6h50 corniche Kennedy - My Major Company
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<strong>6h50</strong> <strong>corniche</strong> <strong>Kennedy</strong><br />
nouvelle<br />
g@rp
<strong>6h50</strong> <strong>corniche</strong> <strong>Kennedy</strong> g@rp<br />
Chapitre 1 .............................................................................................................................................................................. 4<br />
Chapitre 2 ............................................................................................................................................................................. 6<br />
Chapitre 3 ............................................................................................................................................................................. 8<br />
Chapitre 4 ........................................................................................................................................................................... 10<br />
Chapitre 5............................................................................................................................................................................ 12<br />
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<strong>6h50</strong> <strong>corniche</strong> <strong>Kennedy</strong> g@rp<br />
Cette nouvelle, sélectionnée lors du concours<br />
"Nouvelles sur la ville", a été publiée, à raison d'un<br />
chapitre par jour, dans l'édition Marseille du<br />
quotidien gratuit 20minutes, en juillet 2004.<br />
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Chapitre 1<br />
…il faut que quelqu’un m’aide, je n’ai qu’une seule vie…<br />
<strong>6h50</strong> <strong>corniche</strong> <strong>Kennedy</strong> g@rp<br />
Faire son jogging matinal sans musique était inconcevable pour le Dr Seignelay.<br />
Sans De Palmas, à la rigueur, mais pas sans son lecteur MP3 saturé de centaines de<br />
morceaux, sélectionnés pour leur parfaite adéquation avec le rythme de sa course. Le<br />
Dr Seignelay consacrait, en effet, autant de précision et de rigueur à la préparation de<br />
cet exercice matinal qu’à celle de ses opérations chirurgicales, sacrifiant ainsi au<br />
principe régissant sa vie : « Le vital ne saurait souffrir du moindre aléa ». À ceux qui<br />
lui rétorquaient qu’il se privait, en somme, du sel de l’existence, il opposait un<br />
doctoral et glacial : « le sel nuit aux artères ». Et c’était précisément pour préserver<br />
ses artères qu’il ne dérogeait jamais à son sacro-saint jogging. En musique. Sans<br />
omettre la combinaison moulante bleu électrique dernier cri, seule tenue à même de<br />
combler son souci maniaque du détail. Puisqu’on revêtait une blouse pour opérer, il<br />
fallait bien une combinaison pour jogger !<br />
Son parcours ? Tracé au cordeau : départ du David, Corniche <strong>Kennedy</strong>, demi-<br />
tour à hauteur du Petit Nice et retour. D’une durée n’excédant jamais une heure et<br />
trente minutes. A la seconde près. 365 jours par an. Par tous les temps.<br />
…une seule, une seule vie…<br />
Le Dr Seignelay trottinait donc avec applicat ion le long de l’hélice, cette<br />
sculpture de César dont quasiment personne à Marseille ne se souvient de ce qu’elle<br />
symbolise, lorsqu’il remarqua la voiture fonçant droit sur lui.<br />
…il faut que quelqu’un m’aide…<br />
D’un bond, il grimpa sur le trottoir. « Crétin, s’injuria-t-il, perd cette habitude<br />
de courir sur la route ! »<br />
…je n’ai qu’une seule vie…<br />
Le cri strident des pneus sur la chaussée s’inscrivit dans l’exact prolongement<br />
du « …vie… » de la chanson de De Palmas. Seignelay sursauta.<br />
La BMW heurta le trottoir, releva le nez et décolla, moteur emballé, avec un<br />
grondement de Canadair. Seignelay rentra instinctivement la tête dans les épaules<br />
tandis que la masse sombre du véhicule passait au-dessus de lui, décrivant une<br />
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courbe parfaite qui fila s’achever dix mètres en contrebas, manquant de peu les<br />
rochers.<br />
…il faut que quelqu’un m’aide…<br />
Elle coula à pic en quelques secondes.<br />
Le Dr Seignelay arracha ses écouteurs. Son cœur n’avait jamais battu aussi vite,<br />
le jogging n’y était pour rien. Contrarié par cet imprévu qui venait pulvériser son<br />
minutage, il eut le plus grand mal à composer le numéro d’urgence sur son portable.<br />
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Chapitre 2<br />
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Lorsque les sirènes retentirent, le Dr Seignelay prévenait son cabinet qu’il<br />
n’assurerait pas ses consultations du matin. Il coupa la communication, et la parole à<br />
son assistante. Chirurgien jusque dans son comportement : concis, précis. Tranchant.<br />
blanche.<br />
« C’est vous qui avez appelé ? » brailla un visage rougeaud émergeant d’une 206<br />
Seignelay rangea paisiblement son cellulaire avant de hocher la tête.<br />
L’homme qui s’extirpa du véhicule avoisinait facilement les 120 kilos pour<br />
1m70. Un air de David Douillet. Sévèrement sur le déclin. Qui transpirait à grosses<br />
gouttes. Respirait bouche ouverte, exhalant une haleine de fumeur pathologique.<br />
Une synthèse confinant au cliché. Seignelay bénit ses années d’internat de lui avoir<br />
forgé un estomac blindé.<br />
« Nom, prénom, papiers du véhicule », asséna l’officier de Police.<br />
Seignelay releva un sourcil. Le plus neutre possible.<br />
Un ange passa, les yeux rougis par l’abus de nicotine.<br />
« Pardon, fit tout à coup David Douillet, se claquant le front, c’est<br />
l’habitude… Vous n’avez pas de voiture, bien sûr… vous faisiez votre jogging…»<br />
Le Docteur hocha de nouveau la tête. Toujours soigneusement neutre. Autour<br />
d’eux, les marins pompiers s’apostrophaient, le repérage de la BMW semblait poser<br />
problème.<br />
« …Ça s’est produit il y a longtemps ?<br />
– À 6 heures 50. J’ai appelé aussitôt, Lieutenant.<br />
– Capitaine, rectifia David Douillet, Capitaine Baille. Comme le boulevard. »<br />
Il avait extirpé un rogaton de crayon d’une de ses poches et notait avec une<br />
application scolaire la réponse du Docteur dans un carnet fripé. Seignelay fit la<br />
grimace. Le Capitaine aurait bien besoin d’un relookage s’il voulait susciter des<br />
vocations…<br />
« …cin-quan-te… Et qu’avez-vous vu, exactement ?<br />
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– Une BMW noire a freiné sans raison, heurté le trottoir, puis est passée par-<br />
dessus le parapet et a plongé directement dans la mer. Elle a coulé aussitôt. J’ai<br />
guetté environ une minute. Aucun survivant.<br />
– …<br />
– Aurais-je omis une information, Capitaine Baille ? »<br />
Au loin, derrière les îles du Frioul, le Napoléon Bonaparte signala bruyamment<br />
son départ pour la Corse, ce qui tira le Capitaine de son ébahissement. On venait de<br />
lui livrer le premier témoignage concis et précis, limité au strict nécessaire – les faits<br />
– de toute sa carrière.<br />
« Pour la plaque d’immatriculation, je suppose que… vous n’avez pu relever le<br />
numéro ? »<br />
Seignelay secoua la tête.<br />
Les épaules de Baille s’affaissèrent.<br />
« En ce cas… Je vais prendre vos coordonnées... »<br />
Sans un mot, le Dr Seignelay remit sa carte de visite puis entreprit de<br />
redescendre vers le David en petite foulée.<br />
Baille beugla dans son dos :<br />
« Vous n’oublierez pas…l’évêché…besoin de votre déposition,<br />
Docteur…Seignelay ? Eh ! Mais c’est aussi le nom d’un boulevard, ça ! »<br />
Le chirurgien ne se retourna pas.<br />
40 minutes de perdues…<br />
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Chapitre 3<br />
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Le lendemain, 6H50, Corniche <strong>Kennedy</strong>, le long de l’hélice de César, la même<br />
silhouette bleu électrique, poings serrés à hauteur du thorax pratique un jogging<br />
appliqué.<br />
Une différence cependant, infime mais d’importance, dans la tenue de<br />
Seignelay : l’absence de lecteur MP3. Comment l’inconcevable d’hier a-t-il pu être<br />
admis aujourd’hui ? La réponse est simple – l’incident de la veille a ébranlé son sang-<br />
froid – même si Seignelay la réfute, la récuse, la rejette ; question d’incompatibilité<br />
d’image. Risquer de compromettre sa renommée, si chèrement acquise, de chirurgien<br />
inébranlable ? Pour un accident de plus sur la Corniche ? Qui en a vu d’autres, ceci<br />
dit. Pas question…<br />
N’empêche, il en a tout de même oublié son lecteur…<br />
Seignelay soupire davantage qu’il n’expire, en symbiose avec sa fou…<br />
Une voiture fonce droit sur lui.<br />
Seignelay se fige, il a déjà vu ça.<br />
Puis réalise avec effroi qu’il est une fois encore sur la route. Bondit sur le<br />
trottoir, un affreux pressentiment…<br />
… le cri strident d’un coup de frein lui scie les tympans.<br />
« Oh non, ça ne va pas recom… »<br />
Et pourtant.<br />
Un genou à terre, comme en prière, le Dr Seignelay, impuissant et abattu,<br />
assiste à la nouvelle envolée d’une BMW par-dessus sa tête inclinée.<br />
Corniche : 2. BMW : 0, ricanerait-il s’il en éprouvait l’envie.<br />
« C’est un cauchemar, je vais me réveiller » se répète-t-il en boucle – mantra<br />
destiné à conjurer le sort – tout en composant le numéro d’urgence sur son portable.<br />
C’est encore ce qu’il se dit lorsque la lourde silhouette de Baille vient emplir son<br />
champ de vision, exacte rediffusion de ce que Seignelay a subi la veille. Mêmes<br />
personnages, même décor, rien n’y manque ; seuls les dialogues diffèrent.<br />
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« Ben dites donc, attaque Baille bille en tête, les Béhèmes, d’habitude, c’est pas<br />
ici qu’on les balance : c’est aux Goudes ! »<br />
À l’inverse du Capitaine, Seignelay ne rit pas. Il est blême. Offusqué.<br />
« Je n’ai rien balancé, s’indigne-t-il. C’est un accident…<br />
- Comme hier ? »<br />
La nuance de suspicion est flagrante. Seignelay ne peut que perdre son<br />
calme : il n’a jamais supporté que l’on doute de son intégrité. Même en plein cœur<br />
du scandale des cliniques, il y a quelques années de cela – Baille n’a d’ailleurs pas<br />
raté l’occasion de lui resservir cet épisode, la veille, lors de sa déposition à l’évêché.<br />
« Et alors, Capitaine ? La loi des séries, ça existe, non ? explose-t-il.<br />
– Loi des séries je veux bien, fait Baille tout en regardant les marins pompiers<br />
s’affairer une fois de plus, mais vous avouerez quand même qu’il y a de quoi se<br />
poser des questions…»<br />
Seignelay écarte les mains en un « qu’est-ce que j’y peut ? » muet qu’il espère<br />
le plus convaincant possible.<br />
Baille soupire. Extirpe son calepin avec un sourire gêné.<br />
À demi gêné.<br />
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Chapitre 4<br />
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« En résumé, laisse tomber Baille en refermant son carnet, même heure, même<br />
endroit, à quelques centaines de centimètres près si je me fie à l’état du parapet –<br />
mais on ne va pas pinailler, hein ? –, même marque de voiture et, Ô surprise, même<br />
seul et unique témoin ? »<br />
Seignelay danse d’un pied sur l’autre mais ça n’a rien à voir avec son<br />
échauffement. Il est à des kilomètres de son jogging, de son minutage de nouveau<br />
pulvérisé. Mal à l’aise, il transpire. C’est bien la première fois.<br />
Baille poursuit, les yeux rivés sur Seignelay comme ceux d’un pécheur à sa<br />
palangrotte:<br />
« Selon vous, que puis-je en conclure ?…Et ne me répondez pas que les<br />
apparences sont trompeuses, j’ai horreur du réchauffé…Té ! Sauf pour les pieds<br />
paquets !<br />
– …<br />
innocente.<br />
– D’accord. Je vois. Et bien sûr, toujours pas de numéro d’immatriculation ? »<br />
Là, le Docteur tique. Trop de doute dans cette question pour qu’elle soit<br />
Hélas non. Vous pensez bien que je n’aurais pas manqué de vous le<br />
communiquer… (Seignelay laisse filer quelques secondes avant de poursuivre. Le<br />
temps de se composer un air de ne pas y toucher suffisamment crédible.) Au fait,<br />
Capitaine, avez-vous pu retrouver la BMW d’hier ?<br />
– Juste sa plaque, hier soir… échouée sur la plage du Prado… les courants,<br />
probablement…<br />
- Ah.<br />
- Comme vous dites. Et encore, vous ne connaissez pas le plus drôle !<br />
– Ah non ?<br />
La plaque que l’on a retrouvée…vous allez rire : c’est celle de votre BMW ! Ça<br />
fait un brave paquet de coïncidences, non ?»<br />
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Le sourire que Seignelay se sent obligé d’afficher est bizarrement inversé. Baille<br />
le scrute, n’en perd pas une miette, reprend de volée. Tout une technique.<br />
« Vous aurait-on volé votre voiture, Docteur ?<br />
– Mais pas du tout. Je vous aurai prévenu ! Ça ne peut pas être la mienne,<br />
puisque ce matin…<br />
– Vous avez vérifié avant votre jogging ?<br />
Mieux que ça, Capitaine : je l’ai utilisée. Elle est garée au David, c’est mon<br />
point de départ. Elle doit encore s’y trouver, si vous voulez vérifier…<br />
– C’est déjà fait. »<br />
Le Napoléon Bonaparte profite du silence qui s’installe pour se rappeler au<br />
bon souvenir de chacun. C’est son heure.<br />
« Mais alors cette plaque ? » demande Seignelay qui peine à organiser ses<br />
pensées, ce qui ne lui ressemble pas. Trop d’imprévus, trop d’aléas dans une vie<br />
jusqu’alors calibrée au millimètre.<br />
Baille hausse les épaules.<br />
« Probablement fausse, laisse-t-il tomber. Ce ne sera pas la première. »<br />
Cette phrase fataliste rassure le docteur qui perçoit enfin le retour de la<br />
bonne vieille rationalité dont il est coutumier. Soulagé, il se redresse. Retrouve de<br />
sa superbe. Son tranchant. Jusque dans son langage.<br />
rire.<br />
« Cette après midi à l’évêché ? ironise-t-il.<br />
- Qui s’en lasserait, n’est-ce pas ? »<br />
Le ton bourru de Baille dissuade le chirurgien de tenter le moindre éclat de<br />
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Chapitre 5<br />
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Troisième jour. À marquer d’une pierre blanche dans la vie du Dr Seignelay :<br />
radio réveil déréglé, oubli de programmation de la cafetière. Miraculeux qu’il soit<br />
encore dans les temps ! Mais là n’est pas le plus surprenant.<br />
Contre toute attente, il vient de renoncer à son jogging. Deux jours chamboulés<br />
lui suffisent. Même Dieu s’est reposé. Alors pourquoi pas lui ? Lui qui détient un<br />
pouvoir de vie ou de mort. Point commun à ne pas négliger. En toute modestie.<br />
Et même si les probabilités sont quasi nulles, Seignelay ne se sent<br />
psychologiquement pas en mesure de subir une troisième envolée de BMW. « Le vital<br />
ne saurait souffrir du moindre aléa. » Ce matin, le vital impose l’ablation du jogging :<br />
il se rendra directement à son cabinet, en voiture.<br />
dossiers…<br />
6H40 à la pendule de la cuisine. Il arrivera tôt, en profitera pour compulser ses<br />
Seignelay se lève, attrape ses clés et ouvre la porte donnant sur le jardin, sous<br />
l’œil arrondi de sa femme. S’ils ont échangé trois mots, c’est le bout du monde. Le<br />
bout de leur mariage. Elle secoue la tête : « épouser un médecin, c’est se condamner à<br />
la solitude », on l’avait prévenue.<br />
Le Docteur tire la porte derrière lui et devant son épouse, qui le regarde<br />
s’éloigner vers le garage. Elle appuie son front contre la vitre. Image de film d’amour,<br />
sauf qu’il ne pleut pas.<br />
6H45. Seignelay au volant, savourant l’atmosphère apaisante nappée de cuir de<br />
son allemande, affiche un vague sourire en coin que fige à peine la sonnerie de son<br />
GSM. Il décroche d’une pression de l’index, la communication emplit l’habitacle.<br />
« Docteur ? C’est le Capitaine Baille. Désolé d’appeler si tôt, mais vous a-t-on<br />
volé votre voiture ?<br />
plaque ?<br />
– Encore ? Ça frise l’obsession, Baille, ricane le chirurgien. Encore une fausse<br />
– On ne peut rien vous cacher…<br />
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– Au risque de vous décevoir, on ne me l’a toujours pas dérobée. D’ailleurs, je<br />
suis au volant, en cet instant…<br />
– Bon. Tant pis…Enfin non…je veux dire…Ça aurait pu…Mais au fait, pas de<br />
jogging ce matin ? »<br />
Excédé, Seignelay raccroche froidement tandis qu’il s’engage sur la Corniche,<br />
une pensée amère pour son jogging avorté. Il allume la radio histoire d’améliorer<br />
l’ambiance.<br />
…I’m still standing…<br />
« Pas tout jeune, ça ! » dit-il en arrivant à hauteur de l’hélice.<br />
Soudain, une silhouette. Droit devant lui. Sur l’écran de son pare-brise. Le<br />
chirurgien plisse les yeux, bouche bée, se penche en avant, se colle contre le volant…<br />
« Nom de… »<br />
Le joggeur en combinaison bleu électrique bondit sur le trottoir.<br />
Seignelay enfonce brutalement la pédale de frein –<br />
Cri strident des –<br />
Choc.<br />
Sa BMW décolle. Puis plonge vers la mer. Lentement. Au ralenti.<br />
À la radio, à présent :<br />
… je n’ai qu’une seule, une seule vie…<br />
Le Dr Seignelay se demande si la chanson dit vrai…<br />
Son ultime pensée.<br />
À 6H50.<br />
Corniche <strong>Kennedy</strong>.<br />
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