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deux ou trois dimensions) du contenu phénoménal de l’expérience et l’image au sens de ce<br />
qui est susceptible de faire occurrence dans l’esprit de celui qui perçoit, imagine ou se<br />
souvient (au sens d’une expérience imageante, donc), dont la grammaire n’est pas celle d’une<br />
représentation vraie ou fausse. Ce n’est que lorsqu’on prend cette dernière sorte d’image<br />
(mentale, au sens large) pour une image au sens d’une inner picture que l’on est conduit à<br />
supposer à tort qu’il existe des images correspondant au contenu phénoménal de l’expérience,<br />
des contenus-images que nous aurions à décrire d’une façon particulièrement fine 58 .<br />
C’est ce que nous nous efforcerons de montrer, dans un premier temps, en revenant sur les<br />
enjeux de la critique que Wittgenstein développe vers 1932-1933 des images philosophiques<br />
qui sous-tendent la recherche d’une description phénoménologique du contenu de nos<br />
expériences sensorielles (en particulier, visuelles). La clarification qu’il opère à cette époque<br />
de la grammaire de ces images nous permettra de mieux comprendre, dans un deuxième<br />
temps, l’ambivalence de son attitude dans la seconde moitié des années 1940. Elle nous<br />
permettra de comprendre pourquoi il n’y a pas de contradiction à rejeter, d’un côté, comme<br />
pure fiction l’idée qu’il existerait quelque chose comme un contenu-image accessible au seul<br />
sujet de l’expérience tout en reconnaissant, de l’autre, qu’il existe des techniques picturales et<br />
comportementales tout à fait efficaces de dépiction de ce contenu. Nous nous concentrerons<br />
notamment sur un problème crucial en philosophie contemporaine de l’esprit qui est celui des<br />
critères d’identité et de différence des contenus phénoménaux d’expériences catégorialement<br />
distinctes comme voir et imaginer visuellement quelque chose pour montrer ce qui caractérise<br />
l’approche grammaticale de ce problème, par contraste avec le genre d’approche qui prévaut<br />
aujourd’hui en philosophie de l’esprit. Enfin, nous essaierons de comprendre pourquoi il n’y a<br />
pas non plus de contradiction à dénoncer le risque de réification qu’implique le fait de parler<br />
d’un « contenu » des expériences tout en donnant une présentation de la grammaire de nos<br />
concepts psychologiques dans laquelle l’image du contenu et les suppositions qu’elle<br />
enveloppe continuent de jouer un rôle philosophique important.<br />
1. Contenu phénoménal et critique des conceptions picturales de l’expérience visuelle<br />
58 McDowell a parfaitement diagnostiqué cette erreur en en tirant les conclusions qui s’imposent à propos<br />
d’autres images philosophiques de l’esprit, comme celles du jardin muré (C. Wright) ou du monde intérieur. Il<br />
remarque à juste titre, d’une part, que ces images ne sont pas toujours considérées par Wittgenstein comme des<br />
« objets de suspicion » (targets of suspicion) et, d’autre part, qu’elles ne sont fallacieuses qu’aussi longtemps<br />
qu’on les prend pour des images au sens littéral. Cf. « Intentionality and Interiority in Wittgenstein », in J.<br />
McDowell, Mind, Value, and Reality, Cambridge (MA), London: Harvard University Press, 1998, p. 297-298, en<br />
particulier, p. 298, note 2.<br />
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