serai ravie de v<strong>en</strong>ir, mais je n’ai plus ri<strong>en</strong> à me mettre »<br />
« Tu ferais mieux de tr<strong>ou</strong>ver une autre excuse, Pétale ! N’as-tu pas des<br />
dressings qui sont grands comme des <strong>en</strong>trepôts !<br />
Mais Nick, j’ai pris 14 kilos <strong>en</strong> deux mois. Je te dis sérieusem<strong>en</strong>t que j’ai jeter 23<br />
vêtem<strong>en</strong>ts pas plus tard qu’hier. Est un évènem<strong>en</strong>t « black tie » ?<br />
« Oui, sors et tr<strong>ou</strong>ve toi une belle t<strong>en</strong>ue, <strong>ou</strong> si tu préfères attrape le vol<br />
d’auj<strong>ou</strong>rd’hui p<strong>ou</strong>r Londres, ainsi je t’y att<strong>en</strong>drai et demain on aura t<strong>ou</strong>t le<br />
temps p<strong>ou</strong>r faire <strong>en</strong>semble du shopping p<strong>ou</strong>r te tr<strong>ou</strong>ver une superbe t<strong>en</strong>ue.<br />
Ma j<strong>ou</strong>rnée de demain est totalem<strong>en</strong>t libre, ainsi j’aurai quelque chose à faire.<br />
Reti<strong>en</strong>s tu cette idée ? »<br />
Cassandra n’<strong>en</strong> croyait pas ses oreilles. Quelle surprise d’avoir un mari si<br />
att<strong>en</strong>tionné complètem<strong>en</strong>t à 180 degrés de son caractère habituel. Mais un<br />
cadeau cela ne se discute pas, c’était l’une des devises de Cassandra et elle se<br />
l’appliquait à elle-même cette fois ci. Elle n’allait pas rater l’opportunité de<br />
passer de façon inatt<strong>en</strong>due quelques j<strong>ou</strong>rs avec son mari et à sa demande.<br />
228
« Tu as raison mon cœur, Je vais m’<strong>en</strong>quérir que Nanny va disposer de ce qu’il<br />
faut p<strong>ou</strong>r s’occuper des <strong>en</strong>fants. Et après je pr<strong>en</strong>drai le vol de ce soir. A demain<br />
donc à Londres »<br />
« Je vais réserver au Grosv<strong>en</strong>or H<strong>ou</strong>se comme le bal y est de t<strong>ou</strong>te façon. Ce<br />
sera plus commode p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s. Peux tu me r<strong>en</strong>dre un service, il faudrait que tu<br />
me ramènes ma cravate noire et t<strong>ou</strong>t mon attiraille s’il te plait ?<br />
507<br />
Cassandra <strong>en</strong>tra de suite <strong>en</strong> action. Il était 7h à Miami. Elle avait t<strong>ou</strong>t le temps<br />
de se faire soigner du haut de son corps jusqu’au petit orteil à son spa. Elle<br />
devait s’assurer que deux filles allai<strong>en</strong>t s’occuper d’elle. Ainsi elle p<strong>ou</strong>rrait <strong>en</strong><br />
sortir vers midi. Elle laissa un message sur le téléphone du bureau de son mari,<br />
demandant à Islee de lui réserver un billet p<strong>ou</strong>r le vol Miami Londres p<strong>ou</strong>r le<br />
soir <strong>en</strong> première <strong>ou</strong> <strong>en</strong> business club et de lui faire un texto l’informant des<br />
détails. Elle pr<strong>en</strong>drai directem<strong>en</strong>t son billet le soir à l’aéroport.<br />
506<br />
Juste au mom<strong>en</strong>t où elle cherchait son téléphone dans son sac p<strong>ou</strong>r le<br />
déconnecter <strong>en</strong> vue d’<strong>en</strong>trer dans l’avion p<strong>ou</strong>r Londres un message lui parvint :<br />
Madame <strong>La</strong>ssifar, je n’ai ri<strong>en</strong> d’anormal à v<strong>ou</strong>s communiquer. Vos s<strong>ou</strong>pçons<br />
étai<strong>en</strong>t infondés. Notre rapport complet est à votre disposition à nos bureaux<br />
p<strong>ou</strong>r votre satisfaction, à moins que v<strong>ou</strong>s me donniez d’autres instructions.<br />
Boris Bailey Associates & Co<br />
P<strong>ou</strong>r la première fois depuis des mois, Cassandra s’ass<strong>ou</strong>pit profondém<strong>en</strong>t.<br />
T<strong>ou</strong>t son système nerveux s’effondra dans un amas quasim<strong>en</strong>t dénuée de vie.<br />
T<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> étant dans le taxi <strong>en</strong> r<strong>ou</strong>te p<strong>ou</strong>r le Grosv<strong>en</strong>or H<strong>ou</strong>se Hôtel, elle se disait<br />
que de t<strong>ou</strong>te sa vie elle ne s’était jamais s<strong>en</strong>ti si reposée après un vol. Certes la<br />
facture de Bailey allait surv<strong>en</strong>ir mais elle serait bi<strong>en</strong> moins chère comparaison<br />
faite à celles des médecins et des spas p<strong>ou</strong>r maigrir, dont allait devoir <strong>en</strong><br />
assumer le paiem<strong>en</strong>t.<br />
Cassandra avait vite prévu de lister les produits alim<strong>en</strong>taires amincissant<br />
nécessaires p<strong>ou</strong>r perdre les kilos accumulés récemm<strong>en</strong>t. Une heure plus tard,<br />
elle faisait éruption dans leur suite, où Nick l’att<strong>en</strong>dait.<br />
229
Elle s’avança p<strong>ou</strong>r l’embrasser.<br />
« Bonj<strong>ou</strong>r ! »<br />
« Pas trop crevée Pétale ? »<br />
« J’ai dormi comme un bébé, je n’ai même pas profité du diner. Dès que l’avion<br />
décolla j’ai incliné à l’horizontal mon siège et je ne me suis réveillé que quand<br />
l’hôtesse taquina mes narines par l’odeur des croissants chauds »<br />
« Tu sembles <strong>en</strong> forme, et je dois dire que tu as <strong>en</strong> effet pris du poids mais cela<br />
te va à merveille »<br />
En même temps il lui fit une pich<strong>en</strong>ette sur ses j<strong>ou</strong>es et remarqua qu’elle <strong>en</strong><br />
avait r<strong>ou</strong>gi. Il <strong>en</strong> fut sur le c<strong>ou</strong>p ret<strong>ou</strong>rné.<br />
Après trois heures de shopping, Nick avait choisi un <strong>en</strong>semble qu’elle aimait<br />
particulièrem<strong>en</strong>t, d’autant plus que son décolleté avait maint<strong>en</strong>ant quelque<br />
chose à laisser <strong>en</strong>trevoir. Il la provoqua <strong>en</strong> la p<strong>ou</strong>ssant à la pr<strong>en</strong>dre. Plus tard<br />
alors qu’elle allait susp<strong>en</strong>dre sa n<strong>ou</strong>velle robe dans le dressing, elle s’y regarda<br />
une dernière fois et surprit le regard intéressé de son mari par l’image reflétée<br />
dans le miroir.<br />
Leurs regards fusionnèr<strong>en</strong>t le temps d’un éclair avant que Nick <strong>ou</strong>vrant les bras<br />
lui fit signe de s’approcher. Elle laissa choir ses escarpins sur la moquette<br />
qu’elle f<strong>ou</strong>lait p<strong>ou</strong>r traverser le living, les lèvres <strong>ou</strong>vertes, les paupières<br />
résistant à la pesanteur terrestre. Cela faisait longtemps qu’elle pas été prise<br />
par son mari.<br />
Cassandra dormit <strong>en</strong>core t<strong>ou</strong>te la nuit, tandis que Nick travaillait dans le salon<br />
adjac<strong>en</strong>t. Il était sur l’<strong>ou</strong>verture de leur première usine de chocolat <strong>en</strong> Chine. Il<br />
y a dix ans le chocolat était pratiquem<strong>en</strong>t inconnu <strong>en</strong> Chine, car trop cher et de<br />
ce fait réservé uniquem<strong>en</strong>t aux riches. Mais l’expansion économique qui avait<br />
gagné les villes principales comme un feu de forêt avait changé la donne de<br />
l’av<strong>en</strong>ir du chocolat. <strong>La</strong> croissance économique avait donc permis une<br />
croissance parallèle du marché du chocolat. Schoko Schocolates, avait déjà pris<br />
des parts de marché. Nick avait eu l’idée d’aller plus avant <strong>en</strong> créant une usine<br />
de production de chocolat <strong>en</strong> profitant du « Know How » europé<strong>en</strong> p<strong>ou</strong>r<br />
230
<strong>en</strong>vahir le marché qui aurait été difficile à conquérir que par des importations<br />
contrôlables par les autorités chinoises.<br />
Cassandre était à moitié <strong>en</strong>dormie quand elle s<strong>en</strong>tit que son mari avait des<br />
désirs non dissimulés. Il avait écarté ses jambes qui d’ailleurs l’avai<strong>en</strong>t réveillé<br />
<strong>en</strong> b<strong>ou</strong>geant. Elle était trop heureuse de ce réveil de leurs s<strong>en</strong>s. Nick<br />
connaissait bi<strong>en</strong> sa femme et sa propre réaction p<strong>ou</strong>r que chacun déc<strong>ou</strong>vre le<br />
secret de la j<strong>ou</strong>issance. <strong>La</strong> semi tranquillité de Cassandre provoquait la<br />
continuité de la puissance de Nick dans ses <strong>en</strong>trailles.<br />
Elle finit par des Ahh et des Ooh quand elle fut au paroxysme. Le jaillissem<strong>en</strong>t<br />
tiède de Cassandre provoqua chez Nick une s<strong>en</strong>sation de puissance laquelle<br />
acclimatée quelques secondes plus tard le fit sombrer sur la peau de porcelaine<br />
de sa femme satisfaite.<br />
Réveillés juste après le déjeuner, ils demandèr<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>cas au service de<br />
chambre <strong>en</strong> bagu<strong>en</strong>audant aut<strong>ou</strong>r de leur suite jusqu’à l’heure de s’habiller et<br />
d’aller danser !<br />
Nick remarqua les regards étranges de ses équipiers de polo. Mais il décida de<br />
les ignorer.<br />
« Berk »<br />
P<strong>en</strong>sa t’il <strong>en</strong> lui-même. Il avait bi<strong>en</strong> compris qu’ils étai<strong>en</strong>t choqués de voir à<br />
quel point cassie avait pris du poids. Sa silh<strong>ou</strong>ette ne collait pas avec leur image<br />
de la femme trophée.<br />
« Oh la vache ! Quelle bande d’idiots <strong>en</strong>nuyeux »<br />
P<strong>en</strong>sa Nick.<br />
S<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> flagrant délit deux de ses équipiers qui se moquai<strong>en</strong>t<br />
visiblem<strong>en</strong>t de Cassie, il fit un pas de coté de là où elle était p<strong>ou</strong>r se propulses<br />
derrière ses deux énergumènes, dont sortai<strong>en</strong>t les comm<strong>en</strong>taires déplacés,<br />
puis les interrompit <strong>en</strong> leur disant :<br />
« Je présume que si vos femmes sont minces comme des insectes vi<strong>en</strong>t<br />
surem<strong>en</strong>t que v<strong>ou</strong>s ne leur donnez à manger que de l’herbe…Mais ne me dites<br />
pas que v<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>vez s<strong>en</strong>suel d’allez au lit avec un sac d’os ! »<br />
231
Les laissant dans leur embarras d’avoir été pris <strong>en</strong> défaut par leur chef<br />
d’équipe, il s’<strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>rna vers Cassie.<br />
Le « savoir faire » mondain de Cassandre facilita l’heure de conversation<br />
p<strong>en</strong>dant un cocktail insipide. En la regardant et <strong>en</strong> l’éc<strong>ou</strong>tant Nick réalisa que<br />
ce qu’elle disait ne prés<strong>en</strong>tait aucun intérêt mais qu’<strong>en</strong> revanche elle<br />
provoquait les réponses des autres ce qui finalem<strong>en</strong>t la r<strong>en</strong>dait chef<br />
d’orchestre d’une bonne réunion sociale.<br />
Partiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison d’échapper aux congratulations, conséqu<strong>en</strong>ces du fait<br />
que Nick avait gagné l’intitulé honorifique du j<strong>ou</strong>eur de l’année dans la C<strong>ou</strong>pe<br />
d’Or et partiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison de préférer le corps de Cassandre plutôt que<br />
l’<strong>en</strong>nuyeux bla bla facile à prévoir, Nick se leva et galamm<strong>en</strong>t écarta de la table<br />
la chaise de Cassandre, lui indiquant que son désir était de la faire danser.<br />
Sur la piste de danse, ils dansèr<strong>en</strong>t le rock, le twist, la valse et s’embrassèr<strong>en</strong>t,<br />
Nick se surprit à constater combi<strong>en</strong> il avait manqué la proximité de sa femme<br />
au mom<strong>en</strong>t où il la vit rire avec bonheur quand il la fit t<strong>ou</strong>rner sur la piste.<br />
Cassie eut <strong>en</strong>vie d’embrasser l’énorme c<strong>ou</strong>pe que Nick avait gagné, car même<br />
de loin elle était concernée puisqu’elle justifiait l’euphorie de son mari et<br />
qu’elle <strong>en</strong> était la bénéficiaire.<br />
« Pétale, les <strong>en</strong>fants t’ont t<strong>ou</strong>t le temps, et moi je te veux quelque peu. Donc<br />
demain matin ma jeune et t<strong>en</strong>dre tu pars <strong>en</strong> Chine avec moi »<br />
Cassie faillit se tordre le pied. Elle fut si surprise qu’elle perdit le pas de danse<br />
p<strong>en</strong>dant la valse. Nick s’<strong>en</strong> amusa et r<strong>en</strong>força sa prise aut<strong>ou</strong>r de sa poitrine<br />
potelée et la remit dans le tempo.<br />
« Mais… »<br />
« Pas de « mais » N<strong>ou</strong>s appellerons les <strong>en</strong>fants et Nanny plus tard, le concierge<br />
annulera ton billet de ret<strong>ou</strong>r et te tr<strong>ou</strong>vera un billet p<strong>ou</strong>r t’asseoir à mes cotés<br />
sur mon vol. <strong>La</strong> vie ne peut être plus facile !<br />
232
533<br />
P<strong>en</strong>dant que Nick regardait à coté de lui sa femme ass<strong>ou</strong>pie paisiblem<strong>en</strong>t dans<br />
son lit de première, il se remémorait la phrase d’Oscar Wilde qui peut se<br />
résumer ainsi au sujet de la culpabilité :<br />
« C’est la confession et non le prêtre qui n<strong>ou</strong>s donne l’absolution »<br />
Cela avait déjà été une pr<strong>ou</strong>esse de marchander avec ce f<strong>ou</strong>tu détective, ri<strong>en</strong><br />
que la p<strong>en</strong>sée d’avoir à se confesser à quiconque et <strong>en</strong>core moins à Cassandre<br />
mit Nick dans une sueur froide. Il saisit rapidem<strong>en</strong>t son verre de champagne et<br />
s’autorisa à ce que les bulles délicates et glacées vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t désaltérer son<br />
anxiété. Il savait que le champagne n’était pas une réponse à long terme. Il<br />
fallait de t<strong>ou</strong>te évid<strong>en</strong>ce qu’il ait le c<strong>ou</strong>rage, quitte à le r<strong>en</strong>dre vulnérable vis-àvis<br />
de Cassie, de lui admettre ce qu’il considérait comme une perversion. Bi<strong>en</strong><br />
sûr, plus il y p<strong>en</strong>sait plus, plus il réalisait que de reconnaitre sa fantaisie d’aimer<br />
les b<strong>ou</strong>lotes à Cassie p<strong>ou</strong>vait la r<strong>en</strong>dre « stratosphériquem<strong>en</strong>t » heureuse.<br />
534<br />
Il comm<strong>en</strong>çait à tr<strong>ou</strong>ver l’issue à ses problèmes, comme le disait Victor Hugo :<br />
« Le c<strong>ou</strong>pable n’est pas celui qui commets le péché, mais bi<strong>en</strong> celui qui<br />
provoque l’obscurité »<br />
Cassie se ret<strong>ou</strong>rna dans un demi sommeil et fit un d<strong>ou</strong>x s<strong>ou</strong>rire à son mari.<br />
« Pétale, tu ne m’as jamais paru aussi belle, promets moi de garder t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />
cette charmante rondeur…Ou même plus ample ? J’adore ton petit cul, et plus<br />
il est débordant…plus j’<strong>en</strong> suis heureux ! »<br />
« Nick est ce vrai…n’est-ce pas ? Il ya t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs une lumière au b<strong>ou</strong>t du tunnel »<br />
« je ferai n’importe quoi p<strong>ou</strong>r toi, et p<strong>ou</strong>rquoi pas si c’est ton plaisir un<br />
monum<strong>en</strong>t de l’excès de poids nutritionnel »<br />
Nick fit un rire rauque avant de dire :<br />
« Restes juste dans tes formes mon am<strong>ou</strong>r !»<br />
233
« Je suis modelée…ronde est une forme ! »<br />
Elle p<strong>ou</strong>ssa de petits rires avant de placer un t<strong>en</strong>dre et chaud baiser sur sa main<br />
<strong>en</strong> refermant à n<strong>ou</strong>veau les yeux dans un cont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t de plein bonheur.<br />
504 -505 <strong>en</strong> fait 536<br />
Le lundi et le mardi fur<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r eux une seconde lune de miel p<strong>ou</strong>r le C<strong>ou</strong>ple<br />
du Sphinx qui r<strong>en</strong>aissait de ses c<strong>en</strong>dres. Nick avait organisé une visite guidée de<br />
Pékin, qui alla du mausolée de Mao à la Grande muraille de Chine dont<br />
Cassandre fut légèrem<strong>en</strong>t déçue. <strong>La</strong> guide l’avait m<strong>en</strong>é à la partie du mur<br />
appelé Badaling qu’elle tr<strong>ou</strong>va pauvre <strong>en</strong> ambiance scénique et spirituel. Elle<br />
grimpa sur le sommet de cette partie du mur au moy<strong>en</strong> d’un drôle wagon<br />
électrique qui r<strong>ou</strong>lait sur des rails <strong>en</strong>gin qui était la dernière chose que l’on<br />
p<strong>en</strong>sait tr<strong>ou</strong>ver à cet <strong>en</strong>droit. Mais elle opta p<strong>ou</strong>r redesc<strong>en</strong>dre de le faire à<br />
pied. A mi chemin elle se ret<strong>ou</strong>rna p<strong>ou</strong>r bi<strong>en</strong> capter une dernière vue du<br />
sommet de cette magnifique construction <strong>en</strong> pierre qui avait pris plus de c<strong>en</strong>t<br />
ans p<strong>ou</strong>r sortir du sol et s’achever, quelque soit l’<strong>en</strong>droit on ne s’éloignait<br />
jamais du style de l’origine. Ce n’est que plusieurs années plus tard que la<br />
muraille perdit par <strong>en</strong>droit sa majesté grâce aux énormes panneaux<br />
publicitaires qui inondai<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>droit t<strong>ou</strong>t au long des collines. Mais t<strong>ou</strong>t ceci<br />
était le prix à payer p<strong>ou</strong>r s’affubler du nom d’une société « libre ». Tandis que<br />
Cassandre desc<strong>en</strong>dait le chemin raide elle pondéra l’idée de la « société libre ».<br />
P<strong>en</strong>sait-elle que la majorité du peuple n’était pas plus libre à ce j<strong>ou</strong>r que celle<br />
qui vivait s<strong>ou</strong>s la période communiste de Mao ? T<strong>ou</strong>t ce qu’ils avai<strong>en</strong>t changer<br />
c’était les règles du jeu.<br />
Depuis la Marché des Perles jusqu’à l’Olympique « *Bird’s nest », elle eu<br />
<strong>en</strong>core le temps de passer deux heures à se balader dans l’anci<strong>en</strong>ne usine<br />
d’armem<strong>en</strong>t militaire qui avait été mise hors de service et qui était dev<strong>en</strong>u un<br />
espace d’art le plus grand du monde appelé simplem<strong>en</strong>t « 798 » En fin de<br />
j<strong>ou</strong>rnée Nick et elle se retr<strong>ou</strong>vèr<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r déguster <strong>en</strong>semble chaque morceau<br />
d’un Canard <strong>La</strong>qué.<br />
« Cassie n<strong>ou</strong>s aurions du déjà profité <strong>en</strong>semble de ces délicieux mets depuis<br />
des années. J’ai des n<strong>ou</strong>velles à v<strong>ou</strong>s révéler Madame <strong>La</strong>ssifar car maint<strong>en</strong>ant<br />
234
n<strong>ou</strong>s allons aller parc<strong>ou</strong>rir la R<strong>ou</strong>te de Soie Gastronomique et y pratiquer notre<br />
r<strong>ou</strong>tine qui consistera à n<strong>ou</strong>s conc<strong>en</strong>trer sur les travaux de l’am<strong>ou</strong>r j<strong>ou</strong>e contre<br />
j<strong>ou</strong>e…..<br />
« N<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s sommes retr<strong>ou</strong>vés mon cœur et c’est p<strong>ou</strong>r cela que je suis si<br />
heureuse. Grâce à Dieu je suis avec toi. J’aime cette ville et l’énergie qui <strong>en</strong><br />
transpire mais j’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que dans cette imm<strong>en</strong>se cité le peuple<br />
rassemblé est bi<strong>en</strong> seul. Cela a-t-il un s<strong>en</strong>s ?<br />
Les yeux de Cassandre scintillai<strong>en</strong>t comme un petit diable quand elle r<strong>ou</strong>la un<br />
autre sympathique pancake b<strong>ou</strong>rratif dans le jus du canard et d’une sauce faite<br />
maison à l’ananas.<br />
Le mercredi quand l’avion arrivant de Chine attira à New York, Cassandra prit la<br />
correspondance p<strong>ou</strong>r Palm Beach. Ils s’embrassèr<strong>en</strong>t l’un l’autre avec des yeux<br />
étincelants. Nick devait rester à Manhattan p<strong>ou</strong>r affaires mais il lui expliqua<br />
qu’il serait à Palm Beach p<strong>ou</strong>r le week <strong>en</strong>d ;<br />
En effet cela allait être une réunion de travail explosive. Il avait hâte d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
ce que Boris Bailey allait lui donner comme munition.<br />
Il avait été on ne peut plus clair sur le fait qu’il allait p<strong>ou</strong>voir s’asseoir dans le<br />
siège présid<strong>en</strong>tiel.<br />
Nick se voyait déjà établir des changem<strong>en</strong>ts et des innovations p<strong>ou</strong>r Schoko<br />
Schokolates.<br />
‘Monsieur Bailey, bonj<strong>ou</strong>r »<br />
Dit Nick s’asseyant avant même qu’on ne l’ait invité.<br />
« Bon je v<strong>ou</strong>s ai délivré ma part de notre marché, maint<strong>en</strong>ant je suis ici p<strong>ou</strong>r<br />
recevoir la votre. »<br />
<strong>La</strong> langue de travers Boris impassible :<br />
« Je v<strong>ou</strong>lais v<strong>ou</strong>s proposer de pr<strong>en</strong>dre un siège, mais v<strong>ou</strong>s m’avez devancé.<br />
Maint<strong>en</strong>ant v<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> aux faits. Avez-v<strong>ou</strong>s cassé avec Nathalie Petlah comme<br />
n<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> avions conv<strong>en</strong>u ? »<br />
235
« Absolum<strong>en</strong>t, je le fis à l’hôtel Bristol à Paris la semaine dernière. Mais je suis<br />
persuadé que v<strong>ou</strong>s <strong>en</strong> avez déjà connaissance. »<br />
« Monsieur <strong>La</strong>ssifar, un m<strong>en</strong>songe fait s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t le t<strong>ou</strong>r du monde avant que la<br />
vérité apparaisse. »<br />
Nick le regarda interrogatif et sans expression. Quelque chose lui échappait et il<br />
n’arrivait pas à savoir de quoi il <strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>rnait.<br />
« J’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que je ne suis pas avec v<strong>ou</strong>s sur la même longueur d’onde ! »<br />
Nick se fit un raisonnem<strong>en</strong>t :<br />
«N’admets ri<strong>en</strong>, nies t<strong>ou</strong>t et tr<strong>ou</strong>ve toi déjà de fortes contre accusations et<br />
garde les mots d<strong>ou</strong>x et suaves au cas <strong>ou</strong> tu puisses les manger ! Ceci résumait<br />
sa stratégie dans cette n<strong>ou</strong>velle bataille.<br />
« V<strong>ou</strong>s devez <strong>ou</strong>blier que je suis probablem<strong>en</strong>t à New York et possiblem<strong>en</strong>t aux<br />
USA le meilleur détective privé. Je dispose la transcription totale de votre soit<br />
disant<br />
conversation de « Cassure avec Mlle Petlah »<br />
« Donc v<strong>ou</strong>s savez que je l’ai fait. Où est le problème ? P<strong>ou</strong>rquoi v<strong>ou</strong>s ne me<br />
donnez pas l’information dont j’ai besoin ? »<br />
C<strong>ou</strong>pant Nick sans plus att<strong>en</strong>dre, il l’interrompit avec un s<strong>ou</strong>rire glacial.<br />
« T<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t v<strong>ou</strong>s n’avez pas cassé votre relation. »<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr que je l’ai fait. Si v<strong>ou</strong>s avez <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du t<strong>ou</strong>t v<strong>ou</strong>s savez que t<strong>ou</strong>t est fini<br />
et que les termes sont certains. »<br />
Nick était complètem<strong>en</strong>t perdu.<br />
« Non Monsieur <strong>La</strong>ssifar, c’est Miss Petlah qui v<strong>ou</strong>s a dit que c’était fini dans<br />
ces termes précis :<br />
« Nick, Je ne veux pas p<strong>ou</strong>rsuivre notre relation. Il n’y a jamais une façon<br />
g<strong>en</strong>tille et aimable p<strong>ou</strong>r dire ce g<strong>en</strong>re de chose. Mais bi<strong>en</strong> que n<strong>ou</strong>s ayons eu<br />
une histoire d’am<strong>ou</strong>r quand n<strong>ou</strong>s étions <strong>en</strong>semble, je n’ai pas aimé la manière<br />
dont cela a évolué »<br />
236
« Alors ? » Nick ne compr<strong>en</strong>ait pas où Boris v<strong>ou</strong>lait <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir.<br />
« Alors, Monsieur <strong>La</strong>ssifar, le marché portait sur le fait que ce soit VOUS,<br />
personnellem<strong>en</strong>t, celui qui devait casser votre relation. En d’autres termes<br />
v<strong>ou</strong>s deviez être l’instigateur, ce qui visiblem<strong>en</strong>t n’est pas le cas. Dans ces<br />
conditions je n’ai aucune obligation à v<strong>ou</strong>s dire ce que v<strong>ou</strong>s att<strong>en</strong>diez de moi<br />
dans l’hypothèse où v<strong>ou</strong>s auriez fait exactem<strong>en</strong>t ce que j’avais stipulé et<br />
accepté par v<strong>ou</strong>s. Notre conversation a été <strong>en</strong>registré. V<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ?<br />
Le corps de Nick se t<strong>en</strong>dit, se bloqua s<strong>ou</strong>s contrôle. Il n’ y a pas besoin d’avoir<br />
fait polytechnique p<strong>ou</strong>r compr<strong>en</strong>dre le langage du corps. Nick charitablem<strong>en</strong>t<br />
ne v<strong>ou</strong>lait pas tuer un homme à terre. Il p<strong>ou</strong>vait lire l’expression de Mr <strong>La</strong>ssifar<br />
aussi bi<strong>en</strong> que le défilé des c<strong>ou</strong>rs à la B<strong>ou</strong>rse. Le fort et trop sur de soi, Mr<br />
<strong>La</strong>ssifar était déchiré <strong>en</strong>tre v<strong>ou</strong>loir apparaitre humble et beau j<strong>ou</strong>eur <strong>en</strong> ayant<br />
accepté la défaite, <strong>ou</strong> laissait <strong>en</strong> sortant un signal d’alarme bi<strong>en</strong> ajusté p<strong>ou</strong>r le<br />
futur.<br />
« Marchez et conduisez près de moi avec beauc<strong>ou</strong>p de précaution…Achetez un<br />
Tank !<br />
Après quelques secondes qui parur<strong>en</strong>t interminables il se leva simplem<strong>en</strong>t et<br />
dit :<br />
« V<strong>ou</strong>s avez peut être gagné la bataille. Mais je gagnerai la guerre. Au revoir Mr<br />
Bailey »<br />
Et il sortit avec une démarche mal assurée plus l<strong>en</strong>te qu’il ne le p<strong>en</strong>sait, il était<br />
clair qu’à cet instant il avait perdu, mais les choses n’étai<strong>en</strong>t pas fini et il allait<br />
continuer à j<strong>ou</strong>er indéfinim<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r parv<strong>en</strong>ir à ses fins, celles de contrôler<br />
Schoko Schokolates à 100%.<br />
535 à 536<br />
Bunny Petlah, dissimulait la tristesse qu’elle ress<strong>en</strong>tait chaque fois que sa fille<br />
essayait de marquer de la bonne humeur. Elle p<strong>ou</strong>vait dire qu’elle faisait t<strong>ou</strong>t<br />
p<strong>ou</strong>r ne pas l’attrister.<br />
237
Peut importait ce que Bunny avait préparé p<strong>ou</strong>r les repas, « Nattyascète »<br />
Bonny l’appelait ainsi, car elle disait qu’elle faisait la diète quand elle t<strong>ou</strong>chait à<br />
peine à la n<strong>ou</strong>rriture. Les heures passai<strong>en</strong>t chaque j<strong>ou</strong>r et les j<strong>ou</strong>rs passai<strong>en</strong>t<br />
chaque semaine quand finalem<strong>en</strong>t le grand j<strong>ou</strong>r arriva.<br />
« Nattyascète…Nattyascète, où es tu ? »<br />
Il était 17h et les premiers invités cheminai<strong>en</strong>t sur l’allée de Bussana avec ses<br />
pavés convexes. Claudia était <strong>en</strong> tête de ce premier conting<strong>en</strong>t rebondissant<br />
sur l’allée comme une chèvre <strong>en</strong> montagne. Natty ne savait plus où donner de<br />
la tête <strong>en</strong> testant le système des hauts parleurs, t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> regardant, sur<br />
l’imm<strong>en</strong>se écran placé dans la chapelle <strong>en</strong> plein air, l’arrivée des invités.<br />
Plutôt que de s’égosiller à travers la chapelle <strong>ou</strong> de desc<strong>en</strong>dre la rue, Natty<br />
appela sa mère sur son portable.<br />
« Mammy, je suis t<strong>ou</strong>t <strong>en</strong> haut. S’il te plait arrête de vociférer part<strong>ou</strong>t p<strong>ou</strong>r<br />
m’appeler. Vas au bar et dit à Claudia que j’aurai fini de faire le t<strong>ou</strong>r de mes<br />
problèmes dans cinq minutes. On a plus qu’à tester le système d’audition. »<br />
Au c<strong>ou</strong>r du mois dernier Natty avait perdu 6 kilos. Elle paraissait ébl<strong>ou</strong>issante,<br />
<strong>en</strong>core un peu potelée mais ferme. Il faut dire qu’à son âge le surplus de poids<br />
est flatteur.<br />
« Natty, <strong>en</strong> dehors du fait que tu n’as jamais paru aussi bi<strong>en</strong>, as-tu perdu du<br />
poids parce que tu fais la diète <strong>ou</strong> parce que tu es <strong>en</strong>core <strong>en</strong> difficulté avec Mr<br />
Mystérieux ? »<br />
« J’ai t<strong>ou</strong>t simplem<strong>en</strong>t été très occupée à préparer cette fête et de t<strong>ou</strong>t<br />
coordonner avec l’attaché de presse de la télévision. Tu sais qu’une toquée et<br />
son arg<strong>en</strong>t sont le p<strong>ou</strong>r et le contre p<strong>ou</strong>r réussir une belle fête ! ha ha…Mais la<br />
vérité c’est que je n’ai plus l’esprit p<strong>ou</strong>r p<strong>en</strong>ser aux croissants <strong>ou</strong> aux m<strong>en</strong>us.<br />
510<br />
Natty arrêtes d’argum<strong>en</strong>ter, ce soir après la fête je passe te pr<strong>en</strong>dre ainsi que<br />
ta mère p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s emm<strong>en</strong>er diner au Rampoldis p<strong>ou</strong>r célébrer t<strong>ou</strong>t cela, puis je<br />
c<strong>ou</strong>cherai chez toi à Saint-Jean ce soir et demain v<strong>ou</strong>s v<strong>en</strong>ez avec moi à saint<br />
238
Tropez Ok ? Frank vi<strong>en</strong>t par un texto de me faire savoir qu’il aura ce week <strong>en</strong>d<br />
un invité p<strong>ou</strong>r ses affaires ainsi toi et moi n<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrons n<strong>ou</strong>s dét<strong>en</strong>dre<br />
p<strong>en</strong>dant qu’ils parleront »<br />
Natty n’attacha aucune importance à l’une <strong>ou</strong> l’autre possibilité, car il était plus<br />
facile d’acquiescer que de rechigner.<br />
509 & 511<br />
Boris avait été ret<strong>en</strong>u à son bureau de New York t<strong>ou</strong>t le mois précéd<strong>en</strong>t, quand<br />
son téléphone ret<strong>en</strong>tit. C’était Frank Cook, qui demandait à Boris s’il p<strong>ou</strong>vait<br />
faire un saut v<strong>en</strong>dredi.<br />
« Hi Mr B » C’était l’expression de l’hum<strong>ou</strong>r suisse de Frank.<br />
« P<strong>en</strong>sez v<strong>ou</strong>s possible de v<strong>en</strong>ir chez moi p<strong>ou</strong>r le week <strong>en</strong>d à Saint-Tropez ? Je<br />
déteste faire cela p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s, mais ma secrétaire vi<strong>en</strong>t de me faxer une liste de<br />
huit n<strong>ou</strong>veaux cli<strong>en</strong>ts à s’occuper, n<strong>ou</strong>s avons fait la « due dilig<strong>en</strong>ce » et t<strong>ou</strong>t<br />
c<strong>ou</strong>le, mais l’avis de mon auditeur est d’avoir un d<strong>ou</strong>te sur trois de ces cli<strong>en</strong>ts,<br />
p<strong>ou</strong>r être précis deux russes et un brésili<strong>en</strong>. J’ai préféré v<strong>ou</strong>s t<strong>en</strong>ir au c<strong>ou</strong>rant<br />
<strong>en</strong> personne. Puis je v<strong>ou</strong>s t<strong>en</strong>ter avec un week <strong>en</strong>d chaud et <strong>en</strong>soleillé, avec<br />
p<strong>ou</strong>rquoi pas un zest de ski nautique si cela v<strong>ou</strong>s t<strong>en</strong>te ? »<br />
512<br />
Frank fit un rapide scan à 360° de ses r<strong>en</strong>dez v<strong>ou</strong>s, m<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t il les reclassait<br />
par horaire p<strong>ou</strong>r être certain de les r<strong>en</strong>contrer t<strong>ou</strong>s. <strong>La</strong> vraie raison s<strong>ou</strong>s<br />
jac<strong>en</strong>te était Nathalie à Saint-Jean. Il projeta d’ y faire un t<strong>ou</strong>r avant dimanche<br />
soir avant de repr<strong>en</strong>dre un ret<strong>ou</strong>r à New York via Paris <strong>ou</strong> direct. Il ne l’avait<br />
pas vu depuis la cassure du Bristol, Il était déjà incapable de se la sortir de sa<br />
tête.<br />
« Pas de problème je serai là bas v<strong>en</strong>dredi soir <strong>ou</strong> au plus tard samedi matin.<br />
Lucianno ét<strong>ou</strong>ffant Claudia, Natty et Bunny avec son habituel apport d’accueil<br />
et de baisers expansifs, leur montra une table confortable dans la pièce<br />
principale. Luciano avait bi<strong>en</strong> gagné sa vie grâce aux supersoniques p<strong>ou</strong>rboires<br />
239
d’une population clinquante jet set, d’une richesse v<strong>en</strong>ant de la stratosphère<br />
ayant largem<strong>en</strong>t participé au succès de la discothèque à la mode des années 70<br />
et 80 de Régine, l’irréfutable et incont<strong>ou</strong>rnable Reine de la Nuit. Il dét<strong>en</strong>ait le<br />
p<strong>ou</strong>voir de distribuer les places à la table A et celui qui n’avait pas peur<br />
d’hypothéquer sa maison si nécessaire dans le but de lui verser un p<strong>ou</strong>rboire<br />
discret mais royal, p<strong>ou</strong>vait prét<strong>en</strong>dre de s’asseoir à la table dans le sélectif<br />
havre des « Petits veinards ». Celui qui n’avait pas pu accéder à cette nimbe,<br />
devait subir les affres d’une Sibérie sociale. Luciano <strong>en</strong> rachetant le restaurant<br />
Rampoldi vieil établissem<strong>en</strong>t de la région avait quasim<strong>en</strong>t acheté une machine<br />
à fabriquer de l’arg<strong>en</strong>t. Un grand chasseur manipulateur p<strong>ou</strong>vait déplacer le<br />
b<strong>ou</strong>chon de la place du Casino vers l’allée d’<strong>en</strong>trée du restaurant. Luciano<br />
pr<strong>en</strong>ait personnellem<strong>en</strong>t leur commande. <strong>La</strong> plupart des cli<strong>en</strong>ts préférai<strong>en</strong>t le<br />
poisson, on leur offrait celui attrapé le j<strong>ou</strong>r même…Natty raillait la dessus.<br />
« J’aimerai un joli T Bone steak »<br />
Regardant Bunny, Claudia et Lucianno la regardant avec une incrédulité<br />
maladroite, Natty l’atténua <strong>en</strong> raillant<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi me v<strong>ou</strong>s regardez ainsi ? Il n’ y a ri<strong>en</strong> de bizarre avec ma viande<br />
r<strong>ou</strong>ge. Le dessus moisi par un pénicilline verte est mauvaise p<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s ! »<br />
Cela cassa la glace. Chacun se mit à hurler de rire.<br />
« Tu es trop Nattyascète »<br />
Dit sa mère Bunny, constatant que sa fille avait retr<strong>ou</strong>vé son s<strong>en</strong>s du ridicule.<br />
Claudia utilisa son bip p<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong>vrir le l<strong>ou</strong>rd portail <strong>en</strong> bois qui clôturait une<br />
grande allée qu’elle remontèr<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r y laisser la voiture.<br />
Natty déposa sa petite valise de week <strong>en</strong>d dans la chambre p<strong>ou</strong>rpre qu’elle<br />
aimait, puis partir<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les deux p<strong>ou</strong>r embarquer sur le zodiac qui était<br />
attaché à leur jetée privée qui se tr<strong>ou</strong>vait au b<strong>ou</strong>t du jardin. Ils traversèr<strong>en</strong>t la<br />
baie p<strong>ou</strong>r se retr<strong>ou</strong>ver au port de Saint-Tropez où ils débarquèr<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r aller se<br />
vautrer dans les confortables fauteuils <strong>en</strong> rotin de Sénèquier, ils y déversèr<strong>en</strong>t<br />
leurs chagrins et s<strong>ou</strong>haits dans un litre frais de rosé Minuty accompagné d’un<br />
gros sandwich de rosette de Lyon.<br />
240
« Il ne faut pas que n<strong>ou</strong>s buvions de trop, sinon n<strong>ou</strong>s allons n<strong>ou</strong>s écr<strong>ou</strong>ler sur<br />
nos sièges »<br />
Dit <strong>en</strong> riant Claudia.<br />
« Et ainsi, n<strong>ou</strong>s aurons la langue de bois au réveil vers 16 heures ! »<br />
« Claudia, les maux de tête ne sont ri<strong>en</strong> d’autres que le c<strong>ou</strong>rr<strong>ou</strong>x du raisin ! »<br />
T<strong>ou</strong>t compte fait les filles détachèr<strong>en</strong>t le zodiac p<strong>ou</strong>r ret<strong>ou</strong>rner à la villa, puis<br />
montèr<strong>en</strong>t dans leurs chambres réciproques p<strong>ou</strong>r y pr<strong>en</strong>dre d<strong>ou</strong>ches et repos<br />
avant le diner. Frank était profondém<strong>en</strong>t conc<strong>en</strong>tré, avec son invité d’affaires,<br />
dans son dossier. Claudia savait parfaitem<strong>en</strong>t que c’était le déranger quand la<br />
porte était fermée, et son instinct <strong>en</strong> fut confirmé quand Ginette sortit <strong>en</strong><br />
disant à Claudia qu’elle avait installé le n<strong>ou</strong>vel arrivant dans la maison d’hôtes<br />
du jardin, où ils étai<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t étudiant le dossier de Mr Cook.<br />
« Madame Claudia, je leur ai apporté sur un plateau leur déjeuner et du café, et<br />
depuis je n’ai plus ri<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du. »<br />
« Merci Ginette, maint<strong>en</strong>ant je monte, est ce que t<strong>ou</strong>t est prêt p<strong>ou</strong>r le diner ?<br />
Puis je v<strong>ou</strong>s demander de préparer la table au b<strong>ou</strong>t de la terrasse. N<strong>ou</strong>s<br />
passerons à table vers 20 heures »<br />
« Je ferai t<strong>ou</strong>t ce qu’il convi<strong>en</strong>t madame, v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez v<strong>ou</strong>s reposer sans s<strong>ou</strong>ci<br />
maint<strong>en</strong>ant. »<br />
Les deux femmes montèr<strong>en</strong>t l’escalier, Natty dit à Caludia :<br />
« Ginette est une perle. Que ferais-tu sans elle ? »<br />
Je vivrai probablem<strong>en</strong>t dans une caravane <strong>en</strong> mangeant chaque nuit du Mc<br />
Donald ! Ha ha »<br />
« On se retr<strong>ou</strong>ve dans deux heures <strong>en</strong>viron dans le salon OK ? »<br />
Ils se retr<strong>ou</strong>vèr<strong>en</strong>t t<strong>ou</strong>s les deux dans leurs chambres réciproques où le confort<br />
n’avait <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> été négligé. <strong>La</strong> climatisation était <strong>en</strong> r<strong>ou</strong>te…<br />
Le verre de Biot de Natty rempli de champagne s’écrasa bruyamm<strong>en</strong>t sur le sol<br />
au mom<strong>en</strong>t où elle faisait du regard le t<strong>ou</strong>r de la terrasse p<strong>ou</strong>r y r<strong>en</strong>contrer<br />
l’autre invité qui v<strong>en</strong>ait à l’instant de desc<strong>en</strong>dre les marches carrelées. Sa<br />
241
<strong>ou</strong>che resta <strong>ou</strong>verte béante. Elle était tellem<strong>en</strong>t surprise qu’elle ne put faire<br />
un m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t p<strong>ou</strong>r ramasser les débris de son verre <strong>en</strong> morceau. Quant à lui<br />
de son coté il maitrisa un peu mieux sa réaction, <strong>en</strong> revanche son cœur fit<br />
indubitablem<strong>en</strong>t un précieux bond quand il reconnut de suite Nathalie.<br />
Claudia et Frank fur<strong>en</strong>t fascinés par le rapide changem<strong>en</strong>t de Natty digne d’un<br />
caméléon. Ils n’avai<strong>en</strong>t jamais vu une pareille mutation. On aurait pu lui donner<br />
l’aspect d’une caricature du flirt, elle aurait pu t<strong>ou</strong>rner le rôle de Bette Middler<br />
dans une comédie.<br />
« Bi<strong>en</strong> c<strong>ou</strong>c<strong>ou</strong> Mr l’inconnu. Ai-je osé dire « l’inconnu » ? V<strong>ou</strong>s êtes l’inconnu le<br />
plus familier que j’ai pu connaitre. Dites moi Mr l’inconnu, êtes v<strong>ou</strong>s intéressé<br />
par l’archéologie <strong>en</strong> plus ? Si cela est comm<strong>en</strong>t ce fait-il que je ne v<strong>ou</strong>s ai pas vu<br />
à ma fête la soirée dernière ? »<br />
« Bi<strong>en</strong>, si v<strong>ou</strong>s m’aviez invité je serai v<strong>en</strong>u… si j’avais été <strong>en</strong> France ! »<br />
Frank et Claudia participai<strong>en</strong>t à ces échanges à chaque b<strong>ou</strong>t de la terrasse sans<br />
v<strong>ou</strong>loir interv<strong>en</strong>ir. Ils ne p<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t saisir ce qui se passait s<strong>ou</strong>s leurs yeux.<br />
Tandis que Claudia conduisait <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant par la main Natty p<strong>ou</strong>r aller retr<strong>ou</strong>ver<br />
Boris, le serveur apparut avec un n<strong>ou</strong>veau verre de champagne qu’il proposa à<br />
Natty avant d’aller balayer les restes du verre brisé. En parc<strong>ou</strong>rant les 4 mètres<br />
nécessaires p<strong>ou</strong>r traverser la terrasse, Natty avait vidé son verre jusqu’à la<br />
dernière larme.<br />
« j’<strong>en</strong> ai besoin MAINTENANT ! »<br />
P<strong>en</strong>sa t’elle.<br />
« Si auj<strong>ou</strong>rd’hui je m’<strong>en</strong> sors, je ne dirai ri<strong>en</strong>. »<br />
Boris v<strong>en</strong>ez v<strong>ou</strong>s joindre à n<strong>ou</strong>s, p<strong>ou</strong>r pr<strong>en</strong>dre un verre avant le repas.<br />
Permettez moi de v<strong>ou</strong>s prés<strong>en</strong>ter ma plus vieille amie Natty Petlah »<br />
Claudia perçut le c<strong>ou</strong>rant électrique qui passait <strong>en</strong>tre eux mais fit comme si de<br />
ri<strong>en</strong> n’était.<br />
« Natty tu vois, Boris et Frank travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. Ils sort<strong>en</strong>t de leurs grottes<br />
quand de jolies filles et de la bonne b<strong>ou</strong>ffe sont dans les parages »<br />
242
« Natty, je te prés<strong>en</strong>te Boris Bailey. »<br />
Leurs yeux se regardèr<strong>en</strong>t, puis rapide sur le sujet comme elle <strong>en</strong> avait la<br />
c<strong>ou</strong>tume elle dit :<br />
« Boris, d’origine Russe ? Dites moi si la tombe de Marx est une bombe ? »<br />
« Ah, je vois que v<strong>ou</strong>s êtes une jeune femme curieuse de t<strong>ou</strong>t, ce sera p<strong>ou</strong>r moi<br />
un plaisir et un honneur de v<strong>ou</strong>s faire connaitre ma culture. »<br />
Chacun p<strong>ou</strong>vait être impressionné par l’aura et le charme de ce n<strong>ou</strong>veau James<br />
Bond qui contrôlait chacune de ses réponses.<br />
« Et j’<strong>en</strong> aurai t<strong>ou</strong>t le plaisir à l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> échange.. »<br />
« Je suis discret, je ne suis pas comme v<strong>ou</strong>s une vedette de l’évènem<strong>en</strong>t<br />
comme v<strong>ou</strong>s, je suis un homme de l’ombre et mon visage ne fait pas la une du<br />
Financial times <strong>ou</strong> autre revue people. Se p<strong>en</strong>chant vers elle il lui susurra dans<br />
l’oreille :<br />
« Voilà p<strong>ou</strong>rquoi je fus si discret derrière v<strong>ou</strong>s »<br />
« Pas si discret que cela puisque je v<strong>ou</strong>s ai vu s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t »<br />
« Pas aussi s<strong>ou</strong>v<strong>en</strong>t que ce que je s<strong>ou</strong>haite v<strong>ou</strong>s voir dans le futur »<br />
Natty p<strong>ou</strong>ssa d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t de petits rires <strong>en</strong> réponse à ce flirt.<br />
Le maître d’hôtel annonça qu’il était temps de passer à table coté piscine. <strong>La</strong><br />
n<strong>ou</strong>rriture fut un délice, l’emplacem<strong>en</strong>t idyllique, mais la conversation riche <strong>en</strong><br />
platitude.<br />
Claudia et Frank quelle chance v<strong>ou</strong>s avez de vivre ici, si j’avais les moy<strong>en</strong>s,<br />
j’adorerai d’acheter une villa ici, mais il faudrait que je gagne au Loto. »<br />
« Vivre sur terre c<strong>ou</strong>te cher…mais le voyage inclus un t<strong>ou</strong>r gratuit aut<strong>ou</strong>r du<br />
soleil »<br />
« Et qu’aurai je gratuit s’il me pr<strong>en</strong>d l’<strong>en</strong>vie de v<strong>en</strong>ir vivre ici »<br />
Plaisanta Boris.<br />
« j’ai l’oreille pleine de complim<strong>en</strong>ts »<br />
243
Répondit Natty plus de manière acide que d<strong>ou</strong>ce.<br />
« Qu’est-ce qui ne va pas ? V<strong>ou</strong>s ressemblez à un cheval far<strong>ou</strong>che…restée seule<br />
trop longtemps ? »<br />
« J’aime être seule, je suis t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs là quand j’ai besoin de moi ! »<br />
Le c<strong>ou</strong>p fut tiré <strong>en</strong> réponse.<br />
« Whooa…p<strong>ou</strong>rquoi ne pas profité de ce merveilleux diner et d’<strong>en</strong> sortir <strong>en</strong><br />
étant parti du bon pied OK ? »<br />
« Excusez moi t<strong>ou</strong>s, je p<strong>en</strong>se que je suis un peu rincée après ce show <strong>en</strong> plein<br />
air. Cela signifie que je me suis donné trop et que mes nerfs me lâch<strong>en</strong>t un<br />
peu. »<br />
Le café servit, Frank et Claudia laissèr<strong>en</strong>t Boris et Nathalie aut<strong>ou</strong>r de la piscine.<br />
518<br />
« Natty, d’ailleurs v<strong>ou</strong>s le savez, je v<strong>ou</strong>s connais depuis que tu m’avez repéré<br />
<strong>en</strong> train de v<strong>ou</strong>s suivre, mais ne le pr<strong>en</strong>ez pas mal, c’était mon travail. Mais je<br />
n’ai jamais travaillé avec autant de bonheur depuis des ans »<br />
« P<strong>ou</strong>rquoi ? »<br />
« V<strong>ou</strong>s m’<strong>en</strong>chantez. Et v<strong>ou</strong>s savez que c’est vrai <strong>en</strong> raison et depuis ce que<br />
v<strong>ou</strong>s avez tr<strong>ou</strong>vé, d’une s<strong>ou</strong>rce irréfutable que les roses, les fleurs et les petits<br />
complim<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de moi »<br />
Elle eut la grâce de baisser les paupières avec un d<strong>ou</strong>x s<strong>ou</strong>rire illuminant son<br />
visage.<br />
« Puis je t’appeler Natty ainsi que le font Claudia et Frank ? Natty est un nom<br />
qui te va si bi<strong>en</strong>. C’est un nom énergiquem<strong>en</strong>t d<strong>ou</strong>illet.<br />
Elle acquiesça d’un joli m<strong>ou</strong>vem<strong>en</strong>t de tête. A cet instant elle n’eut plus<br />
confiance <strong>en</strong> sa voix.<br />
Boris alla vers le petit bar de la piscine <strong>en</strong> lui demandant ce qu’elle v<strong>ou</strong>lait<br />
boire.<br />
« De l’eau à basse calories »<br />
244
<strong>La</strong> regardant derrière par-dessus ses épaules il se mit à rire de sa réponse.<br />
« As-tu connaissance d’autres types d’eau ? »<br />
« Non, mais la chose était à dire p<strong>ou</strong>r sortir des réponses conv<strong>en</strong>tionnelles<br />
chiantes tel que : Et les deux à l’unisson déclamèr<strong>en</strong>t « Je ne bois pas l’eau des<br />
WC »<br />
Cette phrase brisa définitivem<strong>en</strong>t la glace <strong>en</strong>tre eux.<br />
Boris parlait Natty éc<strong>ou</strong>tait. Elle buvait chacune de ses paroles. Il était au fait de<br />
t<strong>ou</strong>t et r<strong>en</strong>dait captivant t<strong>ou</strong>s les sujets qu’il abordait. Il avait vraim<strong>en</strong>t du<br />
charisme.<br />
Plus elle l’éc<strong>ou</strong>tait plus elle observait aussi le langage de son corps.<br />
519<br />
« Je suis à ce j<strong>ou</strong>r très bi<strong>en</strong> placé, j’ai probablem<strong>en</strong>t atteint le top 10 des<br />
ag<strong>en</strong>ces d’investigation mondiales. Mais ce ne fut pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs ainsi. Je ress<strong>en</strong>s<br />
cet ard<strong>en</strong>t désir dans mes veines de v<strong>ou</strong>loir accéder au succès et à la sécurité.<br />
J’ai t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs eu un p<strong>en</strong>chant p<strong>ou</strong>r le travail sur la sécurité car c’est bi<strong>en</strong> cela ce<br />
que je faisais <strong>en</strong> Russie, mais quand ces salauds de terroristes tuèr<strong>en</strong>t Irina et<br />
Andreï… »<br />
Natty interrompit délicatem<strong>en</strong>t Boris <strong>en</strong> lui disant :<br />
« Boris qui sont Irina et Andreï ? tu me parles comme si j’avais partagé t<strong>ou</strong>te ta<br />
vie. Mais je sais que je sais comm<strong>en</strong>t conduire. »<br />
Boris la regarda interrogatif.<br />
« Que vi<strong>en</strong>t faire ce mot conduire dans notre conversation ? »<br />
Natty qui essayait de repr<strong>en</strong>dre ses esprits dit d’une petite voix trainante :<br />
« Il n’y a que celui qui conduit qui sait comm<strong>en</strong>t faire un serm<strong>en</strong>t ! »<br />
Il fit un demi s<strong>ou</strong>rire un quart de seconde avant d’incliner sa tête de coté, et<br />
jeta son regard noir <strong>en</strong> l<strong>ou</strong>chant vers le clair de Lune. Se noyant dans les plus<br />
grandes profondeurs de sa mémoire il lui narra le récit meurtrier complet sur la<br />
mort de sa femme et de son fils s<strong>ou</strong>s les c<strong>ou</strong>ps des terroristes Chech<strong>en</strong>, qui à<br />
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ses yeux n’étai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> d’autre que de vulgaires gangsters de bas étages <strong>en</strong><br />
colère.<br />
Natty posa sa main sur son bras inférieur, et passa d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t son m<strong>ou</strong>choir<br />
sur sa j<strong>ou</strong>e luisante. Ils s’assir<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant une heure, sans dire un mot.<br />
Qu’avait il à dire de plus ? Boris était <strong>en</strong>core un peu dans son passé installé<br />
dans le solide et chaud confort de la force et compassion naturelles et<br />
intérieures de Natty.<br />
521<br />
Etait elle <strong>en</strong> train de p<strong>en</strong>ser qu’elle fusionnait avec cet <strong>ou</strong>rs d’homme si beau,<br />
et charismatique ? Est il un <strong>ou</strong>rs <strong>en</strong> peluche <strong>ou</strong> un terrible Grizzly ? Elle<br />
cherchait à compr<strong>en</strong>dre. Les deux facettes nageai<strong>en</strong>t dans son esprit. Ils<br />
devai<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser t<strong>ou</strong>s les deux que l’autre p<strong>en</strong>sait peut être la même chose,<br />
mais il était trop tôt p<strong>ou</strong>r qu’ils partag<strong>en</strong>t de telles conjectures.<br />
Boris prit d<strong>ou</strong>cem<strong>en</strong>t le m<strong>en</strong>ton de Natty et t<strong>ou</strong>rna son visage vers le si<strong>en</strong> ainsi<br />
il p<strong>ou</strong>vait plonger dans ses yeux quand il lui demanda à brule p<strong>ou</strong>rpoint :<br />
« Je n’arrive pas à te saisir complètem<strong>en</strong>t. Tu sembles ambival<strong>en</strong>te…l’es tu ? »<br />
« Huhmm…suis-je ambival<strong>en</strong>te ? Elle fit une pause comme p<strong>ou</strong>r prolonger un<br />
supplice de tantale puis répondit avec un scintillem<strong>en</strong>t dans les yeux :<br />
« Bi<strong>en</strong> <strong>ou</strong>i…et …non ! »<br />
« Cet homme est un véritable voyant…Chaque parole me fait vibrer. Il me plait<br />
dut elle admettre.<br />
522<br />
« Natty il est temps que n<strong>ou</strong>s r<strong>en</strong>trions. P<strong>ou</strong>rrais je te voir au petit déjeuner<br />
avant que je parte ? J’ai deux r<strong>ou</strong>es qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t me chercher demain à 7<br />
heures p<strong>ou</strong>r me conduire à l’aéroport de Nice ! »<br />
246
« Je serai deb<strong>ou</strong>t et même parfois dehors à cette heure là. J’aime faire ma<br />
marche quotidi<strong>en</strong>ne, avant que la chaleur du soleil m’importune.<br />
523<br />
« Au cas où tu serais bondissante dans la campagne à mon départ, v<strong>ou</strong>drais-tu,<br />
cela me ferait plaisir, me laisser ton numéro de téléphone ainsi je p<strong>ou</strong>rrai<br />
t’appeler la semaine prochaine une fois de ret<strong>ou</strong>r à New York »<br />
« Je suis très honorée que tu me fasses cette demande sachant pertinemm<strong>en</strong>t<br />
que tu connais mes numéros de téléphone mieux que moi-même » mais<br />
regrettant sur le champ sa réponse un peu vache, elle regarda Boris d’un air<br />
p<strong>en</strong>aud <strong>en</strong> lui disant :<br />
« Je suis impati<strong>en</strong>te d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ton appel »<br />
Lui s<strong>ou</strong>riant avec charme il dit :<br />
« C’est mieux » puis dans un sil<strong>en</strong>ce harmonieux ils remontèr<strong>en</strong>t les marches<br />
pavées, puis traversèr<strong>en</strong>t la pel<strong>ou</strong>se <strong>en</strong> évitant de poser les pieds sur les têtes<br />
des arroseurs. Puis <strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t dans la villa <strong>en</strong> franchissant les portes vitrées du<br />
salon.<br />
Les crickets et les oiseaux chantai<strong>en</strong>t gaiem<strong>en</strong>t quand Claudia retint sa<br />
respiration <strong>en</strong> constatant que Natty et Boris franchissai<strong>en</strong>t chacun le portail. Lui<br />
partait p<strong>ou</strong>r l’aéroport à l’arrière de la 2009 BMW RI 200RT moto de t<strong>ou</strong>risme<br />
conduite par le chauffeur de Frank, Natty rev<strong>en</strong>ait de sa marche.<br />
Depuis la porte d’<strong>en</strong>trée de la villa, Claudia aperçut Boris <strong>ou</strong>vrir c<strong>ou</strong>rtoisem<strong>en</strong>t<br />
son casque et lever la main t<strong>en</strong>due de la main de Natty vers ses<br />
lèvres…p<strong>en</strong>dant un temps qui lui parut trop long. C’était le premier signe<br />
révélateur, mais Natty resta figée à la porte regardant disparaitre la moto à<br />
l’horizon par l’étroit chemin <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te de la campagne, c’était le signe<br />
révélateur numéro deux.<br />
538 540<br />
« Quand cela vi<strong>en</strong>t des tripes cela vi<strong>en</strong>t dur cœur »<br />
P<strong>en</strong>sa Boris.<br />
247
« Je sais que je suis am<strong>ou</strong>reux et je sais que c’est la femme de ma vie.<br />
P<strong>ou</strong>rquoi ? Parce que mon cœur est <strong>en</strong> harmonie avec mon esprit !<br />
« V<strong>ou</strong>lez v<strong>ou</strong>s une tasse de café <strong>ou</strong> de thé Monsieur ? »<br />
Boris n’avait pas <strong>en</strong>core remarqué que l’hôtesse avait déjà sorti la nappe de<br />
son chariot p<strong>ou</strong>r le petit déjeuner. Il leva la tête p<strong>ou</strong>r la regarder il ne se<br />
départit pas de son s<strong>ou</strong>rire slave et cita Honoré de Balzac :<br />
« L’am<strong>ou</strong>r est la poésie des s<strong>en</strong>s. »<br />
« Monsieur, v<strong>ou</strong>s devez avoir r<strong>en</strong>du une femme chanceuse très heureuse. »<br />
« Et elle ne se d<strong>ou</strong>te pas combi<strong>en</strong> elle me r<strong>en</strong>d heureux, je suis dev<strong>en</strong>u poète à<br />
l’approche de l’am<strong>ou</strong>r. Platon avait raison »<br />
Boris ne s’attachait pas à se faire compr<strong>en</strong>dre par l’hôtesse, mais son cœur se<br />
s<strong>en</strong>tait exalté par le témoignage d’un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t aussi fort chez l’un de ses<br />
passagers.<br />
C’est alors qu’il la regarda <strong>en</strong> s<strong>ou</strong>riant.<br />
« S’il v<strong>ou</strong>s plait, puis je avoir un grand verre de jus d’orange ?»<br />
Et il s’<strong>en</strong> ret<strong>ou</strong>rna dans son nuage fixe.<br />
En t<strong>ou</strong>t état de cause l’avion s’apprêtait à atterrir à K<strong>en</strong>nedy et Boris savait qu’il<br />
allait ép<strong>ou</strong>ser Nathalie Petlah. <strong>La</strong> seule question v<strong>en</strong>ait de savoir où et quand.<br />
Mais nullem<strong>en</strong>t de savoir si elle allait accepter. C’était une question que son<br />
cœur avait <strong>ou</strong>blié.<br />
Trois mois plus tard<br />
« Acceptez v<strong>ou</strong>s cet homme comme légalem<strong>en</strong>t votre mari p<strong>ou</strong>r le meilleur et<br />
p<strong>ou</strong>r le pire jusqu’à ce que la mort v<strong>ou</strong>s sépare ? »<br />
« Oui …mais pas p<strong>ou</strong>r le déjeuner ! » Ceci décl<strong>en</strong>cha une explosion de rire de<br />
Boris Claudia et même Frank. Mais le petit et joli pope orthodoxe était<br />
complètem<strong>en</strong>t perdu ne sachant quoi faire. S<strong>ou</strong>riant sans conviction il regardait<br />
furtivem<strong>en</strong>t aux al<strong>en</strong>t<strong>ou</strong>rs p<strong>en</strong>sant peut être tr<strong>ou</strong>ver la caméra cachée. Mais<br />
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ne voyant ri<strong>en</strong> d’anormal <strong>en</strong> dehors de cette prés<strong>en</strong>te et réduite assemblée<br />
résumée par les quatre rires de hyènes, il conclue après avoir lu l’am<strong>ou</strong>r dans<br />
leurs yeux qu’il avait assisté à une plaisanterie et p<strong>ou</strong>rsuivit sa cérémonie de<br />
vœux.<br />
Quittant l’église orthodoxe de Nice, les quatre principaux intéressés de la noce<br />
<strong>en</strong>f<strong>ou</strong>rchèr<strong>en</strong>t deux Harley Davidson blanches décorées de ballons et de fleurs<br />
et filèr<strong>en</strong>t vers la Voile d’Or à Saint-Jean Cap Ferrat. Boris nageait dans le<br />
bonheur. Il avait organisé t<strong>ou</strong>t le mariage. Il ne lui avait jamais laissé l’occasion<br />
de rej<strong>ou</strong>er avec ses nerfs dans une période prénuptiale.<br />
T<strong>ou</strong>s les quatre assis sur la terrasse qui dominait le port de saint Jean, ils<br />
trinquai<strong>en</strong>t et riai<strong>en</strong>t l’un et l’autre, ivres de bonheur. Mais s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t<br />
Claudia devint mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t perplexe. Elle reconnut à peine Cassandre qui<br />
marchait <strong>en</strong> se dandinant après deux jeunes qui devai<strong>en</strong>t être ses deux <strong>en</strong>fants.<br />
Cassandre avait pris tellem<strong>en</strong>t de poids que même sa démarche avait changé.<br />
Elle devait avoir une taille 22. Mais elle n’avait jamais semblé aussi heureuse.<br />
« Claudia quelle surprise, que fais tu ici ? »<br />
« Tu te rappelles de Natty, v<strong>ou</strong>s étiez chez moi à Saint Tropez il y a quelques<br />
mois, quand elle donna sa confér<strong>en</strong>ce. »<br />
« Bi<strong>en</strong> sûr, êtes v<strong>ou</strong>s juste marié ? T<strong>ou</strong>s mes complim<strong>en</strong>ts »<br />
Faisant volte face elle appela dehors son mari.<br />
« Nick, vi<strong>en</strong>s r<strong>en</strong>contrer Claudia. »<br />
Nick se dirigea vers une Natty starisée et un Boris médusé.<br />
« Plein feu sur ma femme. »<br />
P<strong>en</strong>sa Boris.<br />
Elle ne laissa ri<strong>en</strong> paraitre quand Cassandre introduit avec joyeuseté Natty à<br />
Nick. Boris garda le sil<strong>en</strong>ce. Personne n’aurait pu imaginer la situation prés<strong>en</strong>te.<br />
Les <strong>en</strong>fants revinr<strong>en</strong>t sur leurs pas avec leur grand père.<br />
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« Ahh Papoche, dit Cassandre v<strong>ou</strong>s devez un de mes amis Claudia et Frank<br />
Cook. Ils ont une villa superbe à Saint Tropez où j’étais il y a quelques mois<br />
avant de pr<strong>en</strong>dre le bateau p<strong>ou</strong>r desc<strong>en</strong>dre sur Porto Cervo. »<br />
Claudia resta froide comme un concombre <strong>en</strong> se ret<strong>ou</strong>rnant vers Frank p<strong>ou</strong>r<br />
l’introduire comme son mari auprès de Papoche.<br />
« Papi…êtes v<strong>ou</strong>s bi<strong>en</strong> ? Pr<strong>en</strong>ez ici un siège v<strong>ou</strong>s êtes t<strong>ou</strong>t blanc. »<br />
Dit une de ses filles !<br />
« Nick que v<strong>ou</strong>s arrive t’il ? V<strong>ou</strong>s ressemblez à un fantôme ! V<strong>ou</strong>s êtes t<strong>ou</strong>t<br />
vert ! »<br />
« Que v<strong>ou</strong>s arrive t’il à t<strong>ou</strong>s les deux ? Auriez v<strong>ou</strong>s mangé quelque chose qui<br />
v<strong>ou</strong>s a fait du mal ? »<br />
« Cassie ma précieuse…Cela n’a ri<strong>en</strong> à voir avec la n<strong>ou</strong>rriture »<br />
Lui dit son mari.<br />
« Mais je p<strong>en</strong>se que n<strong>ou</strong>s devons laisser les t<strong>ou</strong>rtereaux à leur célébration de<br />
mariage. »<br />
Et Cassie aj<strong>ou</strong>ta après les paroles de son mari.<br />
« Ok, mais v<strong>en</strong>ez et rejoignez n<strong>ou</strong>s un peu plus tard avec un morceau du<br />
gâteau. Cela apporte de la chance à quiconque de manger du gâteau de<br />
mariage et celui de naissance. Plus de chance n<strong>ou</strong>s avons mieux cela vaut. »<br />
Ria t’elle.<br />
Nick regarda am<strong>ou</strong>reusem<strong>en</strong>t sa femme la tapotant sur la tête. Plus est Sexy !<br />
FIN<br />
Temporairem<strong>en</strong>t !!!!!!!<br />
Le vieux Papoche faisant fit des sarcasmes et regarda la baie….le va et vi<strong>en</strong>t de<br />
l’eau, les bateaux tanguant sur l’eau et s<strong>ou</strong>dainem<strong>en</strong>t Papoche sut ce qu’ilk<br />
avait à faire….<br />
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Faisant demi t<strong>ou</strong>r vers la table où se tr<strong>ou</strong>vai<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fants, il tapota contre son<br />
verre avec une f<strong>ou</strong>rchette p<strong>ou</strong>r provoquer le sil<strong>en</strong>ce avant de parler.<br />
Pr<strong>en</strong>ant un dollar sorti de sa poche il le plaça dans la main de Nick et dit :<br />
« Le chevreuil a fini sa c<strong>ou</strong>rse maint<strong>en</strong>ant ! »<br />
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