le livret de visite - Bondues

(suite du témoignage d’Yvonne Abbas)
J'en ai quand même retiré le soulagement de ne plus travailler au profit
de nos ennemis. À la suite de cet événement, j'ai été envoyée au
bûcheronnage en forêt ; là, je n'avais nul besoin de diminuer
volontairement mes efforts : quel rendement pouvait-on attendre d'une
jeune femme inexpérimentée, affaiblie par les privations, et munie
d'une lourde hache ? La hiérarchie du camp m'a finalement affectée à
l'équipe chargée de vider les latrines, avec laquelle j'ai terminé ma
captivité. Un souvenir encore me revient, d'une manifestation
collective de résistance. À Holleischen, le groupe des Françaises avait
décidé qu'il fallait célébrer le 14 juillet 1944, le dernier de notre
captivité (mais nous n'en étions pas encore sûres). Nous avons donc
confectionné, de manière improvisée, de petits macarons tricolores,
que nous avons arborés sur nos poitrines, au départ au travail, tout en
marchant au pas, ce à quoi nous nous refusions d’habitude. Nos
gardiens, d'abord perplexes, étaient furieux en découvrant les
macarons, qu'ils ont voulu nous arracher en nous brutalisant. Plus
promptes qu'eux, nous les avons avalés.
Ainsi, nous avions célébré le 14 juillet, avec nos modestes moyens, du
fond de notre bagne. »
Témoignage recueilli par Pierre Pouchain.
Yvonne Abbas, née
en 1922
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Simone Michel-Lévy
Déportée en tant que
résistante, Simone
Michel-Lévy est
pendue en avril 1945
pour avoir saboté la
presse servant à la
fabrication des
munitions au
Kommando
d'Holleischen.
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