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A L SA C E<br />
L’ é t é à Bel-Air<br />
Comment un festival de films en plein air devient au fil des ans un événement culturel local : c’est l’histoire<br />
du festival du cinéma Bel-Air, qui attire chaque été des spectateurs des quatre coins de Mulhouse.<br />
“D<br />
errière le cinéma Bel-Air, il y avait un<br />
terrain. Pourquoi ne pas y faire des<br />
séances l’été ? C’est comme cela que<br />
tout est parti” raconte Stéphanie Pa i n ,<br />
membre de l’équipe du cinéma Bel-Air. Fo n d é<br />
par Claude Brasseur et Stéphane Libs, le festival<br />
connaît sa première édition en 1996.<br />
Cinq films sont programmés (dont D r a c u l a, Bi r d,<br />
Paris Te x a s…), récoltant 427 entrées au final. “L’ a nnée<br />
d’après, nous sommes passé à huit films et<br />
les 1 000 entrées ont vite été dépassées”. Av e c<br />
1 250 entrées en 2003, soit une moyenne de 155<br />
personnes par soir, le festival a atteint sa vitesse<br />
de croisière. Ses principes sont bien établis : une<br />
programmation thématique (cette année, “En<br />
avant la musique”), un grand repas précédant<br />
chaque séance, accompagné d’animations<br />
“conçues un peu sur le principe des attractions<br />
d’antan”, précise Claude Brasseur.<br />
Au programme se mêlent grands classiques<br />
et films (plus) récents, sans qu’il soit possible,<br />
d’ailleurs, d’attribuer aux uns ou aux autres la<br />
clé du succès : “En 2001, c’est Amélie Po u l a i n<br />
qui avait le mieux marché. Cette année, c’est<br />
Talons aiguille. Mais notre deuxième record, c’est<br />
L o l i t a de Kubrick, avec 366 entrées. C’est<br />
é n o r m e ” .<br />
Néanmoins, et comme c’est souvent le cas pour<br />
les séances en plein air, la réussite découle de<br />
l’harmonie entre différents éléments - le fi l m ,<br />
l’animation, “dont nous nous efforçons qu’ e l l e<br />
soit toujours en rapport avec le fi l m”, et le repas.<br />
8 / projections actions cinéma / audiovisuel<br />
Cette année, plusieurs musiciens ont été<br />
accueillis pour jouer devant l’écran : duo de saxophonistes<br />
(pour The Blues Brothers), groupe<br />
spécialisé dans la musique d’Europe de l’ E s t<br />
(Gadjo Dilo). En ce qui concerne le repas, coller<br />
à la thématique est moins évident”, avoue Stéphanie<br />
Pain. “Pour The Blues Brothers, nous avons<br />
organisé un barbecue, spécialité américaine”.<br />
Tout cela pour 6 euros. “Quand on paie, on<br />
regarde vraiment le fi l m” estime Stéphanie Pa i n .<br />
“En séances gratuites, on discute, on est moins<br />
a t t e n t i f”. Mais, ajoute-t-elle, “même à ce tarif,<br />
nous sommes défi c i t a i r e s : les animations, la<br />
location des matériels portables, sont onéreux”.<br />
Conçu au départ comme un événement “un été<br />
au ciné”, ce festival, selon Claude Brasseur,<br />
présente la particularité d’être devenu “au fi l d e s<br />
ans un événement culturel mulhousien”.<br />
“Il faut dire que nous sommes la seule salle classée<br />
Art et essai de la ville” explique Stéphanie<br />
Pain. “L’autre cinéma de Mulhouse, c’est le Kinépolis.<br />
À la base, le Bel-Air n’est pas ce que l’ o n<br />
peut appeler une salle de quartier, le public que<br />
nous drainons vient de toute la ville”.<br />
Même chose durant le festival, à ceci près que<br />
ce dernier produit un brassage du public que<br />
l’on n’observe pas le reste du temps.<br />
“Dans l’année, on voit plutôt des personnes âgées<br />
l’après-midi. Le soir, ce sont les actifs et les<br />
étudiants. Ils viennent d’un petit campus, pas<br />
très éloigné. Avec le plein air, les générations se<br />
mélangent. Je me souviens de la séance de C h a c u n<br />
Repas précédant une séance de cinéma en plein air à Bel-Air<br />
cherche son chat: il y avait des vieillards, des enfants,<br />
des ados… Toutes les générations étaient là”.<br />
En termes de communication, le festival s’appuie<br />
sur un programme-affiche tiré à 6 000 exemplaires,<br />
sur le programme mensuel du cinéma<br />
(Tr a v e l l i n g) ainsi que sur la presse, les journaux<br />
gratuits, et le bouche à oreille. Une dizaine de<br />
bénévoles s’implique dans l’élaboration de la<br />
m a n i f e s t a t i o n : choix du thème, recherche des<br />
films, des animations, mise en place… Dans l’ a nn<br />
é e , ils sont plus du double, le cinéma ne fermant<br />
ses portes qu’au mois d’août, une fois le festival<br />
achevé. Une fin parfois attendue avec impatience:<br />
“certains pensent que l’on trouble leur tranquillité.<br />
Il y a deux ans, nous avons eu des problèmes avec<br />
un petit noyau d’habitants. Ils voulaient vraiment<br />
que l’on arrête, ils ont fait une pétition, envoyé<br />
une lettre à la Mairie. Heureusement, il y en a<br />
d’autres qui prennent ça avec humour. Je sais que<br />
certains voisins changent de chambre au moment<br />
du plein air ! Ils n’en font pas un drame”.<br />
E n fin, certains résidents y ont pris goût et profitent<br />
des entrées gratuites offertes par le cinéma :<br />
six entrées sont distribuées par appartement, soit<br />
une par soirée. Un geste qui a valeur “de dédommagement”<br />
pour le bruit causé par les séances.<br />
Preuve que le cinéma qui attire le public des quatre<br />
coins de la ville redevient - qu’on le veuille ou non<br />
- au moment du plein air, un cinéma de quartier.<br />
■ Co n t a c t : cinéma Bel-Air, 31 rue Fénelon 68200<br />
Mulhouse, Tél : 03 89 60 48 99 - www. c i n e b e l a i r. o r g