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— que (2) c’est par cette qualité, et par elle seule, que nous l’identifions comme la sensation
ou l’expérience qu’elle est,
— et que (3) cette identification est immédiate: il nous suffit d’éprouver cette sensation pour
être capable de l’identifier comme la sensation qu’elle est. C’est ce troisième point qui
constitue, à proprement parler, la thèse de l’auto-identification des sensations. Bien qu’elle ne
soit énoncée comme telle que rarement, cette thèse est, à mon avis, un présupposé commun à
toutes les théories des concepts phénoménaux.
Ce point a été reconnu par David Stoljar qui parle, quant à lui, du caractère « auto-
présentationnel » des concepts phénoménaux. Il commence par citer deux auteurs, Hill et
McLaughlin, qui écrivent clairement:
Quand on utilise un concept sensoriel [c'est-à-dire ici, un concept phénoménal 38 ] pour
classifier ses propres expériences présentes, les expériences qui guident et justifient
l’application du concept sont toujours identiques aux expériences auxquelles le concept
est appliqué. Les états sensoriels sont des états auto-présentationnels: nous en faisons
l’expérience (we experience them), mais nous n’en avons pas d’expériences sensorielles.
Nous en faisons l’expérience du seul fait d’être en eux. Les concepts sensoriels [c'est-à-
dire: les concepts phénoménaux 39 ] sont des concepts recognitionnels: en déployant ces
concepts, nous pouvons par introspection reconnaître que nous sommes dans des états
sensoriels simplement en concentrant notre attention directement sur eux. Les choses sont
évidemment différentes dans le cas de concepts perceptifs ou théoriques. L’accès d’un
agent aux phénomènes qu’il perçoit est toujours indirect: il se produit toujours par
l’intermédiaire d’une expérience du phénomène perçu qui n’est pas identique avec le
phénomène perçu mais qui est causée par lui 40 .
Stoljar commente cette citation en ces termes :
Le concept phénoménal sensation rouge est différent de tout concept physique dans le
sens suivant: c’est une vérité conceptuelle que, si j’ai une sensation rouge, et si j’ai le
concept et concentre mon attention là-dessus, j’en viendrai par là-même à savoir (ou, tout
au moins, à croire de manière justifiée) que je suis en train d’avoir une sensation rouge —
les sensations rouges sont auto-présentationnelles, comme disent Hill et McLaughlin. […]
38
Cette remarque est la mienne.
39
Idem.
40. C.Hill & B. McLaughlin, “There are Fewer Things in Reality than are Dreamt of in Chalmers’
Philosophy”, Philosophy and Phenomenological Research, 59, 1999, p. 445-454.
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