Le secours en montagne Obstination déraisonnable ... - Sfar
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n° 19 avril 2010<br />
VIGILANCE<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong><br />
<strong>Obstination</strong> <strong>déraisonnable</strong>,<br />
accompagnem<strong>en</strong>t et<br />
procédure collégiale<br />
Anesthésie pédiatrique ORL<br />
<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de proximité<br />
SOS-ALR
PHOTO L&C<br />
Éric Delous. Montpellier. Printemps 2010. Pour son épouse. <strong>Le</strong> seul.<br />
Pour sa famille, pour ses proches. <strong>Le</strong> plus. Pour ses Maîtres, pour ses<br />
collègues, pour la communauté anesthésique. L’un des plus. Travailleur.<br />
Sérieux. Brillant. Tal<strong>en</strong>tueux. Passionné. Prometteur. Engagé. Aimé. Et<br />
nous tous, face à cette douloureuse réalité. Se mettre à la place de l’autre.<br />
Est-ce possible ? Ne pas juger. Jamais. Personne. Puissions-nous y arriver.<br />
Vigilance, le magazine de la SFAR, voulu « organe de communication »<br />
de la Société. À l’heure d'Internet et de la messagerie électronique, les<br />
nouveaux canaux de diffusion de l’information et des échanges pourrai<strong>en</strong>t<br />
signifier le passage à la trappe de la communication papier, voire<br />
même la disparition des échanges verbaux au profit de la virtualité.<br />
<strong>Le</strong> courriel, la messagerie électronique, et les échanges sur les forums<br />
d'Internet sont aujourd’hui les stars mondiales de la communication.<br />
Comme au « foutbôl », ces stars pass<strong>en</strong>t tout à leurs clubs de supporters.<br />
Qui devrai<strong>en</strong>t assurer l’animation. Malheureusem<strong>en</strong>t, sur le Net<br />
comme ailleurs, on trouve les mêmes ultras, plantés dans le virage nord<br />
ou sud, je ne sais plus. Au stade, ils ne chant<strong>en</strong>t plus, ils hurl<strong>en</strong>t. Ils n’<strong>en</strong>courag<strong>en</strong>t plus, ils invectiv<strong>en</strong>t.<br />
Ils ne mett<strong>en</strong>t plus l’ambiance, ils la tu<strong>en</strong>t. Ils n’anim<strong>en</strong>t plus, ils font peur. Ils ont tout loisir de<br />
se fâcher. Par la viol<strong>en</strong>ce de leur propos : ils fanfaronn<strong>en</strong>t, ils transpir<strong>en</strong>t, ils postillonn<strong>en</strong>t, ils<br />
s’époumon<strong>en</strong>t, ils crach<strong>en</strong>t, ils rot<strong>en</strong>t, ils éruct<strong>en</strong>t, ils étrill<strong>en</strong>t. Ils ont tout loisir de se lâcher. Ils<br />
n’honor<strong>en</strong>t plus, ils trahiss<strong>en</strong>t la confiance. <strong>Le</strong> forum de discussion est le lieu de tous les excès, comme<br />
dans le virage nord ou sud, je ne sais plus. Ils ont tout loisir de s’y cacher. Foulard ou pseudo à l’abri<br />
de leur clavier, cela revi<strong>en</strong>t au même. La fin de la politesse et des bonnes manières : l’anonymat <strong>en</strong><br />
guise de courage, l’impunité <strong>en</strong> guise de raison d’agir, la déclaration méprisante ou le comm<strong>en</strong>taire<br />
v<strong>en</strong>geur <strong>en</strong> guise d’acte de bravoure, le transfert de courriel confid<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong> guise de pouvoir.<br />
Mais alors, que faire ? Ne pas se laisser abuser : le courriel, pas plus que son rédacteur, n’est<br />
plénipot<strong>en</strong>tiaire ; il n’est que le messager qui se doit de moderniser nos relations par la facilité<br />
de l’échange d’informations qu’il nous permet. R<strong>en</strong>dre à l’écrit son rôle de socle de la réflexion.<br />
Remettre la parole au c<strong>en</strong>tre de nos échanges afin de nourrir un dialogue qui puisse nous faire<br />
progresser. Laisser au courrier électronique sa seule vertu qui est la diffusion de l’information à<br />
une vitesse que nul ne pourra lui contester.<br />
Et nous aurons alors gagné le temps de nous retrouver pour s’expliquer, discuter et débattre,<br />
dialoguer et confronter nos idées. En courant le risque de ne pas nous tromper.<br />
<strong>Le</strong>s EGAR, ce n’est qu’un début… Une première réunion préparatoire le 18 juin à v<strong>en</strong>ir. Un<br />
nombre restreint d’invités. Un fil rouge, la sécurité globale de l’opéré. Des groupes de travail qui<br />
travaill<strong>en</strong>t sur des thématiques relatives au sujet. Un premier retour par un compte r<strong>en</strong>du lors du<br />
Congrès national 2010. Et, sur la ligne d’horizon, de véritables États généraux, qui se ti<strong>en</strong>dront<br />
dans les deux années à v<strong>en</strong>ir, auxquels sera convié l’<strong>en</strong>semble de l’anesthésie française.<br />
LAURENT JOUFFROY, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ANESTHÉSIE ET DE RÉANIMATION<br />
presid<strong>en</strong>t@sfar.org
PHOTO DR<br />
Éditorial<br />
LE MAGAZINE<br />
DE LA SFAR<br />
VIGILANCE<br />
<strong>Le</strong> changem<strong>en</strong>t et la continuité<br />
Vigilance est dev<strong>en</strong>u, au cours des dernières années, un organe<br />
d’information important pour notre spécialité. Au cours de sa vie <strong>en</strong>core<br />
courte, le journal a subi plusieurs changem<strong>en</strong>ts éditoriaux significatifs,<br />
marqués par la personnalité de chacun des directeurs de la rédaction<br />
successifs. C’est aujourd’hui un magazine très lu et (re)connu, au sein<br />
duquel on retrouve à la fois des articles ludiques ou d’actualité mais aussi<br />
des articles de fond, parfois s’approchant d’une recommandation ou d’une<br />
prise de position de la spécialité. Un exemple réc<strong>en</strong>t me vi<strong>en</strong>t à l’esprit.<br />
<strong>Le</strong> texte dirigé par Frédéric Mercier sur le tatouage et l’emploi de la péridurale<br />
est très utilisé comme support dans les congrès ou pour les articles<br />
mais a été aussi très utile lorsque le ministère de la Santé nous a fait<br />
savoir qu’un député s’inquiétait de la non-réalisation de péridurales dans<br />
sa région lorsqu’un tatouage était prés<strong>en</strong>t dans la région lombaire. <strong>Le</strong> texte<br />
publié dans Vigilance sur le sujet a été transmis au ministère et a ainsi<br />
servi d’avis de la SFAR sur la question.<br />
L’équipe éditoriale est constituée de plusieurs médecins qui sont très actifs et impliqués, gage de dynamisme,<br />
d’innovation et d’originalité dans les textes publiés. Cette équipe éditoriale, soudée auprès du<br />
précéd<strong>en</strong>t directeur de la rédaction, qui n’est autre que notre nouveau Présid<strong>en</strong>t de la SFAR, est un<br />
garant de continuité et du mainti<strong>en</strong> du dynamisme.<br />
Bi<strong>en</strong> que le magazine soit maint<strong>en</strong>ant stable, et que son image se soit r<strong>en</strong>forcée progressivem<strong>en</strong>t au<br />
cours des années, il reste toujours des efforts à concrétiser et des évolutions à mettre <strong>en</strong> œuvre. Il faut<br />
probablem<strong>en</strong>t un peu de temps pour qu’apparaiss<strong>en</strong>t plus nettem<strong>en</strong>t les propositions de changem<strong>en</strong>ts<br />
et que leur mise <strong>en</strong> œuvre soit effective. Certains changem<strong>en</strong>ts seront des évolutions de fond, d’autres<br />
probablem<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t de forme. Nous sommes et serons <strong>en</strong>core plus qu’aujourd’hui à votre écoute<br />
pour faire évoluer le magazine.<br />
Dans le numéro que vous allez découvrir, la diversité des thèmes traités est évid<strong>en</strong>te. À côté des textes<br />
décrivant une expéri<strong>en</strong>ce personnelle et un mode d’exercice peu commun tel que le <strong>secours</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>montagne</strong>, vous y trouverez des articles de fond tel que la réflexion m<strong>en</strong>ée par Louis Puybasset et<br />
Bernard Devalois sur l’évolution du texte de la loi « Léonetti ». Sujet à l’évid<strong>en</strong>ce évolutif (justifiant ce<br />
texte de loi complém<strong>en</strong>taire), c’est surtout un sujet difficile et <strong>en</strong>core mal connu, expliquant<br />
l’importance d’articles nous aidant à nous approprier la direction que le législateur souhaite donner à<br />
notre pratique éthique. Citons égalem<strong>en</strong>t les deux textes sur l’anesthésie locorégionale qui montr<strong>en</strong>t<br />
bi<strong>en</strong> la place majeure de ces techniques dans notre vie quotidi<strong>en</strong>ne.<br />
Vigilance est le magazine d’information de la spécialité : il s’intègre dans un schéma de communication<br />
complém<strong>en</strong>taire des modes proposés par les sites de la SFAR et du CFAR, mais Vigilance est avant<br />
tout votre magazine. Nous le ferons vivre comme tel.<br />
DAN BENHAMOU, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 3
VIGILANCE<br />
VIGILANCE<br />
le Magazine de la SFAR<br />
74, rue Raynouard, 75016 Paris<br />
Directeur de la publication :<br />
Dan B<strong>en</strong>hamou<br />
Rédaction<br />
Secrétaire de rédaction :<br />
Jean-Marc Malinovsky<br />
Comité éditorial :<br />
Anissa Belbachir<br />
Pierre Carli<br />
Dominique Chassard<br />
Marie-Laure Cittanova<br />
Bertrand Deba<strong>en</strong>e<br />
Jean-Marc Dumeix<br />
Marc G<strong>en</strong>tili<br />
Catherine Huraux<br />
Bruno Vare<br />
Édition technique<br />
Éditions Sci<strong>en</strong>tifiques L&C<br />
122, av<strong>en</strong>ue du Général <strong>Le</strong>clerc<br />
75014 Paris<br />
Directeur des publications :<br />
Dr Pierric Couturier<br />
Coordination, suivi technique :<br />
Lorraine Chouty<br />
Relecture :<br />
Manuella Montanary<br />
Production<br />
Conception graphique,<br />
mise <strong>en</strong> pages :<br />
Jacques Michel<br />
Image de couverture :<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> - Photo DR<br />
Impression (UE) :<br />
Sagrafic,<br />
Plaza Urquinaona 14-7,3a<br />
08010 Barcelone (Espagne)<br />
Achevé d’imprimer<br />
<strong>en</strong> avril 2010<br />
Dépôt légal : avril 2010<br />
ISSN : 1960-2324<br />
www.editions-sci<strong>en</strong>tifiques.com<br />
info@editions-sci<strong>en</strong>tifiques.com<br />
LE MAGAZINE<br />
DE LA SFAR<br />
4 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
Ag<strong>en</strong>da<br />
26 MAI 2010<br />
Journée monothématique de la SFAR :<br />
« Physiopathologie et traitem<strong>en</strong>t de la douleur<br />
postopératoire » – Paris<br />
18 JUIN 2010<br />
EGAR 2010 : États Généraux de l’Anesthésie-<br />
Réanimation – Paris<br />
25-29 JUIN 2010<br />
Congrès annuel : Société Canadi<strong>en</strong>ne des<br />
Anesthésiologistes – Société Française d’Anesthésie<br />
et de Réanimation – Montréal<br />
22-25 SEPTEMBRE 2010<br />
Congrès national de la SFAR<br />
Palais des Congrès – Paris
Sommaire<br />
N° 19 Avril 2010<br />
Dossier<br />
L’anesthésie : un métier de la com’ ? 6<br />
FRANÇOIS CLERGUE<br />
Analyse de la nouvelle rédaction de l’article 37 8<br />
du Code de déontologie médicale<br />
sur « l’obstination <strong>déraisonnable</strong> »<br />
LOUIS PUYBASSET, BERNARD DEVALOIS<br />
Pourquoi se préoccuper de l’hygiène 12<br />
<strong>en</strong> ALR avec l’arrivée de l’échographie ?<br />
XAVIER PAQUERON, DENIS JOCHUM<br />
Quelles contraintes pour l’anesthésie <strong>en</strong> 14<br />
chirurgie ORL de l’<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de proximité ?<br />
CLAUDE ECOFFEY, MICHEL LÉVY<br />
À la loupe<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> <strong>en</strong> France 15<br />
PHILIPPE MAHIOU<br />
Apport des blocs nerveux périphériques au c<strong>en</strong>tre 18<br />
hospitalier national de Nouakchott, Mauritanie<br />
RONY BERREBI, MAHFOUD OULD MOHAMED VALL,<br />
MOHAMED OULD SID AHMED, ÉLISABETH GAERTNER,<br />
MICHEL CARLES<br />
SOS-ALR. Hotline. GROUPE SOS-ALR 22<br />
Vie de la Société<br />
L’ADARPEF : une Société savante au service 24<br />
des <strong>en</strong>fants. PHILIPPE COURRÈGES<br />
La SFAR et les Clubs 26<br />
GÉRY BOULARD, ANDRÉ LIENHART<br />
Note de lecture. GÉRY BOULARD 27<br />
PHOTO DR PHOTO DR<br />
LE MAGAZINE<br />
DE LA SFAR<br />
VIGILANCE<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 5<br />
PHOTO DR<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong><br />
<strong>en</strong> <strong>montagne</strong><br />
<strong>en</strong> France<br />
L’ADARPEF :<br />
au service<br />
des <strong>en</strong>fants<br />
C<strong>en</strong>tre hospitalier<br />
national<br />
de Nouakchott<br />
PHOTO DR
DOSSIER<br />
L’anesthésie :<br />
un métier de la com’ ?<br />
L’anesthésie :<br />
un métier de la com’ ?<br />
L Y A 30 ans, certains affirmai<strong>en</strong>t avec méchanceté<br />
que l’anesthésie était une discipline médicale idéale<br />
pour ceux qui voulai<strong>en</strong>t éviter de parler aux pati<strong>en</strong>ts,<br />
qu’ils se hâtai<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>dormir. Des travaux des années<br />
1980 sur les traits de personnalité des anesthésistes<br />
v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t partiellem<strong>en</strong>t conforter ces assertions : si, par<br />
comparaison à des médecins généralistes, les anesthésistes<br />
se caractérisai<strong>en</strong>t comme étant plus curieux,<br />
sérieux, autonomes et dominants, ils étai<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t<br />
plus introvertis et moins socialem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagés (1) I<br />
.<br />
Mais cette t<strong>en</strong>dance n’est-elle pas une donnée du passé ?<br />
<strong>Le</strong> quotidi<strong>en</strong> nous montre plutôt qu’<strong>en</strong> étant l’interface<br />
obligée de toutes les disciplines interv<strong>en</strong>tionnelles<br />
l’anesthésiste doit réaliser chaque jour des prouesses <strong>en</strong><br />
matière de communication, devant sans cesse discuter,<br />
négocier, arranger, adapter et trouver des solutions pour<br />
faciliter le bon fonctionnem<strong>en</strong>t du plateau technique. Tout<br />
anesthésiste est am<strong>en</strong>é à assumer régulièrem<strong>en</strong>t cette<br />
tâche, dans laquelle certains excell<strong>en</strong>t.<br />
Avec la complexité croissante des soins, ces capacités relationnelles<br />
des anesthésistes vont peut-être passer du statut<br />
actuel, celui d’une qualité optionnelle, à celui d’une<br />
exig<strong>en</strong>ce professionnelle. En effet, des données nouvelles<br />
démontr<strong>en</strong>t qu’une bonne communication améliore fortem<strong>en</strong>t<br />
les deux déterminants clés de la qualité des soins : la<br />
morbimortalité postopératoire d’une part, et la satisfaction<br />
des pati<strong>en</strong>ts d’autre part.<br />
COMMUNICATION AU SEIN DES ÉQUIPES :<br />
JE TE PARLE, TU ME PARLES,<br />
NOUS NOUS PARLONS…<br />
Il y a 10 ans, le rapport de l’Institut de Médecine américain<br />
« To err is human » avait alerté sur la fréqu<strong>en</strong>ce inacceptable<br />
des erreurs médicales, induites par la complexité<br />
croissante des soins médicaux (2) . <strong>Le</strong> monde médical<br />
pr<strong>en</strong>ait alors consci<strong>en</strong>ce de la nécessité de sécuriser les<br />
soins. En janvier 2009, l’Organisation Mondiale de la<br />
Santé (OMS), dans le cadre d’une campagne intitulée<br />
« Safe surgery saves lives », a souhaité placer la sécurisation<br />
des soins chirurgicaux comme une priorité mondiale<br />
<strong>en</strong> matière de santé publique. En effet, sur les 234 millions<br />
d’opérés chaque année dans le monde, 7 millions d’<strong>en</strong>tre<br />
eux ont des complications graves et un million <strong>en</strong> décèd<strong>en</strong>t<br />
(3) . L’OMS estime que la moitié de ces décès et complications<br />
pourrait être évitée par une optimisation des<br />
6 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
pratiques anesthésiques et chirurgicales, et notamm<strong>en</strong>t par<br />
une meilleure communication <strong>en</strong>tre les membres de<br />
l’équipe opératoire. Elle recommande l’utilisation d’une<br />
checklist de 19 critères simples qui impose aux acteurs<br />
cette communication à trois mom<strong>en</strong>ts-clés de l’acte opératoire<br />
: avant l’anesthésie, avant la chirurgie et à la fin de la<br />
chirurgie. En effet, une étude réalisée dans 8 hôpitaux de<br />
différ<strong>en</strong>tes régions du globe montrait que l’utilisation de<br />
cette checklist permettait d’obt<strong>en</strong>ir des résultats impressionnants<br />
: une chute de la mortalité des opérés de 47 %<br />
(taux moy<strong>en</strong> diminuant de 1,5 % à 0,8 % ; p < 0,003) et<br />
des complications postopératoires de 36 % (taux moy<strong>en</strong><br />
diminuant de 11,0 % à 7,0 % ; p < 0,001) (4) . Tous les<br />
c<strong>en</strong>tres, notamm<strong>en</strong>t ceux des pays développés, voyai<strong>en</strong>t<br />
leurs résultats s’améliorer.<br />
En réalité, cette étude confirmait d’autres travaux, ayant<br />
déjà id<strong>en</strong>tifié que les résultats des soins chirurgicaux ne<br />
dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas uniquem<strong>en</strong>t de l’habileté technique des<br />
chirurgi<strong>en</strong>s mais de nombreux autres facteurs liés aux<br />
conditions de travail et à la communication au sein des<br />
équipes (5,6) . Il était notamm<strong>en</strong>t observé que la qualité du<br />
travail <strong>en</strong> équipe, appréciée par des mesures des<br />
échanges et des comportem<strong>en</strong>ts au bloc opératoire,<br />
influ<strong>en</strong>çait la mortalité postopératoire : de bons scores du<br />
comportem<strong>en</strong>t et de la communication des équipes étai<strong>en</strong>t<br />
associés à une réduction du risque des décès postopératoires<br />
par un facteur de 4,82 (odds ratio), après ajustem<strong>en</strong>t<br />
du risque à la gravité des pati<strong>en</strong>ts (7) . <strong>Le</strong>s élém<strong>en</strong>ts<br />
influ<strong>en</strong>çant la réduction des risques étai<strong>en</strong>t : le partage de<br />
l’information, <strong>en</strong> per- et postopératoire immédiat, et<br />
l’exist<strong>en</strong>ce d’un débriefing postopératoire immédiat. <strong>Le</strong>s<br />
marqueurs du comportem<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t 3 fois plus prédictifs<br />
des complications et des décès postopératoires que la<br />
classe ASA des pati<strong>en</strong>ts.<br />
Ainsi donc, se parler et échanger sur ce qu’on fait, <strong>en</strong>tre<br />
chirurgi<strong>en</strong>s et anesthésistes, est plus efficace pour le<br />
dev<strong>en</strong>ir des opérés que bi<strong>en</strong> d’autres thérapeutiques…<br />
Inversem<strong>en</strong>t, se faire opérer par des équipes qui communiqu<strong>en</strong>t<br />
mal <strong>en</strong>semble représ<strong>en</strong>te un risque périopératoire<br />
plus important que celui lié à sa maladie ! En « imposant »<br />
par la checklist cette communication, l’OMS vi<strong>en</strong>t rappeler<br />
aux membres de l’équipe opératoire l’importance de<br />
partager verbalem<strong>en</strong>t leurs préoccupations quant à l’acte<br />
qu’ils accompliss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble et de c<strong>en</strong>trer leur communication<br />
sur le pati<strong>en</strong>t.
UN PATIENT SATISFAIT EST UN PATIENT<br />
QUI A PU BIEN COMMUNIQUER<br />
Nous savons depuis longtemps que la satisfaction des<br />
pati<strong>en</strong>ts sur leurs soins est peu liée à la performance des<br />
soins, telle que les professionnels l’évaluerai<strong>en</strong>t. Il a été<br />
montré, par exemple, qu’une prise <strong>en</strong> charge antalgique<br />
dans laquelle 45 % des opérés avai<strong>en</strong>t des douleurs<br />
sévères ou intolérables était pourtant jugée satisfaisante<br />
ou très satisfaisante par 81 % des pati<strong>en</strong>ts (8) .<br />
Cep<strong>en</strong>dant, 45 % des opérés s’att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t à ress<strong>en</strong>tir de<br />
viol<strong>en</strong>tes douleurs, et l’on sait que l’insatisfaction est<br />
surtout liée à l’écart <strong>en</strong>tre att<strong>en</strong>te et réalité. Si l’on veut<br />
que les pati<strong>en</strong>ts soi<strong>en</strong>t satisfaits de leur anesthésie, il<br />
nous faut donc connaître leurs att<strong>en</strong>tes et communiquer<br />
avec eux sur ce qui les préoccupe, et non sur ce que<br />
nous <strong>en</strong> imaginons.<br />
Interrogeant des groupes d’opérés, certains ont pu id<strong>en</strong>tifier<br />
les att<strong>en</strong>tes et les préoccupations que la plupart des<br />
pati<strong>en</strong>ts ont sur l’anesthésie (9-11) . Sur l’anesthésiste, ils<br />
s’interrog<strong>en</strong>t quant à ses qualifications, sa compét<strong>en</strong>ce,<br />
son expéri<strong>en</strong>ce. Ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t de lui qu’il crée une atmosphère<br />
de calme, qu’il leur fournisse une information<br />
précise et compréh<strong>en</strong>sible, et qu’il réponde à leurs<br />
besoins. Lors de la consultation préanesthésique, les<br />
pati<strong>en</strong>ts souhait<strong>en</strong>t que les risques <strong>en</strong>courus soi<strong>en</strong>t<br />
abordés et mis <strong>en</strong> perspective dans un langage clair, de<br />
même que leurs angoisses et leurs peurs, notamm<strong>en</strong>t<br />
celles de ne pas se réveiller, d’avoir mal ou d’être paralysé<br />
après une ALR. <strong>Le</strong> jour de l’anesthésie, ils craign<strong>en</strong>t<br />
moins d’att<strong>en</strong>dre que de n’avoir aucune explication si<br />
l’att<strong>en</strong>te devait être prolongée. P<strong>en</strong>dant la chirurgie, ils<br />
craign<strong>en</strong>t que l’anesthésiste ne reste pas constamm<strong>en</strong>t<br />
auprès d’eux ou, lors d’une ALR, qu’il ne s’intéresse pas<br />
à leur bi<strong>en</strong>-être. Au réveil, ils appréh<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que la soif et<br />
la douleur soi<strong>en</strong>t excessives et qu’aucune information ne<br />
leur soit donnée sur les résultats de la chirurgie. Enfin, ils<br />
souhait<strong>en</strong>t être impliqués dans la prise <strong>en</strong> charge de<br />
l’antalgie postopératoire.<br />
Toutes les études montr<strong>en</strong>t que c’est la qualité de la<br />
communication de l’anesthésiste avec le pati<strong>en</strong>t,<br />
l’information reçue, son li<strong>en</strong> avec ses att<strong>en</strong>tes et son<br />
implication dans les décisions de soins, qui constitu<strong>en</strong>t<br />
les principaux facteurs déterminant la satisfaction liée à<br />
l’anesthésie. La qualité de la communication est jugée<br />
par les pati<strong>en</strong>ts comme plus importante que le respect<br />
de l’intimité, les délais des soins, la prise <strong>en</strong> charge de<br />
la douleur ou la continuité des soins par le même anesthésiste<br />
(9-11) .<br />
DE LA COMMUNICATION INNÉE<br />
À UN ENJEU DE LA QUALITÉ DES SOINS ?<br />
Ce double constat ne doit-il pas nous inciter à nous interroger<br />
sur notre professionnalisme <strong>en</strong> matière de communication<br />
? Un travail réc<strong>en</strong>t rapportait les difficultés d’ordre<br />
éthique et relationnel ress<strong>en</strong>ties avec leurs pati<strong>en</strong>ts par les<br />
L’anesthésie :<br />
un métier de la com’ ?<br />
DOSSIER<br />
internes de la Harvard Medical School (Boston) pour<br />
l’obt<strong>en</strong>tion du cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t à l’anesthésie. En outre,<br />
2/3 d’<strong>en</strong>tre eux exprimai<strong>en</strong>t n’avoir aucun m<strong>en</strong>tor avec qui<br />
aborder ces questions (12) . Devons-nous poursuivre comme<br />
par le passé à estimer que notre tal<strong>en</strong>t de communication<br />
vi<strong>en</strong>t avec la délivrance de nos diplômes et la pratique, ou<br />
doit-on <strong>en</strong> faire une cible de la qualité des soins, analyser<br />
nos pratiques et chercher à progresser dans le but<br />
d’améliorer le fonctionnem<strong>en</strong>t de nos équipes, la performance<br />
des soins et la satisfaction des pati<strong>en</strong>ts ? <br />
FRANÇOIS CLERGUE<br />
SERVICE D’ANESTHÉSIOLOGIE<br />
HÔPITAUX UNIVERSITAIRES DE GENÈVE<br />
francois.clergue@hcuge.ch<br />
RÉFÉRENCES<br />
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Anesthesiology 2009 ; 110 : 480-486.<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 7
DOSSIER<br />
Analyse de la nouvelle rédaction de l’article 37<br />
du Code de déontologie médicale sur<br />
« l’obstination <strong>déraisonnable</strong> »<br />
Analyse de la nouvelle rédaction<br />
de l’article 37 du Code<br />
de déontologie médicale sur<br />
« l’obstination <strong>déraisonnable</strong> »<br />
AR DÉCRET n° 2010-107 du 29 janvier 2010<br />
relatif aux conditions de mise <strong>en</strong> œuvre des<br />
décisions de limitation ou d’arrêt de traitem<strong>en</strong>t,<br />
deux modifications substantielles sont apportées<br />
à la rédaction de l’article 37 du Code de déontologie<br />
médicale, numéroté R. 4127-37 dans le Code de la<br />
santé publique et ayant donc force de loi. Ces changem<strong>en</strong>ts<br />
font suite aux propositions de la mission d’éva -<br />
luation de la loi « Léonetti » du 22 avril 2005 relative<br />
aux droits des malades et à la fin de vie (1) P<br />
publiées <strong>en</strong><br />
novembre 2008. La proposition n° 6 suggérait d’« élargir<br />
le recours à la procédure collégiale aux pati<strong>en</strong>ts, par<br />
l’intermédiaire des directives anticipées, et à la personne<br />
de confiance » alors que la proposition n° 12 demandait<br />
de « préciser dans le Code de déontologie médicale les<br />
modalités des traitem<strong>en</strong>ts à visée sédative qui doiv<strong>en</strong>t<br />
accompagner les arrêts de traitem<strong>en</strong>t de survie lorsque<br />
la douleur du pati<strong>en</strong>t n’est pas évaluable ». Ce sont ces<br />
deux propositions qui ont été prises <strong>en</strong> compte par le<br />
Conseil national de l’Ordre des médecins puis par le<br />
gouvernem<strong>en</strong>t.<br />
L’ENTOURAGE PEUT DÉCLENCHER<br />
LA PROCÉDURE DE QUESTIONNEMENT<br />
SUR LE CARACTÈRE DÉRAISONNABLE OU NON<br />
DES TRAITEMENTS ET DOIT ÊTRE INFORMÉ DE<br />
LA MOTIVATION DE LA PROCÉDURE COLLÉGIALE<br />
<strong>Le</strong>s anci<strong>en</strong>nes formulations des premier et cinquième<br />
alinéas indiquai<strong>en</strong>t :<br />
– premier alinéa : « Dans les cas prévus aux articles<br />
L. 1111-4 et L. 1111-13, lorsque le pati<strong>en</strong>t est hors<br />
d’état d’exprimer sa volonté, le médecin ne peut décider<br />
de limiter ou d’arrêter les traitem<strong>en</strong>ts disp<strong>en</strong>sés sans<br />
qu’ait été préalablem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> œuvre une procédure<br />
collégiale. » ;<br />
– cinquième alinéa : « La décision est motivée. <strong>Le</strong>s avis<br />
recueillis, la nature et le s<strong>en</strong>s des concertations qui ont<br />
eu lieu au sein de l’équipe de soins ainsi que les motifs<br />
de la décision sont inscrits dans le dossier du pati<strong>en</strong>t. »<br />
8 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
<strong>Le</strong>s nouvelles formulations précis<strong>en</strong>t :<br />
– premier alinéa : « Dans les cas prévus au cinquième<br />
alinéa de l’article L. 1111-4 et au premier alinéa de<br />
l’article L. 1111-13, la décision de limiter ou d’arrêter<br />
les traitem<strong>en</strong>ts disp<strong>en</strong>sés ne peut être prise sans qu’ait<br />
été préalablem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> œuvre une procédure collégiale.<br />
<strong>Le</strong> médecin peut <strong>en</strong>gager la procédure collégiale<br />
de sa propre initiative. Il est t<strong>en</strong>u de le faire au vu des<br />
directives anticipées du pati<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tées par l’un des<br />
dét<strong>en</strong>teurs de celles-ci m<strong>en</strong>tionnés à l’article R. 1111-<br />
19 ou à la demande de la personne de confiance, de la<br />
famille ou, à défaut, de l’un des proches. <strong>Le</strong>s dét<strong>en</strong>teurs<br />
des directives anticipées du pati<strong>en</strong>t, la personne de<br />
confiance, la famille ou, le cas échéant, l’un des proches<br />
sont informés, dès qu’elle a été prise, de la décision de<br />
mettre <strong>en</strong> œuvre la procédure collégiale. » ;<br />
– cinquième alinéa : « La décision est motivée. <strong>Le</strong>s avis<br />
recueillis, la nature et le s<strong>en</strong>s des concertations qui ont<br />
eu lieu au sein de l’équipe de soins ainsi que les motifs<br />
de la décision sont inscrits dans le dossier du pati<strong>en</strong>t. La<br />
personne de confiance, si elle a été désignée, la famille<br />
ou, à défaut, l’un des proches du pati<strong>en</strong>t sont informés<br />
de la nature et des motifs de la décision de limitation ou<br />
d’arrêt de traitem<strong>en</strong>t. »<br />
Cette nouvelle rédaction ouvre donc la possibilité à<br />
d’autres que le médecin <strong>en</strong> charge du pati<strong>en</strong>t de décl<strong>en</strong>cher<br />
le processus d’exam<strong>en</strong> du caractère <strong>déraisonnable</strong><br />
ou non des traitem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>trepris. Dans la rédaction<br />
précéd<strong>en</strong>te, seul le médecin pouvait (et devait) mettre <strong>en</strong><br />
œuvre le dispositif s’il souhaitait décider de limiter ou<br />
d’arrêter un traitem<strong>en</strong>t pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>déraisonnable</strong>.<br />
Mais la non-mise <strong>en</strong> œuvre de la procédure collégiale, du<br />
fait du refus du médecin, rev<strong>en</strong>ait de fait pour celui-ci à<br />
pr<strong>en</strong>dre seul la décision de poursuivre les traitem<strong>en</strong>ts.<br />
Désormais, l’ouverture de ce dispositif est de droit si le<br />
pati<strong>en</strong>t l’a souhaité dans ses directives anticipées, ou si la<br />
personne de confiance qu’il a désignée, un membre de la<br />
famille ou même un proche, le réclam<strong>en</strong>t. Cette possibilité<br />
nouvelle ne préjuge évidemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> la décision
qui sera prise à l’issue du processus, mais permet d’ouvrir<br />
une discussion claire sur le caractère <strong>déraisonnable</strong> ou<br />
non des traitem<strong>en</strong>ts.<br />
Cette nouvelle rédaction devrait générer un nombre plus<br />
important de mises <strong>en</strong> œuvre du processus collégial<br />
d’analyse de la situation. Elle devrait aussi désamorcer un<br />
certain nombre de conflits avec un <strong>en</strong>tourage craignant<br />
de ne pas être associé aux décisions de limitation ou<br />
d’arrêts de traitem<strong>en</strong>ts de mainti<strong>en</strong> artificiel de la vie. Un<br />
point important de la nouvelle rédaction est l’information<br />
qui doit être donnée à l’<strong>en</strong>tourage (la personne de<br />
confiance, la famille ou à défaut un proche). La notion de<br />
motivation de la décision, déjà prés<strong>en</strong>te dans la précéd<strong>en</strong>te<br />
rédaction, est r<strong>en</strong>forcée puisque non seulem<strong>en</strong>t la<br />
décision, mais ses « motifs », au s<strong>en</strong>s juridique du terme,<br />
doiv<strong>en</strong>t être désormais explicités à l’<strong>en</strong>tourage. Cela est,<br />
bi<strong>en</strong> sûr, beaucoup plus contraignant pour le médecin <strong>en</strong><br />
charge du pati<strong>en</strong>t, mais c’est le garant d’une meilleure<br />
information.<br />
UN DISPOSITIF SPÉCIFIQUE PERMETTANT<br />
DE S’ASSURER D’UNE PRISE EN CHARGE<br />
ADAPTÉE DE LA SOUFFRANCE ET DE LA<br />
DOULEUR ÉVENTUELLES MÊME LORSQU’UNE<br />
ÉVALUATION N’EST PAS POSSIBLE<br />
La nouvelle rédaction de l’article R. 4127-37 introduit<br />
égalem<strong>en</strong>t un troisième paragraphe qui porte spécifiquem<strong>en</strong>t<br />
sur la situation des cérébrolésés, qu’ils s’agiss<strong>en</strong>t<br />
d’adultes, d’<strong>en</strong>fants ou de nouveau-nés.<br />
« III. Lorsqu’une limitation ou un arrêt de traitem<strong>en</strong>t a été<br />
décidé <strong>en</strong> application de l’article L. 1110-5 et des articles<br />
L. 1111-4 ou L. 1111-13, dans les conditions prévues<br />
aux I et II du prés<strong>en</strong>t article, le médecin, même si la souffrance<br />
du pati<strong>en</strong>t ne peut pas être évaluée du fait de son<br />
état cérébral, met <strong>en</strong> œuvre les traitem<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>t<br />
antalgiques et sédatifs, permettant d’accompagner la<br />
personne selon les principes et dans les conditions<br />
énoncés à l’article R. 4127-38. Il veille égalem<strong>en</strong>t à ce<br />
que l’<strong>en</strong>tourage du pati<strong>en</strong>t soit informé de la situation et<br />
reçoive le souti<strong>en</strong> nécessaire. »<br />
Cet article porte donc sur les situations dans lesquelles la<br />
loi de 2005 a introduit le droit pour les pati<strong>en</strong>ts à ne pas<br />
subir d’obstination <strong>déraisonnable</strong>. Il s’agit des situations<br />
pot<strong>en</strong>tielles de mainti<strong>en</strong> artificiel <strong>en</strong> vie (paragraphe 4 de<br />
l’article L. 1111-4) ou des phases avancées ou terminales<br />
d’une affection grave et incurable (article L. 1111-13) alors<br />
que le pati<strong>en</strong>t est incapable de choisir pour lui-même. Il<br />
s’applique spécifiquem<strong>en</strong>t aux situations où une décision<br />
de limitation ou d’arrêt de traitem<strong>en</strong>ts de mainti<strong>en</strong> artificiel<br />
<strong>en</strong> vie est prise et pour lesquelles, du fait d’altérations cérébrales<br />
majeures, l’évaluation de la souffrance du pati<strong>en</strong>t ne<br />
peut être correctem<strong>en</strong>t effectuée. Sont ainsi concernés par<br />
exemple la réduction du support catécholaminergique, de<br />
la v<strong>en</strong>tilation minute ou de la FiO 2 , l’extubation, la décanu-<br />
Analyse de la nouvelle rédaction de l’article 37<br />
du Code de déontologie médicale sur<br />
« l’obstination <strong>déraisonnable</strong> »<br />
DOSSIER<br />
lation, ou l’arrêt d’une nutrition-hydratation artificielles chez<br />
un pati<strong>en</strong>t cérébrolésé quel que soit son âge.<br />
Il invite le médecin à recourir aux traitem<strong>en</strong>ts antalgiques<br />
et sédatifs appropriés (et à tous les autres permettant un<br />
accompagnem<strong>en</strong>t de fin de vie de qualité). Il se réfère aux<br />
préconisations très claires de l’article 38 du Code de déontologie<br />
médicale (Soins aux mourants – euthanasie, numéroté<br />
article R. 4127-38 du Code de la santé publique).<br />
« <strong>Le</strong> médecin doit accompagner le mourant jusqu’à ses<br />
derniers mom<strong>en</strong>ts, assurer par des soins et mesures<br />
appropriés la qualité d’une vie qui pr<strong>en</strong>d fin, sauvegarder<br />
la dignité du malade et réconforter son <strong>en</strong>tourage. Il n’a<br />
pas le droit de provoquer délibérém<strong>en</strong>t la mort. »<br />
De plus, cette nouvelle rédaction r<strong>en</strong>force l’obligation faite<br />
aux médecins (déjà prés<strong>en</strong>te dans l’article 38),<br />
d’accompagner et de sout<strong>en</strong>ir les proches qui sont dans<br />
l’att<strong>en</strong>te d’une mort annoncée, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec une limitation<br />
ou un arrêt de traitem<strong>en</strong>t. Ce souti<strong>en</strong>, qui peut pr<strong>en</strong>dre de<br />
multiples formes (élargissem<strong>en</strong>t des horaires de visite,<br />
accompagnem<strong>en</strong>t psychologique, accompagnem<strong>en</strong>t spirituel,<br />
etc.) est une part ess<strong>en</strong>tielle de la prise <strong>en</strong> charge de<br />
ces situations, toujours vécues comme tragiques.<br />
COMMENTAIRES SUR LE NOUVEAU<br />
PARAGRAPHE III DE L’ARTICLE 37<br />
La question des cérébrolésés<br />
Il s’agit de pati<strong>en</strong>ts dont le cerveau a subi des dommages<br />
graves (traumatisme crâni<strong>en</strong>, lésions hémorragiques,<br />
ischémie cérébrale, conséqu<strong>en</strong>ces d’une anoxie cérébrale,<br />
prématurité). <strong>Le</strong> caractère irréversible ou non de ces lésions<br />
ne peut pas être affirmé avec certitude lors des premiers<br />
jours de la réanimation. Celle-ci a donc pour objectif<br />
d’assurer la survie du pati<strong>en</strong>t et de lui éviter des lésions<br />
secondaires <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant de pouvoir évaluer le pronostic<br />
cérébral. Grâce à la mise <strong>en</strong> œuvre de ces techniques<br />
lourdes de substitution des fonctions vitales initialem<strong>en</strong>t<br />
défaillantes, il est possible de sauver <strong>en</strong>viron 70 à 80 % de<br />
ces pati<strong>en</strong>ts avec peu ou pas de séquelles (3) . Sans cette<br />
réanimation initiale, ces malades ne survivrai<strong>en</strong>t pas.<br />
<strong>Le</strong> recours systématique à un coma thérapeutique, par des<br />
produits sédatifs et antalgiques, vise à obt<strong>en</strong>ir une mise au<br />
repos du cerveau. Mais cette mise au repos r<strong>en</strong>d d’autant<br />
plus impossible l’évaluation initiale de l’état clinique. Il<br />
n’existe pas de critères initiaux fiables permettant de<br />
prédire un retour à des conditions normales de vie (sauf<br />
chez l’anoxique). Ce n’est que plus tard que l’on peut<br />
évaluer correctem<strong>en</strong>t la situation neurologique et l’état des<br />
fonctions relationnelles du pati<strong>en</strong>t. L’état végétatif se définit<br />
par l’abs<strong>en</strong>ce de toute relation avec l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et un<br />
retour aux cycles veille/sommeil. L’état pauci-relationnel<br />
(« minimally conscious state » pour les anglophones) est<br />
plus fréqu<strong>en</strong>t. Il fait souv<strong>en</strong>t suite à l’état végétatif. Il se<br />
caractérise par des réponses fluctuantes aux ordres<br />
simples, la localisation de la douleur, la poursuite visuelle,<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 9
DOSSIER<br />
Analyse de la nouvelle rédaction de l’article 37<br />
du Code de déontologie médicale sur<br />
« l’obstination <strong>déraisonnable</strong> »<br />
l’expression de pleurs et de sourires. Il y a une dép<strong>en</strong>dance<br />
totale vis-à-vis de l’<strong>en</strong>tourage et la nutrition est nécessairem<strong>en</strong>t<br />
artificielle.<br />
Jusqu’à il y a peu, un cons<strong>en</strong>sus existait pour ne porter un<br />
tel diagnostic qu’au bout de plusieurs mois d’évolution,<br />
imposant donc le mainti<strong>en</strong> artificiel <strong>en</strong> vie durant cette<br />
longue période, dans l’espoir d’une amélioration significative.<br />
Des techniques sont <strong>en</strong> cours d’évaluation pour t<strong>en</strong>ter<br />
de prédire précocem<strong>en</strong>t un risque majeur de non-retour à<br />
une consci<strong>en</strong>ce normale. Elles pourrai<strong>en</strong>t permettre de<br />
limiter ce délai afin de réduire la souffrance de l’<strong>en</strong>tourage<br />
durant cette période d’incertitude tragique.<br />
Ces pati<strong>en</strong>ts cérébrolésés pos<strong>en</strong>t des problèmes complexes<br />
de décisions de limitation ou d’arrêt des traitem<strong>en</strong>ts de<br />
mainti<strong>en</strong> artificiel <strong>en</strong> vie. Ils répond<strong>en</strong>t très exactem<strong>en</strong>t aux<br />
problématiques visées par le paragraphe 4 de l’article<br />
L. 1111-4 (cf. plus haut). La question qui doit être posée,<br />
mais dont la réponse dép<strong>en</strong>d de chaque situation particulière<br />
est bi<strong>en</strong> : « Sommes-nous ou non dans une situation<br />
d’obstination <strong>déraisonnable</strong> ? » Autrem<strong>en</strong>t dit : « Faut-il<br />
poursuivre ou stopper les moy<strong>en</strong>s permettant un mainti<strong>en</strong><br />
artificiel <strong>en</strong> vie ? » Pour répondre à ce questionnem<strong>en</strong>t<br />
complexe la loi d’avril 2005 fixe un cadre réflexif et décisionnel<br />
clair.<br />
<strong>Le</strong> 3 e alinéa de la nouvelle rédaction de l’article 37 permet,<br />
lui, de préciser davantage <strong>en</strong>core les obligations qui incomb<strong>en</strong>t<br />
à l’équipe soignante si la situation est jugée correspondre<br />
à une obstination <strong>déraisonnable</strong>.<br />
Un compromis <strong>en</strong>tre le souhaitable et le possible<br />
Dans ces situations rares mais particulièrem<strong>en</strong>t<br />
complexes à gérer des limitations ou arrêts de traitem<strong>en</strong>ts<br />
chez un pati<strong>en</strong>t cérébrolésé, il s’agit bi<strong>en</strong> d’<strong>en</strong>visager<br />
l’arrêt de la v<strong>en</strong>tilation artificielle, l’extubation, la décanulation<br />
ou l’arrêt de la nutrition/hydratation artificielle par<br />
exemple. L’abs<strong>en</strong>ce de cadre législatif suffisamm<strong>en</strong>t clair<br />
à propos de l’utilisation de sédatifs durant la phase d’arrêt<br />
des traitem<strong>en</strong>ts de mainti<strong>en</strong> artificiel <strong>en</strong> vie, a conduit à<br />
des situations discutables, tant pour le pati<strong>en</strong>t que pour<br />
son <strong>en</strong>tourage. On <strong>en</strong> veut pour exemple la situation<br />
d’Hervé Pierra, qui avait souffert de convulsions p<strong>en</strong>dant<br />
plusieurs jours à la suite d’un arrêt de traitem<strong>en</strong>t et d’un<br />
retrait de sa sonde gastrique, sans administration parallèle<br />
de soins palliatifs adéquats.<br />
En effet, le principe fondam<strong>en</strong>tal de l’utilisation des traitem<strong>en</strong>ts<br />
à visée sédative <strong>en</strong> fin de vie est la recherche du<br />
niveau minimum nécessaire au soulagem<strong>en</strong>t du pati<strong>en</strong>t,<br />
imposant ainsi une adaptation fine <strong>en</strong> fonction de la situation.<br />
Or, dans le cas de ces pati<strong>en</strong>ts cérébrolésés, il est très<br />
difficile (voire impossible) d’apprécier le niveau d’inconfort.<br />
Il n’est pas possible d’affirmer avec une certitude absolue<br />
(qui dép<strong>en</strong>d de chaque personne <strong>en</strong> fonction de son bilan<br />
lésionnel réel) qu’étant donné la destruction des tissus cérébraux,<br />
il n’existe plus de perception de la douleur, ni des<br />
autres symptômes.<br />
10 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
Concernant l’utilisation des traitem<strong>en</strong>ts à visée sédative,<br />
deux hypothèses sont possibles :<br />
– s’il persiste une forme de perception de la douleur ou<br />
des autres symptômes liés à l’approche de la fin de vie<br />
et qu’une antalgie et une sédation systématiques sont<br />
pratiquées, cela évite l’inconfort y afférant. En revanche,<br />
si on ne la pratique pas, cet inconfort peut, peut-être,<br />
surv<strong>en</strong>ir ;<br />
– s’il n’existe pas de forme de perception de la douleur ou<br />
des autres symptômes, que l’on pratique ou non une<br />
antalgie ou une sédation systématique, cela ne change<br />
ri<strong>en</strong>, étant bi<strong>en</strong> posé qu’<strong>en</strong> aucun cas les doses utilisées<br />
pour assurer l’antalgie ou la sédation ne sont des moy<strong>en</strong>s<br />
déguisés d’accélérer le décès.<br />
Dans le doute <strong>en</strong>tre les deux hypothèses, il apparaît donc<br />
souhaitable – il y a tout à gagner et ri<strong>en</strong> à perdre pour<br />
repr<strong>en</strong>dre la métaphore pascali<strong>en</strong>ne (4) – de pratiquer une<br />
antalgie et une sédation systématiques chez le pati<strong>en</strong>t<br />
cérébrolésé, lors de la mise <strong>en</strong> œuvre d’une procédure de<br />
limitation ou d’arrêt de traitem<strong>en</strong>t de mainti<strong>en</strong> artificiel<br />
<strong>en</strong> vie.<br />
La contrepartie de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t maximal<br />
au bénéfice du doute<br />
Toute la prise <strong>en</strong> charge actuelle est basée sur le principe<br />
d’un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t maximal des moy<strong>en</strong>s disponibles, <strong>en</strong><br />
situation aiguë, au « bénéfice du doute » sur la possible<br />
survie de qualité pour le pati<strong>en</strong>t. Il est donc logique que la<br />
contrepartie de cette approche soit, lorsque le bénéfice du<br />
doute se transforme <strong>en</strong> un « maléfice de l’action médicale »<br />
pour le pati<strong>en</strong>t (la surv<strong>en</strong>ue d’une situation de mainti<strong>en</strong><br />
artificiel <strong>en</strong> vie chez un pati<strong>en</strong>t <strong>en</strong> état végétatif par<br />
exemple), d’assurer la meilleure qualité possible de fin de<br />
vie s’il est décidé de « laisser mourir ».<br />
C’est le prix à payer pour la mise <strong>en</strong> œuvre de ces techniques<br />
à l’action ambival<strong>en</strong>te car elles permett<strong>en</strong>t aussi<br />
bi<strong>en</strong> de sauver des pati<strong>en</strong>ts que de maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> vie dans<br />
des conditions particulièrem<strong>en</strong>t difficiles, des pati<strong>en</strong>ts qui<br />
serai<strong>en</strong>t décédés sinon.<br />
Lors d’une désescalade thérapeutique, le pati<strong>en</strong>t cérébrolésé<br />
doit pouvoir bénéficier, au nom du principe éthique<br />
d’équité, des mêmes droits au soulagem<strong>en</strong>t et à une fin<br />
de vie digne, que tout autre pati<strong>en</strong>t (cf. article L. 1110-<br />
10 du Code de santé publique). Ses proches doiv<strong>en</strong>t<br />
pouvoir obt<strong>en</strong>ir l’assurance de ce soulagem<strong>en</strong>t et de la<br />
sauvegarde de sa dignité. C’est bi<strong>en</strong> là le but de ce<br />
nouveau paragraphe.<br />
L’impératif de recourir à des traitem<strong>en</strong>ts<br />
antalgiques et sédatifs n’est ni un droit<br />
à la sédation ni un droit à la mort<br />
Cette disposition doit faire l’objet d’une grande att<strong>en</strong>tion.<br />
Il ne s’agit évidemm<strong>en</strong>t pas, bi<strong>en</strong> au contraire, d’instaurer<br />
un « droit à la mort ». Il ne s’agit pas non plus d’un<br />
devoir de « faire mourir dans des délais réglem<strong>en</strong>taires »
après une décision de limitation ou d’arrêt des traitem<strong>en</strong>ts.<br />
Si, dans le cas d’un arrêt d’un procédé<br />
d’assistance respiratoire, chez un pati<strong>en</strong>t ne respirant<br />
pas suffisamm<strong>en</strong>t pour se maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> vie, la surv<strong>en</strong>ue<br />
de la mort est parfois rapide, il <strong>en</strong> est différemm<strong>en</strong>t dans<br />
le cas d’un arrêt d’une nutrition/hydratation artificielle<br />
chez un pati<strong>en</strong>t incapable de boire et de manger suffisamm<strong>en</strong>t<br />
pour se maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> vie. La période comprise<br />
<strong>en</strong>tre l’arrêt et la surv<strong>en</strong>ue de la mort peut alors atteindre<br />
jusqu’à une dizaine de jours. Il est ess<strong>en</strong>tiel durant cette<br />
période d’assurer un haut niveau de prise <strong>en</strong> charge du<br />
pati<strong>en</strong>t lui-même (douleur, souffrance, et tous les autres<br />
symptômes possibles d’inconfort) mais aussi de ses<br />
proches confrontés à une agonie qu’ils jug<strong>en</strong>t d’autant<br />
plus insupportable qu’ils ne sont pas suffisamm<strong>en</strong>t<br />
accompagnés et/ou que le pati<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te des symptômes<br />
pouvant être interprétés comme inconfortables.<br />
Cette prise <strong>en</strong> charge peut être améliorée par le recours<br />
à des structures spécialisées comme les unités de soins<br />
palliatifs (USP) par exemple (5) .<br />
Mais il ne s’agit pas non plus d’instaurer une sorte de<br />
« droit à la sédation » créant, pour les professionnels de<br />
santé, un « devoir de sédation ». Ce ne sont pas les<br />
proches qui peuv<strong>en</strong>t exiger une sédation « dans le doute ».<br />
C’est bi<strong>en</strong> au médecin <strong>en</strong> charge du pati<strong>en</strong>t et confronté à<br />
une situation singulière qu’il apparti<strong>en</strong>t d’analyser, de<br />
décider du recours aux traitem<strong>en</strong>ts à visée sédative et<br />
antalgique nécessaires, pour assurer à son pati<strong>en</strong>t une<br />
qualité de fin de vie semblable à celle que la loi exige par<br />
ailleurs pour ceux qui sont <strong>en</strong> capacité d’exprimer (ou pour<br />
qui il est possible d’évaluer) douleurs et souffrances. C’est<br />
la responsabilité du médecin qui est ainsi <strong>en</strong>gagée, tant<br />
vis-à-vis du pati<strong>en</strong>t et de ses proches, que vis-à-vis de<br />
l’autorité ordinale ou judiciaire.<br />
Un dispositif propre à la France<br />
La France est ainsi le premier pays à s’être doté d’un tel<br />
dispositif, permettant d’aller au bout de la logique d’un droit<br />
à laisser mourir dans la dignité, sans franchir le Rubicon<br />
d’un droit à la mort (autorisant alors soit un droit au suicide<br />
décidé et appliqué par le pati<strong>en</strong>t comme <strong>en</strong> Suisse, soit un<br />
droit à une injection létale décidée par les médecins<br />
comme <strong>en</strong> Belgique ou aux Pays-Bas).<br />
Ce dispositif audacieux n’est pas exempt de risques<br />
pot<strong>en</strong>tiels. Ainsi, il serait dangereux d’avoir recours à des<br />
traitem<strong>en</strong>ts sédatifs systématiques, sans consacrer le<br />
temps et l’att<strong>en</strong>tion nécessaires à un accompagnem<strong>en</strong>t de<br />
qualité et sans une approche réellem<strong>en</strong>t pluridisciplinaire<br />
du pati<strong>en</strong>t cérébrolésé, de sa famille et de ses proches.<br />
Mais il serait aussi dangereux de laisser dans le doute ses<br />
proches sur l’exist<strong>en</strong>ce d’év<strong>en</strong>tuelles douleurs ou souffrances<br />
lors de la limitation ou l’arrêt d’un traitem<strong>en</strong>t de<br />
mainti<strong>en</strong> artificiel <strong>en</strong> vie.<br />
La rédaction du nouveau paragraphe III de l’article 37 vise<br />
à r<strong>en</strong>forcer la nécessité posée par la loi de soulager les<br />
Analyse de la nouvelle rédaction de l’article 37<br />
du Code de déontologie médicale sur<br />
« l’obstination <strong>déraisonnable</strong> »<br />
DOSSIER<br />
pati<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> respectant les bonnes pratiques consistant à<br />
assurer à chaque pati<strong>en</strong>t un soulagem<strong>en</strong>t adapté et personnalisé<br />
de sa douleur et de sa souffrance. Elle ne saurait<br />
servir à <strong>en</strong> justifier de mauvaises, telle que pratiquer des<br />
sédations profondes systématiques pour un pati<strong>en</strong>t ne<br />
répondant pas à la définition d’un cérébrolésé comme une<br />
alternative à une euthanasie active (8) .<br />
En conclusion, cette nouvelle rédaction de l’article 37<br />
impose d’impliquer davantage l’<strong>en</strong>tourage dans le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t<br />
de la procédure collégiale, et de mieux l’informer<br />
des motifs des décisions prises à l’issue de celle-ci. De<br />
plus, le recours à des traitem<strong>en</strong>ts sédatifs et antalgiques<br />
doit permettre d’assurer, aux cérébrolésés comme à tous les<br />
autres pati<strong>en</strong>ts, un soulagem<strong>en</strong>t adapté à leur état si une<br />
décision de limitation ou d’arrêt des traitem<strong>en</strong>ts v<strong>en</strong>ait à<br />
être prise à l’issue de la procédure collégiale. <br />
LOUIS PUYBASSET<br />
UNITÉ DE NEUROANESTHÉSIE-RÉANIMATION, DÉPARTEMENT<br />
D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
HÔPITAL PITIÉ-SALPÊTRIÈRE, PARIS<br />
louis.puybasset@psl.aphp.fr<br />
BERNARD DEVALOIS<br />
UNITÉ DE SOINS PALLIATIFS<br />
HÔPITAL DE PUTEAUX<br />
<strong>Le</strong>s auteurs précis<strong>en</strong>t que ce texte n’<strong>en</strong>gage qu’eux-mêmes et<br />
ne représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong> aucun cas la position officielle de la SFAR.<br />
RÉFÉRENCES<br />
1. Léonetti J. Rapport d’information fait au nom de la mission d’évaluation de la loi<br />
n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie.<br />
N° 1287. Novembre 2008.<br />
2. Décret n° 2010-107 du 29 janvier 2010 relatif aux conditions de mise <strong>en</strong> œuvre<br />
des décisions de limitation ou d’arrêt de traitem<strong>en</strong>t. JORF n° 0025 (30 janvier<br />
2010) : 1869.<br />
3. Puybasset L. Droits des malades <strong>en</strong> fin de vie et neuroéthique. Espace<br />
Éthique/AP-HP. Octobre 2008.<br />
4. Pascal B. P<strong>en</strong>sées. Section III : 184-241.<br />
5. Devalois B. <strong>Le</strong>s USP ont-elles un rôle à jouer dans les arrêts et limitations de<br />
traitem<strong>en</strong>t pour les personnes maint<strong>en</strong>ues artificiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vie. XV e Congrès<br />
de la SFAP. Paris, 18-20 Juin 2009.<br />
6. SFAP. La sédation pour détresse <strong>en</strong> phase terminale et dans des situations<br />
spécifiques et complexes. Recommandations de la Société française<br />
d’accompagnem<strong>en</strong>t et de soins palliatifs. Juin 2009.<br />
7. SRLF. Limitation et arrêt des traitem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> réanimation adulte. Actualisation<br />
des recommandations de la Société de réanimation de langue française. 2009.<br />
8. Seale C. Continuous deep sedation in medical practice : a descriptive study.<br />
J Pain Symptom Manage 2010 ; 39 : 44-53.<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 11
DOSSIER<br />
Pourquoi se préoccuper<br />
de l’hygiène <strong>en</strong> ALR avec<br />
l’arrivée de l’échographie ?<br />
Pourquoi se préoccuper<br />
de l’hygiène <strong>en</strong> ALR<br />
avec l’arrivée de l’échographie ?<br />
INCIDENCE des complications infectieuses<br />
consécutives à une anesthésie locorégionale<br />
(ALR) <strong>en</strong> injection unique demeure extrêmem<strong>en</strong>t<br />
faible, même s’il est impossible d’<strong>en</strong> connaître<br />
l’incid<strong>en</strong>ce exacte. Il existe cep<strong>en</strong>dant des cas<br />
d’infection sévère, voire fatale, tel ce cas de fasciite nécrosante<br />
consécutive à un bloc axillaire chez une pati<strong>en</strong>te<br />
âgée, diabétique cep<strong>en</strong>dant (1) . Concernant le cathétérisme<br />
périnerveux continu, le risque infectieux est un peu<br />
mieux précisé (2,3) . <strong>Le</strong>s études réc<strong>en</strong>tes montr<strong>en</strong>t une<br />
colonisation <strong>en</strong>tre 23 et 57 % des cathéters périnerveux<br />
résultant <strong>en</strong> une infection localisée (<strong>en</strong>tre 0 et 3 %) et <strong>en</strong><br />
une infection systémique prouvée (<strong>en</strong>tre 0 et 0,9 %) (4) L’<br />
.<br />
Des complications infectieuses sévères sont rapportées à<br />
type d’abcès axillaire, cervical et médiastinal, du psoas et<br />
de la cuisse.<br />
Mais ce ne sont pas précisém<strong>en</strong>t ces problèmes infectieux<br />
que soulève l’utilisation des ultrasons <strong>en</strong> ALR. En effet, le<br />
risque de complication infectieuse induite par la ponction<br />
demeure probable m<strong>en</strong>t similaire qu’<strong>en</strong> neuro stimulation.<br />
La différ<strong>en</strong>ce est liée à l’introduction dans la procédure<br />
d’un dispositif médical (DM) réutilisable<br />
dont l’utilisation est régie par<br />
toute une série de circulaires et de<br />
recommandations officielles. Cette utilisation<br />
d’un DM introduit la notion<br />
supplém<strong>en</strong>taire de risque d’infection<br />
croisée, générée directem<strong>en</strong>t par la<br />
réalisation des soins, et favorisée par le<br />
caractère invasif des procédures. <strong>Le</strong><br />
contact direct avec le sang ou d’autres<br />
liquides biologiques par le biais de la<br />
sonde, des câbles, ou de l’appareil<br />
12 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
d’échographie expose à ce risque de transmission d’un<br />
pati<strong>en</strong>t à un autre. Il n’existe pour l’instant pas de recommandations<br />
spécifiques concernant la façon de décontaminer<br />
ce matériel dans le cadre de l’ALR échoguidée.<br />
Néanmoins les recommandations officielles sur la désinfection<br />
des DM permett<strong>en</strong>t de définir une procédure de<br />
nettoyage (5) . L’utilisation de DM réutilisables impose des<br />
impératifs <strong>en</strong> terme de contrôle du risque infectieux, <strong>en</strong><br />
privilégiant toujours la stérilisation à la désinfection. Mais<br />
les sondes d’échographie étant des dispositifs thermos<strong>en</strong>sibles,<br />
cela ne laisse la place qu’à la désinfection. De<br />
plus, il est impératif d’assurer une traçabilité pour pouvoir<br />
retrouver le matériel utilisé pour chaque pati<strong>en</strong>t…<br />
Selon la destination du DM et le risque infectieux vis-à-vis des<br />
ag<strong>en</strong>ts transmissibles (classification de Spaulding) les DM<br />
sont classés comme « non critiques », « semi-critiques » ou<br />
«critiques » (6) . Et c’est de l’analyse de cette classification<br />
que dép<strong>en</strong>dra le type de décontamination du DM à réaliser<br />
<strong>en</strong>tre deux pati<strong>en</strong>ts. En ALR, la sonde d’échographie est<br />
positionnée sur une peau saine préparée, désinfectée, et ne<br />
pénètre pas les tissus. Cela n’<strong>en</strong> fait pas pour autant un DM<br />
Mise <strong>en</strong> place d’un cathéter fémoral<br />
échoguidé où la sonde et son support<br />
sont correctem<strong>en</strong>t recouverts<br />
par une gaine stérile. Noter égalem<strong>en</strong>t<br />
que le pati<strong>en</strong>t est recouvert<br />
par un très large champ stérile. PHOTO DR
non critique, d’autres facteurs<br />
interv<strong>en</strong>ant dans l’analyse du<br />
risque infectieux, tels l’<strong>en</strong>vi -<br />
ronnem<strong>en</strong>t stérile où se situe<br />
la sonde, l’év<strong>en</strong>tualité d’une<br />
contamination du DM par<br />
les liquides biologiques, et les<br />
possibilités de stérilisation ou<br />
de désinfection liées à la<br />
nature des matériaux constituant<br />
le dispositif (7) . La sonde<br />
d’échographie est-elle alors<br />
un DM semi-critique, voire<br />
critique ? Un parallèle peut<br />
être établi avec les caméras<br />
de vidéochirurgie où la désinfection<br />
se fait par essuyage avec un produit déterg<strong>en</strong>t-désinfectant<br />
afin de réduire au maximum le nombre de micro-organismes<br />
prés<strong>en</strong>ts. La caméra est recouverte avec une housse<br />
stérile lors de son utilisation sur le champ opératoire.<br />
Concernant la réalisation d’une ALR échoguidée <strong>en</strong> injection<br />
unique ou continue, la procédure d’hygiène actuellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>visageable est d’utiliser un gel stérile et une gaine stérile<br />
dédiée avec un marquage CE, adaptée à la taille de la sonde,<br />
et de longueur suffisante pour le mainti<strong>en</strong> d’un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
stérile (8,9) . La désinfection de la sonde <strong>en</strong>tre chaque<br />
pati<strong>en</strong>t doit au minimum correspondre aux recommandations<br />
pour les DM non critiques. <strong>Le</strong>s sondes et les câbles doiv<strong>en</strong>t<br />
être essuyés avec un chiffon sec, pour <strong>en</strong>lever toute trace de<br />
gel, et nettoyés avec le produit recommandé par le constructeur<br />
<strong>en</strong>tre chaque pati<strong>en</strong>t (ex. : lingette imprégnée d’un déterg<strong>en</strong>t-désinfectant).<br />
<strong>Le</strong>s traces sur le clavier et les porte-sondes<br />
doiv<strong>en</strong>t être nettoyées régulièrem<strong>en</strong>t. Lors de la constatation<br />
d’une déchirure de la gaine, il faudrait recourir à une désinfection<br />
de niveau intermédiaire (7). La plupart des fabricants ne<br />
propos<strong>en</strong>t pas de sonde complètem<strong>en</strong>t immergeable avec le<br />
câble. Et si les matériaux constituant la sonde support<strong>en</strong>t la<br />
prédésinfection avec un ammonium quaternaire, il n’<strong>en</strong> est<br />
pas souv<strong>en</strong>t de même avec l’acide peracétique pour la désinfection.<br />
Par ailleurs, même <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de rupture de la<br />
protection, il est recommandé à la fin du programme opératoire<br />
de nettoyer la sonde avec un déterg<strong>en</strong>t, de la rincer, de<br />
la sécher et de la ranger dans un <strong>en</strong>droit propre.<br />
En guise de conclusion, il faut souligner que localem<strong>en</strong>t,<br />
dans chaque institution, il est indisp<strong>en</strong>sable de réaliser<br />
une évaluation des pratiques concernant l’hygiène <strong>en</strong><br />
échographie afin de faire valider par le Comité de lutte<br />
contre les infections nosocomiales (CLIN) et l’hygiéniste<br />
les différ<strong>en</strong>tes procédures de nettoyage et de désinfection<br />
(10) . Finalem<strong>en</strong>t, devant l’abs<strong>en</strong>ce actuelle de recommandations<br />
officielles adaptées à la pratique de l’ALR<br />
échoguidée, il est urg<strong>en</strong>t de développer rapidem<strong>en</strong>t des<br />
recommandations cliniques adaptées tant aux impératifs<br />
d’hygiène et de microbiologie, qu’au contexte particulier<br />
de l’ALR au bloc opératoire. Il peut exister différ<strong>en</strong>tes<br />
Pourquoi se préoccuper<br />
de l’hygiène <strong>en</strong> ALR avec<br />
l’arrivée de l’échographie ?<br />
DOSSIER<br />
interprétations des moy<strong>en</strong>s<br />
à mettre <strong>en</strong> œuvre. <strong>Le</strong><br />
Comité Douleur et ALR de<br />
la SFAR a mis <strong>en</strong> ligne une<br />
<strong>en</strong>quête sur la pratique de<br />
l’hygiène <strong>en</strong> ALR échoguidée<br />
(www.alrf.asso.fr, rubrique Protocoles : pratique de<br />
l’ALR échoguidée et asepsie) à laquelle il est ess<strong>en</strong>tiel de<br />
participer nombreux pour réaliser un état des lieux. <strong>Le</strong> but<br />
du Comité Douleur et ALR de la SFAR est de proposer des<br />
recommandations afin d’apporter des solutions pour une<br />
asepsie adéquate de ces dispositifs. <br />
XAVIER PAQUERON<br />
CENTRE CLINICAL, SOYAUX<br />
xavier.paqueron@orange.fr<br />
DENIS JOCHUM<br />
HÔPITAL ALBERT SCHWEITZER, GHCA, COLMAR<br />
RÉFÉRENCES<br />
Exemple de protection stérile<br />
à usage unique isolant<br />
la sonde et son câble<br />
pour la mise <strong>en</strong> place<br />
d’un cathéter périnerveux<br />
sous échographie.<br />
1. Nseir S, Pronnier P, Soubrier S et al. Fatal streptococcal necrotizing fasciitis as a<br />
complication of axillary brachial plexus block. Br J Anaesth 2004 ; 92 : 427-429.<br />
2. Cuvillon P, Ripart J, Lalourcey L et al. The continuous femoral nerve block<br />
catheter for postoperative analgesia : bacterial colonization infectious rate<br />
and adverse effects. Anesth Analg 2001 ; 93 : 1045-1049.<br />
3. Capdevila X, Pirat P, Bringuier S et al. for the Fr<strong>en</strong>ch study group on continuous<br />
peripheral nerve blocks. Continuous peripheral nerve blocks in hospital wards<br />
after orthopedic surgery : a multic<strong>en</strong>ter prospective analysis of the quality of<br />
postoperative analgesia and complications in 1,416 pati<strong>en</strong>ts. Anesthesiology<br />
2005 ; 103 : 1035-1045.<br />
4. Capdevila X, Bringuier S, Borgeat A. Infectious risk of continuous peripheral<br />
nerve blocks. Anesthesiology 2009 ; 110 : 182-188.<br />
5. Ministère de la Santé de la Famille et des Personnes handicapées.<br />
DGS/DHOS/CTIN. Désinfection des dispositifs médicaux <strong>en</strong> Anesthésie et <strong>en</strong><br />
Réanimation. Septembre 2003.<br />
6. Spaulding EH. Chemical disinfection and antisepsis in the hospital. J Hosp Res<br />
1972 ; 9 : 5-31.<br />
7. Hajjar J, Mounier M. Échographie <strong>en</strong> anesthésie et mesures de prév<strong>en</strong>tion du<br />
risque infectieux. Ann Fr Anesth Reanim 2009 ; 28 : 397-398.<br />
8. Haut Conseil de la santé publique. Gaines de protection à usage unique pour<br />
dispositifs médicaux réutilisables : recommandations d’utilisation. Décembre 2007.<br />
9. Haut Conseil de la santé publique. Avis relatif à la désinfection des sondes à<br />
échographie <strong>en</strong>docavitaire. Octobre 2008.<br />
10.Delaunay L, Plantet F, Jochum D. Échographie et anesthésie locorégionale. Ann<br />
Fr Anesth Reanim 2009 ; 28 : 140-160.<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 13<br />
PHOTO DR
DOSSIER<br />
Quelles contraintes pour<br />
l’anesthésie <strong>en</strong> chirurgie ORL de<br />
l’<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de proximité ?<br />
Quelles contraintes<br />
pour l’anesthésie <strong>en</strong><br />
chirurgie ORL de l’<strong>en</strong>fant<br />
<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de proximité ?<br />
A CHIRURGIE ORL de l’<strong>en</strong>fant a une large place<br />
dans l’activité de l’anesthésiste-réanimateur dans<br />
tous les établissem<strong>en</strong>ts de proximité, c’est-à-dire les<br />
établissem<strong>en</strong>ts ayant une activité pédiatrique non<br />
exclusive. <strong>Le</strong>s établissem<strong>en</strong>ts de proximité doiv<strong>en</strong>t<br />
cep<strong>en</strong>dant justifier d’un certain volume d’activité dans la<br />
prise <strong>en</strong> charge des <strong>en</strong>fants, ce qui est souv<strong>en</strong>t le cas pour<br />
l’ORL qui représ<strong>en</strong>te 2/3 de l’activité chirurgicale de<br />
l’<strong>en</strong>fant de 1 à 4 ans (1) L<br />
.<br />
<strong>Le</strong>s recommandations du Schéma régional d’organisation<br />
sanitaire (SROS) de l’<strong>en</strong>fant et de l’adolesc<strong>en</strong>t d’octobre<br />
2005 ont bi<strong>en</strong> distingué les c<strong>en</strong>tres spécialisés qui<br />
couvr<strong>en</strong>t toute la chirurgie pédiatrique et ORL de l’<strong>en</strong>fant,<br />
des c<strong>en</strong>tres de proximité qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge les activités<br />
courantes de chirurgie et d’ORL pédiatrique à partir de<br />
1 an (2) . En effet, la morbidité, <strong>en</strong> particulier respiratoire,<br />
liée à l’anesthésie de l’<strong>en</strong>fant a clairem<strong>en</strong>t été démontrée<br />
chez le petit <strong>en</strong>fant de moins de 1 an (3, 4) . Néanmoins,<br />
pour les <strong>en</strong>fants de moins de 1 an devant avoir une parac<strong>en</strong>tèse,<br />
la sédation sous mélange équimoléculaire<br />
d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA), <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />
d’un anesthésiste-réanimateur, pourrait s’<strong>en</strong>visager dans<br />
des c<strong>en</strong>tres de proximité.<br />
Ces activités de l’<strong>en</strong>fant sont conditionnées par la nécessité<br />
d’avoir du personnel paramédical formé à la prise <strong>en</strong><br />
charge de l’<strong>en</strong>fant dans les unités d’hospitalisation, ainsi<br />
qu’un travail <strong>en</strong> réseau avec les c<strong>en</strong>tres spécialisés. La<br />
connaissance par le personnel de la prise <strong>en</strong> charge d’un<br />
<strong>en</strong>fant est impérative pour éviter par exemple les erreurs<br />
médicam<strong>en</strong>teuses par mauvaise dilution et/ou les conséqu<strong>en</strong>ces<br />
de l’hyponatrémie par apports hydroélectrolytiques<br />
trop importants du fait de la méconnaissance des<br />
spécificités pédiatriques (5) .<br />
Il n’y a donc pas, au vu des textes existants, hormis la<br />
structure d’hospitalisation adaptée à l’<strong>en</strong>fant, de contraintes<br />
particulières pour les équipes qui pratiqu<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t<br />
de l’ORL pour des <strong>en</strong>fants de plus de 1 an. Néanmoins, le<br />
bon s<strong>en</strong>s veut que cette activité pédiatrique soit regroupée<br />
14 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
sur certaines vacations opératoires, et que les anesthésistes-réanimateurs<br />
s’organis<strong>en</strong>t pour que certains<br />
membres d’une équipe s’occup<strong>en</strong>t plus particulièrem<strong>en</strong>t de<br />
ces <strong>en</strong>fants (5) . Dans le même s<strong>en</strong>s, l’ADARPEF avec le<br />
CFAR et la SFAR ont proposé des recommandations afin<br />
d’aider à un mainti<strong>en</strong> large des compét<strong>en</strong>ces pour la<br />
pratique de l’anesthésie <strong>en</strong> ORL (6) .<br />
Cette proposition de mainti<strong>en</strong> d’une prise <strong>en</strong> charge<br />
dans les établissem<strong>en</strong>ts de proximité de la chirurgie<br />
ORL de l’<strong>en</strong>fant correspond aux préconisations des<br />
futurs décrets relatifs aux conditions d’autorisation des<br />
activités de soins de médecine et de chirurgie des<br />
établissem<strong>en</strong>ts de santé. <br />
CLAUDE ECOFFEY<br />
RENNES<br />
claude.ecoffey@chu-r<strong>en</strong>nes.fr<br />
MICHEL LÉVY<br />
LA ROCHE-SUR-YON<br />
RÉFÉRENCES<br />
1. Clergue F, Auroy Y, Péquignot F et al. Fr<strong>en</strong>ch survey of anesthesia in 1996.<br />
Anesthesiology 1999 ; 91 : 1509-1520.<br />
2. Circulaire n° 517/DHOS/01/DGS/DGAS du 28 octobre 2004 relative à<br />
l’élaboration des SROS de l’<strong>en</strong>fant et de l’adolesc<strong>en</strong>t.<br />
3. Tiret L, Nivoche Y, Hatton F et al. Complications related to anaesthesia in<br />
infants and childr<strong>en</strong>. A prospective survey of 40240 anaesthetics. Br J Anaesth<br />
1988 ; 61 : 263-269.<br />
4. Murat I, Constant I, Maud’huy H. Perioperative anaesthetic morbidity in<br />
childr<strong>en</strong> : a database of 24,165 anaesthetics over a 30-month period. Paediatr<br />
Anaesth 2004 ; 14 : 158-166.<br />
5. Auroy Y, B<strong>en</strong>hamou D, Péquignot F et al. Hyponatraemia-related death after<br />
paediatric surgery still exists in France. Br J Anaesth 2008 ; 101 : 741.<br />
6. Courrèges P, Ecoffey C. SROS <strong>en</strong>fants-adolesc<strong>en</strong>ts et nécessité du mainti<strong>en</strong> de<br />
la compét<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> anesthésie-réanimation pédiatrique. Ann Fr Anesth Reanim<br />
2006 ; 25 : 445-450.<br />
7. Courrèges P, Ecoffey C, Galloux Y et al. Mainti<strong>en</strong> des compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong><br />
anesthésie pédiatrique. Ann Fr Anesth Reanim 2006 ; 25 : 353-355.
L’<br />
ÉPOQUE du <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> réalisé par des<br />
montagnards aidés de leur saint-bernard pour<br />
aller au <strong>secours</strong> des alpinistes <strong>en</strong> difficulté date du<br />
début du siècle dernier. Ces hommes de volonté<br />
sont les premiers à être interv<strong>en</strong>u <strong>en</strong> milieu périlleux.<br />
Basé sur la solidarité <strong>en</strong>tre pratiquants, le <strong>secours</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>montagne</strong> a atteint ses limites à la fin des années 1950. À<br />
Noël 1957, deux alpinistes, Vinc<strong>en</strong>don et H<strong>en</strong>ry, sont<br />
bloqués lors de leur desc<strong>en</strong>te du Mont-Blanc. <strong>Le</strong>s équipes<br />
de <strong>secours</strong> mett<strong>en</strong>t huit jours pour les atteindre.<br />
Malheureusem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre-temps, les deux alpinistes décèd<strong>en</strong>t<br />
d’épuisem<strong>en</strong>t et d’hypothermie par des températures allant<br />
de – 20° C à – 30° C, non sans que l’on ait essayé de les<br />
extraire grâce à un hélicoptère Sikorski (qui sera victime<br />
d’un crash lors de la t<strong>en</strong>tative). La pression de l’opinion<br />
publique, émue par l’agonie de ces deux alpinistes, et les<br />
lacunes dans le déroulem<strong>en</strong>t du <strong>secours</strong> conduis<strong>en</strong>t l’État<br />
à reconsidérer l’organisation du <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong>.<br />
Celui-ci passe du bénévolat au professionnalisme que l’on<br />
connaît maint<strong>en</strong>ant. Aujourd’hui, les acteurs du <strong>secours</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>montagne</strong> sont nombreux : secouristes professionnels,<br />
infirmiers, médecins, équipages d’hélicoptère. Ce sont,<br />
dans la majorité des cas, des amoureux de la <strong>montagne</strong>,<br />
animés d’un esprit humanitaire qu’ils mett<strong>en</strong>t au service<br />
des blessés malgré les risques sévères <strong>en</strong>courus.<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong><br />
<strong>en</strong> France<br />
À LA LOUPE<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> <strong>en</strong> France<br />
LES ÉQUIPAGES DES HÉLICOPTÈRES<br />
Ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la G<strong>en</strong>darmerie et de la Sécurité Civile.<br />
Ces pilotes d’élite, spécialisés <strong>en</strong> vol de <strong>montagne</strong>,<br />
sont responsables de ces missions. <strong>Le</strong>s mécanici<strong>en</strong>s<br />
de bord, complém<strong>en</strong>taires des pilotes, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les<br />
machines et les assist<strong>en</strong>t au cours des vols ; ils sécuris<strong>en</strong>t<br />
les embarquem<strong>en</strong>ts et les débarquem<strong>en</strong>ts, et sont<br />
responsables des treuillages qui devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong><br />
plus techniques.<br />
LES SECOURISTES PROFESSIONNELS<br />
Ce sont les acteurs historiques du <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong>. <strong>Le</strong><br />
rôle de ces hommes est dev<strong>en</strong>u ess<strong>en</strong>tiel par leur compét<strong>en</strong>ce<br />
sur le terrain et leur parfaite connaissance du milieu.<br />
<strong>Le</strong>s notions classiques de secourisme que sont la protection,<br />
l’alerte et le <strong>secours</strong>, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une valeur toute particulière<br />
lorsqu’elles sont appliquées <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> et dans<br />
ces situations hostiles.<br />
La protection<br />
<strong>Le</strong> premier rôle du secouriste est l’évaluation des risques<br />
et des dangers objectifs pour l’<strong>en</strong>semble des acteurs de<br />
la mission sur le terrain. L’analyse rigoureuse de la situation,<br />
l’expéri<strong>en</strong>ce, et la connaissance du milieu sont des<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 15<br />
PHOTO DR
À LA LOUPE<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong><br />
<strong>en</strong> France<br />
outils permettant aux secouristes d’avoir un comportem<strong>en</strong>t<br />
immédiat et adapté. En <strong>montagne</strong>, où les chutes de<br />
pierres, de séracs, et les avalanches sont des risques<br />
fréqu<strong>en</strong>ts, ils vont sécuriser la victime et ses compagnons<br />
de façon à éviter un suraccid<strong>en</strong>t. Après une<br />
protection de la victime contre le froid et l’humidité,<br />
omniprés<strong>en</strong>ts dans ce milieu, l’étape suivante consistera<br />
à organiser l’accueil d’autres interv<strong>en</strong>ants (médecins,<br />
infirmiers et autres secouristes de r<strong>en</strong>fort). <strong>Le</strong> choix de la<br />
drop zone (DZ) pour l’hélicoptère, la mise <strong>en</strong> place de<br />
mains courantes, le dégagem<strong>en</strong>t des espaces de travail<br />
sont des préalables à une meilleure efficacité de la médicalisation<br />
sur place.<br />
L’alerte<br />
<strong>Le</strong> bilan initial dépasse largem<strong>en</strong>t celui que l’on <strong>en</strong>seigne<br />
dans les cours de secourisme de base. En plus de<br />
l’évaluation des fonctions vitales classiques (consci<strong>en</strong>ce,<br />
v<strong>en</strong>tilation, circulation), il faut rapidem<strong>en</strong>t décider de la<br />
prés<strong>en</strong>ce ou non sur site du médecin et, si oui, évaluer<br />
l’exposition aux dangers. Cette décision doit être<br />
partagée avec le médecin du <strong>secours</strong> lui-même, contacté<br />
souv<strong>en</strong>t par radio.<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong><br />
Au minimum tout secouriste du milieu périlleux sait<br />
utiliser un défibrillateur semi-automatique (DSA), un<br />
pansem<strong>en</strong>t compressif, mettre un collier cervical, une<br />
attelle de membre, et placer un KED ® (dispositif de<br />
blocage du rachis). Ils doiv<strong>en</strong>t savoir aussi évaluer la<br />
douleur par l’échelle verbale simple (EVS) pour coter la<br />
douleur de 0 à 10. Certaines interv<strong>en</strong>tions ne nécessit<strong>en</strong>t<br />
pas toujours la prés<strong>en</strong>ce médicale. En revanche,<br />
lorsque le médecin est prés<strong>en</strong>t, il est responsable des<br />
soins. Dans ce cas, les secouristes aid<strong>en</strong>t le médecin à<br />
la préparation du matériel, et ce d’autant qu’il n’est pas<br />
accompagné d’un infirmier. Ces fonctions sont fondam<strong>en</strong>tales<br />
<strong>en</strong> terme de gain de temps dans des conditions<br />
difficiles. Cela ne s’improvise pas sur le terrain mais<br />
nécessite un appr<strong>en</strong>tissage hors du terrain et un <strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t<br />
par répétition des gestes.<br />
L’organisation de l’évacuation<br />
Elle ti<strong>en</strong>t compte des demandes du médecin (treuillage<br />
horizontal strict, pati<strong>en</strong>t intubé et v<strong>en</strong>tilé, surélévation des<br />
jambes sur un blessé instable…). Sur un pati<strong>en</strong>t techniqué<br />
lourdem<strong>en</strong>t sur le terrain, le treuillage est une<br />
opération minutieuse, d’autant que maint<strong>en</strong>ant, grâce au<br />
nouvel hélicoptère, le médecin est treuillé <strong>en</strong> même<br />
temps que la victime placée sur brancard rigide particulier<br />
(perche Piguillem) avec l’<strong>en</strong>semble du matériel (v<strong>en</strong>tilateur,<br />
obus d’oxygène, scope, t<strong>en</strong>siomètre automatique<br />
et oxymètre de pouls, voire même PSE) et sur des<br />
distances de treuillage pouvant atteindre un maximum de<br />
90 mètres.<br />
16 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
LES ÉQUIPES MÉDICALES<br />
Autonomie et compét<strong>en</strong>ce des médecins sont les maîtres<br />
mots. En effet, ces interv<strong>en</strong>tions réalisées <strong>en</strong> milieu périlleux<br />
oblig<strong>en</strong>t à des prérequis : une compét<strong>en</strong>ce de base <strong>en</strong><br />
alpinisme, <strong>en</strong> ski de randonnée, <strong>en</strong> canyoning, <strong>en</strong> via<br />
Ferrata, voire <strong>en</strong> spéléologie. Tout médecin du <strong>secours</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>montagne</strong> doit se pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge lors de <strong>secours</strong> techniques<br />
avec un maximum de sécurité pour lui-même : c’est<br />
l’autonomie. Il ne doit <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> être une charge supplém<strong>en</strong>taire<br />
pour les secouristes et ainsi retarder les manœuvres<br />
d’évacuation du blessé. Ces compét<strong>en</strong>ces s’acquièr<strong>en</strong>t par<br />
une validation dans des c<strong>en</strong>tres de formation à Chamonix<br />
de la G<strong>en</strong>darmerie, comme le CNISAG (C<strong>en</strong>tre national<br />
d’instruction au ski et à l’alpinisme de la g<strong>en</strong>darmerie), et<br />
de la CRS Alpes, comme le CNEAS (C<strong>en</strong>tre national<br />
d’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t à l’alpinisme et au ski), ou par le DIU de<br />
médecine et de <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> (DIUMSM). Une<br />
PHOTO DR
pratique des activités inhér<strong>en</strong>tes au milieu et une parfaite<br />
condition physique s’avèr<strong>en</strong>t nécessaires afin d’éviter tout<br />
accid<strong>en</strong>t par la suite lors d’un <strong>secours</strong> difficile. Un équipem<strong>en</strong>t<br />
individuel, personnel et adapté, est indisp<strong>en</strong>sable<br />
pour chaque médecin.<br />
Ces médecins qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong><br />
sont le plus souv<strong>en</strong>t des médecins urg<strong>en</strong>tistes ou des anesthésistes-réanimateurs.<br />
<strong>Le</strong>ur expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> réanimation<br />
préhospitalière est ess<strong>en</strong>tielle et une pratique régulière de<br />
l’urg<strong>en</strong>ce et/ou de l’anesthésie-réanimation est un prérequis<br />
obligatoire. Ces interv<strong>en</strong>tions exig<strong>en</strong>t une marge médicale<br />
technique et théorique suffisante pour travailler vite et<br />
bi<strong>en</strong> sans retarder le temps de prise <strong>en</strong> charge sur le<br />
terrain. De nombreux facteurs augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la difficulté du<br />
geste technique : les conditions climatiques défavorables,<br />
le vide <strong>en</strong> paroi, le bruit de l’eau dans un canyon, la position<br />
de la victime sur les lieux, etc.<br />
En fait, l’expéri<strong>en</strong>ce est souv<strong>en</strong>t le meilleur garant de<br />
l’efficacité. Un recul suffisant permet au médecin de<br />
raisonner « la tête froide » pour évaluer et pr<strong>en</strong>dre la meilleure<br />
décision <strong>en</strong> terme de bénéfice/risque pour le traumatisé.<br />
C’est le « scoop and run raisonné » à la française.<br />
RÔLE DE L’ÉQUIPE SUR LE TERRAIN<br />
L’équipe médicale choisit le matériel minimum adapté à la<br />
situation médicale et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale. Une fois sur le site<br />
de l’interv<strong>en</strong>tion, après sécurisation des interv<strong>en</strong>ants et du<br />
matériel, le médecin du <strong>secours</strong> évalue la situation et traite<br />
immédiatem<strong>en</strong>t une détresse de la victime si<br />
elle existe. L’analyse de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t est<br />
aussi importante que le diagnostic. <strong>Le</strong><br />
médecin doit savoir rapidem<strong>en</strong>t ce qu’il est<br />
possible de faire comme soins sans mettre<br />
<strong>en</strong> danger l’équipe de <strong>secours</strong>. Parfois, il<br />
vaut mieux comm<strong>en</strong>cer la médicalisation<br />
loin du site initial où demeure le danger pour<br />
optimiser la prise <strong>en</strong> charge sans risque,<br />
quitte à extraire le traumatisé à « cru ».<br />
S’il est important de ne pas trop s’attarder<br />
sur les lieux du <strong>secours</strong>, la prise <strong>en</strong> charge<br />
des victimes doit être la plus adaptée<br />
possible, afin de sauvegarder les fonctions<br />
vitales. Il faut t<strong>en</strong>ir compte des difficultés<br />
probables à v<strong>en</strong>ir, comme un brancardage<br />
prolongé avec un stock d’oxygène limité,<br />
l’éloignem<strong>en</strong>t et l’impossibilité d’une<br />
évacuation héliportée, la gestion difficile<br />
d’une victime agitée lors du brancardage<br />
sur le site, etc.<br />
<strong>Le</strong>s techniques de réanimation sont plus<br />
difficiles à mettre <strong>en</strong> œuvre sur un terrain<br />
hostile, mais elles sont réalisables.<br />
L’urg<strong>en</strong>ce et le milieu difficile de la haute<br />
<strong>montagne</strong> ne doiv<strong>en</strong>t pas être un prétexte<br />
PHOTO DR<br />
<strong>Le</strong> <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong><br />
<strong>en</strong> France<br />
À LA LOUPE<br />
pour ne pas appliquer les bonnes pratiques cliniques.<br />
La traumatologie constitue la majeure partie des activités<br />
des <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong>. Une analgésie et/ou une sédation<br />
doiv<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t être appliquées. Dans ce cadre,<br />
l’anesthésie locorégionale constitue le meilleur compromis<br />
lorsqu’elle est réalisable. L’utilisation de la FAST (focused<br />
abdominal sonography for trauma) échographie, dans le<br />
diagnostic précoce d’un épanchem<strong>en</strong>t intra-abdominal,<br />
semble être une alternative très intéressante qui permet<br />
une ori<strong>en</strong>tation optimisée vers un c<strong>en</strong>tre hospitalier ayant<br />
un déchocage.<br />
CONCLUSION<br />
Plus que tout autre <strong>secours</strong>, le <strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong> ne<br />
s’improvise pas. Il représ<strong>en</strong>te parfois un exercice difficile du<br />
fait de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t hostile. La réussite de ces missions<br />
passe par une collaboration exemplaire de tous les acteurs<br />
du <strong>secours</strong>. Chacun doit t<strong>en</strong>ir sa place avec humilité et<br />
respecter les compét<strong>en</strong>tes des autres. C’est l’esprit du<br />
<strong>secours</strong> <strong>en</strong> <strong>montagne</strong>. Aucun <strong>secours</strong> n’est id<strong>en</strong>tique et il<br />
constitue un chall<strong>en</strong>ge pour lequel ces équipes mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
perman<strong>en</strong>ce leur vie au service de ces pati<strong>en</strong>ts traumatisés.<br />
De toute façon, dans ce milieu, c’est la passion qui<br />
nous guide tous ! <br />
PHILIPPE MAHIOU<br />
CLINIQUE DES CÈDRES, 38140 ÉCHIROLLES<br />
mahiou.philippe@wanadoo.fr<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 17
À LA LOUPE<br />
Apport des BNP au c<strong>en</strong>tre<br />
hospitalier national<br />
de Nouakchott, Mauritanie<br />
N FRANCE, le taux de mortalité lié à l’anesthésie<br />
est évalué à 1 décès sur 200 000 anesthésies. Au<br />
cours des dix dernières années, plusieurs études<br />
prov<strong>en</strong>ant d’Afrique subsahari<strong>en</strong>ne faisai<strong>en</strong>t état<br />
d’une situation alarmante avec, par exemple,<br />
1 décès pour 504 anesthésies au Malawi (1) et 1 décès<br />
pour 482 anesthésies au Zimbabwe (2) . Au Togo, <strong>en</strong> 2002,<br />
une étude réalisée au CHU de Lomé faisait état de 1 décès<br />
pour 133 anesthésies (3) , alors qu’à Yaoundé (Cameroun) la<br />
mortalité périopératoire était de 2,57 % <strong>en</strong> 1999 et de<br />
0,89 % <strong>en</strong> 2002 (4) E<br />
. Ainsi la mortalité liée à l’anesthésie <strong>en</strong><br />
Afrique serait augm<strong>en</strong>tée d’un facteur 400-1 500 par<br />
rapport à ce qu’elle est <strong>en</strong> France.<br />
La Mauritanie est un pays francophone d’Afrique du<br />
Sahel situé <strong>en</strong>tre le Maroc et le Sénégal. La majorité des<br />
hôpitaux ont été construits après l’indép<strong>en</strong>dance grâce<br />
aux aides financières internationales. Par le passé, par<br />
l’intermédiaire de la coopération française, les médecins<br />
y exerçant étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> majorité Français. Cette coopération<br />
ayant pris définitivem<strong>en</strong>t fin dans les années 1990, il a<br />
fallu faire face à une forte pénurie de médecins et organiser<br />
une formation médicale des Mauritani<strong>en</strong>s, qui sont<br />
partis dans les pays francophones d’Afrique et, pour<br />
certains, <strong>en</strong> Europe. Ce fut le cas pour deux médecins<br />
anesthésistes-réanimateurs, les docteurs Mahfoud ould<br />
18 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
PHOTO DR<br />
Apport des<br />
blocs nerveux<br />
périphériques<br />
au c<strong>en</strong>tre<br />
hospitalier<br />
national<br />
de Nouakchott,<br />
Mauritanie<br />
Mohamed Vall et Mohamed ould Sid Ahmed, qui ont été<br />
formés et diplômés <strong>en</strong> anesthésie-réanimation au CHU de<br />
Nice <strong>en</strong> 1997 après 3 années de formation. Dans le<br />
cadre d’une collaboration <strong>en</strong>tre le C<strong>en</strong>tre hospitalier<br />
national de Nouakchott (CHN) et le CHU de Nice, un<br />
interne DES d’anesthésie-réanimation de Nice a pu organiser<br />
un stage de 6 mois <strong>en</strong> Mauritanie, et proposer un<br />
travail clinique concernant l’anesthésie locorégionale. En<br />
effet, pour la chirurgie du membre supérieur, la seule<br />
anesthésie proposée au CHN était l’anesthésie générale,<br />
les techniques de blocs nerveux périphériques n’étant pas<br />
connues de l’équipe d’anesthésie. Cette anesthésie générale<br />
était réalisée dans des conditions de sécurité défaillantes<br />
(sondes d’intubation réutilisées sans stérilisation,<br />
abs<strong>en</strong>ce de salle de soins postinterv<strong>en</strong>tionnelle, d’oxygène<br />
<strong>en</strong> postopératoire, de surveillance t<strong>en</strong>sionnelle, électrocardiographique<br />
ou oxymétrique, abs<strong>en</strong>ce de morphine et<br />
d’évaluation de la douleur postopératoire).<br />
<strong>Le</strong> but de notre étude était d’évaluer l’introduction – dans un<br />
hôpital d’Afrique sahéli<strong>en</strong>ne dépourvu jusqu’alors de cette<br />
technique – des blocs nerveux périphériques (BNP) pour<br />
la chirurgie du membre supérieur (du tiers inférieur de<br />
l’humérus à la main) par rapport à l’anesthésie générale pratiquée<br />
usuellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> termes d’appr<strong>en</strong>tissage et de bénéfices<br />
pour la sécurité, de qualité de l’analgésie et de coût.
MÉTHODE<br />
Notre étude a été réalisée sur une période de 6 mois, de<br />
novembre 2008 à avril 2009, dans le départem<strong>en</strong>t<br />
d’anesthésie-réanimation du CHN de Nouakchott.<br />
<strong>Le</strong> matériel nécessaire à la réalisation de BNP a été mis à<br />
disposition par le CHU de Nice : 2 neurostimulateurs<br />
(Stimuplex ® HNS 12 de B Braun et Plexygon ® de Vygon)<br />
et 400 aiguilles isolées de neurostimulation (Stimuplex ®<br />
50 mm 22 G et Locoplex ® 55 mm 22 G).<br />
Après une période de formation de 15 blocs nerveux huméraux<br />
ou axillaires par chaque médecin (permettant de vérifier<br />
l’appr<strong>en</strong>tissage), les pati<strong>en</strong>ts devant bénéficier d’une<br />
chirurgie du membre supérieur (du tiers inférieur de<br />
l’humérus à la main) ont été inclus. Tous les blocs ont été<br />
réalisés par un médecin anesthésiste mauritani<strong>en</strong>.<br />
<strong>Le</strong>s blocs huméraux ou axillaires ont été réalisés <strong>en</strong> multi -<br />
stimulation, <strong>en</strong> suivant les recommandations de sécurité de<br />
la SFAR (recommandations pour la pratique clinique<br />
publiées par la SFAR <strong>en</strong> mars 2003 : « <strong>Le</strong>s blocs périphériques<br />
des membres chez l’adulte »), sur table au bloc<br />
opératoire avec monitorage ECG, de la pression artérielle et<br />
de la SpO2 <strong>en</strong> continu :<br />
– le bloc huméral était pratiqué <strong>en</strong> multistimulation avec<br />
un mélange de bupivacaïne 40 mg, xylocaïne 400 mg,<br />
clonidine 1 µg/kg et 12 ml de sérum physiologique<br />
(10 ml du mélange sur le nerf médian, 10 ml sur le nerf<br />
ulnaire, 10 ml sur le nerf radial, 6 ml sur le nerf musculocutané<br />
et 4 ml <strong>en</strong> infiltration sous-cutanée pour les<br />
nerfs cutanés médiaux du bras et de l’avant-bras) ;<br />
– le bloc axillaire était pratiqué avec le même mélange (20 ml<br />
sur le nerf médian ou ulnaire, 10 ml sur le nerf radial, 6 ml<br />
sur le nerf musculocutané et 4 ml <strong>en</strong> sous-cutané pour les<br />
nerfs cutanés médiaux du bras et de l’avant-bras).<br />
Un test des territoires s<strong>en</strong>sitifs cutanés de l’avant-bras et de<br />
la main était réalisé avant de comm<strong>en</strong>cer la chirurgie (test<br />
au froid) : et un bloc nerveux de complém<strong>en</strong>t était réalisé<br />
au niveau du coude si nécessaire. En cas d’anxiété du<br />
pati<strong>en</strong>t, une prémédication par midazolam (maximum<br />
2 mg) était délivrée, parfois accompagnée d’une sédation<br />
peropératoire par midazolam (0,03-0,05 mg/kg). Une<br />
oxygénothérapie était systématiquem<strong>en</strong>t administrée par<br />
voie nasale.<br />
Nous avons réalisé une étude prospective comparant deux<br />
groupes : exposés et non exposés. <strong>Le</strong> cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t éclairé<br />
des pati<strong>en</strong>ts a été recueilli pour la participation à cette<br />
étude :<br />
– les pati<strong>en</strong>ts exposés étai<strong>en</strong>t ceux qui acceptai<strong>en</strong>t d’avoir<br />
un BNP ;<br />
– les pati<strong>en</strong>ts non exposés étai<strong>en</strong>t ceux qui refusai<strong>en</strong>t l’ALR et<br />
qui avai<strong>en</strong>t, par conséqu<strong>en</strong>t, une anesthésie générale (AG) :<br />
induction par p<strong>en</strong>thotal, f<strong>en</strong>tanyl, pancuronium, puis intubation<br />
orotrachéale et <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> par halothane et décurarisation<br />
par néostigmine/atropine au réveil (protocole utilisé<br />
pour toutes les AG au CHN pour tout type de chirurgie).<br />
Apport des BNP au c<strong>en</strong>tre<br />
hospitalier national<br />
de Nouakchott, Mauritanie<br />
À LA LOUPE<br />
<strong>Le</strong>s critères d’inclusion étai<strong>en</strong>t la chirurgie du membre<br />
supérieur, de l’extrémité inférieure de l’humérus à la main,<br />
et un âge supérieur à 16 ans. <strong>Le</strong>s critères d’exclusion<br />
étai<strong>en</strong>t l’âge inférieur à 16 ans et la grossesse.<br />
<strong>Le</strong> critère de jugem<strong>en</strong>t principal était l’analgésie postopératoire,<br />
évaluée par échelle verbale simple à 10, 30, 60 et<br />
120 minutes postopératoires, et par le délai de prise du<br />
premier antalgique postopératoire.<br />
<strong>Le</strong>s critères secondaires étai<strong>en</strong>t la surv<strong>en</strong>ue de complications<br />
per- et postopératoires, la durée du séjour hospitalier,<br />
la satisfaction des pati<strong>en</strong>ts et des chirurgi<strong>en</strong>s (évaluée par<br />
échelle verbale simple de 0 à 10), le délai de réalisation de<br />
l’anesthésie, le délai de passage de la salle d’opération <strong>en</strong><br />
secteur postopératoire, le coût de l’anesthésie, de<br />
l’analgésie et du séjour.<br />
L’analyse statistique a utilisé un test t de Stud<strong>en</strong>t pour<br />
comparer les deux groupes exposés (BNP) et non exposés<br />
(AG) et un test exact de Fisher pour l’analyse de la table de<br />
conting<strong>en</strong>ce. Une valeur de p < 0,05 est considérée significative.<br />
RÉSULTATS<br />
Nous avons inclus 55 pati<strong>en</strong>ts sur une période de 3 mois,<br />
32 BNP avec 20 blocs axillaires et 12 blocs au canal<br />
huméral, et 23 AG. <strong>Le</strong>s types de chirurgie étai<strong>en</strong>t : ostéosynthèses,<br />
ablations de matériel d’ostéosynthèse, amputations de<br />
doigt (séquelle de lèpre, gangrène), plaies profondes du<br />
poignet, cal vicieux du poignet, luxations du coude, lipome du<br />
poignet, hygroma du coude, angiomatose de la main, brides<br />
séquellaires de brûlure du coude et de la main, greffe de peau<br />
de l’avant-bras, kyste du poignet, biopsie de la main, névrome<br />
d’un moignon après amputation et tumeur de l’avant-bras.<br />
Nous n’avons constaté aucun échec de BNP, avec<br />
5 recours à un bloc de complém<strong>en</strong>t au coude. <strong>Le</strong>s délais<br />
de réalisation étai<strong>en</strong>t significativem<strong>en</strong>t plus longs dans le<br />
groupe BNP que dans le groupe AG (11,9 min versus<br />
7,1 min, p < 0,05), mais le délai <strong>en</strong>tre la sortie du bloc<br />
opératoire et le retour <strong>en</strong> chambre était plus court dans le<br />
groupe BNP (6 min versus 26 min, p < 0,05) (figure 1).<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
Réalisation SSPI<br />
■ AG<br />
■ BNP<br />
Figure 1. Délai de réalisation et de passage du bloc <strong>en</strong> SSPI<br />
(<strong>en</strong> minutes)<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 19
À LA LOUPE<br />
Apport des BNP au c<strong>en</strong>tre<br />
hospitalier national<br />
de Nouakchott, Mauritanie<br />
L’analgésie postopératoire était améliorée dans le groupe<br />
BNP avec des EVS quasi nulles à 2 heures postopératoires<br />
(0,3), alors qu’elles sont égales à 2,5 à 10 min, à 6,7 à<br />
30 min, à 7,9 à 1 heure et à 7,8 à 2 heures dans le groupe<br />
AG. <strong>Le</strong> premier antalgique était administré à 252 min <strong>en</strong><br />
postopératoire dans le groupe BNP et à 12 min <strong>en</strong> cas d’AG<br />
(p < 0,05) (figure 2).<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Figure 2. EVS à 2 heures <strong>en</strong> postopératoire<br />
La satisfaction des pati<strong>en</strong>ts et des chirurgi<strong>en</strong>s est égalem<strong>en</strong>t<br />
supérieure dans le groupe BNP : 8,3 versus 7,3 pour<br />
le groupe AG (p < 0,05).<br />
Il y a eu 8 complications dans le groupe AG : 2 intubations<br />
difficiles, 3 désaturations peropératoires dont<br />
1 sévère et prolongée (fuites de la sonde d’intubation<br />
sans ballonnet), 1 vomissem<strong>en</strong>t postopératoire, 1 d<strong>en</strong>t<br />
cassée, 1 globe vésical, et 3 complications dans le groupe<br />
BNP : 1 vertige, 1 vomissem<strong>en</strong>t postopératoire, 1 douleur<br />
au garrot (figure 3).<br />
9<br />
8<br />
7<br />
6<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
Figure 3. Complications<br />
■ EVS > 5 2 h postopératoires<br />
AG BNP<br />
AG BNP<br />
■ Complications<br />
La durée de séjour hospitalier a été plus longue pour les<br />
pati<strong>en</strong>ts ayant eu une AG (3,5 jours versus 1 jour pour les<br />
BNP, p < 0,05).<br />
Enfin, nous avons pu montrer qu’une anesthésie par BNP<br />
(compr<strong>en</strong>ant l’anesthésie, l’analgésie et la durée de séjour)<br />
est plus économique qu’une AG : 8,83 € versus 38,33 €<br />
pour l’AG (p < 0,05) (figure 4).<br />
6 000<br />
5 000<br />
4 000<br />
3 000<br />
2 000<br />
1 000<br />
20 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
0<br />
Anesthésie<br />
■ AG<br />
■ BNP<br />
Analgésie Hospitalisation<br />
Figure 4. Coût de l’anesthésie, analgésie et de l’hospitalisation<br />
(<strong>en</strong> ouguiyas)<br />
AG BNP<br />
(n = 23) (n = 32)<br />
Réalisation (min) 7,1 ± 2,7 11,9 ± 5,6*<br />
Délai retour chambre (min)<br />
EVS<br />
26 ± 8 6 ± 4*<br />
– 10 min postopératoires 2,5 ± 3,4 0*<br />
– 30 min postopératoires 6,7 ± 2,5 0*<br />
– 1 heure postopératoire 7,9 ± 1,3 0,2 ± 1,2*<br />
– 1 heure postopératoire<br />
Satisfaction<br />
7,8 ± 1 0,3 ± 0,9*<br />
– pati<strong>en</strong>ts 7,3 ± 0,9 8,3 ± 0,7*<br />
– chirurgi<strong>en</strong>s 7,7 ± 0,8 8,3 ± 0,7*<br />
Administration 1er antalgique (min) 12 ± 1 252 ± 69*<br />
Nombre de complications 8 3<br />
Durée du séjour (jours)<br />
Coût moy<strong>en</strong><br />
3,5 ± 4,2 1 ± 1,3*<br />
– d’un acte 5 326 UM 1 737 UM<br />
– de l’analgésie 4 500 UM 450 UM<br />
– du séjour<br />
*p < 0,05<br />
320 UM (ouguiyas) = 1 €.<br />
Tableau 1. Résultats<br />
2 440 UM 640 UM<br />
DISCUSSION<br />
Compte t<strong>en</strong>u des conditions de réalisation de l’AG <strong>en</strong><br />
Mauritanie et de la morbidité associée (5-7) , l’opportunité<br />
d’introduire l’ALR pour la chirurgie du membre supérieur,<br />
dans l’hôpital principal de la capitale de la Mauritanie, était<br />
largem<strong>en</strong>t justifiée. En effet, une étude préliminaire de morbimortalité<br />
de l’AG <strong>en</strong> chirurgie programmée au CHN avait<br />
montré (sur la période de novembre 2008 à avril 2009) une<br />
mortalité liée à l’AG de 4 pour 1 000. Néanmoins cette ALR,<br />
sûre et efficace (après un appr<strong>en</strong>tissage adapté et <strong>en</strong> respectant<br />
les règles de sécurité), devait démontrer, dans des conditions<br />
locales très différ<strong>en</strong>tes de celles des pays europé<strong>en</strong>s, son<br />
bénéfice par rapport à la prise <strong>en</strong> charge usuelle.
PHOTO DR<br />
Nos résultats démontr<strong>en</strong>t que les blocs nerveux périphériques<br />
amélior<strong>en</strong>t la sécurité, la satisfaction des pati<strong>en</strong>ts et<br />
des chirurgi<strong>en</strong>s, l’analgésie postopératoire (<strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce de<br />
morphine postopératoire), et raccourciss<strong>en</strong>t le délai de<br />
sortie du bloc opératoire et la durée d’hospitalisation.<br />
Par ailleurs, ce travail a mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce deux avantages<br />
supplém<strong>en</strong>taires de l’ALR :<br />
– un bénéfice <strong>en</strong> terme de coût, avec une réduction du<br />
coût unitaire de l’anesthésie (8,83 € contre 38,33 €),<br />
permettant un transfert de moy<strong>en</strong> pour l’achat de matériel<br />
anesthésique. En effet, chaque ALR, par l’économie<br />
réalisée par rapport à l’AG, permet l’achat de 60 sondes<br />
d’intubation par l’hôpital. Cette acquisition de matériel<br />
stérile à usage unique couvre les besoins pour 3 jours et<br />
permet d’éviter la réutilisation de sondes d’intubation non<br />
stérilisées <strong>en</strong>tre deux pati<strong>en</strong>ts ;<br />
– l’impact, <strong>en</strong> termes d’hygiène et de prév<strong>en</strong>tion des maladies<br />
transmissibles (hépatites, tuberculose), est vraisemblablem<strong>en</strong>t<br />
significatif.<br />
Ce travail souligne la faisabilité <strong>en</strong> terme d’appr<strong>en</strong>tissage,<br />
de l’introduction de techniques d’ALR dans les pays <strong>en</strong><br />
développem<strong>en</strong>t, facilitées par la neurostimulation qui<br />
permet, à moindre coût, la réalisation d’une anesthésie efficace<br />
et sûre.<br />
<strong>Le</strong> bénéfice <strong>en</strong> terme de prév<strong>en</strong>tion des complications postopératoires<br />
de l’ALR par rapport à l’AG est probablem<strong>en</strong>t<br />
minoré dans ce travail par une sous-estimation inhér<strong>en</strong>te<br />
aux conditions locales. L’abs<strong>en</strong>ce de SSPI, d’oxygène postopératoire,<br />
de surveillance et d’infirmiers dédiés, de docum<strong>en</strong>t<br />
de surveillance ne permet pas une comptabilisation<br />
précise des apnées, désaturations et syndromes<br />
d’inhalation après AG, ce qui explique probablem<strong>en</strong>t<br />
l’allongem<strong>en</strong>t de plus de 3 fois de la durée d’hospitalisation<br />
<strong>en</strong> cas d’AG. Enfin, l’effectif des pati<strong>en</strong>ts inclus est insuffisant<br />
pour montrer un impact <strong>en</strong> terme de mortalité.<br />
En conclusion, cette étude a permis de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />
l’intérêt de la formation des médecins anesthésistes-réanimateurs<br />
de Mauritanie aux techniques d’anesthésie locorégio-<br />
Apport des BNP au c<strong>en</strong>tre<br />
hospitalier national<br />
de Nouakchott, Mauritanie<br />
À LA LOUPE<br />
nale par la réalisation de blocs nerveux périphériques (8) , et<br />
donc la faisabilité d’une telle formation dans les pays <strong>en</strong> voie<br />
de développem<strong>en</strong>t. Si, pour la chirurgie du membre inférieur,<br />
la rachianesthésie est une alternative aisée et peu coûteuse<br />
à l’AG, les blocs nerveux périphériques sont l’alternative de<br />
choix pour la chirurgie du membre supérieur. Nos résultats<br />
démontr<strong>en</strong>t le gain du recours aux blocs nerveux, à tous les<br />
niveaux de la prise <strong>en</strong> charge anesthésique de ces pati<strong>en</strong>ts,<br />
dans des conditions de moy<strong>en</strong>s médicaux limités : sécurité,<br />
hygiène, qualité de l’analgésie et coût. <br />
RONY BERREBI<br />
DÉPARTEMENT D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
HÔPITAL DE L’ARCHET II, NICE<br />
rony_berrebi@hotmail.com<br />
MAHFOUD OULD MOHAMED VALL<br />
DÉPARTEMENT D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
CENTRE HOSPITALIER NATIONAL DE NOUAKCHOTT,<br />
MAURITANIE<br />
mahfoudhmv@yahoo.fr<br />
MOHAMED OULD SID AHMED<br />
DÉPARTEMENT D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
CENTRE HOSPITALIER NATIONAL DE NOUAKCHOTT,<br />
MAURITANIE<br />
ÉLISABETH GAERTNER<br />
DÉPARTEMENT D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
HÔPITAL DE L’ARCHET II, NICE<br />
gaertnee@yahoo.fr<br />
MICHEL CARLES<br />
DÉPARTEMENT D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
HÔPITAL DE L’ARCHET II, NICE<br />
carles.m@chu-nice.fr<br />
RÉFÉRENCES<br />
1. Hans<strong>en</strong> D, Gausi SC, Merikebu M. Anaesthesia in Malawi : complications and<br />
deaths. Trop Doct 2000 ; 30 (3) : 146-149.<br />
2. Gl<strong>en</strong>shaw M, Madzimbamuto FD. Anaesthesia associated mortality in a district<br />
hospital in Zimbabwe : 1994 to 2001. C<strong>en</strong>t Afr J Med 2005 ; 51 (3-4) : 39-44.<br />
3. Ouro Bang’Na Maman AF, Agbétra N, Egbohou P et al. Morbidité-mortalité<br />
périopératoire dans un pays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t : expéri<strong>en</strong>ce du CHU de Lomé.<br />
Ann Fr Anesth Reanim 2008 ; 27 (12) : 1030-1033.<br />
4. Binam F, <strong>Le</strong>mardeley P, Blatt A, Arvis T. Pratiques anesthésiques à Yaoundé<br />
(Cameroun). Ann Fr Anesth Reanim 1999 ; 18 (6) : 647-656.<br />
5. F<strong>en</strong>ton PM, Whitty CJ, Reynolds F. Caesarean section in Malawi : prospective<br />
study of early maternal and perinatal mortality. BMJ 2003 ; 327 (7415) : 587.<br />
6. Okafor UV. Maternal and perinatal outcome after caesarean delivery in<br />
preeclampsia or eclampsia in Enugu, Nigeria : four years on. Int J Obstet<br />
Anesth 2009 ; 18 (3) : 292-293.<br />
7. Hmamouchi B, Nejmi S, B<strong>en</strong>khalifa S et al. Morbimortalité <strong>en</strong> anesthésie<br />
pédiatrique au Maghreb. Ann Fr Anesth Reanim 2009 ; 28 (7-8) : 671-673.<br />
8. Ouro-Bang’Na Maman AF, Kangni N, Mouzou T et al. Pratique du bloc ilioinguinal<br />
ilio-hypogastrique pour cure herniaire : étude prospective à propos de<br />
35 cas colligés au CHU de Lomé, Togo. Med Trop (Mars) 2008 ; 68 (1) : 61-64.<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 21
À LA LOUPE<br />
SOS-ALR<br />
Hotline<br />
SOS-ALR<br />
Hotline<br />
CONCEPT INITIAL DE SOS-ALR<br />
<strong>Le</strong> service SOS-ALR a été créé le 01/06/1998. Un numéro<br />
de téléphone a été alloué spécifiquem<strong>en</strong>t à ce service. À<br />
l’origine, pour bénéficier du service SOS-ALR, les anesthésistes-réanimateurs<br />
devai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>voyer un formulaire<br />
d’inscription signé. Aucun droit d’inscription ou de participation<br />
à ce service n’était demandé. Initialem<strong>en</strong>t, trois<br />
experts <strong>en</strong> ALR (les professeurs D. B<strong>en</strong>hamou, C. Ecoffey<br />
et K. Samii) ont assuré à tour de rôle la perman<strong>en</strong>ce téléphonique.<br />
L’expert de garde pouvait être contacté 24 h/24,<br />
7 jours sur 7. Ce service a été voulu et reste aujourd’hui<br />
indép<strong>en</strong>dant et ne bénéficie d’aucun sponsoring industriel.<br />
Son seul souti<strong>en</strong> est l’association MAPAR (Mises au point<br />
<strong>en</strong> anesthésie-réanimation) qui héberge la ligne téléphonique.<br />
L’anesthésiste-réanimateur inscrit s’<strong>en</strong>gageait à déclarer<br />
au téléphone les complications graves qu’il pouvait<br />
r<strong>en</strong>contrer au cours ou au décours d’une anesthésie locorégionale<br />
qu’il avait pratiquée ; il bénéficiait alors naturellem<strong>en</strong>t<br />
de conseils sur la prise <strong>en</strong> charge de cette complication.<br />
Chaque appel faisait l’objet d’un rapport écrit<br />
établi par l’expert concerné, détaillant les caractéristiques<br />
de la complication. Ce rapport, une fois anonymisé, était<br />
incorporé dans une base de données informatique. <strong>Le</strong><br />
suivi de chaque complication était assuré par l’expert<br />
ayant reçu le premier appel. Parallèlem<strong>en</strong>t l’anesthésisteréanimateur<br />
s’<strong>en</strong>gageait aussi à <strong>en</strong>registrer sur un carnet<br />
chaque anesthésie locorégionale qu’il effectuait.<br />
487 anesthésistes-réanimateurs ont participé à l’étude<br />
initiale et ont r<strong>en</strong>voyé leur carnet. Ils ont réalisé un total<br />
d’<strong>en</strong>viron 160 000 ALR p<strong>en</strong>dant cette période initiale de<br />
10 mois. Cela a permis de préciser l’incid<strong>en</strong>ce des<br />
complications des techniques d’anesthésie locorégionale<br />
utilisées à cette époque (1) .<br />
L’anesthésiste-réanimateur pouvait aussi téléphoner pour<br />
pr<strong>en</strong>dre un avis sur la prise <strong>en</strong> charge d’un pati<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
dehors de la surv<strong>en</strong>ue d’une des complications.<br />
ÉVOLUTION DE LA HOTLINE<br />
<strong>Le</strong> numéro de téléphone a été r<strong>en</strong>du disponible à toute<br />
personne le souhaitant, sans obligation. SOS-ALR souhaite<br />
maint<strong>en</strong>ir la hotline gratuite pour tous les anesthésistesréanimateurs.<br />
L’équipe de perman<strong>en</strong>ce téléphonique s’est<br />
modifiée pour inclure les professeurs H. Bouaziz et<br />
F. Mercier et le docteur P. Narchi (D. B<strong>en</strong>hamou et<br />
C. Ecoffey restant dans l’équipe). Aujourd’hui, aucune limi-<br />
22 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
tation dans la nature des appels n’est fixée. Toute complication<br />
même mineure, toute demande de conseil, ou toute<br />
question ne pouvant att<strong>en</strong>dre une réponse sur le forum de<br />
discussion organisé par l’Anesthésie Loco-Régionale francophone<br />
(ALRf) sont traitées sur la hotline. En complém<strong>en</strong>t,<br />
un formulaire de déclaration électronique a été mis<br />
<strong>en</strong> ligne sur le site ALRf (www.alrf.asso.fr).<br />
COMMENTAIRES<br />
Depuis 12 ans, l’activité de SOS-ALR se traduit par<br />
<strong>en</strong>viron 1 appel par jour pour déclaration d’incid<strong>en</strong>t ou<br />
demande de conseil. Cela n’est possible que grâce au<br />
dévouem<strong>en</strong>t des experts qui accept<strong>en</strong>t de consacrer une<br />
partie de leur temps à aider leurs collègues (perman<strong>en</strong>ce<br />
hebdomadaire toutes les 5 semaines). Cette relation<br />
directe avec les anesthésistes-réanimateurs français<br />
apporte beaucoup de plaisir aux experts et est généralem<strong>en</strong>t<br />
l’objet d’une grande satisfaction de la part des<br />
demandeurs. Pour les experts, <strong>en</strong> parallèle de la charge de<br />
travail supplém<strong>en</strong>taire indéniable que ce service impose,<br />
le contact direct avec les collègues et la discussion de<br />
leurs problèmes quotidi<strong>en</strong>s est une source inépuisable de<br />
connaissances et de questionnem<strong>en</strong>ts, qui crée parfois<br />
des li<strong>en</strong>s humains forts et qui r<strong>en</strong>force la discipline. La<br />
résolution de problèmes (ou parfois la difficulté à trouver<br />
une solution) et l’aide à la prise <strong>en</strong> charge des complications<br />
sont aussi une grande source d’intérêt. Pour les<br />
appelants, obt<strong>en</strong>ir une réponse instantanée est salvateur,<br />
ou au moins d’une grande aide. Parfois, lorsque la réponse<br />
n’est pas immédiate car elle nécessite une recherche<br />
spécifique de la part de l’expert, les collègues qui appell<strong>en</strong>t<br />
sont très reconnaissants du travail fourni et nous le<br />
dis<strong>en</strong>t. Cela fait chaud au cœur ! Qu’il est loin le temps où<br />
certains affichai<strong>en</strong>t leur réprobation, évoquant le risque<br />
judiciaire <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré par un conseil téléphonique ! Douze<br />
ans et quelques milliers d’appels plus tard, jamais le<br />
service SOS-ALR n’a été mêlé de façon négative ou<br />
douteuse à de tels problèmes. C’est bi<strong>en</strong> l’inverse puisque<br />
de nombreux collègues inquiets de la surv<strong>en</strong>ue d’une<br />
procédure médicolégale appell<strong>en</strong>t pour être aidés et guidés<br />
dans des situations cliniques ou relationnelles difficiles.<br />
À côté de ces aspects humains et relationnels extrêmem<strong>en</strong>t<br />
positifs (expliquant aussi pourquoi le service<br />
perdure malgré le surcroît de travail qu’il <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre), il<br />
faut néanmoins dire notre insatisfaction sur un point.
<strong>Le</strong> retour d’information après l’appel initial est souv<strong>en</strong>t<br />
négligé par l’appelant, une fois celui-ci rassuré, et ayant<br />
trouvé dans la conversation l’information et la conduite à<br />
t<strong>en</strong>ir dont il avait besoin. Pour l’expert, cet état de fait<br />
conduit à une grande frustration pour au moins deux<br />
raisons : d’abord le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que cette abs<strong>en</strong>ce de retour<br />
traduit un certain égoïsme (la réponse donnée et le pratici<strong>en</strong><br />
rassuré, on oublie qu’on a appelé SOS-ALR et qu’un<br />
expert vous a consacré du temps…) mais aussi, et peut-être<br />
surtout, le fait que ne pas connaître les conséqu<strong>en</strong>ces du<br />
conseil ne permet pas à l’expert de progresser. Comm<strong>en</strong>t<br />
améliorer ses futurs conseils si l’on ne sait pas que les<br />
réponses données ont été inadéquates ? Si l’expert ne<br />
progresse pas, c’est toute la spécialité qui stagne. Bi<strong>en</strong><br />
sûr, SOS-ALR n’est pas la seule source de progrès <strong>en</strong><br />
anesthésie locorégionale, mais elle <strong>en</strong> est une qui est<br />
originale, à réponse rapide et d’un haut niveau de qualité.<br />
L’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> d’une telle source de connaissances ne peut se<br />
faire que par un échange perman<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les appelants<br />
et les experts.<br />
Au travers de ce service, l’incid<strong>en</strong>ce des complications associées<br />
à l’ALR a pu être suivie. Ce véritable registre <strong>en</strong> ligne,<br />
qui ne demande qu’à perdurer, permet aussi ponctuellem<strong>en</strong>t<br />
de faire de nouvelles études comme celle <strong>en</strong> cours sur<br />
les « Complications des blocs axillaires échoguidés ».<br />
Certaines observations cliniques rapportées et analysées<br />
par les experts de SOS-ALR ont égalem<strong>en</strong>t été publiées afin<br />
d’améliorer la connaissance de tous.<br />
Pour finir, le principe de la Hotline a été ét<strong>en</strong>du par nos<br />
collègues anesthésistes-réanimateurs étrangers <strong>en</strong><br />
Espagne, <strong>en</strong> Arg<strong>en</strong>tine et <strong>en</strong> Belgique, preuve de l’intérêt<br />
de ce concept. <br />
GROUPE SOS-ALR<br />
YVES AUROY, DAN BENHAMOU, HERVÉ BOUAZIZ,<br />
CLAUDE ECOFFEY, FRÉDÉRIC MERCIER, PATRICK<br />
NARCHI, KAMRAN SAMII<br />
dan.b<strong>en</strong>hamou@bct.aphp.fr<br />
HOTLINE 01 45 21 13 47<br />
RÉFÉRENCE<br />
SOS-ALR<br />
Hotline<br />
À LA LOUPE<br />
1. Auroy Y, B<strong>en</strong>hamou D, Bargues L et al. Major complications of regional<br />
anesthesia in France : The SOS Regional Anesthesia hotline service.<br />
Anesthesiology 2002 ; 97 : 1274-1280.<br />
PUBLICATIONS SOS-ALR<br />
Auroy Y, Bargue L, B<strong>en</strong>hamou D et al. Recommandations du groupe SOS ALR<br />
pour la pratique de l’anesthésie locorégionale. Ann Fr Anesth Reanim 2000 ;<br />
19 : 621-623.<br />
Berdai S, B<strong>en</strong>hamou D et l’équipe SOS-ALR. Anesthésie locorégionale chez une<br />
femme <strong>en</strong>ceinte atteinte de neuropathie tomaculaire asymptomatique. Ann Fr<br />
Anesth Reanim 2004 ; 23 : 1011-1014.<br />
Auroy Y, B<strong>en</strong>hamou D, Bouaziz H et al. pour le Groupe SOS ALR. <strong>Le</strong>s blocs<br />
nerveux périphériques : vérités d’hier et défis de demain. Ann Fr Anesth<br />
Reanim 2006 ; 25 : 82-83.<br />
Raynaud L, Mercier FJ, Auroy Y, B<strong>en</strong>hamou D et l’équipe SOS-ALR. Analgésie par<br />
voie péridurale et tatouage lombaire : que faire ? Ann Fr Anesth Reanim 2006 ;<br />
25 : 71-73.<br />
Batjom E, Ball A, Mercier F, B<strong>en</strong>hamou D. Syndrome de Claude-Bernard-Horner<br />
consécutif à la pose d’un cathéter veineux jugulaire interne. Ann Fr Anesth<br />
Reanim 2006 ; 25 : 662-663.<br />
Deruddre S, Vidal D, B<strong>en</strong>hamou D. A case of persist<strong>en</strong>t hemidiaphragmatic<br />
paralysis following interscal<strong>en</strong>e brachial plexus block. J Clin Anesth 2006 ; 18 :<br />
238-239.<br />
Batjom E, Coron, T, Mercier F, B<strong>en</strong>hamou D. La paralysie du nerf grand<br />
hypoglosse, une complication rare de l’intubation. Ann Fr Anesth Reanim 2006 ;<br />
25 : 541-542.<br />
Deruddre S, Marie M, B<strong>en</strong>hamou D. Subarachnoid anesthesia for cesarean<br />
delivery in a parturi<strong>en</strong>t with Strümpell-Lorrain disease. Anesth Analg 2006 ;<br />
102 : 1910-1911.<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 23
VIE DE LA SOCIÉTÉ<br />
PHOTO DR<br />
L’ADARPEF :<br />
une Société savante<br />
au service des <strong>en</strong>fants<br />
L’ADARPEF :<br />
une Société savante<br />
au service des <strong>en</strong>fants<br />
L’<br />
ASSOCIATION des anesthésistes-réanimateurs<br />
pédiatriques d’expression française (ADARPEF)<br />
est née à Paris de l’union des anesthésistes des<br />
hôpitaux Saint-Vinc<strong>en</strong>t-de-Paul, Armand-Trousseau<br />
et Necker-Enfants malades. Des années auparavant,<br />
la nomination de Bourgeois-Gavardin comme<br />
assistant d’anesthésie à la Clinique chirurgicale des<br />
<strong>en</strong>fants malades avait été l’acte fondateur de l’anesthésie<br />
pédiatrique française. D’abord secondé par deux infirmières<br />
et quatre à cinq stagiaires du CES, Bourgeois-<br />
Gavardin obti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1950 quelques vacations d’attaché.<br />
Il les attribue aussitôt à trois nouvelles diplômées. En<br />
1953, il émigre aux États-Unis, laissant vacataires, infirmières<br />
et stagiaires assurer l’activité clinique, pr<strong>en</strong>dre<br />
sur leurs vacances pour parfaire leur formation au<br />
Royaume-Uni ou à Boston, et t<strong>en</strong>ter de se faire connaître<br />
par leurs publications. En 1964, les chirurgi<strong>en</strong>s accept<strong>en</strong>t<br />
de les laisser organiser une journée d’anesthésie<br />
pédiatrique.<br />
24 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
En 1967, l’une des trois vacataires est nommée à Rou<strong>en</strong>.<br />
Sout<strong>en</strong>ue par un chirurgi<strong>en</strong> pédiatrique issu de Saint-<br />
Vinc<strong>en</strong>t-de-Paul et, combattant un scepticisme quasi<br />
général, elle organise avec l’aide de débutants très motivés<br />
un secteur d’anesthésie pédiatrique qui devi<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t<br />
performant. Inspirée par ce succès, l’AP-HP crée <strong>en</strong> 1971 le<br />
départem<strong>en</strong>t d’anesthésie de l’hôpital des Enfants malades.<br />
Sous l’impulsion notamm<strong>en</strong>t des docteurs Delegue,<br />
Ghnassia et Rosemberg-Reiner, l’ADARPEF voit le jour <strong>en</strong><br />
1979. Elle passe son <strong>en</strong>fance d’abord à l’hôpital Necker,<br />
puis à l’hôpital Trousseau <strong>en</strong> organisant des réunions<br />
annuelles à l’int<strong>en</strong>tion de visiteurs qui sont souv<strong>en</strong>t des<br />
anesthésistes d’adultes inquiets de devoir <strong>en</strong>dormir des<br />
<strong>en</strong>fants. Adolesc<strong>en</strong>te, elle choisit chaque année une ville<br />
différ<strong>en</strong>te pour y t<strong>en</strong>ir deux journées de printemps, et laisse<br />
sa première trace officielle <strong>en</strong> 1998 auprès de la Préfecture<br />
du Puy-de-Dôme <strong>en</strong> signalant le transfert de son siège<br />
social vers l’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand. En 2006,<br />
c’est une association adulte pourvue d’un congrès annuel
qui s’installe à l’hôpital Jeanne-de-Flandre à Lille. Elle<br />
s’honore alors d’avoir été successivem<strong>en</strong>t présidée par les<br />
docteurs Delegue, Saint Maurice, Meigner, Camboulives,<br />
Murat, Dal<strong>en</strong>s, Ecoffey et Orliaguet.<br />
L’ADARPEF est ouverte aux médecins pratiquant un exercice<br />
de l’anesthésie-réanimation pédiatrique reconnu.<br />
Aujourd’hui, ses 5 membres d’honneur et ses plus de<br />
250 membres titulaires français et étrangers <strong>en</strong> font la<br />
plus importante association d’anesthésistes d’<strong>en</strong>fants<br />
après la société nord-américaine. Elle a pour objectifs<br />
d’effectuer et de favoriser tous travaux, études, expérim<strong>en</strong>tations<br />
et recherches sci<strong>en</strong>tifiques dans les domaines<br />
de l’anesthésie-réanimation pédiatrique <strong>en</strong> France et dans<br />
les pays d’expression française, d’<strong>en</strong> assurer la diffusion<br />
auprès des anesthésistes-réanimateurs pédiatriques<br />
d’expression française, et d’organiser un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de<br />
l’anesthésie-réanimation pédiatrique <strong>en</strong> langue française<br />
sous forme de cours, stages pratiques, colloques et<br />
congrès.<br />
Pour ce faire, l’ADARPEF organise chaque année un<br />
congrès spécialisé où sont prés<strong>en</strong>tées et débattues des<br />
questions d’actualité « pointues ». Depuis 1 an, le comité<br />
de rédaction des Annales Françaises d'Anesthésie et de<br />
Réanimation a décidé d’ouvrir la revue aux actes du<br />
congrès. L’ADARPEF participe égalem<strong>en</strong>t à la Journée des<br />
clubs du congrès annuel de la SFAR <strong>en</strong> organisant une<br />
demi-journée « grand public » de mises au point dans le<br />
domaine de l’anesthésie-réanimation pédiatrique. Tous<br />
les quatre ans, avec la Société française de pédiatrie<br />
(SFP), la Société française de chirurgie pédiatrique<br />
(SFCP) et la Société française d’orthopédie pédiatrique<br />
(SOFOP), ainsi qu’avec l’Association française de pédiatrie<br />
ambulatoire (AFPA) et la Société française de lutte<br />
contre les cancers et leucémies de l’<strong>en</strong>fant et de<br />
l’adolesc<strong>en</strong>t (SFCE), elle co-organise, sur le principe de la<br />
transversalité, un grand congrès destiné aux professionnels<br />
de santé qui s’occup<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>fants. Enfin, l’ADARPEF<br />
sera le maître d'œuvre du Congrès europé<strong>en</strong> d’anesthésie<br />
pédiatrique <strong>en</strong> 2014.<br />
L’ADARPEF s’implique aussi dans l’élaboration de règles de<br />
bonnes pratiques. Elle a notamm<strong>en</strong>t proposé avec la SFAR<br />
des recommandations sur les structures et le matériel de<br />
l’anesthésie pédiatrique et un modèle de fiche<br />
d’information remis aux par<strong>en</strong>ts avant l’anesthésie de leur<br />
<strong>en</strong>fant. Elle a signé des recommandations avec la SFAR et<br />
le CFAR sur le mainti<strong>en</strong> des compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> anesthésie<br />
pédiatrique, avec la SFAR et le CARORL sur l’anesthésie<br />
pour amygdalectomie chez l’<strong>en</strong>fant, et avec le CNCE sur la<br />
chirurgie ambulatoire de l’<strong>en</strong>fant. Elle a égalem<strong>en</strong>t collaboré<br />
à des confér<strong>en</strong>ces de cons<strong>en</strong>sus ou d’experts organisées<br />
par la SFAR sur la prise <strong>en</strong> charge initiale des états<br />
septiques graves, l’intubation difficile, la sédation et<br />
l’analgésie <strong>en</strong> réanimation, la prise <strong>en</strong> charge hémodynamique<br />
du sepsis sévère et la salle d’accueil des urg<strong>en</strong>ces<br />
L’ADARPEF :<br />
une Société savante<br />
au service des <strong>en</strong>fants<br />
VIE DE LA SOCIÉTÉ<br />
vitales pédiatriques. Des experts désignés conjointem<strong>en</strong>t<br />
par la SFAR et l’ADARPEF vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de terminer la rédaction<br />
de RFE sur l’ALR <strong>en</strong> pédiatrie qui actualise la confér<strong>en</strong>ce<br />
d’experts de 1997.<br />
Pour l’ess<strong>en</strong>tiel, l’ADARPEF communique aujourd’hui par<br />
l’intermédiaire d’un site Internet (www.adarpef.fr) <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
professionnalisé. Son comité sci<strong>en</strong>tifique, créé il y a<br />
deux ans, décerne chaque année une Bourse de<br />
recherche et un Prix du Poster remis lors du congrès<br />
annuel de la SFAR. Sur le plan institutionnel, l’ADARPEF<br />
a participé au travail ministériel sur les réanimations<br />
pédiatriques et sur les schémas régionaux d'organisation<br />
sanitaire (SROS) de 3 e génération. Elle est partie pr<strong>en</strong>ante<br />
dans leur suivi et leur évolution et a publié avec la SFAR<br />
une mise au point sur le SROS de l’<strong>en</strong>fant et de<br />
l’adolesc<strong>en</strong>t et la pratique de l’anesthésie pédiatrique.<br />
Deux de ses représ<strong>en</strong>tants sont les invités perman<strong>en</strong>ts du<br />
groupe T2A-CCAM de la SFAR.<br />
Dans les années futures, l’ADARPEF <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d conserver sa<br />
vitalité et son originalité. Elle continuera à accompagner les<br />
nécessaires adaptations de l’anesthésie-réanimation pédiatrique<br />
<strong>en</strong> mettant le travail et le tal<strong>en</strong>t de ses membres au<br />
service du progrès technique et sci<strong>en</strong>tifique. Elle s’attachera<br />
aussi à rester fidèle aux valeurs d’ouverture et de convivialité<br />
qui sont sa marque de fabrique. <br />
PHILIPPE COURRÈGES<br />
PRÉSIDENT DE L’ADARPEF<br />
PÔLE D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
HÔPITAL JEANNE-DE-FLANDRE, LILLE<br />
www.adarpef.org<br />
AVRIL 2010 VIGILANCE N° 19 25
VIE DE LA SOCIÉTÉ<br />
La SFAR<br />
et les Clubs<br />
La SFAR et les Clubs<br />
ES premiers « clubs » sont apparus dans les années<br />
1970, à l’initiative de pratici<strong>en</strong>s exerçant leur activité<br />
d’anesthésie-réanimation <strong>en</strong> chirurgie spécialisée,<br />
à une époque où les sociétés savantes, non<br />
<strong>en</strong>core réunies dans la SFAR, peinai<strong>en</strong>t à animer la<br />
vie sci<strong>en</strong>tifique de la discipline. C’est ainsi, par exemple,<br />
que quelques-uns d’<strong>en</strong>tre nous, prés<strong>en</strong>tant un travail à une<br />
réunion hivernale de neurochirurgie, ont décidé de t<strong>en</strong>ter<br />
l’av<strong>en</strong>ture : Roger Chacornac et Raymond Deleuze organisant<br />
alors ce qui sera la première réunion de neuro-anesthésie-réanimation<br />
à Lyon <strong>en</strong> 1979 sur le thème de<br />
l’œdème cérébral. Rapidem<strong>en</strong>t, ce groupe se structurera <strong>en</strong><br />
association loi 1901 (l’Association de neuro-anesthésieréanimation<br />
de langue française, ANARLF) et les XXIe L<br />
journées<br />
se sont t<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> novembre 2009 à Nancy. On peut<br />
égalem<strong>en</strong>t citer à titre d’exemple le Club d’anesthésie-réanimation<br />
<strong>en</strong> obstétrique (CARO), longtemps animé par Jeanne<br />
Seebacher, puis par Maryse Palot, avant Dan B<strong>en</strong>hamou.<br />
Au début des années 1980, alors que la toute nouvelle<br />
SFAR cherchait à marquer dignem<strong>en</strong>t son cinquantième<br />
anniversaire sans toutefois disposer de l’assise sci<strong>en</strong>tifique<br />
qu’on lui connaît aujourd’hui, le présid<strong>en</strong>t de son comité<br />
sci<strong>en</strong>tifique, Pierre Viars, a proposé une réunion des<br />
« Clubs et associations <strong>en</strong> anesthésie et réanimation chirurgicale<br />
», dont il avait précédemm<strong>en</strong>t favorisé le développem<strong>en</strong>t.<br />
La préparation eut lieu lors d’une séance du congrès<br />
national de 1983 à Lille, à laquelle les responsables de ces<br />
groupes avai<strong>en</strong>t été conviés. C’est ainsi que le cinquantième<br />
anniversaire de la SFAR fut célébré sous la forme d’un<br />
« Forum des clubs et associations françaises d’anesthésie et<br />
réanimation chirurgicale », du 13 au 16 septembre 1984,<br />
à la Pitié-Salpêtrière. Il réunissait les Clubs urg<strong>en</strong>ces,<br />
cardio logie, chirurgie digestive, <strong>en</strong>docrinologie, urologie,<br />
ALR, chirurgie cardiaque, traumatologie, fonction respiratoire,<br />
micro-informatique, obstétrique, ainsi que l’Association<br />
des anesthésistes réanimateurs pédiatriques d’expression<br />
française (ADARPEF) et l’ANARLF.<br />
Durant cette même déc<strong>en</strong>nie, l’organisation du congrès<br />
national s’est vue modifiée. Alors qu’elle était confiée<br />
chaque année à une ville universitaire différ<strong>en</strong>te, le congrès<br />
se ti<strong>en</strong>drait dorénavant à Paris, permettant ainsi de structurer<br />
une équipe organisatrice pér<strong>en</strong>ne et de simplifier le<br />
déplacem<strong>en</strong>t des participants. Aux locaux de la faculté de<br />
médecine de la rue des Saints-Pères, initialem<strong>en</strong>t utilisés,<br />
ont succédé ceux du Palais des congrès de la porte Maillot,<br />
pour répondre à la demande croissante.<br />
26 VIGILANCE N° 19 AVRIL 2010<br />
C’est dans ce contexte de rénovation du congrès national<br />
que la « Journée des clubs » a été créée, sur une proposition<br />
des « mousquetaires » du comité d’organisation du<br />
congrès, notamm<strong>en</strong>t Jean-Claude Jorrot. <strong>Le</strong> but était<br />
double : d’une part, faciliter tous les types d’échanges sci<strong>en</strong>tifiques<br />
dans la discipline et, d’autre part, gérer au mieux les<br />
locaux loués à l’occasion du congrès. La règle est que les<br />
clubs et associations sont souverains dans la préparation de<br />
leur programme ; la seule contrainte étant de transmettre ce<br />
programme au comité d’organisation du congrès pour éviter<br />
d’év<strong>en</strong>tuels doublons. <strong>Le</strong> cont<strong>en</strong>u de la Journée des clubs<br />
figure au sein du programme du congrès. La SFAR met à<br />
disposition les locaux, les moy<strong>en</strong>s de projection, les équipes<br />
de sécurité, le secrétariat du congrès, etc. Lors de cette<br />
journée, l’accès aux salles est gratuit.<br />
Avec les années, la liste des clubs et associations s’est<br />
progressivem<strong>en</strong>t allongée avec notamm<strong>en</strong>t, depuis 2000,<br />
le Club des anesthésistes-réanimateurs d’Afrique francophone<br />
(CARAF). Ce club a été créé, lors du congrès de la<br />
Société Marocaine à Casablanca <strong>en</strong> 2000, par les présid<strong>en</strong>ts<br />
des sociétés concernées et le présid<strong>en</strong>t de la SFAR.<br />
L’objectif était de donner une tribune aux sociétés savantes<br />
francophones d’anesthésie-réanimation de Tunisie, du<br />
Maroc, d’Algérie et d’Afrique noire (ces dernières étant<br />
réunies au sein de la Société d’anesthésie-réanimation<br />
d’Afrique noire francophone, SARANF), plus récemm<strong>en</strong>t<br />
élargie à l’Asie.<br />
Lors du congrès de septembre 2009, vingt clubs et associations<br />
étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts. Cette manifestation est tellem<strong>en</strong>t<br />
bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>trée dans les mœurs de notre communauté professionnelle<br />
qu’elle est souv<strong>en</strong>t dénommée « Journée des<br />
clubs de la SFAR ». En fait, il n’existe ni li<strong>en</strong> organique<br />
<strong>en</strong>tre la SFAR (elle-même association loi 1901 reconnue<br />
d’utilité publique) et les différ<strong>en</strong>ts clubs et associations, ni<br />
ingér<strong>en</strong>ce de la SFAR dans la vie de ces derniers, qui ont<br />
leur organisation propre, leurs journées annuelles, etc. Il<br />
s’agit donc d’une synergie « gagnant/gagnant ». <br />
GÉRY BOULARD<br />
PÔLE D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
CHU DE BORDEAUX<br />
gery.boulard@chu-bordeaux.fr<br />
ANDRÉ LIENHART<br />
DÉPARTEMENT D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
HÔPITAL SAINT-ANTOINE, PARIS<br />
a.li<strong>en</strong>hart@sat.ap-hp-paris.fr
Note de lecture<br />
DANS le numéro 15 du magazine Vigilance, daté<br />
de mai 2009, le CARO (Club d’Anesthésie-<br />
Réanimation <strong>en</strong> Obstétrique) a fait paraître une<br />
mise au point concernant « Tatouage et péridurale<br />
lombaire ». Afin d’illustrer cette problématique,<br />
vous trouverez ci-après la très courte note de lecture<br />
que nous fait parv<strong>en</strong>ir Géry Boulard.<br />
John Irving, romancier américain contemporain important,<br />
auteur notamm<strong>en</strong>t du Monde selon Garp, <strong>en</strong> 1978.<br />
Dans son roman Je te retrouverai (2005), Alice, mère de<br />
Jack, personnage principal, est tatoueuse professionnelle.<br />
Dans l’extrait ci-dessous, Emma, amie de Jack veut se faire<br />
tatouer.<br />
Pages 331-332 :<br />
« Naturellem<strong>en</strong>t, Emma avait depuis longtemps dépassé<br />
le stade de vouloir un tatouage sur la cheville ; quant à<br />
Note<br />
de lecture<br />
VIE DE LA SOCIÉTÉ<br />
Alice, elle ne tatouait plus le coccyx des femmes. Elle<br />
avait <strong>en</strong> effet lu dans un magazine spécialisé que les<br />
anesthésistes refusai<strong>en</strong>t de faire une péridurale dans ces<br />
cas-là. (Il y aurait eu un risque que l’<strong>en</strong>cre pénètre dans<br />
la colonne vertébrale, quoique la chose parût hautem<strong>en</strong>t<br />
improbable.)<br />
– Et si tu accouches sous péridurale, Emma ? avait<br />
demandé Alice.<br />
– J’aurai jamais d’<strong>en</strong>fants. »<br />
John Irving. Titre original : Until I Find You. Traduction française<br />
: Je te retrouverai. Éditions du Seuil, 2006. <br />
GÉRY BOULARD<br />
PÔLE D’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION<br />
CHU DE BORDEAUX<br />
gery.boulard@chu-bordeaux.fr<br />
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