LA SÉMITIQUE ALBION - Edition Saint Remi
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<strong>LA</strong> <strong>SÉMITIQUE</strong> <strong>ALBION</strong><br />
ne joue que le dimanche soir. Dans une autre maison, la madame met des livres<br />
religieux le dimanche sur la table du salon, parce que, dit-elle, elle entend que<br />
ses filles aient d’édifiantes lectures le jour du sabbat. Nous ne comprendrions<br />
pas cela, si nous ne voyions dans nos temples tant de gens qui font de leur<br />
religion une question de foi plutôt que d’actes, une matière de sentiments<br />
plutôt que d’agissements. Ces femmes perdues que le monde réprouve,<br />
s’excusent, — madames et filles — en disant qu’elles ne sont pas pires que les<br />
gens de meilleure réputation que certains personnages fort dévots, (members of<br />
churches) 1 qui leur rendent visite et dont les voitures attendant à la porte. C’est<br />
une excuse, assurément 2 (ibid.)<br />
1 « Member of church » est opposé à « visitor ». Le « visitor » est l’étranger de<br />
passage dans une ville, l’inconnu que l’on est obligé d’admettre à venir chanter<br />
un cantique d’une voix larmoyante, et à écouter un révérend forcé de lire un<br />
sermon que les impressions multiples d’un sabbat consciencieusement exécuté<br />
derrière ses abat-vent bien clos l’empêcheraient de débiter. Le « Member of<br />
church » est l’individu admis dans ces chapelles protestantes, comme on l’est<br />
dans un club, dans un salon fermé, et qui en est l’honneur, qui en est une des<br />
gloires. C’est ce que le Play, dans un autre langage, appellerait une « autorité<br />
sociale ».<br />
L’auteur de cet article aurait pu ajouter que nombre de clergymen sont<br />
fréquemment trouvés eu fâcheuse et peu canonique posture. Nous avions<br />
traversé l’Atlantique avec l’espoir de nous édifier par la contemplation des<br />
vertus de vos compatriotes et de revenir édifié, mon révérend. Mais, pendant<br />
vos « six années d’observation », vous avez dû voir comme nous, que vos<br />
confrères en divinity mènent une existence fort dévergondée.<br />
La vérité est que le Français ne peut guère étudier les mœurs israëlites en<br />
France : le Juif est naturellement honteux ; il n’ose déshabiller son âme, il<br />
craint de se montrer à nu brusquement et ne le fait que progressivement, avec<br />
précaution... Il peut les étudier beau coup mieux chez les Anglais qui se sentent<br />
cependant très retenus dans leurs tendances par le contact des Européens, et<br />
où le clergyman est un client fréquent des tribunaux ; on peut les étudier<br />
beaucoup mieux encore aux États-Unis, oui la race anglaise n’a guère de<br />
voisins et ou elle arrive à les subjuguer par la F∴ M∴ et par l’éclat trompeur de<br />
sa fausse civilisation.<br />
2 Le révérend Goodchild laisse loin derrière lui cet autre clergyman, dont on<br />
s’entretient fréquemment à Bergen, qui ne manquait jamais l’arrivée d’un<br />
navire, attendait le débarquement des matelots et leur disait : « Mes chers amis,<br />
il y a dans telle direction des maisons fort mal famées. Voilà précisément où il<br />
ne faut pas « aller ». Et le révérend clergyman y allait passer les nuits, absorbant<br />
des verres de bière et fumant des pipes d’un air paternel, fort bien vu d’ailleurs