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Victor Hugo, l'éclat d'un siècle - Groupe Hugo

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dévotion monarchique bornée et sans gloire, vers un libéralisme que la légende<br />

Napoléonienne colore de son soleil héroïque. Dans ces mêmes années, Stendhal plonge le<br />

héros du Rouge et le Noir, Julien Sorel, dans la lecture clandestine du Mémorial de Sainte-<br />

Hélène. 27<br />

Réconcilié avec son origine paternelle, puisant dans l’éclat Napoléonien à la fois énergie<br />

personnelle et idéal politique, <strong>Victor</strong> n’a plus peur de rien et déclenche un bombardement<br />

littéraire qui ne cessera plus.<br />

<strong>Hugo</strong> lancé<br />

En trois ans, deux recueils poétiques, un roman, trois drames publiés. Les Odes et Ballades Ŕ<br />

1826 Ŕ les Orientales Ŕ 1829 Ŕ connaissent immédiatement un succès retentissant. Jonglant<br />

avec les mètres et les rimes, <strong>Hugo</strong> y reprend à son compte, dans une virtuosité spectaculaire,<br />

les thèmes à la mode : Moyen Age et Orient. Mais, sous le pittoresque et l’exotisme, la grande<br />

voix du rêve se fait entendre avec une violence comparable à celle du peintre Delacroix. Déjà<br />

ulcérés par l’audace verbale, certains critiques préfèrent n’y voir que « de beaux vers, voilà<br />

tout ! » et réduire à une habileté formelle ce surgissement d’images nouvelles.<br />

Plus provocateur encore, scandaleux même, apparut le bref et terrible roman Le Dernier Jour<br />

d’un condamné. Quel mauvais goût pour les âmes bien pensantes de publier en 1829 Ŕ cent<br />

cinquante-deux ans avant l’abolition de la peine de mort en France Ŕ sous la forme du journal<br />

tenu par un condamné anonyme Ŕ ce plaidoyer contre la guillotine, le plus saisissant de<br />

l’histoire, avant L’Etranger de Camus. Pourquoi ce combat, perdu d’avance, dans cette<br />

Restauration finissante et hautaine ? Les chiffres parlent d’abord : cent dix exécutions en<br />

1826, soixante-quinze en 1828. Le couteau tombe en France deux fois par semaine, sauf le<br />

dimanche. Le gouvernement ultra a même réinventé pour les « sacrilèges », c’est-à-dire les<br />

profanateurs d’hosties, la peine de mort aggravée du châtiment des parricides : le poing<br />

coupé. Or, l’image de l’échafaud réactive chez <strong>Hugo</strong> une hantise profonde, venue de<br />

l’enfance : visions espagnoles des tronçons humains crucifiés, du condamné au garrot escorté<br />

par des pénitents sans visage ; images obsédantes des apprêts du supplice : la « monstrueuse<br />

charpente » que l’on dresse, le bourreau qui « essaye » la hideuse machine…<br />

Le mouvement qui fit passer <strong>Hugo</strong> de la simple réaction d’horreur à l’acte protestataire du<br />

livre fut sans doute favorisé par l’influence de David d’Angers, grand sculpteur alors ami de<br />

<strong>Victor</strong>. Républicain convaincu, hanté par l’idée de justice, il se rend avec <strong>Hugo</strong> à Bicêtre,<br />

pour assister au ferrement des galériens qui faisaient alors à pied, enchaînés, la route de Paris<br />

à Toulon. Nous retrouverons ces « misérables ».<br />

En indignant les partisans de l’ordre, ce livre rendit suspect ce poète qui poussait la liberté<br />

de l’art jusqu’à contester le bon fonctionnement de la machine sociale.<br />

L’Idole des Jeunes-France<br />

En effet, <strong>Hugo</strong> encombre. Son image même tourne déjà à la légende. Il a vingt-six ans, il est<br />

beau. Son front « vraiment monumental… couronnait comme un fronton de marbre blanc son<br />

visage d’une placidité sérieuse… Des cheveux châtain clair l’encadraient et retombaient un<br />

peu long… Une face soigneusement rasée, d’une pâleur particulière, trouée et illuminée de<br />

deux yeux fauves pareils à des prunelles d’aigle ». 28 Facteur supplémentaire de séduction, il<br />

est heureux. Des demeures champêtres en plein Paris, rue de Vaugirard d’abord, puis rue<br />

Notre-Dame-des-Champs, abritent un couple idéal, de jolis enfants, qui fascinent amis et<br />

visiteurs. Emile Deschamps, Sainte-Beuve, critique déjà célèbre, <strong>Victor</strong> Pavie et bien d’autres<br />

jeunes artistes peuplent ce cénacle où les calembours et les rires alternent avec la lecture du<br />

Maître. Les troupes de fidèles grossissent. Le romantisme se propage comme une épidémie<br />

27 Mémoires de Napoléon Ier en exil à Sainte-Hélène.<br />

28 Théophile Gautier. La Présentation dans <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> par Théophile Gautier.<br />

18

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