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Prévenir le diabète de type 2: un autre regard - Direction générale ...

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LE DIABÈtE : DéfINItIONS, CONSéqUENCES<br />

POUR LA SANté, fACtEURS DE RISqUE<br />

Et DONNéES éPIDéMIOLOgIqUES DISPONIBLES<br />

<strong>Prévenir</strong> <strong>le</strong> <strong>diabète</strong> <strong>de</strong> <strong>type</strong> 2 : <strong>un</strong> <strong>autre</strong> <strong>regard</strong><br />

Ce discours assorti <strong>de</strong> prévisions pessimistes correspond encore aujourd’hui au discours dominant quant à l’évolution<br />

<strong>de</strong> la préva<strong>le</strong>nce du surpoids et <strong>de</strong> l’obésité.<br />

Tout <strong>de</strong>rnièrement cependant, l’alarmisme ambiant était quelque peu tempéré par <strong>le</strong> constat d’<strong>un</strong>e stabilisation <strong>de</strong> la<br />

progression du surpoids et <strong>de</strong> l’obésité. Cet apaisement n’a cependant pas encore essaimé largement. Il faut dire que <strong>le</strong><br />

recul manque pour bien expliquer cette stabilisation que d’auc<strong>un</strong>s voudraient attribuer –peut-être trop rapi<strong>de</strong>ment–<br />

à la systématisation <strong>de</strong>s campagnes, démarches <strong>de</strong> prévention ou <strong>autre</strong>s «Plans nationaux nutrition santé».<br />

Dans l’ouvrage col<strong>le</strong>ctif «Regards croisés sur l’obésité», Marie-Aline Char<strong>le</strong>s se penche sur l’épidémiologie <strong>de</strong><br />

l’obésité en France, qu’el<strong>le</strong> met en perspective avec <strong>le</strong>s données internationa<strong>le</strong>s (Bergeron H., Castel P. (ss la dir.),<br />

2010). El<strong>le</strong> précise que «<strong>le</strong>s préva<strong>le</strong>nces du surpoids et <strong>de</strong> l’obésité ont augmenté <strong>de</strong> façon très nette <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s<br />

années 1990, chez l’adulte comme chez l’enfant, en France comme dans <strong>de</strong> nombreux <strong>autre</strong>s pays. Depuis <strong>le</strong>s<br />

années 2000, quelques signes <strong>de</strong> ra<strong>le</strong>ntissement <strong>de</strong> cette épidémie apparaissent, surtout chez l’enfant. Les <strong>de</strong>rniers<br />

chiffres en provenance <strong>de</strong>s États-Unis apportent la première note discordante au concert à la hausse constaté <strong>de</strong>puis<br />

1990. En effet, l’augmentation <strong>de</strong> la préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> l’obésité semb<strong>le</strong> s’être nettement ra<strong>le</strong>ntie <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années<br />

2000, même si cette affection touche toujours plus <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> ce pays». La photographie la plus<br />

récente laisse néanmoins entrevoir, chez l’adulte comme chez l’enfant, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s disparités entre pays, comme à<br />

l’intérieur d’<strong>un</strong> même pays… En s’intéressant aux caractéristiques sociodémographiques <strong>de</strong> l’obésité chez l’adulte<br />

et l’enfant en France (p37), à partir <strong>de</strong> différentes sources <strong>de</strong> données (Obepi, Insee), Marie-Line Char<strong>le</strong>s pointe<br />

encore <strong>de</strong>ux éléments importants :<br />

1. Une analyse statistique comp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s transversa<strong>le</strong>s (répétitives), permet <strong>de</strong> distinguer l’effet <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong><br />

celui <strong>de</strong> la cohorte <strong>de</strong> naissance. En France, «ce <strong>type</strong> d’analyse […] a permis <strong>de</strong> conclure à <strong>un</strong>e augmentation<br />

nette <strong>de</strong> la susceptibilité à l’obésité avec l’âge pour <strong>le</strong>s cohortes nées après <strong>le</strong>s années 1960 […]. Ce <strong>type</strong><br />

d’analyse indique que <strong>de</strong>s modifications majeures <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie (nous soulignons), probab<strong>le</strong>ment dès<br />

l’enfance, ont affecté particulièrement <strong>le</strong>s personnes nées à ces pério<strong>de</strong>s, modifiant en conséquence <strong>le</strong>ur risque<br />

<strong>de</strong> développer <strong>un</strong>e obésité tout au long <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie.». L’émergence du modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> société <strong>de</strong> consommation<br />

constitue sans auc<strong>un</strong> doute l’<strong>un</strong>e <strong>de</strong> ces modifications majeures dans <strong>le</strong>s conditions <strong>de</strong> vie.<br />

2. «La préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> l’obésité est nettement plus é<strong>le</strong>vée chez <strong>le</strong>s personnes qui vivent avec peu <strong>de</strong> moyens […].<br />

Cette différenciation socia<strong>le</strong> (nous soulignons) est décrite <strong>de</strong>puis plusieurs décennies chez <strong>le</strong>s femmes adultes<br />

dans <strong>le</strong>s sociétés développées. L’apparition <strong>de</strong> tel<strong>le</strong>s différences chez <strong>le</strong>s hommes et surtout chez <strong>le</strong>s enfants, est<br />

<strong>un</strong> phénomène plus récent qui accompagne l’épidémie actuel<strong>le</strong> d’obésité.». Nous pensons qu’il faudrait explorer<br />

davantage ici la question du genre. En effet <strong>le</strong>s hommes socio-économiquement fragilisés sont-ils, autant que<br />

<strong>le</strong>s femmes, exposés au risque d’obésité ? Plus haut, nous soulignions, à Bruxel<strong>le</strong>s et en Wallonie, l’existence<br />

d’<strong>un</strong> gradient social marqué, surtout chez <strong>le</strong>s femmes à propos <strong>de</strong>s chiffres du surpoids et <strong>de</strong> l’obésité… Il<br />

serait intéressant d’approfondir ce constat et d’étudier éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> quel<strong>le</strong>s manières, avec quel<strong>le</strong>s spécificités,<br />

‘hommes’ et ‘femmes’ sont exposés au risque d’obésité.<br />

Plus loin dans l’ouvrage col<strong>le</strong>ctif «Regards croisés sur l’obésité», la sociologue Alice Régnier revient sur la question<br />

<strong>de</strong>s inégalités socia<strong>le</strong>s <strong>de</strong> santé à propos <strong>de</strong> l’obésité (Bergeron H., Castel P. (ss la dir.), 2010). El<strong>le</strong> avance à ce propos<br />

quelques facteurs explicatifs [13] :<br />

– Les contraintes financières : «<strong>le</strong> budget est <strong>un</strong> <strong>de</strong>s principaux facteurs qui contraignent l’alimentation». Or, <strong>le</strong>s<br />

fruits et légumes particulièrement recommandés par la diététique ou <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s campagnes (PNNS), sont<br />

perçus comme très onéreux. Comme <strong>le</strong> reprécise Christine César (socio-anthropologue à l’INPES), d’après l’étu<strong>de</strong><br />

française Abena (César C. ; 2009) : «[…] la nourriture <strong>de</strong>vient la variab<strong>le</strong> d’ajustement» dans la composition du<br />

budget <strong>de</strong>s ménages pauvres». Par ail<strong>le</strong>urs, revient Christine César «<strong>le</strong> revenu n’exerce qu’<strong>un</strong> impact indirect sur<br />

<strong>le</strong> budget <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s : il faut alors prendre en compte <strong>le</strong>s habitu<strong>de</strong>s alimentaires <strong>de</strong>s individus et plus encore<br />

<strong>le</strong>urs goûts». Le rapport à l’alimentation, voire à la santé est en effet variab<strong>le</strong> d’<strong>un</strong> groupe social à l’<strong>autre</strong>. Alors<br />

que <strong>le</strong>s catégories plus aisées sont sensib<strong>le</strong>s aux arguments diététiques, ce qui prévaut chez <strong>le</strong>s catégories plus<br />

[13] ces éléments d’explication peuvent être remis en perspective avec <strong>de</strong>s constats plus larges relatifs au phénomène<br />

<strong>de</strong> «transition nutritionnel<strong>le</strong>» : la diminution forte <strong>de</strong> la proportion du budget <strong>de</strong> la ménagère consacré à<br />

l’alimentation ; la diminution <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s aliments <strong>de</strong> base (céréa<strong>le</strong>s) et <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s fruits et légumes dans<br />

l’alimentation consommée, au profit <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s protéines anima<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s sucres et<br />

graisses…<br />

I<br />

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