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mind problem, le problème de la connaissance de soi, le problème de la référence, etc.).
L’approche de Wittgenstein, elle, est exclusivement grammaticale.
3.
Face à ces difficultés, on peut être tenté de tourner le dos à la discussion. On peut être
tenté de dire: nous qui avons lu Wittgenstein, nous savons que toutes ces histoires de qualia,
d’explanatory gap, de body-mind problem, d’introspection, d’acquaintance, d’inversion du
spectre, etc., reposent sur des erreurs de catégories et des confusions grammaticales
irrémédiables, et qu’il n’y a rien à tirer de tout cela; si les philosophes analytiques
contemporains ne lisent pas Wittgenstein, ou s’ils ne savent pas le lire, tant pis pour eux; ne
perdons pas notre temps avec eux; continuons avec Wittgenstein.
Il y a, de mon point de vue, de bonnes raisons de prendre le parti inverse.
D’abord, c’est ce qu’a toujours fait Wittgenstein. Sur la question des rapports entre
concepts et expérience, il n’a pas cessé de lire Russell, Moore, Schlick, Carnap, James, et de
débattre avec eux. Certes, il débusque chez eux des confusions et des illusions. Mais, ces
confusions et ces illusions ne l’intéressent que parce qu’elles ont été aussi les siennes. En
particulier, il a longtemps partagé avec ces auteurs ce que j’appellerai l’idée
phénoménologique: l’idée que, pour identifier, nommer et décrire adéquatement nos
expériences vécues, nous avons besoin d’un langage spécifique (un langage
phénoménologique) ou, de propositions spécifiques (des propositions phénoménologiques),
ou encore de concepts spécifiques (des concepts phénoménologiques), qui auraient pour
caractéristique de tirer exclusivement leur sens des expériences mêmes auxquels ils réfèrent.
L’évolution de la pensée de Wittgenstein sur la question des relations entre concepts et
expériences peut se lire, à mon avis, comme un effort pour se délivrer de cette chimère — un
effort pour montrer, dans un premier temps, que c’est une chimère (c’est le but notamment
des arguments du langage privé), puis pour montrer, dans un second temps, que nous nous
débrouillons fort bien pour identifier, nommer et décrire nos expériences avec les ressources
du langage ordinaire, et comment nous y réussissons: la différence entre la description des
objets physiques du monde qui nous entoure et la description des expériences vécues par
chacun de nous ne réside pas dans le recours à un langage, ou à des propositions, ou à des
concepts spécifiques, mais dans les différentes formes de descriptions et d’expressions (il y en
a plusieurs) que nous utilisons pour en parler.
Les théoriciens contemporains des concepts phénoménaux (Michael Tye, David Papineau,
ou David Chalmers, par exemple) sont les successeurs et les héritiers des philosophes que je
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