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Victor Hugo, l'éclat d'un siècle - Groupe Hugo

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CHAPITRE I<br />

Et s’il n’en reste qu’un…<br />

Le coup d’Etat du 2 décembre 1851<br />

Le vote de la Loi sur l’enseignement (janvier 1850) avait mis en marche un processus<br />

irréversible. Louis Napoléon Bonaparte, aidé par une bourgeoisie déterminée autant<br />

qu’inconsciente, brisait les derniers vestiges d’une République déjà défunte, de fait. Le coup<br />

de grâce fut, le 31 mai 1851, une loi qui écartait du vote tous les pauvres et les marginaux. Le<br />

suffrage universel avait vécu. La presse n’avait plus que le droit de se taire. Charles <strong>Hugo</strong>,<br />

condamné à six mois de prison ferme en juin pour un article opposé à la peine de mort, était<br />

bientôt rejoint par François-<strong>Victor</strong>, Paul Meurice et Auguste Vacquerie en septembre. C’était<br />

la fin de L’Evénement, suspendu, puis saisi.<br />

L’objectif du prince-président est clair : ne pouvant être à nouveau candidat, il lui reste le<br />

coup d’Etat pour régner sans partage. Dès juillet, <strong>Hugo</strong> à l’Assemblée a dénoncé les<br />

manœuvres de celui qu’il ose appeler à la tribune « Napoléon le petit » et, chez lui,<br />

« Naboléon ». Mais les députés Ŕ de droite et de gauche Ŕ comprennent trop tard que, privés<br />

du soutien populaire par trois ans de politique réactionnaire, ligotés par leurs propres lois, ils<br />

sont seuls et sans moyens, face à Louis Napoléon.<br />

Dans la nuit du 2 décembre, Paris est quadrillé de troupes silencieuses. Des affiches<br />

placardées dans toutes les rues annoncent que le président dissout l’Assemblée, proclame<br />

l’état de siège, rétablit le suffrage universel. On arrête, chez eux, les députés et les généraux<br />

réputés républicains et, à la mairie du Xe, deux cent cinquante députés de droite qui viennent<br />

de proclamer la déchéance de Louis Napoléon Bonaparte.<br />

<strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong>, déjà entré dans la clandestinité, est quelque part dans Paris, avec d’autres<br />

députés d’extrême-gauche, en train d’organiser la résistance armée. Au matin du 3 décembre,<br />

<strong>Hugo</strong> parcourt les rues, visite les rares barricades déjà élevées, prend contact avec les ouvriers<br />

du faubourg Saint-Antoine. Dès le 4 décembre, les rues grouillent de sergents de ville, mais la<br />

Bastille est vide d’ouvriers. Ils ne tiennent pas à mourir pour une République qui les a fusillés<br />

en juin 1848. Sur les boulevards, en revanche, une foule inquiète et morne observe les soldats.<br />

Devant un mouvement de résistance qui prend forme, les hommes du coup d’Etat choisissent<br />

la terreur. A trois heures de l’après-midi, la troupe, sans sommation et calmement, fusille les<br />

passants massés sur les boulevards. Enfants, vieillards, promeneurs sont massacrés à bout<br />

portant. On marche dans le sang sur certains trottoirs.<br />

L’organisateur de cette tuerie, Saint-Arnaud, peut se réjouir de l’excellence expéditive de sa<br />

méthode, acquise dans l’armée d’Algérie, où Louis Napoléon Bonaparte a recruté ses sbires.<br />

Les barricades, mal armées, ne résisteront pas à une telle détermination, malgré l’héroïsme de<br />

leurs défenseurs. Au soir du 4 décembre, la résistance a échoué. Les exécutions sommaires<br />

des « suspects » commencent.<br />

Au matin du 6 décembre, <strong>Hugo</strong>, traqué depuis quatre jours, ne sait plus où se réfugier. Les<br />

amis sûrs se font rares. C’est Juliette Ŕ elle aussi menacée d’arrestation Ŕ qui le sauve. Elle l’a<br />

suivi trois jours, a épié les mouchards, guetté les portes cochères, hélé au bon moment les<br />

cabriolets. Aujourd’hui, elle trouve la cachette, l’ami qui procurera à <strong>Victor</strong> passeport et<br />

fausse identité.<br />

Le 11 décembre 1851, Jacques Firmin Lanvin, ouvrier typographe, alias <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong>, quitte<br />

Paris par le train de vingt heures, à destination de Bruxelles. Il quitte la France pour vingt ans.<br />

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