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Bonsoir. Salut femme des temps modernes (mes propos sont en gras).

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<strong>Bonsoir</strong>.<br />

Retranscription de la conversation avec Gw<strong>en</strong>doline (31 ans)<br />

<strong>Salut</strong> <strong>femme</strong> <strong>des</strong> <strong>temps</strong> <strong>modernes</strong> (<strong>mes</strong> <strong>propos</strong> <strong>sont</strong> <strong>en</strong> <strong>gras</strong>).<br />

<strong>Bonsoir</strong>, homme <strong>des</strong> cavernes.<br />

Ouga-bouga !<br />

A tes souhaits !<br />

Toi connaître Jack London ?<br />

Vi, Croc-blanc <strong>en</strong>tre autre.<br />

Je vi<strong>en</strong>s de terminer la lecture d’ « Avant Adam ».<br />

Je ne connais pas. Ca parle de quoi ?<br />

Le narrateur revit <strong>en</strong> rêve les av<strong>en</strong>tures de son ancêtre Cro-Magnon. Une belle<br />

mise <strong>en</strong> abyme de notre cerveau reptili<strong>en</strong>. Mais je te conseillerais plutôt Martin<br />

Ed<strong>en</strong> pour comm<strong>en</strong>cer.<br />

Inconnu celui-là.<br />

De Jack London.<br />

Connais pas ce roman là !<br />

Tu devrais !<br />

Je vais essayer. Qu’a-t-il de si formidable ?<br />

Susp<strong>en</strong>s…<br />

Bon, et à part ori<strong>en</strong>ter <strong>mes</strong> lectures ?<br />

Ri<strong>en</strong>. Te pr<strong>en</strong>dre les mains…<br />

N’importe qui ne les pr<strong>en</strong>d pas !<br />

Il a tort !<br />

Vraim<strong>en</strong>t ?<br />

A sa place je le ferais ! Et plutôt deux fois qu’une !<br />

Et pourquoi ce geste qui dépasse le cadre <strong>des</strong> conv<strong>en</strong>tions relationnelles ?<br />

Parce que l’ordre n’est plus, et que le désordre est dans l’imaginaire.<br />

Mon imaginaire est ordonné. J’aime guère le bazar.<br />

Le Big Bazar est là. Seule la joie s’indispose !<br />

Non, la joie met le cœur <strong>en</strong> fête et les étoiles plein la tête.


Je dois me déconnecter, le cœur <strong>en</strong> peine.<br />

Hélas ! Peut-être se recroisera-t-on ? Le cœur m’<strong>en</strong> doloit.<br />

Regret de l’ordre multiple.<br />

Désappointem<strong>en</strong>t du désordre annihilé.<br />

Sourire de l’<strong>en</strong>tière aménité.<br />

Malice exacerbée.<br />

Pixels infinis.<br />

Calligraphie anci<strong>en</strong>ne.<br />

Tes joues rosies par l’att<strong>en</strong>te.<br />

Sourire moqueur face à tant de confiance <strong>en</strong> soi !<br />

Tu parles, du flan à perte de vue !<br />

J’adore. Aux abricots, ou à la cerise.<br />

Tout ce que tu veux, <strong>des</strong> plaines, <strong>des</strong> collines. Je dois quitter et tu me reti<strong>en</strong>s…<br />

« Je vais et je vi<strong>en</strong>s… », oups !<br />

Oui, avec regrets et peines.<br />

Désolations extrê<strong>mes</strong>.<br />

Haussem<strong>en</strong>ts d’épaules désabusés.<br />

Bonjour.<br />

(sil<strong>en</strong>ce)<br />

Diantre, les pixels rest<strong>en</strong>t muets !<br />

Vous ici, quelle joie !<br />

N’est-il pas ?<br />

J’ai couru tout le net pour t’apercevoir !<br />

(le l<strong>en</strong>demain)<br />

Et bi<strong>en</strong> je suis là. Et moi, j’ai juste eu à cliquer deux fois pour te trouver ! Mais c’est<br />

tout simplem<strong>en</strong>t dû à la dextérité féminine !<br />

Je cours comme un dingue, et voilà, toi tu restes dans la simplicité !<br />

Mais oui ! Travaillerais-tu <strong>en</strong>core à cette heure-ci ?


Sacrebleu, oui !<br />

Mais quelle activité te mobilise à ce point ?<br />

Words, words and words…<br />

« Paroles… paroles… paroles…»<br />

(sil<strong>en</strong>ce)<br />

« …Encore <strong>des</strong> mots, toujours <strong>des</strong> mots, les mê<strong>mes</strong> mots… »<br />

(sil<strong>en</strong>ce)<br />

« Caramel, bombons et chocolats… »<br />

(sil<strong>en</strong>ce)<br />

Mutisme boudeur ?<br />

Jamais ne boude…<br />

Toujours travailles alors ? Je ne veux pas te déranger outre <strong>mes</strong>ure !<br />

La <strong>mes</strong>ure est l’ess<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> métreurs. Je n’<strong>en</strong> suis point !<br />

Peu <strong>en</strong>clin à la communication tu sembles ce soir ?<br />

J’ai un gros problème, une vessie qui <strong>en</strong>fle. Et la soulager pr<strong>en</strong>drait cinq minutes.<br />

Seriez-vous pati<strong>en</strong>te ?<br />

Je m’<strong>en</strong> voudrais si vous aviez une marre sous votre siège. Allez donc faire pleurer le<br />

petit Jésus !<br />

Suis-je un ange ?<br />

Nous <strong>en</strong> reparlerons dans cinq minutes…<br />

(interlude)<br />

Le petit Jésus pleurait comme un Juda !<br />

Cela fait plus de cinq minutes !<br />

Mazette, pr<strong>en</strong>drais-tu plaisir à tout compter !<br />

C’est à croire que les cloaques <strong>sont</strong> à trois pâtés de maisons !<br />

«Quand les g<strong>en</strong>s se mett<strong>en</strong>t à avoir une comptabilité derrière les yeux ils devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> comptables !»<br />

Des lapalissa<strong>des</strong>, tu comptes m’<strong>en</strong> sortir beaucoup ?<br />

Une citation de Ferré seulem<strong>en</strong>t. Mais si tu <strong>en</strong> veux plus…<br />

Je connais assez mal Ferré. Je veux bi<strong>en</strong> appr<strong>en</strong>dre et savoir. Eclaire-moi de tes<br />

lumières.


Une joie serait de glisser un CD dans tes esgour<strong>des</strong> !<br />

Techniquem<strong>en</strong>t, c’est impossible. Mais un filet de musique, c’est déjà dans l’ordre du<br />

possible.<br />

Que dis-tu ? Un filet ? Oui ! Mais quand est-il de ceux qui dériv<strong>en</strong>t à <strong>des</strong><br />

kilomètres du Japon ?<br />

Noonn… et les petits cétacés, tu y p<strong>en</strong>ses ?<br />

Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t j’ai t<strong>en</strong>té de les sauver d’un pied habile à la marée <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dante.<br />

Mais la noyade te guettait, car plus pied tu avais, pauvre petite chose mouillée !<br />

Le pied est l’effroi du poète.<br />

Ou le début du corps de l’être aimé.<br />

Celui-là même qui court au ral<strong>en</strong>ti le long <strong>des</strong> plages médusées.<br />

Devant les badauds bouches bées.<br />

Alanguis devant l’att<strong>en</strong>te du v<strong>en</strong>deur de chouchou, de chichis, fameux dans<br />

l’exil !<br />

Fuyant la foule et la cohue <strong>des</strong> vacanciers urbains.<br />

Allongeant sa thune dans son placard, étroit à l’extrême.<br />

Préférant les dunes, s<strong>en</strong>sibles, rondies et infinies.<br />

Touchées <strong>des</strong> mains, elles semblai<strong>en</strong>t là, bi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tes, toujours aux r<strong>en</strong>dez-vous<br />

<strong>des</strong> lueurs naissantes.<br />

Sourire.<br />

Gw<strong>en</strong>doline souriait, elle avait <strong>des</strong> mains gran<strong>des</strong> comme le v<strong>en</strong>t.<br />

Oui mais John.Angel avait recours à ces tournures dans je ne sais trop quel but !<br />

Le relief, toujours lui ! Celui qui répand <strong>des</strong> poussières d’ombres et de joie. Et les<br />

brises les côtoi<strong>en</strong>t sans cesse dans l’allégresse bi<strong>en</strong>veillante de l’oubli.<br />

Je demande grâce ! J’implore votre grande mansuétude !<br />

La folle épée de nacre susp<strong>en</strong>due à ton cou, les divines courbures de tes épaules de<br />

satin frémiss<strong>en</strong>t sous mon souffle…<br />

Pitié !<br />

Je r<strong>en</strong>ds l’armure. Le tee-shirt ? Non !<br />

Ou garde ta vesture, chevalier <strong>des</strong> <strong>temps</strong> internautiques.<br />

Mon cheval est un vélo, bleu et rouille.


Pourrait-on avoir tr<strong>en</strong>te secon<strong>des</strong> une conversation non emplie d’ellipses ? Mon cheval<br />

a quatre roues. Il est bleu aussi mais sans rouille.<br />

Il me semble bi<strong>en</strong> rapide le bougre !<br />

Il me plait, c’est le principal ! Donc je ne peux toujours pas savoir à qui j’ai affaire ?<br />

Non, ta force est au-delà !<br />

Elle est faible ma force ce soir. Un prénom ? Car bi<strong>en</strong> sûr, Monsieur a fait fi de remplir<br />

son profil ! Moi j’ai rempli le mi<strong>en</strong>…<br />

Je bondis sur le dit-profil, là, maint<strong>en</strong>ant !<br />

Parce que ce n’est pas <strong>en</strong>core fait ! Mais il fonctionne au ral<strong>en</strong>ti !<br />

(sil<strong>en</strong>ce)<br />

Mais où est-il <strong>en</strong>core passé ?<br />

Point de profil à l’horizon !!<br />

Alors il faudra que tu recliques sur la petite case « Profil » à droite de ton écran.<br />

Le v<strong>en</strong>t me fait faux bond.<br />

Pas grave. Tu n’as toujours pas quitté tes moufles ? Pourtant il fait moins froid !<br />

(après avoir lu son profil)<br />

Gw<strong>en</strong>doline, au contraire de toi, je n’aime pas le champagne, ou du moins, je ne<br />

courre pas après.<br />

Moi j’adore. Puis-je avoir un retour ?<br />

J’aime l’ail cru aussi, <strong>en</strong> purée, <strong>en</strong> chemise, poêlé, cravaté, à califourchons…<br />

Je déteste. Et moi alors ? Aurais-je un prénom à mettre sur ce pseudo ?<br />

John très chère. Comme mon pseudo !<br />

<strong>Bonsoir</strong> John. Voilà qui me va mille fois mieux !<br />

Ma joie est multiple de même. Mais te connaissant, je m’att<strong>en</strong>ds à une remise…<br />

Tu ne me connais pas !<br />

… En ordre <strong>des</strong> éclats !<br />

Bonne mémoire j’ai, mais parfois je manque de discernem<strong>en</strong>t.<br />

Tu discernes l’indiscernem<strong>en</strong>t ?<br />

Oui, mon manque.<br />

Le manque est le scellé de l’amour !<br />

M’<strong>en</strong> cause pas de celui-là. Je crois bi<strong>en</strong> que Cupidon m’a oubliée.


Ses flèches <strong>sont</strong> aiguës, point n’<strong>en</strong> recevoir est grave. La gamme est notre lot…<br />

John, je ne sais pas où tu es, mais je suis aux regrets de te dire qu’il faut que je m’<strong>en</strong><br />

aille. Peut-être à un autre jour ?<br />

Long<strong>temps</strong> je t’ai att<strong>en</strong>du, tes mots, ta s<strong>en</strong>sibilité, ta joie, ton humour…<br />

Ont fait tourner la tête de John ?<br />

Mais là, tu dois aller manger de la pizza et je fais bi<strong>en</strong> de la pizza !<br />

J’aimerais sans nul doute la partager avec toi !<br />

Et maint<strong>en</strong>ant tu vas partir,<br />

Tous les deux nous allons délunir,<br />

De la pizza chacun pour soi, comme c'est triste !<br />

Quand serait-il possible de nous recroiser ici ?<br />

Dis-moi quand ? Je rebondirais…<br />

Tel le félin que tu n’es pas ! Je ne sais pas moi !<br />

(un passage int<strong>en</strong>se n’a pas été noté)<br />

Tu sais, l’évid<strong>en</strong>ce ne se dit pas et j’ai <strong>en</strong>freint la règle. Je me mords les bras !<br />

Il n’est pas évid<strong>en</strong>t pour tout le monde qu’une <strong>en</strong>seignante bosse <strong>en</strong>core à 18h30.<br />

Doucem<strong>en</strong>t, l’automutilation c’est peu sain !<br />

Tant que je puisse <strong>en</strong>core marcher sur les près fleuris de l’att<strong>en</strong>te !<br />

Et brouter quoi ?<br />

(déconnexion)<br />

(deux jours après)<br />

Bonjour. Cesse de travailler. C’est plus l’heure John.<br />

Gw<strong>en</strong>doline ! Ni n’embrasse, ni ne serre !<br />

Il est un <strong>temps</strong> pour tout ! Oui mais qu’est-ce qu’elle cause !<br />

Elle cause de la joie à ces heures de l’ombre.<br />

J’ai bi<strong>en</strong> failli te faire faux bond.


(long sil<strong>en</strong>ce)<br />

Quoi qui va pô ? Allez, fais-moi ton Caliméro !<br />

L’amorce pointe sa face, là…<br />

Oui, mais noire est la nuit, et claire elle peut-être !<br />

Lanterne à la main, nous allumons <strong>des</strong> buissons.<br />

Voilà qu’il se pr<strong>en</strong>d pour un pyromane. Négatif très cher, j’aime le feu uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

cheminée ou vrillé à mon corps !<br />

Je cherchais la onzième tablette.<br />

C’est celle qui dit que tu ne cacheras pas la vérité à Gw<strong>en</strong>doline, non ?<br />

Que n<strong>en</strong>ni : « à Gw<strong>en</strong>doline <strong>des</strong> palabres tu raconteras » !<br />

Beau parleur, il y a belle lurette que je ne crois plus à Saint-Nicolas !<br />

Devant l’âtre, les s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> éveil, les pieds <strong>en</strong> pointe, Nicolas tout timide devant tant<br />

d’incrédulité. Il se barre fissa le bougre !<br />

« Elle est la fille du père Noël, je suis le fils du père fouettard, elle s’appelait Marie-<br />

Noëlle, je m’appelais Jean-Balthazar ».<br />

Tu tronques là !<br />

Oui. Te plains pas, je ne suis pas castratrice !<br />

Castratrice aussi sublime que la Cala ?<br />

Alors, quoi de beau prévu pour ce week-<strong>en</strong>d ?<br />

Je vais donner du pain à <strong>des</strong> canards.<br />

Oui mais <strong>en</strong>core ?<br />

Je vais aller siffler sur les quais, <strong>des</strong> trucs de Vivaldi.<br />

Tu as de la chance, il est prévu du beau <strong>temps</strong>. Ainsi tu pourras aller le faire sans ciré.<br />

Et puis ?<br />

Des rayons de soleil plein la face je vais pr<strong>en</strong>dre !<br />

Et rev<strong>en</strong>ir la face homard thermidor ! Tu vas pr<strong>en</strong>dre les canards au lasso ?<br />

J’ai une astuce : je fais coin-coin <strong>en</strong> douce, et eux se la ramèn<strong>en</strong>t tranquille !<br />

« Et tu secoues le bas <strong>des</strong> reins… tourner c’est la fête, bras <strong>des</strong>sus <strong>des</strong>sous… »<br />

Gw<strong>en</strong>doline, pourquoi…<br />

Je sais, tu es admiratif. Pourquoi quoi ? Et pourquoi pas ?<br />

…N’avons-nous pas dansé <strong>en</strong>semble le jour de l’an 2000 ?


Et bi<strong>en</strong>… j’étais où moi déjà ?<br />

Paname, Tourcoing ?<br />

Ah oui, je me souvi<strong>en</strong>s ! Non, du tout, famille dans le coin… coin.<br />

Tu étais ronde, voilà tout ! Le long <strong>des</strong> braises de l’artifice.<br />

Non, ronde je n’étais point. Tout juste grisée ? Et toi, tu étais où ?<br />

(fin de la transcription)<br />

<strong>Bonsoir</strong> Monsieur.<br />

<strong>Bonsoir</strong> Gw<strong>en</strong>doline.<br />

Comm<strong>en</strong>t vas-tu ? En voiture, je sais !<br />

Bicloune miss, bicloune !<br />

(le lundi suivant)<br />

Waouh, avec les mollets rasés qui vont avec.<br />

Avec juste du v<strong>en</strong>t dans la face. Des fois du gros grain.<br />

Et les moustiques <strong>en</strong>tre les dedans. Je vois. Oui mais pas <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t les rafales.<br />

Super soleil. Entre les d<strong>en</strong>ts, pardon. Oula, ça va pô bi<strong>en</strong> moi ce soir !<br />

Surtout que tu fais grève demain.<br />

Non Monsieur. Je fais pas grève demain. J’ai déjà fait les trois précéd<strong>en</strong>tes. Et toi, tu<br />

fais grève ? Avec ton vélo à la main ?<br />

Non, ou alors à la plage.<br />

Tu bosses pô ? Pour te permettre d’aller à la plage ?<br />

Mon job me l’autorise.<br />

B<strong>en</strong> dis donc… c’est comme ça que tu joues du collier ?<br />

On attache bi<strong>en</strong> son chi<strong>en</strong> avec <strong>des</strong> saucisses !<br />

T’es pas prêt de faire r<strong>en</strong>trer le chef dans ses bonnes grâces ! Tu attaches ton chi<strong>en</strong><br />

avec <strong>des</strong> saucisses… intéressant. Passé un bon week-<strong>en</strong>d sans moi ?<br />

Non. Sans toi, non. Dire que je dois quitter dans trois secon<strong>des</strong>… Demain je te le<br />

promets, tu auras « <strong>des</strong> perles de pluies »…<br />

« De pays où il ne pleut pas… ». Je vais aller noyer mon chagrin dans je ne sais trop<br />

quoi. Donc, tu bosses dans un bureau ? Tu gères…


(avec Gw<strong>en</strong>doline, il fallait être rapide dans la réplique afin d’assurer devant sa<br />

drôlerie et sa vitesse de frappe. Le <strong>temps</strong> me manquait pour noter la suite.)<br />

<strong>Bonsoir</strong> M’dame.<br />

(le l<strong>en</strong>demain)<br />

Bonjour Monsieur. R<strong>en</strong>tré sans <strong>en</strong>combre hier soir ? Pas de cravate récalcitrante dans<br />

les rayons ?<br />

Non, <strong>des</strong> étoiles plein les mirettes, avec toi comme constellation.<br />

J’ai le <strong>temps</strong> de taper trois lignes qu’il n’<strong>en</strong> tape qu’une. Diantre, le ciel était couvert<br />

alors !<br />

Je mange <strong>des</strong> hamburgers là !<br />

Heureusem<strong>en</strong>t que tu n’es pas dactylo. Continue les cheeseburgers mon petit ! Et cela<br />

fera une retraite <strong>en</strong> moins à financer pour l’état. Et on ne tapote pas avec les doigts<br />

<strong>gras</strong> !<br />

Je mets de la moutarde pour désintégrer tout le <strong>gras</strong>.<br />

Oui, bi<strong>en</strong> sûr, c’est bi<strong>en</strong> connu, dans la moutarde il n’y aucun lipide !<br />

Le coca finit le boulot. Il est pro dans son g<strong>en</strong>re. Caustique tout comme toi !<br />

Oui, les sucres convi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t pour la nidification d’un infarctus du<br />

myocarde.<br />

S<strong>en</strong>sible au gros <strong>gras</strong> ?<br />

Je n’aime pas la bouffe saturée de graisses américaines, standardisées au niveau<br />

gustatif. Je suis une française moi, Monsieur !<br />

Je dis que tu as bi<strong>en</strong> raison, vive le cassoulet !<br />

Eclat de rire. Oui, le coq au vin, la lotte à l’armoricaine, le pot-au-feu, la poule au pot,<br />

la pintade aux raisins…<br />

La choucroute.<br />

… Le poulet au cidre, aussi la choucroute, l’<strong>en</strong>trecôte poivre vert, steak sauce tartare…<br />

Là, je dis bravo M’dame !<br />

Oui. Puis le saumon au beurre blanc. Voilà quelque chose de léger !<br />

Et tu oublies les <strong>en</strong>tremets.


Tarte Tatin, crè<strong>mes</strong> brûlées, crêpes, gaufres, flans aux abricots, crème anglaise,<br />

charlotte aux chocolats, que du maigre ! Et du maigre français !<br />

Du traditionnel on va dire, de la bonne brasserie !<br />

C’est toujours mieux que ce dont tu t’empiffres, <strong>en</strong>fin selon moi !<br />

Mais j’admire, je succombe là, devant toi.<br />

Parce que c’était pas <strong>en</strong>core fait !!<br />

Tous les jours je tombe <strong>des</strong> nues avec toi !<br />

Couvert de bleus tu dois être ! Diantre, on va croire que tu es un homme battu !<br />

Quand je m’<strong>en</strong>vole, les g<strong>en</strong>s ne me voi<strong>en</strong>t plus dans le ciel limpide.<br />

Dis, tu veux toujours pas me dire ce que tu fais la journée au bureau ? Tu sais, une fois<br />

que tu as déposé ton deux roues à l’<strong>en</strong>trée.<br />

Et après on regarde le JT et le film du mardi soir !<br />

(sil<strong>en</strong>ce)<br />

Excuse-moi petite Gw<strong>en</strong>doline. Tu sauras tout ce que tu voudras.<br />

Petite… petite… pffff !<br />

1m82.<br />

Pfffff !<br />

Pour moi.<br />

Non, moins. Donc petite… ah, pour toi ! Mais ça quoi à voir avec ta profession ? Têtue<br />

je suis, mais tu adores ça !<br />

Tu connais Socrate ?<br />

Socrate, oui.<br />

Il posait <strong>des</strong> questions tout plein.<br />

Ne me dis pas que tu es prof de philo ! Oui, il posait <strong>des</strong> questions, et alors ? Tu bosses<br />

pour un institut de sondages et tu poses <strong>des</strong> questions toute la journée ?<br />

Le type, pris au hasard sur les pavés, l’athéni<strong>en</strong> de base, au départ il croyait <strong>des</strong><br />

choses, à la fin le contraire. Il était fort Socrate avec sa maïeutique.<br />

Eh oui ! Tout l’art de faire accoucher par les dialogues <strong>des</strong> vérités cachées…<br />

Je ne peux ri<strong>en</strong> brouiller alors ?<br />

Si les œufs, aux p’tits lardons. Mais je préfère les vi<strong>en</strong>noiseries.<br />

Voilà, de la gourmandise une fois de plus après le bœuf bourguignon !


Oui, les œufs, cela a du mal à passer. Donc la maïeutique, quel rapport avec ton<br />

métier ?<br />

Je voulais juste dire que Socrate avait t<strong>en</strong>dance à brouiller les pistes, et pouvait<br />

diriger <strong>en</strong> douce…<br />

Et je dois dire que tu t’y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds pas mal !<br />

… Ses <strong>propos</strong>.<br />

Ne crois pas que je sois dupe, je te devine relativem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> !<br />

En plus je te donne les clés.<br />

De ton appart ? Pas déjà ! Oui, et bi<strong>en</strong>, je n’ai toujours pas trouvé la serrure. Normal, y<br />

a point la lumière dans le couloir !<br />

Mes clés <strong>sont</strong> le paillasson.<br />

Tu es ag<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, tu secoues les paillassons. Tu es ag<strong>en</strong>t secret. Ta mission :<br />

retourner les espions comme <strong>des</strong> crêpes à l’aide de la maïeutique !<br />

Tu <strong>en</strong> sais trop, il va falloir…<br />

Cesse de rire éperdum<strong>en</strong>t !<br />

… Te cacher maint<strong>en</strong>ant !<br />

Aide-moi ! Oups ! Ca y est, suis cachée !<br />

Là, tu ne bouges plus jusqu’à la fin de l’<strong>en</strong>tourloupe !<br />

Ca va durer <strong>en</strong>core long<strong>temps</strong> ?<br />

Ta cachette n’est pas sûre ?<br />

Bon, tu as fini de compter jusqu’à 10 ? Alors maint<strong>en</strong>ant, dis-moi à qui j’ai à faire !<br />

A faire quoi ?<br />

Monsieur fait le sourd ou l’aveugle, au choix. T’es pas coopératif ce soir. Pas grave.<br />

Passons à autre chose !<br />

Je me s<strong>en</strong>s traqué.<br />

Fô pas… je suis mignonne. Je fais de mal à personne, <strong>en</strong>fin j’essaie.<br />

Je lâcherais tout pour toi, tu le sais !<br />

Mais si tu ne veux pas <strong>en</strong> parler, pas grave ! Dernier film vu au ciné ?<br />

« Blade runner »<br />

Et b<strong>en</strong>, ça remonte ! Faut sortir le biclou le week-<strong>en</strong>d !


Non, « Requiem for a dream »…<br />

Dernier CD ?<br />

Att<strong>en</strong>d voir… Le vinyle <strong>des</strong> « Blues Brothers ».<br />

Ok, tu as décidé de te retirer du monde ?<br />

Ma grotte a un modem.<br />

Tel un ascète sur sa colonne. Dernière fringue acquise ?<br />

Des chaussettes… C’est chaud tes questions !!!<br />

Dernier petit bonheur ?<br />

Une minute ou deux.<br />

Dernier frisson ?<br />

Quand j’ai pris l’avion.<br />

Dernière <strong>en</strong>vie ?<br />

De repr<strong>en</strong>dre l’avion.<br />

Dernier petit plaisir ?<br />

Dernier Cassavetes.<br />

Dernier sourire ?<br />

Là.<br />

Dernière colère ?<br />

Loin.<br />

Dernier coup de gueule ?<br />

Chez Ardisson.<br />

Dernière lessive ?<br />

En septembre.<br />

Rire. Dernier souhait ?<br />

La date ou la t<strong>en</strong>eur ?<br />

Premier émoi ?<br />

Tout à l’heure sous la casserole que tu dois certainem<strong>en</strong>t appeler la grande<br />

Ourse !<br />

A toi !<br />

Première lassitude ?<br />

Pas <strong>en</strong>core arrivée.


Premier satori ?<br />

Ze sais pô ce que c’est !<br />

Bon, je te conseille : « Satori à Paris » de Kerouac.<br />

Noté.<br />

Premier « Je t’aime plus » ?<br />

A mon chat <strong>en</strong> peluche, pour avoir perdu sa mousse dans mon lit.<br />

Premier plat réussi ?<br />

Elaboré le plat ou tout simple ?<br />

Elaboré.<br />

Faisan au cidre.<br />

Tu as dit poulet tout à l’heure.<br />

Oui, aussi.<br />

Dernier sourire ?<br />

Quelques minutes.<br />

Dernière bronzette ?<br />

J’avais 12 ans, brûlée au deuxième degré. Plus jamais !<br />

Dernière larme ?<br />

Quatre semaines.<br />

Oh, petite bouille !<br />

Je suis toute fragile, même si ça n’a pas l’air !<br />

Les gran<strong>des</strong> joueuses <strong>sont</strong> les gran<strong>des</strong> s<strong>en</strong>sibles.<br />

Moui !<br />

L’extrême est toujours l’élastique de l’extrême inverse.<br />

Oui, bi<strong>en</strong> sûr… n’oublie pas de pr<strong>en</strong>dre tes cachets <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trant !<br />

Petit chat que tu es !<br />

Chatte !<br />

Oui, tout pareil !<br />

Qu’as-tu été faire chez Ardisson ?<br />

Pas <strong>en</strong>core.<br />

Et le coup de gueule ? Tu ne veux pas le dire <strong>en</strong>core ?<br />

Je m’emporte difficilem<strong>en</strong>t.


C’est bi<strong>en</strong>, posé je te s<strong>en</strong>s !<br />

J’amortis les choses.<br />

Structuré, calme, cultivé, rationnel, rêveur, décideur.<br />

Iconoclaste, sapristouille, observateur.<br />

C’est une qualité la sapristouillerie ?<br />

Oui, peu <strong>en</strong> <strong>sont</strong> pourvus, et toi et moi possédons cette furie de la sapristouille.<br />

J’ai pas tout faux alors ?<br />

(fin de la prise de note)<br />

(mercredi)<br />

B’jour M’zelle. Votre abs<strong>en</strong>ce m’a manquée.<br />

<strong>Bonsoir</strong>. Merci Monsieur, cela me touche. As-tu eu <strong>des</strong> problè<strong>mes</strong> de connexions ? Ou<br />

du travail par <strong>des</strong>sus la tête ?<br />

Votre parfum aussi m’a manqué !<br />

Tu ne le connais pas <strong>en</strong>core !<br />

Du Mugler ?<br />

Non. Même joueur joue <strong>en</strong>core !<br />

Je sèche comme une banane au soleil.<br />

C’est meilleur flambée et recouverte de chocolat !<br />

Ton parfum, c’est un cond<strong>en</strong>sé de blanquette de veau ?<br />

Sourire.<br />

Une fragrance de paella ? Un musc de potée du terroir ?<br />

Monsieur semble connaisseur ?<br />

Un tant soit peu, j’ai le nez fin !<br />

J’ai bi<strong>en</strong> failli croire que tu m’avais oubliée !<br />

Jamais Ô grand jamais ! L’heure tournait et l’impondérable est arrivé, misère et<br />

sapristouille !<br />

Tu t’es brisé un ongle sur le clavier et vite, il a fallu faire un raccord vernis !<br />

Pire que ça, mon hamburger a ripé sur l’écran.<br />

Ah oui ? Bon, et bi<strong>en</strong> que cela soit du verni ou du ketchup, ton clavier est maculé de<br />

rouge !


Comme tes shoes !<br />

Perdu, mais bi<strong>en</strong> t<strong>en</strong>té.<br />

Sourire. Bon, petites shoes noires pour petite brune.<br />

Sourire.<br />

Et cela sans talons, que du gros plat.<br />

Et toi grand brun, lunettes, yeux noirs ?<br />

Non, du champ de vision pur. Yeux verts M’zelle.<br />

En vélo, la cravate au v<strong>en</strong>t…<br />

Je ne porte plus de cravates, personne ne m’<strong>en</strong> offre.<br />

Donc grand brun, yeux verts, sans cravate mais <strong>en</strong> slip au lit ?<br />

Nez aquilin, bouclettes les <strong>temps</strong> de pluie, pieds de marcheur.<br />

Visage allongé ?<br />

Comme une flûte de champagne.<br />

Mon Dieu, il s’est coincé la tronche <strong>en</strong>tre deux portes !<br />

Traqué par deux tranches de mie j’ai été !<br />

Comm<strong>en</strong>t ? Tu as servi de mortadelle à deux blanches donzelles. Ouah, le rêve de tous<br />

les hom<strong>mes</strong> ! Je ne suis point adepte du triolisme pour ma part. Ne suis point<br />

prêteuse !<br />

J’ai capitulé devant <strong>mes</strong> phantas<strong>mes</strong>. Elles ont eu raison de ma faiblesse<br />

d’homme.<br />

Mais je respecte les goûts de chacun.<br />

Jalouse à griffer ton nounours qui mousse !<br />

Point jalouse mais pas prêteuse, c’est tout !<br />

Te prêterais-tu à moi ?<br />

Je n’<strong>en</strong> sais ri<strong>en</strong>, je ne connais ni ton odeur, ni tes manières, ni ton regard, ni tes<br />

aspirations.<br />

Je laisse la porte aux da<strong>mes</strong>…<br />

Y a-t-il quelque chose que tu apprécies foncièrem<strong>en</strong>t chez une <strong>femme</strong> ?<br />

Les boucles brunes qui tomb<strong>en</strong>t sur sa nuque.<br />

Autre chose ?<br />

Les g<strong>en</strong>oux.


Et ?<br />

Ta main sur ton visage quant tu ris !<br />

Et ?<br />

Quand tu me fais rire…<br />

Mais je n’ai pas de boucles sur la nuque, et <strong>mes</strong> g<strong>en</strong>oux <strong>sont</strong> quelconques !<br />

Coupée court alors ?<br />

Tu ne veux toujours pas me donner les clés sous le paillasson ?<br />

Oui mais trouveras-tu la porte ?<br />

Si tu me donnes l’adresse.<br />

L’adresse ou l’agilité ?<br />

Pourquoi ? Tu vis à la cime d’un arbre ? Tant que tu ne parles pas de souplesse !<br />

Je suis susp<strong>en</strong>du à un fil, léger certes !<br />

J’ai le vertige.<br />

Tu habites au rez-de-chaussée ?<br />

Oui, c’est plus facile pour que Roméo grimpe à mon balcon.<br />

Je ferais tous les rez-de-chaussée pour s<strong>en</strong>tir le Miracle (son parfum).<br />

Tu as bi<strong>en</strong> du mal à gérer cette f<strong>en</strong>être sur ton écran, alors pour les rez-de-chaussée…<br />

Promis, j’arrête les Bigres-Macs !<br />

Sage résolution. Un ou deux par mois <strong>sont</strong> <strong>en</strong>core vivables. Tous les soirs c’est<br />

l’horreur !<br />

Le Miracle et le pavé à la diable seront <strong>mes</strong> repères olfactifs.<br />

Alors, dis-moi tout de toi. J’ai <strong>en</strong>vie ce soir de savoir. Mon désarroi est grand. Aide-<br />

moi, je patauge…<br />

Ton minois depuis long<strong>temps</strong> me fait craquer. Là, je résiste très fort !<br />

Tu ne me connais point. Je vois que tu résistes. Je ne sais toujours pas ce que tu fais.<br />

(fin de la prise de note)


Dearling,<br />

Courriel pour Gw<strong>en</strong>doline<br />

Comme une <strong>en</strong>quête à la Poirot, chacun glisse <strong>des</strong> indices par petites<br />

notes. « Mon cœur mis à nu » comme dirait Baudelaire, se joue à coup de strip-pokers<br />

internautiques. Chaque jour une carte s'abat avec <strong>en</strong> filigrane une dame de cœur, muse<br />

amusée, forte du couvert. Se mettre à table démange les doigts et l'appétit fait rage.<br />

« On mise, on mise... et si la roulette n'avait qu'un trou, on miserait quand même »<br />

(Léo Ferré).<br />

Joueurs tous deux, nous aurions pu nous r<strong>en</strong>contrer dans un tripot clan<strong>des</strong>tin à<br />

Bangkok, à l’abri <strong>des</strong> moussons. Un face à face orchestré par Sergio Léone, voir Nino<br />

Rota, où le regard non déguisé aiguise l'autre. Des gros tas de jetons empilés,<br />

kaléidoscope de nos gains célestes, nos prunelles aux aguets du moindre bluff. Et<br />

pourtant, celui-ci semble bi<strong>en</strong> à l'ouest, « à l'ouest du carton-pâte » (Léo Ferré<br />

<strong>en</strong>core), chaque carte reste dans l'auth<strong>en</strong>tique. La rapidité du Chat ne permet l'augure<br />

tricherie. Etre vrai dans l'instant voilà tout ! Le filigrane de nos â<strong>mes</strong> est ainsi<br />

auth<strong>en</strong>tifié dans ce côté véloce de l'échange. A l’inverse du poker où la sueur ret<strong>en</strong>ue<br />

fait montre de pati<strong>en</strong>ce. Pati<strong>en</strong>ce qui devi<strong>en</strong>t force dans l'att<strong>en</strong>te d'une connexion<br />

prochaine. Le <strong>temps</strong> aide les fougueux comme nous à amplifier l’exaltation. « As-tu<br />

pris ton médicam<strong>en</strong>t ? » me diras-tu... dans ma camisole, deux doigts parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à<br />

saisir l'AZERTY bi<strong>en</strong> nommé ! Nous tapotons, nous tâtonnons et, <strong>en</strong> cérémonie, les<br />

flui<strong>des</strong> du modem nous indiqu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> courants inversem<strong>en</strong>t proportionnels au carré de<br />

l'inimaginable.<br />

Toujours s<strong>en</strong>sible au caustique, tu diras : « Paroles... paroles », et si ce n'est ta<br />

passion pour Dalida, je te répondrais que la parole m'a si souv<strong>en</strong>t manquée, qu'on me<br />

dit à prés<strong>en</strong>t sil<strong>en</strong>cieux. Mais quand je te croise, le sil<strong>en</strong>cieux devi<strong>en</strong>t kalachnikov,<br />

tempête du désert, ouragan de l’ineffable. Quand je te dis que je suis dingue de toi ! Tu<br />

es l'oasis sans mirage... le miracle d'une chronique annoncée. L'aspiration devi<strong>en</strong>t<br />

prospère (youpla boum) et même tes railleries pour mieux cacher ton carré d'as<br />

s'<strong>en</strong>volerai<strong>en</strong>t devant ma paire de 8. Sans bluff aucun ! Juste parce que nous ne jouons<br />

pas l'un contre l'autre mais l'un avec l'autre. Toi et moi <strong>en</strong>fin réunis.


« Contre qui ? » murmureras-tu. Contre ri<strong>en</strong>. Nous rirons de tout. Les lar<strong>mes</strong><br />

d’antan auront leurs p<strong>en</strong>dants de joie atemporelle. Toujours tu mettras, non <strong>en</strong> doute,<br />

mais <strong>en</strong> avant, le ridicule de <strong>mes</strong> <strong>propos</strong>, et comme au Monopoly, je vi<strong>en</strong>drais exprès<br />

payer <strong>mes</strong> nuits d'hôtel dans ta rue Lecourbe, quitte à payer plein pot dans ta rue de la<br />

Paix. Tu diras <strong>en</strong>core avec malignité : « Tu ne me connais pas ! ». C'est vrai, mais au<br />

poker on devine. Une intuition... et l'avoir dans une vie (l'intuition) est proche du<br />

miracle (fragrance absolue)<br />

John<br />

T'embrasser est une évid<strong>en</strong>ce.<br />

Courriel de Gw<strong>en</strong>doline<br />

Nuit de demi-lune ou de pleine lune, insomnie, sommeil cassé, j'ai beau le lire<br />

et le relire, <strong>des</strong> mots il me faut trouver, <strong>en</strong>chaîner les syllabes avec un semblant de<br />

sémantique et ne point paraître désuète voire obsolète Ton courriel m’a laissé pantoise<br />

et haletante. Tu écris jolim<strong>en</strong>t et c’est toujours avec impati<strong>en</strong>ce que j’att<strong>en</strong>ds de<br />

pouvoir te lire et te parler chaque soir. Ce n'est ni une partie de poker, ni une danse<br />

andalouse, ni un mano à mano par touches internautiques interposées. Non, ce <strong>sont</strong><br />

deux êtres qui se cherch<strong>en</strong>t, qui se trouv<strong>en</strong>t et qui malicieusem<strong>en</strong>t se découvr<strong>en</strong>t petit à<br />

petit l'un à l'autre :<br />

- une même passion pour les chinois à volonté.<br />

- un même amour <strong>des</strong> jolis mots.<br />

- une malignité réciproque.<br />

- une même volonté de vérité ?<br />

« On verra à l'usure » dit-elle. Puis, il est <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ces, <strong>des</strong> imperfections (par<br />

exemple cet amour immodéré pour l'infâme bouffe donaldi<strong>en</strong>ne...), mais la perfection<br />

est <strong>en</strong>nuyeuse, t<strong>en</strong>dre vers la l’imperfection annonce de bi<strong>en</strong>s agréables réjouissances,


d'autant que le garçon voit le romantisme au lit sans slip (sic !... cherchez l'erreur... y a<br />

méprise <strong>en</strong>tre romantisme et onanisme... ne hurle pas...). Clin d’œil malin.<br />

Darjeeling,<br />

Votre succube affolée.<br />

Courriel pour Gw<strong>en</strong>doline<br />

Bi<strong>en</strong> le bonjour mon petit cordon bleu de <strong>des</strong>sous les fagots, aux yeux ni gris ni<br />

verts. Mon intuition du jour me dit que tu tailles dans les 1m63, et tes prunelles <strong>sont</strong><br />

noisettes. Pour le poids, je ne veux m'av<strong>en</strong>turer dans le sublime : si tu cours aussi vite<br />

que tu écris, tes petits mollets ont donc la douceur d'un abricot. Tes hanches affich<strong>en</strong>t<br />

avec fierté les frêles par<strong>en</strong>thèses que l'on glisse dans un mot doux. Pour ta poitrine, la<br />

c<strong>en</strong>sure m'indique de ne point trop m'étaler. Mais bougre d'âne, de quoi se «mail»-<br />

t’elle, <strong>en</strong>fin ! L'on ne peut donc point s'étaler sur les seins de Gw<strong>en</strong>doline, bigre ! Le<br />

Wonderbras s'y s<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> lui ! Le soir v<strong>en</strong>u, posé sur une commode, il se rappelle cette<br />

douce journée et se dit qu'après quelques roulem<strong>en</strong>ts de tambour, il retrouvera la<br />

chaleur, la rondeur et le moelleux d'une journée bi<strong>en</strong> chahutée. A courir <strong>en</strong>tre les<br />

cursives et les fioritures, virevolter de droite à gauche, de bas <strong>en</strong> haut, <strong>en</strong> diagonal<br />

devant le grand tableau noir sous les yeux ébahis de ses chers élèves. Sursauter avec<br />

rythme et fracas, accéléré par <strong>des</strong> soubresauts intermitt<strong>en</strong>ts quand l'éclat fameux de<br />

19h à 20h fait fureur devant l'écran 16 pouces.<br />

La c<strong>en</strong>sure me dit à prés<strong>en</strong>t que je vais trop loin, que le dit Wonderbras est<br />

quelqu'un de très honnête, et qu'à aucun mom<strong>en</strong>t il n'a pris plaisir à ces évènem<strong>en</strong>ts<br />

(courtem<strong>en</strong>t relatés certes a-t-il précisé), sauf une fois a-t-il rajouté, devant le fourneau<br />

où mijotait une sole à la Dieppoise. Là, la dextérité et la manœuvre ont fait qu'il eut<br />

bi<strong>en</strong> du mal à cont<strong>en</strong>ir sa joie. Les mouvem<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t si rapi<strong>des</strong>, si prompts, si justes,<br />

que l'harmonie de cette danse culinaire le laissa inconsci<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant plus d'une heure<br />

tr<strong>en</strong>te. Il ne reprit ses esprits qu'au mom<strong>en</strong>t du brossage de d<strong>en</strong>ts. Par la suite, il se<br />

souvi<strong>en</strong>t d’avoir passé la nuit dans un panier, <strong>en</strong> compagnie charmante d'un tricot de


corps, et surtout celle d'une culotte, toute bleue brodée, qui p<strong>en</strong>dant <strong>des</strong> heures lui<br />

narrait <strong>des</strong> histoires à dormir debout. Un jour dit-elle... et là, la c<strong>en</strong>sure vi<strong>en</strong>t à l'instant<br />

de pointer son gros index. Elle m'ordonne de faire le récit d'un champ de coquelicots.<br />

Effrayé je suis, aussitôt je m'exécute (à <strong>en</strong> faire la narration bi<strong>en</strong> sûr)... il était une fois,<br />

près de Lied<strong>en</strong>, <strong>en</strong> Hollande, un joli petit moulin à v<strong>en</strong>t, pas rouge mais tout blanc.<br />

Entouré de verdure et d'un seul coquelicot, celui-ci dit au moulin : « Dis-moi moulin, à<br />

quand notre prochain pétard tous les deux ? ». La c<strong>en</strong>sure vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core de me rappeler<br />

à l'ordre : « Ni seins, ni Wonderbras, ni moulin, ni ri<strong>en</strong>... »<br />

Dis-moi t<strong>en</strong>dre Gw<strong>en</strong>doline, la c<strong>en</strong>sure me pèse là, à cette heure ! Si tu connais<br />

une astuce pour l'<strong>en</strong>tourlouper, n'hésite pas. Je me dis aussi qu'une bonne recette de<br />

cuisine peut-être équivoque, histoire de magouiller la syntaxe : « faire mouiller les<br />

oignons, tremper dans l'huile, macérer quelques instants, ajouter un fond, écaler les<br />

œufs, le sot-l'y-laisse, faire brunir le tout, étaler bi<strong>en</strong> la pâte, laisser mijoter, ajouter<br />

une pincée de sel, retourner bi<strong>en</strong> la tarte, à feux doux, malaxer le tout, passez au<br />

chinois, étaler bi<strong>en</strong> sur les bords, faire frémir, ajouter le bouquet garni... »<br />

Du spl<strong>en</strong>dide <strong>en</strong> l'occurr<strong>en</strong>ce, de l’émoi <strong>en</strong> sorte. La c<strong>en</strong>sure n'y s<strong>en</strong>t goutte.<br />

Racine profonde de la poésie, l'interdit échappe à l'intellig<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> mots, de ses jeux,<br />

de ses paraboles (t'<strong>en</strong> as pas rabole ?), de ses images. Etre libre est s'affranchir de la<br />

langue. En connaître les arcanes fait que la pierre de Sisyphe devi<strong>en</strong>ne une boule de<br />

papier, souple à pousser, avec toujours la sueur feinte de l'homme qui tire un lourd<br />

tribut. Théâtralité et poésie font l'homme (et la <strong>femme</strong>, ou tous les deux), acteur d'un<br />

nouveau monde moderne, où les lois (de toutes sortes) ne <strong>sont</strong> que lazzis, pour le rire<br />

et surtout l'amour, poll<strong>en</strong> que je vi<strong>en</strong>s butiner dans tes jardins secrets. Photographique<br />

à souhait, le sourire de l'âme et <strong>des</strong> iris laisse deviner un jardin d'Ed<strong>en</strong>, avec comme<br />

potager, <strong>des</strong> tomates qui rougiss<strong>en</strong>t dans le rire, <strong>des</strong> haricots verts que l'on effile dans<br />

la complicité, <strong>des</strong> radis gros à faire pâlir une motte de beurre d’échiré, <strong>des</strong> pom<strong>mes</strong> à<br />

faire <strong>des</strong> tartes aussi gran<strong>des</strong> qu'une assemblée de marmots, braillant sous le soleil<br />

ondulé, émoussé par de fines pluies d'été, <strong>des</strong> chants à perte de vue, parsemés de<br />

collations diverses, et <strong>des</strong> caresses dans le lointain infini, où rire et aimer ne font plus<br />

qu'un. Unicité qui sublime l'abyme insol<strong>en</strong>te du désarroi... se torturer à Pandémonium<br />

pour mieux vibrer dans nos girons.


Je t'embrasse autant de fois qu'il y a d'étoiles dans les galaxies<br />

(le l<strong>en</strong>demain)<br />

<strong>Bonsoir</strong> Monsieur l’asoiffé de Wonder (pas d’alcalinité).<br />

Bi<strong>en</strong> le bonsoir M’zelle, prin<strong>temps</strong> nouveau du millénaire.<br />

Oui, je te souhaite un bon, beau et radieux prin<strong>temps</strong> aussi.<br />

Je me disais que seul Antonio pouvait le faire.<br />

Mais non, Apollon repr<strong>en</strong>d les gui<strong>des</strong> et pourf<strong>en</strong>d les cieux, am<strong>en</strong>ant chaleur et éclat<br />

de lumière. Pour London et Kerouac, raté. Ils n’étai<strong>en</strong>t ni l’un ni l’autre <strong>en</strong> rayonnage.<br />

Va falloir passer commande !<br />

C’est le problème de Saumur (la ville de Gw<strong>en</strong>doline) ! L’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />

masses !<br />

Je me suis v<strong>en</strong>gée <strong>en</strong> achetant <strong>des</strong> bouquins pour ma classe.<br />

CM1 ? CM2 ?<br />

Les deux mon général !<br />

Serg<strong>en</strong>t, j’ai deux mots à vous dire ! R<strong>en</strong>dez-vous dans les buissons !<br />

Le droit de cuissage n’est plus de mise !<br />

Je miserais bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> roubles sur tes g<strong>en</strong>oux.<br />

Cela vi<strong>en</strong>t d’où cette <strong>en</strong>vie de g<strong>en</strong>oux ?<br />

Sais pas trop. De la rondeur charnelle à peine dévoilée aux regards juvéniles.<br />

Sourire. Alors dis-moi, quoi de prévu pour ton week-<strong>en</strong>d ? A moins que tu ne bosses<br />

aussi le week-<strong>en</strong>d ?<br />

Bon, tout d’abord, effleurer ton Jean…<br />

En rêve ?<br />

Ensuite l’effeuiller…<br />

Tu n’y passeras jamais que deux nuits !<br />

Ton Jean est long !


Deux jours sans l’infernale femelle, du repos pour les méninges ! Mon Jean n’est pas<br />

si long que ça !<br />

Il est long et <strong>en</strong> dit long !<br />

(…)<br />

Tu es mon violon d’Ingres.<br />

Tu es l’écrin, douce dans la sonate.<br />

Te parler va sûrem<strong>en</strong>t me manquer !<br />

Je côtoie <strong>des</strong> cybers tu sais !<br />

Oui.<br />

Donc, les pixels d’émotions peuv<strong>en</strong>t s’échanger…<br />

Oui.<br />

Tout comme la fièvre qui va s’emparer de nous !<br />

Oui.<br />

Et si le <strong>temps</strong> nous appart<strong>en</strong>ait <strong>en</strong>fin ?<br />

Oui.<br />

Tu dis oui à tout ! Et si je te <strong>propos</strong>ais d’être ma fiancée ?<br />

Virtuelle ?<br />

Par exemple.<br />

B<strong>en</strong>… la fiancerie et la virtualité ne font pas bon ménage je crois ! La vie par<br />

procuration… non !<br />

Bon, va pour le réel !<br />

J’aime ton s<strong>en</strong>s du sacrifice ! On ne peut pas savoir. Pas de visuel, pas de charnel !<br />

Le charnel n’est pas au programme <strong>des</strong> fiançailles <strong>en</strong> général.<br />

Certes, mais au dix-neuvième siècle nous ne somme plus !<br />

Mais tu as raison sur le visuel…<br />

Façon de dire qu’on ne sait ri<strong>en</strong> de ce que l’autre projette de lui !<br />

Tu as <strong>des</strong> témoins ?<br />

Non, je les ai laissés sur le stade après le 4x400 m !<br />

Eclate de rire.<br />

Il fallait bi<strong>en</strong>, c’était un peu pesant là… sérieux <strong>en</strong> diable !


Que diable dis-tu ?<br />

Je divague, je palabre. C’est v<strong>en</strong>dredi soir, et le v<strong>en</strong>dredi soir je ne suis guère fraîche !<br />

C’était ma première demande virtuelle <strong>en</strong> fiançailles, je tâtonne…<br />

Y <strong>en</strong> aura d’autre ?<br />

Avec toi, oui. Il y aura du tact.<br />

Tu ne me fianceras pas tant que je ne saurais pas quelle allure tu as, quelle profession<br />

tu exerces. Na ! La bombe est lâchée (c’est de saison <strong>en</strong> Irak). Tu imagines si tu es<br />

proxénète ! Délinquant notoire ! Collectionneur de p’tits garçons, avec mon métier !<br />

Chacun pr<strong>en</strong>d <strong>des</strong> risques !<br />

Avoue ! Tu es cerné, <strong>en</strong>touré, <strong>en</strong>cerclé. Mais que me caches-tu ? Une double vie ?<br />

J’écris un livre sur l’univers <strong>des</strong> forums de discussion et surtout sur celui <strong>des</strong><br />

Chats. Voilà, tu sais tout !<br />

Et je te sers de cobaye ?<br />

Depuis quatre mois je te cherchais.<br />

B<strong>en</strong> voilà, je suis là !<br />

Je t’att<strong>en</strong>dais comme une révélation.<br />

Tu vas pouvoir écrire : « Homo sapi<strong>en</strong>s femelle trompe son <strong>en</strong>nui et son vide affectif<br />

<strong>en</strong> pianotant sur les Chats »<br />

Non, le <strong>propos</strong> n’est pas là…<br />

Je suis heureuse de t’avoir distrait et de t’avoir dés<strong>en</strong>nuyé.<br />

L’idée était de savoir comm<strong>en</strong>t un gars comme moi, emmuré dans un mutisme<br />

sans nom pouvait communiquer et retrouver la parole et la vie sur le Net.<br />

(fin de la transcription)<br />

Courriel de Gw<strong>en</strong>doline<br />

Ce soir, notre conversation fut d'une tout autre t<strong>en</strong>eur que celles <strong>des</strong> jours<br />

précéd<strong>en</strong>ts... j'ai comme la s<strong>en</strong>sation d'être <strong>en</strong>trée dans ton univers. Je suis heureuse<br />

qu'avec moi tu sois si disert, et bi<strong>en</strong> que <strong>mes</strong> courriels ne soi<strong>en</strong>t pas du même registre<br />

que les ti<strong>en</strong>s (je les trouve superbes, décalés, osés, emplis d'une malice bi<strong>en</strong>veillante),


j'espère qu'ils <strong>sont</strong> quelques gram<strong>mes</strong> de t<strong>en</strong>dresse dans ce monde de brutes. Nos<br />

conversations, tes courriels me <strong>sont</strong> infinim<strong>en</strong>t précieux...<br />

Tu sembles me deviner si facilem<strong>en</strong>t. Ils <strong>sont</strong> pleins de détails qui me<br />

scotch<strong>en</strong>t… pardon c'est de la pub gratuite. Je repr<strong>en</strong>ds, qui me ruban-adhésiv<strong>en</strong>t...<br />

bi<strong>en</strong> sûr je ne t'ai pas toujours dit quand tu mettais dans le mille (touchée-coulée) mais<br />

plusieurs fois, je fus ébahie d'être si facilem<strong>en</strong>t mise à nue, percée à jour par quelqu'un<br />

qui dit s'être fermé aux autres…<br />

Je te suis infinim<strong>en</strong>t reconnaissante de m'avoir ouvert un peu plus ton âme. Je<br />

promets de pr<strong>en</strong>dre soin de ce que tu m'as livré et de ce que tu voudras bi<strong>en</strong> me<br />

dévoiler <strong>en</strong>core... je trouve juste un peu lourd pour <strong>mes</strong> épaules d'être une révélation,<br />

alors que la s<strong>en</strong>sation qui domine de mon côté c'est de n'avoir ri<strong>en</strong> fait d'extraordinaire,<br />

à part avoir été moi. Il est plus facile d'être moi sur le Net. Dans la vie de tous les jours<br />

je m'<strong>en</strong>toure d'un peu plus de froideur, de distance vis à vis <strong>des</strong> autres parce que les<br />

déceptions <strong>sont</strong> nombreuses, multiples et variées. C'est sans aucun doute un moy<strong>en</strong> de<br />

me protéger, de mettre de la distance. A tout à l'heure, JOHN.<br />

La perdue sous la casserole<br />

Courriel pour Gw<strong>en</strong>doline<br />

« ...et les villes s'éclabousserai<strong>en</strong>t de bleu... » (Jacky)<br />

Les g<strong>en</strong>s (tout comme les chats) <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans notre vie, comme ça, sans tambour<br />

ni trompette. Puis le charme du violon vibre sous l'impromptu de fameux road-movies,<br />

le <strong>temps</strong> d'un bal costumé où « les êtres profonds avanc<strong>en</strong>t masqués ». De trop de<br />

profondeur, la frayeur de l'abyme se côtoie avec aisance si le loup devi<strong>en</strong>t garde-fou,<br />

balustrade de l'âme. Protéger ceux que l'on aime, quitte à se grimer sans cesse, au point<br />

d'<strong>en</strong>tasser <strong>des</strong> couches vernicolores de mascara<strong>des</strong>, celles-là même qui empêch<strong>en</strong>t<br />

toutes expressions, qui fig<strong>en</strong>t la sincérité, et au final nous r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t statue de sel, d'avoir<br />

trop vu, trop <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, trop ress<strong>en</strong>ti... de s'être retourné par malice, d'avoir trop vibré<br />

par le fracas <strong>des</strong> chutes.<br />

Les balafres invit<strong>en</strong>t le masque.


Me faire rire dev<strong>en</strong>ait difficile. Tout comme me faire revivre ou r<strong>en</strong>aitre. Aussi,<br />

la fraicheur de ta gaité me ramène à une part de moi-même, oubliée. Voilà pourquoi je<br />

te disais hier que je t’att<strong>en</strong>dais depuis quatre mois sur le net. Tu compr<strong>en</strong>dras plus <strong>en</strong><br />

détail ma démarche et les int<strong>en</strong>tions de mon livre dans les retranscriptions <strong>des</strong><br />

premières conversations qui vont suivre ce courriel.<br />

Comm<strong>en</strong>t, par le biais <strong>des</strong> Chats, t<strong>en</strong>ter de r<strong>en</strong>ouer avec le monde extérieur<br />

(même s’il demeure virtuel) quand dans la réalité du quotidi<strong>en</strong> les masques fig<strong>en</strong>t la<br />

parole ? Comm<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>er sa propre <strong>en</strong>quête policière au travers de témoignages laissés<br />

aux hasards d’interlocuteurs inconnus et quelques fois att<strong>en</strong>tifs ? Comm<strong>en</strong>t traquer<br />

dans l'écriture le mom<strong>en</strong>t clef d’un év<strong>en</strong>tuel satori, qui peut se cacher dans les<br />

multiples dialogues (anodins, naïfs ou profonds) ou dans les confid<strong>en</strong>ces d’un journal<br />

de bord (que tu découvriras égalem<strong>en</strong>t), dont la t<strong>en</strong>eur pr<strong>en</strong>d de l’épaisseur au rythme<br />

<strong>des</strong> saisons ?<br />

Au fil de ta lecture, tu plongeras dans l’ellipse presque théâtrale <strong>des</strong> <strong>temps</strong><br />

<strong>modernes</strong> : les r<strong>en</strong>contres virtuelles. Le pseudonyme de chaque internaute s’affiche<br />

comme l’ébauche d’un masque digne de scénettes improvisées. La comédie humaine<br />

se met <strong>en</strong> réseau. Les premiers mots transpirés laiss<strong>en</strong>t deviner les différ<strong>en</strong>ts<br />

personnages et leurs faux-semblants pour mieux se protéger (comme tu le disais toi-<br />

même). Tu découvriras les tâtonnem<strong>en</strong>ts de John Angel et ses maladresses dans la<br />

découverte de cette fabuleuse technologie qu’est l’univers <strong>des</strong> Chats. N’ayant pas<br />

Internet à volonté chez lui bi<strong>en</strong> au chaud, les quelques heures quotidi<strong>en</strong>nes et<br />

régulières (de 17h à 19h) passées dans un cyber ne lui permett<strong>en</strong>t pas de se concorder<br />

avec les autres internautes, butineurs inopinés et inatt<strong>en</strong>dus. Le bon feeling avec<br />

certains n’aura pas la suite espérée, le hasard ne donnant pas une seconde chance, les<br />

conting<strong>en</strong>ces n’ont plus ! Un peu comme ces g<strong>en</strong>s avec qui l’on pr<strong>en</strong>d plaisir à<br />

converser et deviner <strong>des</strong> affinités naissantes le <strong>temps</strong> d’une mousse sur un comptoir,<br />

lors d’une soirée arrosée, <strong>en</strong>tre deux bus, et à qui l’on oublie de demander leur numéro<br />

de téléphone. John Angel tâtonne et appr<strong>en</strong>d à fidéliser ses contacts <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant <strong>des</strong><br />

courriels de courtoisie (tu seras une de ses premières fidèles cela dit !). Il appr<strong>en</strong>d aussi<br />

la pati<strong>en</strong>ce, car dans ce monde qu’il découvre, dans sa condition non pas humaine mais<br />

d’internaute, il ne suffit pas d’<strong>en</strong>voyer un simple bonjour pour obt<strong>en</strong>ir une réponse


immédiatem<strong>en</strong>t, voir une réponse tout court. Même si dans un premier <strong>temps</strong> ses<br />

int<strong>en</strong>tions <strong>sont</strong> louables pour trouver <strong>des</strong> interlocuteurs avec qui se confier, il<br />

compr<strong>en</strong>d très vite qu’un site de discussion est avant tout un site de r<strong>en</strong>contre, voir un<br />

lieu de drague, éhonté quelquefois ! En tant que fille, tu vois ce que je veux dire sur<br />

cette facette <strong>des</strong> Chats ! Parler avec <strong>des</strong> hom<strong>mes</strong> était perçu comme douteux dans ses<br />

int<strong>en</strong>tions (par pour tous, tu le verras !), et la plupart d’<strong>en</strong>tre eux ne <strong>sont</strong> pas là pour<br />

tailler le bout de <strong>gras</strong> exist<strong>en</strong>tialiste ! Privilégiant les <strong>femme</strong>s pour mieux compr<strong>en</strong>dre<br />

les arcanes de ses mésav<strong>en</strong>tures amoureuses, dialoguer avec elles relevait du parcours<br />

du combattant ! Ce semblant d’indiffér<strong>en</strong>ce s’expliquait par le nombre incroyable de<br />

sollicitations qu’une internaute peut recevoir du sexe opposé ! Après <strong>des</strong> heures et <strong>des</strong><br />

jours sans aucune réponse, voulant percer le mystère de ce dédain, de ces sil<strong>en</strong>ces<br />

comme une fin anticipée de non-recevoir, j’ai crée un profil de <strong>femme</strong> pour voir<br />

comm<strong>en</strong>t <strong>mes</strong> congénères opérai<strong>en</strong>t dans l’approche et l’acrostiche ! En à peine une<br />

heure de <strong>temps</strong>, un essaim d’une c<strong>en</strong>taine de mecs de tous g<strong>en</strong>res avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vahi mon<br />

écran. Ca clignotait de partout comme un sapin de Noël à Broadway, les comédies<br />

musicales <strong>en</strong> moins ! Je te passe la conformité <strong>des</strong> <strong>mes</strong>sages dans le style très<br />

contemporain : « slt, sa va, tu fé koi ? » ou les approches directes façon supermarché<br />

du sexe où l’on choisit ses légu<strong>mes</strong> à défaut de salade : « kikou, sava, tu bèze »…<br />

Bref, puisque tu as eu l’audace de m’interpeller la première, tu découvriras ma façon<br />

d’approcher (!) les autres (avec un clin d’œil déguisé sur une idée d’un premier titre de<br />

livre).<br />

Le début du récit comm<strong>en</strong>ce au milieu de l’automne. John Angel, le par<strong>des</strong>sus<br />

défraichi, la tronche <strong>en</strong> vrac, traverse tous les soirs la ville froide de Saint-Nazaire et<br />

les averses pour rejoindre les cybers chauffés et s’ouvrir au monde une nouvelle fois.<br />

L’impati<strong>en</strong>ce se devine quelques fois, aussitôt remplacée par l’improvisation poétique<br />

et ironique comme pour mieux ret<strong>en</strong>ir l’att<strong>en</strong>tion d’â<strong>mes</strong> bi<strong>en</strong>veillantes. Je ne t’<strong>en</strong> dis<br />

pas plus…

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