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Institut de beauté…<br />
Il m’est arrivé l’autre jour, un peu par hasard, je le confesse,<br />
de pénétrer dans un « institut de beauté ». On ne m’avait pas prévenu.<br />
Je me suis trouvé <strong>tout</strong> à coup face à l’une ou l’autre « apprentie<br />
esthéticienne » et j’ai été assez ébloui. Elles occupaient<br />
chacune une chambre, se préparant à un examen final qui non<br />
seulement devait leur valoir un prix, mais devait aussi être pour<br />
elles l’aube d’une carrière fulgurante. Épreuve au cours de laquelle<br />
elles ne seraient pas rivales, mais bien au contraire, comme assurées<br />
<strong>tout</strong>es de l’appui d’un jury.<br />
Qu’elles étaient belles, les trois petites sœurs carmélites dans<br />
leur infirmerie ! Oui, c’est d’elles qu’il s’agit. Et cet institut de<br />
beauté où l’âme déborde tellement du corps, c’était ce dispensaire,<br />
ce couvent béni. Tant aimées et choyées par leurs sœurs aînées,<br />
elles sont le cœur de la maison qu’elles illuminent et réchauffent<br />
de leur présence.<br />
De plus en plus, j’en arrive à la conclusion que le temps que<br />
l’on consacre avec joie et vérité aux malades, les assurant d’une<br />
affection sincère, devient un temps où le corps se laisse lentement<br />
envahir par une présence. C’est ce que j’ai lu sur le visage<br />
de ces trois sœurs qui me parurent <strong>tout</strong> à coup tellement plus<br />
belles que lorsque je les avais rencontrées au cours de causeries,<br />
qui nous réunissaient de temps à autre. Elles étaient belles du regard<br />
qu’elles portaient sur Dieu, mais encore plus du regard que<br />
Dieu portait sur elles. Elles étaient comme transparentes par le<br />
lent détachement de ce corps qui devenait une enveloppe desserrant<br />
ses attaches pour que l’âme, le cœur puissent y rayonner<br />
encore plus intensément.<br />
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