Mayotte_Tortues Marines_MathieuPINAULT_2003.pdf
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Lors de l’éclosion, les nouveau-nés restent dans le nid quelques jours<br />
supplémentaires. Ils résorbent à l’intérieur de leur corps, par l’orifice ombilical ou<br />
« nombril », ce qui reste du vitellus de l’œuf (jaune). Agissant de concert, ils<br />
chassent sous eux, par leurs mouvements, le sable qui surmonte le nid et se<br />
retrouvent ainsi près de la surface. Un des juvéniles, placé au-dessus des autres,<br />
stoppe la montée quand le bout de son bec corné émerge du sable. Il ne<br />
déclenche l’émergence que lorsque les conditions du milieu sont favorables, en<br />
général en fin d’après midi ou par temps pluvieux (Bonnet ; Le Gall et Lebrun,<br />
1985). Le « nombril » des juvéniles, est très fragile à l’éclosion et le contact du<br />
sable lors de la « course à la mer » semble entrer dans son processus de<br />
cicatrisation (Dodd, 1982). Cette zone est très sensible et une température trop<br />
élevée du sable lors de l’émergence peut avoir des conséquences funestes sur la<br />
cohorte. L’essaim de nouveau-nés rampant vers la mer semble orienté par la<br />
brillance de l’horizon marin. De ce fait, l’ombre créée par la végétation d’arrièreplage<br />
accentue par contraste ce phénomène (Dodd, 1982). A leur naissance, les<br />
juvéniles possèdent une réserve énergétique suffisante pour ramper et nager<br />
environ 70 heures (Bresette et Gorham, 2001). Il est indispensable à leur survie<br />
qu’au bout de ce laps de temps ils aient atteint la haute mer, où les prédateurs<br />
sont moins nombreux et aux dimensions trop importantes pour s’intéresser à de<br />
si petites proies (Com. Pers. Ali Mari). Si les adultes ont peu de prédateurs<br />
naturels (autres que l’homme), le taux de mortalité juvénile est extrêmement<br />
élevé chez les tortues marines (peut être seulement 1 juvénile sur 1000 atteint<br />
l’âge adulte : Com. Pers. Bonnet) en raison de la forte pression de prédation,<br />
mais aussi des conditions environnementales, l’encombrement de la plage, sa<br />
granulométrie, sa température lors de l’émergence pouvant bloquer, blesser ou<br />
tuer les nouveaux nés. Les rescapés, une fois la haute mer atteinte, dérivent au<br />
gré des courants durant toute une phase de leur existence entièrement pélagique<br />
et extrêmement mal connue appelée à juste titre « lost-years », estimée de 3 à<br />
10 ans. Les jeunes tortues, sub-adultes au diamètre de 20 à 50 cm entament<br />
alors la recherche de leur site de croissance et de nourrissage sur lequel elles<br />
resteront jusqu’à leur maturité sexuelle. Cette maturité atteinte, elles<br />
entameront à leur tour la migration vers les aires de reproduction. La longévité<br />
des tortues vertes n’est pas connue avec précision mais on estime qu’elle<br />
dépasse les 80 ans (com. Pers. Bonnet). (Fig. 4).<br />
Il a été remarqué, grâce au bagage et au suivi d’individus par balise Argos, une<br />
certaine fidélité des tortues envers leurs sites de ponte et de nourrissage. Ce<br />
phénomène, appelé « Homing », est actuellement très peu expliqué. Différents<br />
facteurs entreraient en jeux lors de l’orientation des femelles et les pousseraient<br />
à retourner pondre, sur les plages où elles ont vu le jour. La période de<br />
l’émergence et de la course à la mer serait une étape décisive de la fixation de<br />
« souvenirs » sensoriels servant à l’orientation des individus devenus matures<br />
lors de leur première saison de ponte.<br />
Stage de DESS Sciences et Gestion de l’Environnement Tropical au bureau d’étude Biotope – Février à Juin 2003<br />
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