LE RATTACHEMENT DE LA BRETAGNE A LA FRANCE - Agence ...
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Bretagne ". Dumoulin, mort en 1556 avait écrit qu'il ne connaissait pas " de plus docte<br />
jurisconsulte". Charles IX lui avait proposé la charge de maître des requêtes de son hôtel ; il<br />
avait refusé. Mais il avait aussi une vocation d'historien. Très jeune, il avait traduit en latin les<br />
papiers de son grand-oncle Le Baud, sous le titre " De origine ac rebus gestis Armoricae<br />
Britanniae regum ducum ac principum".<br />
Il alla vite en besogne. En décembre 1583, il présenta son œuvre aux États, réunis à Vannes : un fort<br />
volume de plus de mille pages. Ils lui allouèrent une gratification de six mille livres xc .<br />
1°) Les thèses de d'Argentré.<br />
L'ouvrage de d'Argentré est d'une extrême richesse ; nous résumerons ici celles qui se rapportent à la<br />
fin de l'indépendance bretonne.<br />
Sa "Préface au Roy" commence par un dithyrambe de la monarchie : c'est faire mine de reculer, pour<br />
mieux frapper.<br />
A la fin du quatorzième siècle, l'auteur de la chronique de Saint-Brieuc s'en était pris avec véhémence<br />
aux Français xci , qu'il accusait, par "envie, paresse, incurie, poison de jalousie" de n'avoir pratiquement<br />
pas fait mention des rois qui vécurent en grande et petite Bretagne, " avant et après l'incarnation du<br />
verbe". " Ces rois qui jadis soumirent toute la Gaule, la Neustrie, la Touraine, la Gascogne, l'Anjou,<br />
l'Aquitaine" (rien moins !). D'Argentré revient sur ce thème, cher aux Bretons : " Ceux du pays ont<br />
laissé apercevoir beaucoup de choses obmises et esgarées, ayant cest inconvénient presté bien des<br />
occasions aux esprits mal disposés à l'honneur de ceste nation, et d'ailleurs prompts et volontaires à<br />
mal juger, d'en mesdire ou ravaller l'honneur, et appeler en doupte et controverse les choses de soy<br />
très- véritables" xcii . Il s'agit donc, une fois pour toutes, de fermer la bouche de ceux qui, par "la nuë de<br />
la jalousie qui leur couvrait la vëu … se sont enhardis premièrement de le réduire en doupte, puis,<br />
procédant de [ne] pas en outre le débattre et nier ouvertement hors de propos et de cause ".<br />
Bien entendu, cette œuvre de vérité est faite pour le bien de la monarchie française car, dit d'Argentré,<br />
elle descend de la " tige des Princes de ceste principauté Royalle " de Bretagne. De là à laisser<br />
entendre que la monarchie française n'est noble que parce qu'elle descend des rois de Bretagne, le<br />
lecteur a tôt fait de comprendre l'intention de l'auteur !<br />
Des esprits mal intentionnés – les jaloux cités plus haut – ont laissé entendre qu'il n'y eut pas de rois en<br />
Bretagne : " Aucuns François … osent [avancer] qu'il n'y eut oncques tiltres de Roy en Bretaigne et<br />
que ce [ne sont] que fables, phantasmes et iangleries, et que le nom de Bretaignes et Bretons estoit<br />
incogneu jusques au temps de l'empereur Auitius" xciii . On se trompe : non seulement les Bretons<br />
eurent des rois, mais la Principauté de Bretagne est beaucoup plus ancienne que le royaume de<br />
France. Plusieurs peuples européens se croient descendus de Troie la Grande. Les Bretons existaient<br />
bien avant que cette ville fut créée : " Le mot de Britannia [était] plus ancien que le plus ancien latin