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dimanche 2 décembre

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m !!■■■> PREMIÈRE ANNÉE : N° 40 ■"■■■■■■■■■miiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiHiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiw 2 DECEMBRE 1923 nunna<br />

C£ SUPPLÉMENT AU NUMÉRO QUOTIDIEN ZTEXCEiSIOR, DATÉ DU 2 DÉCEMBRE 1923, NE PEUT ÊTRE VENDU A PART<br />

«IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII Illllllllll I>llllilllllllllllllllllllli


nui i EXCELSIOR- DIMANCHE ■{■■^•■■■■•^••■"■•■••■"■■•■■•'•■•■■■•••■••■■■■••"•■■"'•'■■■■•'■••■■^■"■■•■■"•■■■■■■■■■■"■"■' E 2- iMiiMiiiiitiii!iMiiiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii|iiii]iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiui LE 2 DÉCEMBRE 1S23 ■■■■••■mu<br />

CARNET DU PHILATÉLISTE<br />

Les timbres français (Suite)<br />

LES TIMBRES D'ALSACE-LORRAINE<br />

Les deux provinces, qui furent pendant près<br />

A'vm demi-siècle séparées de nous, se virent,<br />

dès le 24 août 1870, privées de timbres<br />

français Elles étaient encore terre française<br />

de lait lorsque les envahisseurs teutons lirent<br />

l'émission des timbres dits d'Alsace-Lorraine,<br />

lesquels, d'ailleurs, eurent un cours forcé dans<br />

tout le pavs occupé.<br />

Dès la tin d'août, la poste allemande fut<br />

organisée sur le territoire envahi. Le premier<br />

décret royal ordonnant la mise en circulation<br />

de timbres spéciaux est daté du 6 septembre<br />

1870. Le 18 octobre parut un nouveau<br />

décret daté de Berlin étendant Ihisage de ces<br />

timbres à tous les bureaux de postes tombés<br />

aux mains de l'ennemi.<br />

Sept valeurs furent créées : les 1, 2, 4, 5,<br />

10. 20, 25 centimes ; il était également<br />

question d'enveloppes, de cartes postales et<br />

de mandats, mais aucune de ces- valeurs<br />

postales ne furent mises en circulation : on<br />

ne débita dans les bureaux de poste que des<br />

enveloppes et des cartes postales allemandes.<br />

11 y eut à distinguer deux périodes pour<br />

emploi de ces timbres. La première va du<br />

■M août 1870 au 1" mars 1871, moment où<br />

administration des postes revint à la France<br />

>!ur suite de la convention signée à Reims :<br />

"autre va du 18 mars au 31 <strong>décembre</strong> 1871.<br />

Le 21 août, jour où l'empereur Napoléon<br />

lut obligé de quitter Châlons, le roi de Prusse<br />

régla, par un ordre supérieur, les attributions<br />

des gouverneurs généraux militaires nommes<br />

pour les commandements de Metz et de<br />

Strasbourg et qui étaient déjà entrés en<br />

fonctions à la suite de l'armée en attendant<br />

qu'ils pussent prendre possession effectivement<br />

de leurs résidences.<br />

Les commissaires civils placés sous leurs<br />

ordres devaient, entre autres attributions,<br />

organiser le service postal public suspendu<br />

depuis le début des hostilités. Le Norddeutseher<br />

Postebezirk fut chargé de l'orga<br />

nisation matérielle du nouveau service qui<br />

fut définitivement réglé par la décision du<br />

7 septembre 1870.<br />

Pour donner confiance aux habitants, qui<br />

n'auraient accepté qu'avec répugnance les<br />

vignettes allemandes, on décida de créer des<br />

timbres rédigés en français et dont la couleur<br />

rappelait, les timbres de l'émission française<br />

en cours.<br />

En attendant la prise de Metz et de Strasbourg,<br />

le bureau centra) allemand fut installé<br />

à Nancy le 7 septembre 1870. Strasbourg<br />

tomba entre les mains de l'envahisseur le<br />

27 octobre et Metz tut vendu à l'Allemand peu<br />

après. Dans ces deux villes, la poste allemande<br />

établit des bureaux centraux qui firent perdre<br />

de son importance au bureau de Nancy<br />

Le 15 septembre, un troisième gouverneur<br />

général fut installé à Heims, ce qui amena<br />

la création d'un quatrième bureau centiaî<br />

du territoire occupé ; dès lors, le bureau de<br />

Nancy perdit toute son importance.<br />

Ces bureaux fonctionnèrent régulièrement<br />

jusqu'à la conclusion de l'armistice. Dès le<br />

3 février 1871, à la suite d'une décision prise<br />

à Versailles, les objets postaux furent admis<br />

à circuler entre les"départements français non<br />

occupés et les départements envahis, considérés,<br />

en vertu de la loi de la guerre, comme<br />

pays étrangers, au prix du tarif des correspondances<br />

à destination de l'étranger (40 centimes<br />

par lettre simple).<br />

Après que les conditions de la paix eurent<br />

été discutées et payées, une convention intervint<br />

entre l'administration française et le délégué<br />

allemand par laquelle le service postal sur<br />

tout le territoire français occupé ou non occupé,<br />

faisait ictour à l'administration fiançaisc<br />

Les timbres d'occupation, qui avaient été<br />

retirés du territoire occupé le 10 mais 1871,<br />

restèrent en usage dans le pays annexé<br />

jusqu'au 31 <strong>décembre</strong> 1871, date à laquelle<br />

l'émission allemande au type aigle les remplaça.<br />

Les Allemands pensaient bien que pour<br />

toujours l'aigle impérial remplacerait nos<br />

vignettes françaises. La guerre de 1914-1918<br />

leur donna tort. H me X.<br />

PHILATELISTES<br />

M me FERROUD-BACHELIER<br />

Membre de la Chambre Syndicale<br />

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AVIS A MM. LES ANNONCEURS<br />

Nous croyons de voire intérêt do vous rappeler<br />

qu'en vertu de l'article premier de la loi du 5 juin 1923 :<br />

• Tout commerçant français ou étranger, toute société<br />

commerciale française ou étrangère, assujetti par la<br />

loi du 18 mars 1019 à se faire immatriculer dans le<br />

Registre du commerce du lieu de son domicile commercial<br />

ou de son siège social, est tenu de mentionner,<br />

dans les factures, lettres, notes de commande, tarifs,<br />

annonces et prospectus, le nom du tribunal de commerce<br />

où il est immatriculé et le numéro de son immatriculation<br />

au registre analytique du Registre du commerce.<br />

»<br />

Nous attirons voire attention sur les mots tarifs,<br />

annonces et prospectus, et nous vous serions obligés de<br />

vouloir bien ne pas tarder à nous communiquer voire<br />

numéro d'inscription au Registre du commerce, pour<br />

que nous puissions l'njouter â votre texte d'annonce,<br />

a moins que vous ne préfériez nous adresser un clichédans<br />

lequel le numéro d'inscription en question fera<br />

bloc avec le compte textes.<br />

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Le plus court croquis m'en dit<br />

plus long qu'un long rapport.<br />

NAPOLÉON.<br />

CETTE formule lapidaire, prise du reste comme devise par EXCELSIOR,<br />

signifie qu'aucune description, aussi fidèle, complète et exacte soitelle,<br />

ne peut rivaliser de fidélité avec l'image qu'elle cherche à évoquer.<br />

Cette vérité se trouve confirmée chaque jour, non seulement au point<br />

de vue information, mais au point de vue réclame.<br />

Que vous vouliez acheter une propriété, une automobile, un meuble,<br />

un appareil de T-S. F., un chien, une bicyclette, etc., si vous ne pouvez<br />

aller les voir sur placé, vous vous contenterez peut-être de prendre<br />

connaissance d'une bonne photographie, tandis que la plus flatteuse<br />

description vous semblera insuffisante pour prendre votre décision.<br />

Tout le monde est comme vous.<br />

C'est pourquoi nous croyons de leur intérêt de conseiller à tous nos<br />

lecteurs qui font des insertions dans les Petites Annonces classées quotidiennes<br />

d'EXCELSIOR de les illustrer chaque fois que faire se pourra.<br />

H leur suffit de nous adresser une bonne épreuve photographique ou un<br />

dessin simplifié de la chose qu'ils offrent, pour que nos services techniques,<br />

bien outillés, puisque ce sont eux qui font chaque jour les gravures de<br />

notre journal, fabriquent, aux prix les plus réduits, un cliché dont nous<br />

pourrons garantir la bonne venue au tirage.<br />

Ce cliché illustrera et commentera le texte, toujours succinct, de leur<br />

petite annonce, et, par sa tache, la fera ressortir des annonces voisines.<br />

Elle sera donc sûrement vue, remarquée, lue, et aura ainsi toute chance<br />

de séduire ceux que le sujet de l'annonce sera susceptible d'intéresser.<br />

Cela évite également d'avoir à envoyer aux personnes qui demandent<br />

des renseignements sur l'objet à vendre des épreuves photographiques,<br />

dont le coût dépasse vite celui de ta fabrication d'un cliché métal. Enfin,<br />

ce cliché reste la propriété de celui qui l'a commandé, et qui peut, après<br />

insertion à EXCÊLSIOR, s'en resservir pour des insertions ultérieures,<br />

soit dans notre journal, soit ailleurs, comme pour la confection d'imprimés<br />

de toutes sortes.<br />

Faire une petite annonce illustrée, c'est donc s'assurer, avec une dépense<br />

supplémentaire très abordable, un maximum de chances de rendement<br />

bien supérieur à celui qu'on peut escompter à une petite annonce classée.<br />

Un exemple fera, du reste, sentir mieux qu'un long rapport la supériorité<br />

incontestable de la petite annonce illustrée sur la petite annonce<br />

ordinaire, et même sur la petite annonce avec un gros titre.<br />

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La joie âu foyer<br />

Quand la leminc est heureuse, tout va bien<br />

dans la maison. L'exemple de M" 1* Lemaire-<br />

Delecroix, demeurant à Carvii) (Pas-de-Calais),<br />

ne fait pas mentir ee vieil adage.<br />

La famille de M m0 Lcmaire-Delecroix avait<br />

été très éprouvée par la guerre. Les deux jciyies<br />

filles étaient restées très affaiblies, très anémiées.<br />

Mais tout cela n'est plus aujourd'hui qu'un mauvais<br />

souvenir. Les Pilules Pink, dont l'intervention<br />

en pareil eas ne connaît vraiment pas<br />

d'insuccès, ont rendu la santé aux enfants et, ce<br />

faisant, ont ramené la joie au foyer i<br />

« Je suis heureuse de vous faire savoir — nous<br />

écrit, en effet, M"'* Lemaire-Delecroix — que les<br />

Pilules Pink ont ramené la joie dans ma maison.<br />

La guerre nous avait occasionné bien des souffrances.<br />

Mes jeunes filles étaient très affaiblies.<br />

Ce sont les Pilules PinJs qui les ont rétablies. Aussi<br />

je ne saurais trop recommander aux personnes<br />

atteintes d'anémie, de chlorose, d'affaibjisscment,<br />

d'en faire usage. »<br />

Que cet exemple vous persuade, à vous qui<br />

n'êtes pas bien portant, que si vous n'avez pas<br />

essayé les Pilules Pink, vous n'avez pas tout<br />

fait pour retrouver la santé.<br />

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iiimiiiiii j_E 2 DÉCEMBRE 1S23 iigiintn IUIIIEIMIIIII iiiiiiiiiiiiiiiiitiiniiiiiiii'tiiiiiiiiiiiiiii iiiuiiiiiiiiiiiuiii 3 iiiiiiiiiiiiiiiiiiinii ■ ■■■lui■■ miniiti■ i iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiuiiii PREMIÈRE ANNÉE : N° 40 ■»••«■"* 1<br />

XCELSIOR<br />

ENTRE NOUS<br />

OTRE temps est dur pour les princes...<br />

N C'est ainsi que Paul Fort, prince<br />

des poètes, se trouve d'autant plus<br />

démuni qu'il ne touche aucune espèce de<br />

liste civile.<br />

Les amis du charmant évocateur des<br />

paysages de l'Ile-de-France réclament pour<br />

lui une de ces modestes sinécures qui étaient<br />

jadis réservées aux gens de lettres<br />

— Que le gouvernement, s'écrient-ils en<br />

chœur, nomme Paul Fort conservateur plus<br />

ou moins adjoint de quelque musée ! Ou<br />

bien qu'il soit bombardé bibliothécaire d'une<br />

administration quelconque... Ou encore<br />

qu'on l'installe, avec un titre honorable,<br />

dans l'un de nos châteaux historiques.<br />

Notre poète est quelque peu historien : il<br />

sera donc à sa place dans une de ces vastes<br />

demeures, d'autant plus qu'il a cinq .enfants !<br />

Voilà qui sera approuvé par tout le monde.<br />

Sauf, hélas ! par le gouvernement, lequel va<br />

sans doute répondre :<br />

— Impossible, mille regrets ! Ces emplois<br />

sont réservés aux fonctionnaires de l'administration...<br />

Il faut avoir subi des examens et<br />

suivi la filière pour devenir bibliothécaire ou<br />

conservateur. Pas d'intrus dans la carrière !...<br />

Les amis de Paul Fort protesteront :<br />

— Pardon ! Ne vient-on pas de nommer<br />

administrateur général de la Bibliothèque<br />

nationale un monsieur qui... ?<br />

— Si fait ! Mais c'est exceptionnel. Et il<br />

s'agissait d'un ancien préfet, chef de cabinet<br />

du ministre de l'Instruction publique !<br />

— Vous nous en direz tant. Et ce château<br />

de la Loire qui fut confié à... ?<br />

— Oui, à un ancien député. Ah ! les<br />

anciens députés ont tous les droits ! Quel<br />

dommage que votre Paul Fort n'ait pas fait<br />

un peu de politique...<br />

— Jamais ! Il n'est que le prince des<br />

poètes.<br />

— Tant pis pour lui !<br />

Jadis, des écrivains, des artistes obtenaient,<br />

à la fin de leur carrière, ces sinécures aujourd'hui<br />

transformées en prébendes pour les<br />

seigneurs de la cour. Alors, la République<br />

était athénienne... D'éloquents orateurs<br />

affirment qu'elle l'est encore : ie la crois<br />

plutôt soucieuse de plaire aux gens de<br />

Béotie.<br />

* * *<br />

E crois aussi que le public commence à<br />

J être agacé par toutes ces histoires de<br />

fourrures et de bijoux volés à des dames et<br />

demoiselles du meilleur monde.<br />

A peu près chaque matin, nous apprenons<br />

qu'une "charmante artiste " a constaté la disparition<br />

de son manteau de zibeline, de son<br />

collier de perles ou de sa barrette de diamants.<br />

Et les reporters de nous fournir mille<br />

détails, et la police de lancer ses meilleurs<br />

limiers sur la piste d'Arsène Lupin !<br />

La délicieuse victime de ce vol bien<br />

parisien se fait interviewer, les journaux publient<br />

son portrait, sa biographie, celles de<br />

Mmc sa mère et de son pékinois, et ses chères<br />

amies .répètent avec mauvaise humeur :<br />

—r En a-t-elle de la chance, celle-là !<br />

Moi, je n'ai qu'un manteau de lapin... Pas<br />

de danger que personne se dérange pour<br />

me le chiper !<br />

Des sceptiques vont même jusqu à insinuer :<br />

— Tout ça, c'est du toc, le manteau, les<br />

bijoux et le vol... Rien de vrai, rien d'authentique<br />

!<br />

Nous n'en savons rien, mais nous pensons<br />

— en qualité de contribuables — que la<br />

police ne manque pas d'autres chats à<br />

fouetter et que nous ne sommes pas là pour<br />

payer les frais d'enquêtes de ce genre.<br />

Nous sommes excédés par ce film policier<br />

aux multiples et monotones épisodes. Et je<br />

propose que le préfet de police fasse dire<br />

aux " charmantes artistes " :<br />

— En voilà assez ! Débrouillez-vous pour<br />

veiller sur vos zibelines et vos bijoux... En<br />

cas de vol ou de perte, inutile de venir déranger<br />

mes inspecteurs : vos plaintes seront classées<br />

d'office !<br />

JEAN STYLO.<br />

E TRE<br />

REFLEXIONS DU DIMANCHE<br />

discipliné, c'est être à soi-même sort<br />

éducateur.<br />

La discipline fait toute la différence<br />

entre le succès d'une vie ou son naufrage.<br />

Avec une discipline, vous arrivez au contentement<br />

d'esprit ; sans discipline, vous allez à<br />

l'irritation, à l'indécision et au pessimisme.<br />

L'amour discipliné, c'est l'amour loyal et<br />

persistant, c'est la famille. Ce n'est pas seulement<br />

le printemps flamboyant de l'amour, c'en<br />

est l'été fécond et l'automne paisible : toute une<br />

année dorée.<br />

La pensée, lorsqu'elle est disciplinée, se montre<br />

créatrice, claire, pleine de force. Manque-t-elle<br />

de discipline ? La voilà trouble, brouillonne, versatile.<br />

Le corps soumis à une discipline est un corps<br />

bien portant, qui ignore la souffrance. Nous ne<br />

le sentons pas, parce qu'il est notre serviteur<br />

parfait. Ne le sentant pas, nous nous haussons<br />

presque à la beauté des âmes désincarnées.<br />

Main disciplinée ? Main d'artisan, de maîtreouvrier.<br />

Main sans discipline ? Main d'esclave..<br />

Les disciplinés régnent sur les gens sans discipline.<br />

La langue, lorsqu'elle est disciplinée, prononce<br />

des mots qui valent des armes bien trempées, ou<br />

des joyaux ciselés. Des mots qui sont — ainsi<br />

s exprime l'Ecriture — " des pommes d'or dans<br />

des vaisseaux d'argent. "<br />

L'œil discipliné, seul, sait découvrir la vraie<br />

beauté ; l'oreille disciplinée seule sait comprendre<br />

la musique la plus haute ; l'âme disciplinée seule<br />

" verra le Royaume. "<br />

Les disciplinés seuls peuvent apprécier ce qui<br />

est classique.<br />

Les disciplinés seuls savent dire la vérité ou<br />

bien l'entendre.<br />

Les disciplinés vont au succès plus facilement<br />

qu'à l'échec.<br />

Ce sont les disciplinés qui arrivent à s'élever<br />

parmi les autres.<br />

Les disciplinés ne s'appuient pas : on s'appuie<br />

sur eux.<br />

Les disciplinés ont le geste mesuré, le pas ferme,<br />

la vue perçante, la mémoire sûre, la parole nette,<br />

le silence sage.<br />

Le génie, discipliné''- est conslructif ; indiscipliné,<br />

il est destructif.<br />

Par la discipline, celui qui est malade guérit.,<br />

et celui qui est bien portant conserve la santé.<br />

Les disciplinés ignorent l'apitoiement sur euxmêmes,<br />

la rancune; l'injure, l'oubli glissent<br />

sur eux.<br />

La politesse n'est qu'une discipline. Les indisciplinés<br />

sont grossiers, inesthétiques, déplaisants.<br />

La discipline, c'est la civilisation. C'est assez<br />

dire que l'indiscipline fait les barbares.<br />

C'est la discipline qui bâtit les villes, construit<br />

les chemins de fer, lance les flottes. Les<br />

sauvages vivent en bêtes féroces, parce qu'ils<br />

ignorent la discipline.<br />

De la discipline vient toute beauté, celle du<br />

visage et celle de l'âme.<br />

Les disciplinés tirent le meilleur de toute chose,<br />

car'ils aiment sans convoitise, boivent sans ivrognerie,<br />

mangent sans gloutonnerie, prient sans<br />

excès, travaillent sans impatience, s'enrichissent<br />

sans avidité, et dépensent sans blesser.<br />

Les disciplinés sont des pur-sang. La victoire<br />

leur appartient, et c'est pour eux qu'il est écrit :<br />

" A celui qui vaincra, je donnerai à manger la<br />

manne cachée, et je lui donnerai /'étoile du matin."<br />

J E mot pessimisme est le synonyme flatteur<br />

de lâcheté, vulgarité, insuccès, pitié de soimême.<br />

Tous les pessimistes sont des lâches, et dans<br />

ce royaume où la lâcheté est fatale, dans les<br />

régions du monde spirituel et moral. Ils ont peur<br />

d'être bons, car"on pourrait ne pas les remercier ;<br />

peur de la vertu, à cause de l'effort que sa recherche<br />

comporte; peur de la justice, du chagrin<br />

et de la mort, qui sont les sommets anoblissants<br />

de la vie terrestre.<br />

Ils sont vulgaires, car un des traits invariables<br />

de la vulgarité d'esprit est de blâmer plutôt que<br />

de louer.<br />

Ils sont victimes de la plus répugnante maladie<br />

de l'âme : la pitié de soi-même, cependant qu ils<br />

affectent une incommensurable supériorité sur<br />

ce monde qui méconnaît leur grandeur.<br />

Ce sont des égoïstes qui sont à eux-mêmes leur<br />

propre idéal, incapables qu'ils sont de se pro,'ioser<br />

un modèle au-dessus et en dehors d'eux.<br />

Ce sont des ratés, car les pessimistes sont<br />

ceux qui sont restés en chemin, le courage leur<br />

manquant pour les grands combats, pour les victoires<br />

qui se gagnent à force de puissance et de<br />

persévérance. " FRANK CRANE.<br />

LA SEMAINE PROCHAINE<br />

LUNDI 3 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil ; 7 h. 26 - coucher : 15 h. 55.<br />

Lever de la lune : 1 h. 7 - coucher : 13 h. 32.<br />

Le jour décroît de 2 m. te matin.<br />

Saint FRANÇOIS XAVIER<br />

337 e jour de l'année + 28 jours<br />

MARDI 4 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil : 7 h. 27 - coucher : 15 h. 54.<br />

Lever de la lune : 2 h. 22 - coucher : 14 h. 3.<br />

Le jour décroît de l m. le matin.<br />

Sainte BARBE<br />

338 e jour de 1 année -j- 27 jours<br />

MERCREDI 5 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil : 7 h. 28 - coucher : 15 h. 54.<br />

Lever de la lune : 3 h. 39 - coucher : 14 h. 36.<br />

Le jour-décroît de 1 m. le matin.<br />

Saint SABAS<br />

339 e jour de l'année + 26 jours<br />

JEUDI 6 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil : 7 h. 29 - coucher : 15 h. 53.<br />

Lever de la lune : 4 h. 58 - coucher : 15 h. 13.<br />

Le jour décroît de I m. le matin,<br />

Saint NICOLAS<br />

340 e jour de l'année + 25 jours<br />

A 20 h. 45,. au Ring de Paris, combat de<br />

boxe : Vinez contre Debève<br />

A 13 h,, séance publique annuelle de l'Académie<br />

française.<br />

VENDREDI 7 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil : 7 h. 31 - coucher : 15 h. 53.<br />

Lever de la lune : 6 h. 16 - coucher : 15 h. 57.<br />

Le /our décroît de 2 m. le matin.<br />

Saint AlVIBROISE<br />

341 e jour de l'année + 24 jours<br />

Attribution du prix annuel de l'Académie<br />

Goncourt:<br />

En accord avec la fédération belge de boxe,<br />

à Bruxelles, match entre Habets et Germain<br />

pour le iilre de champion de Belgique des poids<br />

légers.<br />

SAMEDI 8 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil : 7 h. 32 - coucher : 15 h. 53.<br />

Lever de la lune : 7 h. 30 - coucher : 16 h. 49.<br />

Le jour décroit de 1 m. le matin, .<br />

IMMACULÉE CONCEPTION<br />

342 e îour de l'année + 23 jours<br />

A 15 h., à la Sortonne. sous la présidence<br />

de M. Poincare, remise solennelle des grandes<br />

médailles d'or de l'Expansion commerciale el<br />

du commerce extérieur.<br />

A Magic City, bal costumé des sports d'hiver.<br />

A Palis, au sporting-club de France, gala<br />

de natation.<br />

DIMANCHE 9 DÉCEMBRE<br />

Lever du soleil : 7 h. 33 - coucher : 15 h. 53.<br />

Lever de la lune : 8 h. 36 - coucher : 17 h. 48.<br />

Le jour décroît de 1 m. le matin.<br />

Sainte LÉOCADIE<br />

343 e jour de l'année + 22 jours<br />

A Pau, rugby, match de sélection.<br />

SOYONS AU COURANT...<br />

... du nouveau code de la T. S. F.<br />

E sous-secrétaire d'Etat aux Postes et<br />

L Télégraphes a soumis à la signature présidentielle<br />

un décret réglementant la T. S. F.<br />

en France.<br />

A ceux que seule la réception des ondes<br />

intéresse, apprenons que le nouveau régime<br />

est extrêmement favorable. La taxe de 10 francs<br />

que le fisc exigeait d'eux, mais que des jugements<br />

de simple police avaient déclarée illégale,<br />

est bien et définitivement supprimée. Les<br />

amateurs souscriront une simple déclaration,<br />

reçue sans formalités et sans frais par les bureaux<br />

de poste.<br />

Il est à espérer que cette attitude de l'Etat.*,<br />

prise pour favoriser le développement en<br />

France de la T. S. F., dictera leur devoir aux<br />

municipalités, qui déjà rêvaient de trouver des<br />

ressources en frappant d'un impôt les postes<br />

les plus modestes de réception. Déjà un projet<br />

de taxe soumis au Conseil municipal de Paris<br />

a été abandonné par son auteur.<br />

Tous les usagers de la radiophonie vont donc<br />

pouvoir prendre l'écoute sans se cacher et avec<br />

une conscience... bien en règle avec le fisc.<br />

... d'une importante découverte dans<br />

la construction automobile<br />

ARMI tous les problèmes qui entourent la<br />

P construction de l'automobile moderne,<br />

il en est un qui a particulièrement attiré l'attention<br />

des spécialistes durant ces dernières années.<br />

Celui du moteur à huiles lourdes. Les moteurs<br />

à essence minérale ou alcool, employés jusqu'ici,<br />

avaient le grave défaut de nous rendre tributaires<br />

de l'étranger. Si le principe du moteur à<br />

huile lourde était déjà trouvé, aucune mise au<br />

point n'avait encore paru satisfaisante. Or,<br />

voici que nous vient d'Italie un nouveau moteur<br />

à huile lourde parfaitement achevé et qui<br />

a donné les meilleurs résultats. Il fonctionne<br />

d'après le cycle à quatre temps déterminé par<br />

Beau de Rochas. Ses dimensions et son poids<br />

lui permettent d'entrer dans la construction<br />

des automobiles de tous genres. Sa consommation<br />

exclusive d'huiles lourdes (mazout, huiles<br />

coloniales, de palme, d'arachide, de ricin, etc.)<br />

permettra une économie appréciable. Qu'on<br />

en juge : la consommation moyenne est de<br />

250 grammes d'huiles lourdes par chevalheure.<br />

On peut dire que ces huiles, droits de<br />

douane compris, reviennent à 32 francs les<br />

100 kilos, soit environ 9 centimes par chevalheure.<br />

Or, les moteurs à essence emploient,<br />

pour le même temps, une quantité courante de<br />

300 grammes, soit 0 fr. 70 par cheval-heure.<br />

... d'une reprise pittoresque au théâtre<br />

LE théâtre Sarah-Bernhardt vient de<br />

reprendre la Dame aux Camélias. l'immortel<br />

chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas fils.<br />

Rien de plus simplement-humain ni dé plus<br />

pathétique que cette pièce, qui s'adresse aux<br />

seuls sentiments du spectateur et sait les<br />

émouvoir terriblement. Mais en raison même<br />

de ce que l'œuvre tient à toutes les époques<br />

par sa profonde humanité, elle se jouait facilement<br />

dans un cadre et avec des costumes<br />

modernes, même du temps de l'inoubliable<br />

Sarah Bernhardt, qui fit la plus belle et durable<br />

création du rôle de Marguerite Gauthier. Or,<br />

voici que, pour revenir à une plus saine tradition,<br />

on s'est, cette fois, soucié de jouer la Dame<br />

aux Camélias dans son vrai cadre, celui du<br />

second Empire. Ainsi les meubles, les costumes,<br />

les gestes même de ce temps se trouvent<br />

fidèlement reconstitués. C'est là une initiative<br />

heureuse, car si 1 on peut dire, ce qui est exact,<br />

que l'œuvre de Dumas n'a point vieilli, la<br />

façon de traduire les sentiments humains qui<br />

l'emplissent, a certainement varié depuis le<br />

second Empire.<br />

... du calendrier des permissions agricoles<br />

L ES dates auxquelles les militaires en activité<br />

de service pourront obtenir des permissions<br />

agricoles dans le cours de l'année prochaine<br />

viennent d'être fixées comme il suit ;<br />

Taille de la vigne, du 15 lévrier au 15 avril.<br />

Semailles de printemps, du 15 février au 15 mai.<br />

Binages, sarclages, du 1 er mai au l CT juin.<br />

Traitements anticryptogamiques, du 15 juin<br />

au 30 juillet. Fenaison, du I KI juin au 15 août.<br />

Moisson, du 10 juillet au 20 août. Vendanges,<br />

du 25 septembre au l Br novembre. Arrachage<br />

des tubercules, semailles d automne, du 15<br />

septembre au 15 novembre.


1111,11 EXCELSIOR-DIMANCHE iiiiiiuiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiMiiiii^iiiin 4 ■■itiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiuiiiii- LE 2 DÉCEMBRE 1923 «mnum<br />

LA SEMAINE QUI VIENT DE S'ÉCOULER<br />

48 e Semaine de l'Année — Reste à courir 4 semaines<br />

EN ALLEMAGNE<br />

LA CRISE GOUVERNEMENTALE<br />

EST DIFFICILE A RÉSOUDRE<br />

On s'arrête à un cabinet<br />

Marx, leader centriste.<br />

L<br />

E Dr Albert, qui avait accepté de former le<br />

nouveau cabinet, a dû y renoncer devant<br />

les difficultés suscitées par les partis<br />

politiques.<br />

Après les successifs refus de MM. Albert<br />

et Stegerwald, on s'est orienté vers un cabinet<br />

Marx. Le leader centriste serait soutenu par<br />

les groupes qui défendaient le cabinet Stresemann,<br />

mais aurait l'avantage de connaître la<br />

neutralité bienveillante des socialistes.<br />

La décision prise de former rapidement un<br />

cabinet de fortune a été provoquée par une<br />

lettre du Dr Luther, ministre des Finances du<br />

cabinet Stresemann, et resté en fonction,<br />

lettre qui exposait au président Ebert que<br />

l'incertitude actuelle est intolérable, que des<br />

décisions d'ordre financier les plus graves<br />

doivent être prises dans un délai de quelques<br />

heures seulement et il ne saurait, seul, assumer<br />

une telle responsabilité.<br />

Le nouveau ministère est ainsi composé :<br />

Chancelier : M. Marx (centre) ;<br />

Vice-chancelier et intérieur : M. Jarres ;<br />

Affaires étrangères : M. Stresemann ;<br />

» Reichswehr : M. Gessler ;<br />

Travail : M. Brauns ;<br />

Finances : M. Luther ;<br />

Postes et ministère des territoires occupés<br />

par intérim : M. Hcerfle (centre).<br />

M. Wiihelm Marx est né le 15 janvier 1863<br />

à Cologne, où il fit ses études secondaires. Il<br />

occupa différents postes dans la magistrature,<br />

notamment à Elberfeld, à Cologne et à Dusseldorf.<br />

En 1899, il était élu membre de la<br />

Chambre prussienne. En 1911, il se voyait<br />

confier la direction de l'organisation scolaire<br />

catholique. Après la révolution, il fut élu<br />

membre de la Constituante du Reich et de<br />

l'Assemblée constituante prussienne, puis fit<br />

partie des différentes législatures du Reichstag.<br />

Les armements clandestins allemands<br />

inquiètent l'Angleterre<br />

Une note Reuter publiée par les journaux<br />

anglais déclare que, dans les milieux bien<br />

informés, en ne commet pas l'erreur de croire<br />

que l'Allemagne s'est conformée aux clauses<br />

du traité de Versailles relatives au désarmement<br />

et que les informations reçues de diverses<br />

parties du Reich attestent, au contraire, qu'à cet<br />

égard le traité est manifestement violé. On<br />

aurait ainsi acquis la certitude qu'un nombre<br />

d'hommes excédant grandement les effectifs<br />

prévus par le traité ont été soumis à l'entraînement<br />

militaire et que ce nombre s'est accru<br />

dans de fortes proportions depuis que le<br />

contrôle allié a cessé. Cette constatation est<br />

surtout flagrante en Bavière, où la police a<br />

participé à des manœuvres militaires effectuées<br />

en coopération avec l'armée. Les étudiants sont<br />

soumis à un entraînement militaire intensif.<br />

La note rappelle encore quelques faits précis,<br />

révélateurs du dessein allemand d'éluder les<br />

obligations du traité à l'égard du désarmement ;<br />

son refus maintenu depuis cinq ans de révéler<br />

ses établissements d'armement à la date de<br />

l'armistice, son refus persistant de présenter<br />

ses états d'effectifs, son refus de répondre à la<br />

note alliée lui signalant que les clauses de désarmement<br />

du traité n'étaient pas respectées, le<br />

fait que, même au moment où fonctionnait la<br />

commission de contrôle allié, l'armée allemande<br />

se composait de 50 % de sous-officiers.<br />

Elle se termine ainsi :<br />

Il n y a aucune raison de supposer que,<br />

depuis que le contrôle a été suspendu, la situation<br />

se soit améliorée. Tout au contraire. Les<br />

informations les plus récentes prouvent que le<br />

nombre d'hommes soumis à la préparation<br />

militaire s'élève de plus en plus et que la<br />

police., les sociétés militaires, les associations<br />

régimentaires et les organisations d'étudiants<br />

sont plus actives que jamais. "<br />

L'émotion soulevée par la note<br />

provoque des explications<br />

L'agence Reuter, dans une nouvelle note,<br />

annonce que c'est à la suite.de demandes de<br />

renseignements concernant des informations<br />

télégraphiées de Berlin et de Paris, attribuant<br />

certaines déclarations au général Bingham,<br />

qu'elle a publié hier sa note au sujet du désarmement<br />

de l'Allemagne.<br />

Les informations contenues dans cette note,<br />

bien qu'étant de source autorisée, ne sont nullement<br />

officielles. Elles n'émanent pas non<br />

plus d'une source française quelconque.-<br />

LA RÉFORME ÉLECTORALE<br />

LES PROPORTIONNALITES<br />

OBTIENNENT LA MAJORITÉ<br />

JEUDI, s'est engagée au Palais-Bourbon la<br />

première grande discussion sur la réforme<br />

électorale. Elle a amené à la tribune le<br />

président du Conseil et M. Briand.<br />

M. Raymond Poincaré avait déclaré que ni<br />

le scrutin d'arrondissement, ni le scrutin de<br />

liste ne correspondaient à l'idée de justice.<br />

Ils peuvent amener l'écrasement des minorités.<br />

Seule, la proportionnelle peut assurer une<br />

exacte représentation du pays.<br />

On nous menace, ajoute M. Poincaré, de<br />

divisions dans les listes si on supprime la prime<br />

à la majorité. L'exemple de 1919, où les élections<br />

se sont faites dans le tiers des départements<br />

sans le jeu de la prime, prouve le contraire.<br />

Ce qu'il s'agit de savoir, c'est si, dans les<br />

Chambres futures, le pays sera exactement<br />

représenté (applaudissements), si les lois républicaines<br />

et si les intérêts de la France seront<br />

respectés. Il ne s'agit que de fournir au pays<br />

le moyen de se prononcer librement. On peut<br />

compter sur lui pour bien user de l'instrument<br />

qu'on lui confiera.<br />

M. Briand exposa les raisons qui le faisaient<br />

rester fidèle au régime électoral dé 1919.<br />

Après pointage, l'amendement de M. Israël<br />

— c'est-à-dire le maintien de la prime — fut<br />

repoussé par 281 voix contre 280, à une voix<br />

de majorité.<br />

r<br />

LES EXPÉRIENCES DE T. S. F.<br />

A TRAVERS L'ATLANTIQUE<br />

Mercredi matin, à trois heures, la Société<br />

du broadeasting britannique a poursuivi les<br />

expériences de transmission par 1. S. F,<br />

avec l'Amérique par l'émission d'un message<br />

de compliments du sénateur Marconi aux<br />

directeurs de journaux américains.<br />

Parlant au nom des ingénieurs électriciens<br />

du RoyaùTfie-Uni, spécialistes de T. S. F.,<br />

M. Marconi a félicité les ingénieurs américains<br />

du succès d'une transmission effectuée mardi<br />

et qui fit lancer un message à une distance de<br />

3.000 milles avec une dépense d'un kilowatt.<br />

L'AFFAIRE DE CORRUPTION<br />

DE FONCTIONNAIRES<br />

Dans l'affaire de corruption de fonctionnaires,<br />

le jury a déclaré coupables, en leur<br />

accordant les circonstances atténuantes, l'employé<br />

du parquet Louis Gervaise, l'inspecteur<br />

Alfred Cresson et le boucher Marchi.<br />

Les dix autres accusés, l'inspecteur principal<br />

Louis Debout, le boucher Beaupin, les<br />

marchands de vins Dupont, Marragonis,<br />

Rouques, le limonadier Vidal, les cafetiers<br />

Turlan, Philippen, Condourei, et le marchand<br />

de beurre Christmann ont été acquittés.<br />

La cour d'assises a condamné Marchi à<br />

cinq ans de prison, Gervaise à quatre ans de<br />

prison, Cresson à trois ans de prison. Une<br />

amende de 500 francs a été infligée aux trois<br />

condamnés, auxquels le bénéfice du sursis a<br />

été accordé.<br />

UN DRAME A RIOM<br />

. En gare de Riom, jeudi soir, à l'arrivée du<br />

train de Gannat, un marchand grainetier de<br />

Riom, M. Jean-Baptiste Jabot, trente ans, a<br />

tué d'un coup de revolver son beau-père,<br />

M; Liabœuf.<br />

M. Jabot avait intenté une action en divorce<br />

contre sa femme qui, depuis quelques jours,<br />

s'était réfugiée chez ses parents, à Martressur-Orge.<br />

Jeudi matin, prenant les nom et<br />

qualités de l'avoué de sa femme, il téléphona<br />

à celle-ci d'avoir à se présenter le jour même,<br />

à 2 heures, à son cabinet.<br />

Lorsque arriva le train venant de Martres,<br />

le marchand se trouvait sur le quai. Apercevant<br />

sa femme, il se précipita sur elle et, à<br />

quatre pas, tira un coup de revolver. M me Jabot<br />

ne fut pas atteinte. M. Liabœuf, qui accompagnait<br />

sa fille, se jeta sur son gendre, par derrière<br />

et le saisit aux épaules pour le maîtriser.<br />

M. Jabot, levant le bras, tira un nouveau coup<br />

de revolver par-dessus son épaule. Son beaupère,<br />

atteint à l'œil, s'écroula foudroyé.<br />

Le meurtrier fut désarmé par le colonel<br />

de Bouchomy, commandant le 105 e d'infanterie,<br />

qui se trouvait sur le quai, et remis par<br />

lui aux gendarmes. Détail navrant : M. Jabot<br />

avait emmené à la gare son fils, âgé de sept ans;<br />

le pauvre enfant assista, ~ terrifié, à la mort de<br />

son grand-père.<br />

DANS LES PAYS OCCUPÉS^<br />

LES INDUSTRIELS SIGNENT<br />

LES ACCORDS DÉFINITIFS<br />

La " Badische Anilin " se<br />

soumet au contrôle interallié.<br />

E comité directeur des licences a signé<br />

avec les représentants de la Badische<br />

L Anilin und Soda Fabrik un arrangement<br />

provisoire au sujet des engrais azotés.<br />

Il a également négocié, à la demande des<br />

autorités anglaises, un accord avec les représentants<br />

de l'industrie à Solingen.<br />

Cette industrie, qui occupe 40.000 ouvriers,<br />

est située entièrement en territoire occupé par<br />

les troupes britanniques.<br />

Ces arrangements ont été établis dans les<br />

mêmes conditions que ceux qui ont été passés<br />

avec d'autres groupements industriels.<br />

La Belgique prend des sanctions<br />

Le gouvernement allemand n'ayant pas<br />

satisfait à l'ultimatum qui lui avait été adressé<br />

d'avoir à verser, le 25 novembré au plus<br />

tard, une somme de 1.250.000 francs à titre<br />

d'amende pour l'assassinat du lieutenant Graff<br />

et de dommages et intérêts pour la famille<br />

de la victime, le gouvernement belge a fait<br />

procéder, lundi matin, à Duisbourg-Hamborn,<br />

où l'assassinat même avait été perpétré, à la<br />

saisie du matériel roulant appartenant au gouvernement<br />

allemand et prêt à être livré à<br />

celui-ci par les usines de la ville.<br />

L'embargo a été mis sur la totalité des<br />

wagons et fourgons par un représentant du<br />

gouvernement belge. Le matériel saisi sera<br />

liquidé jusqu'à concurrence de la somme préindiquée.<br />

Un incident sanglant<br />

Un incident sanglant rient de se produire<br />

à Duren entre séparatistes et antiséparatistes.<br />

Ceux-ci se portèrent à l'assaut du poste où<br />

lés séparatistes s'étaient établis. Au cours<br />

de la bataille, trois séparatistes furent tués et<br />

onze sérieusement blessés, mais leurs camarades<br />

repoussèrent l'attaque de leurs adversaires<br />

et ils restèrent dans les bâtiments qu'ils<br />

occupaient.<br />

Les troupes françaises ne sont pas intervenues,<br />

car l'ordre s'est rétabli rapidement.<br />

Une " monnaie d'attente "<br />

On annonce que les représentants des municipalités<br />

de quatre grandes villes de la Ruhr :<br />

Dusseldorf, Bochum, Essen, Dortmund, font<br />

le projet, d'accord avec les grands industriels,<br />

d'émettre une monnaie provisoire, qui permettrait<br />

d'attendre les nouvelles coupures de<br />

la Banque rhénane d'émission.<br />

" 11 s'agirait de remplacer par des billets<br />

nouveaux la monnaie de secours (Notgeld)<br />

qu'ont émise les grandes villes ci-dessus.<br />

Cette solution permettrait au public d'utiliser<br />

dans un rayon assez vaste un papier ayant une<br />

■valeur au moins égale à celui qui circule actuellement.<br />

Il s'agirait donc d'une monnaie<br />

d'attente, dont la valeur serait prolongée de<br />

mois en mois selon les besoins de la population.<br />

Le séparatisme rhénan<br />

De graves discussions se sont produites entre<br />

MM. Dorten et Matthes, les chefs du mouvement<br />

séparatiste rhénan. Un ultimatum ayant<br />

été remis à M. Matthes lui enjoignant de<br />

rejoindre son poste à Bonn dans les vingt-quatre<br />

heures, M. Matthes répondit en dissolvant le<br />

gouvernement de Coblence et en informant<br />

M. Tirard, haut-commissaire des territoires<br />

rhénans, de la décision prise. Puis il partit pour<br />

Dusseldorf.<br />

UNE AFFAIRE D'ESCROQUERIES<br />

AUX DOMMAGES DE GUERRE<br />

On a découvert, à Lille, une grave affaire<br />

d'escroqueries aux dommages de guerre, dans<br />

laquelle sont compromis deux avocats, un<br />

architecte et un greffier de commission cantonale.<br />

Les faits relevés contre ces quatre personnes<br />

seraient très graves et les mettraient<br />

sous le coup d'une inculpation d'escroquerie<br />

aux dommages de guerre.<br />

Les prévenus auraient opéré de la façon<br />

suivante : après l'évaluation par la commission<br />

cantonale des dommages des sinistrés, les<br />

chiffres auraient-été raturés et majorés, et la<br />

différence partagée entre le bénéficiaire et les<br />

couj.ables.<br />

M. Willefert, architecte, a été arrêté.<br />

MEMENTO<br />

POLITIQUE<br />

27 novembre. — La Commission de législation<br />

civile de la Chambre rejette le texte adopté par le<br />

Sénat pour la loi sur les loyers et maintient son texte,<br />

qui fut adopté par la Chambre et qui comportait une<br />

augmentation de<br />

— M. Ratier. sénateur de l'Indre, ancien garde des<br />

Sceaux, est nommé président du parti républicain<br />

démocratique et social en remplacement de M Jonnart.<br />

28 novembre. — La Chambre vote, sans débat, le<br />

projet de loi qui autorise la Ville de Paris '.' à contracter<br />

un emprunt de 300 millions de francs en vue de la<br />

construction d'habitations à bon marché ".<br />

DEUILS<br />

26 novembre. — On apprend la mort du général<br />

Malleterre, commandant des Invalides, amputé d'une<br />

jambe en 1914, au début de la guerre.<br />

ÉTRANGER<br />

28 novembre. — Les souverains espagnols et le général<br />

Primo de Rivera quittent l'Italie à bord du cuirassé<br />

Jatme-I'"<br />

29 novembre. — A Anvers, un train heurte un butoir :<br />

42 voyageurs sont plus ou moins grièvement blessés.<br />

■ —A Rome, 200 fascistes saccagent l'habitation<br />

de M. Nitti, ancien président du Conseil On attribuait<br />

à M Nitti l'intention d'intervenir au sujet de la prorogation<br />

des pleins pouvoirs de M. Mussolini<br />

CÉRÉMONIES<br />

25 novembre. — On ramène à Paris les débris de l'avion<br />

que montait Garros lorsqu'il se tua. Ils sont amenés<br />

sous l'Arc de Triomphe et envoyés à Chalais-Meudon.<br />

— Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne,<br />

l'Amicale de la Préfecture de police fête le 40 e anniversaire<br />

de sa fondation M. Millerand présida la cérémonie.<br />

— M. Millerand inaugure le monument aux morts<br />

de la Faculté des Sciences.<br />

28 novembre. — L American Club de Paris célèbre,<br />

au Palais d'Orsay, le " Thanksgiving day ', sous la<br />

présidence du cardinal Dubois, archevêque de Paris, et<br />

de M. Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-Unis.<br />

NOS HOTES<br />

25 novembre. — Le shah de Perse Ahmed Kadjar<br />

arrive à Paris.<br />

LETTRES<br />

28 novembre. — M. Victor Giraud, secrétaire de<br />

rédaction de la Revue des Deux.Mondes, obtient le prix<br />

Lasserre pour l'ensemble de son œuvre d'historien.<br />

FAITS DIVERS<br />

25 novembre. — Une bijouterie, 2 bis, rue Blanche,<br />

est cambriolée. On découvre que les voleurs ont soulevé<br />

le rideau de fer et pris, dans un coffre-fort, pour 300.000<br />

francs de bijoux et de valeurs.<br />

— A Boulogne-sur-Scine, une. bouteille d'air liquide<br />

explose dans les dépendances de l'usine de l'Air liquide.<br />

Trois ouvriers sont tués, deux autres blessés.<br />

— Marcelle Bcssombes, habitant Saint-Ouen,<br />

est élue " fée " de la mode parisienne.<br />

— On trouve dans le lac de Saint-Mandé tout un<br />

attirail de faux-monnajeurs<br />

27 novembre. — Des bandits masqués tentent de<br />

cambrioler la villa du Syndic des agents de change de<br />

Marseille Un des malfaiteurs, blessé par le jardinier,<br />

dénonce ses complices qui sont arrêtés<br />

— Trois pickpockets sont arrêtés place du Palais-<br />

Royal au moment où l'un d'eux subtilisait avec dextérité<br />

le portefeuille d'un passant. Ils se disent sujets hongrois.<br />

— On arrête dans un hôtel de la rue Blanche un<br />

industriel belge, Antoine Cockuyte, soixante-cinq ans,<br />

qu: était parti en enlevant à ses commanditaires I million<br />

300.000 francs. On a retrouvé dans une malle lui<br />

appartenant pour 800.009 francs de valeurs.<br />

29 novembre — La persistance des pluies provoque<br />

une crue sérieuse de la Saône, qui déborde à Chalon-sur-<br />

Saône et dans les environs.<br />

— Le préfet de la Seine demande que le prix du<br />

mètre cube de gaz reste fixé, pour 1924, à 0 (r. 55.<br />

TRIBUNAUX<br />

27 novembre. — Midol comparaît devant !e tribunal<br />

correctionnel d'Avignon. Le jugement sera rendu à<br />

huitaine<br />

SPORTS<br />

29 novembre. — Au ring de Paris, le boxeur Malberti<br />

bat son compatriote Laurenti en quatre rounds.<br />

— L'hélicoptère Pescara tient l'air pendant 5'44" et<br />

franchit 350 mètres en ligne droite.<br />

LOIS ET DÉCRETS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL<br />

PARUS A L'OFFICIEL<br />

29 novembre. — Arrêté fixant un nouvel équivalent<br />

du jranc or pour l'établissement des taxes télégraphiques<br />

et téléphoniques internationales.<br />

30 novembre — Décret portant fixation de* taxes<br />

d affranchissement el d'assurances à percevoir pour<br />

les colis postaux expédiés de la France continentale, de là<br />

Corse, de l'Algérie et du bureau jiançais de Tanger à destination<br />

de divers pays étrmgers.


mniiiii LE 2 DÉCEMBRE 1S23 iiïiiuiiii«iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiimiiiii numiiHiiHiwiHnirairtiiiiniHiiiiii 5 iimii IMIIIIIII 11 iiniiiiimiiiniiiiiini i UIIIIIIM iiiii'niiii EXCELSIOR-DIMANCHE<br />

LES ROMANS DE LA VIE<br />

NOTRE-DAME DE THERMIDOR<br />

AR suite de quels avatars Thérézia de<br />

Cabarrus fut-elle mise en rapport<br />

avec Tallien, dont elle fut la compagne<br />

avant de devenir la femme,<br />

pour épouser, après divorce, le prince<br />

de Caraman-Chimay, d'une des plus<br />

nobles familles de Belgique, c'est ce qu'il nous<br />

faut conter brièvement, afin d'insister davantage<br />

sur le rôle public qu'elle joua durant la tourmente<br />

révolutionnaire.<br />

La famille de Jeanne-Marie-lgnace-Thérézia<br />

de Cabarrus. bien que celle-ci ait vu<br />

le jour à Madrid, était essentiellement française.<br />

M. de Cabarrus était né à Bayonne et<br />

descendait d'un de ces conquistadores qui<br />

sillonnèrent les mers, remplissant l'Ancien et<br />

le Nouveau Monde du bruit dè leurs exploits.<br />

Quant à sa mère, elle s'appelait tout prosaïquement<br />

Marie-A.ntoinette Galabert; et n'était<br />

devenue M me de Cabarrus qu'après avoir été<br />

liée longuement avec celui qui devait devenir<br />

son mari.<br />

Sous prétexte de compléter une éducation<br />

très imparfaite, du reste, le père Cabarrus fit<br />

partir la jeune Thérézia pour Paris, où sa<br />

beauté fit tout de suite sensation. Après<br />

quelques passionnettes sans importance,<br />

notamment avec le fils d'un richissime fermiergénéral,<br />

M. de Laborde, Thérézia épousait,<br />

un peu par dépit, a-t-on prétendu, - un<br />

M. 'de Fontenay, " petit, roux, issu d'une<br />

famille si humble que le Parlement avait fait<br />

longtempsdimcultéderaccepter".Jean-Jacques<br />

Devin de Fontenay était, en réalité, conseiller<br />

du roi en son Parlement ; il avait vingt-six ans,<br />

la'jeune épouse ne comptait que quinze printemps.<br />

Mariage après tout sortable, sans trop<br />

grande disproportion d'âge, comme d'aucuns<br />

l'ont voulu faire entendre, ni de situation, car<br />

M. de Fontenay, bien que pourvu de la<br />

particule nobiliaire, comptait, parmi ses ascendants,<br />

un " marchand épicier " et un " marchand<br />

drapier '.<br />

Mais M. de Fontenay apportait en dot prè3<br />

d'un million de francs, surtout représenté<br />

par des immeubles, et son titre de marquis, ce<br />

qui n'était pas pour déplaire à celle qui avait<br />

consenti, sans trop de répugnance, quoi qu on<br />

ait écrit, à s'unir à lui.<br />

Quant à elle, outre sa jeunesse et sa beauté,<br />

elle n'était pas tout à fait sans fortune. Son<br />

avoir comprenait, au moins, " quatre maisons<br />

aux Champs-Elysées, rue des Gourdes, plus<br />

tard rue des Blanchisseuses, et rue Marbeuf,<br />

depuis 1829, n° 1, au coin de l'allée des Veuves,<br />

aujourd'hui avenue Montaigne, n os 6 et 8;<br />

une autre, mentionnée dans les Petites Affiches<br />

du 4 novembre 1807, sans numéro ; plus une<br />

maison à Passy, mentionnée dans les Petites<br />

Affiches du 20 mai 1842, rue Bizet, n° 62 ".<br />

La nature s'était montrée pour Thérézia<br />

prodigue de ses dons. Grande et svelte, elle<br />

était " souple comme un jonc " ; de très beaux<br />

yeux, des sourcils bien arqués, un regard fascinateur<br />

et une bouche non moins prometteuse<br />

que le regard ; des cheveux noirs et brillants,<br />

' absolument de la soie noire ", selon l'expression<br />

de quelqu'un qui l'approcha, et ce<br />

quelqu'un était une femme ! Joignez à cela de<br />

belles épaules, des bras admirablement modelés,<br />

une giâce dans les manières qui doublait ses<br />

charmes ; et convenez que nulle n'incarna<br />

mieux la séduction que cette enchanteresse.<br />

Il naquit de cette union, en apparence peu<br />

troublée, un enfant, un fils, qui devait mourir<br />

prématurément, âgé de vingt-six ans, " lieutenant-colonel<br />

et officier de lâLégiond'honneur".<br />

Dès qu'elle fut relevée de couches,<br />

M me de Fontenay, sacrifiant à la mode du<br />

temps, se rendit chez M me Lebrun, le peintre<br />

célèbre dont l'atelier était situé rue Saint-<br />

Honoré, afin qu'elle fixât sur la toile ses beaux<br />

traits, sa rieuse physionomie. Elle racontera<br />

plus tard que c'est à cette époque qu'elle se<br />

rencontra, pour la première fois, avec l'homme<br />

qui jouera dans son existence un rôle capital,<br />

le futur proconsul de Bordeaux et président de<br />

la Convention, Tallien, à qui elle allait devoir<br />

sa vie et son renom.<br />

Mais il ne semble pas que M me de Fontenay<br />

l'ait particulièrement remarqué, ce .jourlà,<br />

elle ne devait le retrouver que plusieurs<br />

années après, dans des circonstances autrement<br />

dramatiques.<br />

N était sous le règne de la Terreur ;<br />

o Mm0 de Fontenay et son mari, ne se sentant<br />

pas en sécurité à Paris, avaient demandé<br />

un passeport pour Bordeaux.<br />

Les deux époux, bien qu'en instance de<br />

divorce, qui devait être prononcé _ un mois<br />

plus tard, partirent ensemble ; mais, le jour<br />

même de leur arrivée à Bordeaux, chacun<br />

a r<br />

r CABÂ<br />

Se rappelant les heures terribles qu'elle vécut sous la Terreur,<br />

madame Tallien disait dans une lettre : "Le lendemain c'était<br />

le 9 thermidor, le plus beau jour de ma vie, puisque c'est un<br />

peu par ma petite main que la guillotine a été Renversée. "<br />

Elle ne se vantait pas, celle par qui les destinées de la France<br />

furent changées, par qui le sort de Robespierre se décida, ce qui<br />

devait lui Valoir ce surnom de Notre-Dame de Thermidor, que la<br />

postérité a recueilli et qui nous Vaut cette étude du D r Cabanes.<br />

allait de son côté : M. de Fontenay s'embarquait<br />

seul pour la Martinique, tandis que<br />

Thérézia et son fils fixaient leur résidence dans<br />

la capitale de la Guyenne.<br />

A cette époque, Tallien est à Bordeaux, où<br />

il a été envoyé pour organiser le mouvement<br />

révolutionnaire. Il a fait du chemin, l'apprenti<br />

typographe, depuis son entrevue fortuite avec<br />

M"' c de Fontenay. Envoyé, par le département<br />

de Seine-et-Oise, à la Convention, il a voté la<br />

mort du roi, sans sursis " afin de ne pas prolonger<br />

les angoisses du condamné ". Nommé<br />

membre du Comité de Salut public, il a pris<br />

une part des plus actives aux débats auxquels<br />

donnèrent lieu l'échaufTourée du 10 août,<br />

les massacres de septembre, la proscription des<br />

Girondins. Il a rempli ensuite une mission dans<br />

l'Indre-et-Loire, puis en Vendée, avant d'exercer<br />

comme une sorte de proconsulat à Bordeaux.<br />

C'est sur ces entrefaites qu'on arrêtait,<br />

comme suspecte d'anstocratisme, la belle<br />

Thérézia ; pour M ,ne de Fontenay, il n'y avait<br />

d'autre alternative que Tallien ou la mort ;<br />

son choix ne fut pas long à se fixer. Quand<br />

on traverse la tempête, écnra-t-elle plus tard,<br />

J<br />

ratrice qu'elle sut exercer sur les puissants du<br />

jour, les nombreux actes de bonté dont tant<br />

de malheureux lui furent redevables. Que<br />

d'accusés sortirent de leur geôle, grâce à son<br />

entremise ! Mais ces velléités de modérantisme<br />

éveillèrent les susceptibilités des révolutionnaires<br />

, qui s'empressèrent dedénoncer Tallien au<br />

Comité de Salut public. Il lui fallut partir pour<br />

Paris, afin de se justifier devant la Convention.<br />

Une accusation plus grave vint se joindre à<br />

la première. Le rapport de l'envoyé du terrible<br />

Comité laisse assez clairement entendre que<br />

Tallien n'est pas à l'abri de tout soupçon sous<br />

le rapport de la corruption.<br />

"La Fontenay", comme la désigne le peu<br />

galant émissaire de Robespierre, la Fontenay<br />

avait reçu un ordre de passe, 1 autorisant à<br />

quitter Bordeaux pour se rendre à Orléans.<br />

Le 10 mai, elle arrivait à Fontenay-aux-Roses,<br />

où elle avait sa résidence habituelle ; douze<br />

jours après, un mandat d'arrêt était décerné<br />

contre elle.<br />

D'abord enfermée à la Petite-Force, mise au<br />

secret, elle fut ensuite placée dans la même<br />

chambre que huit autres femmes de toutes<br />

TALLIEN ET THÉRÉZIA DE CABARRUS QUI DEVINT SA FEMME<br />

on ne choisit pas toujours sa planche de salut. "<br />

Cette réflexion nous dispense de rechercher<br />

si la jolie prisonnière céda à un entraînement<br />

des sens ou du cœur, ou si elle n'eut le souci<br />

que de sa propre conservation.<br />

La marquise, devenue l'Egérie d'un pourvoyeur<br />

de guillotine, sait rapidement se mettre<br />

dans la peau de son nouveau rôle. On la voit<br />

changer ses manières, son costume, son langage<br />

et les accommoder au goût du jour. " Vêtue en<br />

amazone, la tête couverte d'un chapeau à<br />

panache tricolore, elle débitait, le décadi, à<br />

l'église des Récollets, des homélies patriotiques.<br />

Tantôt elle se promenai», dans de splendides<br />

équipages, en se drapant avec grâce dans les<br />

plis de sa chlamyde grecque ; tantôt elle<br />

paraissait debout sur son char, éblouissante de<br />

jeunesse, une pique à la main, le bonnet rouge<br />

sur la tête ". Entre temps, elle touchait du<br />

piano, pinçait de la harpe ou de la guitare, ou<br />

trempait ses pinceaux dans la boîte de couleurs,<br />

qui voisinait avec son métier à broder et ses<br />

cahiers de musique.<br />

On a fait grief à M me de Fontenay de cette<br />

existence frivole dans un moment où les têtes<br />

tombaient, où la Terreur était à son comble.<br />

Mais on ne doit pas oublier l'action modé-<br />

catégories sociales. Elle montra, paraît-il,<br />

beaucoup de présence d'esprit et même de<br />

gaieté dans ce milieu qui n'était guère fait<br />

pour l'inspirer. S'il faut s'en rapporter à son<br />

propre récit, elle avait été incarcérée- à une<br />

heure après minuit ; les murs dégouttaient<br />

d'humidité, le cachot n'était meublé que de<br />

paille et l'on marchait dans la fange. Elle fut<br />

déshabillée devant huit hommes, pour être<br />

fouillée. On ne lui rendit que sa chemise,<br />

qu'on recouvrit d'une robe de toile grossière<br />

sans manches.<br />

Elle resta vingt-cinq jours dans ce lieu,<br />

" sans recevoir aucun soin de propreté, sans que<br />

sa paille ait été changée... (pas plus que | ses<br />

vêtements) ; sans bas, sans souliers, sans<br />

mouchoir, sans peigne ". Au bout de vingtcinq<br />

jours de détention, elle était " si enflée,<br />

si malade, que, la croyant près de mourir, on<br />

la porta au grand air, dans la cour de la prison.<br />

C'était la première fois qu'elle voyait le jour. "<br />

" Des malheureux enfermés à la Force<br />

eurent pitié d'elle et firent une pétition pour<br />

obtenir la permission de passer une heure par<br />

jour dans une chambre où l'on verrait clair<br />

et dont l'air serait moins corrompu que dans<br />

son cachot, ce oui lui fut accordé. "<br />

Les journées se passaient dans l'angoisse<br />

du lendemain, mais on ne s'abandonnait<br />

point pour cela à la désespérance. Un incident,<br />

tout imprévu, redonna de l'espoir à la prisonnière.<br />

Elle ramassa, certain jour, un cœur de<br />

laitue, qu'on avait jeté à ses pieds au cours<br />

d'une de ses promenades. 11 renfermait un<br />

billet, dans lequel on lui indiquait le moyen<br />

de correspondre avec le dehors. Mais, faute<br />

d'encre, elle traça les caractères de sa missive<br />

avec son propre sang et avec les couleurs<br />

que lui avait procurées le geôlier.<br />

C'est ainsi qu'elle écrivit à Tallien des<br />

billets, suivis presque aussitôt de réponses.<br />

En vain Tallien avait-il essayé de la sauver,<br />

tous ses efforts avaient échoué.<br />

Le matin du 7 thermidor, le geôlier dit à la<br />

citoyenne Cabarrus " qu'elle n'a pas à<br />

prendre la peine de faire son lit pour le soir ;<br />

alors, elle rédige, à l'intention de son protecteur,<br />

le billet fameux que l'on connaît :<br />

" De la Force, le 7 thermidor.<br />

" La citoyenne Fontenay au citoyen Tallien,<br />

rue de la Perle, 17.<br />

" L'administrateur de police sort d'ici ;<br />

il est venu m'annoncer que demain je monterai<br />

au tribunal, c'est-à-dire sur lechafaud. Cela<br />

ressemble bien peu au rêve que j'ai fait cette<br />

nuit : Robespierre n'existait plus et les<br />

prisons étaient ouvertes. Mais, grâce à votre<br />

insigne lâcheté, il ne se trouvera bientôt plus<br />

personne en France capable de le réaliser. "<br />

E billet, si laconique fût-il, était cinglant<br />

C comme un'coup de fouet. Si l'énergie de<br />

Tallien avait fléchi, il était bien fait pour la<br />

réveiller et la stimuler. Le même jour, il<br />

répondait à son adorée: "Soyez aussi prudente<br />

que j'aurai de courage,mais calmez votre tête."<br />

Cette tête, il n'était qu'un moyen de la soustraire<br />

au couperet, c'était de faire tomber<br />

celle de Robespierre.<br />

Afin de sauver la femme qu'il aimait et se<br />

sauver lui-même, Tallien n'avait plus à hésiter :<br />

il lui fallait attaquer de front l'homme qui<br />

avait médité sa perte et le devancer dans cette<br />

œuvre de mort.<br />

Le 8 thermidor se passe sans que les<br />

conjurés aient réussi à se mettre d'accord;<br />

le lendemain, l'anxiété régnait à l'assemblée.<br />

La séance commence, comme d'ordinaire,<br />

par la lecture du procès-verbal de la précédente<br />

séance. Saint-Just monte à la tribune ;<br />

Tallien l'interrompt, en protestant de son<br />

dévouement à la patrie, qui, avec la liberté,<br />

est son objectif. Billaud-Varennes succède à<br />

Tallien et parle verbeusement. Robespierre<br />

demande la parole.<br />

Les cris de : A bas le tyran! retentissent<br />

de tous côtés. C'est alors que se passe l'incident<br />

que l'on connaît : Tallien s'écrie, mélodramatiquement,<br />

avec des gestes appropriés<br />

à la circonstance, qu'il percera lui-même, du<br />

poignard qu il tient à la main, le nouveau<br />

Cromwell qui vient de surgir, si l'Assemblée<br />

n'ose pas le décréter d'accusation. C'est sur<br />

ces mots, qui déchaînent un tumulte indicible,<br />

que la Convention décrète l'arrestation d'Hanriot<br />

et de son état-major, et qu'elle se déclare<br />

en permanence jusqu à ce que le glaive<br />

de la loi ait assuré la Révolution ".<br />

Robespierre veut encore essayer de parler :<br />

les cris, les imprécations fusent de toutes<br />

parts ; la sonnette du président tinte sans<br />

relâche, sans parvenir à couvrir le bruit de<br />

cette bande de forcenés. On entend cependant,<br />

dans le tumulte, une voix s écrier : " Pour la<br />

dernière fois, président d'assassins, je te<br />

demande la parole !... Accorde-la-moi, ou<br />

décrète que tu veux m'assassiner !" "Tu<br />

ne l'auras qu'à ton tour , lui répond Thuriot,<br />

qui a succédé au fauteuil présidentiel à Collot<br />

d'Herbois. Enfin, de guerre las, après un<br />

échange d'interjections plus ou moins déjpourvues<br />

d'aménité, le silence s'établit, le décret<br />

d'arrestation est mis aux voix : Maximilien<br />

Robespierre et son frère Augustin, Saint-Just,<br />

Cou thon, Lebas entendent leur condamnation<br />

; une révolution venait de s'accomplir,<br />

la Terreur avait vécu.<br />

Qu'était devenue, dans ces conjonctures,<br />

la belle Théi^zia ? Sortie de prison le 12 thermidor<br />

(30 juillet 1794). après une détention<br />

qui n'avait pas duré moins de deux mois et<br />

une semaine, elle épousait, cinq mois plus<br />

tard, son sauveur et devenait madame Tallien.<br />

Devenue l'idole de Paris libéré, partout où<br />

elle se montrait, au théâtre, dans la rue, on la<br />

saluait d'acclamations enthousiastes : elle<br />

était, désormais, Notre-Dame dé Thermidor.<br />

D r CABANES.


uiiiiiiii EXCELSIOR-DIMANCHE I,m iiumiiilii mmmmiiimiimimiiim minii iiiiiin 6 «mu mimmiimmiimiimim imiimimimiimmiimm ■■■■miimimmi LE 2 DÉCEMBRE 1923 immiin<br />

LES CONTES D'ACTION<br />

LiEâ YSTÉRÏEUX TUEUR D'AUTRU<br />

OUR tout habitant de la métropole,<br />

le colonial est un monsieur qui a eu<br />

au moins une aventure, et bien<br />

qu'il soit possible de mener dans la<br />

jungle ou la forêt équatoriale une<br />

vie parfaitement bourgeoise, je ne<br />

liens pas personnellement cette opinion pour<br />

erronée, puisque j'ai eu, moi aussi, mon aventure.<br />

11 n'y est point question de cannibales, ni de<br />

oteaux de tortures, pas même de batailles,<br />

'importe ! Elle vaut, je crois, la peine d'être<br />

contée.<br />

Ça avait mal commencé. J'arrivais à Madagascar,<br />

lesté d'un petit capital, plein de santé,<br />

dans l'ardeur de mes vingt-cinq ans, la tête<br />

enfiévrée de tous les rêves d'un conquistador<br />

,\, moins de huit mois après, le prospecteur<br />

inexpérimenté que j'étais en débarquant dans<br />

! a grande île se retrouvait assez désillusionné<br />

sur les rives du fleuve Ikopa, Il m'en coûtait la<br />

moitié de ma petite fortune d apprendre que,<br />

si le sol malgache contient de l'or, ce n'est pas<br />

encore là que les géographes pourront situer<br />

l'Eldorado. .<br />

Il fallait chercher autre chose. J'hésitais entre<br />

la culture et une entreprise de transports,<br />

quand le hasard mit sur ma route un compatriote<br />

intelligent et entreprenant, avec lequel,<br />

dans la suite, je m'associai. Crespel, qui<br />

•connaissait à fond les ressources du pays, parait<br />

dans le Sud-Ouest tenter l'élevage de<br />

autruche. Un long séjour à Tulléar lui avait<br />

•-•ermis de vérifier les résultats encourageants<br />

obtenus en quelques années au parc de cette<br />

ille par l'administration militaire. Et voilà<br />

■ omment, quelques mois plus lard, nous<br />

nous trouvions tous les deux à la tête d'une<br />

t-ntreprise fort audacieuse, mais qui pouvait<br />

conner des bénéfices inespérés.<br />

Oh ! c'était un essai très modeste et qui<br />

n avait rien de commun avec les grandes<br />

installations de la colonie du Cap. Notre<br />

domaine comprenait un simple parc" aménagé<br />

sur une dune, près de Tulléar, et une vaste<br />

case que nous habitions. Comme personnel,,<br />

un seul indigène, plus fidèle que ne le sont<br />

généralement les Hovas et répondant au nom<br />

d'Ikoto. Je me l'étais attaché dès le début de<br />

mon séjour à Madagascar.<br />

Ikoto, chargé de veiller sur les oiseaux,<br />

n'avait pas un travail bien fatigant. Notre parc,<br />

en effet, n'abritait- pour débuter, que trois<br />

couples d'autruches séparés par des palissades.<br />

Agés d'un an et demi, ils provenaient du parc<br />

d'essai de Tulléar et devaient commencer à<br />

pondre quelques mois plus tard. Un hangar<br />

était destiné à recevoir les nids pour abriter<br />

les ceuls de la trop grande chaleur. Nous étions,<br />

certes, encore loin de nous livrer au commerce<br />

rémunérateur des plumes mais tout permettait<br />

de supposer que l'année suivante verrait^courir<br />

dans notre domaine une )ohe famille d autruchons.<br />

Crèspel et moi. nous ne nous lassions pas<br />

d'admirer nos oiseaux. Dès le petit jour, j'étais<br />

au pied du lit de mon ami, laisant grand bruit<br />

pour l'éveiller.<br />

— Pierre, Pierre... tu vas manquer le repas<br />

des animaux.<br />

Il se levait, tout de suite gai et chantant faux,<br />

mais d'une voix claironnante, son refrain<br />

favori :<br />

A moi le soleil et l'espace<br />

Barbu et bedonnant, c'était le vrai type du<br />

colonial, qui en a vu de toutes les couleurs et<br />

que rien ne décourage.<br />

Sous le hangar Ikoto nourrissait ses bêtes :<br />

du vert, du maïs, de l'eau, et de temps en<br />

temps des morceaux d'os et de cailloux, car<br />

ces matières peu nutritives, contrairement à ce<br />

qu'on pourrait croire, jouent un rôle important<br />

dans la digestion de l'autruche. Remarquablement<br />

beaux et vigoureux, nos oiseaux faisaient<br />

notre orgueil.<br />

* * *<br />

QUAND il avait un moment de liberté,Ikoto<br />

allait à Tulléar rendre visite à son ami<br />

Ratsimanosy. C'était un Hova comme lui,<br />

employé au parc d élevage militaire. Tenant<br />

en profond mépris les Mahafales et les Fiérénanes<br />

du pays, ils s entretenaient inlassablement<br />

de l'Imérina. leur pays, où la terre est<br />

féconde et les rizières nombreuses.<br />

Ici, pas d'arbres verts, d'immenses fougères,<br />

de baobabs centenaires, m de lataniers,<br />

rien que des plantes bizarres et monstrueuses,<br />

dans une savane désolée, d'aspect désertique :<br />

l'arbre-corail, des broussailles épineuses, des<br />

arbustes presque sans feuilles, aux racines<br />

énormes, semblables à des serpents. A peine,<br />

de loin en loin, un bouquet de tamariniers.<br />

par JACQUES CÉZEMBRE<br />

S'il est vrai qu'il n 'est pas toujours nécessaire de s'enfoncer<br />

dans les forêts vierges pour connaître des aventures tragiques,<br />

il est parfois exact que les voyages lointains ne sont<br />

pas toujours forcément dramatiques. Le colon que nous<br />

présente Jacques Cézembre, n'a à nous offrir qu 'une histoire<br />

d'autruches à Madagascar. Mais combien palpitantes sont<br />

les péripéties de ce petit mystère domestique.<br />

Les deux Hovas, dépaysés, s'étaient pris<br />

d'une vive amitié l'un pour l'autre, mais un<br />

jour, je ne sais plus pour quelle peccadille,<br />

Ratsimanosy fut chassé du parc d'essai et l'on<br />

n'entendit plus parler de lui.<br />

Ikoto ne sortait plus. Son travail terminé,<br />

il prenait un lok,anga (violon indigène) et,<br />

s'accompagnant lui-même, chantait des airs<br />

de son pays. C'était le plus souvent cette interminable<br />

mélopée, célèbre dans tout l'Imérina,<br />

qui ne manque d'ailleurs pas de poésie et commence<br />

ainsi :<br />

Ecoutez, vous autres!<br />

Oui donc, car le jour finit.<br />

Crespel et moi, auxquels le chant de la<br />

Betsibcha. semblait beaucoup moins évocateur,<br />

allions fréquemment passer la soirée<br />

chez un vieux colon des environs.<br />

Ce voisin, nommé Guillemot, nous intéressait<br />

beaucoup, car il tentait, lui aussi, l'élevage<br />

de l'autruche. 11 possédait ceux couples<br />

d'oiseaux de la même couvée que les nôtres<br />

et deux autres couples provenant du Cap.<br />

Et c'était entre nous une rivalité tout amicale<br />

à qui aurait les plus beaux oiseaux.<br />

En outre des autruchons de Guillemot et<br />

des 'lôtres, le soldat Badoual, surveillant du<br />

parc militaire, élevait encore deux oiseaux<br />

du même âge. Tous venaient merveilleusement.<br />

Aussi, jugez de notre stupéfaction quand,<br />

un soir, nous voyons arriver le père Guillemot<br />

furieux, jurant par tous les diables de mettre<br />

le feu au pays s'il n'apprend pas sur l'heure<br />

qui lui a tué ses autruches.<br />

— Tué vos autruches ?... dit Crespel qui<br />

croyait à une plaisanterie, mais il n'y a pas<br />

de fauves dans le pays !<br />

— Il s'agit bien de fauves... On a éventré<br />

mes oiseaux à coups de couteau pendant la<br />

nuit. . ■ .<br />

Nous n'en pouvions croire nos oreilles. Qui<br />

donc aurait eu intérêt à tuer inutilement, stupidement,<br />

les autruches de notre ami... Nous<br />

vivions tous en bonne intelligence avec les<br />

indigènes.<br />

— On vous a donc pillé, dévalisé ? dis-je.<br />

— Pas le moins du monde. C'est à n'y rien<br />

comprendre. Ce matin, en pénétrant dans<br />

mon parc, j'ai trouvé quatre autruchons sur<br />

le flanc, le ventre ouvert et les entrailles sorties<br />

Les bêtes étaient déjà froides. Cela remontait<br />

à plusieurs heures.<br />

— Et vous n'avez rien entendu pendant<br />

la nuit ?<br />

— Riert. Mes deux boys, que je crois de<br />

bonne foi, ont dormi comme à l'ordinaire.<br />

Toute la journée, j'ai cherché en vain une<br />

trace, un indice quelconque. Il y a bien des<br />

empreintes de pieds nus sur ht sol, mais les<br />

boys courent continuellement dans le parc.<br />

I ai renoncé à faire le détective.<br />

Dans un coin du parc, les quatre malheureux oiseaux gisaient., les pattes raides, le ventre<br />

fendu dans toute sa longueur par une coupure pareille, d'où s'échappaient les entrailles.<br />

— Puisqu'on ne vous a rien pris, ça ne peut<br />

être qu'une vengeance, remarqua Crespel.<br />

. — Et qui donc pourrait avoir à se venger<br />

de moi ? Je ne me. connais aucun ennemi.<br />

D'ailleurs, si c'était une vengeance, le criminel,<br />

qui n'a pas été dérangé, aurait massacré<br />

tout mon petit troupeau. Or, il n'a pas touché<br />

à mes autruches du Cap.<br />

Le mystère était déconcertant, on en conviendra.<br />

Le soldat Badoual, qui habitait la<br />

contrée depuis plus de deux ans, n'avait pu<br />

lui-même fournir une explication à notre<br />

voisin.<br />

— Faites bonne garde ! s'était-il contenté<br />

de dire à Guillemot, les malfaiteurs reviendront<br />

peut-être.<br />

Et le colon, jugeant 1 effectif de ses deux<br />

boys insuffisant, venait nous demander de<br />

l'aide.<br />

Laissant Ikoto veiller sur notre petit domaine,<br />

nous nous mîmes en route. La lune resplendissait<br />

très haut dans le ciel pur, large et plate<br />

comme un jeton de nacre, baignant d'une<br />

douce lueur bleue la campagne aride. De loin<br />

en loin, la silhouette rigide d un cactus-cierge<br />

décuplait son ombre noire sur le sable des<br />

dunes, et tout dormait dans un grand silence<br />

impressionnant. Seulement, en traversant des<br />

villages, nous entendions parfois, dans l'ombre,<br />

des éperviers charognards se disputer quelque<br />

détritus, et les aboiements des chiens nous<br />

poursuivaient loin dans la nuit.<br />

* * *<br />

L<br />

'EXPLOITATION du père Guillemot était<br />

située à trois kilomètres à peine de la nôtre.<br />

Le colon nous introduisit silencieusement<br />

dans sa demeure, qu'aucune lumière n 'éclairait.<br />

A une fenêtre, l'un des boys montait la<br />

garde, appuyé sur son fusil.<br />

L'autre s'était embusqué dans le parc même.<br />

— Tu n'as rien vu, Marolava ?<br />

Le noir secoua la tête. Depuis trois heures,<br />

son camarade et lui guettaient en vain le retour<br />

des mystérieux criminels.<br />

— Venez, dit Guillemot, je n'ai* pas encore<br />

enterré mes autruches, pour vous les montrer.<br />

Dans un coin du parc, les quatre malheureux<br />

oiseaux gisaient, les pattes raides, le ventre<br />

fendu dans toute sa longueur par une coupure<br />

pareille, d'où s'échappaient les entrailles.<br />

Crespel s'était penché sur les cadavres, une<br />

lanterne à la main.<br />

— Voilà de l'ouvrage proprement fait, dit-il.<br />

Mais avez-vous songé, mon cher, que, l'autruche<br />

n'existant plus à Madagascar depuis<br />

1 ,/Epiornys " préhistorique, les indigènes<br />

ignorent totalement ses mœurs. Or, voilà des<br />

gaillards qui s'introduisent de nuit chez vous<br />

et massacrent le plus simplement du monde<br />

quatre de vos bêtes, sans se faire casser la<br />

jambe par une ruade ou assommer par un coup<br />

de bec ! Vous avouerez que c'est bien étrange.<br />

— Tiens, tiens, fit Guillemot, perplexe.<br />

Mes visiteurs nocturnes sont peut-être, en<br />

effet, plus familiarisés avec l'autruche que je<br />

ne le supposais.<br />

— Ayez-vous remarqué aussi, continua<br />

mon ami, que l'on s'est acharné sur vos bêtes<br />

au point de leur ouvrir l'estomac ?<br />

Il disait vrai. L'appareil digestif des pauvres<br />

bêtes était coupé et retourné.<br />

— Œuvre de brutes ! ragea Guillemot,<br />

furieux. Ce sont bien des indigènes qui ont<br />

fait le coup. J'étais ici en 1895, au moment<br />

de la conquête ; depuis, j'ai encore assisté à<br />

deux ou trois petites révoltes. Quand ces sauvages-là<br />

tuent un ennemi, ils proianent son<br />

cadavre d'une façon à peu près identique.<br />

En attendant, nous n'étions encore sur<br />

aucune piste. Toute la nuit se passa en attente<br />

vaine.<br />

Les criminels reviendraient-ils ?... J'en<br />

doutais beaucoup. S'ils avaient voulu tuer<br />

toutes les autruches de notre ami, ils l'auraient<br />

fait la première nuit.<br />

Quand vint l'heure que les Malgaches<br />

appellent dans leur langue imagée " le réveil<br />

des gens laborieux ". il fallut bien se résigner.<br />

Crespel et moi reprîmes le chemin de notre<br />

demeure.<br />

Quelle est ton opinion ? demandai-je<br />

à mon camarade.<br />

H s arrêta pour allumer une cigarette ;<br />

— Bah ! le bonhomme nous a lait passer<br />

une nuit blanche pour rien. Mon opinion est<br />

que ses deux boys ont fait le coup. Guillemot<br />

est trop sec avec les indigènes. Il veut les mener<br />

à la baguette et ne respecte pas assez ieurs<br />

croyances, leurs traditions. Sans doute, aurat-il<br />

froissé ou humilié les deux gaillards qui<br />

se vengent lâchement en bons Malgaches<br />

Et comme, devant nous, une large lampée


■iiiiiuiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 ■uiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiitiiiiiiitiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiii 7 ■iiiiiiiiiimifiiiitiniiîiitMiift^iiiiiiiii'^uKWBtiiniiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiii F1XCELSI DR- DIMANCHE ■■■■■>um<br />

Mais nous avions bondi. Crespel, démasquant sa lanterne, courait devant, et, dans cette projection lumineuse, je vis le tueur d'autruches, un Malgache tout nu, avec un long couteau dans la main droite.<br />

d'or irradiait le ciel livide, Crespel, redevenu<br />

joyeux, étendit les bras en chantant à tue-tête :<br />

oleil et erpace<br />

Mais sa gaieté se figea brusquement quand<br />

Ikoto nous apparut, pris de peur et larmoyant,<br />

sur le seuil de notre case. Il criait lamentablement<br />

:<br />

— Vahrj afero aho ! (Je suis déshonoré !)<br />

■— Que s'est-il passé ? dis-je, saisi d'un<br />

pressentiment.<br />

— Efa namono dimy matadiry akoho ny olomelok.a<br />

I (Les assassins ont tué cinq grosses<br />

poules !)<br />

Ikoto n'avait jamais pu voir, en effet, dans<br />

l'autruche qu'une grosse poule, mais je ne<br />

songeais pas à rire de son langage aujourd'hui...<br />

Crespel, absolument fou de rage, avait bondi<br />

dans le parc. Je le rejoignis sous le hangar,<br />

où les corps de cinq oiseaux gisaient sur le sol,<br />

le ventre ouvert et les entrailles arrachées...<br />

J'ai eu des émotions diverses dans ma vie,<br />

mais jamais, je l'avoue, une pareille stupéfaction<br />

ne m'envahit. Une tuerie aussi incompréhensible,<br />

aussi injustifiée, dépassait la raison.<br />

C'était presque de la peur que j'éprouvais.<br />

Crespel, plus pratique, était retourné près<br />

de l'indigène et le harcelait de questions. Ikoto,<br />

redoutant notre colère, tremblait et s'embrouillait<br />

dans ses explications. A la fin, pourtant,<br />

nous réussîmes à comprendre ceci :<br />

Au milieu de la nuit, il avait été réveillé par<br />

un bruit inaccoutumé dans le parc. C'était<br />

une'autruche, la survivante, qui courait, affolée,<br />

cherchant à fuir. Le Hova sortit bravement,<br />

son fusil à la main. Il crut bien apercevoir<br />

le lamba blanc d'un homme qui escaladait<br />

la palissade au bout du parc, mais il<br />

était déjà trop tard. Le temps de traverser<br />

l'enceinte en courant, le ou les malfaiteurs<br />

avaient disparu. Cinq de nos bêtes restaient<br />

sur le carreau et la sixième ne devait certainement<br />

son salut qu'à l'intervention-d'Ikoto.<br />

Inutile d'ajouter, n'est-ce pas ? que nos<br />

oiseaux portaient les mêmes blessures que<br />

ceux de notre voisin. La même bande de sacripants<br />

avait accompli les deux méfaits.<br />

Tandis que je rassurais Ikoto; lequel se<br />

croyait déjà soupçonné de complicité, Crespel,<br />

qui observait attentivement la palissade du<br />

parc, m'appela tout à coup. Il venait de faire<br />

une découverte importante.<br />

L'un des misérables, en se sauvant, avait<br />

laissé sur une planche de la clôture l'empreinte<br />

de sa main, une empreinte sanglante.<br />

— Regarde, disait mon ami, cette canaille-là<br />

avait les mains rouges du sang de nos bêtes<br />

après les avoir vidées, et il a signé son forfait<br />

là, sur cette planche. Ah ! si nous avions un<br />

service anthropométrique à Tulléar !<br />

— Eh I mais, remarquai-je, c'est un indice<br />

de valeur qu'il nous a laissé, ce tueur d'autruches.<br />

Vois donc, c'est bien l'empreinte<br />

d'une main gauche, tout y est... sauf l'auriculaire...<br />

Crespel se pencha sur la tache rouge. .<br />

— Diable ! tu as raison. Notre homme d'à<br />

que quatre doigts.<br />

Ikoto, qui regardait aussi, me parut éprouver<br />

une certaine inciuiétude.<br />

— As-tu une idée ? lui demandai-je.<br />

— C'est peut-être un lépreux...<br />

-— Oui, fit Crespel, on en trouverait facilement<br />

dans le pays auxquels il manque un<br />

doigt, mais les lépreux n'escaladent pas avec<br />

autant d'agilité une barrière de deux mètres.<br />

J'étais désolé. Outre la grosse perte que<br />

nous faisait subir ce massacre imbécile, cela<br />

retardait considérablement le résultat de nos<br />

efforts.<br />

Mon associé, absolument hors de lui, jurait<br />

de ne pas prendre désormais une minute de<br />

repos avant d'avoir découvert et empalé les<br />

coupables.<br />

— Va donc voir Badoual, lui dis-je, il te<br />

conseillera utilement.<br />

Le caporal Badoual, surveillant du parc<br />

d'essai de Tulléar, était un petit Parisien de<br />

faubourg, spirituel et débrouillard, qui, après<br />

cinq ans de service dans l'infanterie coloniale,<br />

avait su se faufiler à ce poste unique et menait<br />

une existence très peu militaire, mais fort<br />

agréable.<br />

Au moment où Crespel allait sortir, il se<br />

cogna au caporal, qui arrivait, tout essoufflé.<br />

— Vos autruches ?... cria-t-il.<br />

— Vous savez donc déjà ?<br />

— Parbleu ! je le devine. On vous les a<br />

toutes zigouillées cette nuit, comme celles de<br />

Guillemot ?<br />

— Non, pas toutes, il en reste une.<br />

— Eh bien ! fit le soldat en se laissant tomber<br />

sur une chaise, c'est encore vous qui avez<br />

le plus de veine, car les deux miennes sont<br />

/aires aussi.<br />

—; Hein !... criâmes-nous, stupéfaits.<br />

— Oui, oui, ça vous épate, mais c'est pourtant<br />

la vérité. Cette nuit, un homme s'est introduit<br />

dans la troisième case de mon parc et a<br />

proprement éventré les deux autruchons qui<br />

me restaient de cette couvée-là. Gh ! je n'ai<br />

pas besoin d aller voir les vôtres, je sais de<br />

quelle façon opère'mon,'citoyen...<br />

— Nous côtoyons l'invraisemblable, dis-je.<br />

Ce n'est pas une vengeance, puisque nos bêtes<br />

et les vôtres sont frappées comme celles de<br />

Guillemot. Et quel intérêt peut avoir le criminel<br />

à agir ainsi, puisqu'il n'emporte rien ?...<br />

Ikoto hochait la tête en répétant :<br />

— Adela ny olo-meloka (Le coupable est<br />

un fou !)<br />

Mais un fou n'eût pas pris tant'-de précautions<br />

pour s'assurer l'impunité.<br />

— N'existerait-il pas plutôt chez les indigènes,<br />

insmuai-je, une superstition qui leur<br />

ferait voir dans l'autruche un être nuisible<br />

et d'un yoisinage dangereux ?<br />

M<br />

AIS ce n'était pas cela non plus. Badoual<br />

connaissait bien les Mahafales. Ne<br />

s'intéressaient-ils pas, du reste, à son<br />

élevage depuis plusieurs années ?<br />

— Remarquez, dit le soldat, qu'on a épargné<br />

chez Guillemot les autruchons provenant<br />

de la colonie du Cap. Chez moi, pour arriver<br />

à tuer les deux malheureuses bêtes dans leur<br />

enclos, le criminel a dû passer dans d'autres<br />

parcs, renfermant un plus grand nombre<br />

d'autruches. Mais c'étaient bien ces deux-là<br />

qu'il voulait, parce qu'elles étaient du même<br />

âge, des mêmes couvées que les vôtres et celles<br />

qu'il venait de massacrer la veille.<br />

— Mais pourquoi ? pourquoi ? criait Crespel.<br />

— Vous m'en demandez trop pour le moment,<br />

mais ou je me trompe fort, ou nous avons<br />

un moyen de pincer le coupable.<br />

— Que faut-il faire ?<br />

— Ne pas crier si haut, d'abord, si çs ne<br />

vous fait rien, monsieur Crespel, et puis<br />

m'obéir passivement. Si je vois juste, notre<br />

chasseur nocturne reviendra pour découdre<br />

le ventre à votre dernière autruche, puisqu'il<br />

l'a manquée cette fois-ci.<br />

— Eh bien ! qu'il y vienne !...<br />

— Attendez donc ! Nous allons lui préparer<br />

une réception comme on n'en donne<br />

pas à l'Elysée. '<br />

Résolument, ayant déjà son plan dans la<br />

tête, Badoual sortit et inspecta longuement<br />

les traces laissées par l'émgmatique malfaiteur.<br />

— Ce soir, dit-il enfin, au lieu de ramasser<br />

votre dernière autruche, ainsi que vous en<br />

aviez sans doute l'intention, vous la laisserez<br />

courir dans son parc, comme a l'ordinaire.<br />

— Mais vous prévoyez vous-même un<br />

retour possible du criminel !...<br />

— Justement, nous l'attendrons. Laissezmoi<br />

faire.<br />

— Et si, au lieu de revenir ici, il allait chez<br />

vous pendant votre absence...<br />

Le caporal cligna de l'œil :<br />

— Je ne crois pas me tromper en affirmant<br />

qu'il n'en fera rien. C'est à ma couvée"d'il y<br />

a deux ans qu'il en veut, vous dis-je, et elle<br />

n'est plus représentée que par un oiseau, le<br />

vôtre. Du reste, pour plus de sûreté,- tous mes<br />

boys veilleront.<br />

La nuit vint, impatiemment attendue. Il<br />

avait été convenu que Badoual et Ikoto resteraient<br />

hors du parc. Guillemot s'était joint à<br />

nous. Nous attendions, Crespel, lui et moi,dissimulés<br />

dans la grande ombre carrée que la<br />

lune projetait au pied de notre case. Cela faisait<br />

cinq bons fusils. Notre pauvre autruchon,<br />

tout désorienté de la disparition de ses camarades,<br />

était bien protégé.<br />

Mais le mystérieux éventreur ne se montra<br />

pas cette nuit-là, m la suivante, ni pendant<br />

toute la semaine.<br />

— Badoual, mon vieux, disait Crespel, nous<br />

faisons fausse route et nèus pèrdons du temps,<br />

— Non, non, répétait avec entêtement le<br />

Parisien, je suis sûr dé ne pas me mettre le<br />

doigt dans l'œil. Patientez encore!<br />

Ikoto lui-même nous conseillait d'attendre<br />

jusqu'au mileji-bolana, c'est-à-dire le dernier<br />

quartier de la lune.<br />

Ils avaient raison tous les deux.<br />

Quand l'astre nocturne ne fut plus dans le<br />

ciel qu'un très mince croissant pâli, je compris<br />

que nos chances augmentaient de percer l'effarant<br />

mystère.<br />

Depuis neuf jours nous guettions ainsi<br />

notre ennemi invisible, sans que rien pût 1er<br />

lui faire soupçonner. Certainement, il nous<br />

épiait, lui aussi, il se méfiait et prenait ses précautions.<br />

Qui sait si, dans la journée, je ne le<br />

coudoyais Das Beaucoup d'indigènes, ins-<br />

truits de notre bizarre aventure, venaient nous<br />

voir, usant, pour nous saluer, de la formule<br />

consacrée aux circonstances pénibles :<br />

— Il est vain de vous demander comment<br />

ça va, monsieur !<br />

A quoi nous répondions, suivant le rite :<br />

— Que le malheur des uns ne retombe<br />

pas sur les autres...<br />

Sans doute, l'un de ces visages plus ou moins<br />

hypocrites était-il celui de notre ennemi...<br />

Crespel, de plus en plus nerveux, s'en prenait<br />

à tout le monde, accusait tous nos voisins les<br />

uns après les autres. Ikoto le Calmait avec<br />

sagesse : 0<br />

— Agissez comme le caméléon, qui, en marchant,<br />

observe devant lui et regarde aussi par<br />

derrière.<br />

* * *<br />

C<br />

E fut la dixième nuit que l'homme revint,<br />

llfaisait noir.'très noir. Depuis troisheures,<br />

au moins, mes yeux s'efforçaient de fixer<br />

un point quelconque dans les ténèbres. Sous le<br />

hangar, l'autruche dormait. Un silence lourd<br />

pesait, qui semblait une évaporation lente et<br />

stagnante de la terre surchauffée. Près de moi,<br />

Crespel tenait toute prête une lanterne sourde<br />

à côté de son fusil, et le père Guillemot, adossé<br />

à la case, s était assoupi doucement.<br />

Soudain, Crespel me prit le bras et, approchant<br />

ses lèvres de mon oreille, me dit d'une<br />

voix à peine perceptible :<br />

— Mon attention est tellement tendue<br />

depuis des heures que j'ai une sorte d'obsession;..<br />

Dis-moi donc si je me trompe. Il me<br />

semble, entendre comme un froissement làbas,<br />

à droite, le long de la clôture.<br />

Je concentrai toute ma volonté pour entendre.<br />

Le long de la palissade du parc, à l'extérieur<br />

poussaient des touffes de cette herbe haute<br />

dont les tiges ressemblent au roseau, et que<br />

les Malgaches appellent fantaha. J'entendis<br />

un long frôlement dans ces herbes.<br />

— C'est peut-être un trandrakft ! (espèce<br />

de porc-épic), soufflai-je.<br />

— Peut-être. Ecoutons.<br />

Non, c'était bien l'homme. Nous entendîmes<br />

son han quand il fit un rétablissement<br />

pour escalader la palissade, et, l'instant d'après,<br />

il passa devant nous à dix mètres. Ses pieds nus<br />

claquaient imperceptiblement sur la terre dure.<br />

Crespel, sans rien dire, me serra fortement,<br />

le poignet. Je me dressai sur mes jambes ankylosées<br />

par l'attente, le doigt sur la gâchette<br />

du fusil... L'homme devait approcher du hangar<br />

déjà.<br />

Mais nous avions bondi. Crespel, démasquant<br />

sa lanterne, courait devant, précédé<br />

d'un long triangle de lumière et, dans cette<br />

projection lumineuse, je vis le tueur d'autruches,<br />

un Malgache tout nu, avec un long couteau<br />

entre les dents. Epouvanté d'être surpris aussi<br />

brusquement, il voulut fuir... Trop tard... je<br />

le tenais déjà au boiit de mon fusil...<br />

Pan !... La lueur fulgurante du coup m'avait<br />

caché le résultat, mais Crespel criait :<br />

— Touché !... A vous, Badoual, à vous !<br />

(Lire la suite page 15.)


yimiiiiii EXCELSIOR-DIMANCHE «miiiui mm i iiimiiiminiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii) , g iiiiiiiiii|iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiillllilllllllllllllllllllllllllllllllll!illllliililliiliiiiiiiiiii>>


Ë. N F A N T S ■mmiimmmiiimiiimn iiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiliiiiiiiiliiiiiiimiiiMiiiiMiiiiiiiiiiiiii 9 mm iiimim i tMitmuimiiimiimmiitimiiimmnmmmimmimi EXCEl 15I0R-DIMANCHE<br />

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JE VOUDRAIS BIEN S AVOIR...<br />

Quelle est l'origine de nos couleurs<br />

nationales ?<br />

L<br />

E drapeau primitif français fut un voile de<br />

taffetas bleu brodé à l'effigie de Saint-<br />

Martin, l'un des premiers apôtres de la<br />

France. C'est ainsi que le pays français se<br />

symbolisa d'abord par le bleu, image de<br />

constance et de fidélité. Quand nos rois<br />

devinrent abbés de l'abbaye de Saint-Denis,<br />

ui possédait l'oriflamme rouge donné par<br />

D agobert, le rouge devint la seconde couleur<br />

adoptée. Mais les Anglais envahisseurs avaient<br />

laissé la couleur blanche de leur patron Saint-<br />

Georges pour la nôtre qui était rôuge, afin<br />

de manifester par là leur droit de souveraineté<br />

sur la France. Sous le règne de Charles VI,<br />

notre pays prit le blanc afin de distinguer<br />

nos drapeaux de ceux de l'ennemi. C'est<br />

Charles VII qui, le premier, réunit les trois<br />

couleurs.<br />

En 89, le drapeau nationale adopta le bleu<br />

et le rouge en opposition au blanc, couleur<br />

royale. C'est La Fayette qui ajouta le blanc<br />

pour rapprocher les deux partis.<br />

Qu'est-ce que la prescription et quand<br />

y a-t-il prescription?<br />

L<br />

A prescription est le moyen de se libérer<br />

par le non-exercice du droit que l'on<br />

avait contre soi. La prescription, en jus-<br />

tice, c'est donc le temps fixé pour qu'une pénalité<br />

infligée n'ait plus d'effet. En matiè/e criminelle,<br />

ce temps est fixé à vingt ans ; en matière<br />

correctionnelle, à cinq ans ; en simple<br />

police, à deux ans.<br />

La prescription peut être interrompue par<br />

une citation en justice, un commandement<br />

ov une saisie.<br />

/lais il est des prescriptions beaucoup plus<br />

nombreuses, et qu'il est intéressant de connaître.<br />

Les créances des instituteurs et maîtres<br />

pour les" leçons au mois, celles des hôteliers,<br />

des restaurateurs, celles des ouvriers pour<br />

leurs salaires, se prescrivent par six mois. Les<br />

créances des médecins, chirurgiens, dentistes,,<br />

îages-femmes, par deux ans.<br />

* * *<br />

Quelles sont les sept merveilles du monde<br />

et de quand date leur renommée ?<br />

ES sept merveilles étaient :<br />

1° Les pyramides d'Egypte;<br />

L 2° Les jardins suspendus de Sémiramis;<br />

3° Les murs de Babyl :one ;<br />

4° La statue de Jupiter Olympien, œuvre<br />

de Phidias ;<br />

5° Le colosse de Rhodes ;<br />

6° Le temple de Diane à Ephèse ;<br />

7" Le tombeau du roi Mausole.<br />

La renommée des sept merveilles date de<br />

l'antiquité. Strabon, qui vivait avant Jésus-<br />

Christ, en parle dans ses ouvrages. Les œuvres<br />

qu'elles représentent datent d'un âge barbare<br />

et elles étaient beaucoup plus " merveilleuses "<br />

pour les anciens que pour nous-mêmes.<br />

Aujourd'hui, nous sommes à juste titre beaucoup<br />

plus fiers d'œuvres moins anciennes et<br />

qui dépassent, par leur grandeur, leur beauté,<br />

ou leur caractère, les sept merveilles de l'antiquité.<br />

I A A A<br />

*o 3o<br />

Quel est le pays qui dispose du plus<br />

grand nombre de décorations, et quelles<br />

sont les moins connues de par le monde?<br />

L<br />

A Grande-Bretagne dispose de quarantehuit<br />

décorations, ordres, médailles ou<br />

croix, les principaux ordres étant ceux<br />

de la Jarretière, du Bain, du Chardon ou de<br />

Saint-André, de Saint-Patrick,, de Saint-<br />

Michel et Saint-Georges.<br />

La France vient ensuite avec un nombre<br />

à peu près égal : quarante-quatre, en comptant<br />

les décorations pour blessés militaires de<br />

guerre, pour blessés civils de guerre, pour les<br />

familles nombretises, pour les prisons, France,<br />

et les prisons, colonies, pour la Police, les Postés<br />

et télégraphes, les Halles et marchés, les Cantonniers,<br />

le Personnel civil de la marine, les<br />

Sapeurs-pompiers. l'Assistance publique, VOctroi,<br />

les Douanes, les Eaux et forêts, les Contributions<br />

indirectes, les Instituteurs et la Mutualité.<br />

L'Italie vient au troisième rang, avec trente<br />

décorations, parmi lesquelles une médaille<br />

pour dix lustres de services militaires, une<br />

médaille d'ancienneté, une médaille des inventeurs.<br />

L'Espagne compte vingt-huit ordres ou<br />

médailles, depuis l'ordre de la Toison d'or<br />

jusqu'à la médaille Benemerito,<br />

uiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiininiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiuiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiwiiniMiiiiiuiiiiaiiiiuiiiiiif<br />

| Cette rubrique est ouverte à tous nos lecteurs. Elle leur |<br />

| permettra de se tenir en contact constant avec leur journal f<br />

| qui les renseignera volontiers sur tous les faits d'un intérêt §<br />

général et d'ordre documentaire ou pratique.<br />

niiiiiiiiiiiiiiimiiiimiiiiiiiiiiiiiiiisiiiiiiiiifiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiuiiiiiituiiciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiii<br />

La Belgique en "a vingt et une, parmi lesquelles<br />

l'Etoile de Service, la médaille Spéciale<br />

agricole, la décoration Coopération et Mutualité,<br />

et la décoration Industrielle.<br />

La Chine a les ordres du Double-Dragon,<br />

du Dragon, du Tigre zébré, de l'Epi d'or; le<br />

Japon, les ordres du Chrysanthème, du Soleil<br />

levant, du Milan d'or, du Trésor sacré, de la<br />

Couronne sacrée (dames) ; la Corée, les ordres<br />

de l'Aune d'or, de l'Etoile du bonheur, du Prunier.<br />

La Finlande a l'ordre de la Rose blanche ;<br />

le Honduras, celui de Santa Rosa ; le Brésil,<br />

l'ordre impérial de la Rose ; l'Islande a un<br />

ordre unique : celui du Faucon ; l'ordre de<br />

Y Eléphant est le premier de ceux du Danemark<br />

; celui de l'Eléphant blanc est du Siam,<br />

qui a un ordre des Neuf Joyaux ; le Luxembourg<br />

a l'ordre du Lion d'or de Nassau, et<br />

celui de la Couronne de chêne ; la Norvège a<br />

l'ordre du Lion ; la Perse a un ordre du Lion<br />

et Soleil, une médaille du Lion, un ordre pour<br />

les Dames ; la République Saint-Marin, un<br />

ordre Equestre; le Saint-Siège, un ordre de<br />

l'Eperon d'or, un ordre des Camériers secrets<br />

et honoraires ; les Pays-Bas ont une médaille<br />

d'honneur pour Services rendus aux musées ;<br />

la Roumanie, une médaille des Services fidèles ;<br />

la Suède a comme principaux ordres celui<br />

des Séraphins, celui de l'Epée, et celui de<br />

l'Etoile polaire ; l'Etat de Zanzibar dispose<br />

de l'ordre de l'Etoile brillante.<br />

* * *<br />

Ce qu'est l'année scolaire pour l'étudiant<br />

?<br />

L<br />

'ANNÉE scolaire de l'Université de Paris<br />

commence dans la première semaine<br />

de novembre.<br />

Les inscriptions semestrielles sont reçues<br />

dans la première quinzaine de ce même mois<br />

et dans la première quinzaine de mars ; les<br />

inscriptions trimestrielles sont reçues dans la<br />

première quinzaine de novembre, de janvier,<br />

de mars et de mai.<br />

Les sessions régulières d'examens ont lieu<br />

en juin-juillet et en octobre-novembre.<br />

Les cours et exercices de l'Université de<br />

Paris sont suspendus les <strong>dimanche</strong>s et jours<br />

de fêtes : le I er janvier, le mardi-gras, le iour<br />

de l'Ascension, le lundi de la Pentecôte, le<br />

14 juillet, le jour de l'Assomption, le jour de<br />

la Toussaint, le 11 novembre, le jour de Ncël.<br />

Ils sont suspendus pendant huit jours à<br />

l'occasion du nouvel an et pendant quinze<br />

jours à Pâques.<br />

Les vacances les suspendent pendant les<br />

mois de juillet, août, septembre et octobre.<br />

* * *<br />

■Quels sont les patrons des divers corporations<br />

et métiers ?<br />

A RTILLEURS : sainte Barbe (4 <strong>décembre</strong>) ;<br />

/-\ automobilistes : saint Christophe (25<br />

4 juillet) ; boulangers : saint Honoré<br />

(16 mai) ; brasseurs : saint Arnould ( 18 juillet) ;<br />

cavaliers : saint Georges (23 avril) ; chantres :<br />

saint Grégoire (3 septembre) : chapeliers :<br />

saint Jacques (1 er mai) ; charcutiers : saint<br />

Antoine (17 janvier); charpentiers : saint<br />

Joseph (19 mars); chasseurs: saint Hubert<br />

(8 novembre) ; chaudronnieis : saint Maur<br />

(15 janvier); chirurgiens : saints Côme et<br />

Damien (27 septembre) ; cloutiers : saint<br />

Cloud (7 septembre); coiffeurs ; saint Louis<br />

(25 août) ; cordonniers : saint Crépsn (25<br />

octobre); coutelliers : saint Jean (24 juin);<br />

couturières : sainte Anne (26 juillet) ; écoliers :<br />

saint Charlemagne (28 janvier) ; fileuses :<br />

sainte Marguerite (20 juillet) ; jeunes filles :<br />

sainte Catherine (25 novembre) ; fruitiers :<br />

saint Léonard (6 novembre) ; jardiniers :<br />

saint Fiacre (30 août) ; typographes - : saint<br />

Jean Porte Latine (6 mai).<br />

Si l'on sait ce qu'a coûté la construction<br />

de l'Arc de Triomphe et combien de<br />

temps durèrent les travaux?<br />

L<br />

A construction fut ordonnée par décret<br />

impérial du 18 février 1806. Les fondations<br />

commencèrent deux mois après,<br />

et la première pierre fut posée le 15 août,<br />

" jour de l'anniversaire de la naissance de<br />

S. M. Napoléon le Grand ". Interrompus' en<br />

1814, et la Restauration ayant été sur le point<br />

de renoncer à l'exécution de cet immense<br />

projet, les travaux furent repris en exécution<br />

de l'ordonnance royale du 9 octobre 1823,<br />

après la guerre d'Espagne, et il fut décidé<br />

que le monument consacrerait la mémoire de<br />

cette expédition. Louis-Philippe, après la révovolution<br />

de juillet, le rendit à sa destination<br />

primitive et fit accélérer l'achèvement.<br />

L'inauguration se fit sans cérémonie officielle,<br />

celle-ci ayant été contremandée par<br />

suite des bruits de complots et de tentatives<br />

séditieuses qui couvaient le 29 juillet 1836,<br />

date anniversaire de la dernière révolution.<br />

On avait dépensé pour la construction et la<br />

décoration la somme de 9.651.115 fr. 62 se<br />

répartissant ainsi :<br />

Sous l'Empire 3.200.713 fr. 56<br />

Sous la Restauration 3.000.778 fr. 68<br />

Depuis juillet 1830 3.449.623 fr. 38<br />

Soit ce total 9.651.115 fr. 62<br />

ft * *<br />

Si te bracelet fut toujours un ornement<br />

féminin ?<br />

L<br />

E bracelet est un bijou que tous les temps<br />

ont connu comme tous les peuples. Il<br />

fut de coquillages, de bronze, de fer,<br />

d'argent, d'or, et dans lequel plus tard on<br />

enchâssa des pierreries. Mais cet objet de<br />

coquetterie fut d'abord l'apanage exclusif des<br />

hommes. Dans la Rome antique, les soldats<br />

portaient des bracelets comme une récompense<br />

militaire qui leur était décernée par les généraux.<br />

Cette coutume les Romains la prirent<br />

des Etrusques. Les bracelets qu'ils portaient,<br />

faits de plusieurs enroulements d'or ou de<br />

bronze massif, couvraient tout I'avant-bras.<br />

Les femmes d'Egypte, de Perse portèrent des<br />

bracelets dans les temps reculés. Mais chez les<br />

Assyriens comme chez les Romains l'homme<br />

les portait aussi.<br />

* * *<br />

Ce qu'est l'Institut de Physique du<br />

Globe ?<br />

D<br />

ÉPENDANT de l'Université de Paris, il<br />

est chargé d'effectuer des recherches<br />

dans le domaine de la Physique du<br />

Globe et d'assurer les observations régulières<br />

nécessaires. Un enseignement de Physique<br />

du Globe a été institué à la Faculté des Sciences;<br />

cet enseignement comprend des cours publics<br />

qui ont lieu à la Sorbonne ; des travaux pratiques,<br />

qui ont lieu à son siège, 176, rue de<br />

l'Université ; et des conférences, visites et<br />

exercices dans les stations annexes de cet Institut<br />

(Station du Parc Saint-Maur, station<br />

du Val-Joyeux).<br />

L'enseignement a comme sanction un<br />

certificat d'études supérieures de Physique<br />

du Globe, délivré par la Faculté des Sciences,<br />

sous la même forme que les autres certificats<br />

d'études supérieures.<br />

" Des diplômes d'études supérieures peuvent<br />

être préparés dans les laboratoires de l'Institut<br />

de Physique du Globe. Des recherches peuvent<br />

y être poursuivies, par exemple en vue de<br />

l'obtention du doctorat ès-sciences physiques. "<br />

* *<br />

Ce qu'était exactement un tournoi?<br />

I<br />

L y a lieu d'abord de distinguer entre une<br />

joute, qui était un jeu à l'image du duel,<br />

et le tournoi, qui était à l'imitation de la<br />

bataille. Si peu différent, d'ailleurs, de la<br />

bataille à l'origine qui remonte au-delà de<br />

l'époque carolingienne, qu'aucune règle ne<br />

présidait à cet amusement meurtrier. Les<br />

" fer-vêtus ", divisés en deux escadrons, se<br />

heurtaient au triple galop, s escrimaient à<br />

travers champs, dans un espace illimité,<br />

détruisant tout sur leur passage, s'assommant,<br />

et même achevant parfois les blessés. C'était<br />

une véritable guerre, que l'on faisait simplement<br />

avec ioie, sans haine et en changeant,<br />

suivant les circonstances, d'adversaires qui<br />

étaient souvent des amis. Il arriva que des<br />

tournois furent plus sanglants que des batailles.<br />

Aucun prix n'était décerné, si ce n'est que le<br />

vainqueur avait le droit de prendre les armes<br />

et le cheval du vaincu ainsi que de lui faire<br />

payer rançon. C'est pourquoi les tournois<br />

eurent bien vite leurs professionnels, comme<br />

les sports aujourd'hui.<br />

Vers la fin du XIV E siècle, des règlements<br />

apparurent. Les tournois eurent lieu en champ<br />

clos, il fut défendu de porter certains coups et<br />

de s'acharner à plusieurs sur le même, à moins<br />

qu'il ne fût " recommandé ", c'est-à-dire<br />

désigné par les dames comme ayant médit de<br />

l'une d'elles. On installa, pour les spectateurs,'<br />

des tréteaux autour de l'arène ; un juge qui<br />

pouvait arrêter la mêlée, tâche souvent difficile,<br />

décernait les pénalités et les prix.<br />

La joute était une simple rencontre de deux<br />

chevaliers qui, séparés à mi-hauteur par une<br />

barrière, s'élançaient au galop l'un contre<br />

l'autre, la lance au poing. C'e%t au cours d'une<br />

joute et non d'un tournoi que fut blessé mortellement<br />

Henri IL<br />

* * *<br />

D'où vient l'expression " se bichonner " ?<br />

A<br />

LORS qu'à la cour de Catherine de<br />

Médicis les femmes se coiffaient " en<br />

raquette " et adoptaient des petits<br />

bonnets surmontés d'une aigrette, les hommes,<br />

eux, se tournaient leurs mèches en boucles et<br />

rouleaux appelés "bichons ". A cette époque,<br />

on appela alors " bichonnés " les gens trop<br />

soucieux de leur perruque.<br />

Depuis lors, et par extension, on dit des<br />

hommes et même des femmes qui s'occupent<br />

trop de leur chevelure ou qui avivent leur<br />

visage sous le fard, qu'ils se bichonnent.<br />

i% *><br />

De qui sont ces deux vers ?<br />

L<br />

Quand on fut toujours vertueux<br />

On aime à voir lever l'aurore.<br />

'AUTEUR de ces vers est J.-E. Bedcne<br />

Dejaure, auteur dramatique, né en 1761,<br />

à Paris, où il est mort en 1799.<br />

Ces deux vers se trouvent dans une pièce<br />

Montano et Stéphanie, jouée à la veille de la<br />

Révolution.<br />

Comment fut embaumé le Pharaon<br />

Tut-Ankh-Amen ?<br />

P<br />

OUR procéder à cette opération, on lavait<br />

d'abord le corps avec du vin de palme,<br />

puis on bourrait l'intérieur de myrrhe,<br />

de cannelle et d'autres épices destinées à<br />

éviter la décomposition des chairs.<br />

On immergeait ensuite le cadavre dans<br />

l'eau salée, où il demeurait deux mois.<br />

Lorsqu'on J'en retirait, on le lavait à nouveau<br />

soigneusement avec de l'huile de cèdre,<br />

après quoi on l'enveloppait de bandelettes<br />

fortement gommées.<br />

En certaines autres circonstances, le bain de<br />

sel était remplacé par un séjour dans le sable<br />

très sec ou par un bain dans le bitume.<br />

Ajoutons que le prix d'un embaumement<br />

pareil valait environ 17.500 francs.<br />

Comment sont dénommés les hab'tants<br />

de Neuilly?<br />

E petit Larousse illustré et l'Almanach<br />

Hachette proposent les mots de Neuil-<br />

L lystes ou Neuillistes pour désigner les<br />

habitants de Neuilly-sur-Seine. Mais, à Neuilly<br />

même, on emploie trois vocables assez différents<br />

: les uns disent Neuillois", les autres<br />

Neuillylois, d'autres encore Neulléens. Mais<br />

aucune de ces désignations n'est officielle.<br />

La dernière, cependant, paraîtrait la meilleure,<br />

si l'on veut examiner l'origine du nom<br />

de Neuilly : Lulliacum, qui veut dire appartenant<br />

à Lullius. En 1648, Lulliacum était<br />

devenu Luny, qui, par transformation phonétique,<br />

devint Nuly, puis Neuilly.<br />

La difficulté d'employer un nom accepté<br />

de tous fait, d'ailleurs, se servir de l'appellation<br />

: habitants de Neuilly. On ne^saurait nier<br />

l'exactitude de ce choix.<br />

'f *'<br />

Si l'on peut apprendre la langue anglaise<br />

par correspondance?<br />

A tous ceux qui veulent améliorer leur<br />

situation, nous conseillons d'apprendre<br />

l'anglais par correspondance. Ecrivez<br />

à l'Institut W. =Rollmer, 4, rue Lamandé,<br />

Pans.Sa méthode est très facile et peu coûteuse.


jiiuiiiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 lliiiiiliiuniiiimiiiiiiiiiiiiii ■ mi niiiiiiiiiii i lllllllllllllilll H un llllllllllllllllllllllilllll iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii Iiliilllilliilli EXCELSIOR-DIMANCHE ■■■■■■■ni<br />

I<br />

lSABEAU DE BAVIERE<br />

PROFITONS DE NOS LOISIRS DU DIMANCHE<br />

POUR NOUS INSTRUIRE UN PEU<br />

ISABEAU DE BAVIÈRE<br />

L n'est guère de personnage, même de<br />

l'époque effroyable où elle vécut, dont<br />

le nom soit aussi mal famé et à juste titre<br />

que celui de cette fille d'Etienne II de Bavière,<br />

qui naquit en 1371 et épousa, alors qu'elle<br />

n'avait pas quinze ans, Charles VI, roi de<br />

France. Elle était<br />

belle et avait plu si<br />

vite à ce souverain<br />

que le mariage fut<br />

décidé à la première<br />

entrevue et célébré<br />

trois jours après.<br />

Avant que Charles VI,<br />

qui était bon et attentif<br />

aux intérêts de son<br />

peuple, eût eu son<br />

premier accès de folie,<br />

Isabeau vécut sans<br />

qu il lui fût reproché<br />

autre chose qu un<br />

penchant nature! aux<br />

plaisirs et à l'avarice.<br />

Ce penchant ne se révéla vice en s'y ajoutant u ne<br />

effroyable ambition que lorsque la reine, pendant<br />

les accès de démence de son époux, fut<br />

chargée de la régence. Haïssant Charles VI dont<br />

les accès étaient évidemment dangereux pour<br />

son entourage, elle le laissait dans le dénuement<br />

le plus complet, sans même qu'il eût une<br />

chemise de rechange. Par contre, les impôts<br />

pesaient lourdement sur le peuple ; Isabeau<br />

entassait des trésors en diverses cachettes<br />

et menait une vie de fêtes et de dissipation avec<br />

le duc d'Orléans. Quand celui-ci (ut assassiné<br />

par Jean sans Peùr, duc de Bourgogne, Isabeau,<br />

prise de crainte, se retira à Melun, laissant le<br />

roi malade à Paris ; elle revint, puis repartit,<br />

jouant un rôle double dans la terrible querelle<br />

des Armagnacs et des Bourguignons et<br />

continuant à insulter aux malheurs des temps<br />

par le luxe scandaleux de sa cour de Melun<br />

ou de Vincennes. Puis le roi pendant un<br />

intervalle de lucidité l'ayant reléguée à Tours<br />

elle s allia à Jean sans Peur, rentra triomphalement<br />

à ses côtés à Paris et négocia de compte à<br />

demi avec lui la reddition de la France à<br />

1 Angleterre et la renonciation au trône de son<br />

propre fils, le futur Charles VII, au profit<br />

d Henri V, le roi britannique, auquel elle donna<br />

sa fille Catherine en mariage. Elle vécut à Paris<br />

jusqu en 1435, témoin honteux sous la garde<br />

des Anglais, de la fabuleuse épopée qui, des<br />

murs d Orléans à la cathédrale de Reims<br />

avait refait l'unité irançaise en la personne de<br />

Charles VII. son fils.<br />

*<br />

A<br />

LES GUISES<br />

UCUNE famille, hormis les Atrides. ne<br />

saurait fournir plus riche matière aux<br />

auteurs tragiques que celle - de ces<br />

princes lorrains qui, après tant d autres,<br />

furent eux-mêmes victimes de leur ambition<br />

et de leurs passions. Les plus typiques des<br />

Guises sont, au XVI e siècle, François et son fils<br />

Henri, auxquels on pourrait ajouter l'oncle<br />

et !e frère de ce dernier, le cardinal de Lorraine<br />

et le duc de Mayenne.<br />

François (1519-1563) se montra d'abord un<br />

capitaine habile, courageux autant que féroce.<br />

Il prit part aux batailles de Montmédy et<br />

de Landrecies, avant le siège, de Boulogne<br />

où il reçut une estafilade qui le fit nommer le<br />

Balafré. Il défendit héroïquement Metz contre<br />

Charles-Quint ; puis il échoua dans l'expédition<br />

tentée contre le royaume de Naples.<br />

Après le désastre de Saint-Quentin, François<br />

de Guise, le meilleur homme de guerre de<br />

son temps, nommé lieutenant-général du<br />

royaume rétablit la situation en prenant en<br />

un mois Calais, que les Anglais détenaient<br />

depuis 1347, Guines. Ham et Thionville.<br />

C'est son plus beau titre de gloire. Le reste<br />

de son existence sera employé à assurer la<br />

puissance de sa famille et, pour ce faire, à<br />

utiliser avec une implacable férocité les troubles<br />

religieux. Le mariage de sa nièce Marie<br />

LE DUC DE GUISE AU SIÈGE DE CALAIS (1558)<br />

Stuart avec François II lui permet de tenir le<br />

roi en tutelle. Il forme avec Montmorency<br />

et le maréchal de Saint-André un triumvirat<br />

redoutable, détermine ' la répression impitoyable<br />

de la conjuration d'Amboise et donne<br />

le signal de l'extermination des huguenots<br />

en organisant le massacre de Vassy. Il est<br />

le chef du parti catholique et, en cette qualité,<br />

qui le rend plus puissant que le roi,<br />

combat l'armée protestante, prend Rouen,<br />

gagne la bataille de Dreux, mais est assassiné<br />

au siège d'Orléans, en 1563, par Poltrot de Méré.<br />

Son fils Henri, qui, lui aussi, sera nommé<br />

le Balafré quand il aura reçu un coup de feu<br />

au visage, au combat de Dormans, en 1575.<br />

prend la succession paternelle à la tête des<br />

catholiques ; il se signale à Jarnac et à Montcontour;<br />

maisà la guerre contre les protestants<br />

il va ajouter de plus hautes visées. Les Guises<br />

se prétendent descendants de Charlemagne par<br />

Lother, duc de Lorraine, et considèrent les<br />

Capétiens comme des usurpateurs de la couronne<br />

de France, qui doit revenir à un prince<br />

lorrain.<br />

Pourtant, le Balafré se montre, d'abord,<br />

soucieux d'écarter de Charles IX le danger<br />

que lui font courir les huguenots. Il organise<br />

le massacre de la Saint-Barthélémy avec son<br />

oncle et son frère. Pour mener à bien sa politique<br />

personnelle, il attend le règne du faible<br />

Henri III, qu'il bat en 1588 Mais, avant d'avoir<br />

pu recueillir les fruits de sa victoire, il est<br />

assassiné à Blois, par les ordres du roi.<br />

* ft *<br />

L<br />

CAVOUR<br />

E principal artisan de l'unité italienne,<br />

Camillo Benso, comte de Cavour, naquit<br />

à Turin le 10 août 1810. Sa nonchalance<br />

à ses premières études ne présageait en rien<br />

l'activité et l'ardeur au travail dont il fit montre<br />

par la suite. De plus, après avoir été page du<br />

prince héritier de Sardaigne et élève à l'Académie<br />

militaire de Turin. Cavour. devenu<br />

officier du génie, se révéla aussitôt moins bon<br />

soldat qu'ardent politicien. Il penchait alors<br />

vers les idées révolutionnaires,<br />

ne manquant<br />

pas, cependant,<br />

d'ambition personnelle.<br />

Il n'avait guère<br />

plus de vingt ans lorsqu'il<br />

écrivit dans une<br />

lettre : Il y a eu un<br />

temps où j'aurais cru<br />

tout naturel de me<br />

réveiller un beau matin<br />

ministre dirigeant<br />

du royaume d Italie. "<br />

Il ne s'agissait pas encore<br />

de cela pour lui;<br />

CAVOUR<br />

mais il rêvait déjà à la<br />

libération de son pays<br />

" étreint d'un côté dit-il, par les baïonnettes<br />

autrichiennes, et de l'autre par les excommunications<br />

papales .<br />

Cavour quitte l'armée, dirige les exploitations<br />

agricoles de son père, puis voyage en<br />

France, en Angleterre et en Belgique, se~dégage<br />

des, doctrines révolutionnaires, tout en restant<br />

l'esprit très libéral, et le voici de retour àTurin.<br />

S'occupant toujours d'agriculture, il se lance<br />

dans des entreprises industrielles et financières,<br />

se fait publiciste et fonde " la Société du Whist "<br />

où l'on joue très cher, mais où aussi l'on forme<br />

un clan politique, vite puissant.<br />

En 1847, le roi Charles-Albert se décide<br />

à faire des réformes. Cavour en profite pour<br />

créer un journal, // Rescrgimsnto, dans lequel<br />

il défend les principes libéraux et réclame<br />

une constitution. Celle-ci est accordée par le<br />

souverain, et Cavour fait partie de la Commission<br />

qui élabore la loi électorale dont il est<br />

le principal auteur. Il est nommé, plus tard,<br />

député, puis imposé, comme ministre du Commerce,<br />

à Victor-Emmanuel, contre le gré de<br />

ce dernier qui vient de monter sur le trône et<br />

dont il va cependant assurer la gloire du règne.<br />

En 1852, Cavour est président du conseil.<br />

Toute son énergie toute son habileté, qui sont<br />

grandes, son ardeur et son goût du risque, tempéré<br />

par un jugement juste, sont mis au service<br />

d'un unique dessein : l'unité italienne.<br />

Il a l'adresse de joindre un petit contingent<br />

de troupes sardo-piemontaises au corps expéditionnaire<br />

que la France et 1 Angleterre<br />

envoient en Crimée, ce qui permet au roi de<br />

Sardaigne d'être représenté au Congrès de<br />

Paris et d y poser la quest ion italienne. Napoléon<br />

prête attention aux projets de Cavour, et,<br />

en 1858, à Plombières, il décide avec lui la<br />

campagne d'Italie. La France recevra la Savoie<br />

et le comté de Nice en don du Piémont, auquel<br />

elle assurera les pays soumis à l'Autriche en<br />

Italie. Cavour compte, au surplus, que l'empereur<br />

français aidera Victor-Emmanuel à grou-<br />

per sous son sceptre tous les autres Etats italiens,<br />

plus ou moins dépendants de Vienne ;<br />

mais Napoléon III s'arrête en pleine victoire.<br />

Cavour, déçu de ne recevoir pour son pays que<br />

la Lombardie, use d'un autre moyen. Sans<br />

se compromettre, sans heurter Napoléon III,<br />

et avec un art consommé, il emploie à ses desseins<br />

un condottiere, Garibaldi, chargé de coups<br />

de main contre les petites principautés et le<br />

pape, dont on profitera pour parfaire l'unité<br />

nationale.<br />

Cavour mourut en 1861, en pleine action<br />

avant que son rêve fût entièrement réalisé.<br />

* * ft<br />

H<br />

HALÉVY<br />

ALÉVY, dont la musique est aujourd'hui<br />

quelque peu démodée, connut, de<br />

son vivant, la gloire, l'enthousiasme<br />

de la critique et même, à l'occasion de la Juive,<br />

ce qui fait croire souvent au génie, la cabale<br />

des camarades jaloux du succès. Des hommages<br />

officiels s'ajoutèrent à tout cela, et, sur<br />

la fin de sa vie, alors que très malade il séjournait<br />

à Nice, la musique de la garnison venait,<br />

chaque <strong>dimanche</strong>, sous sa fenêtre, lui donner<br />

des aubades de ses œuvres. Il passait, vers 1860,<br />

pour le grand maître de la musique française.<br />

A dix ans, étant né en 1799, il entrait déjà<br />

au Conservatoire de Paris, dans la classe de<br />

solfège ; il en sortait, après avoir été l'élève<br />

de Gnérubini, pour obtenir, très jeune, le grand<br />

prix de Rome. De retour de la Ville Éternelle<br />

— les théâtres étaient alors aussi encombrés<br />

qu'aujourd'hui — il n'arriva pas à faire jouer<br />

deux opéras qu'il avait dans ses cartons : Pygmalion<br />

et les Deux Pavillons. De nombreuses<br />

démarches de sa part aboutirent, néanmoins,<br />

à obtenir, en 1827, de la salle Feydeau, la représentation<br />

d'un petit acte intitulé l'Artisan: qui<br />

ne retint guère l'attention. Une pièce de circonstance,<br />

pour la fête de Charles X, suivit,<br />

puis le Dilettante d'Avignon, à l'Opéra-Comique<br />

; un bailet, Manon Lescaut, à l'Opéra ;<br />

la Tentation, les Souvenirs de Lajleur. L'habile<br />

facture de ces pièces ne déclanchait cependant<br />

pas le succès.<br />

Celui-ci vint au compositeur<br />

en 1835 avec<br />

la première de ta Juive<br />

que chanta le lamcux<br />

Nourrit et pour la»<br />

quelle l'Opéra fit une<br />

dépense de mise en<br />

scène inconnue jusqu'alors<br />

: 150.000 fr.<br />

Dans cette partition,<br />

Halévy montra une<br />

.force d'accent et une<br />

concision dramatique<br />

qu'on ne lui connais-<br />

sait pas. La fortune,<br />

dès lors, ne cessa de<br />

lui sourire, avec l'Eclair, la Reine de Chypre,<br />

le Guitarino, un opér3 |">atnotique Charles VI.<br />

dont Casimir et Germain Delavigne écrivirent<br />

le poème, et que la critique affirme devoir<br />

égaler les tragédies d'Eschyle.<br />

Halévy, qui était membre de l'Institut<br />

depuis 1836 et qui donna encore le Lazzarone,<br />

la Fée aux roses, Prométhée enchaîné, la Tempesta,<br />

mourut en 1864.<br />

* * *<br />

SCARRON<br />

HALÉVY<br />

E plus étonnant personnage, sans doute,<br />

de la littérature française que ce Scarron,<br />

L qui naquit à Paris en 1610 et qui, d'abord<br />

destiné à l'Eglise, mena une vie de désordres<br />

effrénés avant de devenir poète burlesque à<br />

l'heure où, paralytique, souffrant de mille<br />

douleurs, on ne devait plus, normalement,<br />

attendre de lui que plaintes et lamentations.<br />

La gloire de Scarron date donc du jour où,<br />

obligé de quitter les habits de petit-maître<br />

pour une chaise d'estropié, il se mit à tenir<br />

boutique d'esprit dans son appartement du<br />

Marais. Il commença par encenser Mazarin<br />

de ses petits vers, qui lui valurent quelques<br />

subsides et le titre de malade de la reine ; puis,<br />

la Fronde étant survenue à point pour exciter<br />

la verve de cet homme devenu presque culde-jatte,<br />

on voit arriver chez lui, de Retz en<br />

tête, tous les ennemis du cardinal-ministre,<br />

venant faire, auprès du poète tronqué provision<br />

de traits d'esprit et de saillies acérées.<br />

Plusieurs mazarinades. et sans doute les<br />

plus savoureuses. sont vraisemblablement de<br />

Scarron.<br />

Naturellement, Mazarin, à son retour à<br />

Pans, ne pardonne pas. malgré un certain<br />

nombre de poèmes de soumission que lui<br />

envoie l'écrivain. Mais celui-ci vient de faire<br />

un étonnant mariage ; il a épousé, pour 1 enle-<br />

ver au couvent, Françoise d'Aubigné, la future<br />

M'"<br />

SCARRON<br />

e de Maintenon. dont la beauté fait sensation.<br />

Elle lui obtient une pension de Fouquet<br />

et, dans le petit entresol assez pauvre qu'ils<br />

habitent reçoit une compagnie encore plus<br />

nombreuse peut-être et plus choisie que n'en<br />

recevait Scarron pendant les troubles. Les<br />

grands seigneurs, les nobles dames et les écrvains<br />

vont rire chez<br />

le paralytique, après<br />

avoir raffiné chez<br />

Mme de Rambouillet.<br />

Mlne de Sévigné notamment,<br />

affecte une<br />

amitié des plus vives<br />

pour le burlesque.<br />

D'ailleurs il a -écrit,<br />

dès 1648,- son Virgile<br />

travesti, qui a fait les<br />

délices de Balzac, de<br />

tous les lettrés deParis<br />

et des provinces. Trois<br />

ans après, l'histoire,<br />

pleine de verve plaisante,<br />

d'une troupe de<br />

comédiens ambulants parue sous le titre de<br />

Roman comique, augmente encore le renom<br />

de Scarron, qui, en plus, eut l'honneur, dans<br />

ses Nouvelles tragi-comiques, d'inspirer à Molière<br />

plusieurs de ses scènes.<br />

Cet homme gai, qui a su faire passer dans<br />

ses œuvres la verve loyeuse qui animait son<br />

corps douloureux, et qui a su aussi dessiner<br />

des caractères, mourut en 1660.<br />

* * *<br />

LE CHATEAU DE SAINT-GERMAIN<br />

L s en fallut de peu qu'à cause du château<br />

de Saint-Germain celui de Versailles n'exis-<br />

I tât jamais. Louis XIV, en effet qui aimait<br />

son séjour ne l'abandonna comme résidence,<br />

dit-on que parce que de sa terrasse on voyait<br />

les tours de Saint-Denis rappelant à tout roi,<br />

même au plus puissant, que le lieu de sa naissance<br />

n est jamais éloigné de celui de sa tombe.<br />

La fondation du château remonte vraisemblablement<br />

à l'époque où régnait Louis le<br />

Gros vers I 124. Il se dressa au lieu même où<br />

existait une église dédiée à saint Germain,<br />

sur une colline, en pleine forêt. A plusieurs<br />

reprises il fut brûlé et reconstruit. En 1346,<br />

les Anglais l'incendièrent une première lois ;<br />

ils recommencèrent sous le règne de Charles VI;<br />

puis les Armagnacs le pillèrent à nouveau et<br />

les Anglais le mirent à sac.<br />

Louis XI. qui l'habita peu en fit don à son<br />

médecin, Jacques Coicticr. qui dut le restituer<br />

à la mort du souverain.<br />

François Ier , qui se maria à Saint-Germain<br />

et appréciai! sa magnifique forêt, fit rebâtir,<br />

sur le gros œuvre ancien un château au goût<br />

de la Renaissance, et ses successeurs continuèrent<br />

les travaux ; mais Catherine de<br />

Médicis, sur la foi d une prédiction lui annonçant<br />

que le nom de Saint-Germain lui serait<br />

fatal, quitta cette résidence chère aux Valois.<br />

Henri IV s'y cacha avec Gabnelle d'Estrées ;<br />

Louis XIII y fit de longs séjours pendant<br />

l'un desquels naquit le dauphin ; Anne d'Autriche<br />

s'y réfugia pendant la Fronde, et<br />

Louis XIV y connut M" c de La Vallière et<br />

les premières années glorieuses de son règne.<br />

Puis, Saint-Germain, dépossédé pour Versailles,<br />

fut donné par le roi aux Stuarts. exilés<br />

d'Angleterre ; subissant le sort commun des<br />

autres châteaux sous la Révolution, il devint<br />

ensuite caserne jusqu'à sa restauration commencée<br />

en 1862 depuis laquelle un musée<br />

d'antiquités y a été installé.<br />

Le vieux château presque entièrement<br />

Renaissance très vaste composé de cinq gros<br />

pavillons reliés par des galeries, forme un<br />

quadrilatère irrégulier, avec deux laçades fort<br />

élégantes l'une sur la ville et l'autre sur le<br />

parc.<br />

C'est à Saint-Germain que lurent signés la<br />

paix, en 1570, entre les catholiques et les protestants<br />

et. de nos jours le traité, laisant suite<br />

à celui de Versailles, entre les alliés et les puissances<br />

centrales.<br />

CHÂTEAU DE SAINT-GERMAIN


muiiu EXCELSIOR-DIMANCHE ■iiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii > iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin 12 luiiiiiiiiiiMiiiiiiHiiiiiunniiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiniiiii iiiiiiiniiiiiiiiiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 iiiiiiim<br />

LA SEMAINE COMIQUE<br />

LE MONSIEUR QUI A DES<br />

TALENTS DE SOCIÉTÉ<br />

■— Tenez, dit M. Tibère, rï est aisé, avec<br />

une simple clé, un peu de talent et quelque<br />

adresse, de remplacer l'orchestre le plus stylé.<br />

— Un léger modulement en voix de tête va<br />

leprodmre à vos oreilles charmées l'aimable<br />

ri ont du rossignol.<br />

— Un coup de langue habile en arrachera le<br />

hurlement plaintif des grands steamers transatlantiques.<br />

— Et avec le concours de quelques verres de<br />

cristal elle vous jouera tous les airs célèbres<br />

eu jazz-band.<br />

Alors, légitimement fier de son petit succès,<br />

M. Tibère prend congé.<br />

Malheureusement, arrivé devant sa porte,<br />

il n'est plus capable de faire jouer sa clé... dans<br />

la serrure I iDc SS nt înedu. & VAK&J<br />

LFsêœnorïo'<br />

Nous nous trouvons en mesure — les<br />

premiers comme toujours — de publier<br />

in extenso la sensationnelle conférence<br />

que le célèbre Pbiléas Fogg vient de faire au<br />

" Reform-Club " de Londres, devant une<br />

immense assemblée. Malgré son grand âge,<br />

1'éminent globe-trotter a peu changé : il est<br />

demeuré svelte, sec et froid. Ayant salué de<br />

la paupière ses auditeurs enthousiastes, il a<br />

pris la parole en ces termes :<br />

" Ladies and gentlemen,<br />

" Devant marier ma septième fille dans<br />

vingt minutes, je donnerai, de mon second<br />

tour du monde, une relation brève, cependant<br />

complète. Quand j'eus gagné mon fameux<br />

pari, mon ami Sullivan, le gros perdant, m'interpella<br />

: " J'espère que vous m'offrirez ma<br />

revanche ! " Je répondis : " Quand vous voudrez.<br />

" Il reprit : " Bien entendu, vous accomplirez<br />

le même trajet. " Je répliquai : "Oui.<br />

Et dans le même délai — mais à condition<br />

que vous ne m'obligiez pas à m'embarquer<br />

au moment, par exemple, où la Grande-Bretagne<br />

entrerait en guerre, car, loyal fils d'Albion,<br />

je m'engagerais pour combattre ( tonnerre<br />

d'applaudissements) ; ni, non plus, à une époque<br />

où les territoires que je dois traverser seraient<br />

ravagés par quelque épidémie ou cataclysme<br />

naturel." Sullivan déclara : "J'accepte vos<br />

réserves. J'entends seulement rester le maître<br />

de l'heure. " Et nous signâmes le " covenant ",<br />

" Le pacte conclu, je dis à Sullivan que le<br />

dépit lui avait troublé le jugement : les progrès<br />

de la civilisation et de la science ne pouvaient<br />

manquer, en effet, d'accélérer, d'année<br />

en année, la rapidité des communications. Je<br />

ne me trompais point : en effet, en 1910, un<br />

jeune journaliste français, M. Jagerschmidt,<br />

envoyé par la direction d'Excclsior, réussit<br />

à boucler le tour du monde en quarante-trois<br />

jours... Cependant les années passaient, et<br />

Sullivan persistait à ne pas me donner le signal<br />

du départ. Qu'attendait-il ? Nous n'en parlions<br />

jamais, mais chacun savait que l'autre<br />

y pensait toujours...<br />

(A ce moment, tous les regards se tournent<br />

Vers M. Sullivan, qui opine, assis au premier<br />

rang. Mouvement de curiosité intense. On emporte<br />

vingt dames étouffées.)<br />

" ... Puis la grande guerre éclata. Un an<br />

après, le jour où la paix fut signée, Sullivan<br />

me dit : "Allez, maintenant.<br />

" Je partis le soir même, laissant mes<br />

enfants à la garde de mon fidèle. Passe-Partout,<br />

devenu si gros qu'il ne peut plus passer nulle<br />

part. Mais, détestant me déplacer seul, j'emmenai<br />

ma chère femme, Aouda. Mr. Fix, devenu,<br />

comme vous savez, directeur de la police,<br />

m'avait promis, pour racheter ses mauvais<br />

procédés d'autrefois, de favoriser, par tous<br />

moyens, mon voyage.<br />

" Il me le facilita, en effet... jusqu'à Calais.<br />

Mais la traversée de la France me valut tout<br />

de suite un léger retard, car elle me prit une<br />

semaine : mon express demeura cinq jours<br />

sous un tunnel, sans que personne sût pourquoi<br />

et sans que j'en voulusse descendre, le<br />

chef de train ne cessant de réjjéter : " Départ<br />

dans cinq minutes. " Le parcours de l'Italie,<br />

jusqu'à Brindisi, s'accomplit, normalement,<br />

en huit jours. Je regagnai du temps sur mer,<br />

à bord d'un courrier britannique, et débarquai<br />

en Egypte. Mr. Fix avait câblé à son collègue<br />

de Port-Saïd de se mettre à ma disposition.<br />

Mais je n'eus pas le plaisir de rencontrer<br />

ce gentleman, non plus qu'aucune autre autorité<br />

anglaise : les indigènes en révolte avaient,<br />

en effet, bloqué le personnel du protectorat<br />

dans les caves. On m'emprisonna dans un<br />

sarcophage, et je ne dus la liberté qu'à ma<br />

chère femme, dont la qualité d'Hindoue trouva<br />

grâce devant les rebelles. Tout trafic officiel<br />

demeurant suspendu, nous prîmes place à<br />

bord d'une " dahabieh ", sorte de péniche<br />

îlate à voile, qui mit douze jours pour longer<br />

a mer Rouge jusqu'à Aden.<br />

Ï<br />

" Mon second tour du monde ne s'annonçait<br />

pas bien : j'avais mis vingt-neuf jours et<br />

neuf heures à parcourir une distance autrefois<br />

franchie en douze jours et trois heures. Mais<br />

je me promettais d'user, le cas échéant, de<br />

ce merveilleux véhicule : l'avion. Toutefois,<br />

je n'y voulais monter qu'à la dernière extrémité,<br />

une chute en pleine eau ou même en<br />

plein sol demeurant souvent irrémédiable.<br />

D'Aden à Bombay, la traversée, sur bâtiment<br />

britannique, débuta impeccablement. Mais<br />

notre commodore apprit en cours de route,<br />

par T. S. F., que son navire, ancien paquebot<br />

allemand, était attribué au Portugal. À la latitude<br />

du cap Gardafui, un torpilleur portugais<br />

vint en prendre possession pour l'amener à<br />

Mozambique. Tout ce que nous concéda le<br />

grave commandant du torpilleur, ce fut de<br />

nous déposer à Zanzibar — crochet qui me<br />

détournait passablement de ma ligne. A Zanzibar,<br />

nous dûmes attendre un mois le départ<br />

d un bateau pour les Indes. Heureusement,<br />

j'aime le jeu : je supportai l'attente sans mélancolie<br />

dans cette îie peuplée de joueurs effrénés.<br />

" De Zanzibar à Bombay, douze jours, ponctuellement,<br />

sur bâtiment britannique. Au<br />

débarqué, je fis mes calculs : j'étais en route<br />

depuis quatre-vingt-un jours. Je pris soin<br />

de défalquer la journée d'avance que la marche<br />

du soleil devait me donne-, au retour à Londres<br />

— quoique je n'aie jamais bien compris pourquoi.<br />

" Restaient quatre-vingts jours. Je marquai,<br />

en outre, une heure à mon crédit, due au pas-<br />

sage de l'heure d'été à l'heure d'hiver : restaient<br />

soixante-dix-neuf jours vingt-trois heures,<br />

net. Ce calcul achevé, je constatai qu'il m'était<br />

impossible, avec les moyens de transport<br />

actuels, de me rendre depuis Bombay jusqu'à<br />

Londres en soixante minutes. Mais un Anglais,<br />

même quand la bataille est perdue, n'en<br />

demeure pas moins un Anglais...<br />

(Ouragan d'applaudissements. Acclamations<br />

prolongées.)<br />

"...Je vous rappelle, ladies and gentlemen,<br />

que je marie ma fille dans dix minutes... Je<br />

résolus donc d'aller jusqu'au bout... De Bombay<br />

à Calcutta, tt's a long way, comme dit le<br />

poète. Notre locomotive britannique filait<br />

à parfaite allure, quand elle fut arrêtée par un<br />

grand troupeau de femmes cheminant sur la<br />

voie : c'étaient des Hindoues féministes qui,<br />

selon les prospectus qu'elles nous distribuèrent,<br />

en " avaient assez d'être brûlées, chaque fois<br />

qu il plaisait à leurs époux de mourir ". Elles<br />

chantaient en chœur des refrains de la Veuve<br />

joyeuse, traduits en maharatti. A leur tête<br />

était la fille du Rajah de Gran-Teykar. qui,<br />

reconnaissant en mon Aouda sa cousine, la<br />

somma de se joindre à la bande. Comme ma<br />

chère femme refusait, ces forcenées l'arrachèrent<br />

de mes bras. Je sautai hors du train,<br />

qui repartit.<br />

"Quand Aouda eut expliqué quelle s était<br />

remariée avec moi parce que je l'avais sauvée<br />

du bûcher, on nous fit fête et la fille du Rajah<br />

s'empressa de confier à un éléphant le soin de<br />

nous mener à Calcutta. Mais une nouvelle<br />

difficulté surgit : les éléphants, qui sont des<br />

bêtes aussi intelligentes que l'homme, trouvant<br />

qu'à la fin ils avaient trop bon dos, venaient<br />

de se constituer en syndicat de défenses. (Sourires.)<br />

Il fallut parlementer avec le secrétaire<br />

de la C. G. T. — Confédération Générale des<br />

Trompes... Quand j'arrivai à Calcutta, jetais<br />

en route depuis cent jours.<br />

" Le trajet Calcutta-Shang-Haï, sur bâtiment<br />

britannique, s'effectua correctement :<br />

ci, vingt jours. Mais à Shang-Haï, arrêt complet<br />

du trafic maritime : en effet, les bateaux<br />

à destination du Japon s'approvisionnaient<br />

en pétrole et en charbon extraits d'un territoire<br />

mandchou revendiqué par plusieurs<br />

puissances ; en attendant le règlement du<br />

litige, puits et mines restaient sous séquestre,<br />

ce qui revient à dire qu'on ne les exploitait<br />

point. Enfin, j'eus la chance de trouver un<br />

indigène qui consentit à nous mener à Yeddo<br />

en hydroplane. Je le payai d'avance et m'assis,<br />

avec ma chère Aouda, dans l'appareil. Alors<br />

l'indigène attacha l'hydroplane à la poupe<br />

d'une petite goélette en partance, qui nous<br />

prit en remorque. Il nous avait bernés. Mais<br />

nous étions en route, et, quinze jours plus<br />

tard, nous touchions à Yeddo.<br />

" Là, cent quarante-neuf jours après mon<br />

départ de Londres, nous embarquâmes sur<br />

un steamer américain : je pressentais que cette<br />

sorte de navire me vaudrait un retard nouveau...<br />

En effet, en plein Pacifique, nous<br />

apprîmes qu'un bolchevik sibérien avait caché<br />

une bombe dans la chambre de chauffe. En<br />

réalité, cette bombe était un casque de samouraï,<br />

et le prétendu bolchevik un antiquaire<br />

pour nouveaux riches, qui, désirant donner<br />

au bronze une certaine patine truquée, avait<br />

demandé-à un chauffeur de l'introduire dans<br />

la chaudière. L'arrêt, ordonné sous la crainte<br />

d'une explosion en cours de marche, prolongé<br />

par les recherches, l'enquête, nous valut<br />

un retard de soixante-dix-sept heures. J'abordai<br />

à San-Francisco après cent soixante-trois<br />

jours de voyage.<br />

" Puis ce fut le parcours " Océan to Océan ",<br />

sur chemin de fer : à Lincoln, en Nebraska.<br />

le personnel du train apprit qu'un match de<br />

boxe mettrait aux prises, dans celte ville, la<br />

semaine suivante, Carpentras, champion des<br />

poids lourds d'Europe, et Depincett, son rival<br />

d'Amérique. Tous les employés descendirent<br />

pour assister à la rencontre, et les voyageurs<br />

durent en faire autant. Nous ne touchâmes<br />

New-York que treize jours plus tard.<br />

"La traversée vers l'Angleterre avait assez<br />

bien commencé, quand un multimilliardaire<br />

de Chicago s'aperçut qu'il avait oublié dans<br />

sa chambre un fume-cigarettes auquel il tenait<br />

fort : il paya le capitaine et l'équijsage pour<br />

faire demi-tour, et indemnisa tous les passagers...<br />

Je touchai enfin Liverpool, après une<br />

absence de cent quatre-vingt-dix-neuf jours...<br />

Je n'étais plus qu'à cinq heures de Londres:<br />

je mis neuf jours pour y parvenir. C'était la<br />

grève générale des chemins de fer Je ne pus<br />

nie procurer qu'un vieux tank, dans lequel<br />

je regagnai Londres, avec ma chère Aouda,<br />

exactement deux cents jours après mon départ<br />

de la capitale.<br />

Vous avez déjà deviné que mon pari se<br />

trouvait perdu. Sullivan avait su choisir son<br />

heure : au degré de civilisation auquel les événements<br />

récents nous ont portés,* il faut deux<br />

cents jours en moyenne pour • accémplir le<br />

tour du monde. Tel est le progrès de l'humanité.<br />

Ladies and gentlemen, good bye ! Je vais<br />

marier ma septième fille. "<br />

(Ovations inoubliables. Philéas Fogg a disparu.<br />

L'assistance, délirante, se partage le tapis<br />

de table, la carafe, le verre d'eau et le sucre, en<br />

souvenir.) HENRI FALK.


luniiiui LE 2 DÉCEMBRE 1923 iiiiiniiiiiiiiiuiiuiuiiiiiiiuiiii 1111111111:1111 1111111111111111111 iiiiiiiiiiiniiiimi 13 -touiéMii uni 1 iiiiiiisiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiuiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiii EXCELSIOR-DIMANCHE "■■••'■N<br />

UN DIAGNOSTIC QUI PARAIT EXAGÉRÉ...<br />

— Alors vous dites, docteur, que dans ... cependant, huit jours, cela me ... vous me diriez encore que je<br />

huit jours je pourrai jouer du piano?... paraît bien court... pourrai tenir ma canne...<br />

MALENTENDU<br />

Bigre I 4.800 ce petit rez-de-chaussée, c est cher... el naturellement vous n avez rien au-dessous?<br />

Mais SI, monsieur, la Cave... (Dessin inédt Je IVIAT..<br />

mais jouer du piano. ... je ne sais même pas monter une<br />

gamme... (Dessin inéd. de M.-W. JuLHÈS.I<br />

UNE MAUVAISE ASSURANCE<br />

Ça y es?, je me suis assuré contre l'incendie et contre la srêle.,<br />

Et comment feras-tu tomber la grêle ? Dessin ini'dil dt R. OlANCEUl


■t.mimt EXCELSIOR - DIMANCHE ui!iiinniinMnMiiininiiiii!iiiiiiii...i unii..u»>iiiiiiaticiiiFiifiiniiiiii]imiuiiiN ]4 ■■:iiiiiiiiiiiiitiiiii>.iiiiiiifiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!i!iHiiiiiiiifi!iittiii!iiiiiiiii!iiiniiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 "UIIIIIIII<br />

1<br />

B R I C - A - B R A C<br />

ÉCHOS ET NOUVELLES DE PARTOUT<br />

L'ANNIVERSAIRE DE SARDOU<br />

N a rappelé, ces jours-ci, l'esprit endiablé,<br />

O les fines reparties, l'entrain, la vivacité<br />

de Victorien Sardou, mort voici quinze ans.<br />

Et les anecdotes sur le célèbre dramaturge,<br />

qui fut un conteur exquis et intarissable,<br />

allèrent leur train.<br />

En voici une quelque peu connue, mais<br />

toujours amusante :<br />

Ce soir-là, Sardou dînait chez la belle<br />

M me d'Aubernon. Il y dînait et contait, suivant<br />

son habitude. Or, quand il contait, la pièce<br />

avait toujours cinq actes. Autrement dit, il<br />

n'en finissait plus.<br />

L excellence d'un canard aux petits pois<br />

n arrêta pas le conteur. Alors, Meilhac,<br />

qui était de la fête, leva un doigt vers M me d'Aubernon.<br />

— Chut I fit celle-ci, vous direz cela tout<br />

à I heure.<br />

Et Sardou parlait toujours. Au dessert,<br />

accalmie. Alors, la belle amphitryonne :<br />

— A votre tour, monsieur Meilhac. que<br />

vouhez-vous dire ?<br />

Et Meilhac, penaud, baissant le front :<br />

— Je voulais, madame, redemander des<br />

petits pois.<br />

Renaissance.<br />

LES ILLETTRES AUX ÉTATS-UNIS<br />

L résulte d'investigations auxquelles s'est<br />

Î livrée la Commission^spéciale nommée par<br />

a " National Education Association ", dans<br />

le but de s'occuper plus particulièrement<br />

des illettrés, que les Etats-Unis ne comptent<br />

pas moins de cinq millions d'illettrés avoués,<br />

auxquels il faut aiouter, estiment les membres<br />

de la Commission, au moins cinq autres<br />

millions d'illettrés honteux, c'est-à-dire qui<br />

ne reconnaissent pas leur état d'infériorité,<br />

et au moins dix millions de semi-illettrés,<br />

soit au total vingt millions d'habitants ne<br />

sachant pas, ou presque pas lire ni écrire.<br />

La Commission estime que I absence de<br />

toute législation, avant l'année 1911. en ce qui<br />

concerne l'enseignement, et plus particulièrement<br />

l'absence de cours pour adultes est<br />

responsable de cet état de choses.<br />

" Dans de nombreuses villes, dit la Commission,<br />

la seule chance que possèdent les adultes<br />

illettrés d'apprendre à lire et à écrire, est de<br />

s'enrôler dans l'armée ou d'entrer en prison ! '<br />

La "National Education Association" se propose<br />

d'entamer une campagne en vue d obtenir<br />

des pouvoirs publics qu'ils prennent des<br />

dispositions de nature à permettre à tout<br />

adulte d'acquérir, s il en a le désir, les premières<br />

notions d'un enseignement scolaire.<br />

Le Soir (de Bruxelles).<br />

journal espagnol a raconté récemment,<br />

UN<br />

avec documents à l'appui, l'aventure<br />

extraordinaire du pâtissier de Madrigal, petite<br />

ville de Castille.<br />

C était en 1578, au lendemain même de la<br />

délaite subie à Alcazar (Maroc) par ie roi<br />

Sébastien de Portugal. La conséquence de cette<br />

défaite lut de placer le Portugal sous la domination<br />

du roi d'Esjjagne Philippe II. Sébastien<br />

avait été tué au cours du combat. Ceci ne pouvait<br />

faire de doute pour personne.<br />

Une telle certitude n'empêcha |>as pourtant<br />

un Père augustin |.iortugais, nommé Miguel de<br />

los Santos. dans le but de détrôner celui qu'il<br />

considérait comme un usurpateur, d'imaginer<br />

une comédie pour laire croire que le roi Sébastien<br />

était encore en vie et prêt à remonter sur le<br />

trône de Portugal.<br />

Ce fut un pâtissier de Madrigal, nommé<br />

Gabriel Espinosa, qui joua le rôle de roi. Il le<br />

joua tant et si bien que le nombre de ses prosélytes<br />

devint bientôt considérable. L'astucieux<br />

moine sut mettre dans son jeu dona Ana<br />

d'Autriche, fille naturelle de Don Juan d'Autriche,<br />

le vainqueur de Lepante, et de la Napolitaine<br />

Diana de Sorrento. I! lui fit croire que,<br />

selon une révélation divine, le ciel la désignait<br />

comme future reine de Portugal.<br />

Dona Ana, qui était sœur au couvent des<br />

Augustines de Madrigal, dont le Père Miguel<br />

était vicaire et confesseur, se laissa aisément<br />

persuader.<br />

Au moment où la supercherie paraissait<br />

devoir réussir, celle-ci eut subitement une<br />

issue tragique, le pseudo-roi ayant commis<br />

l'imprudence d'aller parader à Valladolid, sous<br />

les yeux des sbires de Philippe IL II fut arrêté<br />

et condamné au supplice du garrot, tandis que<br />

don Miguel était pendu haut et court.<br />

Quant à dona Ana, on l'enferma dans un<br />

monastère d'Avila. Elle perdit son titre<br />

'd Excellence et fut contrainte de jeûner pendant<br />

quatre ans tous les vendredis, n'étant<br />

autorisée à manger que du pain et à ne boire<br />

que de l'eau I<br />

Journal des Débais.<br />

ETHNOGRAPHE<br />

'AUTRE après-midi, à la 14 L e ; Me S... laisait<br />

passer sous les yeux du tribunal une photo<br />

représentant son client banquetant au milieu<br />

de Chinois.<br />

Me S.... — Cette photographie a été prise<br />

au cours du banquet offert à mon client lorsqu'il<br />

quitta la Chine. Voyez comme tous ces Chinois<br />

ont une physionomie sérieuse et honorable I<br />

Le Président, souriant. — Le tribunal ne<br />

connaît pas suffisamment le type chinois pour<br />

se rendre compte de la respectabilité des<br />

convives !<br />

A Quinzaine.<br />

SERMON D'ANTAN<br />

L y avait, en 1508, à l'église Saint-Jean-<br />

I en-Grève, un prédicateur du nom de Maillard<br />

dont les sermons étaient d'une brutalité<br />

qui ne fut jamais égalée. Il est vrai qu'il<br />

parlait en latin. Il disait aux marchands :<br />

" Messieurs les marchands, c'est le diable<br />

qui vous inspire la fraude dont vous êtes<br />

chaque jour coupables. Parlez, marchands de<br />

vin, ne vendez-vous pas du vin de votre<br />

façon pour de l'Orléans ou de l'Anjou ?<br />

Vous, marchands de draps, n'est-ce pas de<br />

mauvais drap de Beau vais que vous nous<br />

donnez pour du drap de Rouen ?... Et la mesure,<br />

grand Dieu, comment la faites-vous ? L'acheteur,<br />

qui croit avoir deux aunes d'étoffe,<br />

n'en a trouvé qu'une... Vous aussi, Mesdames<br />

les marchandes, achetez à la grande mesure<br />

et vendez à la petite... On vous a vues, lorsque<br />

vous pesez, donner le petit coup de doigt sur<br />

le plateau, pour faire descendre la balance<br />

du côté de la marchandise. "<br />

Oh ! ce frère Maillard, il devait exagérer !<br />

Et que dirait-il des mercantis s'il vivait de nos<br />

jours ?<br />

Echo municipal.<br />

L AUDIENCE DES MITES<br />

N îeune avocat parisien s'en lut, l'autre<br />

U lour, plaider devant une Cour d'appel<br />

de province lorsqu'à l'audience il vit avec<br />

stupéfaction les conseillers en robes rouges,<br />

alors que cette tenue n est d'usage, à Paris,<br />

qu'aux audiences solennelles.<br />

— Les magistrats ne portent pas la robe<br />

noire ici ? demanda-t-il à son avoué.<br />

Ce dernier sourit et répliqua :<br />

— Mais si, sauf un jour par semaine, le<br />

lundi ; le Premier Président, une fois, devait<br />

revêtir la robe de pourpre pour se rendre à un<br />

L AUTO DE BÉBÉ<br />

N a souvent reproché aux voitures hippo-<br />

O mobiles de constituer une entrave à la<br />

enterrement.; or. il s'aperçut que cette robe circulation parisienne. Impropres à régler leur<br />

était mangée par les mites ; afin d obvier à cet allure sur le rythme de la vie moderne, elles<br />

inconvénient, il décida donc de (aire sortir sont, aux yeux des gens pressés, un véritable<br />

les robes rouges tous les huit jours pour les anachronisme. Pourtant, un fiacre, un haquet,<br />

aérer Et voilà pourquoi cette débauche vesti- si vieille et poussive que soit la rosse qui les<br />

mentaire est de rigueur une lois par semaine<br />

à u^i audience nommée : l'audience des mites !<br />

tire, peuvent encore prendre le trot de temps<br />

en temps pour dégager la chaussée. Mais que<br />

Cri de Paris. dire des voitures d enfants ? La nourrice ne<br />

connaissait jusqu'ici qu'une allure : le pas, un<br />

LE PATISSIER DE MADRIGAL<br />

pas majestueux et solennel. Or. cela va changer.<br />

A Londres, on a vu, nous dit-on. une voiture<br />

d enfant poussée par une nurse, elle-même<br />

montée sur une sorte de patinette automobile.<br />

Le bébé, qui n est pas de son siècle pour rien,<br />

se trouve, paraît-il, fort bien de cette mode<br />

nouvelle . les cahots le beirent, et il dort, sans<br />

souci du " trafic ". Et ceci nous prouve que le<br />

progrès n'est pas un vain mot.<br />

NtW'Yorh. Herald.<br />

LES PERLES D'ÉLISABETH D AUTRICHE<br />

OICI revenu le vingt cinquième anniver-<br />

V saire de la mort traeique d Elisabeth de<br />

Bavière, impératrice d Autriche, qui tomba en<br />

1898 sous le poignard de I anarchiste Luccheni.<br />

Sait-on que, quelques semaines avant sa<br />

mort, l'impératrice avait envoyé à Corfou un<br />

incomparable collier de perles, qui lui avait été<br />

donné aux premiers temps de sor mariage par<br />

François-Joseph. Vers 1895, les perles magnifiques<br />

avaient commencé à perdre un peu de<br />

leur orient et de jour en jour elles semblaient<br />

se flétrir davantage. L'impératrice se désespérait<br />

: elle avait en vain consulté les bijoutiers<br />

les plus experts, nul ne s'était chargé de rendre<br />

aux perles leur éclat primitif.<br />

Un vieux "juif, cependant, un beau matin,<br />

indiqua à Elisabeth le remède désiré ; elle<br />

n'avait qu'à plonger les perles pendant quelques<br />

mois dans la mer. et le collier retrouverait sa<br />

magnificence primitive. C était en mai 1898:<br />

l'impératrice se laissa convaincre ; elle envoya<br />

son collier à un moine corfiote en qui elle avait<br />

toute confiance et lui écrivit ce qu'elle attendait<br />

de lui. Le II juin, par une nuit claire et une<br />

mer tranquille, le moine, aidé par un pêcheur<br />

grec dont l'histoire n'a pas conservé le nom,<br />

alla accrocher le collier dans un creux de<br />

rocher sous-marin, au pied du fameux Achilleion.<br />

Il pensait aller le retirer six mois après.<br />

Le 2 août suivant, le moine disparaissait mystérieusement,<br />

en allant porter secours à une<br />

vieille femme qui expirait d ailleurs le même<br />

jour. En septembre, l'impératrice fut assassinée.<br />

Le pêcheur qui avait accompagné le moine<br />

dans son expédition nocturne se noyait à la<br />

fin de novembre de la même année 1898. La<br />

légende affirme cependant qu'il avait confié<br />

son secret à un vieux Corfiote qui, ajoute-t-on,<br />

vivait encore, mais dont nul n'a jamais pu préciser<br />

le nom. Depuis mai 1898, les perles sont<br />

toujours sous l'eau. Qui saura les retrouver ?<br />

RÉGIME SEC<br />

Eclair.<br />

L a suffi de quelques semaines, après le<br />

I départ des alliés, pour rendre Constanlinople<br />

méconnaissable. L établissement du<br />

régime sec a fermé 4.250 cafés, bars et cabarets.<br />

Péra, qui était une ville fort gaie, est plongée<br />

maintenant dans une morne tristesse. Plus<br />

d orchestre dans les restaurants, plus de dancings<br />

— et Dieu sait s'ils étaient nombreux et<br />

bien achalandés I — plus de iazz-band. Chacun<br />

ciaint les trente coups de bâton distribués<br />

libéralement par la police aux buveurs qui<br />

voudraient prendre du " thé froid ", c'est-àdire<br />

boire à l'heure de l'apéritif un " douzico "<br />

(sorte d anisette ou d'absinthe qui était I apéritif<br />

national) servi dans une vulgaire tasse à<br />

tne.<br />

Europe nouvelle.<br />

UN ORIGINAL<br />

I en France il y avait encore, l'année<br />

S dernière, quelques personnes qui n'avaient<br />

pas entendu Phi-Phi. il y a d'autre part en<br />

Amérique un Américain qui n'a jamais entendu<br />

de radio-concert.<br />

Ce n'est pas un sourd ; c'est le célèbre auteur<br />

dramatique et conférencier Israélite Israël<br />

Zangwill, dont Excelsior-Dimanche a publié,<br />

il y a peu de temps, une remarquable nouvelle<br />

d'action.<br />

M. Israël Zangwill, donc, n'a jamais entendu<br />

de radio-concert — c'est, du moins, ce qu'il a<br />

affirmé aux journalistes qui 1 interviewaient, à<br />

son retour d'Angleterre.<br />

Mais, après tout. M. Israël Zangwill n'est-il<br />

pas aussi un humoriste ?<br />

Rad io- Magaz ine.<br />

UN FAUX FAMEUX<br />

ES dernières découvertes de faux au Louvre,<br />

L où ils abondent encore, remettent en<br />

mémoire les faits oubliés aujourd hui et qui, en<br />

leur temps, eurent un retentissement au moins<br />

égal.<br />

Entre autres, cette aventure, dont s esclafla<br />

toute la presse du Second Empire et dont<br />

Rochefort s'empressa de tirer parti.<br />

Un antiquaire de Florence, M. Frappa, avait<br />

acheté pour 350 francs une terre cuite faite<br />

par son ami, le sculpteur Brastar.ini. Il la vendait<br />

quelques mois plus tard à M. de Nolivos<br />

700 francs. Le modèle était un très modeste<br />

ouvrier de la manufacture de tabac de Florence,<br />

appelé Bonainti, qu'on avait coiffé,<br />

pour la pose, à la mode du XVI e siècle.<br />

En 1865, lors d'une rétrospective de l'Union<br />

Centrale des Beaux-Arts, on s enthousiasma<br />

pour un buste de terre cuite de la renaissance<br />

italienne, représentant le poète Bemvuni,<br />

auteur d odes religieuses, né à Florence en<br />

1453. pièce principale de la collection d'un<br />

riche amateur. M. de Nolivos.<br />

L exposition terminée, l'œuvre lut mise en<br />

vente à I hôtel Diouol et adjugée à M. le comte<br />

de Nieuwertiertie, directeur général des Musées<br />

impériaux du Louvre. Et ce pour la coquette<br />

somme de 13.600 lrancs.<br />

Quelques jours après seulement, des bruits<br />

venus d'Italie commencèrent à circuler, et un<br />

journal italien le Ditlo, par la plume du docteur<br />

Foresi, narra tout au long l'histoire.<br />

Ce fut une belle bataille, qui dura jusqu en<br />

1868. Les officiels ne, voulurent pas s'avouer<br />

vaincus. Mais, quand l'affaire fut oubliée, le<br />

buste disparut insensiblement des collections<br />

du Louvre et on l'y chercherait vainement<br />

aujourd'hui.<br />

Les Hommes du Jour.<br />

m<br />

DU POÈTE AU POÈTE<br />

E poète — on a l'habitude de faire suivre<br />

L ou précéder ce nom d'un qualificatif<br />

choisi : bon, exquis, harmonieux, mais ici nous<br />

dirons le poète, et cela suffit, puisque ce poète<br />

est Tristan Derème — a chanté la pipe et<br />

l'escargot dans la Verdure dorée :<br />

Je veux bourrer ma pipe et fumer en silence<br />

A l'ombre des rosiers que l'air tiède balance.<br />

Le soleil a plongé dans le soir d'écarlate<br />

Comme une abeille en or dans un coquelicot :<br />

Et la lune déià, comme un laune escargot,<br />

A quitté la colline et glisse au ciel d'automne.<br />

Or, étant l'autre jour dans l'antre où Tristan<br />

assemble les Muses et lie avec elles commerce,<br />

nous avisâmes- un exemplaire du Passé<br />

vivant, d'Henri de Régnier, édition pré-originale,<br />

puisqu'elle est formée de la réunion des<br />

chapitres pris dans la Revue de Paris en 1904-<br />

1905.<br />

Sur la page de garde, on peut lire ces vers :<br />

Comme vous, Tristan Derème,<br />

Je suis poète, car i aime<br />

Le feu l'eau, I air et le vent.<br />

L'escargot et la. tulipe.<br />

Le tabac qui brûle en la pipe,<br />

L'amour et le passé vivant<br />

HENRI DE RÉGNIER,<br />

N'est-ce pas charmant, ce geste de poète à<br />

poète, à travers ce qu'on appelle faussement<br />

1 " abîme des générations " ?<br />

LE FAUTEUIL REFUSÉ<br />

C<br />

Paris- Journal.<br />

EST d'un lauteuil académique qu il s agit,<br />

et le cas, on le devine, ne date pas<br />

d'hier. I! est d ailleurs unique dans les annales<br />

de ! Académie. Gageons que les heureux vainqueurs<br />

du scrutin dernier ne le renouvelleront<br />

pas.<br />

Quand Perrault mourut, l'illustre Compagnie<br />

élut, pour le remplacer, le 18 juin 1703, le<br />

président de Lamoignon.<br />

Voici ce qui s était passé : Chaulieu, lavori<br />

de la Cour, s'était présenté au fauteuil de<br />

Perrault et racontait partout qu'il allait être<br />

des Quarante.<br />

Cette candidature officielle et les ragots de<br />

Chaulieu avaient indisposé 1 Académie et<br />

surtout son directeur, M. de Tourreil, qui, le<br />

iour du scrutin, annonça qu'il serait convenable<br />

de ne pas oublier Lamoignon, alors à<br />

l apogée de sa renommée.<br />

Le président passa d emblée. Mais Chaulieu,<br />

ne se tenant pas pour battu, fit " conseiller '<br />

par la cour au président de refuser le lauteuil.<br />

Lamoignon s inclina.<br />

Alors, I Académie élut le coadjuteur- de<br />

Strasbourg, lutur cardinal de Rohhn. qu elle<br />

savait encore mieux vu à Versailles que Chaulieu<br />

; et son choix lut, en effet, approuvé par<br />

Louis XIV.<br />

Opinion.<br />

LE RENARD A LA PL.UTARQUE<br />

voici une histoire de chasse... Elle ne<br />

ET<br />

nous vient pas du Midi, mais d'Angleterre.<br />

Un renard avait été pris dans un piège,<br />

pris par une palte. L'animal fut assez robuste<br />

et assez énergique pour décamper en traînant<br />

après lui l'appareil enfoncé dans ses chairs.<br />

Des chasseurs s'aperçurent de cette fuite,<br />

dont l'héroïsme ne les émut pas ; ils suivirent<br />

le renard à sa trace sanglante. Le renard, se<br />

voyant poursuivi (?), gagna des montagnes<br />

escarpées — nous affirme la dépêche que<br />

nous avons sous les yeux — mais bientôt il<br />

comprit que tout effort était inutile et qu il<br />

allait être cerné. Alors ce renard, courageux<br />

comme un lion, par une détermination .digne<br />

d'un héros de Plutarque, décida de se suicider<br />

et se jeta dans un précipice où il alla s'abîmer,<br />

... C'est une histoire de chasse... Elle ne<br />

nous vient pas du Midi, mais du Nord-Ouest...<br />

Gaulois.


■iiiiiiiiiii LE 2 DÉCEMBRE 1923 "'m»i»"»>"imiiiiiic»iiiiniMiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiMmiiiE ■■■■■■■iiiiiiiiiiiiiiiumimi 15 •■■•» iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii^» EXCELSIOR-DIMANCHE uii««<br />

LE MYSTERIEUX TUEUR D'AUTRUCHES<br />

(Suite du texte de la page 7.)<br />

L'homme essayait de repasser la palissade,<br />

mais Ikoto l'attendait là. J'entendis un brait<br />

de lutte, puis la voix du brave Hova, qui répétait<br />

avec indignation :<br />

— Sakaiza manody ! (Ah ! faux ami,<br />

traître !) ■<br />

Quelques secondes plus tard, nous l'avions<br />

rejoint. Un indigène gisait sanglant sur le sol,<br />

la poitrine trouée d'une balle. Son corps nu<br />

était frotté d'huile, comme ceux des voleurs<br />

nocturnes, pour glisser plus facilement entre<br />

les mains de ses agresseurs.<br />

— Je ne m'étais pas trompé, dit Badoual,<br />

c'est bien Ratsimanosy, mon ancien employé,<br />

f Hé oui ! C'était l'ami d'Ikoto, disparu depuis<br />

plusieurs semaines. Il vivait encore. Crespel<br />

et le Hova le transportèrent dans la case. Le<br />

père Guillemot, ahuri, nous jj attendait.<br />

— J'ai entendu un coup de feu. Nous<br />

gommes attaqués ?<br />

— Oui, ricana Badoual... Sans vous, papa,<br />

nous étions fichus.<br />

* A ft<br />

QUAND Ratsimanosy fut couché sur une<br />

natte, je le fis boire, et, après bien des<br />

supplications d'Ikoto, Û consentit à<br />

parler :<br />

— Je suis né au commencement de la lune<br />

à\'Alak\aosy, dit-il, c'est-à-dire en des jours<br />

néfastes, et, bien que mes parents aient pris<br />

la précaution de me faire couper le petit doigt<br />

■ de la main gauche pour conjurer le mauvais<br />

sort, j'étais mahery vintana.<br />

— Mahery vintana /... interrompit Ikoto<br />

avec horreur. Ah ! les blancs ne comprennent<br />

pas cela... Ratsimanosy était voué à tuer le<br />

souverain ou ses parents... Son nom, du reste,<br />

est l'un de ceux que l'on donne aux enfants<br />

dont le destin est redoutable. J'aurais dû le<br />

remarquer.<br />

— Oui, reprit le blessé, mais il n'y a plus<br />

de souverain. Ce sont les blancs qui gouvernent<br />

et je craignais de tuer un jour mon père ou ma<br />

mère...<br />

" Un sorcier très savant m'a vendu une<br />

fois un sampy (fétiche) en or pour me protéger<br />

contre mon destin...<br />

Sa bouche se tordait de souffrance. Il continua<br />

: ...<br />

— Dans le parc des autruchons, j'ai laissé<br />

tomber mon sampy. L'un des oiseaux l'a<br />

mangé, alors...<br />

Badoual, comme inspiré, se frappa le front.'<br />

— Parbleu ! voilà l'explication du mystère.<br />

J'avais chassé Ratsimanosy. Il ne pouvait<br />

plus retrouver son porte-veine et il l'a<br />

cherché dans l'estomac des pauvres bêtes que<br />

je vous ai vendues. C'est cela, n est-ce pas ?<br />

— Oui, dit faiblement le mourant. J'étais<br />

maudit. La preuve, c'est que le blanc m'a tué.<br />

Ikoto, très croyant comme tous les Hovas,<br />

dissimulait mal son émotion, et je me sentais<br />

envahir moi-même par une sorte de remords.<br />

J'avais tué un ignorant, non un criminel.<br />

— Ce qui m'a mis sur la piste, expliquait<br />

Badoual, c'est cette .prédilection de l'inconnu<br />

pour les oiseaux d'une même couvée et aussi<br />

cette habitude certaine qu'il avait d'approcher<br />

les autruches. Puis, quand j'ai vu l'empreinte<br />

de cette main gauche privée d'auriculaire,<br />

je n'ai plus eu de doute sur la personnalité<br />

de l'éventreur. Mais ce que je n'aurais<br />

jamais deviné seul, c'est le but étrange qu'il<br />

poursuivait.<br />

Ratsimanosy mourut dans la nuit, et Ikoto<br />

lui rendit les derniers devoirs. Philosophe, il<br />

est encore persuadé aujourd'hui qu'étant mahery<br />

vintana, son camarade devait finir tragiquement.<br />

A quelque temps de là, en nettoyant le parc<br />

de l'autruchon, Ikoto trouva sur le sol une<br />

bizarre et grossière petite statuette d'or. C'était<br />

le gris-gris du pauvre Malgache, déformé par<br />

suite de son séjour dans l'estomac de la bête,<br />

où il avait voisiné avec des cailloux.<br />

Aujourd'hui, notre parc, peuplé de plus<br />

de quarante autruches, est en pleine prospérité,<br />

et l'étrange petite breloque d'or, qui<br />

pend à ma chaîne de montre et intrigue mes<br />

amis, est tout ce qui me rappelle l'étonnante<br />

aventure du mystérieux éventreur de Tulléar.<br />

JACQUES CÉZEMBRE.<br />

Le Gérant H. LE PAGE.<br />

Paris. — HEMERY, imprimeur, 18, rue d'Enghien.<br />

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iiiiiuiiii EXCELSIOR- DIMANCHE ■■■■■■■■••■■■■"■■■■■iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiii J6 iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiniiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii LE 2 DECEMBRE 1923 ■■■■■imii<br />

PREMIER ESSAI PHOTOGRAPHIQUE<br />

Par hasard, au détour d'une allée, dans le parc, l'opérateur a saisi sur le vif cette scène<br />

qui vaut tout un tableau. Bébé à qui l'on a confié un aRpareil photographique veut s'en<br />

servir, tout de suite. Il a naturellement choisi son chien comme sujet. Mais un appareil<br />

est difficile à manier lorsqu'on a de si petites mains ! Et toutou ne tient pas en place !<br />

DU DÉSAVANTAGE D'ÊTRE GÉANT<br />

Le géant norvégien Aasen, ne mesure pas moins de<br />

2 m. 62. Son tailleur est obligé de monter sur un escabeau<br />

pour lui prendre ses mesures. Au prix actuel de<br />

l'étoffe, ce n'est pas un avantage que d'être un géant.<br />

LE DERNIER CRI DU MODERNISME : LE GARAGE SUR LE TOIT<br />

Un garagiste américain, très avisé, a réussi à doubler l'importance de son commerce en<br />

transformant en garage suspendu la plate-forme de son immeuble. On atteint par<br />

une rampe inclinée à ce toit qui peut contenir une centaine de voitures. N'y a-t-il<br />

pas là une indication utile pour ceux que préoccupe le problème de la circulation ?<br />

LA "VICTORY" EST RENDUE INCOMBUSTIBLE<br />

La " Victory " que commandait l'amiral Nelson àTrafalgar,<br />

amarrée dans, l'arsenal de Portsmouth, est complètement<br />

enduite d'une matière ignifuge qui la préservera du feu.<br />

On voit ici un matelot badigeonnant la couronne de poupe.<br />

COMMENT SE PAYENT LES IMPOTS EN UKRAINE<br />

Nous ne nous voyons pas nous rendant chez le percepteur pour payer nos impôts avec les<br />

produits de la basse-cour ou du jardin. Mais il est encore des pays où le paiement en<br />

nature existe : témoin ce document montrant, à Cuma, les longues files de " troïkas "<br />

des paysans ukrainiens qui apportent au gouvernement la dîme prélevée sur leurs cultures.<br />

LE SOURIRE DU CROCODILE<br />

Ce crocodile à la formidable mâchoire, a été photographié<br />

de très près, ce qui double l'intérêt de ce document.<br />

Notre correspondant affirme que c'est là une façon<br />

de sourire. Sourire si 1 on veut, mais peu engageant !<br />

L'INFLUENCE FRANÇAISE DANS LES ÉCOLES PERSANES<br />

En Perse où l'influence française est considérable, nombreux sont les établissements<br />

scolaires dont les livrés sortent de chez nos libraires. La carte placée derrière ces élèves<br />

d'une école d'Ispahan est éditée par une maison française. Par ailleurs, détail intéressant<br />

à noter, c'est la couleur du turban qui indique la condition sociale des élèves.

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