CE QUE JE DOIS A MARCEL GRANET Etiemble Tout ... - AFEC
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SUR MAR<strong>CE</strong>L <strong>GRANET</strong> 15<br />
Sorbonne à la chaire de "littérature comparée", je l'étais<br />
en puissance et en acte dès 1934, tant les cours<br />
de Granet conciliaient et stimulaient en moi le goût<br />
de la philosophie et celui des grammaires comparées<br />
(n'ai-je pas récemment retrouvé dans mes paperasses<br />
un gros paquet de fiches où, vers ce temps-là, j'avais<br />
déjà noté les diverses façons d'exprimer en chinois la<br />
voix passive des verbes appartenant aux langues indoeuropéennes,<br />
laquelle, en tant que telle, manque au<br />
wen yen ?).Deux mots à ce propos ne seront pas superflus.<br />
Sitôt entré à la rue d'Ulm, promotion 1929, et désireux<br />
de me préparer à l'agrégation de philosophie -<br />
comme Soustelle, notre "cacique" - je précisai à Célestin<br />
Bougie, directeur des littéraires, qu'il me semblait<br />
inadmissible de prétendre à ce concours, sans<br />
connaître l'une au moins des grandes pensées de l'Asie<br />
et sans étudier le droit, cette forme figée de la réflexion<br />
morale, sociologique et politique. A quoi Bougie<br />
rétorqua que l'agrégation de philosophie offrait si peu<br />
de places que, si je courais tant de lièvres à la fois,<br />
je m'y ferais sûrement coller : "Préparez donc celle<br />
de grammaire. Beaucoup plus de places et des candidats<br />
bien moins forts" (je résume l'esprit de son intervention<br />
par irénisme à l'égard des grammairiens... dont je serais).<br />
Pour n'être pas indigne de l'idée que je me formais<br />
de la philosophie, et afin de me vouer à la pensée de<br />
cette Chine que m'avait ouverte à Louis-le-Grand, durant<br />
l'hypokhâgne et la khâgne, le médiocre Soulié de<br />
Morant (dont sans surprise je vérifie que Granet l'omet<br />
dans la longue bibliographie qui parachève La Pensée<br />
chinoise), pensée qui s'incarnait alors, pour moi, en<br />
Confucius, je m'inscrivis, dès 1929, à l'Ecole des Langues<br />
Orientales, où Vissière enseignait alors la langue<br />
parlée et celle des documents administratifs, ainsi qu'à<br />
presque tous ceux des cours qui se dispensaient à Paris<br />
sur la civilisation chinoise. Avec, très vite, une prédilection<br />
pour ceux de Louis Laloy qui, féru que j'étais<br />
de poésie, rimailleur moi-même (1), m'initia pour mon