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Les galères de Sophie - My Major Company

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Elodie FLEURETTE<br />

<strong>Les</strong> <strong>galères</strong> <strong>de</strong> <strong>Sophie</strong><br />

1


Prologue<br />

Bon, à présent faisons le bilan : Trente ans ! Voilà au moins une chose <strong>de</strong><br />

sûre …<br />

Commençons donc déjà par là.<br />

Je m’appelle <strong>Sophie</strong>. Rien <strong>de</strong> folichon pour le prénom, { part qu’il doit être<br />

pré<strong>de</strong>stiné aux malheurs si l’on en croit la comtesse. Mais, cela aurait pu être pire.<br />

J’aurai pu m’appeler Nadine, Sonia, ou bien pire, que pire Jennifer !<br />

Bah, c’est tout moi ça ! Dès les 5 premières lignes, je me fâche déjà avec une<br />

partie <strong>de</strong> mon peut être futur lectorat et <strong>de</strong> toute sa famille ! Enfin, soyons rassurée,<br />

côté prénom ils ne peuvent plus rien changer. De nos jours, il est plus facile <strong>de</strong><br />

changer <strong>de</strong> sexe que d’i<strong>de</strong>ntité administrative! Ce qui est sûr aussi, c’est que je suis<br />

au chômage <strong>de</strong>puis ce matin, que je n’ai plus <strong>de</strong> chéri, mais par contre <strong>de</strong>ux enfants<br />

et un chien. Mais attention, pas n’importe quel chien… Son chien !<br />

Une grosse din<strong>de</strong> pleine <strong>de</strong> poils répondant au doux nom <strong>de</strong> Chouquette, une<br />

grosse, très grosse Chouquette <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 55 kilos. Le genre <strong>de</strong> Chouquette qu’il<br />

adore mais qu’il ne veut surtout mais SURTOUT pas assumer !<br />

J’ai aussi mes <strong>de</strong>ux meilleurs amis dont je suis inséparable, Judith et Mathieu.<br />

Nous sommes un genre <strong>de</strong> ‘‘Maxi Twix’’ mais { trois doigts chocolatées dans<br />

le même emballage. Mes gosses sont leurs gosses, mes <strong>galères</strong> sont leurs <strong>galères</strong> et<br />

lorsque je largue un mec, ils le larguent itou !<br />

Quand affalée sur le canapé, je pleure, c’est Judith qui se mouche et Mathieu<br />

qui prend du Lexomil. En clair, c’est Totale symbiose.<br />

2


Voilà la situation !<br />

A ce sta<strong>de</strong>, il est urgent <strong>de</strong> traiter les avanies par ordre <strong>de</strong> priorité, on traitera les<br />

framboises après. Comprend qui peut ! Comme disait ce bon vieux Boby.<br />

Tout d’abord, qu’est ce que le chômage ?<br />

On m’a dit, tu vas voir c’est super, tu vas pouvoir t’occuper <strong>de</strong> tes petits loups<br />

en touchant les Assedic. Tu verras, c’est ressourçant…<br />

Mes monstres, Oui ! Et l{, j’ai fait comme une dépression fulgurante. J’ai<br />

perdu 3 kilos dans la <strong>de</strong>mi heure et repris le double en aussi peu <strong>de</strong> temps. J’ai<br />

surtout beaucoup pleuré, mouché et repleuré. J’étais comment dire… liqui<strong>de</strong> !<br />

L’émotion sûrement !<br />

Non, ne croyez pas cela, j’adore mes enfants, cela ne se voit pas au<br />

<strong>de</strong>meurant mais si, si je vous assure. Je dois juste me faire { l’idée, et là, tout <strong>de</strong><br />

suite, d’imaginer rester avec eux toute une journée, tout un mois … ça me colle un<br />

cafard monstre. Du genre :<br />

« Quelqu’un pourrait-il ouvrir la fenêtre que je saute !»<br />

Si j’avais dû être mère au foyer, cela se saurait ! J’aime mes petits, mais<br />

petitement dans une journée, juste le soir me convenait parfaitement. Je suis<br />

l’heureuse, très heureuse et très dépressive maman <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux adorables petits<br />

‘‘touche { tout’’, faiseurs <strong>de</strong> bêtises.<br />

Pas le genre ‘‘Poisson rouge’’ sur canapé, bien calmes et bien peignés. Non,<br />

non… mais plutôt le genre ‘‘Ouragan Mitch’’, ses petits frères et les copains <strong>de</strong>s<br />

petits frères réunis… Comme je dis toujours « Mieux vaut peu mais intense que<br />

beaucoup et médiocre ! »<br />

D’ailleurs cela m’arrangeait pas mal, en fait. Et puis, vous pouvez critiquer<br />

mais vous n’avez pas MES gosses!<br />

3


<strong>Les</strong> formalités, ennemis <strong>de</strong> toujours.<br />

Après avoir passé près d’une <strong>de</strong>mi heure accrochée { mon portable, avec un<br />

numéro 800 quelque chose à 34 centimes la minute, (Voleurs !), pour joindre les<br />

Assedic, j’ai pu enfin, en fusillant mon forfait et en ayant fait un peu tous les services,<br />

tomber sur une charmante femme genre Madame Thénardier post mo<strong>de</strong>rne. Elle<br />

m’annonce un ren<strong>de</strong>z vous dans un peu plus d’un mois.<br />

- « Et qu’elle soit contente ! » me serine t’elle.<br />

- « Pas <strong>de</strong> soucis, elle est ravie. » lui répondis je avec la connerie en tête.<br />

- « Elle se moque <strong>de</strong> moi ? »<br />

- « Oh ! Elle n’oserait pas… »<br />

Et je raccroche.<br />

Je hais ces quidams qui utilisent la troisième personne quand ils vous parlent.<br />

D’abord, parce qu’il me faut un certain temps d’adaptation pour comprendre que<br />

l’on parle <strong>de</strong> moi. Donc, j’ai l’air idiot ! Et puis ensuite, parce que je ne peux<br />

m’empêcher <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> même.<br />

Evi<strong>de</strong>ment l{, ça énerve l’interlocuteur, il s’effarouche et prend la mouche.<br />

Devient vite agressif et c’est { ce moment précis que les choses dégénèrent. En<br />

principe, c’est réservé aux bouchers et charcutiers qui commence leur phrase par :<br />

- « Et qu’est ce que j’lui sert { la p’tite jeune fille ? »<br />

Suivi d’un : « Elle est gourman<strong>de</strong> aujourd’hui, elle aurait pas pris du poids ? De la<br />

poitrine, hou la coquine ! De la bavette, ça va être ta fête ! »<br />

Sans oublier le grand final :<br />

- « Au revoir Madameuuuu ! ».<br />

4


Bref, le jour J est arrivé. Adieu serveur vocal et vive les Assedic en live et sa<br />

file d’attente tradition avec <strong>de</strong> vrais gens gris et énervés <strong>de</strong>dans { qui parler.<br />

Il y a un type pour une dizaine <strong>de</strong> comptoirs vi<strong>de</strong>s et, pour une bonne vingtaine <strong>de</strong><br />

chômeurs.<br />

Heureusement, j’avais pris <strong>de</strong> l’avance.<br />

- « Bonjour, excusez moi, je ne sais pas bien où aller ? » dis-je, un peu mal { l’aise.<br />

- « La queue comme tout l’mon<strong>de</strong> » me répond l’homme au complet veston mité.<br />

Ce doit être Monsieur Thénardier, le mari <strong>de</strong> la dame d’il y a un mois que j’avais<br />

presque oubliée.<br />

Charmant ! Au moins je suis mise au parfum tout <strong>de</strong> suite et là, un jeune homme se<br />

penche :<br />

- « Vous allez voir, c’est le plus sympa <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong>. »<br />

Cette petite remarque me coupa les jambes.<br />

Enfin ! Le comptoir, comme une oasis après <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> marche dans le désert !<br />

- « Vos papiers ! » me dit l’homme <strong>de</strong> sa voix <strong>de</strong> fausset.<br />

- « Voici toutes les pièces qui m’ont été <strong>de</strong>mandées. »<br />

- « Votre pièce d’i<strong>de</strong>ntité n’est plus { jour, vous reprenez un ren<strong>de</strong>z vous.<br />

Suivaanntttt ! » hurle t’il.<br />

- « Je présume que c’est une blague ? »<br />

- « J’ai une tête { plaisanter ?»<br />

- « Allez, je suis sûre que vous <strong>de</strong>vez être un grand comique qui s’ignore. Soyez<br />

gentil, et je vous donne mon permis <strong>de</strong> conduire. »<br />

- « C’est pas une pièce d’i<strong>de</strong>ntité. Suivaanntt… »<br />

Je vais me le faire cet abruti ! C’est d’ailleurs ce que j’ai fait !<br />

« Put…<strong>de</strong> bord…<strong>de</strong> ta mère »<br />

5


Une vraie Sicilienne teigneuse ! Mais, en plus <strong>de</strong> m’être fait jeter<br />

<strong>de</strong>hors, je suis repartie dans les dédales du serveur vocal.<br />

Tapez1, puis #, puis 4, puis re 1, et ce, toujours à 34 centimes la minute et, en<br />

prime, un nouveau ren<strong>de</strong>z-vous pour 1 mois plus tard.<br />

Je ne suis pas certaine que le chômage diminue à ce rythme, mais il ne faut pas les<br />

brusquer, ces petits chéris et comme m’a dit complet veston<br />

« Je ne fais que mon travail. Suivaanntttt !»<br />

Ah ! Ça sonne,…bip…bip…<br />

- « Elle sera priée <strong>de</strong> nous apporter son livret <strong>de</strong> famille et <strong>de</strong> faire le nécessaire<br />

pour ses papiers. »<br />

- « Ah bon ? Elle n’y avait pas songé ! » Connasse, pensais-je très fort.<br />

Surtout quand on sait que mon Livret <strong>de</strong> famille, je l’avais sur moi quand je<br />

me suis présentée aux Assedic. Bref, mon premier contact avec les administrations<br />

n’a pas été très fructueux. Il va falloir que je songe { changer <strong>de</strong> tactique car je ne<br />

suis pas certaine que <strong>de</strong> raisonner face à ces gens là soit une bonne solution. Ce sont<br />

<strong>de</strong>s boeufs qui pensent que toutes les personnes venant les voir sont <strong>de</strong>s veaux….<br />

Une vraie petite ménagerie… Je me précipite { la mairie afin <strong>de</strong> retirer les<br />

fascicules pour refaire ma carte d’i<strong>de</strong>ntité et c’est LE choc. Je dois presque leur<br />

fournir la couleur <strong>de</strong> ma petite culotte avec le prix en prime. Vous allez voir, ils vont<br />

bientôt nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un test ADN.<br />

Je ne sais pas si l’administration a une <strong>de</strong>nt contre moi mais cela m’en a tout l’air.<br />

Je m’en retourne à la maison pour voir avec délice mes charmants petits<br />

monstres jouer au milieu <strong>de</strong> mes papiers. La Baby Sitter a encore oublié <strong>de</strong> fermer la<br />

porte <strong>de</strong> mon bureau. Et, en plus, elle me raquette 2 heures au prix dérisoire <strong>de</strong> 30<br />

€.<br />

A ce tarif, je vais sérieusement penser à me recycler. Le seul hic, est que mes<br />

enfants sont une chose mais que, ceux <strong>de</strong>s autres, ça ne va pas être possible !<br />

Pourtant vu le prix, ça laisse songeur.<br />

Une fois l’escroqueuse partie, il ne me reste plus qu’{ canaliser les vandales.<br />

6


Je suis partagée entre la fessée, ou les cantonner dans leur chambre, ou bien les<br />

<strong>de</strong>ux. Ainsi je pourrais me décharger <strong>de</strong> mes pulsions refoulées, mais les enfants ne<br />

sont pas censés servir { cela. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Dolto !<br />

Vous savez cette ‘‘maniaco pseudo psy mère parfaite’’ qui vous incite { faire <strong>de</strong> vos<br />

gosses les rois <strong>de</strong> la maison et tyrans en <strong>de</strong>venir !<br />

Et puis, ma copine Judith m’a dit avoir lu dans un magazine <strong>de</strong> filles que les<br />

fessées favorisaient le sadomaso plus tard chez l’adulte. Alors, jusqu’{ nouvel ordre,<br />

sans preuve je vais y aller mollo.<br />

Il ne manquerait plus que cela : Moi, maman d’un charmant adolescent se<br />

faisant pendouiller par les tétons avec pour <strong>de</strong>vise : « Fais moi mal, dis moi <strong>de</strong>s mots<br />

sales. », et d’une charmante jeune fille surnommée ‘‘Goliath’’!<br />

L’horreur !<br />

Papiers à nous <strong>de</strong>ux !<br />

Je n’ai jamais été une reine du rangement, mais voyons le coté positif, une fois rangé,<br />

ce sera rangé…Pour un temps...<br />

<strong>Sophie</strong>, par conséquent moi, recherche désespérément un justificatif <strong>de</strong> domicile,<br />

mon livret <strong>de</strong> famille et, ah oui, <strong>de</strong>s photos… <strong>de</strong> moi évi<strong>de</strong>ment.<br />

Je lève la punition, et dis aux démons <strong>de</strong> s’habiller. Je cours d’abord après Léo, 18<br />

mois, et ensuite à la recherche du pull, <strong>de</strong>s chaussures égarées et du beau, du bon,<br />

du bonnet car il fait un temps <strong>de</strong> chien. Enfin, je le bloque dans son siège auto.<br />

Pendant ce temps, Margot, 4 ans, était censée se préparer et je la retrouve les<br />

fesses { l’air dans son déguisement <strong>de</strong> Princesse <strong>de</strong>s fleurs, { jouer aux Lego.<br />

Restons calme…. sadomaso…. me susurre une petite voix dans l'oreille !<br />

Après avoir casé toute la petite famille dans la voiture et laissé Chouquette dans le<br />

jardin, direction le centre commercial.<br />

Un grand moment <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> !<br />

7


D’abord, trouver une place. Evi<strong>de</strong>ment pas trop loin <strong>de</strong> l’entrée, car il tombe<br />

<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s mais, nous sommes <strong>de</strong>s centaines à vouloir LA place. Ensuite,<br />

réquisitionner un caddie et bien évi<strong>de</strong>ment les 3 premiers n’ont pas <strong>de</strong> siège pour<br />

enfant. Je mets mon jeton dans le premier, je le range dans la file d’{ coté, et ainsi<br />

<strong>de</strong> suite avec Léo qui se tortille dans mes bras et Margot que j’ai sommée <strong>de</strong> me<br />

tenir le pantalon. Après un quart d’heure <strong>de</strong> lutte effrénée sous la flotte, j’atteints<br />

enfin ce havre <strong>de</strong> paix que peut être la gran<strong>de</strong> surface. Ma fille pleure car elle est<br />

« tout mouillé les ceuveux » et « Ze te zure que ze courira pas partout ». Et mon fils<br />

pleure <strong>de</strong> plus belle, car je refuse qu’il lèche le bitogniau du caddie.<br />

Quel est le dingue qui a dit que les enfants n’étaient que bonheur { l’état<br />

brut ? Certainement un célibataire, car aucun parent digne <strong>de</strong> ce nom ne pourrait<br />

tenir <strong>de</strong> tels propos ou alors, c’est pour se venger <strong>de</strong>s autres qui n’en ont pas.<br />

Pour ne pas sombrer dans la folie furieuse, j’essaie <strong>de</strong> faire diversion et dis<br />

aux enfants que le premier qui voit le photomaton a gagné.<br />

- « Dis manman, c’est quoi un phototamon ? »<br />

- « Non photomaton, mon petit cœur. »<br />

- « Mais c’est ce que ze dis manman »<br />

- « Pas tout à fait, et Léo arrête <strong>de</strong> sucer ce truc ! »<br />

- « Et on gagne quoi manman ? »<br />

- « Un bisou, ma chérie »<br />

- « Pas intéressant, moi ze veux un ca<strong>de</strong>au ou un bonbon. »<br />

- « Tu ne risque d’avoir qu’une fessée, si tu fais <strong>de</strong>s caprices. »<br />

Attention Sadomaso….<br />

Elle est vraiment trop nulle cette Judith, maintenant je flippe. Déj{ qu’il n’est<br />

pas facile d’élever seule <strong>de</strong>s enfants, et vu l’empressement du papa, c’est pas gagné<br />

pour que ça change.<br />

Avec cette histoire, il va vraiment falloir que je me documente sérieusement<br />

sur la genèse <strong>de</strong>s perversions.<br />

Une fois avoir fait tous les étages, être tombée sur LE tapis roulant hors<br />

8


service, j’ai enfin trouvé le photomaton. Hors d’haleine, et complètement<br />

échevelée, j’ai garé mon caddie presque dans l’habitacle et ordonne aux enfants <strong>de</strong><br />

hurler si quelqu’un s’approche <strong>de</strong> trop près. Il ne manquerait plus qu’on me les<br />

pique !<br />

Je m’assoie, et essaie <strong>de</strong> me refaire une beauté. Sauf que, le siège est trop<br />

haut et je suis hors champ. Je me retourne et fais tourner le bidule pendant ce qui<br />

me semble être <strong>de</strong>s heures jusqu’{ me retrouver { la bonne taille, que les yeux soit<br />

pile poil sur la ligne et dans l’ovale.<br />

Nous sommes tous <strong>de</strong>s êtres { tête ovale, qu’on se le dise !<br />

Mettre une pièce, soit la somme exacte <strong>de</strong> 4 euro 35 centimes, c’est pratique !<br />

Evi<strong>de</strong>ment, l’appareil ne rend pas la monnaie et les gosses commencent {<br />

s’impatienter. Après avoir appuyé sur tous les boutons, je finis par afficher mon<br />

plus beau sourire. Hop, c’est dans la boite. Sauf que, je lis le panneau d’instructions<br />

après la bataille et il est écrit qu’il ne faut ni sourire ni porter <strong>de</strong> lunettes.<br />

Et mer<strong>de</strong> !<br />

- « On dit pas mer<strong>de</strong> manman, c’est un gros mot »<br />

- « Oui ma chérie, je suis désolée, tu as raison »<br />

- « Mer<strong>de</strong>, mer<strong>de</strong>, mer<strong>de</strong> et mer<strong>de</strong> <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>… » se met à chantonner Margot<br />

- « Stop, ça suffit, ne profite pas <strong>de</strong> la situation ou je te fais copier cent fois, je ne<br />

dois pas dire <strong>de</strong> gros mots. »<br />

- « Mais manman, ze ne sais pas écrire »<br />

- « Justement ! »<br />

On prend les mêmes et on recommence.<br />

Je fais ‘’Sortie <strong>de</strong> taule’’ sur cette photo mais essayez d’avoir bonne<br />

contenance en faisant la gueule, c’est pas facile. Je me rappelle ce que mon père me<br />

disait : « Souris avec les yeux » j’ai essayé mais c’est pas probant ! Cette<br />

plaisanterie m’aura coûter la bagatelle <strong>de</strong>10 €. Ce photomaton doit être <strong>de</strong> mèche<br />

avec ma Baby Sitter. Léo a tout mâchouillé le bitogniau et Margot est en gran<strong>de</strong><br />

conversation avec un gros poilu.<br />

- « Allez ma chérie, tu dis au revoir au gros poilu et on y va » lui dis je exténuée.<br />

9


- « Mais manman, c’est pas un gros poilu, c’est Maurice »<br />

Ne me dites pas que j’ai vraiment dis Gros poilu, pour <strong>de</strong> vrai….<br />

Je suis crevée, je me fais peur.<br />

- « Monsieur Maurice, pardonnez moi et bonne journée »<br />

- « Au revoir, gros poiluuuuuuuu » braille Margot<br />

Léo fait un « Agaga » tout baveux et Gros poilu me fusille du regard.<br />

Vite le chemin en sens inverse, j’ai besoin d’un remontant corsé. Tu vas voir que je<br />

vais <strong>de</strong>venir alcoolique dépressive avec ces foutaises.<br />

Retour { la maison. Je m’affale sur le canapé avec mes photos d’i<strong>de</strong>ntité<br />

dans une main et un double scotch dans l’autre. Le bonheur !<br />

<strong>Les</strong> enfants sont couchés, et je n’ai pas résisté { l’appel <strong>de</strong> la fessée, tant pis<br />

pour les dommages collatéraux. Je pense que la séparation d’avec leur père, les a<br />

plus perturbés que je ne le pensais. Maintenant, je culpabilise, mais bon sang qu’ils<br />

sont pénibles !<br />

Dans un premier temps, enlevons les chaussures et le manteau et après je<br />

réfléchirai ! Mais d’abord Scotch, douze ans d’âge, avant <strong>de</strong> m’attaquer au déluge<br />

Chouquette qui a retourné entièrement les massifs. Elle a sûrement un aïeul<br />

phacochère. La pluie aidant, la maison est dévastée et avec tous ses poils. Je n’avais<br />

pas vu qu’elle transportait l’équivalent d’un terrain <strong>de</strong> foot sous le ventre. La<br />

prochaine fois que je parle à mon Ex au téléphone, je lui refourgue le dindon, ou<br />

tout du moins, je vais essayer !<br />

Ce qui est bien avec lui, l’Ex, c’est qu’il est toujours d’accord avec vous. Il ne fait<br />

jamais rien mais il est d’accord.<br />

Au moins, on n’a pas <strong>de</strong> surprise, mais c’est agaçant au possible !<br />

10


L’Ex<br />

La rupture a été relativement brutale, surtout pour lui. Cinq longues années<br />

<strong>de</strong> ‘’pas transcendant’,’ mais avec tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong>ux beaux enfants et si mignons<br />

quand ils veulent. Le problème, c’est qu’en ce moment, ils n’ont pas l’air <strong>de</strong><br />

vouloir !<br />

Seulement, il y a <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces telles où il est impossible <strong>de</strong> faire taire la voix<br />

<strong>de</strong> la raison. Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rez pourquoi avoir attendu autant <strong>de</strong> temps ? Mais,<br />

a quel moment est t’on sûr <strong>de</strong> ne plus aimer l’autre ?<br />

Quoique, lorsque le machouilli d’oreille <strong>de</strong>vient incompatible avec les gants<br />

mappa, insupportable la mains aux fesses avec la tête dans le four, enfin que l’on<br />

s’aperçoive qu’il n’y a plus que le changement d’heure d’hiver pour les galipettes,<br />

et que cette heure est déjà trop longue, il vaudrait quant même mieux se poser<br />

quelques questions.<br />

Et puis, il y a d’autres signes qui alertent !<br />

Comme, ne plus supporter le jeu <strong>de</strong> piste qu’il peut laisser dans toute la<br />

maison entre chaussettes sales et caleçons jusqu’au panier { linge.<br />

Le fait qu’il se prenne pour Robuchon en prétextant un petit repas d’amour<br />

pour, en finalité, vous sortir un vulgaire ‘’merguez spaghetti’’ et un désastre proche<br />

d’Hiroshima dans la cuisine. En plus, je hais les pâtes !<br />

Est-ce néanmoins une bonne raison pour quitter quelqu’un, surtout quand<br />

<strong>de</strong>ux enfants sont en jeu ?<br />

Et puis, il y a d’autres paramètres, le coté affectif ou bien même le coté<br />

financier qui ne sont pas négligeables.<br />

<strong>Les</strong> questions qui font mal, comme mes enfants vont peut être me haïr à vie,<br />

la gar<strong>de</strong> partagée, la recherche d’un nouveau logement, le chien, etc.…<br />

11


Sur tous ces problèmes, moi j’ai eu <strong>de</strong>s réponses assez vite. Il m’a mise au<br />

pied du mur :<br />

- « Tu gar<strong>de</strong>s tout, les enfants, la maison, le chien…. Tout, tout, tout ! »<br />

- « Comment ça, je gar<strong>de</strong> tout ? »<br />

- « Oui, tu comprends, besoin <strong>de</strong> me ressourcer, <strong>de</strong> me retrouver face à moimême…<br />

et bla et bla…, c’est ta décision, tu assumes ! »<br />

Jusque là, pas <strong>de</strong> grand changement.<br />

Il est parti vivre sa vie <strong>de</strong> Bohême en me laissant comme prévu, la maison, les<br />

enfants et sa grosse din<strong>de</strong> <strong>de</strong> Chouquette. J’ai pu quand même lui caser une<br />

<strong>de</strong>rnière fois la poubelle { sortir et les tasses { café hi<strong>de</strong>uses <strong>de</strong> sa mère. Il s’est<br />

déclaré Artiste et souhaite se lancer dans la chanson !<br />

Je n’ai rien contre, mais entre brailler avec ses copains les soirs <strong>de</strong> beuveries en<br />

tapant sur <strong>de</strong>s casseroles, et en vivre, il y a <strong>de</strong>s kilomètres. D’après lui, j’ai la<br />

sensibilité d’un bulot et l’ouverture d’une huître ! C’est un coup bas.<br />

J’aime la vraie musique <strong>de</strong>s vrais musiciens, et pas le gratouillis qu’il me faisait<br />

subir tous les jours sur sa guitare <strong>de</strong> quand il avait ses 15 ans.<br />

- Glang, glang…. « Tu as entendu cet accord, terrible non ? »<br />

- « Oui, oui, super chéri » alors que je suis en train d’essayer <strong>de</strong> suivre une<br />

émission du National Géographique sur les perruches.<br />

Déjà que les perruches comme sujet, ce n’est pas transcendant, mais avec<br />

Jimmy Hendrix pour massacrer le tout, ça <strong>de</strong>vient ru<strong>de</strong>…<br />

Voil{ ce que j’ai du subir durant 5 longues années, jusqu’au jour <strong>de</strong> ce<br />

fameux appel.<br />

Son portable sonne. Je le vois se précipiter dans la chambre <strong>de</strong> Léo.<br />

- « Chut, pas trop fort mon Roudoudou, elle est dans la cuisine »<br />

… un blanc…<br />

- « Oui ma crevette, je suis toujours ton ours Panda et je vais tout lui dire, il me faut<br />

juste du temps et surtout les mots. Le choc risque d’être dur, tu sais.»<br />

12


… reblanc…<br />

- « Non Bibiche, ne te fâches pas, je te promets que je t’aime et je vais tout lui<br />

avouer. Je t’embrasse partout, partout, partout. Houuu, arrête petite cochonne, j’ai<br />

une <strong>de</strong>mi molle, elle va s’en apercevoir… Ciaoooo » fini t’il en miaulant.<br />

Sauf que cette andouille avait juste omis l’Audio baby branché dans la<br />

chambre <strong>de</strong> son fils, le volume mis { fond. J’aurai presque pu entendre l’ascension<br />

<strong>de</strong> « Madame Demi Molle » dans le caleçon <strong>de</strong> « Monsieur l’infidèle », <strong>de</strong> la cuisine<br />

où la dite ‘’Elle’’ était en train <strong>de</strong> préparer le repas <strong>de</strong> l’ours Panda.<br />

Et lui, <strong>de</strong> revenir comme une fleur et, <strong>de</strong> me dire :<br />

- « C’était Gégé, il t’embrasse »<br />

- « Tu as raccroché, comme c’est dommage, je voulais lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un service,<br />

passes moi ton portable, je le rappelle. » lui dis je avec un sourire carnassier, les<br />

yeux plongés vers la braguette.<br />

« Tu… tu est obligée, non ne le dérange pas pour si peu, je vais t’ai<strong>de</strong>r …,<br />

Alleeeerrrrr j’insiste» me dit il tout mielleux.<br />

- « Non, non, je te sais très occupé, je ne veux pas t’embêter avec ça, va plutôt<br />

gratouiller <strong>de</strong>ux, trois accords »<br />

- « Si, si » répondit il au bord <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> nerfs<br />

- « Non, non » hurlais je en pleine crise <strong>de</strong> nerfs<br />

Je lui arrachais le téléphone <strong>de</strong>s mains, appuyais sur bis et lu sur l’écran<br />

‘‘David Charvet’’.<br />

- « Comme c’est étrange, notre Gégé, ce farceur s’appelle en fait David. Tu aurais pu<br />

me le dire, cachottier … »<br />

Et j’appuie sur le petit téléphone vert, aussi vert que le propriétaire du<br />

portable.<br />

Ca sonne, une fois, <strong>de</strong>ux fois et ça décroche.<br />

13


- « C’est toi mon Panda ? <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une voix langoureuse.<br />

- « Non, c’est la femelle du Panda ! »<br />

- « Ah »…, puis plus rien<br />

- « C’est vous David ? »<br />

- « Pardon ?… J’ai pas compris la question… »<br />

Je raccroche, consternée !<br />

Il me trompait avec une Gour<strong>de</strong> ! Comme si, à la femme <strong>de</strong> ton amant, prise<br />

sur le fait, tu lui disais : « J’ai pas compris la question » !<br />

Alors d’un superbe uppercut, je lui assénai dans les gencives le rouleau {<br />

pâtisserie. En fait, le choc a été dur, comme je vous le disais, surtout pour lui !<br />

Lui Don Juan, moi Mick Tyson ! Nous étions mardi et le mardi, c’est pizza<br />

pour tout le mon<strong>de</strong>. Il aurait du nous faire son numéro <strong>de</strong> Casanova, le jour <strong>de</strong>s<br />

spaghettis, cela aurait été sans nul doute, moins douloureux.<br />

L’ours Panda a bafouillé entre <strong>de</strong>ux hémorragies que ce n’était pas ce que je<br />

croyais et qu’il allait tout m’expliquer. Il est parti dans une diarrhée verbale, me<br />

parlant d’une certaine Pamela (Le fameux David Charvet), d’une mini jupe { la<br />

photocopieuse, d’une pile <strong>de</strong> papiers éparpillée et d’un regard auquel il n’a pu<br />

résister.<br />

En d’autres termes, il a bousculé une pétasse { la photocopieuse. En plus <strong>de</strong><br />

porter une grosse ceinture pour jupe, elle lui a fait le coup <strong>de</strong> la pub du déodorant<br />

et cet âne est tombé dans le panneau. Elle l’appelle mon Panda et lui mon<br />

Roudoudou. Consternant !<br />

Cela dit, pour mon ego, j’aurai préféré qu’il me trompe avec une bombe<br />

sexuelle avec QI <strong>de</strong> 150 sans les mains, plutôt qu’une vulgaire pouf tentant <strong>de</strong><br />

détourner l’attention sur ses seins. Rien que le prénom laissait en présager long.<br />

Oh, Pamela !<br />

14


Elle l’a donc récupéré avec ses valises et en prime, <strong>de</strong>ux petits cotons dans<br />

le nez. Roudoudou, elle, n’a réussi { tenir que 48 heures. Belle performance !<br />

L’Ex vit { présent un coup chez Gégé, un coup chez Belle maman et entre les<br />

<strong>de</strong>ux, va squatter chez ses nouvelles conquêtes, ou gratter à ma porte.<br />

Mais <strong>de</strong>puis que j’ai branché la poignée sur le 220, il a cessé ses jérémia<strong>de</strong>s<br />

sur mon paillasson. Fini les « je t’en supplie, je ne recommencerais plus, tu es la<br />

femme <strong>de</strong> ma vie».<br />

<strong>Les</strong> <strong>de</strong>rnières choses qu’il m’ait dites étaient:<br />

- « Salope, Connass…Aïïïïeuuuu! » Et autres petits mots doux.<br />

Depuis statut quo.<br />

15


Judith<br />

Ma copine Judith m’a dit que c’était la crise <strong>de</strong> la quarantaine.<br />

- « C’est une grosse crise d’adolescence mais { quarante ans!» me dit elle l’air<br />

inspirée.<br />

- « Tu sais Judith, parfois tu me fais peur ! »<br />

Je n’arrive toujours pas { savoir <strong>de</strong>puis le temps, si elle est vraiment cruche<br />

ou si elle le fait exprès. Ou alors, c’est elle qui me prend pour une débile et, là je ne<br />

trouve pas ça juste du tout ! Dans le doute, je préfère ne pas relever. De toutes<br />

façons, la Judith, moi je l’aime comme ç{. Et puis, en 30 ans ½, j’ai appris { ne plus<br />

me passer d’elle. Elle est comme ma frangine mais en beaucoup plus drôle car <strong>de</strong> ce<br />

côté-l{ ma sœur est plutôt du genre sinistre.<br />

Le portier <strong>de</strong> la famille Adams emperlousé et sur talons hauts….<br />

Avec Judith, nous nous sommes rencontrées { un cours d’accouchement<br />

sans douleur dans le ventre <strong>de</strong> nos mamans. Elles étaient côte à côte sur les tapis.<br />

En bonnes soixante-huitar<strong>de</strong>s, elles avaient décidé <strong>de</strong> mettre au mon<strong>de</strong> leurs<br />

petites merveilles sans artifices comme leurs grands-mères. Sauf qu’elles avaient<br />

omis le côté douloureux <strong>de</strong> la chose et le jour venu, c’est en chœur qu’elles ont<br />

hurlé sa mère !<br />

« Je vous en suppliiiiieeee, la périduraaaale » La dite péridurale qui n’est<br />

jamais venue. Alors tout ça, ça crée <strong>de</strong>s liens !<br />

Nous avons eu la même nourrice, une vieille bique qui <strong>de</strong>vait avoir<br />

<strong>de</strong>s lots gratuits <strong>de</strong> crêpes surgelées jambon fromage car ce fut à peu près notre<br />

seule alimentation durant nos trois premières années. Nous étions <strong>de</strong>ux adorables<br />

petits ‘‘sacs { plis’’ comme elle aimait { nous appeler <strong>de</strong>vant ses copines, elles<br />

16


même <strong>de</strong> grosses choses flasques et molles… Mais n’est il pas vrai que la paille<br />

dans l’œil du voisin est plus grosse que sa poutre dans son sien ou un truc comme<br />

ça…<br />

Au moins, cela nous a mis en jambe ou plutôt en appétit pour la cantine <strong>de</strong><br />

l’école.<br />

Pas <strong>de</strong> dépaysement ! Lundi, salsifis, Vendredi, épinards bouillis, au milieu,<br />

riz, pâtes, purée et ainsi <strong>de</strong> suite jusqu’au Mac Do.<br />

En réaction, je comprends pourquoi le nombre d’anorexiques augmente<br />

chaque année. En revanche, je suis impressionnée par les ados qui choisissent<br />

option ‘’Cuisine’’ dans leurs étu<strong>de</strong>s. C’est pas possible, ils doivent avoir une légère<br />

perversion, ou alors ils ont <strong>de</strong>s cousins en arrière cuisine qui leurs fournissent les<br />

bons plans.<br />

Moi, les seuls cousins que j’ai, travaillaient <strong>de</strong> père en fils dans l’entreprise<br />

familiale <strong>de</strong> pompes funèbres <strong>de</strong> Tourcoing. Alors….<br />

Donc, je vous disais qu’avec Judith, nous nous sommes suivies ainsi durant<br />

toute notre vie. <strong>Les</strong> mêmes profs, les mêmes lycées et les mêmes petits copains<br />

boutonneux…<br />

Nos mères étaient toujours aussi copines, ce qui nous facilitait drôlement le<br />

travail.<br />

- « Maman, je vais dormir chez <strong>Sophie</strong>. »<br />

- « Maman, je vais dormir chez Judith. »<br />

Bien évi<strong>de</strong>mment, nous n’étions ni chez l’une, ni chez l’autre. Avec les autres<br />

parents, ma mère était intransigeante. Ils <strong>de</strong>vaient lui fournir jusqu’{ leur carte <strong>de</strong><br />

sécu, un exemplaire <strong>de</strong> l’arbre généalogique sur 5 générations et une lettre <strong>de</strong><br />

motivation. Ce qui m’a coupé d’une bonne partie <strong>de</strong>s petites copines <strong>de</strong> classe. Elle<br />

était considérée comme une névrosée par les autres parents d’élèves qu’elle-même<br />

prenait pour <strong>de</strong>s psychopathes.<br />

A 15 ans, nous sommes parties en internat. Pour nous ‘’dresser’’ disaient ils.<br />

‘‘Sainte Claudine <strong>de</strong>s Alouettes’’, chez les Bonnes Sœurs { cornette, au fin<br />

fond <strong>de</strong> la Vendée… tout un programme !<br />

17


Je peux vous assurer qu’elles s’en souviennent encore ! Elles nous<br />

appelaient les ‘’Sœurs Lumière’’, car c’était un feu d’artifice permanent. Nos âneries<br />

étaient toutes plus explosives les unes que les autres.<br />

‘‘Sœurs Lumière’’, mon père disait que c’était une blague { tiroir. Mais nos<br />

chères Soeurs savent elles seulement blaguer ?<br />

<strong>Les</strong> trois mots d’ordre étaient : Rigueur, Sévérité et Travail. Je n’ai jamais<br />

aussi mal bossé <strong>de</strong> ma vie ! Un électron libre, collé par principe systématiquement<br />

à toutes les sorties du mercredi. Nous profitions <strong>de</strong> ces moments <strong>de</strong> recueillement<br />

avec Judith, ma co-détenue, pour préparer nos fulgurances <strong>de</strong> la semaine.<br />

<strong>Les</strong> étu<strong>de</strong>s n’ayant pas été vraiment…Euh, comment dire, très brillantes,<br />

nous n’avons ni l’une ni l’autre fait ‘‘Math sup - Math spé ’’ et encore moins<br />

‘‘Polytechnique’’.<br />

Comme disait le grand et très sage Monsieur Pierre : « <strong>Les</strong> diplômes sont<br />

fait pour les gens qui n’ont pas <strong>de</strong> talent. Vous avez du talent ? Ne vous emmer<strong>de</strong>z<br />

pas à passer le Bac». Conseil suivi à la lettre !<br />

Apres trois ans <strong>de</strong> ce régime, notre toute nouvelle majorité acquise nous<br />

permit d’envisager <strong>de</strong>s vacances <strong>de</strong> défoulement libératoire.<br />

Au programme avec Juju : Farniente, fêtes alcoolisées, petits chéris et gros<br />

dodos, ou plutôt coma sur la plage sous un soleil <strong>de</strong> plomb avec bronzage façon<br />

cuisson { l’unilatérale.<br />

Nous n’étions pas plus capables <strong>de</strong> nous rappeler les prénoms <strong>de</strong> nos<br />

chevaliers servants qui commençaient tous par Jean quelque chose, que <strong>de</strong> se<br />

souvenir <strong>de</strong> l’emplacement <strong>de</strong> notre bungalow. Mais quelle idée aussi <strong>de</strong> baptiser<br />

toutes les allées du camping <strong>de</strong> noms <strong>de</strong> géraniums et autres dicotylédones.<br />

Surtout, lorsque le sol n’est que béton, sable et terre battue. En désespoir <strong>de</strong> cause,<br />

nous squattions <strong>de</strong> préférence chez n’importe qui, ou roulées en boule contre un<br />

arbre.<br />

18


<strong>Les</strong> débuts <strong>de</strong> soirées étaient pourtant prometteurs. D’abord choisir une boite<br />

<strong>de</strong> l’arrière pays, lieux <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong> la gente mâle rurale, puis incarner nos<br />

personnages <strong>de</strong> vamps exotiques et inaccessibles. Nous baragouinions un sabir<br />

anglo-espagnol, et nous affublions <strong>de</strong> prénoms fleurant bon les contrées lointaines.<br />

Ça, c’étais la première <strong>de</strong>mi heure, le temps d’attirer { nous un aréopage <strong>de</strong><br />

prétendants à trois pattes débordant <strong>de</strong> testostérone.<br />

A la trente et unième minute passée, dans l’euphorie <strong>de</strong>s cocktails je parlais<br />

russe ancien dans le texte, Judith, quant à elle, ne répondait plus à aucun prénom,<br />

pas même au sien. Le foutage <strong>de</strong> gueule démasqué dès la première heure<br />

transformait la piste <strong>de</strong> danse en pugilat, car nous étions mauvaises<br />

perdantes. Après moult vols planés dans les banquettes en hurlant en<br />

polyphonie corse, ou accrochées { la tignasse d’un gros rougeaud, nos virées se<br />

terminaient façon ‘‘Forest Gump’’, fuite hilare { travers le parking, un complément<br />

capillaire accroché à un bout ongle cassé et la culotte détrempée <strong>de</strong> pipi.<br />

Enfin, retour en catastrophe vers l’allée <strong>de</strong>s bégonias, non <strong>de</strong>s campanules,<br />

non,…heu…et mer<strong>de</strong> !<br />

En septembre, nous avons constaté qu’il était plus que temps <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir<br />

adulte au grand bonheur <strong>de</strong> nos parents et <strong>de</strong> notre foie.<br />

19


Mathieu<br />

Avec Judith, nous avons pris un appart ensemble et bidouillées <strong>de</strong>s petits<br />

boulots à la con.<br />

Le plus drôle <strong>de</strong> tous fut celui <strong>de</strong> ‘’Miss cochonne’’ sur une ligne <strong>de</strong><br />

téléphone rose. La boite était tenue par une femme excentrique <strong>de</strong> 60 ans mon<br />

aînée qui continuait { faire tourner la boutique. J’aurai adoré voir la tête <strong>de</strong>s<br />

hommes fantasmant sur la voix suave et rauque <strong>de</strong> Mona, s’ils avaient vu le<br />

tromblon { l’autre bout du combiné. Se faire susurrer <strong>de</strong>s mots doux par une<br />

libertine octogénaire, même très bien conservée, je ne suis pas sûre du résultat <strong>de</strong><br />

la bandaison à long terme !<br />

Bref, Mathieu était son neveu et arrondissait ses fins <strong>de</strong> mois <strong>de</strong>puis près<br />

<strong>de</strong> trois ans. Il <strong>de</strong>vait nous former et nous donner les ficelles du métier. Il officiait<br />

sous le nom <strong>de</strong> ‘‘Boris’’ pour satisfaire les vieilles poules en mal d’exotisme, sauf<br />

que notre ‘‘Boris’’ ne venait pas <strong>de</strong> Sibérie avec ses steppes et son mystère, mais <strong>de</strong><br />

Macon, et Macon ça ne fait pas vraiment voyager !<br />

moi.<br />

Nous étions, ‘‘Caroline la coquine ’’ pour Judith et ‘‘Ludivine la mutine’’ pour<br />

Notre plus gros problème était la nécessaire concentration car, à la<br />

différence <strong>de</strong>s autres jobs, il faut être d’attaque très vite. Ne pas être prise au<br />

dépourvu et élément essentiel ne pas hurler <strong>de</strong> rire { chaque fois qu’un Marcel<br />

vous appelle pour vous farcir <strong>de</strong> ‘’cochonstées’’ les trompes d’Eustache. Sauf que,<br />

dans la pratique, les choses étaient toutes autres :<br />

- Nous n’étions jamais prêtes<br />

- Nous n’arrivions jamais { gar<strong>de</strong>r notre sérieux.<br />

20


- Et, pour peu que l’une réussisse { entrer dans le personnage, l’autre se faisait<br />

pipi <strong>de</strong>ssus. A se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si nous n’avons pas un problème récurent<br />

d’énurésie tardive, voire <strong>de</strong> sénilité précoce.<br />

Résultat <strong>de</strong>s courses, nous avons dû nous reconvertir d'urgence, et changer <strong>de</strong><br />

moquette !<br />

La complicité est née naturellement avec Mathieu. Il terminait mes phrases<br />

et mieux, riait <strong>de</strong>s blagues loupées <strong>de</strong> Judith. Il a donc très vite emménagé avec<br />

nous et je vous laisse imaginer l’effet produit sur les commères <strong>de</strong> l’immeuble. Le<br />

sergent caporal en chef Jeannine, <strong>de</strong> son métier concierge; avait donné l’ordre<br />

explicite à ses sbires <strong>de</strong> lui remonter toutes les infos nous concernant. Du reste,<br />

nous leurs en avons fait voir <strong>de</strong> toutes les couleurs. Jeannine ouvrait notre courrier<br />

{ l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la bonne vieille métho<strong>de</strong> ‘‘casserole, eau chau<strong>de</strong> et vapeur’’, ce qui<br />

gondolait toutes nos lettres. <strong>Les</strong> commerçants alentours étaient au fait <strong>de</strong> toutes<br />

nos démarches, factures et relances.<br />

<strong>Les</strong> ragots allant bon train dans le quartier, nous redoublions d’efforts pour<br />

les offusquer un peu plus chaque jour. Ils en ont voulu, ils en ont eu!<br />

Ah, Jeunesse !<br />

Mathieu enlaçait Judith dans la cage d’escalier dès l’approche d’une<br />

voisines, ou collés { la porte, nous simulions l’orgasme lors du dépoussiérage<br />

hebdomadaire <strong>de</strong> la rampe d’escalier par la Jeannine, elle-même oreille écrasée sur<br />

la dite porte.<br />

Après le fiasco total du phantasme tarifé, nous avons tous été virés. Mathieu<br />

y compris. Nous avons dû nous mettre à la recherche d’un travail peut être un peu<br />

plus conventionnel. Judith s’est essayée dans une boulangerie. Se lever aux<br />

aurores, lui brouillait le teint et on ne plaisante pas avec ça ! Mat, lui, s’est lancé<br />

dans le bâtiment. J’ai trouvé cela très courageux <strong>de</strong> sa part. Si vous aviez vu le<br />

carnage, le jour où il s’est attaqué au carrelage <strong>de</strong> notre salle <strong>de</strong> bain … Picasso n’a<br />

qu’{ bien se tenir ! Mais la dure vie <strong>de</strong>s travailleurs manuels et les gobelets <strong>de</strong><br />

villageoise réchauffés sur les radiateurs à 6h00 du matin, ont eu raison <strong>de</strong> son<br />

courage et <strong>de</strong> ses gammas GT. Il n’était, il faut bien l’avouer, pas fan non plus <strong>de</strong>s<br />

‘‘poignées <strong>de</strong> couilles’’.<br />

Comment ça, vous ne connaissez pas les ‘‘poignées <strong>de</strong> couilles’’ ?<br />

Eh bien pour se dire bonjour, le serrage <strong>de</strong> mains est <strong>de</strong>venu has been, chez<br />

les maçons bien entendu. Ils ont dû prendre exemple sur les footballeurs.<br />

21


‘‘Le serrage <strong>de</strong> couilles’’ est beaucoup plus tendance…...<br />

« Parait qu’ ça fait plus viril, vouai m’sieu ! »<br />

Après cette incursion dans le mon<strong>de</strong> ouvrier, il a tenté le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong><br />

et <strong>de</strong>s couturiers. Mon<strong>de</strong> beaucoup plus proche <strong>de</strong> ses valeurs, où il a pu laisser ses<br />

penchants artistiques et autres prendre le <strong>de</strong>ssus.<br />

Attention, Mathieu est un homme, un vrai, qui fait mec et tout et tout mais il<br />

est si discret sur sa vie amoureuse qu’avec Judith on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il ne nous<br />

cacherait pas un truc… Je me vois mal lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ‘‘s’il fume le cigare’’, sachant<br />

qu’en plus il pourrait ne pas comprendre, ce qui me mettrait <strong>de</strong>ux fois plus mal {<br />

l’aise. Je n’aime pas bien le ‘‘sortez les rames’’ dans les situations délicates !<br />

De plus, cela ne nous regar<strong>de</strong> pas mais je dois dire que nous sommes<br />

curieuse comme <strong>de</strong> vieilles taupes, non ce n’est pas ç{, chouettes ou autres petites<br />

bestioles… Bref, nous sommes curieuses !<br />

N’oublions pas que dans ce paragraphe là, ce qui nous intéresse avant tout,<br />

c’est la recherche d’emploi et le principal est qu’il ait été embauché et ait gravi les<br />

échelons rapi<strong>de</strong>ment grâce à son professionnalisme. Moi, je me suis lancée dans la<br />

vente <strong>de</strong> vin mais, après avoir sorti <strong>de</strong>s énormités genre le musc du cépage, le<br />

vieillissement <strong>de</strong> la grappe en fût et autres inepties, les clients m’ont vite<br />

démasquée et par conséquent, j’ai été virée une fois <strong>de</strong> plus.<br />

22


Etymologie du mot travail<br />

Judith est finalement <strong>de</strong>venue esthéticienne (impeccable pour son teint) et<br />

arrache du poil toute la journée. Elle m’a quand même expliqué que l’on ne disait<br />

pas se ‘’faire la moustache’’ mais ‘’épiler la lèvre’’.<br />

Manifestement, c’est plus chic !<br />

Mathieu m’a pistonné pour entrer dans sa boite et jusqu’{ peu, j’y bossais comme<br />

hôtesse d’accueil.<br />

Le salon d’esthétique étant { proximité, j’adressais, grâce { un buzz savant, un<br />

maximum <strong>de</strong> collègues à Judith. En retour, elle me racontait dans les moindres<br />

détails les croustillantes confi<strong>de</strong>nces qu’elle avait pu récolter.<br />

- « Je suis la psychanalyste du poils, il n’y a pas que leurs duvets disgracieux que<br />

je leur arrache, je leur soutire tous leurs petits secrets. »<br />

- « Continue ma gran<strong>de</strong> » que je lui disais à la Judith car pendant ce temps, moi ça<br />

m’était plutôt utile.<br />

Le mot travail vient du bas latin tripalium (VIe siècle) instrument <strong>de</strong> torture<br />

formé <strong>de</strong> trois pieux . Mes pieux à moi, étaient :<br />

- Sibylle <strong>de</strong> St Perne<br />

- Phileas <strong>de</strong> la Motte<br />

- Monique Chapue<br />

C’est ainsi que j’appris que Sibylle <strong>de</strong> St Perne, le ‘’Number Two’’ <strong>de</strong> la boite<br />

23


et la ‘’Number One’’ <strong>de</strong>s bêcheuses, était velue comme un singe version Chewbacca.<br />

Elle se faisait tailler le buisson en une fine moustache à la Zorro, mais en moins<br />

d'une semaine elle retrouvait son bon vieux Karl Marx. ‘‘La reine du bon goût et<br />

son tablier <strong>de</strong> forgeron’’. Pas très fashion tout ça….<br />

Dans les victimes potentiels <strong>de</strong> Judith, nous avions aussi Phileas <strong>de</strong> la Motte,<br />

notre ‘’Number One’’. Pour lui, c’est simple, tous les poils qu’il avait partout du cou<br />

en passant par les épaules, le ventre et le dos, étaient tous ceux qui avaient déserté<br />

son cuir chevelu. Donc { défaut d’une crinière"parce que je le vaux bien", Phileas<br />

pour être raccord, est <strong>de</strong>venu un a<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> l’épilage intégral <strong>de</strong> chez intégral ! Le<br />

seul hic pour lui, mais surtout pour nos pauvres yeux, était qu’il faisait une réaction<br />

{ la cire qui lui échauffait certaines parties intimes. D’où un grattage récurant <strong>de</strong>s<br />

dites zones. Un vrai conte <strong>de</strong> fées ! Avec ces <strong>de</strong>ux l{, la Mo<strong>de</strong> n’a qu’{ bien se tenir…<br />

Ne croyez pas déceler la moindre amertume dans mes propos. Ils ne m’ont pas<br />

viré, je les ai virés….<strong>de</strong> ma vie !<br />

Mais laissez moi vous parler <strong>de</strong> Monique Chapue…Monique, oh Monique,<br />

quand tu nous tiens…..on panique !<br />

Nous avons tous rencontrés un jour ‘‘La secrétaire <strong>de</strong> Direction’’ aussi<br />

hystérique que névrosée, qui vous flique partout jusque dans les toilettes avec un<br />

chrono { la main. Ce genre d’être humain qui revendique le savoir, le bon goût et<br />

tout, mieux que tout le mon<strong>de</strong>.<br />

Maternant le personnel <strong>de</strong> façon étouffante, comme un Boa constrictor étouffant sa<br />

proie, afin <strong>de</strong> leur soutirer la moindre info susceptible <strong>de</strong> pouvoir planter un ou<br />

<strong>de</strong>ux collègues …. qu’elle aime tant…. Si, si !<br />

La Monique, c’est notre Œil <strong>de</strong> Moscou { nous.<br />

Elle est un vilain mélange entre Endora, la mère <strong>de</strong> Samantha la sorcière<br />

bien aimée et Médusa, la méchante sadique <strong>de</strong> Bernard et Bianca. Vous prenez le<br />

tout, vous malaxez et voil{{{{{{{{, c’est Monique !<br />

Elle est l’animal <strong>de</strong> compagnie <strong>de</strong> notre Phileas, toujours à sautiller <strong>de</strong>rrière lui et<br />

bien calée sur son pas. Il ne faudrait pas qu’elle le dépasse. D’ailleurs, je me<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il ne serait pas capable <strong>de</strong> lui claquer le museau, en lui disant :<br />

-« Pas bouger, vilaine, ou tu n’auras pas ta priprime » … Des inséparables, je<br />

vous dis !<br />

24


Si par miracle elle n’est plus l{, c’est que l’Oeil <strong>de</strong> Moscou va encore frapper.<br />

Elle est au rapport, dans le bureau <strong>de</strong> la Bêcheuse.<br />

J’ai même eu le droit { un cours magistral sur la façon d’être une femme<br />

d’aujourd’hui. Savoir se mettre en valeur, une Femme Actuelle, comme son<br />

magazine <strong>de</strong> prédilection. Elle est ‘’La Référence’’ en matière <strong>de</strong> beauté et se fait<br />

constamment arrêter dans la rue par <strong>de</strong>s âmes perdues en quête <strong>de</strong> son<br />

savoir…bien { elle…..dixit Monique !<br />

Fard bleu électrique sur les paupières, fond <strong>de</strong> teint bien foncé, mais jamais<br />

dans le cou, mascara vert pomme avec un léger trait d’un <strong>de</strong>mi centimètre d’eye<br />

liner noir intense ‘‘façon parkinson’’ sur ses vieilles paupières flétries.<br />

N’oublions pas, le Rouge baiser <strong>de</strong> ma grand-mère, la <strong>de</strong>rnière touche du<br />

bon goût. Celui-ci rayonnant en Place <strong>de</strong> l’Etoile dans les ridules <strong>de</strong> ses lèvres<br />

surplombées d’une somptueuse moustache peroxydée. La Chapue est une espèce<br />

préhistorique qui persiste comme les mauvaises herbes. Tout comme le chien<strong>de</strong>nt,<br />

elle doit grainer, car il y en a <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>s Moniques et ce, dans tous corps <strong>de</strong><br />

métier !<br />

Faire chier est sa <strong>de</strong>vise ! D’ailleurs, elle <strong>de</strong>vrait être remboursée par la Sécu<br />

et classée dans les remè<strong>de</strong>s contre la constipation chronique. Pour terminer le<br />

tableau, elle est imbue d’elle-même, narcissique, avec un égo gros comme moi et<br />

c’est pour dire... Elle m’a un jour confié qu’elle n’acceptait plus d’invitation, car les<br />

maris <strong>de</strong> ses copines finissaient toujours par lui faire du gringue. Ajoutant que<br />

toutes les boites <strong>de</strong> couture se l’arrachaient. Elle est la plaque tournante, l’âme se<br />

la Société !…. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est chez ‘’ La Motte et Ass’’ <strong>de</strong>puis 18<br />

ans … Mais bien sûr !<br />

En gros, c’est une pauvre fille aigrie essayant <strong>de</strong> ne pas paraître son âge,<br />

maquillée { la truelle et d’une solitu<strong>de</strong> extrême.<br />

Mais, ne nous apitoyons pas sur son sort, une vraie garce quand même !<br />

C’est ainsi, que durant 5 années, j’ai été bercée dans ce mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> requins<br />

qu’est la haute couture. Faire <strong>de</strong>s sourires, rire <strong>de</strong>s plaisanteries douteuses <strong>de</strong>s<br />

Grands <strong>de</strong> la boite. Ne pas mordre tout le mon<strong>de</strong>, alors qu’au moment <strong>de</strong> récupérer<br />

mes gosses, ils me fournissaient un job <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière minute, super méga urgent à<br />

rendre pour le len<strong>de</strong>main 8h00.<br />

25


Ce len<strong>de</strong>main, où personne ne venait jamais chercher le dit job’’ Super méga<br />

urgent’’ !<br />

Régulièrement, soit 2 { 3 fois par jour, nous étions dans l’obligation<br />

d’écouter les gargarismes <strong>de</strong> Dame Sibylle nous narrant le changement intégral <strong>de</strong><br />

son appartement <strong>de</strong> 300 m², place Wagram, { cause d’un guéridon adorable acheté<br />

‘‘une misérable bricole’’,1200 € quand même, dans une salle <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong><br />

Deauville.<br />

Sur un ton bourgeois et inspiré, elle nous déclamait :<br />

- « Vous comprenez, lorsque ce sublime guéridon est entré dans notre <strong>de</strong>meure,<br />

je me suis aperçu <strong>de</strong> suite que nous vivions dans un bouge. Alors, j’ai fait<br />

appeler aussitôt mon ami Roberto, architecte d’intérieur, qui s’est occupé <strong>de</strong>s<br />

plus gran<strong>de</strong>s stars du tout Paris, pour donner à cette vulgaire petite table, car<br />

soyons franc, cela ne reste qu’une table après tout, LA place, qu’il lui faut pour<br />

briller et s’épanouir dans notre intérieur ! Nous avons entièrement fait<br />

relooker notre appartement et cela nous a coûté une petite fortune ! Tout cela<br />

pour une table, vous ren<strong>de</strong>z vous compte ? C’est dément, non ? »<br />

Très simple la petite jeune fille…Et quels problèmes existentiels ! Quant à<br />

nous, payés au SMIC, notre décorateur s’appelle Ikéa. ! Conasse !<br />

Il y en a qui n’ont vraiment honte <strong>de</strong> rien !<br />

Dame <strong>de</strong> Saint Perne sait rester très proche du ‘’petit peuple’’, d’ailleurs elle<br />

s’enorgueillit d’avoir pris <strong>de</strong> front, son travail fort contraignant et sa vie <strong>de</strong> mère<br />

<strong>de</strong> 4 enfants. Sauf, que cette écervelée omet un petit détail, <strong>de</strong> taille malgré tout :<br />

Svetlana, la domestique roumaine sans papier. Mais aussi, la nounou, la cuisinière,<br />

l’esclave { temps plein, CDI extra longue durée avec les nuits, les week-end et les<br />

vacances scolaires.<br />

Toujours sur le même ton Auteuil, Neuilly, Passy :<br />

- « Elle est ravie <strong>de</strong> son sort, car elle vient quand même d’un bidonville d’une<br />

région appelée vulgairement le 9-3. Je suis comme qui dirait un genre <strong>de</strong> Mère<br />

Térésa pour elle avec cette chambre <strong>de</strong> bonne que je lui loue 600 €, c’est tout<br />

<strong>de</strong> même Paris intra-muros! »<br />

26


Ne pas oublier, 7eme sans ascenseur avec cordon pour la sonner nuit et jour<br />

et les toilettes sur le palier, mais intra muros tout <strong>de</strong> même !<br />

Systématiquement, elle avait tout mieux que tout le mon<strong>de</strong>. Si vous vous<br />

étiez cassé une jambe, elle, elle s’en était cassé au moins 3, si vous aviez eu une<br />

angine, elle, elle avait été frappée par un virus très rare qui ne sévit qu’{ Megève, si<br />

vous vous étiez fait piquer votre bagnole, elle, s’en était fait piquer 2 et le vélo <strong>de</strong>s<br />

gosses en prime ; si vous aviez croisé Daniel Auteuil dans la rue, elle, elle vous<br />

racontait que elle aussi et que même, il avait voulu quitter femme et enfants dès<br />

leur premier regard ; si vous vous étiez fait agresser dans la rue par un pervers,<br />

elle, elle avait fait encore mieux et c’est d’une tournante d’au moins 35 poilus<br />

qu’elle aurait réussi { s’échapper…. et ainsi <strong>de</strong> suite, etcetera…<br />

Comme je vous le disais, nous ne vivons pas sur la même planète. Nous, c’est<br />

planète ras <strong>de</strong>s pâquerettes, elle c'est planète happy few.<br />

Phileas <strong>de</strong> la Motte, c’est encore autre chose. Juste un nabot hystérique et<br />

complexé qui se veut ‘’Homme du mon<strong>de</strong>’’, mais malheureusement venant du fin<br />

fond <strong>de</strong> sa Creuse natale. <strong>Les</strong> taches <strong>de</strong> boue sur les bottes en caoutchouc ont du<br />

mal { partir. Il a même été jusqu’à changer <strong>de</strong> nom. En vrai Creusois qui se<br />

respecte, c’est { un Jacky Motte { qui nous avions affaire. Je l’ai vu sur sa pièce<br />

d’i<strong>de</strong>ntité. C’est tout <strong>de</strong> suite moins chic ! Il est persuadé être drôle, brillant, bourré<br />

<strong>de</strong> charme, mais il n’a pas compris qu’il n’y a que son porte feuille qui soit drôle,<br />

brillant et bourré <strong>de</strong> charme…. <strong>de</strong> 500 €.<br />

S’il avait eu <strong>de</strong>s cheveux, je lui aurai éclaté la tête contre un mur ! Mais n’en a<br />

point…. Quel dommage…<br />

C'est <strong>de</strong>ux là ne tiennent la servilité <strong>de</strong> leur petite équipe d'esclaves bêlants<br />

que par un salaire <strong>de</strong> misère, à la limite <strong>de</strong> la survie, assorti d'un système <strong>de</strong><br />

primes discrétionnaires et complété par une politique <strong>de</strong> délation.<br />

Pour être l'élu, le chouchou du moment, la valetaille se bouscule. Surtout ne<br />

pas tomber en disgrâce. Versailles et sa cour à la gran<strong>de</strong> époque! <strong>Les</strong> progrès,<br />

après trois siècles, se font vraiment à tous petits pas, et puis vu l'engouement pour<br />

les magazines people ce n'est pas près <strong>de</strong> changer!<br />

Bref, c’est ainsi, qu’il y a un mois, j’ai eu une révélation. Oscar Wil<strong>de</strong> a écrit<br />

« Le travail est le refuge <strong>de</strong>s gens qui n’ont rien <strong>de</strong> mieux { faire »<br />

Oui, mais moi, ce n’est pas le cas !<br />

J’ai une vie affective { reconstruire, <strong>de</strong>s enfants { élever et un chien { virer.<br />

27


Alors, j’ai pété les plombs. J’ai parlé <strong>de</strong> la barbe fleurie <strong>de</strong> Karl Marx à tout le<br />

mon<strong>de</strong>, fusillé la trousse à maquillage <strong>de</strong> la Chapue et éclaté les boules <strong>de</strong> la Motte,<br />

qui encore une fois, avait essayé <strong>de</strong> peloter une stagiaire entre <strong>de</strong>ux rangées <strong>de</strong><br />

cintres. Au moins, maintenant, il a une bonne raison <strong>de</strong> se les tripoter !<br />

Bref, j’ai été licenciée avec perte et fracas, je crois qu’ils n’ont pas bien aimé<br />

mon côté justicier <strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes, sauveteuse <strong>de</strong> petites stagiaires<br />

boutonneuses.<br />

Je m’en suis allée au grand désespoir <strong>de</strong> Mathieu, soulagée et complètement<br />

fauchée….<br />

28


La maternité, les enfants et moi<br />

Au départ, avoir <strong>de</strong>s enfants ne faisait pas partie intégrante <strong>de</strong> mon moi<br />

profond.<br />

Je n’ai jamais eu, comme certaine, la fibre maternelle exacerbée, ni l’horloge<br />

biologique anxieuse. Mon approche <strong>de</strong>s enfants s’était cantonnée jusque l{, {<br />

regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> loin <strong>de</strong> petits êtres bruyants, qui piquent tous les gâteaux apéro et<br />

viennent invariablement essuyer leurs mains pleines <strong>de</strong> doigts sur mon tailleur.<br />

Il paraîtrait que Marie, l’Immaculée Conception, serait "pleine <strong>de</strong> grâce" et<br />

absolument sans péché. N’étant pas une proche parente <strong>de</strong> la dite Marie, et ayant<br />

tout plein <strong>de</strong> pêchés, vous comprendrez bien, qu’il m’aura fallu un miracle pour<br />

sauter le pas, enfin si on peut dire!<br />

Le Panda, un jour d’excitation extrême, n’a rien trouvé <strong>de</strong> mieux que<br />

d’arracher avec les <strong>de</strong>nts l’opercule du préservatif et le préservatif lui même. La<br />

bistouquette du Panda étant peut être claustrophobe, il aura voulu lui laisser un<br />

peu d’aisance. Sauf, que l'issue <strong>de</strong> secours ainsi ouverte, n’aura pas été empruntée<br />

par l’engin sus nommé mais par tous ses petits potes. Mes ovaires se retrouvèrent<br />

assaillis. L’Alien étant dans les murs, il fallu bien prendre une décision. L’option<br />

‘‘Pourquoi pas’’ fut alors choisie.<br />

Neuf mois d’enfer !<br />

<strong>Les</strong> trois premiers mois <strong>de</strong> pas vraiment enceinte mais par contre vraiment<br />

très grasse (tiens, voila un point commun avec ma copine Marie !) se sont passés<br />

entre vomissements et poussées d’acné.<br />

29


Ah, les cours d’accouchement sans douleur ! Quel est le sadique qui a<br />

inventé ces cours ?<br />

Sachez le Mesdames, un accouchement ça fait mal ! Non, enfanter dans la<br />

douleur n’est pas la plus merveilleuse chose au mon<strong>de</strong>. Et, re non, les cours<br />

n’atténuerons pas vos angoisses, pire ils ne feront que les renforcer. Ils vous<br />

fouttent les jetons, oui, mais c’est trop tard, le petit monstre est l{ et il va bien<br />

falloir l’extirper. Je n’ai jamais autant balisé <strong>de</strong> toute ma vie. Refaire le moteur<br />

d’une bagnole me paressait moins compliqué que d’envisager l’allaitement.<br />

Et la sage femme, l’air bienveillant :<br />

- « Vous verrez Mesdames, ce sera une expérience unique »<br />

Tu l’as dit, Bouffi !!!<br />

Début <strong>de</strong> l’aventure:<br />

J - 1, le bouchon muqueux.<br />

Je me lève tout cool pour le petit pipi matinal et, c’est avec dégoût, qu’au<br />

fond <strong>de</strong> la cuvette, je vois un OVNI ‘‘Objet Visqueux Non I<strong>de</strong>ntifié’’.<br />

J’appelle mon gynéco, affolée. Il s’exclame hilare : « Eh bien ma championne, on<br />

dirait bien que le marathon a commencé. T’as chaussé tes baskets ? »<br />

Il faut expliquer qu’entre autre, c’est un mordu <strong>de</strong> course { pied !<br />

H -12, I’m singing in the rain !<br />

Dès le sixième mois <strong>de</strong> grossesse, mon gynéco nous a prédit à chaque<br />

nouvelle visite un accouchement imminent. Au départ, il pressentait un préma très<br />

préma, suivi d’un préma normal, puis d’un préma plus trop préma.<br />

En fin <strong>de</strong> compte, j’ai accouché une journée après terme. Bravo la précision !<br />

30


Pour parer { l’inondation <strong>de</strong> mon Dunlopillo, j’ai dans l’urgence <strong>de</strong>s trois<br />

<strong>de</strong>rniers mois, remplacé l’alèze que je n’avais pas, par <strong>de</strong> jolis sacs poubelle bien<br />

étalés, mais malheureusement très bruyants. En plus <strong>de</strong> transpirer comme un<br />

bœuf toutes les nuits, j'ai dû subir les remarques désobligeantes du Panda {<br />

chaque changement <strong>de</strong> position. Le bruit <strong>de</strong> papier <strong>de</strong> bonbons froissés agaçait<br />

Monsieur. Plus le terme arrivait, moins cela semblait le concerner, et moins il<br />

voulait supporter un quelconque désagrément.<br />

Tout ça pour rien, puisque les sacs s'étant chevauchés j'ai quand même<br />

ruiner mon Dunloflex triple épaisseur, garnissage hypoallergénique et coutil<br />

antibactériens.<br />

Soirée <strong>de</strong> gala, côté acariens!<br />

- « <strong>Sophie</strong> que les choses soient claires ! <strong>Les</strong> kilos en trop. Ok pourquoi pas.<br />

Tes envies <strong>de</strong> pamplemousses à <strong>de</strong>ux heures du mat, passons. Ton besoin<br />

obsessionnelle <strong>de</strong> fromage blanc par cinq litres que je dois liqui<strong>de</strong>r après la date <strong>de</strong><br />

péremption, ça me gonfle, mais soit.<br />

Mais jamais, tu m’entends bien, jamais je n’accepterais <strong>de</strong> me faire pisser <strong>de</strong>ssus !<br />

Lubies <strong>de</strong> femme enceinte ou pas lubies... Suis je bien clair ! »<br />

- « Je viens <strong>de</strong> perdre les eaux. » lui répondis je un peu déroutée<br />

- « Peu importe, même avec beaucoup d’efforts, il en est hors <strong>de</strong> question. » Me<br />

dit il, sans même m’écouter.<br />

- « Je viens <strong>de</strong> te dire que j’ai perdu les eaux » insistais je, un brin agacée.<br />

- « Euh… oui, eh bien, fais ça, en silence. »<br />

Il se leva avec un air <strong>de</strong> dégoût, oreiller sous le bras, me laissant seule dans mon<br />

marécage pour se diriger vers le canapé. Il m’indiqua, l'air détaché, l’emplacement<br />

<strong>de</strong> la serpillière.<br />

Comme s’il avait dû un jour s’en servir. Quel mufle !<br />

H - 7, le décollement <strong>de</strong> la membrane<br />

31


Ren<strong>de</strong>z vous d’urgence au Cabinet, pour une séance <strong>de</strong> torture ‘‘pré<br />

éjectage’’ <strong>de</strong> Bébé.<br />

Un doigt, <strong>de</strong>ux doigts, dix doigts. Ce n’est plus une nénette <strong>de</strong> taille Small mais, <strong>de</strong><br />

taille XXXL.<br />

A propos, quelle est la différence entre ce genre d’examen et un verre <strong>de</strong> Porto ?<br />

Pour le Porto, c’est juste un doigt !<br />

De H - 6 à H – 5<br />

Spasfon, bain et bain, Spasfon, mais rien n’y font. Le Panda appelé en<br />

renfort, ne trouve rien <strong>de</strong> mieux que <strong>de</strong> me faire visiter tout le département avant<br />

d’arriver à la clinique. L'émotion sans doute!<br />

H - 4, ma meilleure amie, Dame Péridurale<br />

A la différence <strong>de</strong> ma mère, j’avais pris comme option ‘‘plombage <strong>de</strong><br />

jambes’’ et ce pour quinze jours. Le problème est, que l’anesthésiste n’avait pas<br />

pris option fléchette lors <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s. Il s’y est reprit { 5 fois ! Heureusement<br />

pour lui que je faisais la boule et bouffais le polochon, sinon je l’aurais défiguré !<br />

Faute <strong>de</strong> goût, le Panda lui, blouse bleue et petits chaussons, avait une légère<br />

tendance à virer au vert. Moi souffrir, lui vomir !<br />

H - 3, Surprise partie<br />

Jambes écartées, pieds dans les étriers et nénette au vent, je me retrouve<br />

comme une souris prête à être disséquée <strong>de</strong>vant une petite dizaine <strong>de</strong> personnes<br />

invitées pour l’occasion. Que <strong>de</strong>s inconnus dont un grand type à lunettes et<br />

stéthoscope autour du col relevé <strong>de</strong> sa blouse pour faire voir qu'il est chef. Il est<br />

accompagné d’une tripotée <strong>de</strong> jeunes gens tout <strong>de</strong> blanc vêtus.<br />

Sans un regard, d'un ton suffisant, pressé sans doute d'aller faire un golf, il<br />

32


attaque:<br />

- « Comme vous pouvez le voir, cette parturiente primipare a un col… blablabla,<br />

blablabla… »<br />

- "Parturiente?... Primipare?... Eh! Ho! Môssieur Ducon, tu ne peux pas dire<br />

bonjour et m'appeler par mon nom?"<br />

Du coup, toutes les têtes se sont retournées vers moi. Et là, vu la position, je<br />

pense qu’ils ont tous pu apprécier mon coquet petit intérieur.<br />

De H - 2 à H - 1,<br />

Mon côté atrabilaire est { son paroxysme. Le ‘‘Sprint final’’ a débuté. Voil{<br />

que je parle comme mon gynéco maintenant ! Déjà, commençons par clôturer la<br />

petite sauterie en virant avec perte et fracas toute la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine. Ensuite,<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r { la sage femme <strong>de</strong> bien vouloir arrêter <strong>de</strong> m’appeler ma ‘‘Gazelle’’ ou je<br />

vais la mordre et lui faire très mal. Enfin, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au Panda <strong>de</strong> bien vouloir<br />

participer un minimum et cesser <strong>de</strong> contempler son reflet dans son haricot<br />

métallique. Sinon, lui aussi, je le mords !<br />

H - 1,<br />

- « Poussezzzzzzzzzz !!!!!!!! » me dit la sage femme<br />

- « Que croyez vous que je faaaaaasssseeeeee » lui hurlais je<br />

- « Soufflez, sapristi, mais vous n’avez donc rien appris au cours…. »<br />

- « Euh… Vous… Ta gueule !!! »<br />

C’est dans un <strong>de</strong>rnier effort et une épisio façon ‘’sourire kabyle’’ que l’on me posa<br />

Margot sur le ventre. De dos, elle faisait plutôt petit gibbon. Tiens, une future<br />

cliente pour Judith !<br />

- « Voulez vous l’embrasser avant la toilette ? »<br />

- « Non, ça ira comme ça, je vous remercie. »<br />

Panda se releva après la bataille et se mit à pleurer comme une ma<strong>de</strong>leine.<br />

Un peu plus tard, il me la rapporta dans son tout premier pyjama. Je dois<br />

33


dire que même moche, elle me plaisait quand même. Petits yeux jaune, couleur<br />

béthadine et petit bonnet. Je l’embrassai tendrement. Tiens, on dirait que les<br />

sentiments commencent à pousser !<br />

De fil en aiguille, <strong>de</strong> préservatif percé en pilule oubliée, nous avons décidé<br />

<strong>de</strong> faire à Margot un petit frère, Léo, <strong>de</strong>ux ans plus tard. On prend les mêmes et on<br />

recommence !<br />

Vomissements, acné, vergetures mais cette fois sans l’Académie <strong>de</strong>s Neuf et<br />

avec comme anesthésiste, un champion olympique <strong>de</strong>s fléchettes.<br />

34


A la recherche d’un nouveau chéri !<br />

Je me sens comme la ‘‘Belle aux bois dormant’’ a qui le Prince Charmant<br />

aurait posé un lapin.<br />

Une sorte d’Esméralda qui n’aurait connu que Quasimodo car Phébus aurait été<br />

trop occupé à taper le carton et boire une p’tite mousse.<br />

Il m’aura fallu un certain recul pour m’apercevoir <strong>de</strong> ma solitu<strong>de</strong> affective.<br />

Le Panda, quant à lui, faisait tout <strong>de</strong> même partie du décor. Il faisait du bruit, du<br />

vent, un peu comme un téléviseur surmonté d’un ventilateur dans la pièce d’{ côté.<br />

Cela n’a pas été toujours ainsi. <strong>Les</strong> 2 premières années ont vraiment été sympas.<br />

Puis, les choses ont commencées { nous échapper sans que l’on ne s’en ren<strong>de</strong><br />

compte. Nous ne serons jamais les vieux amants du Grand Jacques. Pourtant nous<br />

avions presque tout bon.<br />

‘‘Mille fois, je pris mon bagage’’, ça c’est vrai, pour aller chez Judith !<br />

‘‘Mille fois, il prit son envol’’, vrai aussi, pour aller chez Gégé !<br />

‘‘Moi, perdu le goût <strong>de</strong> l’eau’’, faut pas exagérer !<br />

‘‘Lui, celui <strong>de</strong> la conquête’’, qui peut alors m’expliquer le rôle <strong>de</strong> Roudoudou l{<br />

<strong>de</strong>dans….<br />

La réponse <strong>de</strong> Brel est clair : Il faut bien que le corps exullllteuuuu….<br />

Oui,… mais Non !!!<br />

Maintenant, il va falloir reprendre toutes les bases. Après 5 ans d’abstinence<br />

émotionnelle, que sais-je du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la drague, ou plus exactement du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la séduction ?<br />

35


Plus grand-chose, si tant est que j’en ai su un peu un jour. J’imagine qu’il<br />

doit bien y avoir une charte avec les trucs à faire, à dire, en évitant surtout les<br />

clichés tout pourris <strong>de</strong> nos parents, genre : « vous marinez chez vos harengs ? ».<br />

Sauf, que le parent, en l’occurrence, c’est moi !<br />

Il est { noter aussi, qu’il y a belle lurette, que je n’ai pas eu <strong>de</strong> compliments<br />

fait par un homme quel qu’il soit. Le jeu <strong>de</strong> séduction du Panda a été plutôt succinct<br />

{ l’époque. Je n’étais qu’une sotte, un vrai cœur d’artichaut vu que j’étais toujours<br />

amoureuse d’Albator. Vous imaginez bien qu’il n’a pas eu { déployer toute son<br />

éloquence pour me séduire. A l’époque, je tombais amoureuse comme on tombe<br />

d’une chaise !<br />

Je venais juste d’arriver chez ‘‘La Motte and Co’’ et il était la petite minute<br />

Coca cola light <strong>de</strong> toute les femmes <strong>de</strong> la société. Il était beau, il sentait bon le sable<br />

chaud, elles le voulaient toutes et c’est moi qui l’ai eu.<br />

Nananèreeeeeeee !<br />

La compétition, c’est vraiment un attrape couillon et ça fait faire plein <strong>de</strong><br />

sottises. La preuve !<br />

Donc, nous en étions { ‘‘belle lurette’’. Même pas une racaille me lançant un<br />

« Ouais, t’es bonne M'dame » Rien <strong>de</strong> rien !<br />

Ah si, j’ai peut être quelque chose ! Il y a six mois, je me suis faite accoster par un<br />

clodo d’un<br />

- « Vous êtes mon rayon <strong>de</strong> soleil Mam’selle, t’as pas 10 balles ? »<br />

Mais, j’hésite { qualifier ça <strong>de</strong> plan drague, car l{, c’est un peu la honte !<br />

Il y a bien Judith qui s’efforce { vouloir me sortir <strong>de</strong> ma détresse sentimentale, mais<br />

elle ne me présente que <strong>de</strong>s abrutis. À croire qu’elle me réserve son calepin spécial<br />

déglingos !<br />

L’autre jour, nous étions au restaurant, je la vois faire un coucou hystérique<br />

à un nunuche affublé d’une écharpe rouge vif assortie { ses chaussettes.Je regar<strong>de</strong><br />

toujours les chaussettes, car pour moi, c’est primordial. Et l{, c’était vraiment<br />

rédhibitoire ! Des chaussettes rouges ? Pourquoi pas <strong>de</strong>s chaussettes <strong>de</strong> tennis ou<br />

<strong>de</strong>s Homer Simpson pendant qu’on y est !<br />

36


Il se prénommait, je sais plus, et bizarrement passait dans le coin…..comme<br />

par hasard.<br />

Judith, prétextant une envie pressente, nous planta lâchement durant trois<br />

quarts d’heure. <strong>Les</strong> trois quarts d’heure les plus longs <strong>de</strong> ma vie. J’étais face { un<br />

illustre inconnu, avec comme seule conversation les ‘‘Kangourous <strong>de</strong>s<br />

mathématiques ’’. Un concours remplis <strong>de</strong> grosses têtes pleines d’eau, sauf que moi,<br />

je <strong>de</strong>vais avoir l’équivalent <strong>de</strong> moins cinq <strong>de</strong> moyenne annuelle dans cette matière,<br />

alors les Kangourous …..Pour moi, ils sont bien, mais chez eux, en Australie…<br />

Une autre fois, nous avions prévu un petit week-end entre filles avec<br />

Mathieu.<br />

Devinez qui est arrivé avec 45 minutes <strong>de</strong> retard, accroché au bras d'un<br />

gros type tout rougeaud se prénommant Peter? L’anglais type, avec la marque du<br />

tabouret aux fesses et la chope encore à la main. Tout roux avec <strong>de</strong>s poils pubiens<br />

sortant <strong>de</strong>s oreilles.<br />

Durant <strong>de</strong>ux jours, il n’a pas cessé <strong>de</strong> nous bassiner qu’il avait marché sur<br />

un crapaud ! J’avais une Judith hilare et un Mathieu consterné. Hormis mon<br />

étonnement non feint sur son attachement démesuré pour les batraciens, je ne<br />

comprenais ni la liesse que cela pouvait provoquer chez la din<strong>de</strong>, ni même<br />

l’agacement démesuré <strong>de</strong> Mathieu. Ce n’est qu’au retour, enfermée dans la voiture,<br />

que l{, bien plus que <strong>de</strong> comprendre, j’ai surtout ‘‘senti !<br />

Le crapaud était mort <strong>de</strong>puis longtemps sûrement! Un anglicisme imagé<br />

pour évoquer la macération intestinale et ses conséquences en vase clos <strong>de</strong> la<br />

tonne <strong>de</strong> choucroute ingurgitée lors <strong>de</strong> ce week-end à Strasbourg.<br />

J’ai fini le reste du voyage comme un Gol<strong>de</strong>n retriever la tête { la fenêtre. À<br />

part une touffe <strong>de</strong> cheveux hirsutes et emmêlés, le seul souvenir que j’ai ramené <strong>de</strong><br />

ce périple fût une énorme pneumonie.<br />

Merci Judith, sacrée "Reine mère <strong>de</strong>s plans { la con <strong>de</strong> l’année" !<br />

C’est comme le jour où elle s’est essayée aux sites <strong>de</strong> rencontres. Pour<br />

apporter <strong>de</strong> ‘‘ l’oxygène { son vivier’’ disait elle. Elle était certaine <strong>de</strong> trouver du ‘‘<br />

tordu’’ { la pelle, mais évi<strong>de</strong>ment je <strong>de</strong>vais lui donner mon aval. Comme si elle allait<br />

m’écouter. Tu parles ! C’est plus pour se donner bonne conscience, et ne pas<br />

s’avouer qu’elle est totalement et définitivement dépendante aux désaxés!<br />

37


Le problème dans l’histoire, c’est qu’apparemment, elle est incapable <strong>de</strong> ne<br />

pas me coller <strong>de</strong> force dans toutes ses combines. Comme si pour elle, son vice, sa<br />

petite perversion était <strong>de</strong> m’entraîner dans son chaos lubrique. Je crois qu’elle n’a<br />

jamais approuvé que je sois en fait normale et plutôt banale. Bref, en meilleure<br />

amie qui se respecte, même ‘‘banale’’, je me suis donc branchée, { contre cœur, sur<br />

‘‘Tu la veux, tu vas l’avoir.com’’ pour compulser les trois, quatre fiches déj{<br />

sélectionnées.<br />

Bien vouloir vous inscrire afin <strong>de</strong> pouvoir vous connecter.<br />

- « Eh mer<strong>de</strong> ! » <strong>de</strong> moi à moi-même !<br />

Trouver un pseudo et créer son avatar.<br />

- « C’est pas vraiiiii …. Bon, réfléchissons. »<br />

« Euh ? Nestor, parfait Nestor et je suis agriculteur, impeccable, agriculteur…<br />

Pour mon avatar, blond, non, cheveux longs, sûrement pas, ah oui, c’est exactement<br />

çà : Chauve et bedonnant ! Ça nous rappellera nos vacances!<br />

Je suis un agriculteur chauve et bedonnant nommé Nestor…Impeccable !<br />

Vous décrire (passion, hobby, langues parlés…)<br />

- « Roohhhh, c’est pas vrai….. Bon, aucune passion, pas <strong>de</strong> hobby, ah si le<br />

macramé et je parle le berrichon et le patois local dans le texte. Avec tout çà, si<br />

je suis contactée, ce sera bien par un follingue.<br />

Bon maintenant, pourrait on passer aux choses sérieuses ? »<br />

Taper *, puis le co<strong>de</strong> en crypté…..<br />

- « Judith, je te haïs ! » toujours <strong>de</strong> moi à moi-même<br />

- « Manman, tu parles à quiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ? » me hurle Margot <strong>de</strong> sa chambre.<br />

- « A personne mon amour et arrête <strong>de</strong> crierrrrrrrrrrrrrrr !»<br />

38


Ça y est, je suis inscrite et je peux enfin consulter les futurs prétendants <strong>de</strong><br />

la Juju.<br />

- « Voyons, voyons, nous avons ‘‘Nounours25’’, ‘‘Perverspepere96’’,<br />

‘‘Gobetout12’’, ‘‘Bébéjordy2000’’ et pour finir ‘‘<strong>Les</strong>oupeur’’. Je n’ose même pas<br />

imaginer ! Rien que les pseudo font peur, elle est ravagée cette pauvre Judith !<br />

Bon voyons : Nounours25’’ aime qu’on le cajole en lui tapotant les fesses <strong>de</strong><br />

talc.<br />

Au secours qu’elle HORREURRRRRR !<br />

‘‘Perverspepere96’’ aime qu’on lui claque le sexe { coup d’orties en lui pinçant les<br />

roustons.’’<br />

De mieux en mieux, mais c’est quoi son site ?<br />

‘‘Gobetout12’’ vous fera adorer Derrick en vous suçotant les orteils.’’ Alors l{, je ne<br />

sais pas ce qui me fout le plus les jetons. Le fétichiste du doigt <strong>de</strong> pied ou sa passion<br />

pour les séries alleman<strong>de</strong>s.<br />

‘‘Bébéjordi2000’’ aime se promener dans la forêt, les feux <strong>de</strong> cheminée et la bonne<br />

cuisine…’’ Lui, il a l’air tout { fait sain <strong>de</strong> corps et d’esprit….quoique se donner Jordi<br />

comme pseudo….c’est louche ! Et pour ‘‘<strong>Les</strong>oupeur’’, j’veux même pas savoir… »<br />

Quelques minutes plus tard, la Judith m’appelle toute excitée.<br />

- « Alors t’en pense quoi ? »<br />

- « Que veux tu que je te dise, ils ont l’air plus débiles et déglingués les uns que<br />

les autres, avec une petite préférence pour l’avant <strong>de</strong>rnier. Même, si je dois<br />

avouer, qu’il doit cacher certainement un truc pas catholique.»<br />

- « Ah ! Tu es merveilleuse, c’est exactement ce que je pensais. Il est trop sage<br />

dans son <strong>de</strong>scriptif pour ne pas faire <strong>de</strong>s trucs vraiment cochons… les plus<br />

sages sont les pires !»<br />

- « Ecoute, honnêtement, je ne crois pas bien avoir envie <strong>de</strong> savoir quel sera ton<br />

choix. C’est très personnel ces choses l{. »<br />

- Ahhhh, je viens d’en trouver un autre pas piqué <strong>de</strong>s hannetons, il a l’air canon,<br />

attend, je lui envoie un message…. »<br />

Vrrrrrrrr, vrrrrrrrrrrrrr, Vous avez un message<br />

39


- « C’est pas vrai, quel est le taré qui peut bien…? »<br />

« Si tu veux du folklorique et du local, vient me retourner la motte avec ton gros<br />

tracteur !<br />

Signé La Mouilleuse. »<br />

- « Au fait Juju, c’est quoi ton pseudo ? »<br />

- « La Mouilleuse, pourquoi ? »<br />

- « BEURKKKK, je viendrais pas te retourner la motte avec mon gros tracteur, j’ai<br />

oublié mes bottes { la ferme, c’est moi Nestor, eh grosse dégueulasse ! »<br />

Et Judith, l{, éclata d’un rire gras.<br />

Elle est encore plus barrée que ce que je pensais !<br />

40


A la recherche d’un emploi<br />

Devant mes essais peu fructueux côté cœur, je me suis dit que côté job cela<br />

irait peut être mieux. Mathieu continuait à me donner <strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong> la boite <strong>de</strong><br />

couture et, { part avoir conclu que j’étais possédée, folle où les <strong>de</strong>ux, je n’ai plus<br />

jamais eu <strong>de</strong> signes <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> mes Sœurs courage du boulot. Ces mêmes gran<strong>de</strong>s<br />

téméraires qui poussaient aux barrica<strong>de</strong>s par <strong>de</strong>rrière et le jour venu, culottes<br />

baissées continuaient à se gausser <strong>de</strong>s bouffonneries idiotes du patron à la<br />

machine { café … Comme prise <strong>de</strong> position, y à mieux !<br />

Je me suis retrouvée comme le petit cheval blanc <strong>de</strong> Brassens !!!<br />

On dit souvent, ‘‘les rats quittent le navire’’ et, je trouve que pour les rats, la<br />

comparaison est infamante. Bah, comme disait Monsieur Pierre," la<br />

caractéristique principale <strong>de</strong>s amis est leur capacité à vous décevoir" et puis<br />

si le courage avait fait partie intégrante du mon<strong>de</strong> du travail cela se saurait…Bon,<br />

ne ruminons pas, ce n’est pas cela qui me fera retrouver du boulot.<br />

J’ai du remanier mon Curriculum Vitae et y ajouter plein <strong>de</strong> mensonges car<br />

si je dois me cantonner à ma stricte expérience, je ne suis pas prête <strong>de</strong> décrocher<br />

quoi que ce soit. Mon papa dit toujours que le CV est fait pour décrocher un<br />

ren<strong>de</strong>z-vous. Le seul inconvénient à écrire <strong>de</strong>s conneries, est les réponses<br />

vasouillar<strong>de</strong>s { donner aux questions embarrassantes <strong>de</strong> l’interlocuteur qui vous a<br />

démasquée. J’ai donc décidé <strong>de</strong> me la jouer un peu marseillaise mais pas trop !<br />

Mon conseiller ANPE m’a appelée afin <strong>de</strong> me coller un stage d’une semaine<br />

pour m’apprendre à surfer sur leur site. Il avait aussi un stage pour apprendre à<br />

faire un CV et un autre pour faire <strong>de</strong>s recherches dans les classeurs.Quand je vous<br />

disais qu’ils nous prennent pour <strong>de</strong>s buses! Je vais finir par très mal le prendre s’ils<br />

continuent comme ça. Le dicton « Tu ne pêcheras pas le poisson pour ton prochain<br />

mais lui apprendra à pêcher » a été pris un peu trop au pied <strong>de</strong> la lettre.<br />

41


Et puis ton ‘‘Prochain’’ n’est pas forcément un <strong>de</strong>meuré !<br />

Enfin les autres peut-être, m’en fous, mais moi :<br />

Pas <strong>de</strong>meuré !<br />

La recherche d’emploi est un boulot { temps plein et mes explorations <strong>de</strong> ce<br />

côté là commencent donc une fois mes obligations familiales achevées, soit une<br />

petite <strong>de</strong>mi heure le matin et 2 heures pendant la sieste <strong>de</strong> Léo. Le matin, je dois<br />

courir emmener Margot { l’école et affronter l’air affligé <strong>de</strong> la maîtresse { qui<br />

chaque matin, ma charmante enfant fait un débriefing détaillé <strong>de</strong> mes divers<br />

échecs.<br />

- « Alors le ren<strong>de</strong>z-vous d’hier ? Vous ne croyez pas qu’Assistante <strong>de</strong> direction<br />

est un poste un peu lourd pour vous, niveau responsabilités, je veux dire ???<br />

Margot m’a confié qu’elle n’aimait pas bien l’ami que vous avez invité<br />

mercredi. Si j’ai un conseil { vous donner, écoutez toujours les intuitions <strong>de</strong> vos<br />

enfants, et faites ce qu’il faut! »<br />

Je dois subir les incursions <strong>de</strong> ‘‘Maîcresse’’ dans ma vie privée et avec le<br />

sourire en prime. Beaucoup trop peur <strong>de</strong>s retombées sur ma <strong>de</strong>scendance et sur<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s générations futures.<br />

S’attaquer au corps enseignant <strong>de</strong> nos jours est <strong>de</strong>venu un véritable suici<strong>de</strong>.<br />

Ca vous étonne?<br />

Je m’explique : L’école, { priori, pour vous c'est normalement fini donc:<br />

même pas peur! Si ce n’est pas le cas, vous avez soit 14 ans, et avoir un enfant si<br />

jeune ça craint! Soit, vous êtes très en retard et là, il va falloir cesser <strong>de</strong> s’entêter…<br />

<strong>Les</strong> étu<strong>de</strong>s ne sont définitivement pas faites pour vous !!!<br />

Mais attention, l'effet est pernicieux. Forcément, si je me lance dans le<br />

châtiment corporel que cette moralisatrice mérite, ce n’est pas moi qui en subirai<br />

conséquences et préjudices, mais mes enfants, petits enfants et ce, jusqu’{<br />

extermination <strong>de</strong> la lignée !<br />

Sachez le, un prof, c’est teigneux, ils sont nombreux et se tiennent les<br />

cou<strong>de</strong>s !!!<br />

42


C’est ainsi qu’après mes persécutions journalières <strong>de</strong> 8h30 du matin, je<br />

m’en retourne tranquillement vers la maison avec un Léo s’égosillant dans la<br />

poussette.<br />

Il râle <strong>de</strong> ne pas encore avoir eu son biberon. La Chouquette qui nous<br />

accompagne, me traîne plus que je ne la promène pour aller faire son pipi aci<strong>de</strong> au<br />

milieu du trottoir.<br />

Je hais ce chien…. Rappelez moi <strong>de</strong> la faire piquer dès la prochaine visite au véto.<br />

Je me souviens, cela faisait à peine 3 mois que nous étions ensemble, et je<br />

revois le Panda arriver, comme une fleur, avec un petit carton sous le bras.<br />

Il me parle <strong>de</strong> Gégé, d’une super affaire, un adorable petit Bichon Maltais du<br />

nom <strong>de</strong> Chouquette. Enfin, d’une petite fortune { gagner lors <strong>de</strong>s concours canins.<br />

Et l{, j’ai senti le plan { la noix tout <strong>de</strong> suite. J’aurai dû me méfier, c’était un signe !<br />

Il est vrai qu’en chien, je ne m’y connais pas trop. Le Bichon me paraissait vraiment<br />

balaise pour un bébé et je ne l’imaginais pas très bien dans notre stu<strong>de</strong>tte. J’ai<br />

commencé à me poser sérieusement <strong>de</strong>s questions quand Chouquette atteignit ses<br />

15 kilos à 6 mois. Je sais bien que je ne suis pas une experte, mais dans mon idée,<br />

un Bichon n’est pas censé excé<strong>de</strong>r 5 kilos tout mouillé pour un mâle adulte, et bien<br />

portant,….enfin je crois…<br />

C’est alors que nous l’emmenâmes chez le vétérinaire. J'avais le secret<br />

espoir <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r { un avortement post natal. Et, v’l{ t'y pas, qu’il nous annonce<br />

tout guilleret, que nous étions les heureux propriétaires d’un très beau Montagne<br />

<strong>de</strong>s Pyrénées.<br />

- « Une vraie beauté, vous <strong>de</strong>vriez lui faire faire <strong>de</strong>s petits »<br />

- « Ah bon, parce que vous croyez que ça peut se vendre ch.…? »<br />

Et les mots moururent instantanément dans la bouche du Panda, sous mon regard<br />

meurtrier. Il prit un air implorant pour éviter une effusion <strong>de</strong> sang dans le Cabinet<br />

et ne trouva rien <strong>de</strong> mieux pour me remonter le moral que <strong>de</strong> me dire :<br />

- « Tu sais, { part la taille et le poids, niveau look, c’est presque pareil, juste un<br />

peu plus <strong>de</strong> kilos <strong>de</strong> poils, rien <strong>de</strong> mortel….<br />

Il aurait dû dire ça à mon aspirateur qui, voyant le monstre revenir, est<br />

tombé en crise <strong>de</strong> catatonie. Du reste, il n’en est jamais ressorti et nous avons dû<br />

déménager. Non, pas { cause <strong>de</strong> l’aspirateur, mais { cause du chien évi<strong>de</strong>ment...<br />

pour ceux qui ne suivent pas !<br />

43


L’un dans l’autre, je ne vais pas me plaindre. Nous sommes passés <strong>de</strong> sa<br />

stu<strong>de</strong>tte à une jolie petite maison confortable avec jardin, ma maison actuelle.<br />

Je m’éparpille, je sais, mais en fait il me faudrait vous raconter pourquoi, et<br />

{ quel moment <strong>de</strong> ma vie, j’ai quitté mes <strong>de</strong>ux inséparables amis. Le seul problème<br />

est que nous sommes dans le chapitre ‘‘A la recherche d’un emploi ’’, ce qui n’a rien<br />

{ voir avec mes déboires amoureux…<br />

Bon, peu importe, c’est mon bouquin et je fais ce que je veux ! Surtout que<br />

l{, je ne suis pas motivée du tout et, d’ailleurs la vie professionnelle n’a pas l’air<br />

non plus très motivée par moi, par conséquent ….allons tout <strong>de</strong> suite voir au<br />

prochain épiso<strong>de</strong>, s'il s'y passe quelque chose.<br />

44


Sentiments <strong>de</strong> haute trahison<br />

Lorsque je suis arrivé chez ‘‘ La Motte et Associés’’, j’ai tout <strong>de</strong> suite flashé,<br />

comme les trois quart <strong>de</strong> mes collègues, sur un bel Adonis : le futur Ex, coursier <strong>de</strong><br />

son état. Il était dans la même équipe que Mathieu et, malgré les conseils avisés <strong>de</strong><br />

ce <strong>de</strong>rnier, je n’en fis qu’{ ma tête… comme toujours. Ce qui est drôle, c’est que j’ai<br />

toujours soupçonné notre Chouchou <strong>de</strong> Mathieu d’avoir le béguin pour lui. La<br />

maxime ‘‘ Suis moi, je te fuis, fuis moi, je te suis’’ était appliquée à la lettre. Dès que<br />

le futur Ex entrait dans la pièce, Mathieu prenait la tangente. Dès qu’il ouvrait la<br />

bouche, Mathieu le coupait d’une répartie cinglante. Il faisait tout pour nous<br />

prouver qu’il le détestait… Mais { d’autres...<br />

Sur le moment, j’ai hésité un peu, mais juste un peu! J'avais quelques<br />

scrupules à m'interposer entre les hypothétiques sentiments que pouvait avoir<br />

mon ami hypothétiquement homo et le bel et craquant tombeur <strong>de</strong> ces dames.<br />

Bref, je me suis donc laissée gentiment draguée par cet hétéro plus vrai que<br />

nature. Sans le moindre complexe, face aux copines <strong>de</strong> boulot, je bichais comme un<br />

pou!<br />

En un tour <strong>de</strong> main, nous avons relégué ‘‘ les gazou-gazou et touche pipi ’’ d’un soir<br />

pour <strong>de</strong>venir amants. J'ai annoncé { mes <strong>de</strong>ux amis, ma décision d’emménager<br />

avec celui qui <strong>de</strong>viendrait cinq ans plus tard le "Panda".<br />

- « Dis donc ma chérie, je te rappelle que le premier avril c'était il y a 2 mois et en<br />

plus c’est même pas drôle. » rétorqua Judith du tac au tac.<br />

Mathieu, lui après s’être servi une triple vodka, se laissa tomber sur le canapé.<br />

- « Je vous assure les filles, c’est pas une blague, je suis vraiment amoureuse » dis<br />

je <strong>de</strong>s paillettes dans les yeux<br />

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- « Amoureuse d’un dégénéré. Tant qu’{ nous lâcher, tu aurais pu choisir mieux,<br />

ce n’était vraiment pas difficile ! » lança un Mathieu acerbe.<br />

Fâchée et terriblement blessée, je fis mes valises et partis la mort dans l’âme avec<br />

mes paillettes.<br />

Je culpabilisais. Ce n’était vraiment pas juste ! Normalement cela aurait dû<br />

être un moment <strong>de</strong> réel bonheur.<br />

De m’imaginer sans mes <strong>de</strong>ux alter ego, je pris conscience que la vie ne serait plus<br />

jamais comme avant. Ils avaient un sentiment <strong>de</strong> haute trahison et moi, en plus<br />

d’un vi<strong>de</strong> immense, un goût amer dans la bouche.<br />

La porte claqua <strong>de</strong>rrière moi… et personne ne me rattrapa dans l’escalier…<br />

46


<strong>Les</strong> retrouvailles<br />

Je voyais Mathieu tous les jours au boulot et nous n’échangions plus que <strong>de</strong>s<br />

regards perdus et fuyants. Il mangeait seul, quittait le boulot tard et me laissait<br />

profiter pleinement <strong>de</strong> mon nouveau ‘‘bonheur’’ <strong>de</strong> femme comblée…. enfin<br />

presque. Judith fit la morte <strong>de</strong> longues semaines. Lorsque je prenais ren<strong>de</strong>z-vous<br />

au Salon, bizarrement, elle était toujours très occupée ou absente. Après quelques<br />

mois qui me parurent une éternité, je finis par sonner à mon ancien chez moi et les<br />

conviais à un repas en tête à tête à trois pour quelques explications méritées. La vie<br />

sans eux n’avait aucun intérêt et nous souffrions tous <strong>de</strong> cette situation. Nous<br />

avons débuté l’apéro dans un froid glacial, suivi <strong>de</strong> banalités affligeantes en plat <strong>de</strong><br />

résistance. Après avoir sauté le <strong>de</strong>ssert et pris quelques digestifs, tout était<br />

re<strong>de</strong>venu presque comme avant, au grand dam <strong>de</strong> l’Ex qui croyait s’être enfin<br />

débarrassé d’eux. Mathieu me serra si fort dans ses bras que je fondis en larmes.<br />

Judith était tellement excitée qu’elle nous sauta <strong>de</strong>ssus et lui brisa une côte.<br />

Mer<strong>de</strong>, que c’était bon <strong>de</strong> les retrouver !<br />

Notre première soirée ensemble se passa aux urgences, assis entre une<br />

petite mamie alzheimée et un dépressif agité. Colette, la mamie, teint le crachoir à<br />

notre pauvre Mat qui en gentleman, malgré les douleurs, l'écouta attentivement lui<br />

raconter sa vie et ses 55 ans <strong>de</strong> mariage avec le Georges.<br />

Juju, elle, fut agressée verbalement par l’hystérique d’{ côté. Celui-ci après avoir<br />

bien exaspéré les infirmiers, reçu la gentille petite piqûre magique "qui va bien"<br />

plus une jolie camisole. Il <strong>de</strong>vint doux comme un agneau… bavant, les yeux dans le<br />

vague.<br />

Je suis rentrée { point d’heure et eu droit { ma première scène <strong>de</strong> ménage.<br />

Dès la semaine suivante, ils vinrent m’ai<strong>de</strong>r { faire les travaux <strong>de</strong> la maison,<br />

papier peint, peinture et j’en passe…Que la grosse din<strong>de</strong> <strong>de</strong> Chouquette saccageait<br />

systématiquement <strong>de</strong>rrière.<br />

47


Ils récupéraient mes petits les mercredis, jour <strong>de</strong> congé <strong>de</strong> Mathieu, et<br />

suivirent <strong>de</strong> très prés mes aventures <strong>de</strong> ménagère <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 30 ans, jusqu’{<br />

cette fameuse séparation d’il y a peu; sans jamais faire la moindre remarque, ou<br />

presque. Mes grossesses furent leurs grossesses. À tel point que Mathieu fit une<br />

couva<strong>de</strong> et prit 12 kilos. Judith elle, se passa <strong>de</strong> la crème préventive sur tout le<br />

corps pour éviter les vergetures avant et après l’accouchement. Je crois même<br />

qu’elle s’en met toujours. On ne sait jamais! Imaginez que cela soit contagieux et<br />

vienne lui ravager les flancs….<br />

Elle me regardait, suspicieuse, comme si j’avais attrapé une maladie genre Ebola.<br />

- « On est jamais trop pru<strong>de</strong>nt avec ces choses là » me disait elle sans arrêt.<br />

Mathieu ne nous avait toujours pas présenté une ou un compagnon<br />

potentiel, mais ce qui est <strong>de</strong>venu sûr durant ces 5 années, c’est qu’il ne faisait<br />

vraiment pas semblant quant aux sentiments qu’il éprouvait pour le Panda. A sa<br />

seule vue, une réaction épi<strong>de</strong>rmique le couvrait d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plaques rouges.<br />

Une vraie petite bête { Bon dieu! Cela l’indisposait tellement qu’il finit par prendre<br />

une carte d’abonnement chez un <strong>de</strong>rmato. Celui-là même qui finit par lui dire que<br />

son cas relevait <strong>de</strong> la psychiatrie.<br />

- « Monsieur, soit vous apprenez à vivre avec votre jalousie et vos<br />

frustrations, soit vous apprenez à cohabiter avec la coccinelle qui sommeille en<br />

vous. Mais en attendant, il est impératif pour ma propre santé mentale que vous<br />

cessiez <strong>de</strong> me harceler nuit et jour ! »<br />

Et sur ces mots, en plus <strong>de</strong> le foutre <strong>de</strong>hors, il changeât <strong>de</strong> numéro <strong>de</strong> téléphone.<br />

Mathieu n’épilogua pas. C’est Judith, comme toujours, qui me raconta le<br />

grand final avec le toubib. Nous ne comprimes pas bien le coup <strong>de</strong> la jalousie là<br />

<strong>de</strong>dans mais étant donné que les plaques partirent définitivement le jour <strong>de</strong> ma<br />

rupture, nous n’eûmes plus jamais besoin d’en reparler.<br />

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<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> l’ A.T.C<br />

Comme je vous l’ai dit, Judith passe sa vie { essayer <strong>de</strong> me trouver un<br />

nouveau fiancé. Sauf que, systématiquement elle me dégotte un nouveau Boulet. Et<br />

côté Boulet, je crois avoir eu mon quota et ce, pour les 30 prochaines années.<br />

Le <strong>de</strong>rnier en ligne est un type qui au <strong>de</strong>meurant me plaisait assez. Un jour<br />

où nous faisions les courses avec Judith, je la trouve en gran<strong>de</strong> conversation avec<br />

un beau ténébreux au rayon fruits et légumes. Ils sont en pleine polémique : <strong>Les</strong><br />

Anti-courgettes contre les Pro courgettes. Lui est Pro. Elle, Anti, bien entendu !<br />

Il lui explique comment faire un succulent gratin d’aubergines. Elle lui<br />

explique qu’aubergines et courgettes sont { mettre { la même enseigne. Celle <strong>de</strong>s<br />

légumes inutiles !<br />

‘‘Goût <strong>de</strong> flotte, texture spongieuse, saveur inexistante : du buvard!’’Je suis<br />

d’ailleurs relativement d’accord. En Pro qui se respecte, Sébastien car il s’appelle<br />

ainsi, nous invite { dîner séance tenante afin <strong>de</strong> nous faire changer d’avis sur le<br />

champ.<br />

Evi<strong>de</strong>ment, qui se retrouve seule en compagnie du végétarien : moi!<br />

Judith nous pondant un prétexte fallacieux dont elle a le secret. Sans l’ombre d’un<br />

remords, elle m’avoue avoir rencard avec son chéri du moment.<br />

Pour une fois, je suis assez charmée par l’idée. Il est intéressant, { l’air<br />

intelligent, il est prévenant, d’une gran<strong>de</strong> galanterie, et cuisine autre chose que <strong>de</strong>s<br />

merguez spaghetti. Pour ne rien gâcher au menu, il est assez joli garçon. Un vrai<br />

Roméo, avec <strong>de</strong> vraies valeurs et en plus son gratin d’aubergine :... <strong>de</strong> la bombe<br />

bébé !<br />

Je lui parle <strong>de</strong> mes enfants, <strong>de</strong> mon boulot et <strong>de</strong> mon ex vie avec le Panda.<br />

Lui, <strong>de</strong> sa vie, <strong>de</strong> ses passions et chose étonnante, m’écoute beaucoup.<br />

49


Je trouve cela très agréable. Soit, il est très bon comédien et au moins il fait<br />

l’effort <strong>de</strong> faire semblant. Soit, il s’intéresse vraiment { moi, ce qui rend mon ego<br />

tout fou les gamelles ! Et, comble <strong>de</strong> tout, je n’ai pas l’air <strong>de</strong> le faire fuir. Bref, je<br />

passe une excellente soirée. Pour la première fois <strong>de</strong>puis longtemps, j’envisage<br />

presque une relation enfin normale avec un homme. Depuis la mi septembre, les<br />

choses vont doucement. Nous nous voyons régulièrement, et je trouve que prendre<br />

son temps est assez enivrant. J’ai comme l’impression d’être une petite fille <strong>de</strong>vant<br />

un magasin <strong>de</strong> bonbons. Judith est aux anges et Mathieu comme toujours fait un<br />

peu la gueule. Sébastien est imprévisible et pour couronner le tout, est d’un<br />

romantisme sans égal. Cela fait déj{ <strong>de</strong>ux fois qu’après une soirée en sa compagnie,<br />

je reçois le len<strong>de</strong>main, un superbe bouquet signé A.T.C.<br />

Pour Judith, A.T.C signifie ‘‘Amoureux Transi Compulsif’’<br />

J’ai beau lui dire que ‘‘Compulsif’’ ne rime { rien, j’avoue aimer assez l’idée <strong>de</strong><br />

l’Amoureux Transi.<br />

Mathieu, plus cynique, y voit plutôt un ‘‘Attention Tombeur De Camping’’<br />

J’ai beau lui dire qu’il n’y a pas <strong>de</strong> D entre le T et le C, il reste néanmoins braqué sur<br />

ses positions. Pour lui, il est T.B.T.G.T.T ‘‘Trop Beau, Trop Gentil, Trop Tout ’’<br />

Parfois il est vrai quand j’y pense, la seule ombre au tableau est que je<br />

n’arrive toujours pas { cerner pourquoi un homme aussi séduisant, délicat,<br />

charmant peut être encore célibataire à 40 ans. Il doit forcément y avoir un vice<br />

caché…<br />

L’oiseau n’a pas mit longtemps { sortir <strong>de</strong> sa cage.<br />

Et cela dans tous les sens du terme !!!<br />

C’était notre cinquième sortie quand, me déposant <strong>de</strong>vant la maison, il me<br />

regar<strong>de</strong> un rien différemment <strong>de</strong> d’habitu<strong>de</strong>. Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors, amusée mais<br />

plus pour longtemps, ce que signifie les lettres A.T.C. Il sourit, se tourne légèrement<br />

vers moi et ….Je m’attends { LA gran<strong>de</strong> déclaration. Tout { coup, l’écume aux<br />

lèvres, il me susurre un charmant :<br />

- « Cesse <strong>de</strong> faire ta mijaurée et baisse ta culotte, salope »<br />

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- « PardoOONNN ???? » lui dis je éberluée.<br />

- « On me la fait pas { moi. Ne fais pas celle qui n’a pas compris » me dit il d’une<br />

voix rauque, mi goguenard, mi pervers.<br />

Il a comme une drôle <strong>de</strong> lueur dans l’œil qui ne me plait pas <strong>de</strong>s masses.<br />

Mon cerveau ne fait qu’un tour; comme quand tu marches sur une mine antipersonnel<br />

et que le clic retentit. Tu sais que dans tous les cas, tu vas te retrouver<br />

éparpillée un peu partout… C’est exactement ce que je pressens, alors que je viens<br />

d’entendre le clac <strong>de</strong> son caleçon !<br />

- « Arrêtons <strong>de</strong> jouer maintenant et...Attention Ton Cul !!! »<br />

- « A.T.C…. » moururent sur mes lèvres<br />

Se jetant sur moi, il m’attrape d’une main le sein gauche et se met à me<br />

toutouiller le mamelon genre massage cardiaque. De l’autre main, il me bloque la<br />

figure pour me déverser un steak genre T-Bone 500 gr dans le bec. Ça se veut<br />

‘‘Mangeur <strong>de</strong> Brocolis’’ pour la bonne conscience mais par contre ‘‘Carnivore’’ dans<br />

la vie intime…<br />

AU SECOURS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Et vive le coup <strong>de</strong> pied aux couilles !<br />

J’avais bien fait <strong>de</strong> faire quelques séances <strong>de</strong> Thaï cuan quelque chose… car<br />

je ne sais pas si vous avez déj{ essayé <strong>de</strong> shooter les parties intimes d’un monsieur<br />

dans une voiture mais cela relève <strong>de</strong> l’exploit et du vrillage <strong>de</strong> genou !!!<br />

Dès <strong>de</strong>main j’y inscris Margot ! On n’est jamais trop pru<strong>de</strong>nte! Qu’un mala<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 4 ans ne vienne pas la peloter au bac { sable…<br />

Avant les boulets étaient pénibles mais passifs. À présent, je suis<br />

littéralement harcelée par ce désaxé, qui me poursuit partout. Il va même jusqu’{<br />

me faire livrer tout Monceau fleurs avec <strong>de</strong>s cartes plus dépravées les unes que les<br />

autres… Cet abruti a prit mon refus pour un jeu. ‘‘Le chat et la souris’’ est son<br />

préféré. Pas <strong>de</strong> bol!<br />

Judith est enchantée et trouve l’expérience très excitante. Pour me<br />

remonter le moral, elle se propose <strong>de</strong> prendre ma place, car les Tordus comme elle<br />

dit « C’est son truc ». Mathieu fait son blasé genre ‘‘ Je te l’avais bien dit ’’, mais tient<br />

son rôle <strong>de</strong> chevalier servant { la perfection. Je ne le lâche pas d’une semelle.<br />

Comme d’habitu<strong>de</strong>, ce sont mes <strong>de</strong>ux amis qui me sortent du pétrin en combinant<br />

leurs efforts. Mathieu joue les gros bras, et Judith se sacrifie pour moi en acceptant<br />

<strong>de</strong> prendre ma place dans son lit. Le seul inconvénient est qu’il aime le Challenge et<br />

ce sont les refus qui l’excitent. Un vrai Prédateur dans l’âme, c’est bien ma veine !<br />

J’ai confiance en Juju, elle va lui concocter un petit panel <strong>de</strong> ses talents en<br />

51


jouant l’effarouchée habillée en écolière, socquettes blanches et menottes. Il va<br />

adorer la version kamasoutra dans toutes les langues, avec traduction à la clé.<br />

Entre la Toupie enchantée et le Dahlia géant, je suis tranquille pour un moment. Ça<br />

va l’occuper pour l’occasion et, avec un peu <strong>de</strong> chance, il m'oubliera.<br />

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Noël, les joies <strong>de</strong>s vacances en famille<br />

Dans une semaine, ce sera Noël. J’appréhen<strong>de</strong> avec effroi ce moment mais,<br />

pour échapper { l’Annibal Lecter du trou du cul, je suis prête { tout supporter du<br />

moment que je m’éloigne le plus possible <strong>de</strong> la maison.<br />

J-7<br />

C’est déj{ mal parti.<br />

Je n’ai plus <strong>de</strong> nouvelles du père <strong>de</strong> mes enfants <strong>de</strong>puis le coup du 220 sur la<br />

poignée. Il aura peut être été séquestré par une amante forcenée ou mieux, tombé<br />

d’inanition dans un garage au milieu <strong>de</strong>s cymbales et <strong>de</strong>s maracas. Je ne me suis<br />

toujours pas attaquée à la dure épreuve <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux et <strong>de</strong> ses jeux <strong>de</strong> cou<strong>de</strong>s dans<br />

les rayons. En plus, je dois prévoir les vacances avec une judicieuse répartition<br />

entre famille et ex belle famille. Sachant que <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés, ils sont très à cheval<br />

sur la date. Le 25, c’est le 25 ! Et, comme dirait ma belle mère :<br />

- « Nöel, un 26, Année <strong>de</strong> sinistres ! » rien que çà!<br />

Déj{ qu’ils me pompaient l’air avant la séparation quant { qui aurait le privilège <strong>de</strong><br />

nous avoir... À présent, c’est <strong>de</strong>venu le seul but <strong>de</strong> leur vie.<br />

Par exemple, extrait d'une conversation téléphonique entre belle maman ironique<br />

et maman, verte <strong>de</strong> rage<br />

- « Comme c’est dommage pour vous, Noël sera bien triste cette année mais ne<br />

vous inquiétez pas, nous aurons une petite pensée pour vous ! »<br />

Il faut bien avouer qu’ils sont d’une connerie redoutable !<br />

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Dès le mois <strong>de</strong> septembre, une lutte puérile entre nos <strong>de</strong>ux familles se<br />

déclanche, avec harcèlement moral à la clé. Qui, pour moi, est plus que noir ces<br />

<strong>de</strong>rniers temps.<br />

Comment ça qui ?<br />

Le mois <strong>de</strong> septembre, évi<strong>de</strong>ment … Je dois par conséquent choisir chez qui,<br />

je supporterais au mieux reproches et remarques assassines. En effet, rester à la<br />

maison actuellement, avec l’autre cinglé qui ro<strong>de</strong>, n’est ABSOLUMENT pas<br />

envisageable.<br />

Chez mes parents, je <strong>de</strong>vrais affronter les assauts dévastateurs <strong>de</strong> ma<br />

gran<strong>de</strong> sœur ‘‘Miss Parfaite’’, <strong>de</strong> son parfait petit mari et <strong>de</strong> ses parfaits enfants<br />

Marie-Charlotte, Pierre-Louis, Bérengère et Gonzague.<br />

- « Mon ange, tu sais la vie <strong>de</strong> couple est souvent fondée sur le don <strong>de</strong> soi.<br />

La femme a le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> tenir la barque { flot et d’épauler son époux dans<br />

toutes les circonstances… et blabla et blabla…. Tu as un <strong>de</strong>voir moral face { tes<br />

enfants et tu te dois d’inculquer les valeurs <strong>de</strong> la famille pour que Margot plus tard<br />

prenne une place intégrante au sein <strong>de</strong> son foyer et patati et patata…… »<br />

Et c’est souvent l{ que je vomis !!!<br />

Chez mes beaux parents, nous trouvons l’Abbé André, le frère du Panda qui<br />

n’est toujours pas au courant <strong>de</strong> notre séparation, car fragile du cœur. Sa mère<br />

souhaite le préserver et pour ce faire lui cacher le ‘‘DRAME’’ toute sa vie durant et<br />

même plus encore, s’il le faut…<br />

Comme elle s’efforce <strong>de</strong> le geindre { tout bout <strong>de</strong> champs:<br />

- « Chacun porte sa croix et la mienne est une honte indicible »…<br />

N'oubliez pas, que dans certaines familles qui se respectent, le divorce est<br />

sacrilège,<br />

…même si nous ne sommes pas mariés! Mais, comme il en avait été question il y a<br />

fort longtemps, résultat <strong>de</strong>s courses, c’est pareil !<br />

- « Ô rage et désespoir, ô vieillesse ennemie…. »<br />

Une femme charmante comme vous pouvez le constater. Son mari, lui s’en<br />

fout royal, d’ailleurs, il m’appelle encore Julie ou Stéphanie. C’est pour dire !<br />

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Une vraie mémoire <strong>de</strong> poisson rouge. A tel point que Margot les appelle<br />

Papy Némo et Mamie Bernard, son prénom étant Sarah.<br />

Bon, c'est pas le tout, il faut prendre une décision. Entre la Peste et le<br />

Choléra, vous choisiriez quoi ?<br />

Moi, j’ai choisi la Belle famille car j’ai retrouvé le Panda <strong>de</strong>ux jours avant la<br />

date fatidique et il semble être revenu à <strong>de</strong> meilleures dispositions. Il était parti en<br />

tournée avec son groupe ‘‘ <strong>Les</strong> défonceurs <strong>de</strong> béton’’. Je n’ai pas cherché { en savoir<br />

plus, rien que le titre me laisse pantois. En plus, les ex-futurs beaux parents, par<br />

miracle, vivent très loin <strong>de</strong> ma maison, donc très loin <strong>de</strong> Sébastien !<br />

De plus, je pourrais ainsi m’épargner les ‘‘Sanglots longs…’’ <strong>de</strong> Miss Parfaite<br />

me détaillant le désastre <strong>de</strong> ma vie….au moins encore pour quelques jours.<br />

J-2<br />

J’appelle la Baby Sitter pour me lancer, seule, { la conquête <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers articles en<br />

rayons.<br />

‘‘La Serial killeuse <strong>de</strong>s parents fauchés’’ est <strong>de</strong> retour et me massacre<br />

gentiment { coup <strong>de</strong> 30€ <strong>de</strong> l’heure prétextant la pério<strong>de</strong> faste <strong>de</strong>s fêtes.<br />

Quelle salope! Surtout que l’on ne peut même pas dire qu’aujourd’hui est<br />

jour <strong>de</strong> fêtes, vu que c’est <strong>de</strong>ux jours avant ! Elle a dû être ‘‘charognard’’ dans une<br />

vie antérieure, une vraie petite hyène, d’ailleurs elle en a gardé le rire. Je sais, c’est<br />

gratuit (et y a bien que ça), mais ça défoule.<br />

Grands magasins à nous <strong>de</strong>ux…<br />

Margot a coché les trois quarts du catalogue <strong>de</strong> jouets et Léo a gribouillé sur<br />

tout le reste. Elle m’a certifié que le père Noël était un homme très généreux et par<br />

conséquent mieux valait lui en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r plus que pas assez…<br />

Je n’arrive pas { me rappeler si la Barbie { <strong>de</strong>ux têtes faisait partie <strong>de</strong> la liste mais<br />

comme c’est la <strong>de</strong>rnière dans le rayon, elle s’en contentera. Au milieu <strong>de</strong>s<br />

barbouillages <strong>de</strong> Léo, je distingue <strong>de</strong>s déguisements, <strong>de</strong>s poupées qui font pipi et<br />

qui hurlent, <strong>de</strong>s petites voitures, <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> sociétés....<br />

55


J’ai toujours trouvé hallucinant d’acheter un baigneur qui pleure et { qui<br />

l’on change la couche quand on sait que l’on vient juste <strong>de</strong> quitter cette pério<strong>de</strong><br />

plus que difficile <strong>de</strong> la petite enfance.<br />

Il y a vraiment <strong>de</strong>s parents totalement siphonnés ou très très maso…<br />

La lutte commence dès le parking.<br />

C’est la cohue, les mères font du gymkhana avec les caddies et il y en a<br />

même <strong>de</strong>ux qui se tirent les cheveux. J’ai comme l’impression d’être dans un jeu<br />

vidéo très violent ou tous les coups sont permis. Leur objectif : TON Spi<strong>de</strong>r man<br />

électronique<br />

Une meute <strong>de</strong> femelles enragées est prête à toutes les bassesses pour te<br />

dépouiller. Je vous recomman<strong>de</strong> ma technique, imparable... : Avoir l’œil fou, le<br />

cheveu hirsute et cracher dans son caddie dès l’approche d’une furie !<br />

Je roule doucement, je lorgne { gauche, { droite… personne, impeccable!<br />

Surtout regar<strong>de</strong>r bien <strong>de</strong>rrière car la chasse est sans pitié.<br />

Arrivée en caisse, sans trop d’encombre, je dépose sur le tapis les futurs<br />

ca<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> mes chers amours…. Et dieu sait qu'il faut que je les aime pour avoir pu<br />

affronter tout ça.<br />

Pour Léo<br />

- Une trompette rouge extrêmement bruyant<br />

- Un petit train rouge qui chante, mais très très fort<br />

- Un costume <strong>de</strong> ‘‘Nain <strong>de</strong> jardin’’ rouge<br />

Pour Margot<br />

- La Barbie siamoise<br />

- Bébé gastro et ses options<br />

- Un déguisement <strong>de</strong> ‘‘Princesse Bois <strong>de</strong> Boulogne’’ avec paillettes et tulles,<br />

diadème et escarpins à pompons, plus la boite à maquillage, bref la panoplie<br />

complète <strong>de</strong> la parfaite Brésilienne.<br />

Je ne suis pas très enthousiaste sur mes achats, mais { quoi m’attendais je<br />

56


J-1<br />

en mis prenant au <strong>de</strong>rnier moment. J’entends déj{ ‘‘Miss Parfaite’’ me seriner son<br />

blablatage habituel sur les vraies mères dignes <strong>de</strong> ce nom qui pour avoir le plaisir<br />

<strong>de</strong> contempler, émue, les petites étoiles dans les yeux <strong>de</strong> leurs progénitures<br />

anticipent dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> Noël et ce, durant tout le reste <strong>de</strong> l’année.<br />

Je la vois d'ici, l'oeil humi<strong>de</strong>, le ton monocor<strong>de</strong>, mains parfaitement<br />

manucurées sur un tailleur immaculé:<br />

- « Ma pauvre chérie, tu n’es qu’une intermittente <strong>de</strong> la maternité. Il te reste<br />

toutes tes heures à faire avant la validation <strong>de</strong> ton contrat à durée indéterminée.<br />

Tu n’es vraiment pas { la hauteur. Comment Dieu a pu choisir une coque si vi<strong>de</strong><br />

pour <strong>de</strong> telles responsabilités?.... »<br />

<strong>Les</strong> enfants sont totalement surexcités. Nous déballons le sapin déjà un peu<br />

<strong>de</strong>sséché pour la pose traditionnelle <strong>de</strong>s décorations.<br />

Soit : boules et guirlan<strong>de</strong>s sur la même branche en bas à gauche, à la<br />

hauteur <strong>de</strong>s petits.<br />

Ils jouent aux indiens autour du sapin et lui dégomment ses <strong>de</strong>rniers vestiges<br />

d’épines.<br />

A quoi m’attendais je en m’y prenant { la <strong>de</strong>rnière minute ?<br />

Peu importe avec 2 ou 3 boules et 4 guirlan<strong>de</strong>s, les enfants sont contents et<br />

on n’en parle plus. Je crois bien qu’ils ne se sont rendus compte <strong>de</strong> rien sur l’aspect<br />

miteux <strong>de</strong> mon arbre.<br />

J’aurais peut être dû ramener un Ficus décoré façon noël mais on ne rigole pas avec<br />

les traditions !<br />

-"Bon, les enfants, continuez tout seuls, je vous laisse. Je vais m'occuper <strong>de</strong>s<br />

valises."<br />

-"Manman, on peut mettre <strong>de</strong> la neize?"<br />

-'Si tu veux, si tu veux..."<br />

Je pars choisir toutes leurs plus jolies tenues. Surtout ne rien oublier, le carnet <strong>de</strong><br />

santé, les brosses { <strong>de</strong>nt …etc.…<br />

De toute façon, je ne passerais pas au travers <strong>de</strong> la bave visqueuse <strong>de</strong> ma<br />

57


sœur et <strong>de</strong> ma belle mère, alors pourquoi me donner autant <strong>de</strong> mal ?…<br />

- "Manman vient voir les zolis flocons!"<br />

Mais au fait, c'est quoi <strong>de</strong> la neige pour elle? Je rapplique en vitesse pour<br />

découvrir ma Margot agenouillée <strong>de</strong>vant le sapin, toute fière d'elle. Elle a accroché<br />

un tampon dépiauté au bout <strong>de</strong> chaque branche avec la petite ficelle! Toute la<br />

boite, qui était rangée dans les toilettes, y est passée. Je n'ai plus qu'à aller à la<br />

pharmacie avant notre départ.<br />

Judith et Mathieu assistent avec tristesse { mon calvaire. Ils s’essayent { <strong>de</strong>s<br />

paroles réconfortantes mais en vain. Chacun sa croix comme dirait l’autre. Une fois<br />

terminé, je les embrasse avec regret et quitte la douce chaleur <strong>de</strong> mon foyer pour 2<br />

semaines <strong>de</strong> vacances ‘‘Grand marathon <strong>de</strong>s petites horreurs!’’.<br />

Le Panda nous retrouve <strong>de</strong>vant le perron et nous voilà partis pour faire illusion<br />

une fois <strong>de</strong> plus auprès <strong>de</strong> son frère, l’Abbé Pacemaker. Le trajet est plus que<br />

pénible étant donné les <strong>de</strong>rniers mots échangés. Pas un pour ouvrir la bouche,<br />

mais les enfants eux, sont ravis <strong>de</strong> nous voir <strong>de</strong> nouveau réunis. Je leur propose un<br />

jeu super génial pour chez papy Nemo et mamie Bernard.<br />

- « <strong>Les</strong> enfants, le jeu consiste à faire semblant que papa vit toujours avec nous,<br />

vous avez compris ? » leur dis je l’air un peu trop enjoué, avec un gros clin d’œil<br />

dans le rétroviseur.<br />

- « Pour <strong>de</strong> vrai, maman, c’est super, ze t’adore, merci, merci et encore plus… »<br />

me lance Margot au comble du bonheur.<br />

- « Gua gua tatapala opela » nous bave Léo <strong>de</strong> contentement.<br />

C’est effroyable, j’ai envie <strong>de</strong> hurler tellement je me sens coupable et Panda<br />

qui ne dit toujours rien, c’est pire encore !<br />

Il ne faudrait pas omettre que la situation est, ce qu’elle est, par sa faute !<br />

Ce n’est pas moi qui me suis jetée { la braguette du premier venu….<br />

J’ai <strong>de</strong>s envies <strong>de</strong> meurtres sadiques, comme lui faire sauter les yeux { la<br />

petite cuillère, lui enfoncer <strong>de</strong>s allumettes sous les ongles, lui coller les fesses dans<br />

une ruche et le terminer en lui versant du citron par litres entiers sur les plaies.<br />

Tiens, il s’apprête { ouvrir la bouche… va-t-il me sauver ?<br />

Premièrement « Ca va les enfants ? »<br />

58


Deuxièmement « Où est le chien ? »<br />

Troisièmement « Pourquoi ta poubelle regorge <strong>de</strong> bouquets <strong>de</strong> fleurs ? »<br />

Là, il m’a tuée !<br />

Nous arrivons enfin chez ses parents quand mon téléphone portable se met<br />

à sonner.<br />

C’est Judith affolée qui m’annonce que Chouquette s’est fait la malle après notre<br />

départ.<br />

Voil{ près <strong>de</strong> 3 heures qu’elle et Mathieu arpentent le quartier et ils l’ont enfin<br />

retrouvé.<br />

- « Bien, pas <strong>de</strong> problème alors ? »<br />

- « Heuuuu, si justement… »<br />

- « Quoi Judith ? »<br />

- « Eh bien, elle va bien mais…. »<br />

- « Tu vas la cracher ta valda ! »<br />

- « Elle est un peu collée »<br />

- « Comment ça collée, où, comment ? »<br />

- « Eh bien, c’est fabuleux comme la nature est bien faite. En fait, elle a un caniche<br />

collé aux fesses et pour l’atteindre, il aura dû monter sur une table. C’est drôle,<br />

non ? » me dit elle enthousiaste<br />

- « Hilarant!»<br />

- « Je suis contente, j’avais peur que tu le prennes mal. Tu vois Mathieu, tu t’es<br />

trompé, elle est presque pas fâchée »<br />

Il y a <strong>de</strong>s gens comme ça, où leur vie s’apparente aux galeries Lafayette. Il s’y passe<br />

toujours quelque chose. C’est mon cas ! C’est d’un fatigant...; croyez moi !<br />

Es-ce parce que je suis une mécréante, ou bien parce que je n’ai jamais<br />

voté ? Euh,... sauf une fois en 2002, mais là, ça craignait vegra. D'ailleurs, faudrait<br />

peut être que je m'y remette, bien que je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> encore si on n'a pas été tous<br />

59


entourloupés par le vieil escroc!<br />

Bref, on a dû me jeter un sort vaudou. Il doit y avoir une poupée à mon<br />

effigie bourrée <strong>de</strong> plein d’épingles partout qui traîne quelque part.<br />

Qui peut bien s’acharner sur moi comme ça ?<br />

De toutes les façons, il n’est plus l’heure <strong>de</strong> méditer sur la meilleure métho<strong>de</strong> pour<br />

mourir. Nous apercevons déjà la maison.<br />

Quelle joie, du Gui !<br />

Sur le perron, toute la famille est là au grand complet. <strong>Les</strong> enfants leur<br />

sautent dans les bras et tous, entonnent en cœur : « Le bisou, le bisou » C’est un<br />

cauchemar !<br />

Le Panda m’attrape par le cou et une main aux fesses m’embrasse goulûment.<br />

Beurk, beurk, beurk… fis je dans ma tête. Il me décoche un gros clin d’œil en<br />

me lançant: "ça, c’est pour le coup du 220." Rancunier en plus….<br />

L’Abbé Pacemaker est enchanté. Il est si heureux <strong>de</strong> voir encore un couple<br />

<strong>de</strong> jeunes tourtereaux aussi épris malgré le temps qui passe. Il en parlera à ses<br />

fidèles dans son prochain sermon. Chic, alors !<br />

Pour couronner le tout, ma Belle-mère, nous a alloué la chambre la plus exiguë <strong>de</strong><br />

la maison. Celle où il n’y a qu’un petit convertible en 120 et un Rocking Chair<br />

bancal. L’Ex, sourire narquois aux lèvres, attend <strong>de</strong> savoir quel sera mon choix<br />

pour la nuit.<br />

Alors, alternative 1:<br />

Dormir collée à lui avec seulement 60 cm par personne et le sentir me gratter le<br />

bas du pyjama... Plutôt mourir !<br />

Ou, alternative 2:<br />

Dormir, ou essayer <strong>de</strong> dormir dans le siège à bascule et ainsi, opter pour la version<br />

60


côtes en long ?<br />

Le choix est vite fait, et vu le sourire disparu, et la tête brusquement défaite<br />

du Panda, il a déjà compris. C'est lui qui s'y colle!<br />

61


Le réveillon<br />

Noyée, sur fond sonore <strong>de</strong>s ‘‘Défonceurs <strong>de</strong> béton’’ (Oh, mon fils ! Quel<br />

talent!), la journée s’écoula ainsi au gré <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> l’Abbé resté bloqué sur la<br />

première version <strong>de</strong> notre union.<br />

Mariage, robe, mais surtout nuit <strong>de</strong> noces et re-nuit <strong>de</strong> noces…<br />

D’ailleurs pour un élu <strong>de</strong> Dieu, je le trouve un rien lourdingue sur le sujet !<br />

J’ai peut-être commis une erreur. Un Noël familial aurait sûrement été plus<br />

supportable, même avec Miss Parfaite et son orchestre. Je n’aurais pas été forcée<br />

<strong>de</strong> faire semblant et contrainte d'évoquer un hypothétique mariage. Je n’aurais pas<br />

eu le droit aux questions, un rien salaces, du cureton. Surtout, je n’aurais pas eu {<br />

supporter la bouillie <strong>de</strong>s chants <strong>de</strong> Noël, version remixée façon ‘‘Béton’’ !<br />

Ainsi, j’aurais pu envoyer bouler tout le mon<strong>de</strong> dans leur quinze mètres,<br />

sans l’ombre d’un infarctus planant au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ma tête.<br />

19h00<br />

Alléluia, je vais enfin pouvoir me rendre utile en cuisine.<br />

Ouverture <strong>de</strong>s huîtres : je ne suis pas très douée, avec un peu <strong>de</strong> chance, je<br />

m’ouvrirai la main et je passerai le réveillon aux urgences.<br />

Flûte, tentative échouée !<br />

20h05<br />

Voil{ près <strong>de</strong> 20 minutes que j’arrose la din<strong>de</strong>, cela va paraître suspect.<br />

Trouvons autre chose…<br />

62


20h15<br />

Première coupe <strong>de</strong> Champagne<br />

20h20<br />

Troisième coupe <strong>de</strong> Champagne et quatrième bisou sous le Gui.<br />

Ils auraient pu le mettre ailleurs que dans le passage.<br />

20h25<br />

Dernière goutte <strong>de</strong> la bouteille dans mon verre<br />

- « Mariée avant la fin <strong>de</strong> l’année ! » s’exclame Mamie Bernard...Salope!!…..<br />

Et je bois cul sec.<br />

20h45<br />

Fin du CD, enfin….<br />

Ah non, Némo, nous le remet….eh mer<strong>de</strong> !<br />

21h00<br />

Tous à table.<br />

Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui a bien pu faire le plan <strong>de</strong> table.<br />

Comme par hasard je suis assise juste à côté du Panda sous le Gui !<br />

21h05<br />

La nuit <strong>de</strong> noces, vingtième édition, et les huîtres arrivent fumantes.<br />

Quelle horreur, qui a jamais rêvé <strong>de</strong> gober le mollard encore tout tiè<strong>de</strong> d’un<br />

autre?……..J’invente vite une allergie fulgurante { l’io<strong>de</strong> chau<strong>de</strong> et me ressert une<br />

coupe….Sauvée !<br />

63


21h30<br />

-Foie gras pôelé<br />

-Escargots beurre aillé<br />

-Fricassée <strong>de</strong> gras double (spécialité incontournable <strong>de</strong> la famille)<br />

- Riz <strong>de</strong> veau et j’en passe…<br />

21h55<br />

-Trou Normand et pour moi 2 Alka Seltzer, s’il vous plait.<br />

<strong>Les</strong> enfants ont eux, le droit <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> table, d’ailleurs ils n’y sont jamais<br />

entrés. Ils ont calé au moment <strong>de</strong>s petits fours. Je rêverai <strong>de</strong> retourner en enfance<br />

rien que pour échapper { ce calvaire qui est loin d’être fini pour moi. Le pire reste {<br />

venir. A ce train là, entre gras frit, limaces au beurre, mollusques chauds, plats en<br />

sauces et sucre dégoulinant, comme ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Noël, c’est une grosse crise <strong>de</strong><br />

Goutte que le grand vieillard en traîneau va nous offrir.<br />

Et c’est long….. Mais, c'est long…..<br />

23h30<br />

- Bûche pleine <strong>de</strong> crème avec le petit sapin et la scie en plastique à côté du<br />

champignon en meringue…..<br />

‘‘ C’est Kloug ’’et c’est dègue !<br />

00h12<br />

- Une coupette et au lit…<br />

Un peu pompette, harassée, ballonnée mais surtout très énervée, je quitte<br />

l’assemblée, et pars trouver refuge { l’étage. <strong>Les</strong> enfants sont éparpillés un peu<br />

partout dans leur chambre et dorment { l’endroit même où le marchand <strong>de</strong> sable<br />

les a foudroyés. <strong>Les</strong> cheveux collés sur les joues, la bouche pleine <strong>de</strong> chocolat,<br />

Margot et Léo sont en boule par terre <strong>de</strong>rrière la porte.<br />

64


Je les couche, ils ne se réveillent pas… <strong>de</strong> vrais petits anges, heureusement que je<br />

les ai!<br />

6h27<br />

Perclus <strong>de</strong> courbatures, je suis réveillée par les enfants qui me sautent <strong>de</strong>ssus.<br />

Au fond, le convertible n'était pas non plus une vraie bonne idée, ni la solution. Il<br />

s'effondre sous le poids!<br />

C’est fou comme ces petits êtres récupèrent vite !<br />

7h02<br />

‘‘Chose promise, chose due’’, mon ca<strong>de</strong>au { moi est bien l{:<br />

Migraine thermonucléaire avec radiation allant <strong>de</strong>s oreilles aux orteils et passant<br />

par mon pull.<br />

Le cheveu en bataille et les lunettes noires sur le nez, je suis assaillie par l’Abbé<br />

vicelard qui d’un rire gras <strong>de</strong> gorge s’exclame :<br />

- « On dirait bien que l’on a pris <strong>de</strong> l’avance sur la nuit <strong>de</strong> noce ! »<br />

Je suis partagée entre lui raconter <strong>de</strong> telles insanités qu’il en ferait pêter les fronces<br />

<strong>de</strong> sa soutane et sa pile avec, ou le laisser dans ses pauvres fantasmes <strong>de</strong><br />

séminariste frustré. Je choisis cette <strong>de</strong>rnière solution qui me parait la plus adulte et<br />

la moins fatigante. Je me ressers un café bien corsé.<br />

Entrée fracassante du Panda dans la cuisine.<br />

Encore un bisou dans le cou…. Putain <strong>de</strong> Gui !<br />

- « Tu as bien dormi mon Roudoudou, je t’ai entendue geindre toute la nuit? Moi<br />

par contre super, j’ai bien récupéré … » me dit-il en ricanant<br />

- « Je vous l’avais bien dit qu’ils avaient pris <strong>de</strong> l’avance… les petits cochons…. »<br />

s’exclame le pervers en robe <strong>de</strong> bure.<br />

Eh c’est reparti, le sujet favori du maniaco sexuel, je suis maudite, il n’y a<br />

plus aucun doute possible…<br />

65


Il faut que je sorte,……….VITE!!……………….<br />

Je prétexte une cousine mourante dans le désert <strong>de</strong> Gobi et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

prendre quelques jours loin du vicelard sous tension, <strong>de</strong> la vieille bique et du<br />

poisson clown. Un endroit où personne ne vous léchouille dès qu’il passe sous une<br />

branche <strong>de</strong> feuilles à boules!<br />

Sous les reproches scandalisés <strong>de</strong> Belle maman, je déci<strong>de</strong> d’un commun<br />

accord avec les enfants <strong>de</strong> les laisser à leur papa. Je mérite bien quelques jours <strong>de</strong><br />

repos afin <strong>de</strong> souffler un peu et puis avec sa tournée cela fait <strong>de</strong>s mois qu’il n’a rien<br />

partagé avec SES enfants, car n’oublions pas tout <strong>de</strong> même, il a AUSSI <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs<br />

vis-à-vis <strong>de</strong> SES enfants…. Normalement, et je dis bien, normalement….<br />

Je suis certaine que beaucoup <strong>de</strong> mamans séparées comprennent mieux que<br />

quiconque mes grosses, très grosses et lour<strong>de</strong>s allusions…<br />

Je quitte presque sans regret mes bébés et démarre au quart <strong>de</strong> tour, tout<br />

en laissant ramer le Panda et sa mère, pour expliquer au cardiaque les raisons <strong>de</strong><br />

mon départ.<br />

Je pense qu’ils n’ont pas cru { mon histoire <strong>de</strong> cousine….<br />

66


Et alors? Et alors? Zorro est arriiivééé..........!!!<br />

De retour chez moi, je suis partagée entre déprimer sous ma couette durant<br />

une semaine et ….On frappe à la porte.<br />

Mer<strong>de</strong>, Sébastien !<br />

balai.<br />

Je me jette au sol, rampe jusqu’{ la cuisine et me cache dans le placard {<br />

Il y a <strong>de</strong>s bruits métalliques et un son <strong>de</strong> clé dans la serrure.<br />

Comment a t il pu avoir les clés?….. Oh non, il a dû torturer Judith!<br />

Et comme je la connais, elle a dû adorer...<br />

Des bruits <strong>de</strong> pas qui se rapprochent….<br />

L’ombre s’arrête <strong>de</strong>vant mon placard et la porte s’ouvre….<br />

Je ferme les yeux, c’est la fin !<br />

- « Allez, sors <strong>de</strong> là ma Belle, je viens te chercher »<br />

C’est Mathieu !<br />

Il s’accroupit et vient s’affaler lour<strong>de</strong>ment entre serpillières et produits<br />

ménagés. Il me raconte qu’après avoir déposé Judith chez ses parents pour les<br />

fêtes, il a prit la route { son tour pour rejoindre père et mère et s’est naturellement<br />

retrouvé <strong>de</strong>vant la maison.<br />

Il me raconte amusé que pour finir, c’est la Judith qui a fait peur { l’autre<br />

tordu avec ses idées lubriques et qu’il a prit la fuite avant même le <strong>de</strong>uxième round<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième page <strong>de</strong> son ‘‘Kamasoutra’’ { elle.<br />

67


Manuel très personnel à tendance Erotico-Porno-Perverso mis au point par<br />

<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> pratique, <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> Messieurs, le tout avec beaucoup<br />

d’imagination et <strong>de</strong> souplesse digne d’un gymnaste <strong>de</strong> haut niveau. Il s’est sauvé,<br />

zizi { terre, en nous accusant avec audace d’être <strong>de</strong> grands mala<strong>de</strong>s…<br />

Nous, <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, c’est un comble !<br />

A cet instant, je n’ai jamais été aussi bien que dans mon placard { balai.<br />

Mathieu me propose néanmoins <strong>de</strong>ux solutions :<br />

Soit passer le reste <strong>de</strong> mes vacances en compagnie <strong>de</strong> la serpillière et du balai<br />

brosse.<br />

Soit prendre <strong>de</strong>ux billets pour la première <strong>de</strong>stination au soleil partant<br />

aujourd’hui <strong>de</strong> l’aéroport. Il ne me laisse pas le temps <strong>de</strong> répondre et remplit un<br />

sac <strong>de</strong> tout ce qu’il trouve et me colle dans la voiture.<br />

Deux heures plus tard, je suis dans un 737 en partance pour l’Ecosse.<br />

- « Comme pays chaud, tu repasseras! »<br />

- « Arrêtes cinq minutes <strong>de</strong> te plaindre Miss Rabat-joie et profites ! »<br />

C’est étrange, je crois bien que c’est la première fois que je suis réellement<br />

seule avec lui, normalement il y a toujours Juju qui traîne pas loin….<br />

Tiens ce genre <strong>de</strong> réflexion aussi est étrange….<br />

Arrivés à <strong>de</strong>stination, Mathieu part louer une voiture et nous voici en route<br />

pour les Highlands et ses mystères.<br />

Direction le Lock Ness, son monstre et ses châteaux!<br />

Le paysage est magique, une telle austérité, un tel calme, c’était tout { fait ce<br />

qu’il me fallait. Il n’a presque pas parlé <strong>de</strong> tout le voyage et cela me va bien aussi.<br />

Nous arrivons enfin dans un charmant petit cottage au bord du lac.Grosses pierres,<br />

soleil couchant et douce brise… La réceptionniste nous attribue sa seule chambre<br />

vacante et après avoir posé les bagages, nous partons marcher un peu. La vue est<br />

saisissante et je commence à me détendre. Nous arrivons <strong>de</strong>vant un petit bar<br />

typique aux couleurs éclatantes et toit <strong>de</strong> chaume. Mathieu m’invite { entrer.<br />

68


Ni lui, ni moi ne parlons anglais et les choses commencent à se corser avec<br />

la carte <strong>de</strong>s menus. Nous posons le doigt au pif sur une ligne et commandons la<br />

seule boisson connue : Whisky!<br />

Je suis enfin bien !<br />

Je lui raconte mes péripéties et l'alcool aidant, nous profitons vraiment <strong>de</strong><br />

ce moment. Je n’ai pas la moindre idée <strong>de</strong> ce que je suis en train <strong>de</strong> manger mais,<br />

peu importe, c’est bon ! L’ambiance feu <strong>de</strong> cheminée et la chau<strong>de</strong> convivialité<br />

générale, nous poussent même à danser et brailler sur les musiques locales. Je ne<br />

comprends rien, j’adore et puis nous, les petits Frenchy, on a l’air <strong>de</strong> bien les faire<br />

marrer. Mathieu, parti dans son délire, se lance dans un bras <strong>de</strong> fer avec un gros<br />

bûcheron aux mains épaisses comme <strong>de</strong>s enjoliveurs <strong>de</strong> camions. Bien évi<strong>de</strong>ment,<br />

il ne gagne pas. En plus, le camionneur lui démonte l’épaule d’une gran<strong>de</strong> bourra<strong>de</strong><br />

virile dans le dos. Mathieu est tout sonné. Pour le remettre d’aplomb, le patron<br />

offre sa tournée, s’ensuit celle <strong>de</strong> Laars, celle <strong>de</strong> John, <strong>de</strong> Buck….. Bref, après toutes<br />

celles <strong>de</strong>s autochtones, arrive la nôtre. Enfin, n’ayant ni la carrure, ni l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

locaux à lever le cou<strong>de</strong>, nous nous enfuîmes bras <strong>de</strong>ssus bras <strong>de</strong>ssous bien vite<br />

après avoir embrassé la compagnie du comptoir au grand complet.<br />

Devant la beauté du lac sous la lune, Mathieu se met à ramasser quelques<br />

branches et nous décidons <strong>de</strong> nous faire une étape feu <strong>de</strong> camp.<br />

Frigorifiée et pas très rassurée, je me blottis contre lui.<br />

- « Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas amusée ainsi »<br />

- « En principe, c’était fait pour » me répondit il étrangement calme<br />

- « Tu as vu, c’est drôle, ils ont tous cru que nous étions amoureux »<br />

- « C’est peut être le cas »<br />

Je me retourne, l’air rieur, pour lui dire que sa plaisanterie est ….<br />

Et n’ai même pas le temps <strong>de</strong> dire un mot, que ma tête dans ses mains, Mathieu<br />

m’embrasse tendrement pour me faire taire. D’abord les lèvres, le nez, les yeux, me<br />

regar<strong>de</strong>, me caresse la joue et y dépose un baiser. Je me retourne face au feu,<br />

interdite.<br />

Première constatation, Mathieu n’est pas homo !<br />

Deuxième constatation, Mathieu vient <strong>de</strong> m’embrasser !<br />

Troisième constatation, j’ai adoré !<br />

Quatrième constatation, on fait quoi MAINTENANT ????<br />

69


Après quelques minutes <strong>de</strong> silence à ne presque plus respirer, embarrassée,<br />

je me déci<strong>de</strong> :<br />

- « Et on fait quoi maintenant ? »<br />

- « On peux recommencer si tu veux » me dit il taquin.<br />

- « Juste pour voir, alors »<br />

Sa main m’effleure le menton, il me remonte une mèche <strong>de</strong> cheveu et me regardant<br />

droit dans les yeux, m’embrasse langoureusement.<br />

J’adooorrrrrrrrreeeeeeeee !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!<br />

Il se lève, m’attrape par la main et me conduit au cottage.<br />

A partir <strong>de</strong> maintenant, le chapitre est crypté.<br />

70


Merci <strong>de</strong> bien vouloir insérer votre co<strong>de</strong> parental ou à défaut faire travailler<br />

votre imagination.<br />

71


Le réveil<br />

Enfouie sous une grosse couette en plume, j’entends au loin les cloches d’une église<br />

sonner.<br />

C’est bizarre, <strong>de</strong>puis quand ai-je une église à côté <strong>de</strong> la maison ?<br />

- « Bien dormi ma Belle ? »<br />

C’est bizarre, <strong>de</strong>puis quand ai-je quelqu’un avec moi dans mon lit ? Je me retourne<br />

doucement et Mathieu est là, allongé à mes côtés. Il me regar<strong>de</strong> tendrement<br />

- « Depuis quand n’es tu plus homo, toi ? »<br />

- « Homo, moi ??? Depuis toujours à ce que je sache »<br />

- « Pourquoi ne me l’as-tu jamais dit ? »<br />

- « Tu ne me l’as jamais <strong>de</strong>mandé. Quelles idées tu as eues ! »<br />

- « Ne nous ayant jamais présenté personne alors, avec Judith, nous pensions… »<br />

- « Tu penses mal, comme toujours. Je t’attendais. »<br />

- « Moi ? »<br />

- « Non, la voisine, bécasse….évi<strong>de</strong>ment, toi et <strong>de</strong>puis le premier jour ! »<br />

Sur ces mots, il m'enlaça et m’embrassa. Je suis toute chamboulée, mais déci<strong>de</strong><br />

pour une fois, <strong>de</strong> faire taire la voix <strong>de</strong> la raison et <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> ce qui s’offre { moi.<br />

Nous sommes en Ecosse! La réalité sera <strong>de</strong> la partie bien assez tôt! Nous verrons, le<br />

moment venu, comment gérer cette aventure, sans doute passagère, sans<br />

dommage collatéral pour notre amitié.<br />

Et c’est ce que nous fîmes durant les jours suivants.<br />

Pas <strong>de</strong> questions, pas <strong>de</strong> projections, juste lui, moi et le Lock Ness.<br />

72


Notre complicité n’a jamais été aussi forte. J’ai comme l’impression d’avoir<br />

toujours été dans cette situation. Il ne m’a rien sorti <strong>de</strong> tordu, s’intéresse { moi,<br />

comme avant, mais avec une petite note différente. C'est très agréable! Je dois bien<br />

l'avouer, les choses se passent au fond tout naturellement. Je suis sur un petit<br />

nuage!<br />

Nos copains du pub ne se posent plus <strong>de</strong> questions. Mathieu n’a pas réussi {<br />

battre les gros musclés rouquemoutes aux bras <strong>de</strong> fer. Et, je me soupçonne presque<br />

d'avoir aperçu un bout <strong>de</strong> nageoire quelque part au fond du lac.<br />

Mais si, là, à gauche!<br />

73


On prend les mêmes et on recommence !<br />

Quatre jours plus tard, rebelote, nous sommes dans l’avion en partance<br />

pour la France. Le voyage est très silencieux, l’atmosphère lour<strong>de</strong> et palpable. Nous<br />

retrouvons sa voiture au parking. Il me dépose <strong>de</strong>vant la maison, je ne sais pas quoi<br />

faire, ni comment le quitter. Mal { l’aise, c’est avec un bisou sur la joue et un « A<br />

plus » que je clôture notre escapa<strong>de</strong> amoureuse. J’aurai pu lui serrer la main que<br />

cela n’aurait pas été plus distant. Et, c’est le cœur gros que je referme la porte<br />

<strong>de</strong>rrière moi. Surtout, ne pas me retourner!<br />

Le téléphone sonne.<br />

- « Ne sois pas embarrassée avec moi, nous ferons ce que tu veux, cela ne<br />

changera rien { l’amour que j’ai pour toi. »<br />

Il raccroche. Je regar<strong>de</strong> par la fenêtre sa voiture s’éloigner et j’ai grave les boules !<br />

C’est la première fois qu’il n’est pas l{ pour me consoler…qu’avons-nous fait ?!<br />

74


Finito la Commedia<br />

Après ma folie écossaise, l’air <strong>de</strong> rien, je suis retournée chercher mes petits<br />

bouts chez leurs grands parents. J’avais <strong>de</strong>s obligations familiales et la nouvelle<br />

situation ‘‘amoureuse’’ avec mon meilleur copain ne <strong>de</strong>vait pas venir les troubler.<br />

De plus, il me fallait prendre du recul et une semaine chez ma mère était parfaite<br />

pour cela. Mes enfants étaient ravis <strong>de</strong> me revoir et je dois dire que le sentiment<br />

était partagé !<br />

En revanche, ce n’était pas le cas du Panda, ni <strong>de</strong> sa mère. Le beau père, lui<br />

ne s’était même pas aperçu <strong>de</strong> ma fugue. Outre Némo, les autres n’avaient pas<br />

vraiment digéré mon départ un peu précipité. L’Abbé Pacemaker, comprenant la<br />

supercherie, avait frisé l’attaque. Je le retrouvai en état avancé <strong>de</strong> déliquescence<br />

aigue dans le fauteuil du salon.<br />

‘‘Offusqué, Contrarié, Scandalisé, Blessé, Outragé…’’ Ô rage et désespoir, ô vieillesse<br />

ennemie…<br />

Et, vas y donc, on remet ça! Un rien comédien comme sa charmante maman et tout<br />

cela <strong>de</strong> part Ma faute. À la vue <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong>s mensonges que la chair <strong>de</strong> sa chair<br />

avait dû déployer pour le protéger, Lui, ce serviteur <strong>de</strong> Dieu, ce berger menant son<br />

troupeau <strong>de</strong> fidèles vers la foi du Tout Puissant…<br />

Qu’adviendra t’il <strong>de</strong> ces enfants perdus au jour du jugement <strong>de</strong>rnier face { notre<br />

Saint <strong>de</strong>s Saints, le Père <strong>de</strong> nos pères face { tant <strong>de</strong> mensonges éhontés …<br />

Tatatinnnnnnn !!!! Bref, l’Abbé, tout chamboulé !!!!<br />

J’eus quand même le droit { un interrogatoire en bonne et due forme par l’Ex qui<br />

me trouvait un brin changée…<br />

- « Tu es toute bizarre » me dit il, l’œil inquisiteur<br />

75


- « J’ai dormi » fis je naïvement<br />

- « Toute seule et pendant six jours, ne me racontes pas <strong>de</strong> sala<strong>de</strong>s ! »<br />

- « Il serait mal venu <strong>de</strong> ta part <strong>de</strong> me faire une crise <strong>de</strong> jalousie, ne crois tu<br />

pas? »<br />

- « Avoues tes pêchés, même si je ne t’en blâme point… » répondit il<br />

grandiloquent<br />

- « C’est une manie dans la famille <strong>de</strong> se prendre pour Shakespeare?!»<br />

- « Aaaah, je le savais! Qui est ce ? »<br />

- « Maintenant, on se détend Sherlock! »<br />

Sur ce, je bouclais les valises en vitesse, accrochais mes loulous dans la Twingo et<br />

après un pouet pouet rageur, démarrais sur les chapeaux <strong>de</strong> roues.<br />

Ouf, chapitre ‘‘Noël Belle famille’’ terminé !<br />

76


Mon père, ce Héro<br />

Cap { présent sur le <strong>de</strong>uxième hémisphère <strong>de</strong> l’Enfer : Ma famille<br />

Je passais avant, chercher Chouquette par acquis <strong>de</strong> conscience. Je<br />

découvris avec effrois, les ravages <strong>de</strong> vilaine ‘‘Mère nature’’. Pas besoin d’être<br />

détective pour s'apercevoir <strong>de</strong>s mutations génétiques opérées sur mon chien. Je<br />

croyais pourtant avoir tout vu,…mais non !<br />

Elle est passée d'un sta<strong>de</strong> ‘‘bébé Bichon Maltais’’ { celui <strong>de</strong> ‘‘Montagne <strong>de</strong>s<br />

Pyrénées’’ adulte, et enfin pour finir en ‘‘Rôti <strong>de</strong> veau’’ avec garniture en prime.<br />

Merci pour l’escapa<strong>de</strong> grand frisson avec le caniche ! C’est ainsi, que tous tassés<br />

dans la petite voiture, nous fîmes une entrée fracassante dans la propriété<br />

familiale. Ce qui est épatant, c’est que personne ne nous attendait, mais alors l{,<br />

vraiment personne. C’est simple, la maison était vi<strong>de</strong>. Ils n’ont même pas prit la<br />

peine <strong>de</strong> faire semblant. Je les reconnais bien là avec leurs gran<strong>de</strong>s valeurs<br />

familiales! Mais à quoi <strong>de</strong>vais je m’attendre, comme me dira sûrement Miss<br />

Parfaite si je fais une réflexion :<br />

« <strong>Les</strong> attentions sont réservées aux personnes qui les méritent ! »<br />

C’est pas possible, j’ai du être adoptée !<br />

Au moins là, je suis sure <strong>de</strong> ne pas trouver <strong>de</strong> Gui accroché partout !<br />

Je fais <strong>de</strong>scendre le chien, les enfants et trouve la clé sous le paillasson. Ils<br />

sont si prévisibles...<br />

Je monte dans les étages, passe <strong>de</strong>vant la chambre <strong>de</strong> ma sœur, rien n’a<br />

changé. J’ai comme un pincement au cœur.<br />

77


C’est agréable d’imaginer, que malgré tout, mes parents gar<strong>de</strong>nt un vestige<br />

<strong>de</strong> notre enfance et <strong>de</strong>s moments passés ensemble. Margot a déjà ouvert la porte<br />

<strong>de</strong> ma chambre et stop net.<br />

- « Mais maman, elle est où ta chambre, il y a comme du bazar ici »<br />

Bazar est un doux euphémisme !<br />

Ma chambre est dévastée, c’est <strong>de</strong>venu le gar<strong>de</strong> meuble <strong>de</strong> toute la famille et <strong>de</strong>s<br />

voisins avec.<br />

J’y retrouve les <strong>de</strong>rniers cartons du déménagement <strong>de</strong> l’oncle Barnabé, le clic clac<br />

<strong>de</strong> la cousine machin, tous les vieux jouets <strong>de</strong>s enfants et plein <strong>de</strong> sacs <strong>de</strong> fringues<br />

pour Emaeus.<br />

Qu’ils ne soient pas l{ pour notre arrivée passe encore, mais quand même...<br />

limite! Mais, qu’ils relèguent ma chambre au rang <strong>de</strong> cagibi, ça c’est trop fort !<br />

Plus rien ne m’étonne. A quand l’annonce officielle sur mon adoption ?<br />

Je ne suis peut être pas parfaite…. Mais tout <strong>de</strong> même !<br />

J’essaie <strong>de</strong> ne pas montrer mon désarroi et propose aux enfants d’aller dans la<br />

cuisine prendre le goûter. C’est au milieu <strong>de</strong>s tranches <strong>de</strong> brioches-Nutella que<br />

j’entends toute ma traîtresse <strong>de</strong> famille rentrer.<br />

- « Tiens la porte est ouverte ! » s’étonne ma soeur<br />

- « C’est toi, ma chérie? » interroge ma mère<br />

C’est déj{ bien, elle n’a pas oublié qu’elle avait une <strong>de</strong>uxième fille.<br />

- « Mamie, mamie… » hurlent les enfants<br />

Ma mère entre dans la cuisine et s’exclame épouvantée :<br />

- « Mais qu’est ce que c’est ? un whisky ? A quatre heures ? »<br />

Moi, accablée :<br />

- « Aller, je suis prête, j’ai été adoptée, c’est ç{ ? »<br />

Ma mère :<br />

- « Arthuurrrrrr, ta fille est ivre !!!!!!! »<br />

Miss parfaite :<br />

- « Je vous l’avais bien dit, elle est totalement immature !<br />

78


Pauvres petits, la vie doit être dure avec une mère si inconsistante. »<br />

Mon père, ce héros :<br />

- « Vous allez lui foutre la paix à cette gamine ! Viens là ma chérie, je suis heureux<br />

<strong>de</strong> te voir. Tiens, bonne idée, sers m’en un ! »<br />

Ma mère :<br />

- « Arthur, pense à ton cholestérol ! »<br />

- « Justement je l’entretiens»<br />

- « Cesse tes enfantillages »<br />

- « Je <strong>de</strong>vrais porter plainte, il y a tromperie sur la marchandise. Il y a 40 ans, ce<br />

n’est pas ‘‘Franco’’ que j’ai <strong>de</strong>mandé en épousailles… »<br />

Et mon père, se retournant, m’attrape le bras et me traîne vers le salon.<br />

J’entends ma sœur dire { maman, qu’aux vues <strong>de</strong> la réaction <strong>de</strong> papa, il est évi<strong>de</strong>nt<br />

que mon caractère vient essentiellement du côté paternel. Pour une fois, sans le<br />

savoir, cette bique m’a réconfortée !<br />

Il faut bien dire que je suis la seule brune aux yeux noirs <strong>de</strong> la famille, alors<br />

l’adoption n’était peut être pas complètement un fantasme, après tout.<br />

Ou, plus certainement une grand-mère aura un jour fauté. Cela aura sauté<br />

une génération… En attendant, ça tombe encore et toujours, comme d'habitu<strong>de</strong>,<br />

sur moi ! Je suis, { moi toute seule, une réédition du ‘‘Grand blond avec la<br />

chaussure noire’’ en brune et en femme …<br />

Ma mère, embarrassée, m’explique que vraisemblablement, je ne pourrais<br />

dormir dans ma chambre, car il y a eu quelques petits changements et que…..<br />

Je la coupe d’un ample geste <strong>de</strong> la main. Je fais mine <strong>de</strong> m’en moquer<br />

éperdument. C’est alors, que je suis { mon tour interrompue par l’arrivée d’un<br />

troupeau d’enfants avec les miens en tête. Margot me plantant mon coup en disant<br />

{ mamie que maman a été ‘‘krès kriste’’ en voyant l’état <strong>de</strong> sa chambre et que ce<br />

n’est drôlement pas gentil, drôlement pas!<br />

Bon ça, c’est fait!!!…<br />

- « Tu es bien trop sentimentale ma pauvre chérie… » intervient ma sœur<br />

- « Tu connais ce mot? C’est étrange pour quelqu’un dépourvu du moindre<br />

sentiment » lui répondis je amère.<br />

79


- « Cessez le feu les filles » ordonna maman<br />

Le séjour { ce train l{, risque d’être rythmé ! Tous les ans, nous faisons un<br />

genre <strong>de</strong> remake façon ‘‘ Guerre <strong>de</strong>s Roses’’ mais cela n’avait jamais démarré aussi<br />

fort. Je n’ai jamais su, si elle me déteste vraiment ou si son personnage { la Bacri<br />

est fait pour se donner une contenance. Mais, c'est vrai que s’efforcer d’être au top<br />

constamment doit être épuisant.<br />

Pour ma mère, je ne crois pas vraiment qu’elle ait une préférence, mais il<br />

faut bien dire que le côté sage <strong>de</strong> ma sœur, lui a toujours causé moins <strong>de</strong> soucis que<br />

mon côté rebelle.<br />

Pour mon père, les choses sont différentes. Il aime profondément mes<br />

façons <strong>de</strong> garçon manqué et, { l’époque ou j’avais les genoux écorchés, il en<br />

profitait pour faire avec moi, ce qu’un père aurait pu faire avec son fils.<br />

Grimpés dans les arbres et jouer à la bagarre contre faire du macramé et<br />

jouer à la poupée, le choix était vite fait.<br />

80


Miss parfaite et son Orchestre<br />

Je suis épouvantée par tant <strong>de</strong> gosses. Il y en a partout!<br />

On m’aurait catapultée dans une colonie <strong>de</strong> vacances que cela me ferait le même<br />

effet.<br />

Plus ils sont petits, plus ils sont bruyants. Miss parfaite a beau se gargariser<br />

avec le don <strong>de</strong> soi et l’éducation qu’une bonne mère se doit d’inculquer { ses<br />

enfants, c’est quand même la pauvre Marie-Charlotte, 15 ans, qui se tape toute la<br />

marmaille. Marie-Charlotte, alias ‘‘Cul cul la praline’’ pour les intimes. Elle fait un<br />

peu ‘‘chien <strong>de</strong> berger’’ pour rassembler la meute ; Un peu ‘‘vi<strong>de</strong> pot’’ lorsqu’ils<br />

passent tous aux toilettes ; et surtout, un grand peu ‘‘Cosette’’ pour tout le reste. Le<br />

tout en jupe plissée et serre tête écossais ou velours selon les jours, mais toujours<br />

chapeautée <strong>de</strong> loin par la voix autoritaire et <strong>de</strong>spotique <strong>de</strong> "Mère".<br />

- « Ma praline, enfin va donc chercher tes petits frères, tu vois bien qu’ils sont<br />

tout dégoûtant… »<br />

Moi, je ne suis peut être pas l’archétype <strong>de</strong> la bonne mère mais j’assume<br />

seule mes responsabilités.<br />

Je joue avec mes petits sans avoir peur <strong>de</strong> salir mon Chanel, d’ailleurs je n’ai pas <strong>de</strong><br />

Chanel, c’est plus pratique ! Je laisse volontiers Margot me saccager la mise en plis<br />

et Léo me baver <strong>de</strong>ssus sans complexe. De tout temps, ma soeur et moi n’avons<br />

jamais été sur la même longueur d’on<strong>de</strong>.<br />

Dès sa plus jeune enfance, elle était déjà vieille !<br />

Il ne fallait pas faire <strong>de</strong> bêtises, imaginer traîner dans un bar plutôt qu’{ la<br />

bibliothèque était un sacrilège, sortir avec pleins <strong>de</strong> garçons, une infamie….<br />

Tout nous différencie, jusqu’{ l’aspect physique.<br />

81


Autant elle est blon<strong>de</strong> que moi brune…. J’ai <strong>de</strong>s formes plutôt généreuses,<br />

elle est aussi sèche qu’un hareng saur et, un hareng saur en corsage Figaret avec<br />

fraise intégrée, surmontée d’un collier <strong>de</strong> perles, plus chandail et kilt avec épingle,<br />

je vous laisse imaginer.<br />

<strong>Les</strong> amateurs se reconnaîtront!<br />

On a comme l’impression que ses multiples grossesses lui ont bouffées le gras <strong>de</strong><br />

l’intérieur. Plus elle fait <strong>de</strong> gosses et plus elle maigrit…À partir <strong>de</strong> maintenant, son<br />

mari doit s’irriter le bout contre la colonne !<br />

Ce doit être sa flagellation repentante à lui, sans doute.<br />

Niveau ouverture d'esprit, c’est pareil, plus elle enfante et plus elle est chiante.<br />

Une vraie coincée du bulbe !!!<br />

L’heure du repas approchait et nous n’avions toujours pas défait les<br />

bagages.<br />

Ma mère m’invite donc { investir la chambre d’amis et, les petits le dortoir, avec le<br />

reste <strong>de</strong> la tribu. Une fois installée, je me propose <strong>de</strong> préparer le dîner afin <strong>de</strong><br />

tenter d’étouffer la parcelle <strong>de</strong> mon cerveau qui commence { cogiter<br />

sérieusement :<br />

a) J’ai quitté Mathieu comme une voleuse,<br />

b) Je n’ai jamais répondu aux 83 appels <strong>de</strong> Judith sur mon portable<br />

c) Pour couronner le tout, l’Abbé Maniaque a vraiment eu une attaque !<br />

Je suis si tourmentée que les milles et une diatribe <strong>de</strong> ma sœur lors du<br />

souper, n’ont aucune portée. À tel point que ma mère me croit souffrante. Très vite,<br />

je quittais l’assemblée et après un bon bain, m’endormis comme une souche.<br />

82


Dimanche matin, jour du Seigneur<br />

Branle bat <strong>de</strong> combat dès les 7h00 du mat !!!<br />

J’avais oublié l’espace d’un instant mais pas plus, la petite particularité et<br />

non <strong>de</strong>s moindres <strong>de</strong> mon beau frère : La religion !<br />

Le pur Catho intégriste version Lefebvre, un rien CRS dans sa conception du<br />

dialogue ou <strong>de</strong> la tolérance !<br />

S’il avait pu avoir un Cor <strong>de</strong> Chasse, il nous aurait fait le lever militaire.<br />

L'adage ‘‘L’amour rend aveugle’’, s’est confirmé. Ma sœur a été frappée <strong>de</strong><br />

cécité dès le jour <strong>de</strong> leurs fiançailles. De toutes les façons, elle n’aura pas vraiment<br />

eu le choix, car c’est { coup <strong>de</strong> Bible en latin dans la gueule, qu’il aurait fini par la<br />

faire cé<strong>de</strong>r. Un vrai CRS, je vous dis !!!<br />

Il est vrai qu’{ part une grenouille <strong>de</strong> bénitier illuminée, je ne vois pas ce<br />

qu’elle aurait pu nous ramener <strong>de</strong> son pèlerinage <strong>de</strong> St Jacques <strong>de</strong> Compostelle.<br />

Tu parles d'un ca<strong>de</strong>au!<br />

Il arrivait tout droit <strong>de</strong> Saumur, où il était E.O.R au Cadre Noir.<br />

Pour ses déplacements, il avait élu pour monture un vieux solex noir<br />

fumant et pétaradant, qu’il pilotait tête baissée en uniforme <strong>de</strong> cavalerie, ganté et<br />

botté avec éperons, la cravache sous le bras. Vous ajoutez à ça les bavettes pare<br />

boue, les <strong>de</strong>ux sacoches et le casque bol année 50 et vous avez la vision mo<strong>de</strong>rne<br />

<strong>de</strong> l’Archange Gabriel allant terrasser le dragon.<br />

Quand on pense qu’il l'a séduite comme ça. Bravo le prince charmant! Une<br />

horreur, tout fout le camp...<br />

83


Pourtant jusque là, nos parents avaient cru avoir tout bon avec elle,<br />

l’adolescence s’était passée si calmement qu’{ 28 ans, elle vivait encore chez eux.<br />

Et puis Vlan !<br />

Personne n’a comprit. Au lieu <strong>de</strong> passer par une phase punk, grunge ou même<br />

droguée comme tout le mon<strong>de</strong>, pire, elle a rejoint la secte <strong>de</strong>s suceurs <strong>de</strong> papier<br />

buvard en col Claudine.<br />

Ce fut un choc, surtout pour mon père, lui qui croyait avoir été un éducateur<br />

modèle. Il ne s'en est jamais remis et, noie ses désillusions dans un océan <strong>de</strong><br />

Bourbon Old Fashion.<br />

Depuis, Miss Parfaite et Cul béni nous pompent l’air entre la messe <strong>de</strong> midi,<br />

celle <strong>de</strong> minuit, celle du dimanche matin, celle du samedi soir et quand ce n’est pas<br />

nous, ce sont leurs gosses avec les cours <strong>de</strong> catéchisme, les sacrements <strong>de</strong> tous<br />

pleins <strong>de</strong> gens morts, en latin, { l’endroit et { l’envers, sans parler <strong>de</strong> la première<br />

communion du ca<strong>de</strong>t, la confirmation <strong>de</strong> l’aînée et ainsi <strong>de</strong> suite, sans oublier le<br />

jour du poisson, ce qui serait dommage !<br />

A chaque nouvelle saillie, ils nous pon<strong>de</strong>nt un futur séminariste affublé d’un<br />

prénom crétin, en jacquard et mocassins vernis à glands et , à ce rythme, ils vont<br />

nous refaire ‘‘la Chorale <strong>de</strong>s petits chanteurs { la croix <strong>de</strong> bois’’. Le tout est<br />

brinqueballé dans la typique grosse "bétaillère à catho" blanche. Un Espace qui a<br />

succédé { une R18 break toujours immatriculée en 78 pour faire croire que l’on<br />

habite encore Versailles.<br />

Bref, je vous le donne en mille, aujourd’hui, nous sommes….. Eh oui dimanche !<br />

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir exprimé notre opinion sur le sujet et<br />

<strong>de</strong>mandé d’arrêter <strong>de</strong> nous persécuter { coup d’hostie. Que nenni !<br />

J’entends encore mon père soupirer et dire à son gendre au beau milieu du<br />

déjeuner dominical inter familles, juste avant le gigot flageolets :<br />

- « La religion, c’est comme la sodomie. Que l’on pratique ou pas, y a pas <strong>de</strong><br />

honte, mais ça doit rester dans la sphère privée ! »<br />

Par expérience, je vous garantis un franc succès!<br />

Après ça, tout <strong>de</strong>vrait sembler clair, non? Eh bien, vraisemblablement pas assez,<br />

car ils persistent les bougres ! C’est fou cette manie <strong>de</strong> vouloir sauver les brebis<br />

égarées.<br />

Tiens, un point commun avec les ASSEDIC.<br />

84


On n’est pas égarés, juste, on s’en branle ! Je sais ce n’est pas très joli dans la<br />

bouche d’une femme mais fallait pas me réveiller { 7 heures, un dimanche! Cela me<br />

rend hargneuse!! Et, même si j'ai la main un peu lour<strong>de</strong>, pour une fois, ma mère est<br />

d’accord, c’est pour dire !!!<br />

Cor <strong>de</strong> chasse and Co, nous sollicite pour la énième fois et pour la énième<br />

fois, mon père les envoie valser. Moi, cachée sous la couette et feignant la morte,<br />

j’entends avec délice la bétaillère démarrer. Enfin, la paix !<br />

N’y tenant plus et profitant <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> Sœur Sourire, j’annonce { mes<br />

parents, mon intention <strong>de</strong> leur laisser les petits pour le reste <strong>de</strong>s vacances et<br />

trouve une excuse bidon pour m’éclipser <strong>de</strong> la <strong>de</strong>meure familiale. Amen !<br />

85


Un malentendu<br />

- « Que faisais tu, bon sang, je me suis fait un souci monstre ! »<br />

- « Rien, je vais bien et arrête <strong>de</strong> me hurler <strong>de</strong>ssus »<br />

- « Oh toi, tu n’as pas le moral. C’est un mec ? »<br />

- « Pas vraiment »<br />

- « Comment ça pas vraiment. Soit c’est un mec, soit c’est pas un mec !<br />

Mais ‘‘pas vraiment’’ ça n’a jamais été une réponse »<br />

C’était Judith et elle n’était pas franchement contente comme vous pouvez<br />

l’imaginer.<br />

En 3 minutes chrono, elle avait raccroché et se présentait déjà à la porte.<br />

- « Allez, racontes tout à ta Juju.<br />

Au fait, j’ai vu Mathieu, lui non plus n’a pas le moral »<br />

- « Tiens donc »<br />

- « Comment ça, tiens donc ? »<br />

- « Bah, et pourquoi pas ‘‘Tiens donc’’ »<br />

- « Toi, tu me caches quelque chose »<br />

Ding dong, on sonne à la porte.<br />

Je vais pouvoir sortir <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong> ‘‘Judith l’Inquisitrice’’.<br />

- « Mathieuuuuuuu » chuchotais je décontenancée.<br />

86


Je me glisse par l’entrebâillement <strong>de</strong> la porte.<br />

- « Il fallait que je te parle. »<br />

- « Je crois que ça ne va pas être possible »<br />

- « Tu n’es pas seule ? »<br />

- « Euhhhh, Non ! »<br />

Je referme la porte au moment où Judith sort <strong>de</strong>s toilettes.<br />

- « C’était qui ? »<br />

- « Euhhh, la voisine »<br />

- « Depuis quand es tu copine avec la vieille taupe d’{ côté?…<br />

Bref, où en étions nous déj{, ah oui… »<br />

J’arrive néanmoins { changer <strong>de</strong> sujet assez habilement et je lui relate mes<br />

vacances catastrophes en omettant évi<strong>de</strong>ment mon échappée sauvage au pays <strong>de</strong>s<br />

hommes à jupette. De son côté, elle me raconte dans les moindres détails, la façon<br />

dont Sébastien a prit la tangente { la page 2 <strong>de</strong> son petit ouvrage perso, intitulé ‘‘La<br />

meilleure façon <strong>de</strong> les faire chanter ’’et m’avoue, entre <strong>de</strong>ux éclats <strong>de</strong> rire, qu’elle<br />

pense même lui envoyer quelques photos souvenir prises sur le vif.<br />

Enfin, avant <strong>de</strong> fuir menotté au radiateur électrique à roulettes, les fesses<br />

talquées et, branché <strong>de</strong> divers Sex Toys un peu partout, il lui a tout <strong>de</strong> même laissé<br />

un petit mot tout en délicatesse sur la table <strong>de</strong> nuit :<br />

« Avec tes yeux qui sentent le cul, J’aurai dû me méfier. Tu ne peux être au<br />

fond qu’un vrai mec et moi je ne suis pas pédé. Je ne te dirais pas d’aller te faire<br />

mettre, tu serais trop contente ! Tchao, Connasse ! »<br />

Elle me confie aussi, avoir certain doute au sujet <strong>de</strong> Mathieu et le soupçonne<br />

d’avoir une aventure. Par contre, avec qui? L{ est la question.<br />

Je suis prise entre <strong>de</strong>ux feux.<br />

Eviter le sujet et être démasquée dans les <strong>de</strong>ux minutes qui suivent.<br />

Ou, faire semblant <strong>de</strong> m’y intéresser mais je n’en ai pas vraiment le courage<br />

87


Le plus simple serait <strong>de</strong> tout lui dire, mais pas aujourd’hui.<br />

Je choisi donc l’option ‘‘faire semblant’’ avec beaucoup <strong>de</strong> mal et abrège<br />

très vite mon supplice en feignant une grosse fatigue et une suspicion <strong>de</strong> grippe, ce<br />

qui a l’effet escompté. Judith se rappelle tout { coup d’un ren<strong>de</strong>z vous<br />

‘‘Urgentissime’’ et détale comme un lapin face { la myxomatose.<br />

Je consulte mes messages et déci<strong>de</strong> d’appeler Mathieu sur le champ afin <strong>de</strong><br />

clarifier la situation. Le fait est que la balle est dans mon camp. La <strong>de</strong>rnière fois que<br />

nous nous sommes vus, il m’a quand même avoué m’aimer. Le fait est aussi, que je<br />

n’ai pas eu beaucoup <strong>de</strong> temps pour y songer. Il est vrai qu’il me manque<br />

affreusement mais cela ne veut pas forcément conclure que je l’aime aussi.<br />

« Oh et puis mer<strong>de</strong>, on verra bien. »<br />

- « Je ne suis pas disponible pour le moment.<br />

Vous savez ce qu’il vous reste { faire »<br />

……………..bip………….<br />

- « Euhhh, c’est moi, je ne m’attendais pas au répon<strong>de</strong>ur, euhhh, je te rappellerai.<br />

C’est bien ma veine, <strong>de</strong>puis quand ne décroche t’il plus { mes appels. C’est<br />

louche !<br />

De dépit, je déci<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> prendre un bain.<br />

Quel bonheur <strong>de</strong> se plonger dans une eau bien chau<strong>de</strong> avec le requiem <strong>de</strong> Momo en<br />

fond sonore et un petit Gin tonic pour seule compagnie….<br />

Je commence enfin à me décontracter, quand le téléphone retentit selon le principe<br />

d'Archimè<strong>de</strong> revisité par Monsieur Pierre: "Tout corps plongé dans l'eau déclenche<br />

immédiatement la sonnerie du téléphone!"<br />

Mon répon<strong>de</strong>ur se met en route :<br />

- « Ecoute <strong>Sophie</strong>, c’est Mathieu…<br />

Je sors du bain en catastrophe, glisse sur le carrelage, me cogne l’orteil<br />

gauche dans le chambranle <strong>de</strong> la porte et décroche le combiné à cloche pied après<br />

avoir laissé un pédiluve sur mon passage.<br />

88


- «Allo, allo… »<br />

- « Bip, bip, bip »<br />

- « Put… <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>»<br />

Toujours dégoulinante, je rembobine le répon<strong>de</strong>ur.<br />

- « Ecoute <strong>Sophie</strong>, c’est Mathieu.<br />

Tu as été très explicite tout { l’heure. Le message est bien passé. Tu as raison,<br />

restons amis et oublions ce qui s’est passé. A plus. »<br />

De quoi parle t’il ?<br />

Quel message ?<br />

Comment ça ‘‘A plus’’ ?<br />

Ça y est, je suis re-toute angoissée !!!<br />

Je m'en retourne, claudiquant vers la salle <strong>de</strong> bain, lour<strong>de</strong> comme une jument<br />

morte et me replonge dans une eau aussi tiedasse que mon gin tonic.<br />

Abandonnée <strong>de</strong> tous, même <strong>de</strong>s glaçons, je décidai donc d’entrée en HDP :<br />

Hibernation Dépressive Prolongée<br />

89


Prise <strong>de</strong> position<br />

Mon hibernation n’a pas duré longtemps. En effet, après une grosse et<br />

bonne nuit dépourvue <strong>de</strong> tout rêve, je me suis levée 22 heures plus tard. Je me<br />

traîne sans trop <strong>de</strong> difficultés, pour une fois, vers la salle <strong>de</strong> bain. Quelque chose a<br />

changé mais je n’arrive pas { mettre le doigt <strong>de</strong>ssus…Mince alors, mais c’est bien<br />

sûr !<br />

Adieu vilains cernes perfi<strong>de</strong>s !<br />

Devant un tel résultat, La décision <strong>de</strong> ma vie était prise!<br />

Je décidais donc <strong>de</strong> me ressaisir. Dorénavant, plutôt que <strong>de</strong> m’abrutir<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la bouillie télévisuelle digne d’une mouette hémiplégique, je me<br />

coucherai tôt avec un bon petit polar. À moi, le teint <strong>de</strong> jeune pucelle ! Cela aurait<br />

pu être un peu plus engagé comme première résolution, mais bon, c’est déj{ un<br />

début !<br />

- « Je vais enfin mener ma vie comme je l’entends et arrêter <strong>de</strong> la subir.<br />

Il me faut retrouver un certain équilibre, si tant est l’avoir trouvé un jour!<br />

Anticiper sur le printemps et commencer le ménage <strong>de</strong> mon ‘‘Moi intérieur’’ sur le<br />

champ. Je décidais, dans un premier temps, <strong>de</strong> m’attaquer { la boite aux lettres du<br />

portillon extérieur. Celle ci dégueulait littéralement son invasion <strong>de</strong> prospectus<br />

publicitaires.<br />

‘‘Comment <strong>de</strong>venir l’heureux propriétaire d’une ton<strong>de</strong>use { gazon toutes options<br />

faisant le café entre <strong>de</strong>ux nettoyage par pyrolyse’’<br />

- « Quel est le fracassé <strong>de</strong> la terrine qui pourrait gober <strong>de</strong> telles inepties… »<br />

Attention: ne JAMAIS parler à haute voix toute seule, on ne sait jamais!<br />

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- « Bonjour <strong>Sophie</strong>, <strong>de</strong> retour parmi nous ? Vous avez vu mon nouveau bijou »<br />

m’apostrophe le voisin, mari <strong>de</strong> la vieille bique d’{ côté.<br />

- « Merveilleux ! » ....C’est luiiiiiiiii!!… susurrais je dans mes <strong>de</strong>nts<br />

- « Coupe t’elle bien l’herbe au moins ??? »<br />

- « Pour une ton<strong>de</strong>use, ce serait un comble ! »<br />

- « C’est sûr ! »<br />

Sur ces quelques mots, je m’éloignais rapi<strong>de</strong>ment, munie <strong>de</strong> mon sourire le<br />

plus niais et <strong>de</strong> mon "oui, oui, Plage arrière <strong>de</strong> voiture"... imparable... Vite, vite, je<br />

m'en retournais vers mon abri anti-con...<br />

Tiens une lettre <strong>de</strong> mon ami ‘‘Mon conseiller ANPE ’’. Qu’on se le dise, le<br />

conseiller ANPE n’a pas <strong>de</strong> nom. C’est un genre <strong>de</strong> l'espèce humaine qui ne<br />

s’appelle pas. Pas la peine <strong>de</strong> s'exciter { chercher, c’est secret défense ! Vous me<br />

direz, vu qu’ils sont injoignables, pas besoin <strong>de</strong> connaître le nom <strong>de</strong> son<br />

interlocuteur...<br />

« Votre conseiller ANPE, vous informera en temps utile »<br />

Le temps utile doit être enfin arrivé. Il est écrit que mon ren<strong>de</strong>z-vous pour<br />

faire le point, sera fixé entre le lundi et le vendredi, semaine 3. C’est un peu vague<br />

tout ça. Pas <strong>de</strong> nom, pas <strong>de</strong> date, ils ont crû que je me spécialisais dans la voyance,<br />

où quoi? Je note sur mon calendrier le point d’interrogation fatidique et m’aperçois<br />

que je viens <strong>de</strong> louper l’anniversaire <strong>de</strong> ma sœur <strong>de</strong> 2 jours.<br />

Je choisi la technique profil bas, car j’imagine qu’elle n’a pas dû apprécier<br />

mon ca<strong>de</strong>au ‘‘Coucou j’suis plus l{’’ <strong>de</strong> Noël et n’ayant pas une folle envie <strong>de</strong><br />

l’entendre chanter mes louanges, je déci<strong>de</strong>, par conséquent, <strong>de</strong> l’oublier<br />

définitivement ! L’anniversaire, évi<strong>de</strong>ment, pas ma sœur… quoique <strong>de</strong>s fois…mais,<br />

ne rêvons pas, c'est pas possible!<br />

Ce ne sera juste qu’un grief <strong>de</strong> plus { m’imputer, et puis ce qui y a <strong>de</strong> bien<br />

avec elle, c’est qu’un thème lui fait tout le mois. Elle va donc pouvoir le prendre, le<br />

retourner et surtout le savourer.<br />

Je n’en connais pas <strong>de</strong>s masses qui seraient prêtes { se fâcher avec leur frangine,<br />

juste pour qu’elle ait le plaisir <strong>de</strong> vous haïr un peu plus.<br />

Cela s’appelle le don <strong>de</strong> soi Madame, donc un super ca<strong>de</strong>au, si on va par l{ !<br />

91


Bon, retournons { nos moutons. J’ai déj{ réussi { me débarrasser <strong>de</strong> mes<br />

odieux cernes, attaquons nous au reste du troupeau soit <strong>de</strong> gentilles petites vagues<br />

ron<strong>de</strong>s et pleines qui envahissent tout mon bassin méditerranéen. Encore un Noël<br />

dévastateur pour mon tour <strong>de</strong> taille, bien gras, bien copieux, qui a eu raison <strong>de</strong> mes<br />

pantalons. A part une superbe repro <strong>de</strong> Botero, il faut bien avouer que je ne<br />

ressemble plus à rien ! Régime { nous <strong>de</strong>ux ou { nous trois… On dit souvent que les<br />

chiens ressemblent à leur maître. Là, sans être pessimiste, on est en plein <strong>de</strong>dans.<br />

Deux gros dindons en bala<strong>de</strong>, sauf que pour moi, le compte à rebours <strong>de</strong> la mise<br />

bas n’est pas près d’arriver. En plus, ce n'est même pas mon chien !<br />

Je décidais donc <strong>de</strong> me plonger dans les mille et un bouquins traitant <strong>de</strong> ce<br />

qu'ils appellent pudiquement "la surcharge pondérale".<br />

‘‘Un ramassis <strong>de</strong> baratin écrit par <strong>de</strong>s barbares psychorigi<strong>de</strong>s, sachant que<br />

psychorigi<strong>de</strong> n’est que leurs prénoms, c’est vous dire’’<br />

Il y a les ‘‘Hyper’’ contre les ‘‘Hypo’’, les ‘‘Avec’’ contre les ‘‘Sans’’,<br />

<strong>Les</strong> ‘‘Je compte tout’’ contre les ‘‘je compte rien’’ et j’en passe…<br />

Tout est bon pour nous sucer, non pas la cellulite évi<strong>de</strong>ment, mais tous nos<br />

sous, et pour s’en coller plein les poches ! Ce n'est pas beau <strong>de</strong> s’en prendre aux<br />

faiblesses <strong>de</strong>s femmes. C’est drôlement moche même ! Surtout quand on sait que<br />

nous connaissons toutes la théorie ! Bon, j’avoue, côté pratique, ça laisse { désirer…<br />

Soit….<br />

Si je prends Judith par exemple, elle a pris et perdu l’équivalent du poids<br />

d’une équipe <strong>de</strong> footballeurs professionnels en 15 ans, c’est pour dire !!! Mais il<br />

faut bien dire que ma Juju n’est pas un bon exemple. A elle seule, elle a bien dû se<br />

taper pendant ces 15 ans, équipes, arbitres, spectateurs et je ne suis même pas<br />

certaine qu’elle ait laissé les gradins en paix… Il faut dire aussi que chez elle, c’est<br />

une hygiène <strong>de</strong> vie, elle est tellement obsédée que certains jours, elle saute même<br />

<strong>de</strong>s repas. Elle a un appétit insatiable ! Tout où rien mais plutôt tout, ça l’arrange !<br />

Elle a même un avis philosophique sur la question. Bien sûr, digne d’une huître !<br />

Je l’entends encore me rétorquer :<br />

- « Me priver, me permet <strong>de</strong> mieux profiter au moment où je me lâche.<br />

Et puis, regar<strong>de</strong>, quand tu as envie <strong>de</strong> faire pipi, si tu te retiens, eh bien au<br />

92


moment où tu ouvres les vannes, c’est tellement bon que c’est presque mieux que<br />

le sexe… C’est pour dire ! »<br />

Vous imaginez la portée du propos, quoique je trouve cela très imagé pour celui ou<br />

celle qui s’est déj{ retenu.<br />

Du reste, ça ma donné envie et puis là, je fais du hors sujet !<br />

93


Ils m’ont retrouvée !!!<br />

Ça y est, je l’ai enfin ma convocation. Il est écrit que je dois me munir <strong>de</strong> mes<br />

différentes recherches, afin <strong>de</strong> cerner au mieux mes besoins. C’est sûr, un type qui<br />

ne se présente même pas, va savoir mieux que moi, ce qu’il me faut !<br />

Le seul hic est que mes recherches sont dans le genre arbre dans le désert.<br />

Je ne peux tout <strong>de</strong> même pas leur dire que je n’ai pas eu le temps, ça ne fait<br />

pas très sérieux. Et puis, je ne suis pas certaine non plus que <strong>de</strong> leur parler <strong>de</strong> mes<br />

difficultés amoureuses ou <strong>de</strong> mon désastre familial soit une raison acceptable pour<br />

me faire une fleur….J'ai un peu mauvaise conscience !<br />

Avec ma chance, je vais me faire radier ! Peut être puis je, avec finesse leur<br />

monter un bateau sur une panne informatique, mon pc en vrac, le tout avec un joli<br />

décolleté… Ne me dites pas qu’un conseiller ANPE est incorruptible…<br />

Ce n’est pas un but dans la vie d’enfoncer les gens { moins d’être un<br />

détraqué névrosé genre fonctionnaire <strong>de</strong> la pénitentiaire ou proctologue. Ceci<br />

étant dit, on est en plein <strong>de</strong>dans ! Ils ne choisissent tout <strong>de</strong> même pas leurs<br />

employés dans les déchets <strong>de</strong> l’administration carcérale.<br />

‘‘Si tu es une hyène haineuse, un sadique récidiviste, CRS ou Matons, tu nous<br />

intéresses. Viens finir le travail et à nous les joies du génoci<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chômeurs<br />

longue durée ’’<br />

Bon, j’ai encore une semaine <strong>de</strong>vant moi avant mon passage à tabac. Il va<br />

me falloir un super plan d’attaque et se la jouer fine. Inventer un rôle <strong>de</strong><br />

composition à la hauteur <strong>de</strong> mes espérances.<br />

Pourtant mes espérances, ce n'est pas non plus le Pérou, juste un petit 1160<br />

€ mensuels et les gar<strong>de</strong>r le plus longtemps possible.<br />

94


Enfin jusqu’{ trouver un boulot, un vrai j’entends…..<br />

Le sort s’acharne<br />

Autre impératif { régler illico, celui <strong>de</strong> Mathieu, et pronto ! S’il ne me répond<br />

pas au téléphone, je n’ai plus qu’{ aller le chercher l{ où il s’y attend le moins : Son<br />

boulot.<br />

Je vous le dis <strong>de</strong> suite, cela n’est pas une alternative qui m’enchante<br />

particulièrement mais quand il faut y aller, faut y aller !<br />

J’enfile mon jeans ‘‘jambe <strong>de</strong> gazelle et cul { la J-LO, une tunique très sobre<br />

avec un brin <strong>de</strong> quelque chose <strong>de</strong> sexy, je me remonte les cheveux façon distinguée<br />

décontract et, y ajoute une fragrance <strong>de</strong> ‘‘ Jardin <strong>de</strong> Méditerranée’’, le tour est joué.<br />

Une bombe atomique, je vous dis !<br />

Si avec tout ça, je ne le fais pas chavirer alors je n’ai plus qu’{ rentrer dans<br />

les ordres. C’est ma sœur qui serait contente…Si quelqu’un m’avait dit un jour que<br />

j’essaierais <strong>de</strong> séduire Mathieu, je pense que j’aurai pris cela pour une mauvaise<br />

série { l’eau <strong>de</strong> rose. Pourquoi pas Judith pendant qu’on y est …<br />

Trêve <strong>de</strong> plaisanteries, je ne sais pas bien où cela me mènera mais toujours<br />

est il que je peux faire d'une pierre <strong>de</strong>ux coups. Le véto étant juste à côté, je peux<br />

peut être prévoir, ne serait ce qu'un minimum, la grossesse <strong>de</strong> la din<strong>de</strong> pour ne pas<br />

être prise au dépourvu. Avec ma chance, elle va me pondre un bataillon <strong>de</strong> petits<br />

poilus… Et ce n’est même pas mon Chiennnnnnnn !<br />

Après avoir basculé les sièges <strong>de</strong> la Twingo, j’enfourne le tonneau dans le<br />

coffre et passe la secon<strong>de</strong>. A gauche, à droite, feux tricolores… je suis totalement<br />

absorbée par ce que je vais bien pouvoir dire { Mathieu. Sans même m’en rendre<br />

compte, je passe au feu orange très très mûr. Je pile, fais marche arrière et viens<br />

me remettre <strong>de</strong>rrière le feu <strong>de</strong> signalisation.<br />

Tout ça à la barbe <strong>de</strong> flics en faction mais l{, je ne le sais qu’après. Le résultat ne se<br />

fait pas attendre. Pour une fois, ils démarrent au quart <strong>de</strong> tour.<br />

- « Ce n’est ni un rebelle <strong>de</strong>s cités, ni un mafieux { la mine patibulaire,<br />

c'est bon…Comment ose t’elle, la tassepé ? »<br />

Devant tel affront, l’agent Starsky et l’agent Hutchinson se précipitent avec<br />

gyrophares et sirène hurlante. Attention, la ménagère va dérouiller !!!<br />

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Le vacarme fait rage <strong>de</strong>hors. Moi, toujours tranquille, je me flatte <strong>de</strong> ne pas<br />

en être la responsable.<br />

- « La vache, il va déguster celui la » dis je à Chouquette toujours couchée sur la<br />

banquette arrière.<br />

Oh, oh…Peut on m’expliquer pourquoi cette voiture <strong>de</strong> Police vient <strong>de</strong> se jeter en<br />

travers <strong>de</strong> ma route.<br />

Ils sont mala<strong>de</strong>s, où quoi ! (Je sais, je ne <strong>de</strong>vrais pas faire ce genre d'euphémisme,<br />

je suis quand même en train <strong>de</strong> parler <strong>de</strong>s flics, là...)<br />

- « Vous avez grillé le feu rouge » me dit le costume bleu marine<br />

- « Pardon » lui dis je interloquée<br />

- « Qu’elle ne fasse pas sa maligne celle la »<br />

- « Comment peut elle faire sa maligne, puisqu’elle est <strong>de</strong>rrière le feu», Banane,<br />

dis je dans ma tête assez fière que le <strong>de</strong>rnier mot ne soit pas sorti <strong>de</strong> ma<br />

bouche…<br />

- « Papiers du véhicule, permis <strong>de</strong> conduire, et carnet <strong>de</strong> déclaration du molosse<br />

» trépigne le nain en képi.<br />

Escortée sur la ban<strong>de</strong> d’arrêt d’urgence <strong>de</strong> l’autre côté du feu rouge, je suis<br />

sommée <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> mon boli<strong>de</strong>.<br />

- « Puis je savoir en gros ce qui se passe ? » dis je agacée<br />

- « Vous êtes en infraction »<br />

- « Comment puis je être en infraction, vu que je me suis bien arrêtée?<br />

Soit, un peu tard il est vrai, mais arrêtée tout <strong>de</strong> même! »<br />

- « LES PAPIERS » me hurle t’il<br />

- « Oooh, il va se détendre et me parler meilleur »<br />

- « Elle veut se faire embarquer, on dirait. Bruno, relèves les plaques »<br />

Essayer <strong>de</strong> dialoguer face à un flic est comme vouloir raisonner avec une brouette<br />

ou avec mon beau frère, tout pareil. Par conséquent, j’obtempère et farfouille dans<br />

mon sac pour trouver mes papiers. Et qui a changé <strong>de</strong> sac il y a quelques jours?<br />

Bord……el <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> !!!<br />

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Je ne peux en final que tendre le carnet <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> Chouquette.<br />

- « Bichon Maltais, elle se moque <strong>de</strong> moi en plus, c’est au moins une catégorie 1<br />

ce chien….Bruno, renseignes toi »<br />

Je vois la satisfaction se peindre sur le faciès rougeaud <strong>de</strong> Nono le casquetté.<br />

- « Je croyais qu’elle n’avait rien { se reprocher la Comtesse ? »<br />

- « La comtesse est pressée. Si ces Messieurs veulent bien faire leur travail, elle<br />

en serait ravie »<br />

- « Mais c’est qu’elle fait sa forte tête, on dirait » ricane le brigadier<br />

Après 20 minutes <strong>de</strong> vie disséquée par les <strong>de</strong>ux frustrés <strong>de</strong> la police municipale, je<br />

m'en retourne à la voiture, anéantie.<br />

Donnez un tout petit peu <strong>de</strong> pouvoir à <strong>de</strong>ux abrutis, un flingue et un carnet <strong>de</strong><br />

contraventions, et le <strong>de</strong>spote qui sommeille se venge sur les pauvres gens d’avoir<br />

été traité <strong>de</strong> binoclard { l’école.<br />

Pour non présentation <strong>de</strong>s papiers du conducteur11€<br />

Non présentation <strong>de</strong> la carte grise 11€<br />

- « Elle n’aurait pas oublié quelque chose ? »<br />

Je me retourne et vois costume bleu marine me tendre, toutes <strong>de</strong>nts <strong>de</strong>hors, une<br />

troisième contravention, celle du feu rouge même pas grillé.<br />

90 € + 4 points en moins sur mon permis<br />

- « Et on lui fait une fleur pour le chien... »<br />

- « Merci qui ? » chantonne le Bruno<br />

Il y a <strong>de</strong>s jours comme ça où le cannibalisme <strong>de</strong>vrait revenir à la mo<strong>de</strong> !<br />

Comme renouveau, j’aurais pu faire mieux. Ma vie n’est vraiment pas celle<br />

du Phénix renaissant <strong>de</strong> ses cendres. C’est plutôt version ‘‘Grand brasier’’ avec<br />

97


couche, sous couches et sous sous couches calcinées !<br />

A présent, je ne suis pas certaine, vu mon état <strong>de</strong> nerfs, que d’aller trouver<br />

Mathieu soit une excellente idée. Pour peu que je tombe sur la Chapue, qu’elle me<br />

fasse une remarque sur mon maquillage et je vous jure que je la pille. Une<br />

promena<strong>de</strong> au grand air me ferait le plus grand bien. Demi tour gauche et à moi, les<br />

vastes étendues <strong>de</strong> verdure { perte <strong>de</strong> vue… Parc Monceau, pas terrible mais dans<br />

l’urgence, ça fera l’affaire.<br />

Après m’être aérée durant une petite heure, je retourne { la voiture et c’est<br />

dans une atmosphère "guerre 14-18" que je reprends le volant. Le dindon a lancé<br />

l’offensive gazeuse ! J’avais effectivement lu dans un magazine quelconque que les<br />

chiennes en gestation ont une fâcheuse tendance aux flatulences. Voila, c’est<br />

vérifié !<br />

Mon gentil ‘‘ Jardin en Méditerranée’’ n’étant pas capable <strong>de</strong> rivaliser face à<br />

l’attentat Chouquette, toutes fenêtres ouvertes, je décidais <strong>de</strong> reporter mon<br />

entrevue surprise { plus tard. La journée n’étant pas finie, ayant eu mon compte<br />

d’inci<strong>de</strong>nts journaliers, je m'en retournais bien vite { l’abri dans mon antre.<br />

Flûte, le véto !<br />

Vu la journée <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> que je viens <strong>de</strong> passer, je présume qu’une visite vétérinaire<br />

ne pourra pas faire empirer les choses,...<br />

- « Huit ! Vous êtes sérieux ??? »<br />

- « On ne peut plus »<br />

- « Il n’y a plus moyen d’enrayer le processus ? »<br />

- « Désolé, pas { 2 semaines du terme… »<br />

98


Encore quelques secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calme avant<br />

LE grand séisme.<br />

Ce matin, je suis d’humeur badine, les vacances sont terminées, la rentrée<br />

<strong>de</strong>s classes est pour lundi et j’ai perdu 500 gr. Mes petits poussins me manquent, ce<br />

qui est une très bonne nouvelle. J’ai le cœur léger { l’idée <strong>de</strong> les retrouver. Je me<br />

sens même prête à affronter Miss Rabat-joie <strong>de</strong> Parfaite du Fond du Jardin, sa<br />

particule, son cul béni <strong>de</strong> mari et sa chorale <strong>de</strong> gosses au grand complet…C’est<br />

vraiment pour dire que j’ai une pêche d’enfer.<br />

Ce <strong>de</strong>uxième jour <strong>de</strong> ma nouvelle vie ne sera pas un fiasco comme hier. C’est<br />

décidé !<br />

En plus, voyons les côtés positifs, huit chiots sera le plus beau ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong><br />

Noël que les enfants n’ont jamais eu et, je le crie haut et fort, n’aurons plus<br />

jamais…. qu’ils en profitent !!! Et puis, voyons le côté positif, quand je ferai le<br />

ménage, j’aurai au moins l’impression <strong>de</strong> le faire pour une bonne raison. Avec tout<br />

cela, je pourrai peut être faire augmenter la pension alimentaire du Panda, qui<br />

sait ? On verra!<br />

Je claque la porte <strong>de</strong> la maison. Je m’apprête { prendre la voiture, quand<br />

Judith m’appelle pour s’inviter { dîner. Elle veut fêter le retour <strong>de</strong>s petits et<br />

surtout, me claironne avoir <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> scoops { m’annoncer.<br />

Je lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, avec quelque appréhension il faut bien dire, <strong>de</strong> se charger<br />

du repas car pas le temps, et lui rappelle que les enfants ne sont pas encore initiés<br />

à toutes les subtilités <strong>de</strong> son langage imagé. Elle rit et me dit <strong>de</strong> lui faire confiance !<br />

99


Du déclin <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> la civilisation<br />

Judéo-chrétienne...<br />

Après une cinquantaine <strong>de</strong> bornes, j’arrive dans l’allée <strong>de</strong> mes parents et<br />

viens me garer { côté <strong>de</strong> l'Espace. On dirait bien que je n’échapperai pas aux<br />

vindictes <strong>de</strong> ma sœur mais peu importe. Je suis décidée à passer une belle journée.<br />

<strong>Les</strong> enfants sont fous <strong>de</strong> joie, ils m’accueillent comme une reine. Mes parents, en<br />

arrière plan, n’ont jamais eu l’air si éreintés et surtout si heureux <strong>de</strong> me voir ! Ah, il<br />

est certain que si vous cherchez l'antonyme <strong>de</strong>‘‘vacances’’ dans le dico, vous<br />

trouverez le mot ‘‘enfant’’. Par contre, si vous ne le saviez pas, ‘‘enfant’’ est le<br />

synonyme <strong>de</strong>s mots ‘‘cernes, yeux rouges et antidépresseurs’’… Si, si…<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z<br />

donc à ma maman ou à la votre, vous verrez !<br />

Ma mère a <strong>de</strong> la sollicitu<strong>de</strong> pleins les yeux et me dit mieux comprendre à<br />

présent ma déroute aux vues <strong>de</strong> la semaine que les petits monstres viennent <strong>de</strong><br />

leurs faire passer. Mon père est égal à lui-même et m’invite { venir boire un coup.<br />

Je le soupçonne <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> l’opportunité pour passer outre les<br />

recommandations du mé<strong>de</strong>cin et surtout <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> sa femme. Ma sœur est<br />

glaciale, bon, comme d’hab! Elle n’a pas encore digéré ma désertion. Je joue la carte<br />

<strong>de</strong> l’indifférence et fais comme si <strong>de</strong> rien n’était. <strong>Les</strong> enfants ont mille choses { me<br />

dire, surtout Margot qui monopolise entièrement la conversation. Léo, au milieu <strong>de</strong><br />

tout ça, me prend pour l’Annapurna. Il s’essaie { une ascension digne <strong>de</strong>s plus<br />

grands et a déj{ atteint les épaules en m’arrachant et l’oreille droite et une touffe<br />

<strong>de</strong> cheveux. Pas grave, j’en avais plus besoin...<br />

Bonne humeur et sourire ! Me serine ma conscience, ne les assommes pas<br />

dès ton arrivée, ça ferait désordre…<br />

10<br />

0


L’effervescence retombée, comme ma coupe <strong>de</strong> cheveux, je me retrouve<br />

seule dans le salon en compagnie du reste <strong>de</strong>s adultes présents. Miss Parfaite n’a<br />

toujours pas <strong>de</strong>sserré les <strong>de</strong>nts. J’attends le moment où, n’en pouvant plus, elle me<br />

crachera sa rancoeur.<br />

Je raconte mes mésaventures avec les forces <strong>de</strong> l’ordre, la future invasion<br />

<strong>de</strong>s huit chiots, mon ren<strong>de</strong>z-vous avec un illustre inconnu à l'ANPE et sent tout à<br />

coup l’électricité <strong>de</strong> la pièce monter d’un cran.<br />

Et c’est partiiiii!<br />

Je vais avoir droit à un grand festival, genre nuit du nouveau millénaire!<br />

- «Et tu es fière <strong>de</strong> toi ? » siffle t'elle entre ses <strong>de</strong>nts.<br />

- « Je ne comprends pas, je ne suis ni fière, ni… »<br />

- « Tais toi, tu es totalement inconsciente. La vie n’est pour toi qu’une mascara<strong>de</strong>,<br />

tu n’as jamais dépassé la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’adolescence, tu ne te poses aucune<br />

question et tu réagis { l’inspire, mais qui en pâtit dans l’histoire, ce sont tes<br />

ENFANTS » hurle t’elle { bout <strong>de</strong> souffle.<br />

- « Tu as un problème ? » lui <strong>de</strong>mandais je très calmement.<br />

Et c’est au moment même où je croyais qu’elle allait me sauter <strong>de</strong>ssus la<br />

bave aux commissures, qu’elle s’effondra { mes pieds comme une mer<strong>de</strong><br />

enveloppée d'une copie Chanel.<br />

Rien ne semblait pouvoir arrêter ses barrissements. Tous, nous nous<br />

regardions interloqués sans comprendre un traître mot <strong>de</strong> son charabia déversé au<br />

milieu d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> bulles <strong>de</strong> morve. Pour ma part, je trouvais qu’elle y allait<br />

un peu fort. Si sa ‘‘Gran<strong>de</strong> Scène du 2’’ était liée { l’oubli <strong>de</strong> son anniversaire, l{, on<br />

rentrait dans du grand n’importe quoi ! Il ne faut pas abuser, tout <strong>de</strong> même et puis<br />

si elle était moins chiante, elle ne ferait pas fuir tout le mon<strong>de</strong>. Mes parents étaient<br />

tellement stupéfaits que papa alla se chercher un verre et maman l’accompagna cul<br />

sec. Cul béni, lui, se tortillait les doigts comme une nunuche <strong>de</strong> 15 ans prête à<br />

emballer son premier mec.<br />

- « Mais ma Bibiche, ressaisis toi, enfin ce n’est pas un spectacle….»<br />

- « OOOhhh, Toi et ta face <strong>de</strong> rat, ta GUEULE !!! » s’égosilla t’elle<br />

- « Mais mon sucre d’orge… »<br />

10<br />

1


- « Il t’EMMERRRDE le sucre d’orge, il peut plus encaisser ton faciès <strong>de</strong> fin <strong>de</strong><br />

race dégénéré !!!<br />

Il te VOMIT, il te CONCHIE, il te AHHHHH…..<br />

Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le DIVORCE !!! » Vociféra t’elle cramoisie.<br />

C’est { ce moment précis que ma mère tomba dans les pommes, suivit <strong>de</strong> très près<br />

par Cul Béni, s’écroulant dans ses Knickerbockers en Jacquard. Mon père en profita<br />

pour se resservir un petit gorgeon.<br />

Abandonnée <strong>de</strong> tous, j’essayais tant bien que mal, <strong>de</strong> ramasser les restes <strong>de</strong><br />

‘‘Miss plus trop Parfaite’’, toujours vautrée dans ses mucosités avec la mise en plis<br />

en vrac. Je la traînais jusqu’au canapé. Après avoir réussi { récupérer, non sans<br />

mal, la bouteille dans les mains <strong>de</strong> mon père, je lui servis un double scotch bien<br />

tassé pour qu’elle retrouve ses esprits. Elle se jeta <strong>de</strong>ssus comme la misère sur le<br />

pauvre mon<strong>de</strong> et, le bu d’une traite. <strong>Les</strong> routiers n’ont qu’{ bien se tenir !<br />

Une fois sa raison retrouvée, entre <strong>de</strong>ux hoquets, elle me confessa avoir rencontré<br />

quelqu’un et entretenir une relation cachée <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> huit mois. C’est un<br />

homme raffiné en pleine force <strong>de</strong> l’age, d’une gran<strong>de</strong> intelligence mais ayant <strong>de</strong>s<br />

conditions <strong>de</strong> vie qui l’empêchent <strong>de</strong> dévoiler leur amour au grand jour. En<br />

d’autres termes, elle s’est entichée d’un vieux moche, voir très vieux et peut être<br />

même très moche, vraisemblablement marié ou curé !<br />

Moi, j’opterai pour la secon<strong>de</strong> option. Côtoyer <strong>de</strong> si près la religion en racontant<br />

périodiquement ses pires fantasmes à un pauvre gars en robe qui est censé ne pas<br />

en avoir la queue d’un, c’est plutôt limite, voire même un rien provoquant !<br />

C’est comme s’étonner qu'après avoir fait, avec une entrecôte, bisque bisque rage à<br />

un gros tigre, que celui-ci préfère vos fesses plutôt que le minuscule bout <strong>de</strong><br />

barbaque au bout <strong>de</strong> votre pique. Et bien, pour le pauvre type, c’est tout pareil….<br />

Cul Béni venait { l’instant <strong>de</strong> lever une paupière quand, sous le choc asséné par<br />

l’obscure vérité, il re-sombra in petto dans les abîmes.<br />

- «Booohhh, je ne suis qu’une raclure <strong>de</strong> bi<strong>de</strong>t, le déshonneur <strong>de</strong> mon Eglise, une<br />

infamie, une ignominie <strong>de</strong> la nature…. »<br />

10<br />

2


- « Tu n’as pas l’impression d’en faire un chouïa <strong>de</strong> trop. Il ne faut tout <strong>de</strong> même<br />

pas exagérer. »<br />

- « Toi, tu ne peux comprendre, tu vis dans le pêché et l’amorale que tu es, n’en a<br />

même pas conscience »<br />

- « C’est charmant, même au bord du gouffre, ta bienveillance me comble, cela<br />

prouve que tu reprends le <strong>de</strong>ssus, c’est encourageant. »<br />

Cramponnée à la bouteille, comme un chien à une jambe <strong>de</strong> pantalon, elle<br />

m’expliqua qu’une honte indicible, s’était emparée <strong>de</strong> tout son être. J’entends<br />

presque les violons…<br />

Elle se sent salie par sa petitesse.<br />

- « L’épreuve <strong>de</strong> la chair m’a été envoyée par notre Seigneur, afin que je<br />

n’oublie pas que seule, dans la fidélité, la fille que je suis reste Fille <strong>de</strong> Dieu Même<br />

pour ça, je n’ai pu être { la hauteur…<br />

Ma VIE n’est qu’hérésie ! »<br />

Tatatinnnnn, il ne manque plus que la flagellation !<br />

Cet homme lui avait été envoyé comme une épreuve par le Saint Père et<br />

jusqu’au jugement <strong>de</strong>rnier, sa vie ne serait plus qu’un long calvaire jonché <strong>de</strong><br />

détritus et <strong>de</strong> pourriture ….Vlan ! Elle s’effondra ivre morte...Alléluia !<br />

Je restais un instant médusée face à ce champ <strong>de</strong> bataille. <strong>Les</strong> corps<br />

inanimés <strong>de</strong> toute ma famille gisaient aux quatre coins du salon. Le seul encore<br />

‘‘presque’’ <strong>de</strong>bout, était mon père qui en raison du vent dans les branches, se<br />

cramponnait fermement à son verre.<br />

Un troupeau <strong>de</strong> gosses au galop me fit sortir bien vite <strong>de</strong> ma léthargie. Il<br />

traversa la pièce sans même s’apercevoir qu’il piétinait une bonne partie <strong>de</strong><br />

l’assistance. Je dû en vitesse rouler tout ce petit mon<strong>de</strong> ailleurs que dans le<br />

passage. Ma mère reprit ses esprits la première. Je lui racontais en gros, les<br />

épiso<strong>de</strong>s manqués mais { l’annonce <strong>de</strong> l’adultère <strong>de</strong> sa fille, elle nous fit le coup du<br />

<strong>de</strong>uxième effet ‘‘kiss cool’’, comme son gendre ! Mon père, vautré dans le canapé,<br />

avait été vaincu par K.O. technique par Jack Daniels!<br />

Me sentant bien seule, j’allais rejoindre les enfants { l’étage quand le<br />

téléphone portable <strong>de</strong> ma sœur se mit { sonner. Je décrochais par acquis <strong>de</strong><br />

conscience en espérant, secrètement et un tantinet curieuse, que l’énigmatique<br />

amant serait l’interlocuteur. Et, BINGO!!!<br />

- « Quelle est la vilaine petite pécheresse qui va venir adorer le crucifix <strong>de</strong> son<br />

10<br />

3


confesseur préféré? » susurra sur un ton doucereux l’Abbé André.<br />

Horreur et déca<strong>de</strong>nce!<br />

Je jetais le téléphone, écœurée, prise <strong>de</strong> spasmes et <strong>de</strong> hauts <strong>de</strong> cœur en<br />

visualisant Miss parfaite pomper l’asperge du vieil obsédé d’Abbé André. Qui est,<br />

mine <strong>de</strong> rien je vous le rappelle, mon ex beau frère!<br />

Beurk, beurk, beurkkkkkkkkkk !<br />

Je l’entends encore avec ses sermons tout bateau { la « Aimer vous les uns<br />

les autres », lui il a tout confondu, il aime ‘‘les uns dans les autres’’ ou ‘‘sur les<br />

autres’’. Et en l’occurrence, les autres….c’est ma Sœur…….<br />

RE-HORREURRRR!!!………<br />

Je pris la ferme décision, <strong>de</strong> ne surtout pas m’en mêler. J’avais déj{ bien trop<br />

{ faire avec ma propre séparation pour ne pas avoir { gérer celle <strong>de</strong> ma sœur, qui<br />

manifestement allait être pleine <strong>de</strong> rebondissements. Connaissant les phénomènes,<br />

prendre du recul ne serait pas <strong>de</strong> trop, d’ailleurs je <strong>de</strong>vrais peut être songer {<br />

déménager, changer <strong>de</strong> numéro <strong>de</strong> téléphone ou m’inscrire au Programme <strong>de</strong><br />

protection <strong>de</strong>s témoins…<br />

Je kidnappais les enfants en vitesse, fis leurs bagages et m’éclipsais avant le<br />

réveil <strong>de</strong> la ‘‘Pas Belle au Bois dormant ’’et <strong>de</strong> sa cour.<br />

10<br />

4


Retour au bercail<br />

De retour à la maison, je retrouvais Judith en pleine discussion avec <strong>de</strong>s<br />

sushi, livrés par le japonais d’{ côté. Mes soupçons sur l'inconséquence <strong>de</strong> ma<br />

copine et son manque d'expérience en matière d’alimentation enfantine se<br />

voyaient malheureusement fondés.<br />

Cela me valut un scandale <strong>de</strong>s petits et comme prévu, ils refusèrent<br />

catégoriquement <strong>de</strong> manger du poisson mort. Je leurs préparais à la hâte <strong>de</strong>s<br />

haricots verts en boite et les mis au lit. Margot avait décidé <strong>de</strong> dormir avec son<br />

chien, et ce, jusqu’{ la naissance <strong>de</strong>s chiots, suivie évi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> très près par son<br />

petit frère "mouci, mouci" qui "fera tout pareil". Je décidais pour le jour <strong>de</strong> nos<br />

retrouvailles <strong>de</strong> lâcher un peu la bri<strong>de</strong> et les laissais tous les trois gérer leur petite<br />

affaire.<br />

Dix minutes plus tard, je retrouvais Chouquette étalée <strong>de</strong> tout son long,<br />

confortablement installée au milieu du lit, les <strong>de</strong>ux enfants en boule <strong>de</strong> chaque côté<br />

maintenus uniquement par les draps bordés.<br />

Judith, elle, trépignait d’excitation dans le salon pour avoir la suite <strong>de</strong> mon<br />

feuilleton Familial: ‘‘Ma sœur, le cocu et l’amant’’. Puis, elle me parla <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong><br />

tout le mon<strong>de</strong> alors que je n’attendais qu’une chose: qu’elle me parle <strong>de</strong> Mathieu!<br />

Ce qui me déconcerta, c’est qu’{ aucun moment, elle ne s’étonna <strong>de</strong> ne pas le voir<br />

avec nous. Comme si c’était normal <strong>de</strong> se faire une soirée qu’{ <strong>de</strong>ux.<br />

Bizarre….bizarre….<br />

Et malgré tout un tas <strong>de</strong> stratagèmes, le sujet n’arriva sur le tapis que sur les<br />

coups <strong>de</strong> 3 heures du matin. Malheureusement, après 2 bouteilles <strong>de</strong> Sauternes et<br />

une trentaine <strong>de</strong> sushi, Judith, plus étanche du tout, en profita pour sombrer dans<br />

le sommeil.<br />

10<br />

5


Je dû contenir ma frustration et gérer ma surexcitation <strong>de</strong>vant un ‘‘Chasse<br />

pêche et tradition’’ sur le thème <strong>de</strong>s roussettes. Je peux vous assurer que pour<br />

calmer la libido, les roussettes, y a pas mieux !!!<br />

4h45<br />

J’envoyais un énième texto { Mathieu et <strong>de</strong>vant son silence, me promis <strong>de</strong> reporter<br />

mon expédition à un peu plus tard dans la journée, à <strong>de</strong>s heures plus correctes.<br />

« Dort il? Peut être et même sûrement, vu l’heure. »<br />

« Son portable n’a peut être plus <strong>de</strong> batterie ? »<br />

« Il se l’est peut être fait voler ? »<br />

« Il a peut être eu un acci<strong>de</strong>nt ? »<br />

« Peut être est il mort ??? »<br />

Stoppppppppp, tais toi et dors !!!!<br />

Je ne sais pas vous mais moi, je me parle souvent. C'est grave, Docteur?<br />

10<br />

6


7h30,<br />

Le gros lapin blanc d’Alice<br />

Panique { bord, le réveil n’a pas sonné. Ça commence !!!<br />

Je me lève en catastrophe, trébuche, roule sur un cadavre <strong>de</strong> Sauternes pour enfin<br />

m’affaler <strong>de</strong> tout mon long sur une Judith dans le passage. Elle a dormi sur la<br />

moquette toute la nuit abandonnant sur celle-ci une grosse tache humi<strong>de</strong> <strong>de</strong> bave.<br />

Elle titube sans un mot vers la salle <strong>de</strong> bain, les yeux gonflés, avec une mèche <strong>de</strong><br />

cheveux poinçonnée sur la joue par un sushi saumon.<br />

Pas canon canon, mais je ne lancerai pas la pierre Pierre..., vu mon propre état!<br />

Je me précipite dans la chambre <strong>de</strong>s enfants. À tâtons, j'entreprends <strong>de</strong> caresser<br />

délicatement les cheveux <strong>de</strong> Margot pour un réveil en douceur. Je suis foudroyée<br />

par une haleine <strong>de</strong> coyote suivie d’une grosse léchouille visqueuse. La tête en<br />

question, n’est { l'évi<strong>de</strong>nce pas celle <strong>de</strong> ma fille chérie mais, celle <strong>de</strong> la grosse din<strong>de</strong><br />

toujours affalée au milieu du plumard.<br />

7h43,<br />

Vite, on est à la bourre !!!<br />

8h06,<br />

Après avoir tambouriné à la porte <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> bain comme une hystérique, je<br />

retrouve Judith en compagnie <strong>de</strong> Morphée dans la baignoire.<br />

Toilette <strong>de</strong> chat à la vitesse <strong>de</strong> la lumière, habillage à la vitesse du son et petit<br />

déjeuner sur le pouce.<br />

10<br />

7


8h27,<br />

Rentrée <strong>de</strong>s classes.<br />

- « Bonsour Maîcresse » dit ma petite toute joyeuse<br />

- « Bonjour Margot, mais dis moi, ce n’est pas carnaval aujourd’hui !» assène la<br />

Maîtresse, un rien aci<strong>de</strong>.<br />

- « C’est manman, elle s’est crompée sûrement » répond ma Margot, ennuyée.<br />

La maîtresse me lance un <strong>de</strong> ses sourires blasés comme je les aime.<br />

Dans ma tête, parce que pas courageuse face aux possibles rétorsions (voir plus<br />

haut):<br />

- « Elle s’est crompé <strong>de</strong> rien du tout la manman, elle a juste assorti dans la<br />

précipitation, fleurs, rayures et pois… et alors !!!<br />

Un peu d’innovation dans la vie ! »<br />

C’est sûr, avec son chemisier { fleurs et son cardigan bleu marine, ce n’est pas cette<br />

pimbêche qui va révolutionner le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> …<br />

Afin d’éviter <strong>de</strong> cogner le chemisier fleuri dès le premier jour <strong>de</strong> rentrée, je me<br />

faufile bien vite entre les autres parents pour prendre la fuite. Je veux m’éviter <strong>de</strong><br />

répondre à la question fatidique sur mon hypothétique futur emploi. Retour à la<br />

maison. Judith n’a toujours pas décollé <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> bain, pas plus que le sushi <strong>de</strong><br />

ses cheveux.<br />

J’ouvre l’eau. Hurlements stri<strong>de</strong>nts, suivis <strong>de</strong> plein <strong>de</strong> noms d’oiseaux Le tout <strong>de</strong><br />

son cru!<br />

9h02,<br />

Judith est enfin <strong>de</strong>bout, lavée et prête { ingurgiter le ‘‘Spécial Breakfast ’’ :<br />

Café turc + 2 Doliprane 1000 et 1 banane pour éponger.<br />

10<br />

8


Après le départ <strong>de</strong> la copine, c’est au tour <strong>de</strong> Léo <strong>de</strong> passer { la douche. Il<br />

hurle parce qu’il ne veut pas y aller. Il hurle parce qu’il ne veut plus en sortir…<br />

Allez comprendre !<br />

Par acquis <strong>de</strong> conscience, ayant un peu <strong>de</strong> temps <strong>de</strong>vant moi, je me branche<br />

sur Internet { la recherche d’un boulot potentiel. Je vais aller surfer sur le site <strong>de</strong><br />

l’ANPE et essayer <strong>de</strong> balancer le plus <strong>de</strong> CV possibles. Le jour <strong>de</strong> mon ren<strong>de</strong>z vous,<br />

que je puisse tout <strong>de</strong> même fournir un petit quelque chose. Léo est cool et joue<br />

avec les tétines <strong>de</strong> Chouquette, pendant que celle-ci le repeint du menton aux<br />

oreilles, <strong>de</strong> sa grosse langue poisseuse, sous les éclats <strong>de</strong> rire <strong>de</strong> l’enfant.<br />

Parfait, je suis au moins tranquille pour une petite <strong>de</strong>mi heure !<br />

Je réponds tous azimuts à une bonne vingtaine d’annonces allant d’Hôtesse<br />

d’accueil { Agent <strong>de</strong> sécurité en passant par Plombier et Conducteur <strong>de</strong> grue.<br />

Ça fait un peu désespéré comme technique mais avec <strong>de</strong> la chance, mon<br />

conseiller sera peut être plus indulgent sur mon sort et puis si je continue à ce<br />

rythme jusqu’{ mon entretien, je pense avoir <strong>de</strong> bonnes chances <strong>de</strong> retrouver un<br />

emploi, le tout avec un décolleté <strong>de</strong> la mort, ça fera la farce!<br />

11h15,<br />

Boule au ventre, j’enfourne Léo dans la voiture et prends la route pour aller<br />

trouver Mathieu, { son insu, dans le <strong>de</strong>rnier endroit où il s’attend { me voir.<br />

‘‘S’il ne vient pas { moi, j’irai { lui’’ c'est connu comme technique... non?<br />

Ça doit être "la gare <strong>de</strong> je ne sais pas quoi", ou un mousquetaire quelconque<br />

qui a sorti cette phrase débile ou encore Hercule ou Spartacus…Quoi qu’il en soit,<br />

un type à jupette qui <strong>de</strong>vait avoir <strong>de</strong> grosses, très grosses baloches, pour se la<br />

raconter comme çà !<br />

Voyons voir la stratégie…Ce n’est pas tout <strong>de</strong> se pavaner comme une diva,<br />

faut il encore avoir <strong>de</strong> quoi la ramener !<br />

10<br />

9


Beau cul, belle gueule, ça peut ai<strong>de</strong>r aux premiers rencards mais pas quand<br />

l’autre est ton meilleur ami, que tu le connais <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s lustres et avec qui tu t’es<br />

joyeusement envoyée en l’air dans un peu toutes les positions !<br />

Il va falloir meubler, genre comtoise ou armoire norman<strong>de</strong> !<br />

Je me gare dans une petite rue en contre bas et attends <strong>de</strong> le voir sortir pour<br />

le déjeuner. Il va toujours au même petit bistrot <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années. D’ailleurs, on<br />

peut dire que c’était notre QG. Léo, lui, commence à entamer méchamment la<br />

baguette que je lui ai donnée pour le faire patienter. La porte s’ouvre, j’ai le cœur<br />

dans la bouche…<br />

Léo ne se doute pas une secon<strong>de</strong>, perdu au milieu d’un million <strong>de</strong> miettes que<br />

l’heure est grave !<br />

Le ‘‘gros Polo’’ suivi <strong>de</strong> la ‘‘Chapue’’, ‘‘Petit Jean’’ et ‘‘Géraldine’’,<br />

‘‘Des’’ que je ne connais pas et …. Cheveux un peu fous sur un col <strong>de</strong> caban, une<br />

démarche élancée, une clope allumée… c’est LUI !!!<br />

Je suis liquéfiée. C’est bien la première fois, <strong>de</strong>puis que je le connais, qu’il<br />

me met dans un tel état !<br />

Enfin, presque, car la vraie première fois j’étais liqui<strong>de</strong> mais autrement, on dira…<br />

C’est bien une preuve que quelque chose a changé, non ?<br />

- « Mathieu » appelle une jeune femme cachée <strong>de</strong>rrière la porte<br />

Il se retourne, l’attrape d’un bras, la serre contre lui et l’embrasse<br />

langoureusement. On dirait bien que ma gran<strong>de</strong> déclaration se barre un peu en<br />

sucette !<br />

Je ne vois que quelques mèches <strong>de</strong> la jeune femme mais pas besoin d’être un génie<br />

en physique quantique pour comprendre ce qui ce passe. Il m’a remplacée d'un<br />

claquement <strong>de</strong> doigt. Vous me direz, je n’ai pas été très brillante dans la lecture <strong>de</strong>s<br />

indices <strong>de</strong>puis notre <strong>de</strong>rnière entrevue.<br />

- Un téléphone toujours éteint, <strong>de</strong>s baragouinages d’excuses sur un répon<strong>de</strong>ur,<br />

aucune nouvelles <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> huit jours…<br />

11<br />

0


Mesdames, sachez le, toutes ces choses riment avec les verbes ‘‘Tromper’’,<br />

‘‘Larguer’’, ‘‘Cocufier’’, ‘‘Couillonner’’, ‘‘Dissimuler’’, ‘‘Entuber’’ et j’en passe….<br />

Evitons l’auto flagellation plus longtemps…<br />

Donc, si j’ai bien tout saisi : Mathieu, mon meilleur ami ‘‘mec’’, qui est <strong>de</strong>venu<br />

mon ‘‘amant’’ dans un moment d’égarement et qui après m’avoir déclaré sa flamme<br />

cachée et son amour éperdu et ce, <strong>de</strong>puis notre première rencontre soit, près <strong>de</strong> 10<br />

ans auparavant, m’a, en 10 jours seulement, remplacée et jetée pour aller se consoler<br />

dans les bras <strong>de</strong> la première grue <strong>de</strong> retour <strong>de</strong> migration !!!<br />

Ehhhhhhh.,.......... je reprends ma respiration!<br />

C’est un peu brouillon mais en gros, la situation est assez claire….<br />

Je me suis faite eue !!! N’oublions pas que Mathieu n’est pas du genre {<br />

collectionner les nenettes, d’ailleurs si avec Juju nous l’avons cru l’espace d’un<br />

instant homo, ce n’est pas franchement pour rien ! Il rattrape son retard où quoi ?<br />

<strong>Les</strong> larmes aux yeux, je remonte dans ma voiture. Il n’y a qu’une seule rue possible,<br />

je n’ai pas le choix, je dois passer <strong>de</strong>vant lui…<br />

Je me sens meurtrie, désespérée et ça, ce n’était pas prévu au programme.<br />

Essayons tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong> paraître digne face { l’adversité et avec <strong>de</strong> la chance, il<br />

ne fera même pas attention à moi.<br />

- « Papaaaaaaaaaa » hurle Léo { l’arrière<br />

La fenêtre, Bord……el <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> » hurlais-je dans ma<br />

tête. Crétine, tu as oublié <strong>de</strong> fermer cette put <strong>de</strong> fenêtre… Pour la<br />

discrétion, on repassera !<br />

Pauvre petit bonhomme, pour lui, tous les hommes sont ‘‘papa’’ et d’autant<br />

plus Mathieu qui est réellement le seul homme présent à ses côtés. Vous me<br />

permettrez d'exclure le Panda dans les ‘‘Homme présent { ses côtés’’. Passé 2<br />

semaines sans voir les enfants, il en oublierait presque leurs prénoms !<br />

Mathieu se retourne, nos yeux se croisent. Il lève la main, fait un pas vers nous.<br />

11<br />

1


Dans l’affolement, j’appuie sur l’accélérateur. Il est au milieu <strong>de</strong> la rue et me<br />

regar<strong>de</strong> partir. La femme en arrière plan, celle <strong>de</strong> la porte cochère….<br />

C’est Judith.!!!!!<br />

Je veux MOURIR !!!!<br />

11<br />

2


Un singe en hiver<br />

Que Mathieu m’abandonne sans crier gare est une chose… Une chose pas<br />

cool du tout, mais une chose pas cool que j’accepte ! Mal, très mal, il faut bien<br />

l’avouer mais aux <strong>de</strong>rnières nouvelles, nous n’étions ni mariés, ni rien du tout,<br />

juste <strong>de</strong>s amis. Et <strong>de</strong>s amis qui baisent, <strong>de</strong>s fois, ça arrive ! Alors, si on va par là,<br />

effectivement il ne me <strong>de</strong>vait rien. Seulement, je le trouve un tantinet gonflé <strong>de</strong> me<br />

faire la gran<strong>de</strong> scène du 2 sur l’Amour <strong>de</strong> sa vie et tout le tralala. Vous me direz, je<br />

n’avais qu’{ être un peu plus explicite sur mes sentiments.<br />

Sauf que, je n’imaginais pas une secon<strong>de</strong> qu’il me faudrait jouer à qui répondra le<br />

plus vite.<br />

Un spécial ‘‘Question pour un champion’’ <strong>de</strong>s sentiments’’<br />

- «Top! Je suis un amoureux transi, fou <strong>de</strong> <strong>Sophie</strong>, je suis, je suis ??? »<br />

- Ah ! Troooop tard, <strong>Sophie</strong>. Nous passons à la candidate suivante.<br />

- La question est pour vous, Judith…<br />

- Top! Après avoir mené <strong>Sophie</strong> par le bout du nez, m’être jeté dans les bras<br />

<strong>de</strong> sa meilleur amie, je suis, je suis …..»<br />

Comme sentiments version éphémère, je crois que l’on n’a pas fait mieux<br />

<strong>de</strong>puis longtemps. Il m’a fait le remake d’une amourette <strong>de</strong> vacances, sans<br />

vacances. S’il savait d’emblée où nous allions à quoi rimait donc un tel bourrage <strong>de</strong><br />

mou ?<br />

« Ne sois pas embarrassée avec moi, nous ferons ce que tu veux. Cela ne<br />

11<br />

3


changera rien et blablabla et blablabla. »<br />

‘‘Bourrage <strong>de</strong> mou’’… Quelle métaphore épouvantablement humiliante …Elle était<br />

toute trouvée celle la …En plein dans le mille, Emile !<br />

- « Blabla, l’amour que j’ai pour toi, blabla …»<br />

‘‘Mon cul sur la commo<strong>de</strong>’’, oui! Moi, ce que je voulais, c’était juste un peu <strong>de</strong><br />

temps. Lui, ne m’a laissé pas plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux secon<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> réflexion avant<br />

d’aller se faire consoler dans les bras <strong>de</strong> ma meilleure amie… C’est moche !!! Archi<br />

moche et même plus encore….<br />

Elle va lui faire son numéro <strong>de</strong> haute voltige et si elle ne le jette pas en<br />

même temps que le préservatif, il aura <strong>de</strong> la chance !<br />

Tu me diras, à la différence <strong>de</strong> moi qui me suis faite avoir comme une bleue, lui, il<br />

sait où il met les pieds ! Enfin, si je puis dire…<br />

C’est comme emmener Popol au cirque…. Joie, gaieté et frissons assurés !<br />

Booohhhh, que je suis vilaine, la colère me fait dire <strong>de</strong>s choses affreuses.<br />

J’optais donc pour la Métho<strong>de</strong> Couet :<br />

« Je m’en bats les couilles avec une chaussette { clou<br />

Je m’en bats les couilles avec <strong>de</strong>ux chaussettes { clou<br />

Je m’en bats les couilles avec trois chaussettes { clou … »<br />

Ça marche pas du toutttttttttttttttttt.<br />

« Sois raisonnable, ma fille. Des fois, t’es la mouche, <strong>de</strong>s fois, t’es le pare brise et l{,<br />

honnêtement, tu te trouves plutôt côté pare brise ! Faut t’y faire ! »<br />

Léo n’a rien comprit. Je lui ai fait faire un tour <strong>de</strong> voiture en le bourrant <strong>de</strong><br />

pain pour, en finalité, redémarrer au nez d’un tas <strong>de</strong> gens qu’il aime bien. Il n'est<br />

pas content du tout, et se met à pleurer à son tour.<br />

Ce sont les yeux rougis, que nous rentrâmes tout <strong>de</strong>ux à la maison.<br />

Mon portable sonne une première fois, c’est Mathieu. Il me laisse un message.<br />

11<br />

4


Mon portable sonne une <strong>de</strong>uxième fois, c’est Judith. Elle me laisse un<br />

message. Et ainsi <strong>de</strong> suite, jusqu’{ ce que j’apprenne { voler { cet engin <strong>de</strong><br />

malheur…Voil{.<br />

Maintenant que j’ai résolu mes problème <strong>de</strong> téléphonie, je vais pouvoir me<br />

concentrer sur MOI, me lamenter sur MON sort, faire tout tourner autour <strong>de</strong> MON<br />

nombril et pleurer avec MES yeux...<br />

Léo a sombré dans la sieste, MOI dans la bouteille <strong>de</strong> Gin accompagné <strong>de</strong><br />

kleenex entre <strong>de</strong>ux gorgées. Cependant, je dois admettre l’évi<strong>de</strong>nce, cela n’a pas<br />

l’air <strong>de</strong> me faire du bien mais alors pas du tout ! Pire, en plus <strong>de</strong> passer directement<br />

<strong>de</strong> l’œsophage { la vessie en évitant la case estomac, je sens monter<br />

subrepticement la migraine { pas <strong>de</strong> loup…<br />

Sa mère la pute !!! (Que l’on se comprenne bien, je parle <strong>de</strong> la migraine)<br />

« J’en ai marrrrrrrrrrrrrre » hurlais je <strong>de</strong> désespoir<br />

- « Mamamamamaaaaaaaaa » me répondit Léo<br />

Eh mer<strong>de</strong>, je n’arrive même pas { gar<strong>de</strong>r mon gosse endormi avec mes<br />

bêtises…. Bon, si je n’arrive pas à attaquer <strong>de</strong> front, ma vie <strong>de</strong> mère et ma vie <strong>de</strong><br />

femme, je vais me jeter { corps perdu, soit dans la maternité et m’occuper<br />

uniquement <strong>de</strong> ma progéniture, soit dans la luxure la plus totale et les har<strong>de</strong>urs du<br />

porno passeront pour <strong>de</strong>s fillettes à côté <strong>de</strong> moi….<br />

Mon choix est vite fait :<br />

Adieu, Veaux, vaches, cochons, amoureux, libido et féminité…<br />

Bonjour couches culottes, genoux écorchés et nez { moucher…<br />

11<br />

5


Mère à temps plein<br />

Je ne me sens pas vraiment faite pour une vie <strong>de</strong> débauche. Il faut bien<br />

avouer que je ne me sens pas plus être mère à temps complet. Mais au moins, cela<br />

m'est plus naturel que d’aller zoner dans les clubs échangistes. Et seule, je ne<br />

risque pas d'échanger grand-chose…<br />

Déj{ qu’affublée d’un string, je me sens ridicule alors, d’une combi pur latex<br />

{ lanières... n’en parlons pas ! Cela fait près <strong>de</strong> 3 jours que mes ex meilleurs amis<br />

saturent mon répon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> maison et qu’ils ont lancé <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s { celui qui<br />

réussirai à me faire ouvrir la porte.<br />

J’ai expliqué { Margot que nous jouions à 1, 2, 3, soleil avec la sonnette <strong>de</strong> la porte,<br />

et que, quand celle-ci retentit, il ne faut plus bouger ou t’as perdu. Je ne suis pas<br />

très fière <strong>de</strong> ma lâcheté mais je n’ai pas encore trouvé l’énergie nécessaire pour<br />

crever l’abcès. Avec un peu <strong>de</strong> chance, ils finiront sûrement par se lasser, qui sait…<br />

Mon ren<strong>de</strong>z vous ANPE est enfin déterminé avec une date fixe. J’ai enfin le<br />

nom <strong>de</strong> mon conseiller :<br />

Corinne Le Tellier. Loupé pour le décolleté plongeant… Il va me falloir<br />

trouver une autre technique d’approche. Le coup <strong>de</strong> la séduction m’a l’air un peu<br />

compromis, { moins qu’elle ne soit un Raymond qui s’ignore. Très honnêtement<br />

mon pourcentage <strong>de</strong> chance pour que ma conseillère soit côté gazon est plus que<br />

mal barré, soyons sérieux ! Je choisis par conséquent un tailleur simple et sobre.<br />

Pas trop quand même, on ne sait jamais, au cas où elle s'appellerait aussi un peu<br />

Raymon<strong>de</strong>…<br />

11<br />

6


9h00,<br />

J’ai réussi { coller Léo { son ancienne nourrice, ravie <strong>de</strong> le revoir, et j’arrive juste {<br />

l’heure.<br />

Munie <strong>de</strong> toute ma pile <strong>de</strong> recherche d’emploi, je me présente { l’accueil. J’aime<br />

voir l’hôtesse se pencher discrètement pour noter l’heure exacte <strong>de</strong> mon arrivée.<br />

Devant mon sourire ironique, elle m’explique qu’arriver en retard ferait cumuler<br />

<strong>de</strong> mauvais points. Cela pourrait être un motif <strong>de</strong> radiation.<br />

9h47,<br />

En revanche, la ponctualité n’a pas l’air d'être son fort { cette Corinne. Elle doit<br />

penser que je n’ai que ça { faire, le planton { l’ANPE. Je retourne { l’accueil et<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> agacée { l’hôtesse:<br />

-"Si les conseillers sont en retard, eux aussi bénéficient <strong>de</strong> sanctions?".<br />

Apparemment, j’ai posé le doigt l{ où ça fait mal, car les autres personnes qui<br />

atten<strong>de</strong>nt, grommellent et me gratifient d’un large sourire… Comment peuvent ils<br />

avoir une heure <strong>de</strong> retard alors que le premier ren<strong>de</strong>z vous est à 9h00 précise ?<br />

Très certainement l'urgence d'une pause café récalcitrante !<br />

Gênée et alors qu’elle s’apprête { la relancer, un homme se présente avec mon<br />

dossier.<br />

9h53,<br />

C’est une bonne moyenne !<br />

Avec près d’une heure <strong>de</strong> retard, un ren<strong>de</strong>z vous tous les mois et ce durant 23<br />

mois, le tout multiplié par leur nombre <strong>de</strong> chômeurs, moi, je dis qu’{ ce rythme,<br />

c’est conseiller ANPE que je vais viser comme boulot. Je rentre dans un bureau<br />

suivi <strong>de</strong> ma conseillère qui n’est ni une femme ni une Corinne….mais un Jean-<br />

Jacques. Je sors mon plan <strong>de</strong> secours et déboutonne discrètement <strong>de</strong>ux boutons <strong>de</strong><br />

mon chemisier. Je sais, ce n’est pas très reluisant, mais aux grands remè<strong>de</strong>s, les<br />

grands maux !!!<br />

Sans lever le nez <strong>de</strong> son ordinateur, il commence l’interrogatoire.<br />

- « Bien, bien, bien…Je suis votre conseiller remplaçant, Corinne prendra contact<br />

avec vous dès son retour <strong>de</strong> dépression.<br />

11<br />

7


Vous êtes le n° 2348965220 et vous recherchez du travail »<br />

- «Non, j’ai vu <strong>de</strong> la lumière et je suis entrée. »<br />

- « Je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pardon ? » toujours prostré dans son fauteuil<br />

- « Excusez moi, je plaisantais. En fait, votre analyse est assez juste » lui répondis<br />

je, consternée par sa clairvoyance<br />

- « Vous avez cherché quelque chose <strong>de</strong>puis ? »<br />

- « Bien sûr ! » mentis je, effrontément.<br />

- « Pourrais je me servir <strong>de</strong> vos recherches et dire que c’est moi qui vous ai<br />

trouvé les annonces ? » avec toujours le nez sur son écran<br />

- Moi, éberluée: « Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z <strong>de</strong> justifier <strong>de</strong> VOTRE travail par mes<br />

propres recherches ? ».<br />

- Lui, sans se démonter: « En gros….c’est ça !!! »<br />

- « Ben, faites donc… »<br />

- « Bon, { dans un mois. Et continuez, c’est parfait »<br />

- « Et c'est tout ? »<br />

- « Bah oui… » me dit il l’œil aussi expressif qu’une branche <strong>de</strong> céleri<br />

La prochaine fois, je me présenterai avec une plume dans l’arrière train ou du<br />

persil dans les narines, je suis presque certaine qu’il ne se rendra compte <strong>de</strong> rien…<br />

10h02,<br />

On croit rêver !!! J’ai poireauté près d’une heure pour seulement neuf minutes <strong>de</strong><br />

ren<strong>de</strong>z vous. Tout ça pour en fin <strong>de</strong> compte, me taper le boulot d’un glandu <strong>de</strong><br />

l’administration, incapable <strong>de</strong> justifier ses heures <strong>de</strong> présence… Bref, je ne me<br />

démonte pas et, <strong>de</strong>vant une si belle journée, délivrée pour un mois <strong>de</strong> cette corvée,<br />

je déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner chercher mon fils et <strong>de</strong> passer { l’école récupérer Margot<br />

pour un pique nique improvisé. Elle va être enchantée !<br />

Arrivée { l’école, je suis alpaguée par la maîtresse…Tiens donc !<br />

11<br />

8


Elle me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si, vu ma situation professionnelle, il me serait possible <strong>de</strong><br />

me libérer un après midi le mois prochain pour accompagner la classe lors d'une<br />

sortie éducative. Je détecte là une once d'ironie!<br />

Prise au dépourvu, je ne peu cacher l’aversion qui me gagne. Je m’imagine assise<br />

dans un autocar, { tenir les sacs { vomi d’une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> mioches, hurlant <strong>de</strong>s<br />

chansons d’Hugues Aufray. « J’ai la guitare qui me démange, alors je gratte un petit<br />

peu… » Ah non ça, c’est Duteil….<br />

Tout mais pas ça, même pour le bonheur <strong>de</strong> mon enfant…. Ce même enfant<br />

accroché { ma jambe, et qui me regar<strong>de</strong> l’œil humi<strong>de</strong> et suppliant….<br />

- « Mais enfin, relativisez, qu’est ce que <strong>de</strong>ux heures dans une journée ?<br />

Il y a bien <strong>de</strong>s gens qui en font leur métier, vous savez ! » Me rétorque la Maîtresse<br />

quelque peu courroucée.<br />

- « J’imagine qu’ils sont tous maso, et cette forme d’expérience ne me tente pas<br />

le moins du mon<strong>de</strong> !<br />

- « Quand même, vous y allez un peu fort… »<br />

Je laissai là, le corps enseignant à ses récriminations, et pris la poudre<br />

d’escampette avec une Margot toujours scotchée au mollet. Pourtant, je dois bien<br />

l'avouer, dans mon nouveau rôle <strong>de</strong> maman à temps complet, je crois bien qu'il<br />

faudra que j'inclue les sorties scolaires. Sauf que là, je ne suis pas encore prête<br />

psychologiquement….<br />

Pour détendre l’atmosphère, j’annonce aux enfants, notre sortie surprise.<br />

Nous partons récupérer Chouquette, et en route pour Fontainebleau et ses cailloux.<br />

11<br />

9


Fontainebleau<br />

Partir en pique nique avec mes enfants est toujours une véritable<br />

expédition.<br />

Léo ne mange rien <strong>de</strong> froid et trouver un micro on<strong>de</strong> entre <strong>de</strong>ux rochers me semble<br />

un peu compromis. Margot elle, ne mange rien <strong>de</strong> chaud, ce qui est plutôt idéal<br />

pour un déjeuner improvisé.<br />

Pour ma part, n’ayant toujours pas digéré le coup <strong>de</strong> ‘‘J’te quitte pour ta<br />

copine’’, je suis sans grand appétit. Nous nous arrêtons { une petite superette du<br />

coin pour acheter tomates cerise, jambon, baguette, ainsi qu’une dizaine <strong>de</strong> petits<br />

suisses qui feront la joie du loulou.<br />

Ils mangeront mieux ce soir !<br />

Chouquette est ravie, elle gamba<strong>de</strong> joyeusement. Je suis un peu étonnée <strong>de</strong><br />

la voir en si bonne forme, vu ses formes ! Nous trouvons une petite clairière sympa,<br />

sans trop <strong>de</strong> risque, et je laisse tout ce petit mon<strong>de</strong> vivre sa vie. Margot partage la<br />

barquette <strong>de</strong> tomates avec les fourmis du coin, Léo patouille dans les petits suisses<br />

à <strong>de</strong>ux mains, enfin, Chouquette est hors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong> vue. Moi, vilaine que je suis,<br />

je nous imagine quitter en catimini la forêt et abandonner là, la grosse din<strong>de</strong> à une<br />

meute <strong>de</strong> loups affamés. Mais, dans la région, ils se font rares. Je reste donc assise à<br />

rêvasser.<br />

M’apercevant que cela fait un petit moment que je n’entends plus rien et, qu'en<br />

règle générale, cela rime le plus souvent avec bêtises, je me précipite à la recherche<br />

<strong>de</strong> ma tribu.<br />

Margot sort affolée <strong>de</strong>s arbustes, les mains couvertes <strong>de</strong> sang. Prise <strong>de</strong> panique, je<br />

la regar<strong>de</strong> <strong>de</strong> partout et constate que ce sang n'est pas le sien. Je l’assaille <strong>de</strong><br />

questions sans même écouter les réponses…<br />

12<br />

0


Ça y est, il est arrivé un drame, mon fils, quelque part dans cette foret hostile, les<br />

entrailles arrachées par un ours ou pire par ….<br />

Des éclats <strong>de</strong> rire retentissent.<br />

Je retrouve mon Léo, sain et sauf, au beau milieu <strong>de</strong>s fougères, à<br />

tripatouiller les fesses <strong>de</strong> Chouquette. C’est { ce moment l{ précis, que je la vois<br />

pousser et nous sortir un truc tout gluant et tout ensanglanté. Terrorisée, elle se<br />

lève et se met à tourner en rond avec un nouveau bidule qui lui pendouille <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssous la queue…<br />

Il ne manquait plus que çà !<br />

Rassurée malgré tout, je canalise les <strong>de</strong>ux apprentis véto sur un rocher et<br />

essaie tant bien que mal <strong>de</strong> coucher le chien sur le flanc. Elle vient <strong>de</strong> nous pondre<br />

<strong>de</strong>ux nouvelles boules visqueuses, ce qui fait au total, 4, presque chiots… Je dis<br />

presque, car une fois les engins expulsés, plus rien ne se passe ! Devant un tel<br />

manque <strong>de</strong> réaction, je me vois dans l’obligation <strong>de</strong> prendre la situation en main.<br />

J’envoie Margot me chercher la nappe ainsi que la bouteille d’eau "qui pique" et le<br />

couteau en plastique. Si Mac Giver était capable avec un chewing gum et un<br />

trombone <strong>de</strong> faire démarrer une voiture, un accouchement en forêt ne <strong>de</strong>vrait pas<br />

m'effrayer!<br />

Je perce la poche du premier chiot, le frictionne avec la nappe, le confie à<br />

Margot et ainsi <strong>de</strong> suite. Un pour Léo, un pour sa sœur, un pour Léo, etc.….<br />

- « Je veux bien t’ai<strong>de</strong>r ma gran<strong>de</strong> mais il est hors <strong>de</strong> question que je bouffe le<br />

placenta, suis-je assez claire ! »<br />

- « Manman, manman, le mien, il respire pluuuusssss…Fais quelque<br />

choseeeeeeeee » m’implore Margot en larmes, ce qui fait pleurer Léo { son tour.<br />

Ni une ni <strong>de</strong>ux, j’attrape le bébé aux poils collés et commence { lui souffler<br />

doucement dans le museau. L’espace d’un instant, j’ai un vieux relent tièdasse<br />

d’o<strong>de</strong>urs féti<strong>de</strong>s et l’image peu ragoûtante en arrière plan <strong>de</strong> la nénette humi<strong>de</strong> et<br />

chiffonnée <strong>de</strong> mon chien. Haut le coeur et moment <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>….<br />

Allez quand il faut y aller, faut y aller. Si j’avais fait Kho Lanta, ils m’auraient fait<br />

bouffer <strong>de</strong>s trucs dix fois pire !<br />

1, 2, 3, souffle, 1, 2, 3, souffle, 1, 2, 3, souffle.<br />

Le chiot se remet à gigoter. Youpi, il est sauf ! <strong>Les</strong> enfants, fous <strong>de</strong> joie, me<br />

12<br />

1


sautent au cou et, dans l’élan, me font glisser sur une <strong>de</strong>s poches toute<br />

crado…Beurk ! Chouquette, elle, entre <strong>de</strong>ux léchages <strong>de</strong> moule, me gratifie d’une<br />

grosse léchouille <strong>de</strong> remerciement….Re-beurk !!!<br />

Dans l’affolement général, je ne me suis pas aperçue que le jour commençait<br />

à tomber. Il ne manquait plus que ça! Pour l’heure, elle n’en a pondu que 4, et il en<br />

reste 4 autres { venir…normalement.<br />

Bien évi<strong>de</strong>ment, je ne peux joindre personne puisque je n'ai plus <strong>de</strong> téléphone<br />

portable.<br />

À part un briquet, une couverture et une poussette, je ne vois pas bien avec quoi et<br />

surtout comment me sortir <strong>de</strong> ce pétrin.<br />

Margot a une idée épatante. Nous enroulons la chienne avec ses bébés dans la<br />

couverture et hop, le tout dans la poussette.<br />

22h12, Ma maisonnnnnnn………<br />

Je vous passerai les détails d'un retour cauchemar<strong>de</strong>sque, entre enfants,<br />

poussette avec meute <strong>de</strong> chiens à traîner, tout ça au beau milieu <strong>de</strong>s rochers,<br />

arbres et racines <strong>de</strong> Fontainebleau. Bien évi<strong>de</strong>mment nous nous sommes perdus;<br />

bien évi<strong>de</strong>mment nous avons dû nous arrêter toutes les dix minutes pour l’arrivée<br />

d’un nouveau bébé; bien évi<strong>de</strong>mment le tout dans le noir le plus complet, et enfin,<br />

bien évi<strong>de</strong>mment avec <strong>de</strong>ux gosses courant partout et un abruti qui m’a collé <strong>de</strong>s<br />

cailloux plein mon chemin….Un calvaire !!!<br />

La prochaine fois que vous m’enten<strong>de</strong>z avoir <strong>de</strong>s idées dans ce genre là, aliénez<br />

moi, s’il vous plait…<br />

12<br />

2


Résultat <strong>de</strong>s courses :<br />

- 1 genou écorché pour Léo<br />

- 1 jambe couverte d’échar<strong>de</strong>s pour Margot<br />

- 2 cloques aux doigts pour moi (because, vieux briquet pourri, datant du premier<br />

concert <strong>de</strong> Bruel)<br />

- 1 poussette dézinguée<br />

- mon coffre <strong>de</strong> voiture tout dégueulassé<br />

- et le pompon <strong>de</strong> la pomponette, attention….........….12 chiots<br />

Qui dit mieux ???<br />

12<br />

3


Presque normal<br />

En ce moment, nous sommes dans une pério<strong>de</strong> d’accalmie. J’emmène<br />

Margot { l’école, je m’occupe <strong>de</strong> Léo toute la journée, je joue { la parfaite petite<br />

ménagère, je retourne { l’école chercher Margot, je les fais manger et prendre leur<br />

bain, je les couche, je somnole <strong>de</strong>vant une débilité à la télé et vais me coucher à<br />

mon tour. Je ne pense { rien. Faire la tête pleine d’eau, parfois, ça repose !<br />

L’épiso<strong>de</strong> d'"Urgences" en forêt a eu lieu, il y a plusieurs semaines déjà et,<br />

comme prévu, je n’ai pas une minute { moi. Côté Chouquette, sa fibre maternelle lui<br />

a fait prendre mes enfants sous son aile où plutôt sous sa patte. Je les surnomme<br />

Remus et Romulus. Vu le nombre, elle n’est plus { <strong>de</strong>ux gosses près. C’est drôle,<br />

moi, ça ne m’a pas fait ça du tout, mais alors PAS …. DU …..TOUT.<br />

Même que si j’avais pu, j’aurais rendu les miens…<br />

Comme prévu, je ne fais plus le ménage pour rien. Je peux même dire que la<br />

chance va enfin me sourire, vu le nombre <strong>de</strong> fois par jour où je marche dans la<br />

mer<strong>de</strong>. J’ai environ une chaussure sur <strong>de</strong>ux encore potable, une déco du tonnerre {<br />

base <strong>de</strong> papier journal dans toute la maison et <strong>de</strong>s chiots qui ont assiégé lits,<br />

fauteuils et canapé. Pour ce qui est <strong>de</strong>s enfants, ils ne veulent plus dormir sans<br />

leurs douze doudous sur pattes. Chouquette, quant { elle, n’a toujours pas intégré<br />

que les pets, c’était acceptable avant <strong>de</strong> mettre bas, pendant si elle voulait, mais par<br />

pitié…….<br />

Plus après !!!<br />

Le mot d’ordre est que le premier levé ouvre toutes les fenêtres. D'un côté,<br />

ce qui est bien, c’est que nous <strong>de</strong>vançons sérieusement le printemps. Vous<br />

comprendrez que dans <strong>de</strong> telles circonstances, je me suis vu doubler mon budget<br />

fringues en y ajoutant un stock conséquent d’écharpes, <strong>de</strong> moufles et <strong>de</strong> bonnets<br />

12<br />

4


sans oublier nos amis Kleenex accompagnés <strong>de</strong> leur cousin, cousine paracétamol et<br />

crème pour nez rouge… La maison n’a jamais été aussi bien aérée...les enfants y<br />

compris !<br />

Dans toute cette histoire, il m’a fallu retrouver le Panda et la chose n’a pas<br />

été facile. Il était en tournée avec les ‘‘Bétonneuses en folie’’ dans <strong>de</strong>s bleds <strong>de</strong><br />

France que je ne connaissais pas. D’ailleurs, je mets au défi quiconque <strong>de</strong> les<br />

connaître car { part les natifs du coin…. Je vois pas….<br />

Bref, je ne me suis pas gêner pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une pension alimentaire<br />

supplémentaire. Un chien est une chose, mais 13, il ne faut pas abuser !<br />

Vous me direz, j’aurai pu leurs payer un aller simple chez le véto, ou les oublier<br />

dans les bois. Mais là, il aurait fallu affronter mes <strong>de</strong>ux gosses qui auraient saturé le<br />

standard du 119.<br />

Quoi qu’il en soit, le Panda, nous l’a joué grand seigneur avec une rallonge <strong>de</strong> 30 €<br />

par mois. Avec toute cette petite fortune, je vais pouvoir tripler notre pouvoir<br />

d’achat en croquettes, j’en suis certaine. Qui a dit qu’il était radin ?<br />

La conversation a vite dévié sur le drame familial touchant nos <strong>de</strong>ux aînés.<br />

- « Comment ta sœur a t’elle pu fourvoyer ainsi mon Saint frère? »<br />

- « Je tiens tout <strong>de</strong> même { te rappeler que ton ‘‘Saint frère’’ n’a pas eu<br />

besoin <strong>de</strong> ma sœur pour faire partie du club très sélect <strong>de</strong>s ‘‘Elites du cul’’ <strong>de</strong> sa<br />

paroisse. Je te rappelle aussi, notre <strong>de</strong>rnier Noël et sa ‘‘Lourdingue Attitu<strong>de</strong>’’ sur<br />

tout ce qui pouvait tourner autour du cul et <strong>de</strong> tout ce qui ne tournait pas mais qui<br />

aurait pu tourner. Sans oublier, ses bons, ses judicieux et ses INOUBLIABLES<br />

conseils sur ‘‘comment me faire grimper aux ri<strong>de</strong>aux sans les mains’’ ! »<br />

Là, il est parti dans une litanie sur les privations, les frustrations, avec en plus<br />

l'imagination toujours plus sollicitée par notre société <strong>de</strong> consommation et, tout le<br />

tintouin lié aux voeux <strong>de</strong>s hommes d’église.<br />

A ça, je rétorque que personne ne l’avait condamné { cette vie d’ascète. Son<br />

existence <strong>de</strong> cureton, façon abbé du moyen âge, n’avait pas l’air d’être ni trop<br />

pesante, ni trop frustrante et encore moins privée d’imagination ! Si je me souviens<br />

bien, il y avait il n’y a pas si longtemps, une Sœur Bénédicte avec qui il ne <strong>de</strong>vait<br />

pas enfiler que <strong>de</strong>s perles… vu l’œil salace qu’il nous faisait { chaque fois qu’il<br />

prononçait son nom.<br />

12<br />

5


A court d’arguments, le Panda a bien vite prétexté l’arrivée d’un bus <strong>de</strong><br />

groupies venant lui arracher <strong>de</strong>s autographes. Des autographes….au moins tout ça !<br />

Certainement <strong>de</strong>s autochtones en manque <strong>de</strong> grands frissons et, avec ‘‘<strong>Les</strong><br />

Défonceurs <strong>de</strong> Béton’’, elles allaient être servies !<br />

Ce coup <strong>de</strong> fil avec le Panda me fit réaliser que, je n'avais pas pris <strong>de</strong><br />

nouvelles <strong>de</strong> ma soeur <strong>de</strong>puis son effondrement cataclysmique et l'horrible<br />

révélation. Quelle <strong>de</strong>vait être mon attitu<strong>de</strong> ? En sœur prévenante, j’aurai peut être<br />

dû l’appeler.<br />

Vu nos relations <strong>de</strong> toujours, je crois que je vais plutôt tenter une approche<br />

contournée. Me renseigner, mais sans trop me mouiller ! Voil{ une manœuvre<br />

plutôt rusée, sans trop <strong>de</strong> rebondissements à la clé enfin, espérons le.<br />

Et puis après tout, chacun ses problèmes <strong>de</strong> couple.<br />

Pour moi, merci, y a pléthore!<br />

Entre mon Ex chéri aussi père <strong>de</strong> mes enfants, mon nouveau futur Ex mais<br />

aussi Ex meilleur copain et Ex chéri <strong>de</strong> 3 minutes, ma nouvelle Ex meilleure et plus<br />

vieille copine…<br />

Si en plus, je dois aller me mêler <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s autres…<br />

Ça va bien, maintenant, je vais finir misanthrope avec tout ça!<br />

Sur ce, je décroche le combiné, appelle ma mère avec l’espoir secret <strong>de</strong><br />

tomber sur le répon<strong>de</strong>ur.<br />

…….. Bip….…bip……..bip<br />

« Vous êtes bien….. »<br />

Yessssssssss !!!!!!!!!!!!!<br />

- « Maman, c’est <strong>Sophie</strong>. Je me faisais du souci pour vous tous et je voulais avoir<br />

<strong>de</strong> vos nouvelles. Je vous embrasse, rappelles moi. »<br />

Quel faux cul! Je ne suis pas bien fière… Être heureuse d’avoir un répon<strong>de</strong>ur<br />

comme interlocuteur à la place <strong>de</strong> sa mère est bien la preuve d'une insensibilité<br />

certaine.<br />

12<br />

6


Je me transforme petit à petit en MONSTRE d’égoïsme, et j’ador !!!<br />

Turpitu<strong>de</strong>s<br />

- « Manman, y me fait plus trop trop rigoler ton zeu, ze le trouve même presque<br />

débile ! Ze veux plus zouer à casse casse avec Zuzu et Mathieu ! Même que ze<br />

veux les voir et les voir tout <strong>de</strong> suite ! »<br />

Je restais là, interdite, face à une Margot cramoisie par la rage. Perdue dans<br />

mon océan <strong>de</strong> rancœur, je n’avais pas pensé un instant aux conséquences, en<br />

coupant les ponts avec les <strong>de</strong>ux personnes les plus proche <strong>de</strong> mes enfants. Un<br />

MONSTRE d’égoïsme, vous dis-je…. Sauf que l{, l’idée me semble tout <strong>de</strong> suite<br />

moins sympathique….<br />

- « Très bien ma chérie mais laisses moi un poil me remettre, je suis au bord <strong>de</strong><br />

l’apoplexie… »<br />

- « Apopletie quoi ??? » me <strong>de</strong>manda t’elle l’œil rond<br />

- « Xie, xie… »<br />

Évi<strong>de</strong>ment elle n’avait rien comprit mais pour elle, la réponse était claire,<br />

elle allait les revoir, c’était la seule chose qui lui importait. Elle me sauta au cou et<br />

sa grosse colère disparu aussi vite qu’elle était arrivée.<br />

Ce fut la même chose pour moi avec l’arrivée fulgurante d’une grosse<br />

migraine. Je fus frappée <strong>de</strong> ‘‘Mélancolie foudroyante’’, une espèce très rare, si<br />

virulente qu’elle ferait se suici<strong>de</strong>r vos propres cheveux un par un, tellement vous<br />

avez le bourdon. D’ailleurs, levez le nez un instant et regar<strong>de</strong>z autour <strong>de</strong> vous le<br />

nombre <strong>de</strong> personnes souffrant <strong>de</strong> calvitie naissante….<br />

12<br />

7


Ah! vous voyez…. Et vous pourrez vite comprendre que la grippe aviaire {<br />

côté <strong>de</strong> ce fléau n’est que roupie <strong>de</strong> sansonnet<br />

Comment vais-je me sortir <strong>de</strong> ce pétrin ?<br />

Ignorer à vie, ces <strong>de</strong>ux traîtres m’allait pourtant très bien. Mon processus<br />

d’oubli étant quelque peu retardé, je suis dans l’obligation <strong>de</strong> trouver une solution<br />

recta, si je ne veux pas subir le courroux <strong>de</strong> ma fille.<br />

Je sais ce que vous allez dire et en temps normal, je réagirais <strong>de</strong> la même manière.<br />

« Non, un enfant n’a pas { exiger! »<br />

Mais vu la boule <strong>de</strong> bowling qui a prit pour cible mes <strong>de</strong>ux lobes frontaux, je ne me<br />

sens pas d’attaque { encaisser un nouvel assaut <strong>de</strong> fureur <strong>de</strong> Miss Margot<br />

accompagné <strong>de</strong> Mister Cris et <strong>de</strong> ses petits frères Tapage <strong>de</strong> pieds !!!<br />

Comment pour le bonheur, la joie et l’équilibre <strong>de</strong> la chair <strong>de</strong> ma chair,<br />

Vais je me sortir <strong>de</strong> cette ?<br />

Au bord <strong>de</strong> la défenestration, mais <strong>de</strong> mon rez-<strong>de</strong>-chaussée ça va pas le<br />

faire, je me lançais à corps perdu dans l’élaboration d’un stratagème plus efficace<br />

afin <strong>de</strong> faire se retrouver tout ce beau mon<strong>de</strong>, sans moi au milieu pour jouer le chef<br />

d’orchestre, le tout avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir totalement chauve, rongée par une<br />

Mélancolite Aigue. Au bout <strong>de</strong> trente minutes, je n’avais toujours pas l’ombre d’une<br />

idée et la pela<strong>de</strong> se faisait déj{ sentir….. Je tournais comme un lion en cage dans le<br />

salon et décidais <strong>de</strong> sortir promener les fauves !<br />

Cela nous aèrera, et peut être qu’une idée lumineuse viendra me foudroyer pour<br />

me sortir <strong>de</strong> ce merdier sans nom…<br />

C’est ainsi que tractée par 13 chiens et 2 gosses, j’eue la brillante, très<br />

brillante inspiration : La sortie éducative !!!<br />

Voilà comment cela doit se passer.<br />

12<br />

8


Tout d’abord :<br />

1- Trouver un moyen <strong>de</strong> contacter Mathieu et Judith sans m’impliquer<br />

2- Trouver un moyen pour les faire participer à la sortie scolaire Surtout<br />

….sans m’impliquer<br />

3- Trouver un moyen pour qu’ils acceptent… toujours sans m’impliquer<br />

4- Trouver un moyen pour que la maîtresse LES accepte et ça c’est pas<br />

gagné…<br />

5- Bref, trouver un MOYEN !!!<br />

6- ??????????????<br />

Le matin suivant, toujours harcelée par mon petit truc { couettes, je m’attardais<br />

<strong>de</strong>vant la salle <strong>de</strong> classe, mine <strong>de</strong> rien, dans l’espoir que la Maîtresse finirait par<br />

venir me voir.<br />

Premièrement<br />

- Trouver un bon emplacement. Devant la porte me paraît très bien, je gène mais<br />

c’est pas grave, elle ne pourra pas me louper !<br />

Deuxièmement<br />

- Trouver ‘‘ LA ’’ bonne posture. Fumer ferait désordre, il va me falloir autre<br />

chose…. Ah oui, mes lacets…<br />

Genoux au sol et toujours au milieu <strong>de</strong> la porte, je laçais une chausssuurrree….<br />

Rien ne se passe côté maîtresse<br />

Laçage <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième chaussssuuuurrrreeee…. encore plus doucement ….<br />

Mer<strong>de</strong> qu’est ce qu’elle fout, je n’ai plus rien { lacer et je sens les gens autour tout<br />

tendus….. Ah si, voil{…<br />

12<br />

9


- « Pourrais je savoir pourquoi vous vous acharnez sur mes baskets à<br />

scratch ??? » me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un papa déconcerté.<br />

- « Euh, pardon, faites comme si je n’étais pas l{… » balbutiais je<br />

C’est étonnant, en temps normal, Chemisier { fleurs ne se fait pourtant pas prier<br />

pour venir me tenir la jambe et me déverser sa logorrhée d’intellectuelle blasée.<br />

J’étais d’ailleurs presque sûre qu’elle arriverait en courant….<br />

- « La maman <strong>de</strong> Margot ! » s’exclama la Maîtresse<br />

Ah, quand même! ! Un peu plus et les autres parents me passaient { tabac….<br />

Elle fût extrêmement étonnée <strong>de</strong> m’entendre lui proposer, d'un ton suppliant, mon<br />

ai<strong>de</strong> pour la future sortie scolaire.<br />

- « VOUS ???<br />

Et qu’avez-vous fait <strong>de</strong> votre allergie aux moins <strong>de</strong> dix huit ans ? »<br />

- « Disparue, envolée, j’ai eu comme une révélation,<br />

En fait, je les Adoooorrrrreeeee » lui répondis je, l’air <strong>de</strong>meuré.<br />

- « N’en faites pas trop tout <strong>de</strong> même, je ne sais pas ce qui vous a motivée mais<br />

cela me parait un peu ténébreux…. » me dit elle, l’œil inquisiteur.<br />

- « Votre méfiance est légitime mais je vous assure ne pas être un ‘‘Dutroux’’ en<br />

puissance, je veux juste faire plaisir à ma fille et tenir mon rôle <strong>de</strong> bonne<br />

mère ! »<br />

- « Hummmm »<br />

Je la sens septique, c’est pas gagné ! Il faut bien avouer, qu’en temps<br />

ordinaire, c’est plutôt le genre <strong>de</strong> truc que je fuis comme la peste. Vous savez bien,<br />

les gosses et moi, c’est comme mélanger ‘‘coca et menthos’’, ‘‘yaourt et jus<br />

d’orange’’ ou encore ‘‘ citron et Baileys’’, ou bien pire ‘‘Flics et Racailles’’…. Bref un<br />

Mélange Chimérique et détonnant!<br />

Elle fit mine <strong>de</strong> réfléchir trois secon<strong>de</strong>s et accepta, par dépit, n’ayant pas eu<br />

d’autres propositions <strong>de</strong> parents.<br />

A ces mots, je sautais sur l’occasion comme une meute <strong>de</strong> poux affamés sur<br />

13<br />

0


une tête d’enfant pour lui proposer l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ‘‘Mes <strong>de</strong>ux meilleurs amis’’, en qui<br />

j’avais vraiment toute confiance et qui seraient ravis <strong>de</strong> pouvoir donner la main dans<br />

une expérience aussi enrichissante que celle <strong>de</strong> visiter une …..<br />

- « Une quoi déjà ? »<br />

- « CHE…..VRE….. RIE »me répondit elle un brin agacée<br />

- « Oui, c’est cela, une chèvrerie….. Épatant ! »<br />

Elle fit mine <strong>de</strong> réfléchir <strong>de</strong> nouveau trois secon<strong>de</strong>s et accepta <strong>de</strong> nouveau<br />

par dépit étant donné la pénurie <strong>de</strong> bonnes âmes voulant tenir les fameux sacs à<br />

vomi entassés { l’arrière d’un bus sans clim, le tout assiégé par trente moutards<br />

survoltés. Elle me donna une convocation avec lieu et date, soit une semaine plus<br />

tard ainsi que celles conviant ‘‘Mes <strong>de</strong>ux meilleurs amis’’ en renfort. Maintenant<br />

que le petit 4 <strong>de</strong> mon plan était officiellement établi, je n’avais plus qu’{ reprendre<br />

dans l’ordre.<br />

Je sentais que la bataille allait être éprouvante….<br />

Surtout que je dois essayer DE ME SOUSTRAIRE en <strong>de</strong>rnière minute à ce<br />

cauchemar…<br />

13<br />

1


Mathieu, les biquettes et moi<br />

Très bien, et maintenant on fait quoi ?<br />

Assise comme une pauvresse dans mon canapé et, munie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres<br />

convocations, je n’ai plus qu’{ les contacter,... ces <strong>de</strong>ux meilleurs AMIS !<br />

Je décidais <strong>de</strong> me la jouer futé, et <strong>de</strong> me servir <strong>de</strong> mes talents cachés <strong>de</strong><br />

faussaire. En route pour une mission "top secret" à la photocopieuse <strong>de</strong> mon super<br />

U. Après avoir tapé <strong>de</strong>s courriers bidon { l’enseigne <strong>de</strong> l’école, je photocopiais,<br />

rephotocopiais et re-rephotocopiais pour un résultat plus que probant. Ils n’y<br />

verraient que du feu, et comme ils sont inscrits sur la liste <strong>de</strong>s personnes à<br />

contacter en cas <strong>de</strong> soucis, ils ne trouveront pas louche cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

participation { la vie scolaire <strong>de</strong> leur petite poule … du moins je l’espère !<br />

Je n’avais plus qu’{ leur envoyer les lettres et { croiser les doigts pour que<br />

ça marche. J’allais même jusqu’{ mouilloter les timbres { l’ai<strong>de</strong> d’une éponge pour<br />

éviter un recoupement ADN, si l’envie leur en venait. L{ <strong>de</strong>ssus, un petit coup <strong>de</strong> fil<br />

<strong>de</strong> Margot et le tour serait joué.<br />

<strong>Les</strong> lettres expédiées, j’appelais ma fille et composais le numéro <strong>de</strong> Mathieu,<br />

une boule { l’estomac. Margot s’en sortie comme une chef ou presque, jusqu’au<br />

moment où il dû lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si j’étais { ses cotés, et qu’elle me tendit le<br />

téléphone. Je fis le coup du tunnel et m’empressais <strong>de</strong> raccrocher ! Nous fîmes la<br />

même chose pour Judith. Rebelote, Margot me tendit le téléphone et re-rebelote le<br />

coup du tunnel, je raccrochais sans un mot.<br />

Cette semaine fût, je crois bien, la plus longue <strong>de</strong> ma vie. Pourquoi n’avais-je<br />

pas fait les choses plus simplement comme une vraie adulte qui se respecte plutôt<br />

13<br />

2


que <strong>de</strong> monter une expédition débile comme celle là ?<br />

Déjà que le jeu <strong>de</strong> cache-cache n’était pas très brillant mais l{, on atteint le<br />

summum du grand, très grand n’importe quoi <strong>de</strong> compet!<br />

Comment ai-je pu croire un instant que j’allais échapper { la confrontation?<br />

Et tout ça, grâce à l'Education Nationale, aux gamins, aux biquettes ! A quoi pensais<br />

je ?<br />

« A rien comme d’hab, me chuchota la petite voix <strong>de</strong> ma casse pied <strong>de</strong> mauvaise<br />

conscience…. »<br />

Tu parles, Charles! Je me suis tendue un piège toute seule et, je ne suis<br />

même pas foutue <strong>de</strong> trouver un prétexte pour ne pas y aller!<br />

Jour J, H - 2<br />

Outre le fait que je ne puisse plus faire marche arrière, que cela fait près <strong>de</strong><br />

trois nuits que je ne dors plus, qu’une petite collection d’ulcères a bombardé mon<br />

estomac, et qu’une mine <strong>de</strong> vieux sachets <strong>de</strong> thé a pris la place <strong>de</strong> ma jolie peau <strong>de</strong><br />

pêche naturelle, je suis là, allongée les yeux grands ouverts à contempler le plafond<br />

dans l’espoir <strong>de</strong> le voir me tomber <strong>de</strong>ssus. De toute évi<strong>de</strong>nce, je ne peux plus faire<br />

<strong>de</strong>mi tour. Je me surprends { avoir le secret espoir <strong>de</strong> les revoir. C’est étrange, je<br />

suis partagée entre ‘‘excitation et abattement’’. Décidément, il y a vraiment quelque<br />

chose qui ne tourne pas rond chez moi. Côté Margot, tout va bien, elle a atteint le<br />

paroxysme <strong>de</strong> l’excitation.<br />

<strong>Sophie</strong>, trente ans, aimerait pouvoir envisager un jour, se conduire comme<br />

une personne mature et responsable. Faire taire enfin la Godiche qui a investit son<br />

corps <strong>de</strong>puis toutes ces années ! Réfléchissons vite et bien. Tout d’abord, amener<br />

Léo { son ancienne nounou, ensuite me garer très loin <strong>de</strong> l’autobus et me précipiter<br />

<strong>de</strong>dans à la <strong>de</strong>rnière minute. Chose dite, chose faite, après avoir slalomé tête<br />

baissée entre les voitures, longé une ou <strong>de</strong>ux haies <strong>de</strong> thuya, j’arrivais comme une<br />

fleur à la fermeture <strong>de</strong>s portes. La maîtresse me fit les gros yeux mais rien à<br />

taper…. Je regardais Margot rejoindre ses copines quand tout { coup mon regard<br />

fut stoppé par celui <strong>de</strong> Mathieu. Mathieu, oh Mathieu…. Il est venu…. Avec ses<br />

13<br />

3


eaux cheveux bruns, sa barbe <strong>de</strong> trois jours, ses grands yeux et tout, et tout….<br />

« Pop, pop, pop, <strong>Sophie</strong>, tu vas où ! » Me murmure mon ‘‘MOI ’’profond.<br />

« Il est venu…. Soit….. Mais n’oublies pas sa façon <strong>de</strong> t’avoir oubliée aussi vite qu’un<br />

poisson rouge en se jetant dans les bras <strong>de</strong> ta meilleure amie…. »<br />

Ah ! Judith est là aussi, à cinq rangées <strong>de</strong>rrière lui et tient déjà un sac à vomi. Ça<br />

promet, bien fait !<br />

- « Ecoutez, nous vous avons attendue déjà bien trop longtemps, alors soit vous<br />

vous asseyez soit vous nous chantez quelque chose mais là, il va falloir réagir ! »<br />

m’apostrophe Chemisier { fleurs.<br />

Je <strong>de</strong>viens écarlate, <strong>de</strong>s envies <strong>de</strong> meurtres me montent au nez, <strong>de</strong>s envies si<br />

difficiles à dissimuler qu'elles ont pour résultat <strong>de</strong> la renvoyer très vite { l’avant du<br />

bus. Mathieu me sourit, je me jette sur le premier fauteuil venu.<br />

- « Décidément, entre mes baskets et maintenant mes genoux, je vais finir par<br />

croire que je vous plais beaucoup ! » me dit le papa ‘‘Basket { scratch’’ <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>rnière fois.<br />

- « Je…. je suis désolée, pardon, ne vous inquiétez pas, vous ne me plaisez pas du<br />

tout. Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, enfin si…..mais non, non<br />

merci…..euh, pardon, ce n’est pas ce que je voulais dire non plus…… je…..rien,<br />

rien du tout…. » bafouillais je embarrassée.<br />

Je restais là sans bouger, sans respirer en espérant secrètement que<br />

l’autocar finirait sa course dans un platane. Je jetais un œil entre les <strong>de</strong>ux appuis<br />

tête pour voir ma Margot aux anges dans les bras <strong>de</strong> Mathieu, pouce dans la<br />

bouche à la lisière du sommeil, celui-ci, lui caressant doucement les cheveux et me<br />

regardant toujours. Je me retournais illico, pétrifiée, comme si j’avais vu la<br />

Gorgone.<br />

Pour Judith, pas besoin d’imaginer ce qu’elle fait. Je l’entends bien assez<br />

comme ça. Elle hurle à tue tête <strong>de</strong>s chansons paillar<strong>de</strong>s avec une maîtresse<br />

furibon<strong>de</strong> qui la somme <strong>de</strong> se taire.<br />

13<br />

4


« Il avait un tout petit zizi et un gros cuuuuul, le pèrrrrreeeeee Ubuuuuu<br />

Sa madame était une femme infâme et toute doduuuuuue, la mère Ubuuuuuu… »<br />

Murée dans le silence, je secouais nerveusement la jambe jusqu’{ ce que<br />

Basket à scratch me presse la main sur le genou.<br />

- « Il va falloir vous détendre, car à ce rythme, je ne donne pas cher <strong>de</strong> votre<br />

peau »<br />

- « Merci <strong>de</strong> votre sollicitu<strong>de</strong> mais pour le moment, je ne rêve que d’une chose,<br />

me faire Hara-kiri. D’ailleurs vous n’avez pas un sabre…. »<br />

- « Désolé, seulement un couteau en plastique »<br />

- « Merci quand même »<br />

- « Vous voulez qu’on en parle ? »<br />

- « Et vous me la faite à combien la séance <strong>de</strong> psy ? »<br />

- « On s’arrangera plus tard » me répondit il l’air moqueur<br />

Aussitôt dit, aussitôt fait, je m’épanchais auprès <strong>de</strong> ce parfait inconnu dans<br />

une avalanche <strong>de</strong> larmes. Après une trentaine <strong>de</strong> minutes, entre <strong>de</strong>ux sanglots, je<br />

me confondis en excuses et le remerciais chaleureusement. En tout état <strong>de</strong> cause,<br />

j’avais certainement pourri son voyage avec mes histoires, mais une fois la vidange<br />

faite <strong>de</strong> mes ressentiments, je me trouvais tout <strong>de</strong> suite beaucoup mieux.<br />

- « Saviez vous que l’Homme est le seul mâle qui batte sa femelle. On doit donc en<br />

déduire que l’Homme est le plus brutal <strong>de</strong>s mâles…. A moins que la Femme ne<br />

soit <strong>de</strong> toutes les femelles, la plus insupportable » me dit Basket à scratch sans<br />

se démonter.<br />

« Je ne vois pas bien le rapport » lui répliquais je médusée<br />

- « Il n’y en a aucun mais vous savez, je n’ai qu’une expérience assez limitée en<br />

matière <strong>de</strong> femmes, surtout quand on sait que tout comme Woody, la <strong>de</strong>rnière<br />

que j’ai pénétrée n’était autre que la statue <strong>de</strong> la liberté lors <strong>de</strong> mon passage<br />

aux states. Cependant je pense, <strong>de</strong>vant ce que vous m’avez confié sur Judith,<br />

que puisqu'elle vous a prit votre amant, la pire vengeance serait <strong>de</strong> le lui<br />

laisser….Ne croyez vous pas ? »<br />

- « Si vous le dites ! Mais, je ne vais pas jeter la pierre à une Nymphomane qui, à<br />

13<br />

5


mes yeux, a malgré tout certaines circonstances atténuantes. Ce serait comme<br />

en vouloir à un malentendant <strong>de</strong> vous faire répéter. Néanmoins, je le croyais<br />

‘‘Lui’’ vraiment sincère… »<br />

- « Oh, vous savez les hommes sont toujours sincères, ils changent juste <strong>de</strong><br />

sincérité, voilà tout ! »<br />

- « Et c’est censé me remonter le moral ç{ ? »<br />

- « Non pas vraiment, c’était juste pour meubler…. »<br />

- « Euh, merci <strong>de</strong> votre sincérité… » lui répondis je découragée et à bout<br />

d'arguments.<br />

Bon, voyons le côté positif <strong>de</strong> la chose, en <strong>de</strong>hors du fait que je viens <strong>de</strong><br />

raconter ma vie à un vieux garçon, frigi<strong>de</strong>, qui répond hors sujet, je peux tout <strong>de</strong><br />

même déclarer que nous sommes presque arrivés et, malgré la trentaine <strong>de</strong> petits<br />

monstres beuglants et vomissants, je n’ai pour ainsi dire pas vu le temps passer. De<br />

plus, je me sens un peu plus légère qu’auparavant, même si je ne suis pas encore<br />

sortie pour autant du pétrin.<br />

Allez ma gran<strong>de</strong>, un quart <strong>de</strong> l’aventure vient <strong>de</strong> s’écouler sans que tu t’en<br />

sois rendue compte ….. D’ici <strong>de</strong>ux heures, tu seras chez toi avec tes gosses et tes<br />

chiens….Formidable…. Me lamentais je.<br />

13<br />

6


La Chèvrerie<br />

Le bus vient <strong>de</strong> stopper, et nous n’avons pas vu l’ombre d’un platane sur la<br />

route. C’est bien ma veine ! Quel est le crétin qui, dans la nuit, les a tous déracinés ?<br />

Maintenant, il va me falloir jouer serré et réussir à éviter les <strong>de</strong>ux guignols. Je<br />

<strong>de</strong>scends la première du bus, suivie d’une Maîtresse au bord <strong>de</strong> la crise d’épilepsie<br />

en entendant tous les enfants s'égosiller sur les chansons <strong>de</strong> Judith. Dans un autre<br />

contexte, j’aurais été hilare mais, voil{ près <strong>de</strong> dix minutes que j’entends Chemisier<br />

à fleurs me fustiger sur mes fréquentations plus que douteuses.<br />

- « Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations. Regar<strong>de</strong>r, Judas par<br />

exemple avait <strong>de</strong>s amis irréprochables, et puis ils auront au moins apprit<br />

quelque chose aujourd’hui » lui répondis je exaspérée.<br />

- « Vous croyez réellement que c’est ç{ qui va me CALMER ! » hurla t’elle.<br />

- « Le véritable but <strong>de</strong> toute personne aspirant à enseigner <strong>de</strong>vrait être, non pas<br />

<strong>de</strong> donner son avis, mais d'éveiller les esprits !»<br />

- « COMMENT OSEZ VOUS ??? »<br />

- « Mer<strong>de</strong>, mer<strong>de</strong>, mer<strong>de</strong> et re-mer<strong>de</strong> »clôturais je la conversation.<br />

Evi<strong>de</strong>ment, les enfants reprirent tous en cœur et Chemisier { fleurs nous fit<br />

un malaise. Je dû avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Basket { scratch gérer toute l’équipé sauvage<br />

<strong>de</strong>vant les yeux horrifiés <strong>de</strong>s propriétaires du Domaine.<br />

Effet bénéfique, cela m’évita <strong>de</strong> m’attar<strong>de</strong>r sur Judith et Mathieu, qui eux même<br />

étaient très absorbés par la réanimation <strong>de</strong> l’institutrice.<br />

Oh! Un vrai boulet, celle là !<br />

13<br />

7


Après la tempête, le calme… Et c’est avec <strong>de</strong>s enfants approximativement bien<br />

rangés que nous fîmes notre entrée dans le premier hangar …<br />

Des biquettes, <strong>de</strong>s biquettes et encore <strong>de</strong>s biquettes.<br />

J’ai comme l’impression <strong>de</strong> m’être lancée dans une épreuve <strong>de</strong> ‘‘Triathlon<br />

Olympique’’. Je cavale partout, d’un groupe { l’autre, je fais un relais avec les<br />

minots <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> cinq ans, je ventile l’instit tout les quarts d’heure, j’essaie<br />

d'endiguer le troupeau en canalisant ceux qui grimpent, ceux qui courent et ceux<br />

qui touchent….Je suis sur tous les fronts { la fois. Il y a même un groupe <strong>de</strong> rebelles<br />

qui m’a surnommé ‘‘Passe partout’’, c’est pour dire…<br />

Bien qu'éreintée, je suis prête à tout supporter pour ne surtout pas me<br />

retrouver en tête { tête avec mes <strong>de</strong>ux traîtres d’amis… Je ne me suis JAMAIS<br />

autant donnée pour les enfants <strong>de</strong>s autres et, soyons honnête, pour <strong>de</strong>s enfants<br />

tout court !<br />

Coté Mathieu, statut quo, souriant et légèrement en retrait, il ne cesse <strong>de</strong> me<br />

regar<strong>de</strong>r sans jamais chercher { m’approcher. Je vis une véritable punition !<br />

‘‘Lui’’, si beau, si fort, si inaccessible…. ce week-end en Ecosse, nos baisers….. Je<br />

n’aurai jamais imaginer m’entendre dire cela un jour !<br />

Quelle torture….. Je dois réfréner mes tendances { la boulimie, car j'ai une furieuse<br />

envie <strong>de</strong> le bouffer tout cru...Ouuuuh, toi, toi, toi !<br />

Mais Non et non, je suis forte, je sais ce que je veux et je ne craquerais pas !<br />

Enfin, peut être…<br />

Judith, en revanche, ne me fait pas du tout le même effet. Après avoir été éconduite<br />

une bonne dizaine <strong>de</strong> fois par mon silence et mon œil <strong>de</strong> tueuse cannibale, elle s’en<br />

est retournée bien vite à son répertoire musical, toujours plus grivois, pour le plus<br />

grand bonheur <strong>de</strong>s enfants. Le tout, bien sûr, sous le regard atterré et un rien<br />

hagard <strong>de</strong> l’institutrice et <strong>de</strong>s maîtres du domaine.<br />

- « Par pitié, les enfants, cessez les grossièretés et intéressez vous un peu au sujet<br />

13<br />

8


<strong>de</strong> la visiiiiiiiite….» glapit, dans un <strong>de</strong>rnière souffle, notre persécutée.<br />

Un homme nous propose <strong>de</strong> le suivre dans les dédales <strong>de</strong> la Chèvrerie et se<br />

met tant bien que mal { essayer d’expliquer aux petits hystériques comment vivent<br />

les chèvres, comment faire un fromage, comment viennent au mon<strong>de</strong> les petits<br />

…etc.…<br />

En un mot, tout ce qui touche <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin à une chèvre. Comme vous<br />

l’imaginez, ils n’en ont ABSOLUMENT rien { secouer. Si ce n’est pas une chèvre<br />

‘‘transformers’’ avec <strong>de</strong>s pouvoirs magiques et <strong>de</strong>s tétines { rayons laser……..pas<br />

intéressant…. Ce qu’ils veulent, c’est courir, courir et courir… Et ce, partout, partout<br />

et partout !<br />

« Quand je pense à Fernan<strong>de</strong>, Je ban<strong>de</strong>eeuuuu, je ban<strong>de</strong>eeeuuu,<br />

Quand j'pense { Félicie, Je ban<strong>de</strong> aussi…. »<br />

Je savais que Judith avait été scout, mais je n’imaginais pas un instant que<br />

son épiso<strong>de</strong> dans les Gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> France lui avait laissé ce genre <strong>de</strong> séquelles. Elle ne<br />

nous beugle pas un recueil gentillet façon Louveteau mais carrément les Dix<br />

comman<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la chanson paillar<strong>de</strong>, plus lubriques les unes que les autres…<br />

Certainement <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> compilations façon ‘‘feu <strong>de</strong> bois’’ pour accompagner<br />

ses After dans la tente <strong>de</strong>s garçons….<br />

« Quand je pense { Judith, j'ai la trique, j'ai la trique ….. »<br />

13<br />

9


Vie <strong>de</strong> bâton <strong>de</strong> chaise<br />

La visite est presque terminée, il n’y a pas eu trop <strong>de</strong> casse. J’ai juste eu la<br />

mauvaise idée <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s grafouilles sous le menton à un bouc. Malgré un lavage<br />

<strong>de</strong> mains approfondi une bonne douzaine <strong>de</strong> fois, appliqué du citron, <strong>de</strong> la menthe<br />

et tout ce que j’avais sous la main, je crois qu’{ vie, j'attirerai les mouches { quinze<br />

kilomètres à la ron<strong>de</strong>.<br />

Ma Godiche interne et personnelle a encore frappé !<br />

Quelle bêtise d’aller tirer sur la barbichette, quand on sait, après coup évi<strong>de</strong>ment,<br />

que le mâle se pisse <strong>de</strong>ssus pour plaire { ses dames…. Plus ça sent et plus ça les<br />

attire. Vu le fumet, je suis en présence <strong>de</strong> l’Etalon <strong>de</strong> la bergerie, le Chippendale <strong>de</strong>s<br />

biquettes, le ‘‘transcen<strong>de</strong>ur’’ <strong>de</strong> mamelles ….. Et maintenant, je vous le donne en<br />

mille…..Qui est suivi <strong>de</strong> près par toutes les femelles herbivores <strong>de</strong> la région ?<br />

C’est Moiiiiiiiiiiiiiiii !!!!<br />

Margot a essayé <strong>de</strong> me remonter le moral comme elle a pu,<br />

- « Tu sais manman, même si tu sens le bouquetin, moi je t’aime quand même ! »<br />

- « Moi aussi » me souffle doucement Mathieu <strong>de</strong>rrière mon épaule<br />

J'eus un sursaut digne d’un saumon royal remontant sa rivière. Je lui décoche un<br />

regard assassin, avant <strong>de</strong> me cacher <strong>de</strong>rrière un groupe <strong>de</strong> gosses, et fondre façon<br />

Flambi au soleil…<br />

A quoi joue t’il ce Tartufe <strong>de</strong>s sentiments? ‘‘Un coup je t’aime’’, ‘‘Un coup j’ t’aime<br />

plus’’ …. Un peu instable le garçon!<br />

14<br />

0


Tout ça pendant que sa nouvelle conquête fraternise <strong>de</strong> près avec le seul<br />

autre mâle <strong>de</strong> l’équipe encadrante hormis le chauffeur qui compte pour <strong>de</strong>s<br />

prunes, car pas sexy du tout!<br />

« Mais dans quel mon<strong>de</strong> vivons nous ?! » AAAaaaaH, on croirait entendre<br />

ma sœur…<br />

Voilà que maintenant, Baskets à scratch piste Judith comme son ombre.<br />

Depuis déjà <strong>de</strong>ux heures, ils sont inséparables. Il rit un peu trop fort à ses blagues,<br />

et lui tourne autour en faisant le paon. On dirait bien que mes confi<strong>de</strong>nces lui ont<br />

réveillé les sens à celui là … Qu’on se le dise, chez tout homme d'âge pubère se<br />

cache une bête <strong>de</strong> sexe qui sommeille et ce, même chez les plus coincés… Bref, la<br />

visite terminée, j’essaye tant bien que mal <strong>de</strong> rassembler la troupe et <strong>de</strong> reconduire<br />

tout ce petit mon<strong>de</strong> { l’autobus. Je commençais { désespérer sérieusement, seule<br />

au milieu <strong>de</strong> mes trente et quelques gamins, car les adultes avaient tous disparu à<br />

l’exception d’un seul….<br />

Mathieu, bien sûr….<br />

Pour l’heure, et malheureusement, ce n’est pas avec ses sourires que nous allons<br />

résoudre les énigmes <strong>de</strong> la journée.<br />

Après une <strong>de</strong>mi heure <strong>de</strong> galère, nous avons atteint le parking sans en perdre un<br />

seul, Alléluia!<br />

- « Dis manman, pourquoi je vois <strong>de</strong>s jambes et <strong>de</strong>s bras <strong>de</strong> partout dans les<br />

valises ? » me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Margot intriguée<br />

- « C’est normal, ma chérie, RIEN DE PLUS NORMAL …. » essayais je <strong>de</strong> me<br />

rassurer sans succès<br />

- « En plus, ça fait <strong>de</strong>s drôles <strong>de</strong> bruits…t’entends ? »<br />

- « Je n’entends RIEN….DU….TOUT, quelqu’un entend t’il quelque chooooose ? »<br />

- « Ouiiiiiiiiiiiiiii » crièrent en cœur tous les gamins<br />

14<br />

1


Je me retourne et m'épouvante <strong>de</strong>vant un agglomérat <strong>de</strong> membres, <strong>de</strong><br />

genoux, <strong>de</strong> mollets dressés en une improbable pyrami<strong>de</strong>. A son sommet, accroché à<br />

un gros orteil, flotte tel un oriflamme un string à <strong>de</strong>ntelles. En clef <strong>de</strong><br />

voûte,……Horreur!….. Baskets { scratch ! Ces même ‘‘Adultes’’ que je cherchais avec<br />

désespoir, quelques minutes plus tôt, étaient l{, tout cool, le cul { l’air dans la soute<br />

<strong>de</strong> l'autocar.<br />

Judith poussant <strong>de</strong>s Aaah, Ooooh,<br />

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii<br />

iiiiii,<br />

Repris immédiatement en cœur par tous les enfants, et Baskets { scratch rythmant<br />

la scène en ahanant comme un tennisman <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> court, les oreilles gentiment<br />

protégées par une fine paire <strong>de</strong> chevilles…<br />

Allo, allo, Houston, nous avons un problème !<br />

- « Dis <strong>Sophie</strong>, tu avais déjà vu <strong>de</strong>s fesses pleines <strong>de</strong> poils comme celles-ci ? » me<br />

<strong>de</strong>manda une petite fille à l'oeil candi<strong>de</strong>.<br />

- « Oui, ma chérie, celle <strong>de</strong> mon chien. Allez, ouste, monte dans le bus. »<br />

1- Quelle est la marche à suivre dans une telle situation ?<br />

2- Existe il un manuel palliant ce genre <strong>de</strong> dérapage ??<br />

3- Comment transformer cette ‘‘Baiserie’’ en un truc éducatif pour mômes <strong>de</strong> cinq<br />

ans ?<br />

- Faire comme s’ils n’avaient rien vu ?<br />

Pas possible, ils ont cru que c’était un nouveau pictionnary mais tout en mimes…<br />

D’ailleurs, le petit Paul me parait étrangement doué….<br />

- Faire comme si je n’avais rien vu ?<br />

Pourtant, ce n'est pas faute d’essayer mais l{, c’est plus possible…<br />

- Faire comme si je n’entendais rien ? Encore moins possible…<br />

14<br />

2


- Faire chanter les enfants très fort ?<br />

Pas la peine, ils les font déj{… les vocalises…<br />

Je n’ai pas fini <strong>de</strong> l’entendre beugler Chemisier { fleurs….. D’ailleurs, où est elle<br />

passée notre Miss pète sec? Il ne va pas tar<strong>de</strong>r à se faner son bouquet!<br />

Dépassée par les évènements et curieuse <strong>de</strong> voir la réaction <strong>de</strong> Mathieu, je le<br />

cherchais <strong>de</strong>s yeux et tombe <strong>de</strong>s nues <strong>de</strong>vant son fou rire. Comment pouvait il rire<br />

<strong>de</strong> si bon cœur, alors que Judith, sa ‘‘chérie’’ est en train <strong>de</strong> ‘‘chérifier’’ avec un<br />

autre ? En train <strong>de</strong> se faire….. En train <strong>de</strong> lui faire….<br />

Bon, soyons pragmatique :<br />

-Soit, il n’est pas jaloux<br />

-Soit, ils ont <strong>de</strong>s rites tordus et venant <strong>de</strong> Judith cela semble presque normal<br />

-Soit il fait partie <strong>de</strong> la race <strong>de</strong>s ‘‘Homo pervertus’’ lui aussi<br />

-Soit il y a eu ‘‘Grosse méprise’’. J’ai peut être rompu, sans le savoir, avec l’homme<br />

<strong>de</strong> ma vie en pensant qu’il s’envoyait ma meilleure amie.<br />

Au fond, je ne lui ai pas donné la moindre possibilité <strong>de</strong> s’exprimer, ni <strong>de</strong> se<br />

justifier, ni, ni, ni…..<br />

Et si c’est ça…......................Ooooh! La boulette !<br />

Déconcertée, désappointée, dépitée…Bref tout en ‘‘D’’, je ne peux me<br />

contenir plus longtemps et éclate d’un rire un chouia nerveux qui frise l’hystérie….<br />

Mathieu, redouble d’hilarité en me voyant { mon tour flancher et cé<strong>de</strong>r au délire<br />

général, tout en essayant <strong>de</strong> cacher tant bien que mal la scène avec mon petit<br />

classeur d’appel vert et rouge à petits pois.<br />

- « Dis manman, c’est où ‘‘gorge profond’’, le monsieur il arrête pas <strong>de</strong> dire ç{ ? »<br />

- « C’est rien ma chérie, dans le Verdon, il parle <strong>de</strong>s Gorges du Verdon. La sortie<br />

scolaire <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong>rnière, ça l’a beaucoup marquée»<br />

14<br />

3


- « Magnifique le Verdon! » me taquine Mathieu entre <strong>de</strong>ux hoquets.<br />

Tout en se poilant, il s’efforce <strong>de</strong> faire monter les gamins un par un dans un<br />

bus toujours plus secoué par les coups <strong>de</strong> boutoir <strong>de</strong> notre apprenti bucheron.<br />

Pendant que moi, chantant à tue tête pour couvrir leurs mugissements, j’essaye<br />

tant bien que mal en me contorsionnant <strong>de</strong> cacher ‘‘Toupie enchantée’’,<br />

‘‘Balançoire en fête’’, et autres acrobaties spectaculaires. ‘‘<strong>Les</strong> Laurel et Hardy du<br />

Hard’’, une gran<strong>de</strong> gigue exhibitionniste doublée d’un couillon décoincé qui<br />

rattrape son retard. À croire qu’ils s’entraînent pour une compétion sur le nombre<br />

<strong>de</strong> positions exécutées à la minute. Nous <strong>de</strong>vons en être aux figures libres, parce<br />

que là, je ne reconnais plus!<br />

Totalement absorbés dans leur tâche, et malgré le tapage <strong>de</strong>s gosses<br />

toujours collés aux fenêtres, ni l’un ni l’autre ne semble s'être aperçu <strong>de</strong> quoi que<br />

ce soit.<br />

L’arrivée théâtrale <strong>de</strong> notre chaperon d'instit en compagnie du chauffeur, <strong>de</strong>vrait<br />

bien vite les faire re<strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> leur nirvana!<br />

Un déchaînement, une explosion, la tectonique <strong>de</strong>s plaques, les comparaisons<br />

manquent!<br />

« Attention, attention »<br />

Ce soir en direct live du parking <strong>de</strong> la Chèvrerie du Clos <strong>de</strong>s Biquettes, un<br />

spectacle hors du commun, constitué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux adultes, morts <strong>de</strong> rire essayant<br />

<strong>de</strong> cacher <strong>de</strong>ux autres adultes, morts d’amour, avec en fond sonore, la reprise<br />

en cœur <strong>de</strong>s onomatopées sortant <strong>de</strong> la soute par 35 élèves <strong>de</strong> 5 ans,<br />

déchaînés…..<br />

- « STOOOOOOOOOOOPPPPPPPPPPPP !!!!<br />

Cessez immédiatement cette abjecte conduite. Vous vous vautrez dans la fange ….<br />

- «Elle est mignonne, mais la fange c’est mon bahut alors elle se détend et elle<br />

attend qu’ils finissent… » s’exclama le chauffeur un tantinet froissé mais un peu<br />

intéressé tout <strong>de</strong> même.<br />

- « Quoiiiiiiii, qu’ils finisssssseeeennnttt…. »<br />

14<br />

4


cracha Chemisier à fleurs<br />

- « is, is, is...» reprirent les enfants { l’unisson<br />

Ses barrissements furent si aigus qu’elle en réussit presque { couvrir les<br />

plaintes <strong>de</strong> Judith qui atteignait l’orgasme. Ça, par expérience, ce n'est pas donné {<br />

tout le mon<strong>de</strong>. En matière <strong>de</strong> décibels pour le bouquet final, La Judith, elle est<br />

indétrônable !<br />

Et c’est tout échevelé que nous vîmes sortir <strong>de</strong>s bagages <strong>de</strong>ux têtes<br />

hagar<strong>de</strong>s. Baskets { scratch tout coincé qu’il était, courait en tout sens le pantalon<br />

sur les genoux avec l’objet du délit soudainement moins vigoureux, la démarche un<br />

rien Cow-boy, suivi <strong>de</strong> la Judith, sourire aux lèvres, gran<strong>de</strong> et digne dans sa nudité,<br />

remettant string et jartelles avec délicatesse et élégance. Elle défroissât calmement<br />

sa jupe, sous les stridulations <strong>de</strong> la maîtresse qui n’avaient pas baissé d’un octave<br />

<strong>de</strong>puis la découverte <strong>de</strong> ‘‘L’Ignoble Ignominie’’ !<br />

Quand brusquement…<br />

Vlan !!!<br />

Plus rien…<br />

Le silence s’est abattu d'un coup, tout comme la maîtresse.<br />

Judith, avec aisance, a trottiné jusqu’aux portes avant comme un cheval<br />

après une course victorieuse, pour finir par s'affaler sur la banquette arrière et<br />

s'assoupir telle la ‘‘Belle aux bois dormant’’. Baskets { scratch, lui, d’une jolie<br />

couleur groseille rampa vers le premier rang et se réfugia la tête dans un sac à<br />

vomi pour cacher sa honte.<br />

Mathieu, afin <strong>de</strong> préserver un minimum <strong>de</strong> calme dans l’habitacle, colla en<br />

tatouillon dans la soute, l’ectoplasme d'institutrice et referma bien vite avant<br />

qu’elle ne se réveille. Manquerait plus que l’alarme se remette à hurler !<br />

14<br />

5


Enfin, je montais à mon tour dans le bus toujours agrippée à mon petit classeur<br />

d’appel vert et rouge { petits pois suivi <strong>de</strong> Mathieu. <strong>Les</strong> minots assis en silence,<br />

nous regardaient, éberlués.<br />

Le chauffeur attendit que l’on soit assis pour démarrer. Personne ne<br />

regretta la maîtresse !<br />

14<br />

6


- « Bonjour, je m’appelle Mathieu »<br />

- « Enchantée, moi, c’est <strong>Sophie</strong> »<br />

Mea culpa<br />

Ce furent les seuls mots que nous prononçâmes <strong>de</strong> tout le voyage. Le retour se fit<br />

dans le calme et la sérénité…..enfin presque !<br />

Côté minots, après une telle journée, on peut dire qu’ils étaient tous anéantis, {<br />

mon grand bonheur.<br />

Entre temps, Chemisier { fleurs s’était réveillée. Plus personne n’osait<br />

bouger. Je me <strong>de</strong>mandais qui allait se dévouer pour ouvrir à la furie. Nous nous<br />

répartîmes les tâches { la <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> l’autocar. Basket { scratch, toujours<br />

cramoisi, faisait l’appel. Mathieu rendait les enfants { leurs parents. Judith faisait<br />

chanter les gosses en rythme pour cacher les hurlements venant <strong>de</strong> la soute. Moi, je<br />

regardais le tout, assise sur une marche. Y a <strong>de</strong>s moments comme ça....<br />

Une fois le <strong>de</strong>rnier gamin parti, il ne restait plus qu’{ faire sortir le diable <strong>de</strong><br />

sa boite, et { cet instant je ne sentais personne <strong>de</strong> réellement motivé… Après un<br />

long moment <strong>de</strong> concertation, l’idée du chauffeur nous surprit mais comme<br />

personne n’avait trouvé mieux, elle fût votée { l’unanimité.<br />

- « Allo, oui, le SAMU?<br />

Nous avons un gros problème avec une institutrice en pleine crise.<br />

14<br />

7


Elle vient <strong>de</strong> s’enfermer dans la soute { bagages d’un autocar et refuse<br />

catégoriquement <strong>de</strong> sortir. Elle profère <strong>de</strong>s horreurs, <strong>de</strong>s insanités { l’encontre <strong>de</strong>s<br />

enfants, venez vite. »<br />

Judith raccrocha, un sourire carnassier aux lèvres.<br />

- « Tu ne trouves pas que tu y es allée un peu fort ? » lui soupirai-je<br />

- « Au grand remè<strong>de</strong>, les grands mots et puis moi, j’ai fait ma part <strong>de</strong> boulot. Je<br />

me casse, Tchao bella !<br />

Tu viens ma Gargouille que j’te termine ? »<br />

C’est ainsi qu’elle partit, suivi <strong>de</strong> près par la Gargouille { scratch, nous laissant seul,<br />

le chauffeur, Mathieu et moi pour gérer l’arrivée <strong>de</strong> la cavalerie.<br />

C’est avec <strong>de</strong>s masques, <strong>de</strong>s combi pur cuir et un fusil hypo<strong>de</strong>rmique, qu’ils<br />

arrivèrent dans la cour, toutes sirènes hurlantes, pour calmer la frénétique<br />

maîtresse.<br />

- « Allez ma mignonne, une petite injection dans la fesse et on en parle plus. »<br />

- « Va y Polo, ouvre la soute »<br />

Zzzzzzzouit<br />

- « En plein dans l’mille mon Gégé» s’esclaffa le dit Polo<br />

- « C’était pas trop dur, t’as vu l’pétard mon Polo! » s’exclama le dit Gégé<br />

- « Messieurs, un peu <strong>de</strong> bienséance ! » les repris je, l'air courroucé pour <strong>de</strong> faux<br />

- « Ouaip, bah, ils ont pas tort quand même! » conclu le chauffeur <strong>de</strong> bus<br />

Allez hop, à St Anne, la Maîtresse !<br />

- « P’tain, elle m’a tout dézingué la soute, c'te foldingue, elle m’a même niqué<br />

mon jeu d’essuie glace tout neuf …. » grommela le Fangio <strong>de</strong>s transports<br />

- « Monsieur Guy, nous vous laissons. Alors, bonne soirée tout <strong>de</strong> même »<br />

bégayai je<br />

Et, c’est sur ces quelques mots que nous quittâmes le parking Margot, Mathieu et<br />

moi.<br />

14<br />

8


- « On va chercher Léo ? » me <strong>de</strong>manda Mathieu<br />

- « Avec plaisir » lui répondis je<br />

- « Dis manman, il peux rester dîner ? » me supplia Margot<br />

- « Pourquoi pas… » lui répondis je avec un large sourire.<br />

14<br />

9


Bouleversement familial<br />

Quand on croit que tout va bien………….Eh ben, non, c’est pas vrai !!!!!<br />

Figurez vous, qu’après avoir laissé notre ami Guy en compagnie du reste <strong>de</strong><br />

ses essuies glaces, nous sommes rentrés à la maison tous ensemble. Je parle, bien<br />

entendu, <strong>de</strong> Mathieu, les enfants et moi …. Ça, c’était { prévoir !<br />

Figurez vous, qu’après avoir couché les petits, nous avons eu une très<br />

longue discussion...Ça aussi, c’était { prévoir!<br />

Est-ce que, si je me lance dans une difficile et tumultueuse explication sur<br />

un ENORME quiproquo, cela vous étonnera ?<br />

Bref, pour vous la faire courte, figurez vous que Moi, après le flagrant délit<br />

d'infidélité, j’ai fait ma tête <strong>de</strong> cochon !<br />

-Aaaah boooon?…. me direz vous …<br />

N’ayant pas pu se justifier, on connaît la suite. En gros, il ne s’est jamais RIEN passé<br />

entre Judith et lui !<br />

-Tiens donc…..<br />

Par orgueil, je tente un <strong>de</strong>rnier baroud d'honneur:<br />

- « Je t’arrête tout <strong>de</strong> suite, mais un roulage <strong>de</strong> pelles jusqu’aux amygdales, n’a<br />

jamais été considéré comme un RIEN à mon sens !<br />

- Otes moi un doute, je vous aurais surpris au lit, tu m’aurais assuré avoir glissé ?<br />

C’est ç{ ! »<br />

Il me pria <strong>de</strong> l’écouter calmement jusqu’au bout et <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> contrôler mes<br />

sarcasmes trois minutes. <strong>Les</strong> choses étaient plus simples que ça.<br />

15<br />

0


Judith venait d’apprendre qu’elle attendait un bébé. Elle avait décidé <strong>de</strong><br />

satisfaire à une <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rnières lubies avant <strong>de</strong> se ranger <strong>de</strong>s ‘‘voitures’’. Comme<br />

elle ne s’était jamais faite un homo, il lui fallait faire disparaître cette lacune au plus<br />

tôt avant <strong>de</strong> se jeter à corps perdu, et c'est le moment <strong>de</strong> le dire, dans une vie digne<br />

d’un cénobite. Dixit Judith, même si le mot par lui même la laissait malgré tout<br />

rêveuse.<br />

Il avait été aussi surpris que moi et après mon départ sur les chapeaux <strong>de</strong> roues,<br />

ma réaction et tout le toutim, il m’a avoué avoir bien été obligé <strong>de</strong> lui révéler la<br />

vérité.<br />

1- Qu’il n’avait rien d’un homo... mais ça, je le savais déj{…<br />

2- Qu’il était fou amoureux <strong>de</strong> moi... l{, je n’ai pas su quoi dire<br />

3- Et qu’il voulait m’embrasser, l{, tout <strong>de</strong> suite …<br />

- « Tu lui as vraiment dit çà ? »<br />

- « Non, pas tout { fait mais c’est EXACTEMENT ce que je vais faire !<br />

L{, maintenant, tout <strong>de</strong> suite, sur le champ, sans tar<strong>de</strong>r…. »<br />

Et figurez vous que c’est exactement ce qu'il a fait !<br />

15<br />

1


S’en est suivi tous pleins <strong>de</strong><br />

Et ce jusqu’au lever du jour…..<br />

L’aube venait frapper aux carreaux, tout comme Margot et Léo suivis <strong>de</strong><br />

près par la meute. Ils sautèrent tous sur le lit avec distribution <strong>de</strong> câlins comme si<br />

<strong>de</strong> rien n’étais. Nous prîmes un bon petit déjeuner en famille, Mathieu après<br />

m’avoir embrassée comme se doit <strong>de</strong> faire un bon petit mari exemplaire,<br />

accompagna Margot { l’école et me laissa en compagnie <strong>de</strong> Léo et <strong>de</strong> son marécage<br />

chocolaté.<br />

Le soir venu, Mathieu emménageait { la maison et pour fêter l’évènement<br />

invita Judith. Le ‘‘poteau rose’’ ayant été découvert, rien ne justifiait <strong>de</strong> se cacher.<br />

Sauf que c’est l{ que les choses se gâtent !<br />

Un rien angoissée tout <strong>de</strong> même, je m’affairais dans la cuisine pour faire<br />

honneur { la situation. Je me doutais bien qu’il me faudrait passer par l’étape<br />

‘‘remontage <strong>de</strong> bretelles’’ <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Judith, mais bon, si je <strong>de</strong>vais supporter ça<br />

pour que les choses re<strong>de</strong>viennent comme avant, allons y !<br />

15<br />

2


Et bien, que nenni !<br />

Elle est arrivée comme une fleur avec environ <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> retard après<br />

avoir stationné trois quarts d’heure <strong>de</strong>vant la maison. Je me suis bien doutée en<br />

voyant sa voiture brinqueballée en tous sens, qu’elle ne venait pas seule et qu’elle<br />

nous faisait un remake beaucoup moins romantique <strong>de</strong> ‘‘Titanic’’. Vous vous<br />

souvenez, le moment <strong>de</strong> l'empreinte <strong>de</strong> la main sur la vitre embuée? Mais pour elle,<br />

c'était en 2cv, sans iceberg et dans ma rue pavillonnaire. C'est un autre genre!<br />

Deux minutes avant qu’ils ne sonnent { la porte, Mathieu m’apprit que<br />

Margot avait été en étu<strong>de</strong> toute la journée car la Maîtresse avait été arrêtée pour<br />

une raison inconnue et une durée indéterminée.<br />

La Directrice avait annoncé aux parents qu’elle la soupçonnait d’avoir quelques<br />

problèmes liés à une certaine émotivité, déclenchée par un inci<strong>de</strong>nt non i<strong>de</strong>ntifié<br />

en sortie scolaire. Elle ferait son enquête, mais pour l’heure, il lui fallait trouver<br />

d’urgence une remplaçante pour la classe.<br />

Devant la façon plus ‘‘qu’exceptionnelle’’ dont j’avais géré les enfants { cette même<br />

sortie, elle me proposait le poste, et me suppliait, par l’intermédiaire <strong>de</strong> Mathieu,<br />

d’accepter sa requête.<br />

J’éclatais <strong>de</strong> rire.<br />

- « C’est une blague ? Et tu lui as dit non, j’espère… »<br />

- « Eh bien, heu... justement, je crois que tu ne vas pas être très contente….<br />

Elle avait l’air tellement désespérée, et Margot était si contente …<br />

Et puis, soyons honnête, tu t’en es assez bien sortie, en fait….. » Conclut il.<br />

Il fût sauvé par le gong et se précipita ouvrir la porte avant que je ne lui<br />

tombe <strong>de</strong>ssus.<br />

J’étais furieuse, il le savait, et espérait profiter <strong>de</strong>s retrouvailles pour que<br />

s’estompe ma colère. C’était sans compter sur mon côté rancunier genre vieille<br />

teigne!<br />

Mais les choses étant, il me fallait gérer les situations par ordre <strong>de</strong> priorité et là, la<br />

priorité n’était autre que Judith !<br />

15<br />

3


Elle fit une entrée digne d’une ‘‘Châtelaine <strong>de</strong> retour au Château’’, suivie <strong>de</strong><br />

notre ami Baskets { scratch toujours pivoine et toujours échevelé…. Mais ça, ça<br />

<strong>de</strong>venait une habitu<strong>de</strong>….<br />

Elle m’offrit un bouquet bancal qui n’avait pas du aimer les joutes amoureuses sur<br />

suspension Citroën. Grandiloquente, elle nous annonça que son état <strong>de</strong> grossesse<br />

avait décuplé son appétit sexuel….<br />

A se tirer régulièrement sur la braguette pour se décoller les bonbons du<br />

papier, Basket ne doit pas être loin d’avoir l'outil en fusion ! Entre <strong>de</strong>ux léchages<br />

<strong>de</strong> trognes et <strong>de</strong>ux pelotages, nous avons pu apprendre que son accouchement<br />

était prévu début janvier, que le géniteur n’était autre que le bouffeur <strong>de</strong> Brocolis,<br />

quoiqu’elle n’en était pas tout { fait sûre, mais peu importait, vu que Norbert allait<br />

reconnaître le bébé.<br />

- « Norbert ? »<br />

- « Oui, Norbert » me dit elle en désignant Basket<br />

- « C’est bien comme ça que tu t’appelles ? » Lui <strong>de</strong>manda t’elle dans la foulée.<br />

- « Euhhhhh, oui, c’est ça… » Lui répondit il presque plus sûr du tout.<br />

Elle ne fit aucune allusion à notre fâcherie <strong>de</strong>s semaines précé<strong>de</strong>ntes, pas<br />

plus qu'{ la nouvelle situation entre Mathieu et moi. Elle parla d’Elle, d’Elle et<br />

d’Elle, sans aucun complexe, le tout entrecoupé d’étreintes goulues entre <strong>de</strong>ux<br />

amuse gueule.<br />

J’étais heureuse <strong>de</strong> retrouver ma copine, <strong>de</strong> savoir qu’elle allait avoir un<br />

bébé, que grâce { moi, le frigi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’autobus avait enfin rencontré son âme sœur et<br />

tout cela sous l’œil attendri <strong>de</strong> mon nouveau chéri {-moi-qui-m’aime !<br />

Vous me direz jusque là, la soirée était plutôt bien partie, si on arrivait à faire<br />

abstraction du remplacement <strong>de</strong> la maîtresse…..<br />

La sonnette se mit à retentir suivie <strong>de</strong> coups tonitruants sur la porte. Nous avons<br />

eu droit { un concert d’aboiements et { l’arrivée <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>ux angelots tout<br />

endormis.<br />

Mathieu alla ouvrir la porte, Judith toujours rivée sur la bouche <strong>de</strong> Nestor.<br />

15<br />

4


- « Dis manman, elle fait quoi Zuzu au monsieur ? » me <strong>de</strong>manda Margot en se<br />

frottant les yeux.<br />

- « Rien ma chérie, il a eu un malaise, Judith le ranime…. Allez vous coucher, il<br />

est tard»<br />

- « Ah, bonjour ma nenette, viens par là un peu que je te bisouille » dit Judith, qui<br />

par bonheur avait enfin consenti à se décoller.<br />

C’est { ce moment l{ précis, que Miss Parfaite déboula dans le salon.<br />

- « Comment ! Ils ne sont pas encore couchés à cette heure tes gamins ? »<br />

- « Tu ne <strong>de</strong>vineras jamais. Une excitée vient <strong>de</strong> les réveiller, c’est dur { croire… »<br />

Lui répondis je particulièrement exaspérée.<br />

- « Bon, peu importe, il faut que je te parle » me dit elle sans se démonter.<br />

- « Cela ne te déranges pas, nous nous apprêtions à passer à table ? » lui rétorqua<br />

Judith, elle aussi agacée.<br />

- « Faites donc, faites donc… d’ailleurs vous, l{, mettez moi, un couvert»<br />

ordonna t’elle { Mathieu d’un geste <strong>de</strong> la main.<br />

Prête à imploser, je surpris Mathieu à se lever pour ajouter un couvert et me faire<br />

signe <strong>de</strong> le suivre dans la cuisine. Je m'exécutais.<br />

- « Mais enfin à quoi tu joues ? »<br />

- « <strong>Sophie</strong>, avant <strong>de</strong> t’enflammer, écoutes la. » me répondit Mathieu<br />

calmement.<br />

- « Tu plaisantes ou quoi, j’ai la reine d’Angleterre dans mon salon qui<br />

fait sonner ses laquais et le laquais en question, c’est mon mec !» lui rétorquais je<br />

hystérique<br />

- « On dirait bien que tu n’as rien remarqué ? »<br />

En effet, aveuglée par le culot <strong>de</strong> Sa Majesté, je n’avais rien vu. Je n’avais<br />

plus <strong>de</strong>vant moi ma sœur, cette Miss Parfaite en col Claudine et sac Vuitton, mais<br />

une femme d’une vulgarité écrasante, affublée d’une mini jupe en cuir version<br />

ceinture, <strong>de</strong> pompes { talons aiguilles argentées et d’un sac { clous rouge pompier.<br />

Il est vrai que je n’avais pas été très présente <strong>de</strong>puis quelque temps mais<br />

15<br />

5


quelle transformation!….. Quand maman m’avait appelée, il y a <strong>de</strong> ça quelques<br />

semaines, elle m’avait bien dit qu’elle avait quelque peu pété les plombs, mais l{,<br />

c’est digne d’un chaos { la Barjavel.<br />

Je ne pouvais retirer mon regard <strong>de</strong> l'anneau bovin qu’elle arborait entre ses<br />

narines.<br />

- « Ah, tu as remarqué, c’est joli, non ? Regar<strong>de</strong>z, je me suis même fait percer les<br />

tétons. » Me répondit elle en soulevant son t-shirt <strong>de</strong>vant les yeux effarés <strong>de</strong><br />

l’assemblée.<br />

Judith en eut la chique coupée. Et pour lui couper la chique, il en faut quand même<br />

<strong>de</strong>s tonnes...<br />

- « Mais…. enfin, que t’arrive t’il, qu’en pense ton mari, et les enfants dans<br />

tout cela ? …. » Je la noyais <strong>de</strong> questions.<br />

- « Et le clitoris, c’est pour quand ? » renchérie Judith<br />

J’étais abattue, je ne comprenais plus rien. Elle ne répondait à aucune <strong>de</strong><br />

mes questions mais, <strong>de</strong>bout dans le salon, exhibait un tatouage débutant au milieu<br />

<strong>de</strong>s reins et finissant je n’ose imaginer où. Très décontractée, elle nous expliqua<br />

que la prochaine étape serait <strong>de</strong>s implants mammaire bonnet F.<br />

Le neurone <strong>de</strong> Paris Hilton avait prit possession du cerveau <strong>de</strong> ma sœur….<br />

Adieu Miss Parfaite et son serre tête en écailles….<br />

Bonjour Pouffy Girl et ses pulsions….<br />

15<br />

6


Sissi,...non pardon, Pouffy face à son <strong>de</strong>stin.<br />

Je vis un véritable CAUCHEMAR cauchemar<strong>de</strong>sque !<br />

J’ai quitté une femme équilibrée chiante, mais équilibrée tout <strong>de</strong> même. Bourrée <strong>de</strong><br />

principes chiants, mais principes tout <strong>de</strong> même, et voici une folle tordue tatouée,<br />

percée qui nous explique que sa vie ne sera plus rythmée dorénavant que par le<br />

Sexe, la Luxure et la chirurgie esthétique.<br />

Quelqu’un aurait il l’amabilité <strong>de</strong> m’expliquer ce que j’ai pu louper comme<br />

évènements dans les chapitres précé<strong>de</strong>nts….<br />

Je laisse une sœur investie { fond dans les Bondieuseries avec pour mot<br />

d'ordre ‘‘Ferveur, Education et Chrétienté ’’, et l’espace d’un claquement <strong>de</strong> fouet,<br />

je retrouve une égérie du grand Rocco avec pour nouvelle <strong>de</strong>vise ‘‘ Har<strong>de</strong>ur,<br />

Masturbation et Go<strong>de</strong>miché ’’. Pour un poète, il y aurait l{ sans doute <strong>de</strong>s rimes<br />

intéressantes, mais je n'ai pas franchement la tête { la poésie!…..<br />

Avons nous subi une attaque bactériologique venant <strong>de</strong>s Etats-Unis ou <strong>de</strong> quelques<br />

autres pays tarés? Des gènes mutants ont ils envahi l’air que nous respirons ?<br />

Existe t’il un vaccin anti-perversions pour que je puisse protéger ma famille?<br />

Et là, si je ferme les yeux, est ce que tout re<strong>de</strong>viendra comme avant ?<br />

Je n’ai eu pour seule réponse qu’une grosse flatulence <strong>de</strong> camionneur lâchée<br />

par Pouffy, ponctuée <strong>de</strong>s gloussements jubilatoire <strong>de</strong> Judith.<br />

Au moins, c’est bien, il y en a une qui s’amuse….<br />

- « Désolée mais j'adore, ça fait vibrer mes boules <strong>de</strong> Geisha, … » s’excusa Pouffy<br />

15<br />

7


Consternée, je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, si au fond je ne la préférais pas avant….<br />

Elle nous apprit qu’elle avait hypothéqué la maison pour acheter le club<br />

échangiste ‘‘Aux Tétons <strong>de</strong> Vénus’’. S'ils sont { l'image <strong>de</strong>s siens, on imagine que ce<br />

doit être en plus sado-maso !<br />

Elle nous raconte qu’elle y est rejointe par l’Abbé André les soirs <strong>de</strong> grosse<br />

affluence et apparemment, ses coups <strong>de</strong> mains sont les bienvenus... Celui-ci est<br />

<strong>de</strong>venu le roi <strong>de</strong> l’impro pour ce genre <strong>de</strong> soirées, qu’il concocte entre <strong>de</strong>ux<br />

sermons.<br />

<strong>Les</strong> cheveux dressés sur la tête, je l’entends expliquer qu’il est son Pygmalion, celui<br />

sans qui elle n’aurait jamais, après vingt sept ans <strong>de</strong> misère sexuelle post puberté,<br />

découvert SON Essentiel….<br />

Et quand on sait quel est le sien d’Essentiel { ce gros obsédé, on frémit !<br />

Bref, elle fait tourner la boutique et lui, propose <strong>de</strong>s réjouissances à thèmes sorties<br />

du tréfonds <strong>de</strong> son cerveau mala<strong>de</strong>.<br />

« Allezzzz, soyons fou, un peu <strong>de</strong> tolérance que diable… »<br />

De plus, il parait que ça marche très fort!<br />

Je me risquais, <strong>de</strong> nouveau, à lui parler <strong>de</strong> son ancienne vie, <strong>de</strong> son mari... La<br />

réponse cette fois ci fusa: ‘‘Cul béni’’ avait été interné { la suite d’une grave<br />

dépression (On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien pourquoi) et, justement elle venait me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

dorénavant <strong>de</strong> m’occuper <strong>de</strong> ses rejetons.<br />

En effet, pour sa nouvelle activité, quatre gosses en vitrine, ça ne faisait pas rêver<br />

ses clubers en mal <strong>de</strong> sensations fortes !<br />

- «A moins <strong>de</strong> proposer un atelier talc et couche culotte » lâchais-je blasée<br />

- « Mais tu as tout { fait raison. C’est une excellente idée… » dit elle enchantée<br />

Je m'effondrais et capitulais <strong>de</strong>vant tant d'enthousiasme!<br />

Elle n’avait plus le temps <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>voirs et logistique. Pour l’heure, elle <strong>de</strong>vait<br />

s'impliquer à fond pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> lancement. L'aventure était exaltante et<br />

elle avait enfin décidé <strong>de</strong> mordre la vie à pleine <strong>de</strong>nt.<br />

Après tout, elle appelle ça comme elle veut!<br />

15<br />

8


Déjà <strong>de</strong>bout, et sans attendre <strong>de</strong> réponse, elle partit comme elle était<br />

arrivée, et par la même occasion, embarqua Judith et Basket pour la ‘‘Tournée <strong>de</strong>s<br />

grands Ducs’’ du Cul. Je restais l{ assise, interdite, digérant toutes ces nouvelles<br />

informations :<br />

Premièrement, j’allais me retrouver propulsée dans une classe <strong>de</strong> trente gamins<br />

dès la semaine prochaine.<br />

Deuxièmement, j’allais me retrouver mère <strong>de</strong> substitution <strong>de</strong> quatre gosses ….<br />

Leur mère étant partie explorer son Moi profond au ras <strong>de</strong>s braguettes …<br />

J'en peux plus, pensais-je.<br />

- « J’imagine que si je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire un bébé, l{ tout <strong>de</strong> suite,<br />

Tu me gifles ? » Me questionna Mathieu mi-sérieux, mi-amusé.<br />

Après un regard assassin, je parti me noyer dans un bain en ayant au<br />

préalable absorbé <strong>de</strong>ux lexomil et une tablette d’aspirine.<br />

Aux vues <strong>de</strong> mes <strong>galères</strong> récurrentes, je pense avoir eu comme ancêtre un pilleur<br />

<strong>de</strong> tombe égyptienne sur lequel plane LA malédiction. Elle a dû sauter plusieurs<br />

générations, et maintenant c'est TOUT pour moi !!! Ce n’est pas possible autrement,<br />

personne <strong>de</strong> normalement constitué ne peut attirer autant <strong>de</strong> malchance à part un<br />

énorme aimant { mer<strong>de</strong>….Voil{, c'est ce que je suis, j’ai compris !<br />

J’ai eu le malheur <strong>de</strong> dire un jour que je haïssais les enfants, une force<br />

‘‘maléfique’’ veut me punir et me les faire aimer <strong>de</strong> force en m’en collant partout….<br />

I<strong>de</strong>m pour les clébards….<br />

J’ai eu le malheur <strong>de</strong> vouloir un mari tendre, affectueux et fidèle et ‘‘Dame<br />

maléfices’’ m’a refourgué le seul débile congénital disponible { la ron<strong>de</strong>…. le<br />

Panda !!!<br />

15<br />

9


Je croyais avoir une famille presque équilibrée et rebelote, la traîtresse m'a<br />

fait la digne enfant d’un père alcoolo, d’une mère dépressive, et m’a affublé d’une<br />

sœur qui s’est fait tatouer en haut <strong>de</strong>s reins "Entrez donc, il fait bon chaud {<br />

l'intérieur"….<br />

C’est sûr, avec ma chance, il y a sûrement un embargo sur la totalité <strong>de</strong>s produits<br />

frais, ne laissant pour seules <strong>de</strong>nrées que les merguez spaghettis ….<br />

Tentons <strong>de</strong> rationaliser:<br />

-Si je pense { quelque chose que je n’aime pas, ça m’arrive multiplié par<br />

cent. -Si je désire quelque chose que j’aime, j’ai tout le contraire en plus pire….<br />

Donc résultat <strong>de</strong>s courses:<br />

Pour me préserver un minimum, je me dois d'inverser mes préférences….<br />

Ça ne va pas être facile, je m'y vois déjà :<br />

- « Et toi, tu aimes les majorettes ? »<br />

- « Oui mais non, mais oui parfois, mais parfois pas!»<br />

C’est pratique… En effet, si je dis non, je risque <strong>de</strong> me retrouver avec un bataillon<br />

<strong>de</strong> pépées en jupettes dans mon salon et, si je dis oui, c’est { vie que je n’en verrais<br />

plus une seule…. Sauf, que l{ pour le coup, ça m’arrangerait assez. Je déteste les<br />

majorettes……<br />

Bon, je me suis encore plantée, c'est pas un bon exemple!<br />

.<br />

- « Et toi, tu aimes les fleurs ? »<br />

Je sais, c’est un exemple { la noix, mais j’en ai pas <strong>de</strong>s qui viennent<br />

naturellement…. Bref, oui, j’adore les fleurs mais si je dis cela, je risque <strong>de</strong> me<br />

retrouver avec une allergie au pollen fulgurante et un œdème <strong>de</strong> Quincke, mais si<br />

je dis le contraire, tu vas voir que le seul job que l’on me proposera sera dans un<br />

Truffaut ou Monceau fleurs quelconque….<br />

Si je dis { Mathieu que je l’aime, il me quittera et si je le quitte, il me harcèlera….<br />

16<br />

0


Barj..., Barj..., Barj..., Barjo……..B. A. R. J. O.<br />

On est en plein <strong>de</strong>dans, je suis bonne pour St Anne si ça continue comme ça. Entre<br />

Chemisier { fleur, Cul Béni et moi, d’ici peu, on bénéficiera d’un tarif <strong>de</strong> groupe !<br />

Chouette…..<br />

Et c’est sur ces <strong>de</strong>rnières réflexions, imprégnée <strong>de</strong> substances pharmaceutiques {<br />

effets multiples, que je sombrais au milieu d’une assiette géante <strong>de</strong> spaghettis,<br />

servie par <strong>de</strong>s majorettes déguisées en fleurs dans le rayon jardinerie d’un Leroy<br />

Merlin. Le tout orchestré par le maître <strong>de</strong> cérémonie… Mathieu, himself…..<br />

Le len<strong>de</strong>main matin : J’ai mal aux cheveux, pas le moral et plus d’aspirine.<br />

8h00,<br />

Le téléphone sonne. C’est Judith qui enchantée par sa sortie coquine, vient me faire<br />

<strong>de</strong>s éloges sur ma sœur. Elle la trouve beaucoup plus intéressante qu’auparavant et<br />

a même décidé <strong>de</strong> remettre le couvert ce soir. Elle vient nous proposer avec<br />

Mathieu <strong>de</strong> les accompagner.<br />

- « Euh….non merci »<br />

- « Décidément, tu n’es vraiment pas rigolote » me dit elle sur un ton <strong>de</strong><br />

reproche.<br />

- « Oui, tu as raison, ce doit être ça ! » et je raccroche!<br />

8h12,<br />

C’est le tour <strong>de</strong> ma mère affolée, qui veut me raconter les <strong>de</strong>rnières folies <strong>de</strong> son<br />

aînée.<br />

- « Je sais, je suis déj{ au courant…. », et <strong>de</strong> lui expliquer en détail, la soirée <strong>de</strong> la<br />

veille. Elle se met à pleurer, il ne manquait plus que ça...<br />

16<br />

1


Nouvelle vie, nouveau départ, nouvelles espérances<br />

Je suis confrontée une nouvelle fois, au regard implorant <strong>de</strong> ma petite<br />

poulette. Vous savez ce regard <strong>de</strong> chien battu, l’œil humi<strong>de</strong>, la moue bou<strong>de</strong>use…<br />

Bien vite, je n’ai d’autre choix que d’accepter le poste <strong>de</strong> Maîtresse. Mais attention,<br />

sous réserve et dans la seule attente <strong>de</strong> l'envoi <strong>de</strong> la remplaçante par l'Académie.<br />

La directrice, toute gaie, accepta sans broncher l'ensemble <strong>de</strong> mes exigences. Je lui<br />

ai <strong>de</strong>mandé aussi, s’il était possible <strong>de</strong> faire maîtresse sans enfants mais l{, elle m’a<br />

dit que non… Dommage….<br />

J’ai toujours su que d’avoir passé mon BAFA était une mauvaise idée. Déjà à<br />

l’époque, j’avais eu l’impression d’être catapultée directement dans le musée <strong>de</strong>s<br />

petites horreurs.<br />

Des gosses partout, chougnant, mouchant, avec <strong>de</strong>s croûtes pleins les<br />

genoux. C’était encore une <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> la Judith. A l’époque, elle voulait <strong>de</strong>venir<br />

vétérinaire et pensait s'exercer sur la marmaille. Tout ça en fin <strong>de</strong> compte pour<br />

m'abandonner, la vilaine, le len<strong>de</strong>main du début <strong>de</strong> stage afin <strong>de</strong> suivre un<br />

amoureux transi, une autre <strong>de</strong> ses lubies.<br />

Mes parents partis en croisière, n'ayant plus <strong>de</strong> chez moi pour l'été, je dû, la<br />

mort dans l’âme, cohabiter avec vingt huit petits morveux dans la même tente. Ce<br />

fût une expérience unique et traumatisante que j’espérais bien ne jamais <strong>de</strong>voir<br />

renouveler. Judith, sadique ou rongée par les remords, je ne sais pas, m’envoya une<br />

carte postale par semaine <strong>de</strong> toutes les stations balnéaires traversées. Quand j’y<br />

repense, je regrette <strong>de</strong> ne pas l’avoir étranglée !<br />

Côté administration, je dois dire que cela tombe plutôt bien. Corinne Le<br />

Tellier, ma conseillère est rentrée <strong>de</strong> dépression plus enragée que jamais.<br />

16<br />

2


Ce retour a conduit à la démission <strong>de</strong> Jean-Jacques le conseiller remplaçant,<br />

plus une tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> d'une stagiaire à mi temps et enfin, quarante cinq<br />

chômeurs se jetant dans la vie active à corps perdu plutôt que <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir assumer<br />

ses rencontres mensuelles.<br />

C’est ce que l’on appelle <strong>de</strong> l’Action- Réaction. Du ‘‘Je vais mal mais je dois pouvoir<br />

faire en sorte que les autres aillent encore plus mal que moi !<br />

Quand je lui ai annoncé la nouvelle <strong>de</strong> mon engagement, elle m’a dit que c’était<br />

bien dommage, car elle comptait s’attaquer { mon cas en urgence. Pour sa thérapie,<br />

rien <strong>de</strong> tel que <strong>de</strong> s’acharner sur une mère <strong>de</strong> famille.<br />

A ça, je lui ai parlé <strong>de</strong>s professions <strong>de</strong> Matons et <strong>de</strong> CRS. J'ai bien vu dans<br />

son regard qu'elle avait comme une tentation.<br />

Attention taulards et grévistes, <strong>de</strong> par ma faute, il y a un fauve frisé lâché à vos<br />

trousses !<br />

Il est vrai que ce n’est qu’un parmi tant d’autres. Mais sachez le, si vous voyez un<br />

truc blond sous un casque avec une matraque, courez vite…..C’est pour sa<br />

thérapie… ‘‘Je tape, je me sens bien, j’te massacre et tout va bien !’’<br />

Pouffy a débarqué avec tous ses gosses une semaine plus tard.<br />

Ma maison est <strong>de</strong>venu un camp <strong>de</strong> réfugiés ! J’ai du investir dans <strong>de</strong>s lits<br />

superposés et faire <strong>de</strong>s chambrées <strong>de</strong> trois. <strong>Les</strong> trois garçons d’un côté, les trois<br />

filles <strong>de</strong> l’autre avec les clébards au milieu.<br />

Marie-Charlotte et Pierre-Louis m’ont annoncé que l’idée <strong>de</strong> venir vivre avec moi,<br />

dans un foyer dit ‘‘normal’’ ne leur déplaisait pas outre mesure, <strong>de</strong>vant les<br />

nouvelles extravagances <strong>de</strong> "Mère".<br />

‘‘Extravagances’’, c’est ti pas mignon comme appellation!<br />

Ils ne pouvaient plus ouvrir un placard sans tomber sur un <strong>de</strong> ses nouveaux<br />

gadgets. Apparemment, ils ont même retrouvé la petite Bérengère jouant au<br />

docteur et prenant la tension <strong>de</strong> leur petit frère Gonzague. Elle lui passait le bras<br />

dans une ‘‘foufoune’’ { pile.<br />

Maintenant, en plus <strong>de</strong> la pension alimentaire du Panda, je dois me battre pour<br />

obtenir celle <strong>de</strong> ma sœur.<br />

16<br />

3


Judith, elle, s’est mise en congé mat prématurément. Bien que cela ne<br />

m’enchante guère, j’ai lui ai <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r les petits <strong>de</strong>rniers en attendant <strong>de</strong><br />

trouver une solution. Pour le coup, elle regrette amèrement <strong>de</strong> s’être fait la malle<br />

vers les plages <strong>de</strong> St Trop et d'avoir séché le fameux stage <strong>de</strong> désensibilisation à la<br />

gente enfantine.<br />

Pour la convaincre, j'ai su trouver les arguments en lui rappelant sa lour<strong>de</strong><br />

responsabilité dans mon remplacement <strong>de</strong> la maîtresse!<br />

<strong>Les</strong> enfants en revanche sont ravis. Ils profitent à fond <strong>de</strong> ses lacunes. Ils passent<br />

toutes leurs journées à faire les boutiques en se goinfrant <strong>de</strong> cochonneries et<br />

commencent même à apprécier les sushi.<br />

Juju, qui les accompagne, grossit { vue d’oeil.<br />

En trois mois, elle a déjà prit huit kilos! Ce ne sont, je pense, que les petits premiers<br />

d’une longue série. L’hypocondriaque qu'elle se disait être, a sans doute disparu<br />

sous la peau d’orange.<br />

Presque tous les dimanches, nous partons rendre visite à Cul béni dans son<br />

centre <strong>de</strong> repos pour zinzin. Vous ne me croirez sans doute jamais, si je vous dis<br />

qu’il s’est dégotté une petite copine sur place.<br />

Oui, c'est ça, Gagné! Chemisier à fleur, vous avez trouvé!<br />

Sauf que quand elle nous voit, cela lui déclenche une nouvelle crise. Pour<br />

l’heure, je ne l’ai jamais vu repartir sans camisole.<br />

16<br />

4


Epilogue<br />

Pour ma part, j’ai prit en charge la classe <strong>de</strong> Margot et je dois dire qu’en<br />

faisant les gros yeux et en les collant au coin, je gère assez bien l’affaire. Je n’ai pas<br />

assez <strong>de</strong> coins mais j’improvise. Pour les plus rebelles, je leur colle la langue sur les<br />

pôles plus et moins d’une pile neuf volts. C’est fou ce que ça marche bien.<br />

Je vous en fais ca<strong>de</strong>au, c'est un truc <strong>de</strong> vieil électricien….<br />

Pouffy girl n’a jamais été aussi épanouie. La famille commence { s’y faire car<br />

elle ne nous pompe plus l’air avec ses bondieuseries, et fait moins <strong>de</strong> prosélytisme<br />

sur son nouveau registre. Nous ne fêtons plus un anniversaire ou un noël, sans le<br />

ca<strong>de</strong>au tête <strong>de</strong> gondole <strong>de</strong> son club, ce sont les enfants qui sont contents…<br />

L’Abbé Pervers propose même { ses paroissiens <strong>de</strong>s bons <strong>de</strong> réductions<br />

pour une entrée aux ‘‘Tétons’’. Ma mère a fini par en prendre son parti, elle va <strong>de</strong><br />

temps en temps ai<strong>de</strong>r à tenir le vestiaire, à la gran<strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong> mon père.<br />

Comme vous pouvez l’imaginer, je me suis brouillée définitivement avec<br />

mon Ex belle famille mais l{, c’est comme pour les majorettes, je n’en suis pas<br />

franchement mécontente.<br />

Au beau milieu <strong>de</strong> tout ça, il y a nous, Mathieu, les enfants, moi, dans notre<br />

petit bonheur tout simple.<br />

Comme dirait l’autre, « Quand on parvient { trouver l’essentiel, on n’a plus besoin<br />

<strong>de</strong> se perdre »<br />

16<br />

5


Par un beau week end <strong>de</strong> juin, nous nous sommes retrouvés en compagnie<br />

<strong>de</strong> tous nos amis. Au programme: Barbecue champêtre géant et mariage!<br />

Décontractés, sans la moindre fioriture, jeans/t-shirt pour lui, petite robe à<br />

bretelles et fleurs dans les cheveux pour moi.<br />

Sur le parvis <strong>de</strong> la mairie, un papa et sa fille passant par là, poussèrent un<br />

tonitruant "Vive la mariée"!<br />

Sortant <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière mes jambes, Margot sans se démonter, regardant autour<br />

d'elle, lança toute étonnée:<br />

FIN.<br />

« Bah, oui, au fait, elle est où la mariée ? »<br />

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