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possession de capacités conceptuelles qui ne peuvent être acquises qu’en apprenant à jouer le<br />

jeu de langage conventionnel des intentions. Il existe, de ce point de vue, une distinction<br />

conceptuelle cruciale à faire entre attribuer une intention et attribuer la capacité d’exprimer<br />

une intention que ne fait pas Wittgenstein (dans le passage discuté par Anscombe 8 ) en<br />

défendant la thèse du caractère naturel (non-conventionnel) de l’expression des intentions. De<br />

toute évidence, cette confrontation avec la conception anscombienne de l’action intentionnelle<br />

permet en retour de clarifier la position philosophique de Wittgenstein sur cette question, et<br />

partant, certains aspects significatifs de son usage du concept d’expression en philosophie de<br />

la psychologie.<br />

Un autre exemple fructueux de confrontation nous est donné par l’article de J.-J. Rosat qui<br />

porte sur la question des concepts phénoménaux vigoureusement débattue aujourd’hui par les<br />

philosophes de la conscience en rapport avec l’argument wittgensteinien dit « du langage<br />

privé » et, plus généralement, avec ses différentes conceptions successives du rapport entre<br />

concept et expérience vécue. Un des aspects les plus remarquables de cette contribution est de<br />

tenir compte, sans les minimiser, des difficultés qui se posent à toute confrontation de la<br />

pensée de Wittgenstein avec celle des philosophes de l’esprit contemporains. Outre les<br />

difficultés liées à la rigidité du programme de recherche à l’intérieur duquel doit s’inscrire,<br />

selon eux, toute discussion sur la nature et les caractéristiques des concepts phénoménaux<br />

(c’est-à-dire, pour le dire vite, des concepts forgés et utilisés pour identifier des types<br />

spécifiques d’expériences sensorielles), l’auteur pointe une difficulté majeure qui tient à la<br />

manière sui generis, grammaticale, qu’a Wittgenstein d’aborder ce genre de problème. Mais,<br />

chose remarquable, il ne considère pas que cette spécificité de l’approche wittgensteinienne<br />

soit une raison suffisante pour refuser de la mesurer aux thèses des philosophes<br />

contemporains de la conscience:<br />

L’approche de Wittgenstein, elle, est exclusivement grammaticale. (…) Face à ces difficultés, on peut être<br />

tenté de tourner le dos à la discussion. On peut être tenté de dire: nous qui avons lu Wittgenstein, nous<br />

savons que toutes ces histoires de qualia, d’explanatory gap, de body-mind problem, d’introspection,<br />

d’acquaintance, d’inversion du spectre, etc., reposent sur des erreurs de catégories et des confusions<br />

grammaticales irrémédiables, et qu’il n’y a rien à tirer de tout cela; si les philosophes analytiques<br />

contemporains ne lisent pas Wittgenstein, ou s’ils ne savent pas le lire, tant pis pour eux; ne perdons pas<br />

notre temps avec eux; continuons avec Wittgenstein. Il y a, de mon point de vue, de bonnes raisons de<br />

prendre le parti inverse 9 .<br />

8 Recherches philosophiques, §647, tr. fr., p. 234.<br />

9 Citer la référence dans ce volume.<br />

6

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